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Quand les patrons s’organisent

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Danièle Fraboulet

Deuxième partie. Un groupe de pression puissant

Chapitre V. Le déploiement d’une stratégie de communication

Texte intégral

  • 1 C. Chambelland (dir), Le Musée social en son temps, Paris, Presses de l’École normale supérieure, (...)
  • 2 Tout ceci fournit la base d’une publication annuelle, L’Année sociale.

1Le préalable à toute opération est de préciser aux adhérents les positions et les revendications de leur syndicat et de les faire connaître non seulement aux autorités compétentes mais à l’ensemble de la société. Dès son passage au Musée social (1895-1897) dont il a conçu toute l’organisation, Pinot a compris l’importance d’une bonne communication interne et externe1. Des circulaires avertissent les adhérents des actions entreprises ; les articles des correspondants étrangers, dont la mission est de réunir une documentation abondante sur les grands sujets d’actualité2, ouvrent sur le monde. Être bien informé, faire circuler les informations à l’intérieur des diverses organisations sans négliger l’opinion publique, apparaissent essentiel à Pinot. Il emploie et perfectionne ces méthodes dans les chambres syndicales qu’il dirige par la suite, en utilisant également celles qui ont été expérimentées auparavant par le CFF et le Comité des Houillères. L’information est presque toujours teintée d’un souci de propagande puisqu’il s’agit de convaincre du bien-fondé de la politique menée non seulement les adhérents ou adhérents potentiels et les pairs, mais aussi l’opinion, le Parlement et le gouvernement. Trois secteurs sont à distinguer : la communication interne, la presse patronale et plus généralement la presse économique et financière, la presse d’information.

La communication interne

  • 3 Bulletin du ministère du Travail, avril-juin 1922.

2Être informé et informer nécessite d’avoir des contacts permanents avec les adhérents mais aussi avec le monde extérieur. Bulletins, courrier, circulaires, parutions périodiques sont des instruments de travail indispensables pour collecter et faire circuler l’information. Une triple mission leur est assignée : présentation des thèses et diffusion des mots d’ordre, rôle de liaison entre les membres et contribution au maintien de la cohésion, outil pour blâmer ou louer les personnalités extérieures. Pour l’année 1920, le Bulletin du ministère du Travail mentionne sous la rubrique « publications diverses (bulletins, journaux, annuaires) » 303 publications assurées par les syndicats patronaux et 45 par les unions de syndicats patronaux3.

3Pour chaque question à l’ordre du jour, les services de l’Union rassemblent le maximum d’informations : enquêtes auprès des adhérents sur un point d’actualité, correspondance, échanges téléphoniques, visites aux chambres syndicales, publications officielles et techniques, dossiers de presse française et étrangère, éventuellement liaisons avec les autres groupes patronaux. Dans cette quête, l’UIMM est relayée par les syndicats nationaux et les groupements régionaux qui sont en contact permanent avec leurs adhérents, directement ou via des circulaires et des bulletins périodiques.

4Les bulletins ont en général une audience limitée au milieu intéressé ; ils existent aux niveaux local, régional, national, et par secteurs. Celui du GIM se découpe en différentes rubriques : documentation sur les salaires selon des renseignements établis par le groupe après enquêtes auprès des établissements, la vie sociale régionale, les renseignements divers… Des feuilles d’Information numérotées traitent d’une question précise, par exemple l’application d’arrêtés concernant les appointements et salaires, expliquant le mécanisme de leur fixation, les méthodes de calcul, les cas particuliers. Elles se veulent pratiques, compréhensibles aisément. Les syndicats peuvent aussi répercuter les directives établies immédiatement auprès des chefs d’établissement : en avril 1939, l’Union syndicale des industries aéronautiques communique ainsi à ses adhérents le tarif applicable au personnel des bureaux d’études après la signature de la convention collective de la métallurgie par le GIM.

  • 4 Puis sur le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale à partir de sa création en 1906.

5L’Annuaire de l’UIMM est un autre élément important de communication interne. La première partie contient les listes des membres du comité de l’Union et du bureau des chambres syndicales adhérentes, les statuts, la seconde, des renseignements généraux sur le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Travail4 (organisation du ministère et noms des principaux responsables), et la troisième, un récapitulatif de la législation ouvrière. À partir de 1908, les principaux organismes mis sur pied par le CFF ou par l’Union sont présentés au fur et à mesure des créations : sociétés d’assurances mutuelles contre le chômage forcé, caisse syndicale des retraites (1911), comité central des allocations familiales (1925), etc. Des placards publicitaires des grandes sociétés y sont insérés. Les annuaires s’enrichissent au fil des années, par exemple avec la liste des membres des commissions parlementaires à partir de 1929 et du Conseil supérieur du travail. Dans l’Annuaire de 1927 figurent les indices du coût de la vie depuis 1920 dans plusieurs villes de France, d’après le Bulletin de la Statistique générale de France.

6Certains syndicats possèdent leurs propres annuaires. Celui du GIM est rédigé à peu près sur le même modèle que celui de l’UIMM. Outre des renseignements sur les différentes organisations patronales des industries des métaux de la région parisienne, la présentation des statuts, des membres du conseil d’administration et un tableau de concordance entre les Chambres nationales et les sections professionnelles, il donne des indications pratiques sur les salaires, l’apprentissage, l’inspection du travail, la Caisse de compensation de la région parisienne.

7D’autres périodiques sont publiés, comme la Revue mensuelle à partir de 1927. Elle comporte un certain nombre de rubriques sur l’organisation scientifique du travail, le mouvement social, la prévention des accidents, les questions fiscales, les projets et propositions de lois ainsi que les lois et décrets, un index bibliographique… Les Documents paraissent, sous la forme de quelques pages numérotées, à chaque disposition législative et réglementaire nouvelle, dont la reproduction est accompagnée de commentaires. S’y ajoutent en 1929 les Documents roses consacrés à la prévention des accidents. Ce type de parutions évolue.

