Annexe 2
Lexique des concepts clés
p. 183-198
Texte intégral
1Ce lexique par ordre alphabétique permet d’expliquer et/ou d’approfondir certains des mots et concepts utilisés dans l’ouvrage.
2Adelphe / adelphité : ce terme vise à dépasser les notions de fraternité et de sororité qui peuvent être perçues comme continuant à produire des oppositions et de la différence. Il désigne la solidarité entre tous et toutes — hommes, femmes, personnes non binaires, etc.
3Afro féminisme : l’afro féminisme est un mouvement féministe porté par les femmes noires, les femmes africaines et descendantes africaines vivant sur le continent européen. L’afro féminisme se nourrit de l’apport des théories féministes des féministes noir Américaine, mais articule ses analyses et actions en lien avec l’histoire particulière du colonialisme, du racisme et de la création des identités de genre sur le continent européen et des systèmes d’oppressions actuels.
4Agriculture vivrière : agriculture développée à petite échelle, généralement informelle et non rémunérée, dans le but de nourrir sa famille et/ou sa communauté. Dans les pays du Sud, on estime qu’elle est en majorité effectuée par les femmes.
5Androcentrisme : le fait de prendre comme point de référence le point de vue et expériences des hommes, et ce de manière majoritaire ou exclusive. Il s’agit là du fameux « masculin universel » qui invisibilise l’existence et les expériences des femmes et autres catégories de genre.
6Biopouvoir : terme développé dans les années 1970 par le sociologue Michel Foucault, philosophe français affilié au courant du post-structuralisme, le biopouvoir correspond à une stratégie de gouvernance portant sur la régulation des populations et des vies.
7Biologisation : justifications individuelles ou collectives des pratiques sociales. En faisant référence à une biologie réelle ou fantasmée, les institutions ou individus souhaitent légitimer les manières de dire, de penser et d’agir (constituant ensemble un système social).
8Biopolitique : également théorisée par le sociologue Michel Foucault, la biopolitique est l’expression du biopouvoir. Elle correspond aux outils impactant les corps, les vies (lois, normes de genre et de sexualité, etc.) mis en place au sein d’une société afin de réguler les citoyens.
9Black feminism : mouvement féministe porté par les femmes africaines-américaines aux États-Unis. Il analyse les rapports sociaux, économiques, politiques sous le prisme de l'expérience des femmes noires américaines. Patricia Hill Collins, bell hooks, Kimberle Crenshaw, Jennifer C. Nash, Audre Lorde sont des figures et penseuses emblématiques de ce mouvement.
10Care : le terme care est un mot anglo-saxon. Complexe à traduire, il englobe un grand nombre de notions comme le fait de prendre soin d’autrui dans le cadre de liens relationnels intimes (familiaux, romantiques, amicaux), mais aussi professionnels (on parle des travailleur.ses du care pour faire référence aux aides à domicile par exemple). La notion de care est ambivalente, elle peut être positive comme négative. En effet, certaines féministes replacent la notion de care dans le contexte de la sphère domestique (et le travail domestique non rémunéré des femmes) et montrent sa face annihilante. Les sociologues britanniques Janet Finch et Dulcie Groves dans un ouvrage collectif édité en 1983 (A labour of Love : Women, Work and Caring) définissent le care comme « une combinaison de sentiments, d’affections et de responsabilités accompagnés d’actions qui subviennent aux besoins ou au bien-être d’un individu dans une interaction en face à face » (Noël-Hureaux, 2015).
Charge mentale : la charge mentale est un « travail de gestion, d’organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence » (Brais cité dans Lenglet, 2018, p. 1). Ce terme permet d’approfondir l’inégale répartition des tâches et des positions au sein des couples hétérosexuels : ce sont sur les femmes que pèse le plus souvent la charge mentale (penser à ajouter un ingrédient sur la liste des courses, se rappeler de dates clés, penser aux repas, etc.) les empêchant de se concentrer sur d’autres activités non domestiques.
