Avant-propos
p. 5-6
Texte intégral
1On sait que, dès l’Antiquité, les alchimistes se désignaient eux-mêmes sous le nom de « philosophes », mais aussi que cette qualité leur fut déniée, parfois très violemment, en particulier à la Renaissance et à l’aube des Temps modernes, par bien des représentants plus officiels de la philosophie. Aujourd’hui, l’importance des doctrines alchimiques dans l’histoire des idées n’est plus guère contestée, et ces doctrines ont donné lieu ces dernières années à une floraison de travaux. Pourtant, les rapports entre la « philosophie hermétique » ou « chymique » et la philosophie au sens courant restent mal étudiés, quand ils ne sont pas purement et simplement ignorés.
2C’est afin de donner une amorce de réponse au problème de leurs influences réciproques qu’a été tenu à Tours, au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance, du 4 au 7 décembre 1991, le colloque dont ce volume constitue les Actes. Colloque assez largement interdisciplinaire, puisqu’il a réuni des spécialistes de l’alchimie et de grandes figures de la « philosophie » au sens classique, mais aussi de disciplines plus ou moins liées à cette dernière comme la médecine, la littérature et même la cosmographie.
3Il a paru à ses organisateurs que la période retenue : xve-xviie siècles, était l’une des plus propices à une première approche de la problématique envisagée, dans la mesure où la Renaissance, prise au sens large, constitue l’âge d’or de l’alchimie occidentale et présente une activité philosophique aussi intense que diversifiée. En effet, à côté de la pensée scolastique toujours vivace, elle est marquée par le renouveau des grands courants de la pensée antique où l’alchimie gréco-égyptienne avait pu directement puiser : platonisme, aristotélisme, stoïcisme, épicurisme ; elle annonce enfin la philosophie mécaniste de la « révolution scientifique » du xviie siècle, où l’alchimie a pris sa part.
4Nous avons disposé dans la mesure du possible les communications selon l’ordre chronologique des auteurs et des œuvres étudiés, ordre qui correspond à celui dans lequel les conférences ont été prononcées.
5Nous regrettons vivement l’absence dans ces Actes de deux conférences, celle de Jean-Maurice Le Gai (CNRS, Paris) : L’alchimie de la parole chez J- Bohme, et celle de Jean-Paul Pittion (Université de Dublin) : Problèmes de représentation du savoir alchimique : de /’Atalanta fugiens au Mutus Liber de Boulot. Y figurent en revanche quatre études que leurs auteurs, en raison d’un empêchement de dernière heure, n’avaient pu présenter au colloque : celles de Lucien Braun, d’Amalia Perfetti, de François Secret et de Cesare Vasoli.
6Les communications ont suscité de vifs débats, qu’il n’a pas été possible de reproduire pour des raisons d’ordre matériel, pas plus que les « conclusions » qui ont été tirées à la fin des journées lors d’une discussion collective.
7Nous exprimons notre gratitude envers les institutions qui ont permis la tenue du colloque et la publication de ses Actes : le Centre d’Études Supérieures de la Renaissance et l’Université de Tours, le Ministère de l’Éducation nationale, le Ministère de la Culture et de la Communication, la Société d’Étude de l’Histoire de l’Alchimie (revue Chrysopœia) et l’UPR 76 du CNRS (Histoire des doctrines de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen Âge). Nous tenons enfin à remercier les éditions Vrin qui ont accepté de publier ce volume dans la collection « De Pétrarque à Descartes ».
8juin 1993
Auteurs
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