8L’Annuaire de 1939 en distingue quatre : les Informations à l’usage des Chambres syndicales, la Revue de l’UIMM, publiée deux fois par mois qui remplace la Revue mensuelle, les Documents blancs, les Documents bleus concernant la création et le développement des services sociaux, et toujours les Feuilles d’informations, qui font connaître aux adhérents les dispositions nouvelles à appliquer immédiate ment. L’UIMM fait paraître également « des publications de fond » privilégiant certains thèmes comme l’enseignement professionnel, des comptes rendus de journées d’études, ou même en 1924 un Lexique Français-Polonais et Polonais-Français, à l’usage des ouvriers polonais employés dans les industries des métaux et les mines de fer, ou encore le Manuel de législation sociale à partir de 1933.

La presse patronale

  • 5 Devenue en 1946 L’Usine nouvelle.

9La communication externe se fait de deux manières, via la presse patronale et via la presse d’opinion. Le but est certes d’informer, mais surtout de façonner une image et de combattre les adversaires. Les informations doivent s’appuyer sur un appareil de démonstration rigoureuse, qui leur donne une apparence scientifique. Plusieurs revues, financées plus ou moins directement par l’Union, jouent ce rôle. Le secrétaire général du syndicat des industriels métallurgistes ardennais et délégué spécial à l’UIMM, Camille Didier, dirige depuis 1901, puis acquiert en 1905, l’hebdomadaire L’Usine de Charleville, auquel il adjoint un supplément, La Revue métallurgique. Au début de la guerre de 1914, il se replie à Paris et créé en 1915 L’Usine, hebdomadaire de l’industrie française5 qui répand les idées patronales avec une audience plus large.

  • 6 Claude-Joseph Gignoux prend la succession de Bernard-Précy en 1932 comme rédacteur en chef. Le pré (...)
  • 7 En 1924, les actions achetées sur les fonds de l’UIMM se sont élevées à 655. Le capital est porté (...)
  • 8 G. Kerouredan, Un aspect de l’organisation patronale au XXe siècle : l’Association Nationale d’Exp (...)
  • 9 AUIMM. AWaline. Note de la Journée industrielle no 10 destinée à François-Poncet (1919).

10En mars 1918, un ingénieur, Étienne Bernard-Précy, fonde La Journée industrielle avec Lucien Romier comme rédacteur en chef6. Dès 1919, Bernard-Précy prend contact avec Pinot et Peyerimhoff afin d’augmenter les disponibilités financières du journal. Pinot recommande tout de suite ce journal et son directeur à un certain nombre de métallurgistes (Camille Cavallier, Charles Laurent, Gabriel Cordier…). L’accueil étant très favorable, une augmentation de capital est réalisée et la participation des groupes patronaux devient de plus en plus importante7. Leurs représentants et des grands patrons, tels Alfred Lambert-Ribot ou Pierre-Ernest Dalbouze, siègent au conseil d’administration à côté d’hommes politiques comme le sénateur Étienne Fougère, l’un des fondateurs de l’Association nationale d’expansion économique (ANEE)8. La Journée industrielle se veut « un journal d’information industrielle et sociale qui, par son réalisme, par sa documentation, par ses études et ses enquêtes, objectives mais orientées, équilibrera les excitations et les divagations politiques »9. Certes, ces journaux informent, mais ils ont aussi pour fonction de diffuser les messages des dirigeants patronaux.

  • 10 D’après Villey (L’organisation professionnelle, op. cit., p. 113), la SEIE provient de la transfor (...)
  • 11 Jusqu’en 1924, date à laquelle il se consacre à la carrière politique. Les administrateurs étaient (...)
  • 12 Après le départ de François-Poncet, il devient le directeur de la Société. Ils sont de la même pro (...)
  • 13 H. Beuve-Méry est l’un des correspondants étrangers.
  • 14 Annuaire de l’Association amicale des anciens élèves de l’École normale supérieure, 1971. Notice s (...)
  • 15 AUIMM. AWaline. Note sur L’Observation économique, 25 novembre 1930.

11En 1919, à l’initiative de Pinot, paraît le Bulletin quotidien, qu’André François-Poncet, ancien élève de l’École normale supérieure, directeur du service de documentation de l’UIMM, dirige à partir d’avril 1919. Sa diffusion est moins étendue que celle de la Journée industrielle. En mai 1920 le Bulletin devient une institution indépendante avec la constitution d’une société anonyme, la Société d’études et d’informations économiques10. Conçue pour être à la fois un organe de documentation, un centre d’études et un agent de liaison, elle comprend quatre services généraux : production et commerce, questions ouvrières et sociales, transports et travaux publics, questions financières. Les actionnaires se recrutent parmi les organisations patronales, dont l’UIMM, les Comités des Houillères et des Forges. Le président du conseil d’administration est Jacques Bardoux, sénateur modéré et membre de l’Institut, et le délégué général André François-Poncet11. Cette société, animée par une équipe de diplômés de Grandes Écoles surtout de normaliens, dont le rédacteur en chef Émile Mireaux12, se donne pour objectif de collecter des informations économiques en France et à l’étranger13, car elle estime nécessaire « d’ouvrir la porte à un esprit nouveau, de procéder à des réformes… ». Les entreprises ne peuvent qu’en bénéficier : « À cette époque même les plus grosses industries n’avaient pas de bureau d’information. Elles avaient peu de contacts avec le monde extérieur. La Société d’études se proposait de suppléer leur carence et de leur procurer les moyens d’y remédier »14. Le Bulletin, polycopié à 500 exemplaires à ses débuts, est tiré par la suite à 1000 exemplaires et distribué chaque jour vers midi, par cyclistes, aux abonnés, qui ne sont pas uniquement des métallurgistes, mais aussi des hommes politiques, des hauts fonctionnaires, des journalistes, des dirigeants syndicaux. Des études sur des problèmes spécifiques, la « Semaine financière » ou la « Semaine législative » sont jointes en annexes. Outre l’information aux entreprises, les dirigeants espèrent influer sur les prises de décision économiques. Parfois les chroniqueurs sont les mêmes que ceux de la Journée industrielle. La Société d’études publie aussi un certain nombre d’ouvrages, essentiellement économiques, et une fois par mois L’Observation économique qui présente « des éléments d’appréciation sur l’ensemble de la situation des affaires », dépassant donc le cadre de l’activité spécialisée. En fait, quatre fascicules trimestriels sont réservés à des études d’ensemble et des fascicules intermédiaires renseignent sur des éléments importants de la situation économique mondiale15. La revue semble avoir du mal à trouver sa place pour ne pas faire double emploi avec le Bulletin quotidien. Suite à des réajustements, la revue est divisée en 1931 en deux parties : des articles de fond et des indications statistiques assorties de commentaires, le tout suivi d’une bibliographie.

