II.2. — Les ambiguïtés de l’éthique de la coopération pour dire vrai dans Dr House
p. 99-114
Texte intégral
1De nombreuses fictions ont pour sujet la recherche de la vérité, notamment, à la télévision, les séries. Aux policières réputées dans ce genre, sont venues s’ajouter plus récemment les séries médicales, entre autres Dr House, série américaine diffusée initialement de 2004 à 2012, sur le réseau Fox aux États-Unis, puis dans de nombreux pays : chaque épisode traite de la résolution d’un cas médical complexe par un expert en diagnostic et son équipe. Le personnage central en est le docteur Gregory House, un misanthrope dont les méthodes sont souvent bien peu conventionnelles. Directeur d’un service spécialisé dans le diagnostic des cas difficiles au sein de l’hôpital fictif « Princeton Plainsboro », il résout avec l’aide de son équipe, à chaque épisode, un mystère médical autour du cas d’un patient. La directrice de l’hôpital, le docteur Lisa Cuddy, tente de « gérer » la personnalité conflictuelle de House, ses méthodes controversées et son addiction à un analgésique opiacé – la Vicodine –, qui lui a été prescrit pour ses douleurs à une jambe qui le fait boiter – avec l’aide du meilleur ami de celui-ci, l’oncologue James Wilson. Le patient parvient en règle générale à la guérison, mais Grégory House s’attache souvent davantage à sauver plutôt la vérité que celui-ci, dont la survie semble parfois moins lui importer que la résolution du cas médical.
2La recherche de la vérité s’impose ainsi comme enjeu central dans la narration. Il faut reconnaître aux différents scénarios de Dr House une grande précision dans la documentation médicale qui rend plausibles bien des cas évoqués, qui se sont même occasionnellement révélés utiles à d’authentiques étudiants en médecine pour leurs révisions. En 2012, en Allemagne, une équipe médicale a même réussi à diagnostiquer une intoxication au cobalt, maladie très rare, en se référant à un épisode de la série. Un article de la prestigieuse revue The Lancet en 2014 fait état de cette rencontre improbable entre l’univers de la fiction télévisée et celui de la médecine. Tandis que l’équipe médicale du service « médecine interne-cardiologie et centre pour les maladies sans diagnostic » de l’hôpital de Marbourg se trouve sans diagnostic face au cas inquiétant d’un patient atteint d’insuffisance cardiaque sévère associée à plusieurs symptômes, le souvenir d’un cas traité par House s’avère décisif :
C’est en cherchant la cause pouvant réunir ces symptômes – et en nous remémorant un épisode de la série télé « Dr House » que nous utilisons pour l’apprentissage des étudiants en médecine (S7 E11) – que nous avons suspecté l’intoxication au cobalt comme explication la plus probable 1.
Le traitement administré au patient a permis une amélioration notable de son état. Pourtant, même si le sérieux de la vérité scientifique mise en scène dans la série n’est plus à démontrer, c’est dans sa dimension humaine plutôt que technique que la recherche de la vérité est évoquée par la série.
3Pour Sandra Laugier, le téléspectateur ne s’identifie pas aux héros de série mais s’y attache en les fréquentant, grâce à la récurrence des épisodes, et accède à leur forme de vie propre2, dans des situations variées qu’il parvient à partager. Une fréquentation prolongée s’avère sans doute nécessaire lorsque l’on propose au téléspectateur d’approcher des personnages et des univers censés être éloignés de lui, dont des milieux clos, telle la prison, ou encore hermétiques. Cela peut être aussi le cas devant des médecins énigmatiques parfois difficiles à approcher comme House et des cas étranges parfois inquiétants dans le lieu qu’est l’hôpital, face à une vérité qui intrigue voire inquiète en ce qu’elle renvoie à la mort du malade. La série Dr House propose de fréquenter des serviteurs de la vérité et de l’approcher par leurs différentes médiations. De cette façon se crée, selon Sandra Laugier, une « texture d’être », non un lien ponctuel à la vérité – censée pour beaucoup apparaître immédiatement sous la forme de l’évidence3 – mais une manière d’être à son égard dans la durée et une habitude de recherche devant des cas toujours inédits et surprenants dans une singularité qui semble de prime abord irréductible. Une telle (re)présentation du lien entretenu avec le savoir et avec la vérité rompt avec une image plus « mentaliste », où la rencontre avec le vrai se fait dans le silence de l’intériorité de l’esprit auquel il se révèle. En outre, ce rapport avec la vérité n’a rien d’exceptionnel mais fait partie de la vie quotidienne d’une équipe de médecins dans laquelle la série télévisée nous autorise à nous immiscer, certes fictivement, mais régulièrement. D’ailleurs, même si House a certains des traits du génie impénétrable, il est lui aussi inséré – à l’image du téléspectateur qu’il rejoint en quelque sorte – dans un quotidien, dans la routine des consultations au sein d’un hôpital à laquelle il doit, comme les autres médecins, sacrifier. Le Dr Cuddy le rappelle souvent à son devoir et s’en acquitte elle-même à l’occasion, tout en dirigeant l’hôpital. L’activité de recherche sur des cas exceptionnels émerge sur le fond d’un quotidien dont elle ne se détache jamais vraiment ou qu’elle vient toujours rejoindre. La série télévisée, genre qui s’inscrit lui aussi dans la banalité du quotidien, semble la forme esthétique la plus adéquate pour mettre en relief combien l’exercice du savoir médical, inséparable de la vie de chaque jour, se prête à la répétition.