11Consentement (à l’activité sexuelle) : le consentement à l’activité sexuelle fait référence à la volonté des participants de s’engager dans une telle activité. Le consentement doit être véritable, volontaire, spécifique et continu. Il doit être exprimé par une personne considérée comme capable de consentir, ce qui peut être évalué en fonction de différents facteurs comme l’âge, les handicaps potentiels, les rapports de forces inégaux et les contextes de vulnérabilité. Le consentement doit être continu et couvrir l’ensemble des différents actes d’une activité sexuelle. Cela implique que le consentement est à tout moment rétractable et que le fait de consentir à un acte n’équivaut pas à consentir à tout acte sexuel. Le consentement ne peut être déduit du silence ou de l’absence de résistance des victimes, ou des paroles qu’elles pourraient prononcer ou du comportement qu’elles pourraient adopter dans un contexte de contrainte, de menace de contrainte, de coercition, ou lorsque les victimes se trouvent dans un environnement coercitif ou dans un état spécifique affectant leur capacité à donner un consentement véritable et volontaire.
12Déconstruire (se) / déconstruction : il s’agit d’interroger ses propres représentations et mécanismes de perpétuation des normes de genre hégémoniques, et d’exercer un regard critique dessus. La déconstruction englobe, les pratiques, réflexes, savoirs et la production des savoirs. Il s’agit d’un processus continu. La recherche d’information permet d’accélérer cette prise de conscience et remise en question.
13Diplomatie multilatérale : forme de diplomatie s’exerçant dans le cadre de rencontres où sont représentés plusieurs pays, le plus souvent sous l’égide d’une organisation internationale, et dans la perspective d’une action commune.
14Discrimination : processus de différenciation et exclusion sociale. À partir de la différenciation de catégories sociales, certaines sont désavantagées, rejetées, exclues, victimes de violences spécifiques alors que les autres vont bénéficier d’une non-discrimination ou d’un avantage. Les catégories sociales sont basées sur l’origine sociale, religieuse, l’appartenance à un genre, etc. Un des exemples est la discrimination raciale des personnes non blanches à l’embauche en France.
15Droits humains : les droits inaliénables et la dignité humaine que possède chaque individu.
16Droits sexuels et reproductifs : il s’agit du droit de chacun.e de décider librement de sa sexualité et d’avoir le contrôle de son corps ainsi que du droit à la santé mentale et physique concernant les domaines sexuels et reproductifs.
17Empouvoirement : francisation du mot anglais empowerment que l’on peut traduire par autonomisation ou capacitation. Dans ce livre, il est utilisé pour décrire les processus et le résultat visant à donner plus de pouvoir (politique, social, individuel, etc.) à des groupes et personnes.
18Essentialiser / Essentialisme : ce concept découle de projets philosophiques et scientifiques cherchant à définir ce que serait (et ne serait pas l’humain). C’est donc un processus de catégorisation et de généralisation de l’humain. Pour ce faire, ils se sont basés sur des attributs extérieurs, comme le corps, le caractère ou intérieurs, comme l’anatomie, la génétique. Ces caractéristiques sont appréhendées comme « naturels » et font état de lois. Utilisés par les discours religieux, scientifiques, politiques, ils ont construit l’homme blanc de sexe masculin comme l’être supérieur, puis la femme blanche comme inférieure, puis les hommes noirs, les femmes noires, etc.
19Extractivisme : terme venant du portugais, employé pour désigner l’exploitation commerciale des produits forestiers au Brésil. Il est plus généralement utilisé dans les études critiques du développement et du capitalisme. Il désigne l’accumulation de richesses par l’extraction de ressources naturelles à l’état brut principalement pour être exportées. Ce terme mobilise l’idée de pratiques prédatrices et violentes, mues par la recherche d’un profit monétaire et aveugle aux conséquences sur l’environnement et les communautés locales (Duc, 2017).
20Féminisme : lutte pour l’égalité des genres et des sexualités, intrinsèquement politique et radicale contre le système patriarcal établi. Lisa Gordon, historienne, dans What’s new in Women’s History en 1986 définit le féminisme comme « une critique de la suprématie masculine, forgée […] à la lumière d’une volonté d’en changer le cours, qui elle-même repose sur la conviction qu’un tel changement est possible. »
21Féminité : ce sont l’ensemble des caractéristiques physiques, comportementales, psychologiques, sociales qui sont considérées comme spécifiquement appartenant aux femmes. Ces caractéristiques sont des constructions sociales et fixent un cadre pour l’expression de genre.