  • 16 Ancien membre du Conseil d’État, secrétaire général de la Compagnie d’Orléans et du Comité de dire (...)
  • 17 AUIMM. AWaline. « Observations sur la Société d’études et d’informations économiques », non signé, (...)
  • 18 AUIMM. AWaline. Observations sur la Société d’études et d’Informations économiques.
  • 19 AWaline. Lettre manuscrite non signée et non datée (mais vraisemblablement de 1931 ou 1932). « Par (...)
  • 20 Il est également conseillé aux journalistes de ne pas signer de leurs noms des articles dans l’Ami (...)
  • 21 AUIMM. AWaline. « Quelques desiderata relatifs », op. cit., p. 2.
  • 22 Ibid., p. 6. Il y en a six : 1, politique coloniale, 2 et 3, politique commerciale (deux chronique (...)
  • 23 Lambert-Ribot n’hésite pas à donner des conseils précis aux journalistes : ne pas se contenter d’i (...)
  • 24 Ibid., p. 4-5.
  • 25 Lambert-Ribot suggère que le directeur et certains de ces collaborateurs assistent aux principales (...)
  • 26 Dont Peschaud est un membre actif, tout comme Lambert-Ribot.

12À la fin de l’année 1931, une réflexion, menée par Jacques Bardoux, Alfred Lambert-Ribot et Marcel Peschaud16, est engagée sur la direction à donner à la Société d’études17. Deux documents retrouvés dans les archives de Waline, l’un écrit sans doute par Lambert-Ribot, l’autre par Peschaud, expriment l’urgente nécessité de reprendre en main ces publications. Il est reproché à la Société d’études de ne pas avoir rempli toutes ses missions et d’avoir privilégié l’organe d’information, ce qui faisait « double emploi avec la presse d’information »18. Certains membres du patronat ont regretté « le ton de polémique que prenaient trop facilement quelques rédacteurs du B. Q., leurs allusions ironiques ou acerbes à telles particularités physiques ou morales de certains hommes politiques… »19. Dès lors il a semblé nécessaire d’établir la liste des « écueils à éviter » et des « progrès à réaliser ». Les collaborateurs des publications de la Société sont désormais tenus de s’abstenir de participer à une vie politique active sauf pour ceux, mis en congé, qui occupent une fonction dans un cabinet ministériel, et de ne pas rédiger des articles trop critiques20. Certes, le rôle de la Société est de suivre et contrôler la vie politique, mais il est conseillé aux journalistes de s’en tenir aux faits et aux chiffres, spécialement ceux « dont on peut tirer parti pour la défense de notre organisation économique ». Il ne faut plus « donner trop de longueur ou trop de technicité aux publications »21, ceci étant réservé aux suppléments. Lambert-Ribot estime que la différenciation entre les publications n’est pas suffisamment claire : le Bulletin doit se distinguer de la Journée industrielle et de l’Information par le caractère objectif de ses informations appuyées sur une documentation internationale. Outre la présentation d’une « liste des articles de la presse française et étrangère présentant un intérêt », il doit être accompagné d’un fascicule sur un thème ou une branche de l’économie, les principaux groupes de questions étant classés par rubrique22. Les observations très sévères de Lambert-Ribot portent sur la réorganisation de la Société, la présentation des journaux et le fond des articles23. Celles de Peschaud ont un ton beaucoup plus incisif. S’il donne crédit à l’équipe d’avoir compris qu’il ne fallait pas avoir l’air de défendre des intérêts, mais seulement des principes et des idées, il estime que la « lutte implacable et méthodique contre l’étatisme, ses progrès incessants et ses conséquences néfastes » n’est pas organisée assez systématiquement. Sa diatribe contre l’État est très violente : « ce mal menace de mort », « cette action de pieuvre », « cette politique mène le pays à la ruine »24. Il propose la création d’une section spécialisée sur ce sujet afin de passer de la défensive à la dénonciation de l’envahissement de l’État dans des domaines qui ne sont pas les siens. « La tâche est énorme. Pour la mener à bonne fin, il faut une nouvelle méthode de travail et un homme très capable de la pratiquer : un guetteur, un enquêteur, un archiviste, un vulgarisateur ». En dehors des conseils pour faciliter la tâche des abonnés, Peschaud rappelle vigoureusement que l’objectif, non rempli, est de donner plus de cohésion au mouvement patronal25, de pénétrer la presse, notamment celle de province, les milieux politiques, les administrations publiques, la Société des Nations, le Conseil national économique26 où le patronat espère faire nommer comme expert le directeur de la Société d’études. La présence est requise sur tous les fronts : universités, bibliothèques, congrès, conférences, participation à des commissions. Ce programme semble correspondre aux attentes des patrons de la métallurgie et révèle une stratégie explicite.

  • 27 AUIMM. CD du 17 octobre 1935.
  • 28 Suspension de la Journée industrielle, de l’Observation économique, de la Revue Japon, de la Chron (...)
  • 29 AUIMM. AWaline. Examen de la situation de la Société d’études et d’informations économiques, 21 no (...)