4Dans la façon de présenter la vérité que l’on a constamment à cœur, une originalité de la série est sans doute qu’en complément ou en concurrence avec les moyens techniques de diagnostic, les tractations langagières occupent une place centrale dans la progression vers la résolution du problème. Notre objectif sera donc de montrer comment la communication et les négociations autour de ce problème, loin de lui faire obstacle ou de la pervertir, permettent dans la série l’établissement de la vérité.
1. Aller au vrai avec les autres…
5Dès le premier épisode, où la future patiente, une institutrice, est brusquement frappée d’aphasie au moment où elle écrit sur le tableau de la classe, et tombe dans le coma, le langage et la vérité deviennent un enjeu vital. Au début de plusieurs épisodes, contrairement au classique policier où le meurtre se produit sous les yeux du seul téléspectateur, la situation initiale critique version Dr House survient en public, aux yeux de beaucoup de monde, en l’occurrence des enfants de la classe, dans ce premier épisode, totalement démunis pour comprendre ce qui arrive à leur maîtresse malgré sa tentative désespérée de leur faire comprendre en écrivant au tableau un dernier mot, qui demeure énigmatique. Nombreux sont les patients qui s’effondrent ainsi en public, tel cet animateur de restaurant pour enfants, soudain victime de la fatidique crise cardiaque. Elle affecte aussi parfois des professionnels du monde de la communication, une photographe en séance de prises de vues, un journaliste en pleine réunion, un homme politique en plein discours. Dans l’épisode précisément intitulé « problèmes de communication » (S2 E10), le journaliste, professionnel de la communication particulièrement éloquent lors de son pot de départ, est brusquement victime d’aphasie au moment de conclure un discours très apprécié au sein de la salle de rédaction. Plus tard, il sera encore victime d’agraphie. L’évidence des symptômes qui se manifestent généralement avec brutalité, contraste à ce moment avec la difficulté de leur interprétation. À la difficulté de communication du patient parfois inconscient répond la distance affichée par le Dr House, qui s’absente souvent de son bureau et n’hésite pas à laisser seule son équipe à certains moments cruciaux, notamment lorsque l’état du patient s’aggrave et que le son strident des appareils de monitorage reste le seul moyen pour le patient de signaler ce qu’il ne peut dire.
6Pour trouver la vérité sur le cas, il faut que les uns et les autres, corps, médecins et patients, disent vrai lorsque la technique ne suffit plus pour obtenir un test indiscutable de la validité d’une hypothèse. Dans le premier épisode, alors qu’il s’avère impossible de réaliser une IRM sur la patiente, allergique au produit de contraste, House déclare : « faute d’images, on va se rabattre sur de longs discours », avec l’expression d’un certain contentement ironique. En l’occurrence, il s’agit des discours de ses proches, collègues, amis et famille. Même si c’est plus fatigant, difficile d’échapper à de « longs discours » collaboratifs pour établir un diagnostic. En cela, la série rappelle qu’il n’y a pas de vérité aussi technique soit-elle qui échappe à l’échange de propos.
7Malgré l’héroïsation dont il fait l’objet, le personnage principal ne peut donc parvenir à la vérité seul, contrairement à cet autre héros de la vérité que peut représenter un Sherlock Holmes, auquel House a pourtant été comparé (cf. l’ouvrage House and philosophy4). La découverte de la vérité repose sur l’instauration d’un dialogue entre différents protagonistes (patient, médecins, corps et organes, famille des patients, membre de son environnement, etc.). Le téléspectateur est invité à entrer dans un univers où se confrontent les opinions plutôt qu’à demeurer le spectateur d’une découverte solitaire. En « fréquentant » les protagonistes de ces confrontations, selon l’expression de Sandra Laugier, il se lie et prend part à des conflits qui, même s’ils ont pour enjeu le diagnostic de la maladie d’un patient, ont souvent aussi une dimension affective, si l’on songe aux relations amicales ou amoureuses nouées au fil des épisodes.
8L’humanisation de la recherche de la vérité est paradoxale dans le cas du Dr House, personnage cynique souvent méprisant, qui ne veut pas rencontrer les patients dont il étudie les cas. Mais au-delà de cet apparent paradoxe, la série montre la façon dont un médecin peu soucieux de relations humaines dans son travail comme dans sa vie privée – il est presque sans ami et en mal de relation amoureuse – doit pourtant entrer dans un échange, composer avec autrui pour parvenir à la vérité. Plusieurs enjeux émergent dans la recherche commune de la vérité à laquelle la série Dr House introduit régulièrement.