22Gender Mainstreaming (politique transversale du genre) : l’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes (ou approche intégrée de l’égalité ou intégration d’une perspective/dimension de genre est un « concept-méthode » de politique publique consistant à évaluer les différentes implications pour les personnes de sexes différents de chaque action politique planifiée. L’approche intégrée de l’égalité promeut surtout une approche pluraliste (à appliquer dans toutes les institutions politiques, et non uniquement celles spécifiquement dédiées à l’égalité femmes-hommes) qui valorise la diversité parmi les personnes de sexes différents, en intégrant les spécificités de leurs situations et dynamiques sociales, contrairement à la neutralité du genre.
23Genre (social) : décrit dans le manuel Introduction aux Études sur le genre (Bereni, Chauvin, Jaunait & Revillard, 2020, p. 8) comme « un système de bi-catégorisation hiérarchisée entre les sexes (hommes/ femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/ féminin) ». Le genre est une construction sociale, un processus relationnel — construisant en opposition le féminin et le masculin —, et un rapport de pouvoir imbriqué dans d’autres rapports de pouvoirs (de classe, race, sexualité, âge, etc.).
24Grossophobie : terme désignant les comportements et attitudes dénigrant et stigmatisant les personnes en surpoids, grosses, obèses. Elle se fonde très souvent sur le préjugé que les personnes grosses le sont, car elles manquent de contrôle sur leur corps et donc par manque de volonté personnelle.
25Hétéronormativité / hétéronormatif : norme sociale selon laquelle l’hétérosexualité est la norme, la référence. Selon cette approche, l’hétérosexualité est la seule orientation sexuelle possible ou attendue comme normale. Les relations sexuelles et conjugales envisagées sont uniquement hétérosexuelles. C’est ce qui motive l’homophobie et pousse les personnes non-hétérosexuelles à faire un coming out, car tout le monde est, sinon présumé.e hétérosexuel.le.
26Hétérosexualité : être attiré.e par les personnes du genre binairement opposé au nôtre (femmes-hommes).
27Intersectionnel / intersectionnalité : terme théorisé par Kimberlé Williams Crenshaw en 1989 dans son article « Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color », pour parler de l’intersection entre le sexisme et le racisme subi par les femmes afro-américaines.
28Justice reproductive : concept développé en 1994 par un collectif d’afro-féministes militant dans le mouvement pro-avortement « Sister Song, Women of Color Reproductive Justice ». La justice reproductive renvoie à la capacité d’avoir le pouvoir social, matériel, politique et le niveau d’information adéquat pour choisir sa fertilité, accéder à des services contraceptifs, prendre en charge sa sexualité. Cela de manière libre et juste sans discrimination de genre, d’âge, de classe, de caste, d’habilité.
29Laïcité : la laïcité est un principe juridique qui entérine la séparation entre la religion et l’État. À ce titre, l’État se doit d’être neutre envers les religions (ne pas en privilégier une plutôt qu’une autre) et ne peut intervenir dans l’organisation des religions.
30Leadership féminin : désigne les femmes qui ont accès aux sphères décisionnelles y compris au-delà de la définition androcentrée, les femmes d’influence et dont l’action dans chaque sphère d’activité professionnelle ou sociale a un impact social, économique ou sociétal positif, selon la définition inclusive et du pouvoir.
31Lesbianisme : attirance sexuelle et/ou romantique entre personnes s’identifiant comme femmes (ou homosexualité féminine).
32LGBTQIA+ : ce sigle est utilisé pour désigner de manière non exhaustive (le +) les personnes non cisgenres et/ou non-hétérosexuelles, c’est-à-dire, notamment, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles.
33Masculinisme / mouvement masculiniste : mouvance de défense des hommes qui prétend que l’égalité de genre a été atteinte et que les hommes sont victimes de désavantages dans le système actuel.
34Masculinité : ce sont l’ensemble des caractéristiques physiques, comportementales, psychologiques, sociales qui sont considérées comme spécifiquement appartenant aux hommes. Ces caractéristiques sont des constructions sociales et fixent un cadre pour l’expression de genre.
35Masculinité hégémonique : construction traditionnelle hétéronormée de la masculinité intégrant un ensemble de comportements et représentations fixés comme un idéal (ne pas montrer ses émotions, être agressif et compétitif, séducteur, hétérosexuel, mépris des femmes et des personnes homosexuelles, avoir du succès et de l’argent).
