1 Helmut Schmidt est chancelier de 1974 à 1982. Auparavant, il a été ministre des Finances et de l’Économie.
2 Les six pays signataires du traité CEE achèvent de supprimer complètement les droits de douane dès le 1er juillet 1968, en avance de dix-huit mois sur leur calendrier initial.
3 La mise en place de l’union douanière stimule les échanges ; l’ouverture des marchés engendre « un effet de création de commerce » et favorise l’investissement des entreprises. Ce dynamisme est renforcé par d’autres raisons structurelles, comme la bonne situation générale des économies européennes ou la stabilité monétaire mondiale.
4 Les politiques communes mises en place par le traité de Rome concernent l’agriculture, le commerce et les transports.
5 Après le premier choc pétrolier, les pays producteurs détiennent des avoirs considérables libellés en dollars, les « pétrodollars ». Les banques américaines et britanniques, appuyées par les politiques monétaires de leur gouvernement, tenteront avec succès de capter ces flux de pétrodollars.
6 Traité de Rome, Troisième partie, titre II, art. 106 et Deuxième partie, Titre III, chapitre 4, art. 67-73.
7 Paul Krugman, Maurice Obstfeld, Économie internationale, Bruxelles, De Boeck, 2003, p. 683-716.
8 René Leboutte, Histoire économique et sociale de la construction européenne, Bruxelles, PIE Peter Lang, 2008, p. 203-210.
9 Pierre Werner, président du gouvernement du Luxembourg de 1959 à 1974 et de 1979 à 1984, joue un rôle décisif dans l’histoire de la CEE. Chargé, après le sommet de La Haye, de présider le groupe qui prépare le projet d’Union économique et bancaire par étapes, il présente le plan Werner.
10 Pierre Werner, Itinéraires luxembourgeois et européens : Évolutions et souvenirs 1945-1985, Luxembourg, Saint Paul, 1991.
11 Traité de Rome, « La politique de la Communauté », titre II, « La politique économique », articles 104 à 109.
12 Erklärung von Karl Schiller, Bundesminister für Wirtschaft, 11.05.1971, Bulletin des Presse- und Informationsamtes der Bundesregierung, n° 71, 12.05.1971.
13 L’Allemagne doit affronter deux dangers opposés : la dépréciation monétaire créée par l’inflation et le risque de déstabilisation de la CEE. Helmut Schmidt choisit une ligne médiane car une stabilité monétaire autarcique de l’Allemagne est impossible.
14 Il explique en 1973 : « Lorsque j’ai pris ma fonction actuelle, j’ai conçu la politique monétaire internationale et la pratique monétaire de la RFA en grande partie comme un acte de politique étrangère et cette part du travail d’un ministre des Finances n’a en aucun cas été pour moi une simple politique d’expert que l’on pourrait mener indépendamment de la politique étrangère. » in Ulrich Blank, Jupp Darchinger, Helmut Schmidt, Bundeskanzler. Wegmarken einer Kanzlerschaft, Hambourg, Hoffmann und Campe, 1974, p. 139.
15 Au sommet de La Haye, les chefs de gouvernement décident de reprendre les idées du mémorandum de Raymond Barre de la fin des années 1960 et mettent en place un comité d’experts pour réfléchir à la réalisation de l’Union économique et monétaire.
16 Le library group rassemblait les ministres des Finances de cinq pays : USA, Grande-Bretagne, France, Allemagne et Japon. Au sein de ce groupe, Helmut Schmidt cultiva des liens privilégiés avec ses homologues américains.
17 Entre 1969 et 1979, la valeur du dollar exprimé en marks a été divisée par 2,2, passant de 4 marks en 1969 à 1,80 marks en 1979. Werner Abelshauser, Deutsche Wirtschaftsgeschichte. Von 1945 bis zur Gegenwart, Munich, Beck, 2011, p. 394.
