Naville créateur et animateur de revues
p. 100-114
Texte intégral

Archives privées de Véronique Nahoum-Grappe. Prise de vue réalisée par Nicolas Quenette, en septembre 2004.
1Dans ses Mémoires imparfaites Pierre Naville écrit au sujet de la production littéraire et intellectuelle que rien n’est autant sujet au vieillissement : cet énorme humus (livres, journaux, brochures, plaquettes, affiches) qui s’accumule avec une vitesse vertigineuse « après avoir connu la fraîcheur printanière, s’être opposé dans leur jaillissement, avoir miroité aux feux du jour, s’entassent comme un tapis de feuilles mortes […]. Combien sont rares les puissances symboliques qui surnageront quelque temps encore dans cet océan. »1 Sans doute, en écrivant cela, Naville pensait-il également à son œuvre personnelle, si foisonnante dans sa diversité. S’il est encore trop tôt pour dire, la concernant, ce qui restera dans le futur, on demeure impressionné par cette œuvre encore tout imprégnée des luttes et des mouvements de pensée qui ont marqué le xxe siècle. Elle nous semble constituer un puissant révélateur des enjeux philosophiques, scientifiques, artistiques et politiques qui ont marqué la vie sociale et intellectuelle d’un siècle traversé par les guerres et les révolutions.
2Ce qui frappe en premier lieu, c’est la dimension encyclopédique de l’œuvre, d’un esprit marqué par la philosophie des Lumières. À cet égard, il se peut que le baron d’Holbach ait représenté à ses yeux un modèle intellectuel2. « Il resterait beaucoup à dire », écrit Naville dans la présentation de l’ouvrage qu’il consacre au philosophe, « si l’on voulait examiner de près notre évolution scientifique et politique en regard des idéaux du xviiie siècle. Les contradictions qui prirent naissance à cette époque sont loin d’être épuisées : l’on peut même dire que c’est au xxe siècle qu’elles ont acquis leur insupportable acuité. »3 Il n’est pas jusqu’au portrait moral et intellectuel qu’il trace du baron qui ne fait penser à Naville lui-même : « Il était moralisant et vertueux, mais ses livres étaient au chevet des héros de Sade. […] Il tient un rang élevé dans la noblesse de cour récente, mais travaille aux plus minces besognes de l’édition : il traduit, vérifie, résume, commente, annote, recopie avec soin, avec patience inlassablement… »4. Un « combattant de premier rang », ajoute-il encore.
3S’il existe bien plusieurs vies de Pierre Naville, on discerne une ligne directrice dont les centres d’intérêts et les thèmes demeurent constants. La liste de ses ouvrages le montre avec évidence, il en est de même de l’énorme corpus de ses articles (au total près de 500 documents). Naville est d’abord et avant tout un homme de revue : toute sa vie il a maintenu son activité dans ce domaine, soit en fondant un périodique, (revue, journal, bulletin), comme directeur (La Révolution surréaliste, La Revue internationale, Bulletin d’orientation professionnelle, Épistémologie sociologique), membre actif d’un comité de rédaction (Tribune Marxiste, La Nouvelle revue marxiste) ou encore, comme simple collaborateur. Il ne saurait être question de rendre compte de la totalité de cette activité, tâche impossible dans le cadre de cet article. À travers le parcours qui le mène de L’Œuf dur à Épistémologie sociologique, nous voulons montrer que la revue est chez lui une respiration intellectuelle, qu’elle relève d’une conception où l’écriture et l’action ne sont jamais dissociées. L’intervention par l’écrit, dans le cadre de la revue, est conçue comme un acte militant, un moyen de rassembler et d’agir :
« Qu’est-ce qu’une revue ? Dans le vocabulaire des pratiques de librairie c’est la publication d’un périodique d’un recueil de textes entre lesquels se respire une certaine communauté d’idées, de sensations, d’intentions. La revue devient, à l’occasion, l’ossature, je n’ose dire le cœur, d’un mouvement littéraire, scientifique ou social. Elle se distingue du journal, qui vise nos réflexes quotidiens, nous provoque à chaque heure du jour, et recueille avec une même fréquence nos réponses et nos simulations. Bref, elle veut être une conscience plus élevée de la presse, cette arme que le xixe siècle européen et anglo-saxon a élevée au rang majeur de la direction des idées, des croyances et des actes »5.
4Pour Naville, il ne fait aucun doute que « diriger une revue, c’est déjà organiser l’embryon d’un mouvement (d’une amicale, d’une clique, d’un groupe d’affinité quelconque) »6.