36Masculinité toxique : concept relativement peu utilisé par le monde universitaire, mais s’étant fait une place dans les médias et dans les milieux féministes. Ce concept souhaite mettre en lumière la construction sociale de la masculinité qui pousse les hommes à avoir des comportements nocifs envers les autres et eux-mêmes (violence, autodestruction, domination, criminalité, difficultés à exprimer ses émotions, etc.).
37Mégenrer : c’est le fait d’utiliser le mauvais pronom pour identifier et s’adresser à une personne. Par exemple, utiliser « il » pour une personne s’identifiant comme non-binaire et/ou femme.
38#MeToo : mouvement féministe transnational déclenché à la suite des plaintes pour agressions sexuelles et viols à l’encontre du producteur de cinéma américain Harvey Weinstein. Le hashtag #MeToo s’est répandu sur les réseaux sociaux en permettant à des femmes du monde entier de témoigner des violences sexuelles et sexistes dont elles ont été victimes.
39Male gaze : concept désignant l’imposition d’images conçues par et pour un regard masculin au public, dans le cadre de la culture visuelle et médiatique dominante.
40Migration (interne / domestique) : mouvement de personnes à l’intérieur d’un État aux fins d’y établir une nouvelle résidence, temporaire ou permanente.
41Migrant.es international : Personnes qui quittent leur lieu de résidence habituelle pour se rendre dans un pays dont elles n’ont pas la nationalité, franchissant par conséquent une frontière internationale.
Sont exclus de cette définition les déplacements effectués « à des fins de loisirs, de vacances, de visites à des amis ou à de la famille, d’affaires, de traitement médical ou de pèlerinages religieux » (OIM, 2022).
42Migration économique : ce n’est pas une catégorie en droit international. Il désigne toute personne qui franchit ou a franchi une frontière internationale ou qui se déplace ou s’est déplacé à l’intérieur d’un État, exclusivement ou principalement pour améliorer sa situation économique.
43Mouvements de femmes : définition de Sonya Alvarez, dans Engendering Democracy in Brazil en 1990, « un ensemble de mouvements composés majoritairement, mais pas nécessairement exclusivement, de femmes, qui formulent des revendications vis-à-vis des systèmes culturels et politiques sur la base des rôles historiques de genre historiquement attribués aux femmes ». Ce sont des mouvements aux objectifs variés et qui n’ont pas toujours comme objectif d’agir contre les inégalités de genre. Il existe même des mouvements de femmes conservateurs antiféministes.
44Mouvements féministes : définition du manuel Introduction aux Études sur le genre (Bereni et coll., 2020), « les mobilisations collectives qui placent le féminisme ou la contestation de la hiérarchie de genre, au cœur de leur agenda militant ».
45Néo-colonialisme : les politiques impérialistes diverses menées par les anciennes puissances coloniales vis-à-vis de leurs anciennes colonies. Cela passe par différentes méthodes d’influence (soft et hard power) et perpétue la domination coloniale (politique, financière, culturelle, symbolique, etc.) ayant eu lieu après l’indépendance officielle du pays. Cela s’illustre à travers la protection des intérêts et avantages dans l’ancienne colonie. Ces politiques peuvent être le fait d’États ou d’entreprises. Un exemple est la politique monétaire en Afrique francophone et le recours au Franc CFA.
46Organisation des Nations unies (ONU) : Il s’agit d’une organisation internationale intergouvernementale existant depuis 1965. L’ONU regroupe tous les États reconnus par la communauté internationale, actuellement au nombre de 193.
47Orientation sexuelle : Il existe de multiples orientations sexuelles. Attirance sexuelle pour le genre binairement opposé (hétérosexualité), les personnes appartenant au même genre que soi (homosexualité), aux deux genres (bisexualité) ou aux personnes sans condition de genre (pansexualité).
48Patriarcat : système de domination et de pouvoir entre les genres. Il désigne le rapport asymétrique existant dans les relations entre femmes et hommes, dans la distribution et la possession de ressources et le monopole du pouvoir qui se fait en faveur des hommes.
