Historique de la brigade blindée tchécoslovaque1

1La brigade blindée indépendante tchécoslovaque est issue du Brigade Group indépendant tchécoslovaque.

2Après la défaite de la France en 1940, des éléments de la 1^re division tchécoslovaque2 arrivèrent en Grande-Bretagne. Ce qui restait de cette division, composée principalement de volontaires ayant quitté la République tchécoslovaque occupée, fut regroupé à Cholmondeley Park, dans le Cheshire.

3En raison de l’avancée rapide de l’armée ennemie, la retraite de nos 1^er et 2^e régiments d’infanterie3 vers la Grande-Bretagne s’opéra de façon très désorganisée. Des hommes de tous régiments arrivaient par fournées avec un aller simple. Notre première tâche fut par conséquent de réorganiser ces unités sur le sol britannique.

4Durant cette réorganisation, la Mission militaire britannique qui était établie au camp de Cholmondeley Park fournit une aide précieuse. L’entraînement commença immédiatement au camp avec l’armement dépareillé rapporté tant bien que mal de France. Trois mois plus tard, une 1^re brigade indépendante tchécoslovaque, organisée, quitta le camp pour les Midlands. Cette brigade comprenait les 1^er et 2^e bataillons d’infanterie, un régiment d’artillerie, une batterie antitank, une compagnie de mitrailleuses, une compagnie de transport motorisé, une compagnie de mécaniciens, un peloton de transmissions, une section d’artillerie antiaérienne, une ambulance de campagne, une escouade de récupération et un dépôt.

5La brigade fut basée dans le secteur de Leamington Spa, sa mission étant de protéger les aérodromes et les centres industriels des Midlands contre toute invasion de parachutistes ennemis. La brigade était en partie motorisée constituant ainsi l’un des éléments de la réserve mobile dans le cadre du plan de défense de l’île.

25. Un soldat tchèque en reconnaissance sur le front des inondations.

6Un entraînement intensif se poursuivit, cette fois-ci avec un nouvel armement et de nouveaux véhicules blindés. Pendant ce temps, les officiers et les sous-officiers participèrent à divers programmes d’instruction organisés par la Mission britannique militaire et c’est ainsi qu’un groupe de parachutistes fut constitué. La mission de ce groupe était d’être parachuté en Tchécoslovaquie occupée4 dans le but de créer un mouvement de résistance contre l’ennemi. Les éléments de ce groupe et d’autres membres de la brigade passèrent par les écoles de combat britanniques où quelques-uns perdirent la vie ou furent sévèrement blessés.

7Les officiers furent successivement affectés à des unités britanniques, principalement à des unités revenant des zones d’opération. Durant ces formations, leurs connaissances militaires furent étendues et leurs relations avec les ressortissants de l’Empire renforcées. Pendant la période hivernale, l’état-major de la brigade organisa de rapides cours d’instruction pour le commandement supérieur et subalterne. Les instructeurs étaient choisis parmi les officiers britanniques et nos propres officiers. Au printemps 1942, la brigade tchécoslovaque fit de nouveau mouvement, cette fois-ci pour les secteurs de Yeovil et de Seaton dans le Devon et le Somerset. Leur travail consistait à surveiller la côte sud pour prévenir toute invasion par mer et air, avec une division d’infanterie stationnée à Seaton et ses environs ainsi qu’une réserve mobile et un bataillon en renfort à Yeovil. Dans ces comtés du sud, comme dans les Midlands, la brigade tchécoslovaque prit part à des manœuvres à grande échelle en compagnie des unités britanniques qui étaient soit en instance de départ pour les combats d’Afrique du Nord, soit au repos en Angleterre après leur retour.

8Durant toute cette période, l’état-major de la brigade acquit des connaissances dans la conduite de la guerre moderne.

9Indépendamment de la part active qu’ils prirent contre l’aviation ennemie volant à basse altitude au-dessus du sud de l’Angleterre, la brigade organisa des formations particulières pour d’autres membres qui étaient commandés par des officiers tchécoslovaques ayant subi un entraînement similaire auprès des unités britanniques. Quatre mois plus tard, la brigade fut déplacée, cette fois-ci sur la côte est, à Lowestoft et dans des positions alentour, pour protéger cette côte et son port. Dans cette région, la brigade participa à de nombreuses manœuvres à grande échelle avec des unités britanniques. Elle prit part également à des exercices de tir.

10En janvier 1943, la brigade releva l’armée belge dans la ville et sur les quais de Harwich. L’entraînement des officiers et des sous-officiers se poursuivit par des cours dispensés au sein de la brigade ou dans les écoles britanniques. Dans le même temps, il fut décidé de rétablir la brigade blindée indépendante tchécoslovaque. Un certain nombre d’officiers et de sous-officiers quittèrent la brigade pour participer à une formation spécifique avec des unités blindées britanniques. Après trois mois de cet entraînement, ils retrouvèrent leur unité pour faire de l’instruction dans le cadre de cours organisés par la brigade.

26. Le 9 mai 1945, à Wormhout, le général Alois Liska (au centre) reçoit du vice-amiral Frisius la reddition de la garnison allemande de Dunkerque.

11En septembre 1943, les éléments de la brigade qui avaient été entraînés en unité blindée firent mouvement vers Kettering et Peterborough. À peu près à la même époque, un premier groupe d’officiers quittait la brigade pour l’URSS en vue de renforcer le Corps tchécoslovaque5. Deux mois plus tard, des officiers et des hommes revenaient des théâtres d’opérations du Moyen-Orient, une partie d’entre eux s’étant distingués dans les batailles de Tobrouk6.

