Septembre 1874

1Le 13 de ce mois, dimanche, j’ai été à Saint-Mihiel. Le 14, lundi, j’ai fait quelques visites d’adieu et préparé notre malle de voyage. Le 15, mardi à huit heures du matin, l’omnibus de Verdun est venu nous prendre à notre porte et nous a conduit au chemin de fer où nous sommes montés en wagon jusqu’à Chalons où nous sommes arrivés à midi. Là j’ai laissé votre mère à la gare parce que je devais aller en témoignage au conseil de guerre contre un soldat du 94^e de ligne qui m’avait trompé, ainsi que trois autres de la ville. Je ne fus libéré qu’à quatre heures du soir et je me suis hâté d’aller rejoindre votre mère qui m’attendait avec impatience. Nous ne pûmes partir pour Laon que par le train de six heures. A huit heures nous étions à Reims, mais il fallut changer de train, ce qui n’était pas facile pour la position de votre mère. Mais Dieu nous a secourus, car nous n’avons pas été obligés d’entrer dans la salle d’attente. Nous sommes montés de suite dans le train de Laon.

2Il était dix heures du soir quand nous sommes arrivés à Laon. Là votre mère, exténuée de fatigue, ne put aller plus loin. Nous sortîmes de la gare pour chercher une auberge que nous atteignîmes avec peine. Mais, arrivés là, pour aller coucher, il fallait monter au second étage. Quarante-deux marches. Vous devez comprendre combien votre pauvre mère eut de peine pour gravir ces escaliers sur ses mains. Cependant nous dormîmes un peu, mais dans l’anxiété en attendant le lendemain.

3Le lendemain la mère était un peu mieux. Le 16 donc, mercredi à huit heures quinze, nous partîmes pour Saint-Quentin, mais il fallait encore changer de train à Tergnier. Ce changement se fit comme ailleurs, mais non sans peine. Nous arrivâmes à Saint-Quentin vers onze heures trente du matin. Nous descendîmes. Etant dehors de la gare, je vis un omnibus qui venait et nous y prîmes place. Là Jérémie arriva qui fut tout effrayé de voir sa mère tant défaite. On nous conduisit chez Jérémie. Le 17 donc, jeudi, je partis pour Bertry où je suis arrivé vers deux heures du soir. Nos meubles étaient arrivés. Je les fis conduire à la maison et pendant plusieurs jours je fus occupé à l’arrangement de la maison et des meubles. Le mardi 22 j’ai été à la foire du Cateau. Je ne suis rentré que le lendemain soir. Le 20, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Le 27, dimanche, j’ai été prêché à Reumont.

Octobre 1874

4Le 4 de ce mois, dimanche, je devais aller à Inchy, mais le mauvais temps m’en a empêché. Le 8, jeudi, votre frère est arrivé chez nous avec sa famille. Huit jours auparavant j’avais été recherché votre mère à Saint-Quentin. Le sept, naissance d’Eva Pruvot. Le 14, mercredi à trois heures du soir, a lieu le jubilé cinquantenaire de notre mariage. Tous nos enfants se sont réunis autour de nous. La cérémonie a commencé par un service au temple où notre plus jeune fils a prêché. Après le service religieux nous eûmes un repas de famille auquel ont assisté tous les parents, frères, beaux-frères, Sœur et belles-sœurs. Ce repas fut fait dans la maison de votre oncle Léopold Poulain. Le 11, dimanche, j’ai été prêché à Inchy. Le 18, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Le 25, dimanche, j’ai encore prêché à Bertry parce que M. Dégremont m’en a prié par lettre.

Novembre 1874

5Le 1^er de ce mois, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Le 8 j’ai été à Saint-Quentin croyant y voir M. Monnier, mais ce fut mon cousin Théophile Poulain qui prêcha. M. Monnier était absent.

6Le 15, dimanche, je partis par le train de six heures du matin pour aller à Cambrai. A sept heures je suis arrivé chez Madame Hennechart, Faubourg Saint-Roch. A dix heures nous sommes partis pour aller au culte. Je prêchai donc à Cambrai à une vingtaine de personnes. Aussitôt après le culte je partis pour la gare où j’arrivai juste à temps pour ne pas manquer le train. Je partis donc pour Caudry. Là en descendant du train je trouvai Emile Poulain et nous partîmes pour Ligny où, après avoir dîné chez M. Richez, je prêchai à une vingtaine de personnes. Après le service je retournai à Bertry avec mon cousin Philippe Poulain. Il pleuvait. Nous sommes arrivés à Bertry vers six heures trente du soir.

7Le 20, vendredi, j’ai eu la visite de MM. les pasteurs Lorriaux de Paris et Dégremont d’Inchy-Beaumont. Le 22, dimanche, j’ai prêché deux fois au Cateau. M. le pasteur Quiévreux du Cateau était allé faire les services à Cambrai. Le 29, dimanche, j’ai été prêché à Cambrai le matin et je suis revenu pour prêcher le soir à deux heures à Bertry.

Décembre 1874

8Le 6 de ce mois, dimanche, j’ai été faire le culte à dix heures du matin au Petit-Essigny et à trois heures j’ai fait le culte à Fresnoy-Le Grand. Retour à Bertry pour sept heures du soir.