9Il faut tout d’abord que le vrai devienne un enjeu partagé, au-delà de l’intérêt pour le patient, pour stimuler le désir du spectateur de prendre part à un échange visant à l’émergence de la vérité. La vérité ne s’impose pas d’elle-même ni en vertu d’un seul idéal de sincérité, il faut qu’il y ait un intérêt à dire vrai et à accepter que l’autre, le médecin en l’occurrence, puisse dire vrai. Loin de postuler un désir inné de vérité chez chaque médecin, et alors qu’il affiche lui-même souvent du dédain pour les cas présentés, House demande souvent pourquoi tel ou tel médecin s’intéresse à un cas, y compris lorsque les raisons en sont triviales, par exemple, pour le Dr Foreman, parce que la mère d’un jeune patient est belle (début S1 E8) ou pour voir son club favori de base-ball gagner (S1 E9) si l’on soigne bien un de ses joueurs. House cherche parfois à susciter lui-même un intérêt en jouant sur des motifs peu avouables, comme l’attirance d’un des médecins pour un autre, ou le désir inavoué d’être le meilleur. House cherche cependant à mener l’intérêt pour le cas du patient à son paroxysme afin de mieux impliquer chaque membre de son équipe.
10Cet intérêt doit aussi exister chez le malade où il est parfois complexe, le patient lui-même pouvant souffrir de voir coexister chez lui plusieurs enjeux différents, dont celui de dire vrai, et il doit choisir ce dernier pour que l’on puisse découvrir l’origine de sa maladie. Comme on l’a dit, House est pour sa part persuadé de la nécessité de chercher la vérité en toutes circonstances. Aussi est-il très étonné lorsque, dans l’épisode intitulé « Démission… » (S3 E22), alors qu’il s’apprête à annoncer le diagnostic de sa maladie à une patiente qui se sait condamnée, celle-ci lui répond : « Je ne veux pas savoir. » Devant un tel refus, il n’hésitera pas à lancer finalement à la mourante, avec tout le cynisme qui le caractérise et alors même que les parents lui demandent de quitter la chambre de leur fille : « Quel est l’intérêt de vivre sans curiosité ? » En présence de son ami Wilson, il la traitera d’ailleurs un peu plus tard de « moribonde à moitié abrutie qui n’a pas une once de curiosité ». Cet échange témoigne de la divergence dans l’attitude à l’égard de la vérité, que le médecin doit prendre en compte, sans projeter sur le patient son propre désir de connaître le vrai et sans le considérer comme naturellement présent chez un patient qu’on ne peut supposer intéressé en toutes circonstances par la vérité à son sujet. D’autres patients ne veulent tout simplement pas être soignés, tel le médecin que traite House dans l’épisode intitulé « Marché conclu » (S3 E3).
11On peut retrouver ici un curieux écho des propos de Gorgias, dans le dialogue platonicien qui porte son nom, lorsque, évoquant une situation semblable, celle de malades qui ne veulent pas être soignés, il souligne la supériorité de la rhétorique sur la médecine :
Je suis souvent entré, avec mon frère et d’autres médecins, chez certains malades qui ne voulaient point ou prendre une potion, ou souffrir qu’on leur appliquât le fer ou le feu. Le médecin ne pouvant rien gagner sur leur esprit, j’en suis venu à bout, moi, sans le secours d’aucun autre art que de la rhétorique. J’ajoute que, si un orateur et un médecin se présentent dans une ville, et qu’il soit question de disputer de vive voix devant le peuple, ou devant quelque autre assemblée, sur la préférence entre l’orateur et le médecin, on ne fera nulle attention à celui-ci, et l’homme qui a le talent de la parole sera choisi, s’il entreprend de l’être5.
L’application du feu est pénible, comme de nombreux autres soins, et comme peut l’être aussi la découverte de son propre état, ce qui rend nécessaire de persuader de l’utilité de la recherche de la vérité, puis de la bonté du soin.