13En octobre 1935, La Journée Industrielle rencontrant des difficultés financières, le conseil de direction sollicite auprès de ses adhérents la souscription de nouveaux abonnements, car cette revue concourt à augmenter « la pénétration d’idées qu’il est nécessaire de faire mieux connaître à l’opinion publique » dans les circonstances actuelles27. Une nouvelle remise en cause a lieu en 1936 : un projet de fusion entre la Journée industrielle et le BQ n’aboutit pas immédiatement, en raison de la répartition des actions qui n’était pas la même dans les deux journaux et des rivalités de personnes. De 1937 à la déclaration de guerre, les dépenses de la Société d’études s’établissent à deux millions de francs, couverts à 40 % par des abonnements et à 60 % par des subventions des groupements patronaux. Du 1er septembre 1939 au 1er mai 1940, la mobilisation d’une partie du personnel et la réduction du volume des publications28, notamment la parution trihebdomadaire du Bulletin quotidien, permettent d’abaisser les dépenses de 28 %. Mais, dans le même temps, les recettes chutent de 12 %29. La situation ne semble donc pas désespérée à la condition que se maintienne le chiffre des abonnements et des subventions. Ce n’est pas le cas. La société est donc liquidée en 1941 par le nouveau président, V. Lauvergnat.

14Les lecteurs des journaux patronaux se composent bien sûr de ceux qui, sur la base d’une communauté d’attitudes, apportent leur adhésion, et de membres d’autres groupes possédant les mêmes intérêts professionnels, mais aussi d’opposants aux prises de position du groupe. Le fait qu’autant d’attention soit portée à l’information patronale s’explique car les dirigeants, même s’ils prétendent que les adhérents approuvent la politique suivie, sont conscients qu’il existe chez ceux-ci des divergences d’opinion et des critiques de leur action. Ils ont eu l’expérience de désaccords susceptibles éventuellement d’entraîner des scissions. Le jugement porté de l’intérieur sur le fonctionnement du groupe a donc autant d’importance que le jugement émis de l’extérieur. Le maintien de la cohésion prime avant tout.

  • 30 É. Villey, L’organisation professionnelle, op. cit., p. 114.
  • 31 C’est ce qu’affirme G. Lefranc, Les organisations patronales en France, Paris, Payot, 1976, p. 89.

15La presse patronale doit ainsi convaincre par la démonstration du bien-fondé de ses thèses et par une argumentation serrée pouvant faciliter l’exercice de la propagande. Étienne Villey estime que « le souci de documentation peut être aujourd’hui considéré comme l’assise de l’organisation professionnelle »30. Le sérieux et l’intérêt de ces publications est d’ailleurs vanté par les contemporains. Léon Blum aurait écrit en 1922 : « Nos meilleures publications sont celles que subventionnent et dirigent les organisations patronales »31.

  • 32 P. Bezard-Falgas, Les syndicats patronaux de l’industrie métallurgique en France, thèse de doctora (...)
  • 33 Annuaire de l’Association amicale des anciens élèves de l’École normale supérieure, 1971, op. cit.(...)
  • 34 AUIMM. CD du 17 avril 1928. Cette décision est prise à la suite de la Conférence faite par Maurice (...)

16André François-Poncet, à l’occasion d’un entretien avec le rédacteur de la revue Le Producteur, insiste sur la rigueur apportée à l’information diffusée : « Dans l’univers, les nations ne peuvent plus s’isoler […]. L’interdépendance mutuelle s’est développée en proportion considérable. Il faut donc plus que jamais savoir ce qui se passe, être renseigné, tenir les oreilles ouvertes et les yeux en éveil. C’est à quoi nous voulons aider de notre mieux. Libre à chacun de tirer de notre documentation les conclusions qu’il juge bonnes […]. L’essentiel est que les faits, les textes, les chiffres, les opinions soient rapportés et recueillis sans déformation, et, s’il est permis d’employer un mot un peu pédant, scientifiquement. Nous n’avons pas d’autre règle »32. « Les rédacteurs avaient toute liberté dans leurs commentaires. Mais ils étaient invités à se montrer rigoureusement objectifs dans l’exposé des faits, et personnels seulement dans l’expression de leurs opinions et de leurs jugements », affirme-t-il encore en 197133. Ces grands principes sont réaffirmés régulièrement : une démonstration d’autant plus forte que le ton est modéré, l’habileté étant de partir de faits dont la réalité n’est pas contestable, une argumentation amplifiant les constatations et oubliant, c’est de bonne guerre, de mentionner certains faits, un raisonnement bien agencé. Le lecteur doit être incité à tirer des conclusions dans un sens systématiquement favorable aux thèses soutenues. Seuls les spécialistes d’une question peuvent être en mesure de déceler les points sur lesquels s’effectue le passage de l’information à la propagande. Rappels à l’ordre et reprise en main des journalistes sont jugés nécessaires dans les années 1930. L’Allemagne semble encore dans ce domaine le modèle à suivre. L’UIMM, voulant constituer une commission intersyndicale pour réfléchir sur l’organisation de la propagande, envoie une mission à Düsseldorf pour étudier les méthodes allemandes34.

17L’UIMM prétend ainsi fournir au gouvernement « the best advice » ou même « the advice ». Le travail d’information et de propagande vise principalement les autorités, l’opinion pouvant être utilisée comme moyen de pression supplémentaire.

  • 35 CAC, 39 AS 1002. Lettre à Villey du 20 juillet 1920. Sur cette presse : C. Malaval, Renault à la u (...)
  • 36 AUIMM. CD du 8 avril 1930.
  • 37 AUIMM. AWaline. Relations entre employeurs et employés, 1932.
  • 38 En 1932, seules quelques firmes métallurgiques sont citées : Le Matériel téléphonique, la Compagni (...)
  • 39 Ibid.