9L’année 1874 a été une année d’épreuves pour nous. Votre pauvre mère a toujours été affligée de son genou et moi j’ai passé un mauvais printemps parce que j’étais malade, ayant souvent des coliques hépatiques. Dans une de mes crises je fus évanoui et tombai au feu, étant seul dans la cuisine à une heure et demie du matin. Je fus malade six semaines après. M’étant un peu rétabli par la grâce de Dieu, je repris mes fonctions pastorales jusqu’au 15 septembre. Alors, voyant que votre mère n’allait pas mieux et moi n’étant pas radicalement guéri, je craignis de passer encore un mauvais hiver. Nous retournâmes à Bertry et nous rentrâmes dans notre maison. Là je me suis occupé par des exercices au grand air et je me suis peu à peu rétabli, de sorte que pour la fin de l’année je pouvais prêcher deux fois chaque dimanche. Depuis le premier décembre je fus provisoirement occupé par la Société du Nord dont le Comité ne m’a offert pour mes services que quatre cents francs.

10Maintenant que l’année 1874 est finie, j’élève mon cœur vers le Seigneur et je Le remercie de ce qu’il m’a rendu la santé et que je suis encore trouvé digne de prêcher sa Parole. Je lui demande la guérison de votre pauvre et bien-aimée mère, si telle est sa volonté. Je demande à Dieu qu’il lui donne la patience, ainsi qu’à moi et que l’affliction, l’épreuve par laquelle Il nous fait passer, tourne à sa gloire et à notre sanctification. Je lui demande enfin que l’année 1875 soit bienheureuse pour tous les membres de notre famille.

L’an mil huit cent soixante-quinze

Janvier 1875

11Le 3, dimanche, j’ai prêché à Bertry comme je l’avais [fait] le premier jour de l’année. Pendant le courant de la semaine j’ai visité plusieurs fois mon cousin Elie Lefèvre qui était bien malade. Le 9, samedi à trois heures du matin, mort de mon cousin Lefèvre Elie. Le 10, dimanche, je suis allé faire le service à Essigny-Le Petit et je suis rentré à Bertry à une heure quarante-cinq pour faire le service funèbre de mon cousin Elie Lefèvre dans l’après-midi. Ce qui fut.

12le 17, dimanche, comme je faisais la prière à la suite de l’école du dimanche le pasteur Dégremont est arrivé venant de Paris. Il déposa quelque paquet sur un banc et il vint directement à moi et me demanda ma place au pupitre pour lui lire II Chron. xx sur lequel il fit quelques remarques en appliquant le passage à ce qui allait se faire au sujet de la visite à Bertry de M. Théodore Monod, agent de la Société du Réveil Intérieur. L’après-midi je suis allé faire le service à Dumont où j’avais été voir une femme catholique se disant protestante pour ne point se confesser au curé.

13Le 20, mercredi, il [y] a eu réunion au temple à une heure après-midi, à l’occasion [de la visite à Bertry] de M. Théodore Monod, agent de la Société du Réveil Intérieur des Protestants de France. Il s’est trouvé avec M. Monod, le pasteur de Saint-Quentin, celui de Walincourt, de Chauny, de Cambrai, d’Inchy-Beaumont, d’Anzin et autres. Le jeudi 21 ils ont été à Inchy. Le 21 à Quiévy, etc.

14Le 31, dimanche, j’ai été à Maretz où je me suis rencontré avec M. Bourlier, pasteur de Walincourt, avec qui j’ai fait le service. J’ai fait la prédication. Retour à Bertry.

15[...]

Juin 1875

16Le^1er de ce mois, mardi, j’ai été à Elincourt pour faire le service, car il était la fête au village. Le 6, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Visite après le service. Le 7, réunion mensuelle à huit heures du soir au temple. Le 13, dimanche, j’ai été à Essigny-Le Petit et à Fresnoy. Le même jour au matin, le facteur m’a apporté une lettre chargée de l’Allemagne, venant de Strasbourg. Je l’ai portée de suite à M. Lorriaux. Elle contenait quatre cent cinquante francs de la Société Gustave Adolphe que j’ai laissés à M. Lorriaux pour le pasteur de Verdun. J’ai signé la quittance. Le 14, lundi, j’ai écrit au président de la Société Gustave Adolphe pour lui accuser réception de la lettre et de l’argent. J’ai laissé la lettre à M. Lorriaux pour l’affranchir et la mettre à la poste. Rentré chez moi. Le 20, dimanche, j’ai été à Reumont le matin et l’après-midi, parce que M. Monnier était à Bertry. Le 27, dimanche, j’a été à Quiévy, ayant été appelé par M. Messervy.

Juillet 1875

17Le 4, dimanche, je dus rester à Bertry parce que c’était la fête et, bien que ce n’était pas son dimanche, M. Dégremont m’y a supplanté, néanmoins en m’avertissant. Mais il est officiel. Le 8 de ce mois, jeudi, mort d’Alfred Pruvot, mon petit-fils et fils de votre frère Eraste. Je l’ai appris le 9 par dépêche. Le 11, j’ai été à Essigny-Le Petit et à Fresnoy. Le 18, j’ai été à Reumont dès le matin.

Août 1875

18Le 1^er de ce mois j’ai prêché à Bertry. M. Weiss, agent de la Société des Ecoles du Dimanche s’y est trouvé à sept heures du soir et on s’est assemblé pour l’écouter, mais il était très fatigué. Le lendemain à huit heures du soir, il y avait réunion pour l’avancement du règne de Dieu.