12La question de l’enjeu partagé doit conduire à celle de la nécessaire collaboration dans le dialogue qui se noue entre un grand nombre d’acteurs. Car les acteurs impliqués sont nombreux, au-delà du duo patient médecin. Les membres de la famille, les amis, l’administration de l’hôpital où exercent House et son équipe, l’environnement dans son ensemble – les médecins se rendent fréquemment au domicile du patient pour enquêter sur son lieu de vie – au point que l’on a le sentiment que tout peut parler, y compris le corps dont on sait qu’il peut mentir (cf. le titre du premier épisode, intitulé « Everybody lies »). La première patiente du Dr House, dans l’épisode pilote, est frappée d’aphasie en voulant écrire un message, dont on se demande à qui il est adressé : aux élèves, aux secouristes, aux médecins de l’hôpital ou à House lui-même ? L’incertitude sur le contenu et sur le destinataire du message témoigne de l’ouverture du dialogue à un nombre de participants – tout d’abord – indéterminé. C’est dans une telle ouverture que s’optimise la recherche de la vérité. Médecin et patient ne sont pas seuls à être concernés par la maladie et par la vérité à son sujet, le drame qui se noue autour de la vérité médicale fait intervenir au fil de chaque épisode un nombre croissant de protagonistes concernés à différents titres par le cas. La série met également en scène un travail d’équipe qui prend la forme d’un brainstorming auquel chaque médecin est invité à participer. Les médecins qui travaillent pour House se réunissent dans un bureau entièrement vitré, contigu à celui de leur chef, la transparence des parois symbolisant vraisemblablement le regard et le jugement de tous portés sur les hypothèses de chacun. Parfois, alors qu’il utilise le plus souvent un tableau blanc pour noter les symptômes et les hypothèses de diagnostic, House les inscrit directement sur une surface vitrée, accentuant en cela leur visibilité et l’ouverture de la pensée collective à de nouvelles idées appelées à compléter ou à réfuter les premières. Mais les médecins ne sont pas toujours seuls à pouvoir donner leur avis et à faire évoluer la réflexion. House invitera ainsi (S6 E13) le frère de Foreman qui n’est en rien médecin mais un ancien délinquant emprisonné pour trafic de drogue, alors que les deux frères ne s’entendent pas dans la vie, à participer aux réunions de travail. House prendra plaisir à contredire Foreman en approuvant systématiquement les opinions bien peu étayées de son frère pour déstabiliser la position de savoir de son collègue. Cette ouverture étonnante au-delà des limites de la compétence médicale permettra de progresser dans la résolution du problème tout en mettant en relation les deux frères ennemis, comme si cette confrontation – parmi tant d’autres – était nécessaire au progrès de la réflexion.
13Pour dire la vérité sur l’autre et à l’autre, en l’occurrence le patient, il faut que cet autre dise la vérité, en un échange : patient comme médecin doivent accepter de coopérer. La seule manière de lutter contre le mensonge des corps est d’instaurer entre êtres humains une éthique de coopération, d’abord fondée sur la réciprocité. Pour que la patiente du premier épisode, désormais éveillée, accepte de se faire traiter sur la base d’une hypothèse audacieuse de House, ce dernier doit venir la persuader, lui qui ne rencontre pas les patients. Elle lui demande la raison de la claudication qui le handicape et, à son tour, livre son diagnostic, psychologique. Sur la base de cette réciprocité où chacun fait un pas en direction de l’autre et où les rôles s’inversent peut commencer le traitement qui viendra finalement confirmer l’hypothèse. La solitude face à la vérité est récusée, celle du scientifique comme celle du patient qui, seul face aux candidats à la vérité qui envahissent les réseaux sociaux et Internet, se tourne parfois vers les médecines parallèles.
2. La réciprocité engage une éthique
14Une éthique de la coopération dans le dialogue doit se mettre en place entre les différents acteurs. Chacun doit d’abord reconnaître, comme House aime à le répéter, que tout le monde ment, le corps compris, selon le double sens du mot « every-body ». Une telle affirmation peut sembler paradoxale : ne serait-ce pas en réalité le sujet qui se leurre sur son état de santé, lorsqu’il a l’impression que son corps lui ment ? En médecine traditionnelle chinoise, par exemple, s’il y a une chose qui ne ment pas, c’est bien le corps. Pourtant, dans la série, le corps ment bel et bien au sens où il présente des leurres aux médecins, qui posent un diagnostic immédiatement invalidé par un événement imprévu affectant le corps du malade suite au traitement mis en place. Il se ment aussi souvent à lui-même dans la mesure où très souvent dans les différents épisodes, les symptômes se masquent les uns les autres, donnant des signes contradictoires. Par exemple dans l’épisode intitulé « Classé X » (S6 E8), une maladie en occulte une autre : les vers présents dans le corps du patient masquent une maladie auto-immune sous-jacente et leur élimination met en réalité en danger le patient. Il faudra finalement lui réintroduire ces vers pour le traiter sans dommage de cette deuxième maladie. Le mensonge étant omniprésent, même dans les symptômes censés révéler une maladie, lorsque les moyens classiques de diagnostic sont dépassés, il revient à une attitude éthique de lutter contre la tendance à mentir ou à cacher certaines informations.
