Introduction de la quatrième thèse
p. 181
Texte intégral
La conscience n’est pas la clé de l’action. […] Nous vivons sans savoir formuler la logique de nos actes, notre action en sait plus long que nous-mêmes et la praxéologie est implicite chez l’agent comme les règles de la grammaire chez le locuteur.
Paul Veyne, Comment on écrit l’histoire
1L’analyse n’est pas le seul horizon de la lecture esthétique. Son ambition est également de proposer des pistes pour l’élaboration d’une théorie générale du cinéma politique. Ce sera l’objet de ma quatrième thèse.
2Laissant provisoirement de côté la question de la nature du cinéma politique, je commencerai par me demander ce que peut le cinéma. Pour mener à bien cette réflexion, il nous faudra accepter de nous rendre sur les bords du phénomène cinématographique, là où le film prend fin et où la vie commence. Les chapitres qui viennent aimeraient s’intéresser à deux problèmes qui concernent directement la manière dont une œuvre se prolonge dans le monde : premièrement, le problème du spectateur, dont les pensées sont par définition inconnaissables, mais qui a pu servir de point d’appui pour penser le potentiel politique du cinéma ; deuxièmement, le problème de l’efficacité de l’œuvre, jamais acquise, mais objet des espoirs les plus divers, du côté des cinéastes comme des théoriciens. Un troisième mouvement viendra ensuite synthétiser les résultats de cette exploration, en se demandant ce qu’il est raisonnable d’attendre d’un film sur le terrain politique.
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