19Le 8 j’ai été à Essigny-Le Petit et à Fresnoy. Le 15, j’ai été à Caullery, matin et soir. Le 22, j’ai été à Maretz, j’y ai fait des visites. J’y ai eu plus d’auditeurs. Le 26, j’ai été à Maurois visiter un catholique infirme qui m’avait demandé. Le 27, j’ai été à Clary visité des chrétiens isolés. J’ai prié avec eux. Le 29, j’ai été au Cateau où j’ai prêché deux fois. Retour à Bertry.

Septembre 1875

20Le 5, dimanche, j’ai été faire le service au Cateau le matin. De là je suis allé à Maretz faire l’enterrement d’une petite fille de cinq mois, enfant aux époux Bonneville. Retour à Bertry. Le 7, je fus appelé à Walincourt pour bénir le mariage de M. Auguste Largelière avec Mlle Catherine Roussier. Cette famille n’était point d’accord avec M. Bouliez, le pasteur de la localité.

21Le 17, vendredi à une heure du soir, nous recevons une dépêche de Strasbourg disant : « Eraste est à l’agonie ». Cette dépêche avait été lancée à neuf heures du matin. Cet enfant était malade depuis plus de six mois. Il était attaqué d’une grande faiblesse, sans néanmoins souffrir, et aucun médecin n’avait [pu] connaître sa maladie. Espérant qu’un changement d’air lui ferait du bien, il quitta son poste de Bar-Le Duc pour aller passer quelque temps à Sermaize396 et pour rompre l’ennui que lui causait la perte d’un enfant qu’il avait perdu peu de temps auparavant et dont il a été parlé plus haut. Comme Eraste n’avait pas écrit depuis la mort de son fils, bien que je lui aie répondu une lettre de consolation, je lui écrivis de nouveau et lui demandai pourquoi il ne m’écrivait pas pour me donner des nouvelles de sa santé. Je lui demandai aussi s’il était fâché de ce que je n’avais pas été à l’enterrement de son enfant. Je m’en excusai en disant que je ne pouvais quitter sa mère infirme. Alors il me fit la réponse par la lettre qui est ici placée et que je conserve comme la dernière de mon fils. Or, comme il m’avait dit qu’il retournerait à Bar-Le Duc du 10 au 12 septembre, je lui écrivis à Bar-Le Duc, mais il ne me répondit pas, s’attendant probablement de le faire quand il serait arrivé en Alsace. Mais il paraît qu’en passant à Nancy avec sa famille, ils se reposèrent cinq jours chez ses bons amis, les époux Mûller. Le 10 septembre, Mathilde m’écrivit elle-même la lettre qu’on peut lire à côté de celle de son mari397. Je répondis à cette lettre en leur promettant que j’irais passer avec eux une quinzaine de jours à Bar-Le Duc au commencement d’octobre, quand ils y seraient rentrés. Mais il n’en fut rien de tout cela. Le Seigneur en avait décidé autrement. Peu de jours après qu’ils furent en Alsace, il voulut retourner à Strasbourg où il devait consulter un médecin. Celui-ci reconnut seulement que la maladie était le diabète, incurable.

22En arrivant à Strasbourg, comme il n’y avait guère de place dans leur logement qui était au second étage, sa femme le plaça aux Diaconesses où il était infiniment mieux que chez lui et où il fut traité avec tous les égards dus à son rang de pasteur. Il se laissa faire, car il était bon, mais il s’est vu dans un grand isolement, de sorte qu’il ne vécut là que quatre jours et les dernières paroles qu’il a prononcées furent : « Tout seul ! Tout seul ! » Et le 17 septembre à neuf heures du matin, il rendit à Dieu son âme lavée par le sang du Rédempteur en qui il avait cru.

23Aussitôt la dépêche reçue, votre père se prépara à partir. Il envoya une dépêche à votre frère Jérémie à Saint-Quentin pour lui dire de se préparer pour le train de six heures. La dépêche partie, votre oncle Léopold lui envoya dire qu’il allait l’accompagner à Strasbourg, de sorte qu’à cinq heures du soir ils partirent et reçurent Jérémie à Saint-Quentin, et ils arrivèrent à Strasbourg à cinq heures du soir le lendemain, et trouvèrent Eraste mort dans la Maison des Diaconesses. Le père se jeta sur son fils mort, sanglotant et l’embrassant. Le frère et l’oncle embrassèrent aussi le cher Eraste. Mais ce n’était plus qu’un cadavre très amaigri. Cependant il avait conservé sa belle et aimable figure. Son ensevelissement eut lieu le dimanche 19 septembre 1875. Le 20 à cinq heures Jérémie est reparti pour Saint-Quentin et le même jour à huit heures, votre oncle et moi nous avons quitté la gare de Strasbourg pour retourner à Bertry où nous sommes arrivés à deux heures du soir le cœur rempli de deuil.

24Eraste était un homme distingué : instruit, simple et grand orateur, prêchant l’Evangile, savoir le salut gratuit par la foi en Jésus-Christ. Il était admirable dans la chaire. Jamais dans sa jeunesse il n’a témoigné aucune méchanceté. Dans ses études il a fait des progrès étonnants. Il promettait d’être un pasteur de renom, un fidèle soutien de la Vérité.