15Tout le monde ment, même ceux qui cherchent la vérité. Eux aussi et peut-être surtout sont suspects de mensonge. Dans l’épisode déjà mentionné où intervient le frère de Foreman (S6 E13), House demande à cet homme de se joindre ponctuellement à l’équipe pour mieux connaître le passé familial de Foreman, en l’occurrence pour apprendre en définitive que sa mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Comprendre ce qui a pu pousser Foreman à devenir neurologue et le lui rappeler permet de donner plus de sens et de sel à l’enquête. Il peut être intéressant de noter que deux ordres de vérité se croisent curieusement ici, qui d’ordinaire sont distingués : la vérité objective du « cas », la vérité subjective des petits secrets de chacun ; objectivité scientifique et sincérité s'étayent mutuellement ; pour parvenir collectivement à la vérité objective, House requiert des participants une sincérité absolue. Cela crée une interférence qui souligne la nécessité de tout dire. L’omniprésence du mensonge justifierait la transparence requise par House. Sur cette base de cette exigence, l’échange peut s’instaurer, médecins comme patients, corps comme personnages doivent parler. Chaque membre de l’équipe doit livrer non seulement son opinion dans les réunions de brainstorming mais aussi ses secrets. House pousse souvent ses collaborateurs à avouer tel ou tel secret de leur vie privée, pouvant interférer avec leur recherche sur le cas étudié. La transparence s’impose donc pleinement comme idéal de cette éthique selon laquelle chacun est appelé à s’exprimer jusqu’à se livrer.
16L’exigence de sincérité s’exerce également sur le patient. Dans l’épisode intitulé « Problèmes de communication » (S2 E10), le malade, journaliste, professionnel de la communication atteint de troubles du langage, tente désespérément de dire quelque chose au Dr Chase, qui le comprend à moitié malgré l’incohérence de ses propos. Alors qu’il est absent pour retrouver son ex-femme, dans un aéroport, bloqué sous la neige, House annonce au patient, au téléphone, sans le connaître, qu’il est son médecin. Il le rassure en lui disant qu’on ne dira rien de ce qu’il révélera à sa femme. Le patient se met alors à « parler », faisant comprendre au Dr Chase qu’il a caché un problème psychiatrique à sa femme et une opération dans le cerveau subie en cachette de celle-ci. House lui aura permis de dire vrai à distance. Le problème, qui va conduire à la séparation du couple, n’est finalement pas ce qu’il a pu cacher mais le fait qu’il ait caché autant de choses. Maladie et impossibilité physiologique de parler ou liée à un mensonge délibéré, certes perçu comme indispensable, sont intriquées et la découverte de ce que voulait dire le patient lui sauve la vie, à défaut de son couple. Dans ce cas, comme dans les autres, la résolution passe par le respect d’une éthique de la communication et de la coopération qui enjoint de livrer ses idées aux médecins ou plus généralement à l’autre dans le groupe de médecins sans vouloir en calculer les conséquences.
17Pour autant, cette éthique est sans cesse remise en question par House au fil des épisodes, elle apparaît à la fois promue et mise à l’épreuve par le cynisme du médecin, pourtant obligé de composer avec les autres dans la recherche d’une vérité au sujet de malades qui est au cœur de ses préoccupations alors même qu’il ne veut pas voir en eux des êtres humains avec qui échanger.
18La série montre ainsi la difficile négociation à l’œuvre dans la recherche de la vérité et les concessions à faire par chaque acteur.
19Dans l’épisode « Marché conclu » (S3 E3), House doit passer un contrat avec un scientifique gravement malade, lui-même spécialiste d’une maladie dont il se trouve atteint. Car même chercheur de profession, devenant malade, ce patient refuse tout examen et ainsi de devenir le sujet de recherche de son confrère. Le médecin malade sent et sait qu’il va mourir et le veut, tandis que House persiste à trouver ce qui le tue. Cet épisode met en lumière la nécessité de voir le patient lui-même coopérer et participer à la recherche de la vérité à son sujet. Sinon le vrai à son sujet n’a de sens ni pour lui, ni pour personne.
