Militantisme et sentiments religieux chez les nouvelles générations de Sans terre au Brésil

Susana Bleil

p. 251-262


Extrait

« J’habite dans un campement. Certains nous appellent “assentados”. Dans ce lieu, il y a beaucoup de monde. On nous a mis ici. Nous ne connaissons pas le luxe de la vie, nous connaissons seulement l’humilité. Nous connaissons les préjugés de la société. Pour beaucoup, nous sommes “Sans terre”, c’est-à-dire de mauvaises personnes […]. Nous vivons comme ça, nous n’arrêtons pas de lutter. Sans la lutte nous n’arriverons pas à améliorer l’avenir. Le jour où nous obtiendrons la terre, nous serons propriétaires. Nous pourrons alors la cultiver, et enfin tout récolter. Je suis un garçon, je suis un poète. Dans ces vers, je chante. L’histoire de ma vie, dans mon petit coin »1.

1Ces quelques lignes décrivent « le monde » des Sans terre comme un monde d’action malgré le sentiment profond de faire l’objet d’une discrimination sociale. Elle révèle aussi la confiance en l’avenir et une manière particulière, à la fois mystique et politique, d’exprimer et de transmuer la douleur en art, en poé

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