Le pouvoir du tiers

À propos du rôle de l’universel dans les rapports de don et de reconnaissance

Dirk Quadflieg

Traduit par Louis Carré (trad.)

p. 65-82


Extrait

1Il y a sans aucun doute d’excellentes raisons au succès qu’a connu le concept de reconnaissance dans la philosophie politique et la théorie sociale contemporaines. Il semble avoir rempli le vide laissé par l’érosion des forces de cohésion liées aux autorités traditionnelles, qu’il s’agisse du souverain étatique, des religions ou des contextes de vie et d’expérience partagés avec les autres. En son temps, l’exigence formulée par les premières théories jusnaturalistes du contrat selon laquelle la société doit être constituée sur la base d’une libre association entre des citoyens égaux en droit en appelait à une nouvelle description des rapports entre individus. Dans la mesure où ils forment entre eux un « corps politique » (body politic) sans passer par la contrainte d’une autorité supérieure, les individus se retrouvent au sein d’une unité où leurs libertés singulières, autrement dit leur différence, sont conservées. La dynamique de la reconnaissance réciproque contient la prom

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