49Pays du Sud — Pays du Nord : cette classification est utilisée dans le domaine du développement international, mais aussi en géographie, sciences sociales et dans le discours commun. Cette classification n’est pas neutre, elle est construite historiquement et socialement (colonisation européenne, eurocentrisme, publication du rapport Brandt en 1980). Elle trace une ligne de partage essentialiste et hiérarchique vague — presque insurmontable — entre des pays, en effaçant leurs spécificités géographiques, sociales, politiques, économiques, etc. En effet, elle classe, d’un côté, les pays du Nord (les pays et sociétés occidentales) qui seraient riches, avancés technologiquement et dont les normes sociales seraient « supérieures » et de l’autre, les pays du Sud, qui seraient pauvres et perçus comme ayant des normes sociales « inférieures » et seraient en « retard » (les pays non occidentaux). Certains pays peuvent se situer en dehors de ces catégories ou alternativement en faire partie (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) selon le point de vue adopté. Dans cet ouvrage, nous utilisons cette classification pour rendre compte des enjeux de pouvoir sous-jacents à ces termes, mais toujours structurants dans les relations internationales ; tout en étant conscientes de sa portée limitée et dépréciative.
50Performance / Performer : performer le genre/son genre signifie que le genre n’est pas un attribut inné ou naturel chez les individus, mais consiste en un ensemble de pratiques et de procédés (se fondant sur les normes existantes de ce que sont la féminité et la masculinité), comme les habits que l’on porte, la manière de marcher, etc., qui sont appris et joués au quotidien dans le cadre de nos interactions sociales. L’ensemble de ces pratiques créent et renforcent l’idée de ce que seraient la féminité et la masculinité.
51Pink washing: procédé de marketing/communication utilisé par une organisation (un État ou une entreprise par exemple) pour se donner une image progressiste, féministe, engagée, sans s’engager réellement dans les faits, cela, afin d’améliorer sa réputation (pour une entreprise, dans l’objectif de plus vendre par exemple).
52Plafond de verre : terme généralement utilisé par les féministes dans le cadre des inégalités de salaire et de positionnement hiérarchique entre les femmes et les hommes au sein des structures hiérarchiques. Il désigne les freins invisibles rendant difficile voire impossible l’accès à des postes a très fortes responsabilités ou à fortes rémunérations pour les femmes.
53Proxénète / proxénétisme : un.e proxénète est une personne tirant des bénéfices du proxénétisme. Le proxénétisme est l’activité consistant à promouvoir, organiser et gérer la prostitution de personnes.
54Pouvoir : le pouvoir implique l’aptitude, la compétence et la capacité à prendre des décisions et d’y donner suite. L’exercice du pouvoir est un aspect important des relations entre individus. Plus une personne a de pouvoir, plus elle a de choix. Le pouvoir au sens traditionnel de la domination est le « pouvoir sur ». Les féministes définissent plus largement le ou plutôt les types de pouvoir engagés dans le processus d’autonomisation. Ces quatre dimensions s’appellent le pouvoir sur, le pouvoir à, le pouvoir avec et le pouvoir intérieur.
55Queer : à l’origine un mot anglais, équivalent d’étrange/atypique/bizarre, traduit comme altersexuel au Québec. C’est une insulte à l’encontre des personnes ne correspondant pas aux normes hétéropatriarcales comme les personnes homosexuelles dans les années 90. Cette insulte a été réappropriée par les personnes concernées (on parle de retournement du stigmate) et désigne aujourd’hui toutes les personnes se situant en dehors d’une identité de genre cisgenre binaire et/ou ayant une orientation sexuelle non-hétérosexuelle.
56Racialisation / Racisation : le processus social, économique et politique qui rend les personnes non blanches racisées. Ceci est rendu possible par l’idéologie raciste alors que l’identité et les privilèges raciaux des personnes blanches sont impensés. Ce processus a été accentué lors des périodes d’esclavagisme et de colonisation. Il est toujours à l’œuvre aujourd’hui.
57Racisé.e : ce mot désigne les personnes renvoyées à une appartenance raciale particulière (les personnes noires, arabes, asiatiques, etc.) expliquant un vécu d’altérisation (les « autres ») et de discrimination. Ce processus est celui de la « racisation » ou « racialisation » de certains groupes en référence au groupe dominant impensé et bénéficiant de l’idéologie raciale, les personnes blanches. Les conditions de vie des personnes racisées continuent d’être déterminées par le racisme.
58Réfugié.e : Personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner.