18Les salariés de la métallurgie sont une autre cible puisqu’il faut les convaincre du bien-fondé de la politique patronale. Les journaux d’usine suscitent donc l’attention et la réflexion des dirigeants patronaux durant l’entre-deux-guerres. Louis Renault critique le spécimen diffusé par le GIM en 1920 : il le trouve inintéressant et surtout pas de nature « à éduquer le personnel ». Il propose « un organe beaucoup plus vivant, traitant de l’éducation sportive, de questions techniques et d’économie générale ; on pourrait y adjoindre un feuilleton, ou traiter des questions diverses »35. C’est seulement en avril 1930 que l’UIMM constitue un dossier complet mis à la disposition des adhérents36. La réussite de ses journaux implique de réunir un certain nombre de conditions, particulièrement de disposer d’un personnel compétent et stable, d’avoir une bonne rédaction et une présentation claire. Leur rôle est jugé important puisque c’est à eux qu’incombe la tâche de présenter une bonne image des réalisations patronales, notamment les œuvres sociales, et de créer « une sorte d’esprit collectif donnant à chacun l’impression qu’à sa place il participe d’une vie commune et travaille à une ouvre d’ensemble »37. Moins répandues en France38 qu’en Allemagne et surtout aux États-Unis, ces publications sont encouragées par l’UIMM sous deux formes : le journal d’entreprise et le journal publié par des groupes industriels de même profession ou d’une même région, auquel est adjointe une partie locale contenant des renseignements spécifiques à l’établissement (formule la plus fréquente en Allemagne). Ces journaux, rédigés en partie par le personnel, sont généralement bien accueillis par les ouvriers. Pour l’UIMM, cette presse est très utile « pour le développement de cet esprit de collaboration qui est la formule moderne des rapports entre les employeurs et leur personnel »39.

« Informer » l’opinion publique

  • 40 J. Meynaud, op. cit., p. 176.

19Les rapports avec la presse d’information prennent des aspects divers : revues de presse des services de l’UIMM, envois de communiqués reprenant des motions votées à un congrès ou des décisions prises par les organismes dirigeants, tenues de conférences de presse, octrois d’interviews, envois d’articles, montage de campagne de presse ou, au contraire, mutisme sur une question pour ne pas éveiller l’opinion sur tel ou tel problème, financement, etc. La presse est étroitement surveillée afin de connaître l’état de l’opinion. Dépouillés quotidiennement, les articles sont classés par thèmes. Ce travail permet, si le besoin s’en fait sentir, de mener une contre-offensive en tentant de neutraliser les attitudes hostiles ou tendancieuses. « Or cette opinion sur l’opinion publique… est peut-être ce qui compte le plus dans les rapports entre les groupes et les autorités »40. L’action sur l’opinion n’a souvent d’autres justifications que de faciliter l’accès au système politique. Comment se manifestent ces influences ? Peut-on en mesurer leur portée réelle ?

  • 41 Cf. le programme de l’UIE du 3 avril adopté par l’AG du 7 avril 1919. AUIMM.

20Les moyens de pression sont financiers, de l’octroi d’une subvention (versement direct ou souscription d’abonnements) au financement complet d’un journal, en passant par la concession de publicités. Pour cela, l’UIMM passe par des organismes comme l’Union des intérêts économiques, constituée en 1910 par une trentaine d’associations professionnelles et dirigée par Ernest Billiet, afin de concentrer la publicité et la propagande patronale41. Celle-ci agit surtout, à partir de 1919, pendant la campagne des élections législatives où elle présente un programme très libéral aux différents candidats (protection de la propriété privée, liberté du travail, défense contre l’interventionnisme étatique…). Elle fait connaître ses positions par des affiches, des tracts, des brochures, des journaux (le Réveil Économique), des conférences notamment auprès des groupements régionaux.

  • 42 C’est le cas de Pralon, de Denain-Anzin, des dirigeants de Longwy, du Creusot, des de Wendel… qui (...)
  • 43 C. Kent, Camille Cavallier op. cit., p. 329.
  • 44 G. Lefranc, Les organisations patronales, op. cit. p. 95, et surtout J.-N. Jeanneney, François de (...)
  • 45 D. Woronoff, François de Wendel, op. cit., p. 102.

21Les archives des patrons livrent parfois plus de renseignements que celles de l’UIMM sur ces pratiques. Ainsi à Pont-à-Mousson en 1905, Camille Cavallier informe un de ses confrères de la métallurgie lorraine qu’un certain nombre de chefs d’entreprise subventionnent des journaux, particulièrement La République française42, pour la défense des idées protectionnistes par crainte d’une majorité libre-échangiste dans la nouvelle Chambre. En 1921, écrivant à son gendre Marcel Paul, il résume ainsi la situation : « À notre époque, à tout instant, on a des paiements à faire, parfois des subsides à des journaux, parfois des contributions à un syndicat patronal, parfois un cadeau à tel ou tel, parfois tout à coup, quelqu’un nous demande une commission. Il y a dans tout cela des mouvements de fonds qu’on ne sait pas comment comptabiliser. Généralement, d’après ce que j’entends dire dans diverses entreprises qui le pratiquent, on utilise le mot publicité. Évidemment, c’est une solution »43. La famille de Wendel participe au capital du Journal des Débats dès 1901, mais le contrôle de François de Wendel, actionnaire depuis 1909, devient plus effectif au cours de la guerre44 avec les difficultés financières rencontrées par l’ensemble de la presse, et principalement à partir de 1926. Cette famille est également actionnaire de Gringoire aux côtés des Rothschild et de la banque Lazard. François de Wendel possède probablement le Petit Journal par l’intermédiaire de Nalèche, directeur des Débats45. La famille Schneider joue un rôle similaire au Journal, par l’entremise du sénateur Charles Humbert.

  • 46 M. Martin, La presse régionale : des affiches aux grands quotidiens, Paris, Fayard, 2002.
  • 47 Gérant des forges d’Eurville (Saint-Dizier), devenus les Établissements Marcellot (Haute-Marne).
  • 48 Qu’il avait contribué à fonder en 1903. AUIMM. Brochure de M. de Hédouville sur J. Marcellot (1861 (...)
  • 49 J.-M. Moine, op. cit., p. 264.