18 Helmut Schmidt, Menschen und Mächte, Berlin, Siedler, 1987, p. 196.
19 L’historien Peter Ludlow, dans son ouvrage The Making of the European Monetary System (Londres, Butterworth Scientific, 1982), décrit ce changement de Schmidt comme un changement brutal de direction. Hélène Miard-Delacroix, dans son livre Partenaires de choix ? Le chancelier Helmut Schmidt et la France (1974-1982) (Berne, P. Lang, 1993), a nuancé ce revirement, moins brutal qu’il y paraît. Effectivement, à la lecture des discours ou des prises de position d’Helmut Schmidt au début des années 1970, l’idée d’une organisation européenne monétaire ou l’importance d’avoir des taux de change fixes a toujours fait partie des préoccupations d’H. Schmidt ; s’il s’engage dans le projet monétaire, il n’en oublie pas pour autant la coordination économique qui doit aller avec.
20 Helmut Schmidt explique « qu’il n’avait pas d’intérêt à ce que l’union de la gauche gagne en France, car elle aurait pu compromettre [sa] bonne coopération avec le président sortant Giscard », Helmut Schmidt, Weggefährten. Erinnerungen und Reflexionen, Berlin, Siedler, 1996, p. 256.
21 « Europa – für eine Politik der Verantwortung », Beitrag des Bundeskanzlers für die Europäische Zeitung, Bulletin, Presse- und Informationsamt der Bundesregierung, Nr. 11, 04.10.1978 ; Archives FES (AdSD), Helmut Schmidt 1975-1978, dossier 18845.
22 Armand-Denis Schor, Le système monétaire européen, Paris, PUF, 1985, p. 50.
23 La Bundesbank souhaite garder son indépendance mais surtout une inflation basse. H. Schmidt est convaincu qu’il vaut mieux « 5 % d’inflation que 5 % de chômage ». Bien sûr, il sait que l’inflation est mauvaise pour l’économie et la justice sociale ; mais l’Allemagne souffre souvent d’inflation importée du fait des acteurs et pays étrangers. Partant, H. Schmidt refuse de mener une politique dogmatique de lutte absolue contre l’inflation. Il est conscient du conflit entre les objectifs de stabilité de la valeur de la monnaie (Geldwertstabilität) et la politique de plein-emploi. cf. : Werner Abelshauser, op. cit., p. 394, 379 et 562.
24 Helmut Schmidt, Die Deutschen und ihre Nachbarn, Menschen und Mächte II, Berlin, Siedler, 1990, p. 231
25 La part que les banques centrales doivent bloquer comme avoir de réserve afin de financer le fonds de solidarité entre les monnaies peut être exprimée en unité de compte européenne (ECU) et ainsi jouer le rôle d’un avoir de réserve.
26 H. Schmidt prend seul cette décision « contre la résistance ouverte de son ministre des Finances Hans Apel », Werner Abelshauser, op. cit., p. 393.
27 « Nur eine Verständigung über ein ganzes Paket von Maßnahmen kann zum Erfolg führen », SZ-Interview mit Bundeskanzler Helmut Schmidt zum Beginn des Weltwirtschaftsgipfels, 13.07.1978 ; Archive FES, Helmut Schmidt, 1975-1978, dossier 18845.
28 Comme par exemple, Karl Schiller, ministre de l’Économie entre 1966 et 1971 et de l’Économie et des Finances en 1971-1972 ou Hans Apel, ministre des Finances de 1974 à 1978.
29 L’économiste Philippe Simonot remarque : « On aurait dit que la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie était exactement faite pour légitimer l’activisme de la technocratie française. C’était « le livre » que l’État attendait. », Philippe Simonot, Trente-neuf leçons d’économie contemporaine, Paris, Gallimard, 1988, p. 286.
30 Entre 1966 et 1974 surtout, les gouvernements SPD intègrent des éléments de keynésianisme à leur politique : Karl Schiller veut lancer un pilotage global de l’économie – synthèse de l’impératif de marché et du message keynésien – et Helmut Schmidt lance des programmes conjoncturels de relance.
31 Ce modèle suivi par l’intégration européenne s’inspire du modèle socio-économique prôné par les théoriciens allemands – école de Freiburg, Alfred Müller-Armack, Walter Eucken, Wilhelm Röpke – au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ; plusieurs éléments le composent : un marché libre (prix, liberté des acteurs) dont les caractéristiques sont garanties par l’action d’organisations indépendantes (la Banque centrale ou l’Office des cartels par exemple) s’exerçant dans un cadre juridique précis (droit de la concurrence, libertés démocratiques, État de droit) et la régulation des conflits au moyen de la négociation comme les structures de codécision.