59Religion(s) : dans le monde, environ 80 % de la population se revendique croyante (toutes religions confondues). Au sein de cette communauté des croyant.es, les femmes sont majoritaires. La religion la plus pratiquée dans le monde est le christianisme, suivi de l’islam, l’hindouisme, le bouddhisme, l’animisme, le shintoïsme et le judaïsme. Les niveaux de pratiques diffèrent selon les continents et régions tout comme la prévalence de certaines. Les personnes qui ne s’affilient à aucune religion représentent 15-20 % de la population mondiale.
60Religions du livre : on utilise généralement le terme « religions du livre » pour parler du christianisme, de l’islam et du judaïsme, car ces religions ont chacune un corpus de textes délimitant et codifiant les pratiques religieuses sur lesquelles le/la croyant.e s’appuie pour construire sa relation à son Dieu. Ce sont respectivement la Bible, le Coran, la Torah.
61Slut-shaming : terme anglo-saxon. C’est le fait de critiquer, rendre honteuses, humilier, les filles et les femmes qui démontreraient une attitude sexuellement provocante par leurs comportements et habillement. Elles sont perçues comme violant les normes de la « bienséance » féminine et sont punies pour cela.
62Sexe biologique : construction historique et sociale différenciant et catégorisant les êtres humains en fonction de certaines caractéristiques biologiques (ADN, hormones, gonades, organes génitaux). Il est l’expression de caractères sexuels traçant une ligne opposée entre deux classes : le mâle et la femelle ou l’homme et la femme. L’homme et la femme ne sont pas des identités, mais des constructions biologiques objectives.
63Société civile : ce terme désigne l’ensemble des associations non gouvernementales (associations locales, ONG, etc.) qui sont à but non lucratif. Les Organisations de la Société civile (OSC) sont autant de groupes qui exercent une influence sur le grand public et les politiques gouvernementales afin de faire progresser les intérêts qu’elles défendent. L’association La Cimade par exemple défend les droits des personnes migrantes en France.
64Socialisation : ce terme provient du domaine de la sociologie. On trouve plusieurs sens au mot socialisation. Nous utilisons ici la socialisation comme un processus : celui d’intégration des normes, règles, valeurs par l’enfant et de l’individu à la société à laquelle ils appartiennent.
65Stigmate / Stigmatisation : théorisé par le sociologue Erving Goffman en 1963 dans son ouvrage Stigmate. Les usages sociaux des handicaps. Un stigmate est un attribut, classiquement visible, chez un.e individu.e qui le/la distingue des autres. La stigmatisation est le processus par lequel les autres identifient et construisent cet attribut comme en inadéquation avec les attentes et normes sociales à travers les interactions qu’ils/elles ont avec l’individu stigmatisé.e. Les cicatrices à la suite de pratiques automutilatoires ou une coloration rouge du visage chez les personnes alcooliques peuvent être considérées comme des stigmates.
66Sororité : terme féministe développé et utilisé pour avoir un équivalent au terme fraternité. Il vient du latin soror, voulant dire sœur. Il désigne la solidarité spécifique entre femmes, pour les femmes. Pour Chloé Delaume, c’est « une relation horizontale, sans hiérarchie ni droit d’aînesse. Un rapport de femme à femme, ni fille ni mère (…) » (Delaume, 2021, p. 9).
67Sphères de décision / décisionnelles : les espaces de prises de décisions institutionnels d’où sont exclues dans leur majorité les femmes, ou a contrario, où elles se trouvent de façon systémique en très petite minorité (rang de ministre au sein des ministères régaliens ; Comex d’entreprises du CAC 40 ; cheffe d’État ou de gouvernement ; présidence d’université ou autres entités publiques).
68Thérapie de conversion : interventions médicales, stages « thérapeutiques » développés et mis en œuvre par les institutions religieuses, notamment l’Église catholique, visant à « guérir » les personnes homosexuelles croyantes et pratiquantes, pour les forcer à adopter une sexualité hétérosexuelle.
69Transphobe / Transphobie : ensemble d’actions, de comportements, de manières de s’exprimer (langage, remarques) négatives dirigées à l’encontre des personnes transgenres dans le but de les blesser et de nier leur existence. La transphobie est la négation de la transidentité en tant que catégorie identitaire valide.