20Dans une concurrence entre les deux médecins, une négociation s’ouvre alors sur le temps donné au médecin pour chercher et sur ce que le médecin-patient peut accepter de voir rechercher à son sujet. Elle aboutit à un contrat : le patient donne vingt-quatre heures à House pour trouver de quelle maladie il est atteint, ensuite il devra le laisser mourir s’il n’a pas trouvé. On pourrait juger le contrat acceptable dès lors qu’il semble équitable et que la communication pour la recherche de la vérité et de la guérison s’établit sur la base d’une libre coopération de tous. Il n’en est rien dans cet épisode. Le Dr House doit, pour obtenir des réponses, utiliser des moyens peu orthodoxes : alors que le patient ne peut faire le test d’effort en raison de son cœur trop faible, House lui injecte de l’adrénaline pour en accélérer artificiellement le rythme afin d’éliminer un diagnostic possible. En outre, il passe un contrat avec son patient mais, ayant échoué à trouver en moins de vingt-quatre heures le bon diagnostic, il lui ment en espérant pouvoir gagner du temps : la maladie serait un cancer traitable, ce que le médecin patient réfute facilement. House tente alors le chantage et feint même de le tuer, satisfaisant ainsi son désir d’avoir le champ libre dans ses investigations, mais sans résultat. Finalement, de manière étonnante, au départ scandalisée par les méthodes de House, Cameron, se plonge dans la lecture des articles publiés par le malade comme le lui a suggéré House. Elle y trouve décrit un protocole de recherche lui aussi peu orthodoxe, expérimentant un traitement sur des nouveau-nés sans l’accord de leurs parents. Dès lors, elle se laisse convaincre par House et décide de prendre au mot l’auteur de l’article qu’elle n’hésite pas à comparer au Dr Mengele, médecin du IIIe Reich s’étant livré à des expérimentations sur des juifs. Elle effectue une biopsie sur le patient sans son consentement. Ce dernier, contre toute attente, la félicite finalement pour avoir su se battre pour affirmer ses principes. À ce moment seulement, reconnaissant ses propres méthodes, il approuve ainsi finalement les tentatives de House et de son équipe et donne a posteriori son accord à leurs investigations. Il mourra en définitive de la maladie sur laquelle il avait travaillé dans sa carrière de chercheur.
21La coopération entre patient et médecin passe donc par l’exercice d’un rapport de forces et non par un accord préalable sur la base de règles claires. Le marché est conclu non sur la base d’une éthique commune – en l’occurrence le respect d’un contrat passé – mais sur celle d’un non-respect commun des règles contractuelles, d’une transgression qui en appelle une autre sans qu’il s’agisse de vengeance puisque les acteurs sont différents : le patient-médecin a effectué des tests sur des nourrissons sans recueillir le consentement de leurs parents, les médecins qui le soignent peuvent donc se permettre d’agir avec lui avec une liberté plus grande. La réciprocité n’a rien de spontané, comme si en une relation l’accord de l’un devait produire immédiatement et naturellement celui de l’autre. Elle n’est pas l’application d’un impératif qui s’imposerait inconditionnellement aux acteurs du dialogue. Ici, elle est acquise de force et finalement admise par un individu initialement récalcitrant, alors même qu’il est censé être le premier bénéficiaire du diagnostic de sa maladie. Il faut parfois faire coopérer malgré eux les malades comme les autres médecins. Obliger à coopérer par différents moyens va parfois jusqu’à une certaine violence, tout aussi paradoxale dans la recherche d’une coopération. Face à un malade dont l’obésité est impressionnante, au point de percer un mur pour l’extraire de chez lui dans le coma, malade qui ne pense qu’à rentrer chez lui pour manger sans limite (S3 E6), refusant tout examen sur un éventuel diabète, House recourt à la force. Il lui fait avaler une boisson sucrée, et ce alors même qu’il a été rendu aveugle à la suite d’un examen effectué par l’équipe médicale. En être venu aux mains permettra au médecin de découvrir une déformation des doigts – masquée par la graisse – ouvrant la piste féconde d’un cancer du poumon.
22Le but de leur coopération n’a en outre rien d’explicitement moral, comme si la recherche du vrai s’enracinait dans celle du bien, comme dans la philosophie platonicienne, il est seulement l’instrument de la guérison car House n’a en général nul besoin de communiquer ni a fortiori de coopérer avec ses patients. House peut se montrer odieux à l’égard de son équipe, reproduisant en son propre sein la défiance de leur supérieur, au point même de se quereller. Est écartée toute vision irénique de la communication et des accords faciles qu’elle favoriserait, guidée par un idéal de vérité et de bonne entente. Coopérer ne suppose pas une bonne entente, un refus des divergences et l’espoir d’un consensus conventionnel. Il faut au contraire affronter les désaccords, House n’hésitant pas à les provoquer et à les exacerber au sein de son équipe.
23House respecte donc une éthique de la communication mais en la poussant dans ses retranchements, en testant ses limites, changeant sans cesse les règles, en abusant par exemple du mensonge, dans une ambivalence interrogeant sans cesse les rapports entre éthique et vérité. Par exemple, au début d’un épisode (S3 E8), House fait semblant d’avoir la solution du cas, l’écrit et la place dans une enveloppe. Il rompt ainsi provisoirement l’éthique de coopération en initiant une concurrence poussant ses coéquipiers à agir seuls et stimule une rivalité se révélant mutuellement fructueuse. Ce faisant, il déplace les limites de la coopération elle-même. Mais il est comme pris à son propre piège : deux infections se produisent après guérison de la première, liée à une hépatite A. Affirmant : « ça devrait être impossible d’avoir deux bonnes réponses à une question », apprenant le résultat positif d’un troisième test et déclarant : « on réussit à soigner une infection et trois pointent le bout de leur nez », il reconnaît : « je crois que la partie est truquée » en faisant référence au jeu qu’il avait ouvert. Les règles évoluent avec le jeu, les relations de domination aussi. En testant leurs limites, House semble permettre à la coopération de jouer à plein en bouleversant les positions, y compris la sienne.