25Eraste était né [à Bertry] le 31 janvier 1843. Quand il en fut capable, il alla à l’école de Bertry jusqu’au mois d’août 1855. Le 22 septembre, il quitta Bertry pour aller habiter Verdun-sur-Meuse avec son père et sa mère. Il entra au collège de cette ville où il fit des progrès remarquables. En août 1866 il obtint sept prix et fut trouvé capable de sauter une classe. Malgré cela, l’année suivante, il [obtint] encore quatre prix. Il était très adroit dans le dessin. Il en donna plusieurs remarquables à des parents et à des amis. Ces dessins subsistaient encore à sa mort.

26Au mois d’octobre 1860, il entra à l’Ecole préparatoire des Batignolles (Paris), de laquelle il sortit au mois d’août 1862 et obtint le grade de bachelier ès Lettres à la Faculté de Paris. Le 3 novembre de la même année il entra à la Faculté de Théologie de Strasbourg où il fit sa philosophie en une année.

27Le premier août 1866, Eraste fut reçu bachelier en Théologie. Le 18 novembre de la même année, Eraste s’est fait afficher pour se marier et, au commencement de décembre, il fut nommé pasteur à Bar-Le Duc en remplacement de M. de Boinville. Son mariage eut lieu le 8 janvier 1867.

28J’ai reçu un grand nombre de lettres de consolation de différents points de France, car Eraste était autant aimé que connu. Mais la plus puissante consolation est celle-ci, savoir que mon cher fils m’a devancé dans le repos éternel où j’irai bientôt le rejoindre. Je sais en qui je crois et je sais en qui il a cru. Il avait la même foi et la même espérance que moi. Je sais qu’il repose près de Dieu. Ses luttes, ses travaux ont été courts, mais bien remplis. Les miens sont longs et difficiles, mais Dieu me soutient par sa grâce.

29Le quatrième dimanche de septembre, c’est le 26 de ce mois, j’ai été à Maretz avec votre frère Théophile qui a bien voulu m’accompagner et m’aider à faire le service, s’étant aperçu que j’étais souffrant, mais j’eus de la peine à retourner. Arrivé à la maison les coliques hépatiques se firent encore plus vivement sentir de sorte que, jusque vers minuit, je souffris horriblement. Mais, par la grâce de Dieu, les souffrances se sont calmées et, bien que très abattu, je pris une médecine qui me fit du bien. Je fus convalescent et, le 3 octobre, je pus prêcher à Bertry et le lendemain je présidai la réunion mensuelle. Le 10, dimanche, j’ai pu aller à Essigny-Le Petit et à Fresnoy. Le 17, dimanche, j’ai prêché à Bertry.

30Le 18, lundi, je suis parti à neuf heures du matin pour aller à Saint-Quentin. Le 19, mardi, je suis parti pour Bar-Le Duc où je suis arrivé à trois heures du soir. Mathilde était arrivée à deux heures avec ses enfants, mais elle n’était point entrée dans le cabinet de son cher mari. A mon arrivée elle y entra avec moi, mais je ne pus m’empêcher de pleurer en voyant la belle bibliothèque de mon pauvre fils et son bureau abandonnés. Nous nous sommes occupés de recherches et d’organisation toute la semaine. Le 24, dimanche, M. Schmidt, pasteur, président du Consistoire de Nancy, prêcha le matin dans le temple de Bar-Le Duc et je prêchai l’après-midi. L’auditoire n’était pas nombreux. Toute la semaine nous fûmes occupés d’affaires à régler. Le 31, dimanche, j’ai prêché deux fois à Bar-Le Duc.

Novembre 1875

31Le 1^er de ce mois, lundi, j’ai présidé la réunion mensuelle à Bar-Le Duc. Sujet Daniel VII rattaché à Daniel II. La semaine fut remplie par le travail et les affaires. Le 3, mercredi, on établit un conseil de famille. Je fus nommé curateur des enfants. Le 6, samedi, je partis à six heures du matin pour Verdun. Le 7, dimanche, je prêchai à Verdun matin et soir. Le 8, lundi, je quittai Verdun à cinq heures trente du matin pour retourner à Saint-Quentin où j’arrivai à cinq heures du soir.

32Le 9, mardi, je rendis la visite à M. Monnier et à midi je partis pour Bertry où je suis arrivé vers deux heures. Le 10, mercredi, j’ai été à Clary pour affaires. Le 14, j’ai été à Essigny-Le Petit et à Fresnoy-Le Grand. Le 21, j’ai prêché à Bertry sur Philipp., III, 20 et 21,398 dimanche, j’ai été à Grougis. Retour à Bertry. Le 30, mardi, j’ai été au Cateau pour la séance de la Société Evangélique section du Nord. Je ne suis rentré à Bertry que le 1^er décembre au soir. Ce jour, votre frère quitta la maison qu’il occupait rue de Saint-Quentin pour aller habiter rue Saint Lazare au Cateau.

Décembre 1875

33Le 5 de ce mois, dimanche, j’ai prêché à Bertry sur Jean, I, 11 à 13399 Le 6, lundi, j’ai présidé la réunion mensuelle. Le 12 j’ai été à Grougis où j’ai expliqué I Cor., X, 15 à 17400. Le 25, jour de Noël, j’ai été à Grougis où j’ai présidé le culte après-midi et, le soir, j’ai assisté à l’arbre de Noël.

34L’année 1875 est finie, mais ce fut une année douloureuse pour moi par la mort de mon cher fils Eraste, décédé à Strasbourg à l’âge de trente-deux ans et huit mois, le 27 septembre 1875. Il était pasteur évangélique à Bar-Le Duc depuis le 3 mars 1867, jour où il fut installé dans ces fonctions par M. Schmidt, pasteur, président du Consistoire Réformé de Nancy, et il y fut pasteur jusqu’au jour de sa mort.