70Travail formel : ce sont les activités indissociables du marché économique, car produisant de la valeur pour ce dernier et pour lesquelles un travailleur.euse est rémunéré. C’est un travail dont la valeur peut être mesurée dans les statistiques nationales et internationales, via le PIB notamment et qui est encadré par des lois et permet d’obtenir des droits.
71Travail informel : c’est l’ensemble des activités produisant de la valeur pour l’économie qui sont dans le secteur informel (ne sont pas légalement et administrativement reconnus par l’État) et/ou les salariés dont leur relation à l’emploi n’est pas soumise à la législation nationale du travail, de l’impôt, de la sécurité sociale (ILO, 2019). Le travail informel se retrouve dans tous les pays, tous les secteurs et recouvre de nombreuses activités. Les travailleur.ses informel.les ont des profils extrêmement variés.
C’est par exemple, l’emploi de personnes sans-papiers et payées en liquide dans l’hôtellerie par exemple, un.e professionnel.le monnayant ses services pour réaliser des projets qui ne font pas l’objet d’un contrat ou d’une déclaration officielle ou un.e travailleur.se familial.e collaborant à l’entreprise familiale.
72Travail domestique : ce sont l’ensemble des activités conduites au sein de la cellule familiale pour assurer sa survie. De manière non exhaustive, on retrouve la préparation des repas, le soin apporté à ses pair.es, produire ses aliments, acheter des biens de consommation, effectuer le travail administratif, etc. Certaines activités sont réalisées simultanément, comme par exemple, la garde d’enfants et la préparation des repas.
73Travail non rémunéré : ce sont les activités productives de valeur pour l’économie qui ne sont pas valorisées par une rémunération pécuniaire. On retrouve dans cette catégorie, le travail domestique, le travail de subsistance (faire pousser des légumes pour sa famille par exemple), le volontariat.
74Travail reproductif : c’est le travail qui permet la reproduction des travailleur.euses et des futurs. Ce travail se situe généralement dans la sphère domestique et est effectué par les femmes. Il englobe l’éducation, l’attention sentimentale et psychologique, l’entretien de la maison, le fait de nourrir sa famille, etc.
75Travail du sexe : fait de travailler dans les industries du sexe. Ce terme englobe de nombreuses pratiques : effeuillage, travail de rue, pornographie, webcam, escorting (accompagnement sexuel), etc.
76Violence liée au genre ou violence de genre : la violence basée sur le genre est une violence perpétrée contre une personne en raison de son genre, réel ou perçu par l’auteur. Il s’agit d’un terme général qui englobe un large éventail d’actes de nature différente, notamment de natures sexuelle, physique, psychologique, émotionnelle, administrative, économique et structurelle. Bien que les femmes et les filles soient les principales victimes de ce type de violence, tous les genres sont concernés.
77Violences sexuelles : les violences sexuelles doivent être comprises comme une vaste catégorie d’actes de nature sexuelle. Ainsi, elles ne peuvent pas être définies exhaustivement. Cependant, parmi ces violences, on compte des actes comme le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, le mariage forcé, la nudité forcée et tout autre acte de nature sexuelle, commis sans consentement véritable et/ou en utilisant la force ou dans des circonstances coercitives. Tout acte de violence sexuelle constitue une violation de l’intégrité physique, psychologique et de l’autonomie personnelle d’un individu et est une forme de violence basée sur le genre.
78Violence domestique : tout acte de violence physique, sexuelle, psychologique, émotionnelle, verbale, financière ou administrative qui se produit au sein de l’environnement familial ou affectif ou en lien avec une relation intime présente ou passée. Cela inclut par exemple la violence commise à l’encontre d’un conjoint, d’un partenaire, d’un ancien partenaire, d’un membre de la famille ou de toute autre relation similaire dans laquelle les personnes cohabitent ou ont cohabité. La violence domestique peut également inclure le contrôle du comportement d’une personne, l’isolement d’une personne ou l’invasion de sa vie privée par la surveillance de ses mouvements, ses conversations, ses interactions ou en lui imposant un certain style physique. La violence domestique est souvent profondément enracinée dans les inégalités sociales et sociétales ainsi que dans les normes et attitudes patriarcales et les stéréotypes de genre. Ce type de violence existe dans toutes les sociétés, bien qu’à des degrés divers, et touche les femmes et les filles de manière disproportionnée, même si les hommes et les garçons peuvent également en être victimes.
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