12Une formation intensive sur les tanks se poursuivait dans le sud de l’Écosse. Durant ces mois, un petit nombre d’officiers rejoignit des unités britanniques et, avec des Français, des unités en Afrique du Nord. De plus, pour assurer un entraînement en formation, le corps blindé tchécoslovaque fut envoyé, en février 1944, en Écosse, dans le secteur de Duns et de Galashiels, où la brigade se perfectionna lors d’un entraînement tactique extrêmement pointu jusqu’à la fin du mois de juillet 1944. Quelques officiers dûment choisis furent envoyés pour suivre des cours spécifiques sur l’arme blindée et rejoignirent des collègues britanniques qui revenaient des théâtres d’opérations de Normandie. Dans l’intervalle, la brigade recevait un nouvel équipement. Vers la fin de juillet 1944, elle fit mouvement vers Bridlington où elle retrouva des unités britanniques pour un ultime entraînement associant l’artillerie, l’infanterie et d’autres armes d’appui. En moins d’un mois d’exercices intensifs, la brigade, avec ses tanks, se dirigea vers la périphérie de Londres. Durant un mois, elle s’entraîna avec son armement, excepté ses tanks ; l’équipement de la brigade fut complété et, à la fin du mois, la brigade gagna un centre de rassemblement, près de Londres, où les deux bataillons de tanks furent constitués et pourvus de tanks modernes de type Cromwell. Quelques jours plus tard, la brigade embarqua pour la Normandie et le secteur de Falaise. Sur ordre de l’état-major du 21^e groupe d’armée, les commandants supérieurs et subalternes de toutes les unités furent affectés aux unités combattantes canadiennes et polonaises en Belgique où ils transmirent aux autres officiers l’expérience qu’ils avaient acquise durant les stages d’entraînement. Dans le secteur de Falaise, les unités eurent aussi l’opportunité d’étudier les batailles qui y avaient été livrées, quelques semaines auparavant, et la brigade fut ainsi prête à participer aux combats sur le front ouest.

13La brigade blindée indépendante tchécoslovaque passa sous le commandement du général commandant l’armée canadienne au sein du 21^e groupe d’armée et il fut donné pour mission aux unités tchécoslovaques d’encercler les unités allemandes retranchées dans le secteur de Dunkerque. Le général commandant la brigade reçut le commandement de toutes les unités participant au siège. À ce moment-là, la brigade comprenait deux bataillons de tanks, deux régiments d’artillerie, un bataillon d’infanterie motorisé, un régiment d’artillerie antiaérienne, un régiment de canonniers antitank, un régiment de reconnaissance, une compagnie de mécaniciens, une section de transmissions, une ambulance de campagne et une section de récupération.

14Indépendamment de la brigade tchécoslovaque, les unités suivantes étaient sous le commandement du général commandant la brigade : une brigade canadienne d’artillerie antiaérienne, un régiment canadien d’artillerie antitank, un bataillon blindé britannique et des groupes de FFI français. Plus tard, un régiment de la RAF puis des unités françaises furent affectés à la brigade.

15Hormis les incessantes opérations conduites de jour et particulièrement de nuit contre les unités allemandes, des opérations d’envergure furent entreprises le 12 octobre 1944 par le bataillon de reconnaissance, le 28 octobre, et le 5 novembre par le 2^e bataillon de tank.

27. Le 10 mai 1945, à Wormhout, à la veille de son départ pour la Tchécoslovaquie, le général Liska (à droite) préside, au côté du général Deligne, une remise de décorations.

16L’activité de l’artillerie fut permanente des deux côtés du front. À l’approche de Noël 1944, il devint évident que le commandement allemand de Dunkerque envisageait une attaque en profondeur, avec des troupes d’assaut spécialement entraînées à cet effet, dans le secteur ouest de Dunkerque. Vers la fin de l’année 1944, il fut décidé d’affecter des unités supplémentaires pour accroître la force de la brigade et, après un entraînement de courte durée, la brigade récupéra un bataillon de tanks, un régiment d’artillerie, une compagnie de transport motorisé, une compagnie de mécaniciens. Les soldats de ces unités étaient des ressortissants tchécoslovaques qui avaient été enrôlés de force dans l’armée allemande sous l’occupation de la Tchécoslovaquie et qui avaient été faits prisonniers par les unités canadiennes et britanniques durant la bataille de Normandie.

17En janvier 1945, l’activité de l’aviation de bombardement s’accrut sur le front ouest et l’artillerie allemande de Dunkerque devait être neutralisée par un redoublement des bombardements d’artillerie opérés par les unités assiégeantes. Jour et nuit, des deux côtés, les attaques se prolongèrent jusqu’à la fin de la guerre et atteignirent leur paroxysme dans le secteur ouest de Dunkerque.

18Au début du mois d’avril, les régiments d’artillerie antiaérienne et de petits détachements d’infanterie quittèrent la brigade et furent affectés à l’armée américaine qui était sur le point de franchir la frontière tchécoslovaque.

19Deux jours après la fin de la guerre, les unités allemandes de Dunkerque se rendirent au général commandant la brigade tchécoslovaque et les unités tchécoslovaques se rassemblèrent pour un retour au pays.