35Il fut miné, usé, par cette maladie qu’on nomme le diabète, maladie qu’il avait contractée en faisant un enterrement par la pluie et qui n’a été connue que trois jours avant sa mort.

36Je sais que mon fils se repose dans le sein de Jésus en qui il a cru et qu’il a fidèlement servi, aussi j’espère de le revoir un jour dans la félicité céleste. Mais ce qui m’a fait de la peine et qui m’en fera à son égard tant que je serai dans ce monde, c’est que les dernières paroles qu’il a prononcées ont été : « Tout seul ! Tout seul ! Tout seul ! » En effet il a été tout seul dans sa mort. Pas un membre de sa famille n’était là, ni père, ni mère, ni frère, ni sœur. Oui, cela me fait peine.

37Je venais d’accomplir ma soixante-douzième année quand il est mort. Je pensais toujours qu’il me succéderait. J’étais heureux d’avoir un de mes fils pasteur, surtout qu’il était aussi instruit que bon et pieux. Je pensais que l’un de ses fils lui succéderait dans le Ministère, mais Dieu m’a montré que mes voies n’étaient pas ses voies. Je me suis tu et résigné. Il n’est pas perdu notre Eraste. Demandons à Dieu d’accomplir Ses promesses envers la veuve et les orphelins qu’il a laissés à nos soins et à nos affections. Je recommande qu’après moi il ne leur soit fait aucun tort ni dommage dans la famille, mais qu’on se souvienne toujours du doux et bon frère Eraste et des siens.

38O mon Dieu, je [suis] pécheur, mais je crois que Ton saint Fils Jésus m’a sauvé par sa mort. Sanctifie-moi par Ton Esprit et donne-moi de glorifier dans ma vie. Fais que je puisse remplir fidèlement les devoirs de ma vocation en prêchant Ton Evangile et en amenant des âmes à la foi en Ton saint Fils Jésus. Je ne puis rien sans Toi, sans Ta grâce. Multiplie-moi les dons de Ton Saint-Esprit. Donne-moi de combattre le bon combat et de le soutenir avec patience et courage jusqu’à la fin de ma vie. Amen.

Janvier de l’an de grâce 1876

39Le 1^er de ce mois j’ai prêché à Bertry le matin. Le 2, dimanche, j’ai prêché deux fois à Quiévy. Retour. Le 9, dimanche, j’ai été à Grougis.

40Retour. Le 14, vendredi, j’ai été à Grougis pour un enterrement. Le 16, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Les jeunes gens s’associent. Le 23, dimanche, j’ai été à Grougis et retour le 30, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Léopold est à Lille.

Février 1876

41Le 6, dimanche, le mauvais temps m’a forcé de prêcher à Bertry. Le 13, dimanche, j’ai été à Grougis. J’avais deux hommes au culte. Le 20, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Mauvais temps. Le 27, [dimanche], j’ai été à Grougis. J’y ai fait quelques visites, aussi le nombre des auditeurs a été augmenté.

Mars 1876

42Le 5 de ce mois était un dimanche. J’ai prêché à Caullery. Le 12, dimanche, j’ai été à Grougis. A mon arrivée j’ai prié M. Lyrabry, instituteur, de m’accompagner et nous avons fait ensemble onze visites avant de dîner. J’aurais eu un bon nombre d’auditeurs, mais le vent qui soufflait à deux heures avec une force telle qu’on ne pouvait marcher, a toujours augmenté de force, tellement que c’était une tempête, de sorte qu’à trois heures trente on est entré dans le temple pour appeler les hommes qui étaient venus parce que les maisons couvertes en paille s’envolaient. J’étais ému et distrait par ce temps terrible. A quatre heures j’ai terminé le service, mais la tempête était devenue un ouragan terrible, épouvantable. Ce n’étaient plus les toitures en paille qui s’envolaient, c’étaient les pannes, les tuiles, les ardoises. On ne pouvait plus marcher ni contre, ni vent en arrière. Cependant je suis parti pour la route où la diligence devait passer, mais j’avais peine à avancer contre le vent. J’attendis jusqu’à plus de cinq heures. La voiture n’arrivant pas, elle aurait été renversée, je fus forcé de retourner à Grougis où j’ai couché. Le lendemain à sept heures du matin, le vent était un peu modéré. Je suis parti de pied pour Bohain. En chemin je ne rencontrai que maisons écroulées et toitures démolies, renversées. La flèche de l’église romaine de Bohain était renversée, écrasée. A la gare, désastre. A neuf heures on partit pour Busigny. J’avais hâte d’avancer, ne sachant pas ce qui pouvait être arrivé chez nous de cette tempête et je pensais bien que votre mère était en peine à mon sujet de ce que je n’étais pas rentré. J’arrivai donc à Bertry avec le train de dix heures.

43J’entrai chez Théophile et là j’appris que quelques pannes seulement s’étaient envolées, que Théophile s’en était occupé. Je rentrai chez nous et l’après-midi et le lendemain, 14, je remis en place ce qui était dérangé. La mère avait eu peur et avait pleuré à cause de mon absence. Le 19, j’ai dû rester à Bertry parce qu’il y avait de la neige. Le 26, j’ai été à Grougis. J’y ai visité quelques familles et fait le culte.

44[...]