24Mais au-delà d’un impératif de coopération malmené, et éventuellement imposé, ressort surtout une incertitude plus générale affectant médecins et téléspectateurs, quant à l’attitude éthique à adopter dans la recherche de la vérité, notamment dans ses rapports avec d’autres valeurs. Les buts éthiques motivant le Dr House ne sont pas clairs, au moins faute d’être nettement hiérarchisés. La série est bien souvent moralisatrice – le happy end se veut généralement rassurant moralement –, au moins en affirmant que le secret gardé (d’une double vie par exemple, de la consommation de drogue) pourrait faire mourir un patient. Il n’empêche qu’elle transgresse aussi bon nombre de règles morales courantes car House emploie des méthodes discutables pour tester ses hypothèses et ment, aux patients comme à l’administration. L’ensemble de la série fait douter de la possibilité d’une éthique dans cet univers. En témoignent encore les relations tendues, faites de séduction, de fascination réciproque et de rivalité incessante qu’entretient House avec l’autorité incarnée par le Dr Cuddy, directrice de l’hôpital. Il en teste sans cesse les limites et défie les valeurs qu’elle souhaite promouvoir et faire respecter.
25Plus particulièrement, le souci de dire vrai semble, chez n’importe quel médecin, devoir être naturellement soumis à la volonté de guérir le patient, au but éthique de la santé d’autrui qui gouvernerait les échanges et la recherche de la vérité. Or, même si vérité et santé sont liées, la découverte de la vérité ne coïncide pas nécessairement avec la guérison du patient. Ainsi, certains meurent avant le diagnostic de leur maladie, House se montrant parfois cynique à ce sujet. Tout se passe comme si, dans l’échange entre patient et médecin, la recherche de la vérité sur la maladie n’était pas subordonnée au projet de guérir le patient. S’il existe un lien entre découverte de la vérité et visée de la guérison, il apparaît lorsqu’en cherchant à guérir le patient on découvre sa maladie. La souffrance éventuelle du patient aiguillonne parfois une recherche soucieuse de l’aider, mais House, lui, n’hésite pas à infliger de la souffrance dans le but – égoïste ? – d’accroître sa connaissance.
26Tout en mettant en évidence le jeu d’une éthique de la coopération dialoguée dans la recherche de la vérité, la série la met donc en question. Elle dissocie même éthique générale et recherche de la vérité pour réfléchir à leur relation. Au lieu de subordonner sans questionnement l’activité médicale et la recherche de la vérité à l’idéal du respect de la vie et de la volonté du patient, Dr House dissocie les impératifs et les fait coexister, l’un pouvant tantôt l’emporter sur l’autre sans qu’il se trouve pour autant érigé en idéal exclusif. D’ailleurs, la vérité elle-même ne constitue pas un idéal clairement distinct de tous les autres objectifs poursuivis par la personnalité complexe qu’est le Dr House. En effet, elle voisine toujours avec le mensonge. House, médecin en quête de diagnostics difficiles, fondés sur une information scientifique poussée, traque la vérité porté par un esprit pleinement scientifique. Mais, héros d’une fiction télévisée populaire aux accents comiques, il se moque aussi des patients se précipitant pour un rien aux urgences. Le Dr Cuddy l’oblige à les prendre en charge ? Qu’importe, il leur racontera des « histoires » au sujet de leur supposée maladie. Dans sa quête du bon diagnostic, il persiste à jouer avec les nerfs de ses patients et de ses collaborateurs, entretenant ainsi au sein de son équipe une atmosphère de mensonge et de suspicion.
27Refusant à la fois de faire de la vérité une valeur supérieure aux autres et de la subordonner à l’obligation de sauver le patient, House ne s’impose d’avance aucun principe et ne soumet jamais un objectif à un autre de façon définitive. Dire la vérité n’y fait pas exception. Le parallèle avec sa vie privée est sans doute éclairant : House est un héros solitaire qui rechigne à se lier, en amitié comme en amour, un héros boiteux dont la claudication a une portée symbolique, signe d’une contradiction interne. Divorcé, il entretient avec son ex-femme des relations ambiguës et fait subir à son meilleur ami, le Dr Wilson, bien des humiliations. Sa seule liaison pérenne est avec la drogue, dont il est devenu dépendant alors qu’elle était à l’origine un traitement destiné à sa douleur à la jambe. Dépendance tragique, qui illustre les dangers de l’attachement en général.
*
28Plusieurs commentateurs ont mis en évidence le caractère socratique de la démarche du Dr House, utilisant réfutation et ironie, mettant dans l’embarras ses collaborateurs6. Dans les oppositions qu’il entretient au sein de son équipe, dans les dialogues tendus avec ses collègues, on peut percevoir la volonté d’établir des distinctions entre des valeurs souvent associées à la vérité : honnêteté, sincérité, efficacité à sauver, à guérir, entre autres. Le souci de vérité la compromet elle-même ; elle ne constitue pas ici une valeur intrinsèque mais se lie, parfois très intimement (quand faire parler le corps est un enjeu) mais toujours occasionnellement à d’autres préoccupations pour d’autres valeurs.