22L’implantation dans la presse régionale forme un élément non négligeable de l’emprise des industriels sur leur environnement46. Les exemples sont multiples. La famille de Wendel est propriétaire de L’Écho de Lorraine, fondé en 1906, du bihebdomadaire Le Courrier lorrain, acheté en 1913, elle finance L’Avenir de la vallée de l’Orne (1919-1933). Elle est actionnaire du Lorrain, de la SA La presse de l’Est qui subventionne des journaux (L’Éclair de l’Est, L’Impartial de l’Est). Jacques Marcellot47 prend part à la création du Patriote en 1905, organe de l’Action libérale48, et soutient La Croix de Haute-Marne, Le petit Champenois et, à Paris, La Libre parole. Après un premier échec aux législatives de 1907, ce contrôle plus étroit n’est certainement pas étranger à son élection à la Chambre des députés en 1919. Gaston Japy défend des idées très conservatrices dans L’Éclair comtois, La Dépêche républicaine de Besançon, La République de l’Est. Alexandre Dreux fonde l’Avenir Lorrain en 1931 pour soutenir la campagne électorale de son fils Fernand49. Il semble difficile de faire la part entre les contrôles exercés par tels ou tels patrons sur la presse, qui sont destinés à la satisfaction d’intérêts personnels, et ceux des organisations patronales, qui visent la promotion d’intérêts plus généraux.

  • 50 À la demande du Général Madelin. AUIMM. CD du 11 avril 1935.

23Les moyens financiers investis dans la presse sont toujours très difficiles à évaluer, car généralement ils ne figurent pas dans les budgets. Parfois, dans les procès-verbaux des conseils de direction, est mentionnée une souscription ou une publicité pour un journal, mais en général, il s’agit d’un financement ponctuel et de publications peu importantes. Ainsi le CFF et l’UIMM ont donné 10 000 F en 1928 au Comité de propagande aéronautique du Maréchal Lyautey, mais seulement 1 000 F en 1931. Autre exemple, en 1939 l’Union vante à ses adhérents une nouvelle revue, La Belle France, pour ses qualités « d’éducation patriotique de l’opinion »50. Des campagnes de propagande contre l’influence communiste sont organisées quand le moment est jugé opportun. Toutes les possibilités sont alors utilisées : presse nationale et locale, affiches, tracts, cinéma, théâtre.

  • 51 P. Fridenson cite une lettre du directeur général de Peugeot, M. Jordan, à F. Lehideux du 4 septem (...)
  • 52 AUIMM AWaline, Les Documents politiques, diplomatiques et financiers. Revue mensuelle d’informatio (...)
  • 53 Ibid., p. 105.

24Le patronat préfère la création de sociétés spécifiques dont l’objet, la publicité, peut masquer le financement de journaux et éventuellement celui d’organisations politiques51. Cette pratique a été souvent critiquée : « Notons aussi l’aveu implicite que l’Union sut intéresser la presse à ses désirs et le budget dont on avait doté le Comité de l’Union n’y fut certainement pas étranger. Aussi bien, ces procédés de subvention occulte de la presse d’information par la haute métallurgie n’ont cessé de se développer depuis : les campagnes nationalistes d’avant-guerre coïncidaient curieusement avec les intérêts des métallurgistes. Celles d’après-guerre n’y coïncident pas moins, mais il y a eu, à ce point de vue, progrès sensible dans l’action de la haute oligarchie métallurgique, puisque celle-ci ne se borne plus à subventionner les journaux : elle n’hésite pas à acquérir la propriété ou le contrôle des plus importants, comme elle l’a fait pour ces années dernières, pour le Journal des Débats et le Temps »52. Toujours selon le journaliste Roger Mennevée, qui, comme on l’a compris, n’est pas le porte-parole des « 200 familles », l’UIMM n’a qu’un objectif : « la défense étroite des intérêts de ses adhérents contre les améliorations que le gouvernement tenterait d’apporter à la vie sociale du pays… car, il faut bien le préciser, les adhérents de l’Union sont les exploiteurs de richesses qu’ils n’ont même point créées »53.

  • 54 J.-N. Jeanneney, François de Wendel, op. cit., p. 45-46,149.
  • 55 J. Garrigues, Les patrons et la politique, op. cit., p. 143.
  • 56 Archives de la Préfecture de police, dossier Le Temps, BA 1876. Rapport du 2 octobre 1934.
  • 57 J. Garrigues, Les patrons et la politique, op. cit., p. 144.

25Le CFF, celui des Houillères et le Consortium des Assurances contrôlent, dès 1929, Le Temps, par l’intermédiaire d’un homme de paille, Louis Mill. À la mort de celui-ci en 1931, la Société du Temps, transformée en société anonyme avec de nouveaux statuts rédigés au siège du CFF, est co-dirigée par Émile Mireaux et Jacques Chastenet, directeur de la banque de l’Union des Mines. Ces nouvelles nominations sont le résultat de luttes entre le CFF et celui des Houillères54. La rubrique financière du Temps est « affermée à l’Agence économique et financière dont l’intermédiaire est Édouard Julia, délégué général de l’Association nationale des sociétés par actions »55, elle-même contrôlée par Théodore Laurent, trésorier de l’UIMM et vice-président du CFF. En décembre 1933, le CFF a racheté les actions du Comité des Houillères et en 1934, celles du Consortium des grandes compagnies d’assurances. Il devient alors l’actionnaire quasi unique56, le journal s’orientant de plus en plus à droite jusqu’à un accord avec le PSF en mars 1937. Le CFF domine aussi L’Ordre, L’Étoile belge, L’Indépendance belge, Le Moniteur des intérêts matériels et octroie des subventions à La Liberté de Camille Aymard et à L’Époque de Henry de Kerillis57. La volonté de s’opposer à tout mouvement pacifiste impose de dominer des journaux influents.

