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Préface de l’auteur
p. 7-8
Texte intégral
À Anna, encore et toujours.
Parler de Cola di Rienzo est certainement une des tâches les plus passionnantes à laquelle un historien puisse s’attaquer.
(E. Dupré Theseider, Roma dal comune di popolo alla signoria pontificia, Bologne, Cappelli, 1952, p. 517)
1Cola di Rienzo (1313-1354) est le citoyen de Rome le plus célèbre du Moyen Âge. À l’exception de quelques grandes figures de saints, d’artistes et de souverains, il est même un des plus connus des hommes que le sort a fait naître dans la péninsule italienne à cette époque. Mais en même temps, la figure de Cola est si évanescente qu’il n’est pas facile de comprendre qui il a été et ce qu’il a représenté. Une des difficultés majeures rencontrées dans la tentative de reconstruire sa vie réside dans les liens qu’il a tissés avec la ville de Rome. En effet, l’Urbs n’est pas seulement le lieu géographique de l’action de Cola, mais elle est aussi son moyen et sa fin. Rome est l’actrice principale de son histoire.
2Les universitaires qui, dans les cinquante dernières années, se sont intéressés à Rome au Moyen Âge, ont accompli un travail d’analyse minutieux et approfondi, si bien que nous avons aujourd’hui une image sensiblement nouvelle de la ville à cette époque. Nous connaissons mieux la Rome médiévale, son portrait est plus précis et de nombreux points obscurs ont été éclaircis. En liaison avec ce renouveau de l’histoire de Rome, on a reconsidéré l’ensemble du personnage de Cola di Rienzo qui a, lui aussi, changé d’aspect. Toutefois, il semble que « le message ne soit pas encore passé » et que les nouveautés n’aient pas encore été perçues par le public des lecteurs d’ouvrages historiques ; beaucoup, en effet, se font une idée de Cola di Rienzo qui correspond encore à celle forgée au xixe siècle et, en peu de mots, estiment qu’il s’agit d’un meneur populaire, précurseur de l’unité de l’Italie. Il y a donc une distance entre l’image traditionnelle de Cola et celle que les études les plus récentes ont permis de reconstruire. Ce livre entend combler cette distance en racontant une nouvelle vie de Cola di Rienzo1, c’est pourquoi il revêt une structure particulière. Le premier chapitre est consacré dans son entier à Rome au temps où Nicola di Lorenzo y vivait, de façon à replonger le personnage dans le milieu dont nous pensons aujourd’hui qu’il était le sien ; la figure de Cola pourra ainsi refaire surface, plus claire et nettoyée de ses sédiments. Mais en procédant ainsi, il devenait aussi nécessaire de se demander comment s’était construite et avait évolué, au cours des siècles, l’idée du personnage Cola di Rienzo : c’est ce que nous verrons à la fin du livre2.
Notes de bas de page
1 G. Seibt, Anonimo romano. Scrivere la storia alle soglie del Rinascimento, R. Delle Donne (éd.), Rome, Viella, 2000 [éd. or. : Anonimo Romano. Geschichtsschreibung in Rom an der Schwelle zur Renaissance, Stuttgart, Klett-Cotta, 1992], p. 3 : « Après la nouvelle édition et la redécouverte de l’Anonyme romain, après la moisson de recherches relatives à l’histoire sociale de Rome au xive siècle, il paraît nécessaire de ne pas procrastiner davantage pour écrire une biographie moderne de Cola di Rienzo. »
2 J’ai procédé pour cette édition française du livre à une importante mise à jour de la bibliographie (aussi bien dans les notes qu’en ajoutant quelques pages au dernier chapitre) et à la correction de quelques imprécisions existant dans l’édition originale de 2002. Cette dernière était précédée d’une présentation de Girolamo Arnaldi (1929-2016), qui fut mon maître lors de mes années d’études à la Sapienza et dont je désire ici rappeler affectueusement le souvenir. Je remercie vivement Ilaria Taddei, qui a bien voulu accueillir ce livre dans la collection « Italie plurielle » qu’elle dirige, et Michèle Grévin, qui a accompagné sa magistrale traduction d’explications intéressantes et d’observations pointues.
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Il se voyait déjà Empereur
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