Octobre 1876

45Le premier de ce mois était un dimanche. J’ai prêché à Bertry le soir. Le 8 j’ai été à Grougis comme d’ordinaire. Avant le culte j’ai visité la famille Martin dont la femme était malade depuis longtemps. Le 15 j’ai prêché à Bertry sur Matth. XXV, 13 à 30 : Les talents401. Le 22 j’ai été à Grougis, fait des visites et service à trois heures. Ce jour-là, au lieu de retourner à Bertry, je suis allé coucher à Saint-Quentin chez Jérémie. Le 23, j’ai visité mon cousin Th. Poulain et lui ai porté un exemplaire de l’ouvrage d’Eraste sur la Résurrection. De là je suis allé chez M. Monnier. Retour à Bertry par le train de cinq heures trente du soir. Le 29, dimanche je suis resté à Bertry où j’ai fait le service.

Novembre 1876

46Au commencement de ce mois j’étais malade. Le 5, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Le 12, dimanche, j’ai été à Grougis. Dîner chez M. Plache. Je fis le service. Retour à Bertry. Mais toute la semaine je fus malade de coliques hépatiques. Le 19, j’ai cependant assisté à l’école du dimanche, mais je souffrais. Après-midi le mal était passé. Je pus prêcher, mais toute la semaine suivante, je fus malade. Dès le dimanche, j’avais envie de faire usage de la médecine dite « Le Roi », mais je ne pus m’en procurer chez mon cousin Jérémie Poulain que le mercredi soir et c’est seulement le jeudi que j’en pus faire usage. La première médecine me fit très bien, mais elle ne put m’enlever les calculs déjà formés. Je repris un purgatif le samedi à une heure du matin. Il alla, mais le calcul devait passer par le foie et il y passa depuis onze heures du matin jusqu’à six heures du soir. Grandes souffrances pour moi. Après la crise j’étais tout broyé de sorte que je n’ai pas osé entreprendre le voyage de Grougis. Je fis donc le service à Bertry l’après-midi sans ressentir aucune douleur, seulement j’avais la voix un peu voilée. Le 27, lundi, je repris ma médecine qui produisit un bon effet. J’ai espérance que mes coliques hépatiques sont guéries. Non. Elles ont continué encore toute la semaine.

Décembre 1876

47Le 3, dimanche, malgré ma maladie, j’ai prêché à Bertry. J’ai eu des crises pendant la semaine. Cependant le 10, j’ai été à Grougis sans ressentir aucune douleur mais le lendemain 11, lundi après-midi, j’ai eu une crise terrible, bien qu’ayant une médecine dans le corps. Mardi j’ai été bien. Le 17, j’ai prêché à Bertry et assisté à la réunion du soir. Le 24, j’ai été à Grougis. Retour à Bertry sans encombre. Depuis le 22 je n’ai pas eu de crise jusqu’à la fin de l’année. Le jour de Noël j’ai pu prêcher deux fois à Bertry. Le dimanche 31 décembre, j’ai prêché à Bertry. L’année est finie.

48Encore une année d’ajoutée à mes années. Par la grâce de Dieu je travaille à l’œuvre de mon Sauveur en évangélisant les âmes. C’est un grand bonheur pour moi, mais voilà je pèche toujours contre ma volonté. Cependant je tends vers la perfection. Ma foi se fortifie et mon espérance augmente chaque jour. J’ai été bien éprouvé cette année, non seulement par l’affliction de votre mère, mais par la mienne proprement. Les trois derniers mois de l’année ont été pénibles pour moi, mais Dieu m’a consolé et fortifié, et ce qui a fait ma consolation, c’est que j’ai toujours pu prêcher.

Janvier de 1877

49Le 1^er de ce mois était un lundi. J’ai prêché à Bertry à onze heures du matin. L’assemblée était bien garnie. Le 7, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Quelques membres ont fait la Cène. Le 14, j’ai été à Grougis et, le soir, j’ai été à Saint-Quentin. Le 15, lundi, j’ai visité M. Monnier. Retour à Bertry le soir. Le 19, vendredi, j’ai été faire un enterrement à Grougis. Le 21, dimanche, j’ai prêché à Bertry le soir. J’étais malade. Le 28, malade, et votre mère.

Février 1877

50Le 4 de ce mois j’ai prêché l’après-midi à Bertry parce que votre mère n’allait pas bien. Et tous les jours de la semaine elle fut plus malade qu’à l’ordinaire. Le vendredi, elle voulut manger de mon fromage qu’elle avait commandé à votre sœur. Le matin elle en mangea une petite tartine. A midi elle mangea des haricots volontairement, mais pas avec plaisir. Le soir, elle voulut encore manger de mon fromage. Je lui en donnai. Elle en mangea encore avec un peu de pain, puis elle me pria de la rouler près de son lit, ce que je fis avec plaisir, et après quelque moment, elle se coucha. Pendant toute la nuit elle eut à l’ordinaire des crises d’étouffement. Elle put encore [se]relever seule pour uriner et elle remonta seule sur son lit. Le matin, en me levant, je me suis approché d’elle pour lui demander comment elle avait passé la nuit. Elle m’a répondu : « Comme à l’ordinaire ». Et lorsque l’heure habituelle fut arrivée, je lui demandai si elle ne voulait pas se chausser. Elle m’a répondu : « Dans un moment ». Mais, après un moment, je lui allai demander si elle voulait se lever. Alors je remarquai un grand changement dans ses traits et la fièvre était très forte. Voyant cela, je suis couru le dire à votre sœur et à Théophile. Je ne fus qu’un instant, mais lorsque je suis rentré, elle ne put plus me parler. Comme je lui demandais où elle avait mal, elle me montra sa poitrine. Elle était fort oppressée. Je lui demandai si elle se sentait en Jésus-Christ, son Sauveur. Elle me fit signe que oui. Elle a reconnu sa fille, Agnès et Théophile, mais elle n’a pu leur parler. Enfin elle a perdu connaissance et, à midi juste, elle s’est endormie, sans angoisse apparente, dans le sein de son Sauveur.