  • 58 D. Woronoff, François de Wendel, op. cit., p. 103-107.
  • 59 A. N. 189 AQ 108, cité in D. Woronoff, François de Wendel, op. cit., p. 107.
  • 60 Cf. L’article du Crapouillot, « les 200 familles », numéro spécial, mars 1936.

26Ces multiples interventions servent-elles efficacement les intérêts patronaux, particuliers ou généraux ? Par exemple, les prises de position de Wendel « pour une mesure de force » dans les décisions d’occuper la Ruhr ont-elles influencé le pouvoir en place58 ? Difficile de le dire. Ce n’est pas François de Wendel qui l’a dévoilé, préférant insister sur les attaques de la presse à son égard : « Ma qualité de président du Comité des Forges ne m’a jamais assuré le moindre traitement de faveur de la part des journaux qui passent à la caisse aussi bien de l’un que de l’autre Comité » répond-il, en 1932, à l’homme politique Louis Marin qui, lui, se lamente d’être victime de censure dans le Bulletin Quotidien59. Le patronat a-t-il les moyens d’inverser des courants d’opinion qui lui sont peu favorables ? Effectivement, des campagnes sont menées régulièrement contre lui : accusations contre le CFF après la Première Guerre mondiale pour avoir obtenu la renonciation au bombardement de Briey, campagne contre les 200 familles sous le Front populaire60, reproche permanent d’exportation des capitaux, d’intervention corruptrice dans la vie politique, etc. Même en contrôlant une partie de la presse d’opinion, le patronat éprouve des difficultés à rectifier cette image défavorable. Ses dirigeants jugent cet état d’esprit d’autant plus dangereux que des patrons mécontents, notamment les chefs des petites entreprises, peuvent profiter de ces griefs pour remettre en cause une organisation aux mains des grands patrons. Si se défendre est indispensable, l’ouverture de controverses avec l’adversaire est jugée incompatible avec le statut d’un groupe respectable. L’UIMM se contente le plus souvent de contre-attaques ponctuelles, ce qui ne réduit pas vraiment la méfiance d’une partie l’opinion. Néanmoins, si l’influence du patronat sur la presse ne parvient pas à changer véritablement son image dans l’opinion publique, elle contribue à peser sur les autres acteurs économiques.

Notes

1 C. Chambelland (dir), Le Musée social en son temps, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1998 ; J. R. Horne, Le Musée social. Les origines de l’État-Providence, Paris, Belin, 2004.

2 Tout ceci fournit la base d’une publication annuelle, L’Année sociale.

3 Bulletin du ministère du Travail, avril-juin 1922.

4 Puis sur le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale à partir de sa création en 1906.

5 Devenue en 1946 L’Usine nouvelle.

6 Claude-Joseph Gignoux prend la succession de Bernard-Précy en 1932 comme rédacteur en chef. Le président du Syndicat des producteurs et distributeurs d’énergie électrique et de l’Union des syndicats de l’électricité Henri Cahen préside jusqu’à son décès en 1937, puis est remplacé par Gignoux qui conserve son poste de rédacteur tout en étant président de la CGPF.

7 En 1924, les actions achetées sur les fonds de l’UIMM se sont élevées à 655. Le capital est porté à 5 000 000 F en 1925, à 7 500 000 F en 1933.

8 G. Kerouredan, Un aspect de l’organisation patronale au XXe siècle : l’Association Nationale d’Expansion Économique (décembre 1915-mars 1951), thèse de 3e cycle sous la direction de Jean Bouvier, Université de Paris I, 1980.

9 AUIMM. AWaline. Note de la Journée industrielle no 10 destinée à François-Poncet (1919).

10 D’après Villey (L’organisation professionnelle, op. cit., p. 113), la SEIE provient de la transformation du service spécial d’études du CFF. Il tient cette information de P. Bezard-Falgas, Les Syndicats patronaux de l’industrie métallurgique en France, thèse de doctorat en sciences politiques et économiques, Paris, 1922, p. 381.

11 Jusqu’en 1924, date à laquelle il se consacre à la carrière politique. Les administrateurs étaient Chaumeix, Grégoire, le Baron Thénard, Revillod, de Pressac.

12 Après le départ de François-Poncet, il devient le directeur de la Société. Ils sont de la même promotion (1907). Pierre Pucheu, Édouard Bonnefous, Gaston Palewski… font partie de l’équipe. Voir les nécrologies de François-Poncet, Mireaux, Pucheu dans l’Annuaire de l’Association amicale des anciens élèves de l’École Normale Supérieure.

13 H. Beuve-Méry est l’un des correspondants étrangers.

14 Annuaire de l’Association amicale des anciens élèves de l’École normale supérieure, 1971. Notice sur Mireaux (1885-1969) rédigée par François-Poncet, p. 32-41.

15 AUIMM. AWaline. Note sur L’Observation économique, 25 novembre 1930.

16 Ancien membre du Conseil d’État, secrétaire général de la Compagnie d’Orléans et du Comité de direction des réseaux de chemin de fer.

17 AUIMM. AWaline. « Observations sur la Société d’études et d’informations économiques », non signé, mais vraisemblablement de Lambert-Ribot, janvier 1932 ; « Quelques desiderata relatifs aux conditions de fonctionnement de la Société d’études » de Peschaud qui reprend en grande partie l’argumentaire de Lambert-Ribot qu’il lui a envoyé le 18 janvier 1932.

18 AUIMM. AWaline. Observations sur la Société d’études et d’Informations économiques.

19 AWaline. Lettre manuscrite non signée et non datée (mais vraisemblablement de 1931 ou 1932). « Par exemple ne pas ironiser sur le ridicule d’Herriot qui aime à se poser en martyr », « Observations sur la Société d’études », op. cit.

20 Il est également conseillé aux journalistes de ne pas signer de leurs noms des articles dans l’Ami du Peuple (le quotidien de François Coty) ou dans la République. AUIMM. AWaline. « Observations sur la Société d’études », op. cit.