29La série offre donc une représentation originale et nuancée de la quête de la vérité dans le dialogue, c’est-à-dire dans l’opposition et la confrontation des points de vue et des personnages. Par-delà l’opposition trop courante et simpliste avec le mensonge bénéficiant à un seul, pouvoir dire vrai ne revient pas seulement à déceler une vérité cachée mais aussi à parvenir ici au terme d’une activité collective souvent conflictuelle. La série montre que la recherche de la vérité passe par des désaccords surmontés, qui portent sur les fondements mêmes de la coopération, en l’occurrence sur les valeurs éthiques qui peuvent la fonder.
30Ce laborieux cheminement se démarque du thème d’une révélation par dévoilement et d’un aboutissement uniquement focalisé sur elle. En cela la série Dr House se distingue de séries où l’enquête semble guidée par l’unique souci de la vérité animant prioritairement un seul personnage, tel Sherlock Holmes maître de l’enquête et seul à même de résoudre l’énigme. Au point de se demander si la recherche de la vérité est bien « le » sujet essentiel de la série Dr House, comme cela a pu être avancé par certains commentateurs. La présence d’autres intrigues en parallèle à la résolution du cas n’est pas qu’une variation au service d’une esthétique narrative pluraliste, mais pourrait être une façon d’insister sur la contingence de parvenir à dire vrai quand nos vies bruissent d’autres préoccupations.
Notes de bas de page
1 Dahms, Kirsten, Sharkova, Yulia, Heitland, Peter, Pankuweit, Sabine & Shaefer, Juergen R. 2014, « Cobalt intoxication diagnosed with the help of Dr House », The Lancet, vol. 383, no 9916, 8 février 2014, p. 574.
2 Laugier, Sandra, fait référence à Wittgenstein : « Ainsi vous dites que la conformité des vues humaines décide de ce qui est vrai et de ce qui est faux ? Est vrai et faux ce que les hommes disent l’être ; et ils ne s’accordent pas dans le langage qu’ils emploient. Ce n’est pas une conformité d’opinion, mais de forme de vie ». Investigations philosophiques, 1990 [1945], première partie § 241, trad. par P. Klossowski, Paris, Gallimard, coll. « Tel ».
3 Sur la manière dont la vérité se distingue de l’évidence, on doit renvoyer le lecteur à l’article de Dan Dusa, dans cet ouvrage, « Sur l’impossibilité de dire le vrai ».
4 L’amitié de Grégory House avec le Dr Wilson rappelle celle de Holmes avec le Dr Watson, sa dépendance à la vicodine celle à l’héroïne et les deux personnages se rapprochent dans la recherche de la vérité par l’attention portée à d’infimes indices, entre autres.
5 Platon, Gorgias, 456 b-c.
6 Voir sur ce point le chapitre consacré à Dr House dans de Saint Maurice, Thibaut, 2009 Philosophie en séries, Paris, Éditions Ellipse.
Auteur
-
Jean-Bernard Cheymol
Jean-Bernard Cheymol, maître de conférences en SIC à l’Université Paris-Saclay, chercheur à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle ; au sein du CIM il collabore au centre Appla&Co. Il a notamment publié La brièveté télévisuelle, le cas des émissions courtes sur les arts plastiques, Paris, L’harmattan, 2011.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le patois et la vie traditionnelle aux Contamines-Montjoie. Vol. 1
La nature, les activités agro-pastorales et forestières
Hubert Bessat
2010
Paroles de philosophes en herbe
Regards croisés de chercheurs sur une discussion sur la justice en CM2
Jean-Pascal Simon et Michel Tozzi (dir.)
2017
Multimodalité du langage dans les interactions et l’acquisition
Audrey Mazur-Palandre et Isabel Colón de Carvajal
2019
Sociolinguistique des pratiques langagières de jeunes
Faire genre, faire style, faire groupe autour de la Méditerranée
Cyril Trimaille, Christophe Pereira, Karima Ziamari et al. (dir.)
2020
Grammaire descriptive de la langue des signes française
Dynamiques iconiques et linguistique générale
Agnès Millet
2019
Des corpus numériques à l’analyse linguistique en langues de spécialité
Cécile Frérot et Mojca Pecman (dir.)
2021
Les routines discursives dans le discours scientifique oral et écrit
Milla Luodonpää-Manni, Francis Grossmann et Agnès Tutin (dir.)
2022
Enfants et adolescents en discussion philosophique
Analyse pluridisciplinaire du corpus A(p)prendre
Anda Fournel et Jean-Pascal Simon (dir.)
2023