51Alors Osée a été au télégraphe pour annoncer cette mort à Mathilde et à Jérémie et on a fait toutes les préparations nécessaires à son ensevelissement. Ainsi ce fut le 10 février 1877 à midi que votre mère bien-aimée quitta cette Terre pour entrer dans le repos éternel. Il y avait eu quatre ans au mois d’octobre qu’elle ne pouvait plus marcher parce qu’elle avait une douleur dans le genou droit, mais Dieu lui a donné une patience admirable dans l’affliction. Comme le 11 était un dimanche, on a fait son enterrement le lundi à onze heures du matin. Le service fut en grande partie présidé par Monsieur Quiévreux, pasteur au Cateau, lequel nous a donné un discours entièrement évangélique. Il y avait à ce service plus de deux cents personnes qui ont écouté religieusement. Cela nous a montré combien votre mère était appréciée et estimée. C’était une femme très laborieuse, très propre et très économe. Elle avait un caractère toujours réfléchi. Elle appartenait à l’Eglise romaine avant notre mariage, mais elle ne tarda pas à se convertir. Elle ne manquait que rarement le culte. Il lui fallait de fortes raisons pour cela. Maintenant je suis seul. J’ai perdu mon aimable compagnie, mais ce ne sera pas pour longtemps. Votre mère est morte à l’âge de soixante-dix-neuf ans et neuf mois. Et moi, à ce moment, j’en avais soixante-treize et six mois. Le 11 février je ne pus aller à Grougis, ma femme étant morte. Le 18, je prêchai à Bertry. Le 25, je suis allé à Grougis. Retour à Bertry.

Mars 1877

52Le 4 de ce mois, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Le 11, j’ai été à Grougis. Retour. Le 18, j’ai été à Bohain le matin. Le soir à Bertry. Le 25, j’ai été à Grougis. Vingt-deux personnes. Retour.

Avril 1877

53Le 1^er, jour de Pâques, j’ai prêché à Bertry. Le 8, dimanche, j’ai été à Grougis. Retour. Le 15, j’ai été à Bohain le matin, à Bertry le soir. Le 22, j’ai été au Cateau, fait deux services. Le 29, j’ai été à Grougis. Peu de monde. Visites. Le 24 de ce mois, eut lieu le mariage Olympe Poulain.

Mai 1877

54Le premier dimanche de ce mois qui arrivait le 6, j’ai été à Caullery parce que Louis Poulain était encore à Bertry. J’en ai profité pour sortir. Le 10, jeudi, c’était la fête de l’Ascension. Le matin je fis le service avec Louis et l’après-midi j’ai été prêcher la parole de Dieu aux amis de Caudry délaissés. Le 13, j’ai été à Grougis.

55Le 20 j’ai été à Bohain le matin. Après-midi à Bertry. Le 27, j’ai été à Grougis. Vingt-deux auditeurs.

Juin 1877

56Le 3, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Le 10, j’ai été à Grougis. Peu de monde : six personnes. Le même jour j’ai été le soir à Saint-Quentin. Le lendemain, retour à Bertry pour sept heures du soir. Le 17, j’ai été à Bohain le matin. Retour à Bertry. Le 24 j’ai été à Grougis où j’ai eu trois auditeurs.

Juillet 1877

57Le 1^er de ce mois était un dimanche. Je suis resté à Bertry. Le 2, j’ai été prêché à Reumont l’après-midi. Le 3, j’ai été à Elincourt faire l’enterrement de Adélaïde Chrétienne Joseph Blondiau, décédée à l’âge de cinquante-neuf ans sept mois. Le 8, j’ai été à Grougis. Le 15, j’ai été à Bohain le matin et à Bertry le soir. Le 22, j’ai été à Grougis. De là je suis allé coucher à Saint-Quentin où j’ai passé la journée du 23. Le 24, mardi, je suis parti pour Bar-Le Duc où je suis arrivé à deux heures du soir. Le 29, dimanche, j’ai prêché le soir à Bar-Le Duc.

Août 1877

58Le 1^er de ce mois, je suis parti pour Bertry. Le 5, dimanche, j’ai prêché deux fois à Caullery. Le 12, dimanche, j’ai été à Bohain. Le 18, samedi, j’ai été à Serain pour le mariage de Henri Taisne. Le 19, dimanche, je fus malade comme je l’avais été le samedi. Le 20, lundi, je fus encore malade. Le 26, dimanche, j’ai été à Bohain le matin et de là je suis allé au Cateau. Et le lendemain, je fus malade. Le 28, retour à Bertry par chemin de fer. J’étais très faible.

Septembre 1877

59Le 2, dimanche, je dus rester à Bertry. Malade le samedi. Ce jour-là je fis le service avec M. le pasteur Lorriaux. Le 9, j’ai été à Caullery où j’ai prêché deux fois. Le 16, j’ai été à Bohain le matin et à Fresnoy le soir. Le 23, je fus très malade à Bertry.

