Introduction

1Parmi nos auteurs patrimoniaux, Molière est certainement un de ceux qui ont fait couler le plus d’encre. Depuis les premiers témoignages de ses contemporains jusqu’à aujourd’hui, on ne compte plus le nombre des travaux en tous genres qui lui ont été consacrés. Adulées par les uns, condamnées par les autres, ses comédies ont été l’objet, du vivant même de l’auteur, d’autant de louanges que d’acerbes critiques. Elles sont aussi de celles qui ont été unanimement encensées, presque immédiatement après la mort du dramaturge, comme le note Patrick Dandrey, en 1992, en ouverture de l’ouvrage qu’il consacre à l’étude du théâtre de Molière au point que le dramaturge, nous dit-il, est très vite devenu « tout à la fois le Sophocle et l’Aristote du genre comique moderne1 ». Mais Molière est aussi de ceux dont l’éclat s’est rapidement répandu au-delà de son œuvre. « Dès les lendemains de sa mort », selon l’expression de Martial Poirson, il a suscité une « mythologisation spontanée2 », laquelle a culminé au xix^e siècle. Des hommes, qu’on a appelés les « moliéristes », ont alors autant écrit sur sa vie et sur sa personnalité que sur ses comédies.

2Il s’agit maintenant d’interroger l’image scolaire de Molière à la lumière de la critique. Dans quelle mesure, celle-ci a-t-elle influencé les métamorphoses de la figure de l’écrivain dans les manuels ?