21 AUIMM. AWaline. « Quelques desiderata relatifs », op. cit., p. 2.

22 Ibid., p. 6. Il y en a six : 1, politique coloniale, 2 et 3, politique commerciale (deux chroniques par mois), 4, politique financière et fiscale, 5 et 6, politique ouvrière et sociale (également deux chroniques). Des conseils sont également donnés pour la présentation matérielle : textes trop touffus, pas assez de sous-titres…, des papiers de couleurs différentes sont à adopter…

23 Lambert-Ribot n’hésite pas à donner des conseils précis aux journalistes : ne pas se contenter d’informations superficielles, dépouiller les revues techniques, présenter une bibliographie complète, « et consacrer de véritables études aux volumes qui en valent la peine, et cela dans la chronique ad hoc » (AUIMM. AWaline. « Observations sur la Société d’études », op. cit., p. 9).

24 Ibid., p. 4-5.

25 Lambert-Ribot suggère que le directeur et certains de ces collaborateurs assistent aux principales réunions des grands groupements. Ibid., p. 11.

26 Dont Peschaud est un membre actif, tout comme Lambert-Ribot.

27 AUIMM. CD du 17 octobre 1935.

28 Suspension de la Journée industrielle, de l’Observation économique, de la Revue Japon, de la Chronique des transports.

29 AUIMM. AWaline. Examen de la situation de la Société d’études et d’informations économiques, 21 novembre 1940.

30 É. Villey, L’organisation professionnelle, op. cit., p. 114.

31 C’est ce qu’affirme G. Lefranc, Les organisations patronales en France, Paris, Payot, 1976, p. 89.

32 P. Bezard-Falgas, Les syndicats patronaux de l’industrie métallurgique en France, thèse de doctorat en sciences politiques et économiques, Paris, 1922, p. 381.

33 Annuaire de l’Association amicale des anciens élèves de l’École normale supérieure, 1971, op. cit. Il fait référence au BQ et à la Journée industrielle.

34 AUIMM. CD du 17 avril 1928. Cette décision est prise à la suite de la Conférence faite par Maurice Fould sur l’organisation de la propagande pour le développement de la consommation des produits métallurgiques. Il semble ici s’agir de publicité plutôt que de véritable propagande, mais il est prévu que le rôle de la commission s’étende.

35 CAC, 39 AS 1002. Lettre à Villey du 20 juillet 1920. Sur cette presse : C. Malaval, Renault à la une : la presse d’entreprise Renault depuis 1945, Paris, Cliomédia, 1992, « L’histoire de l’entreprise à travers sa presse : organisation et développement de l’information », Entreprise et Histoire no 11, mars 1996, p 49-60. et La presse d’entreprise française au XXe siècle, Paris, Belin, 2001.

36 AUIMM. CD du 8 avril 1930.

37 AUIMM. AWaline. Relations entre employeurs et employés, 1932.

38 En 1932, seules quelques firmes métallurgiques sont citées : Le Matériel téléphonique, la Compagnie parisienne de distribution d’électricité, celle d’électricité de l’Ouest parisien, la Société des automobiles Peugeot, Alsthom. AUIMM. AWaline. Relations entre employeurs et employés, 1932.

39 Ibid.

40 J. Meynaud, op. cit., p. 176.

41 Cf. le programme de l’UIE du 3 avril adopté par l’AG du 7 avril 1919. AUIMM.

42 C’est le cas de Pralon, de Denain-Anzin, des dirigeants de Longwy, du Creusot, des de Wendel… qui ont augmenté leurs subventions à ce journal très lu par les politiques. Lettre du 16 juin 1905 à Émile Curicque, président des Aciéries de Micheville, in Carol Kent, Camille Cavallier and Pont-à-Mousson : an industrialist of the Third Republic, PhD thesis, St. Anthony’s College, Oxford, 1972, p. 319.

43 C. Kent, Camille Cavallier op. cit., p. 329.

44 G. Lefranc, Les organisations patronales, op. cit. p. 95, et surtout J.-N. Jeanneney, François de Wendel en République, op. cit., p. 355-363.

45 D. Woronoff, François de Wendel, op. cit., p. 102.

46 M. Martin, La presse régionale : des affiches aux grands quotidiens, Paris, Fayard, 2002.

47 Gérant des forges d’Eurville (Saint-Dizier), devenus les Établissements Marcellot (Haute-Marne).

48 Qu’il avait contribué à fonder en 1903. AUIMM. Brochure de M. de Hédouville sur J. Marcellot (1861-1953). Le Patriote, qui tire à 3 500 exemplaires, cesse de paraître en septembre 1914.

49 J.-M. Moine, op. cit., p. 264.

50 À la demande du Général Madelin. AUIMM. CD du 11 avril 1935.

51 P. Fridenson cite une lettre du directeur général de Peugeot, M. Jordan, à F. Lehideux du 4 septembre 1936, mentionnant la création d’une SA pour le commerce et l’industrie dans le département du Rhône finançant des organisations allant de l’Action Française à Doriot (A. N. 91 AQ 16). Histoire des usines Renault…, op. cit., p. 322.

52 AUIMM AWaline, Les Documents politiques, diplomatiques et financiers. Revue mensuelle d’informations et de documentation internationales de R. Mennevée, mars 1930, p. 101.

53 Ibid., p. 105.

54 J.-N. Jeanneney, François de Wendel, op. cit., p. 45-46,149.

55 J. Garrigues, Les patrons et la politique, op. cit., p. 143.

56 Archives de la Préfecture de police, dossier Le Temps, BA 1876. Rapport du 2 octobre 1934.

57 J. Garrigues, Les patrons et la politique, op. cit., p. 144.

58 D. Woronoff, François de Wendel, op. cit., p. 103-107.

59 A. N. 189 AQ 108, cité in D. Woronoff, François de Wendel, op. cit., p. 107.

60 Cf. L’article du Crapouillot, « les 200 familles », numéro spécial, mars 1936.

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