Octobre 1877

60Je ne pus rien faire pendant ce mois parce que je fus toujours malade et d’une grande faiblesse. Je m’étais proposé quelques petits voyages, tels que, par exemple d’aller à Reumont, mais le Seigneur ne me le permit pas. J’ai cependant été au Cateau le 22, mais pour retourner je dus prendre le train. Le 30, M. le pasteur Bretegnie est venu à Bertry en passant, allant à l’inauguration du temple de Maubeuge, mais je ne pus le voir ni aller l’entendre. Je m’étais proposé à moi d’aller à Maubeuge, mais ma faiblesse me força à garder la maison. Ce fut le premier novembre que cette inauguration eut lieu. Le service présidé par M. Edmond de Pressensé eut lieu à une heure du soir.

Novembre 1877

61Le 11 de ce mois, dimanche, j’ai été au Petit-Essigny où je me suis rencontré avec M. le pasteur Bœgner de Fresnoy-Le Grand. Nous y avons célébré le culte ensemble. A midi le mal me prit. Je fus obligé de coucher au Petit-Essigny. Le 12, lundi à dix heures quarante, je suis parti pour Saint-Quentin où je suis resté jusqu’au mardi à cinq heures du soir. Le 18, j’ai prêché à Bertry le soir. Le 25 je fus malade et ne pus sortir.

Décembre 1877

62Le 2 de ce mois, j’ai tâché de prêcher à Bertry. Le 9, j’ai été à Essigny-Le Petit. Retour pour deux heures. Le 16, j’ai prêché à Bertry et assisté à l’école du dimanche. Le 23, j’étais malade, mais j’ai pu aller au temple le soir. M. le pasteur Schmidt y était. Il m’a payé cent cinquante francs pour ce que j’avais prêché à Bertry pendant qu’il n’y avait pas de pasteur. Le 25, jour de Noël, j’ai fait deux services à Bertry. Le 30, j’ai prêché à Bertry le soir.

63L’année 1877 est finie. Cette année n’a pas été favorable pour moi. Le 10 janvier402 ma compagne m’a quitté pour aller vers son Dieu où elle repose en paix. Alors j’étais déjà malade et j’ai continué de l’être pendant toute la campagne. Cependant j’ai pu prêcher à peu près chaque dimanche. J’ai dû, pour l’hiver, cesser d’aller à Grougis au sujet de ma santé.

64Mon affliction n’a pas été sans effet pour mon âme, car j’ai appris à me détacher des choses de la Terre et à m’attacher plus particulièrement aux choses du Ciel. Les épreuves du temps présent sont un creuset pour fortifier notre foi. Je suis dans ma soixante-quinzième année. Je compte mes jours et je me hâte d’accomplir l’œuvre que Dieu m’a donnée à faire. Le seul goût que j’ai dans ce monde, c’est de prêcher la prochaine venue de mon Sauveur et d’en réveiller la pensée dans tous ceux que je rencontre. Que Dieu bénisse mes faibles efforts. Et si Dieu veut me laisser encore quelques jours ici-bas, qu’il me donne de prêcher sa vérité jusqu’à la fin.

Janvier 1878

65Le premier jour de l’année, j’ai fait le service à onze heures du matin. Il y avait du monde au temple. Le 6, j’ai prêché à Bertry. Le 8 et 9, j’ai été au Cateau. Le 13, j’ai fait le service à Essigny-Le Petit. De là je suis allé à Saint-Quentin jusqu’au 15 au soir. J’ai oublié que le 14 janvier, j’ai été à Montigny faire l’enterrement Maneuse Amédée Henri Ferdinand. Le 20, j’ai prêché à Bertry l’après-midi. Le 27, j’ai écouté M. le pasteur Schmidt. J’étais faible.

Février 1878

66Le 3 j’ai prêché à Bertry sur I Cor., XIII, 13403 Le 10, j’ai été faire le service à Essigny-Le Petit. Il y avait un an juste que votre mère était morte. C’est aussi le jour de la mort de Thérèse Dron, cousine de ma mère. Le 17, j’ai prêché à Bertry l’après-midi. Le 24, j’ai été à Caullery où j’ai fait deux services.

Mars 1878

67Le 3, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Le 10, dimanche, j’ai fait le service à Essigny-Le Petit et à Bohain. Le même jour que le pasteur Monnier a prêché à Bohain le matin. Le 17, j’ai prêché à Bertry. Le 24, j’ai prêché à Caullery. Le 31, j’étais fort malade.

Avril 1878

68Pendant tout ce mois je fus malade à ne rien faire. Le 21, j’ai prêché à Bertry. Le 28, à Caullery.

Mai 1878

69Le 5, dimanche, j’ai prêché à Bertry. Le 19, j’ai prêché à Bertry et le 30, jour de l’Ascension.

Juin 1878

70Le 2, j’ai prêché à Bertry. Le service fait par les jeunes gens. Le 9, Pentecôte, j’ai fait le service à Bohain le matin. Le 16, j’ai prêché à Bertry et fait le service avec les jeunes gens. Le 22, samedi, j’ai été à Caullery pour bénir le mariage Milot avec Crépin404. Cela s’est fait à midi. Le lendemain, dimanche 23, je fis deux services et, le soir, je suis retourné avec la mère Moity.