De L’Œuf dur à La Révolution surréaliste
5Né dans une famille bourgeoise et genevoise, Pierre Naville hérite d’un habitus fortement imprégné de protestantisme et de rigueur morale. Il hérite également d’une vive sensibilité artistique et littéraire. Dès l’âge de quatorze ans il se dit athée. En 1917, à l’École alsacienne, il passe déjà pour être « le petit bolchevik » de l’établissement7. Grand lecteur, il est surtout friand de livres qui ne se trouveraient pas dans la bibliothèque paternelle, avide de tout ce qui pouvait l’éloigner des traditions familiales.
6C’est avec l’idée assez vague de faire une licence de philosophie qu’il s’inscrit à la Sorbonne en 1921. À cette époque, il rencontre Michel Collinet, Aimé Patri et d’autres qui le mettent en contact avec des idées et des événements qui n’avaient jamais pénétré son milieu familial. Sous les galeries de l’Odéon, dans les boîtes des bouquinistes, s’offre à lui un monde inconnu de petites revues littéraires d’avant-garde et les premiers brûlots dadaïstes : « Je trouvais cela extraordinaire, ça cassait tout, alors je me disais la philosophie, la Sorbonne, qu’est-ce que cela veut dire ? » confie-t-il à Véronique Grappe. Naville hésite encore sur le chemin à prendre :
« À dix-huit ans j’étais resté interdit devant les difficultés de faire le premier pas, dans mes actes comme dans mes pensées. M. Teste avait passé par là. Lafcadio lui-même, ce dandy un peu fade, songeait à s’en remettre au hasard de ses gestes les plus significatifs. Que faire ? »8
7Que faire sinon écrire ? Que faire sinon publier dans ces petites revues qui l’avaient fasciné par un ton et un langage nouveaux, à l’opposé du classicisme gidien. Le premier texte de Naville, « Florence et le Dôme », paraît dans le numéro 13 de L’Œuf dur, fondé deux ans auparavant par Gérard Rosenthal (Francis Gérard) avec ses amis Mathias Lübeck et Maurice David9. Cette revue, faite par de jeunes poètes tout juste âgés de dix-sept ans, avait trouvé le soutien de quelques aînés : André Salmon, Pierre Mac Orlan et surtout Max Jacob. Le choix du titre, banal et provocateur « témoignait – écrit Gérard Rosenthal – de notre désir de rompre avec les références lyriques, élégiaques, symbolistes ou romantiques […] telles qu’elles étaient généralement adoptées par les jeunes revues et de notre volonté d’entrer dans le vif du sujet »10.
8Entrer dans le vif du sujet, voilà qui faisait l’affaire de Naville. Il publiera dans L’Œuf dur des poèmes et des comptes rendus critiques dont Gide fera les frais. Dans le même temps, sa collaboration à La Revue européenne et à Paris Journal montre toute l’étendue et la diversité des intérêts qui sont alors les siens (Freud mais aussi Auguste Comte). C’est par l’intermédiaire d’Aragon, « agent recruteur » selon l’expression de Gérard Rosenthal, que la petite équipe de L’Œuf dur rejoint le groupe surréaliste à la fin de 1923.
9C’est l’instant où le mouvement qui a succédé à Dada affirme la volonté de briser le rationalisme étroit, vise à « une contestation absolue de la loi morale » et à un projet de « libérer l’homme par l’appel à la poésie, au rêve, au merveilleux, de promouvoir un nouvel ordre de valeurs ».
Couverture de L’Œuf dur no 13.

Fonds Naville, bibliothèque du CEDIAS-Musée social
10Naville s’engage dans cette aventure avec inquiétude et enthousiasme. Il est parmi ceux qui participent le plus activement avec Robert Desnos, J.-A. Boiffard et Benjamin Péret au projet de La Révolution surréaliste. La direction de la revue est confiée à Pierre Naville et Benjamin Péret qui « peuvent être tenus comme alors pour les plus intégralement animés du nouvel esprit et les plus rebelles à toutes compromissions »11. C’est Naville qui parvient à convaincre ses amis d’imiter, pour La Révolution surréaliste, la couverture austère de La Nature, une revue encyclopédique des sciences d’inspiration positiviste, afin de se démarquer du pullulement des brochures littéraires en vogue. Ne pas tomber dans le travers esthétique, provoquer un effet de surprise et une rupture, telles sont ses intentions. La nouvelle revue paraîtra avec une couver ture rouge orangée et avec la proclamation : « Il faut aboutir à une nouvelle déclaration des droits de l’homme ».
11En novembre 1924 le premier numéro de la revue est entièrement terminé. Dans ses mémoires, Naville fait le récit détaillé à Denise12 de ses allées et venues entre Paris et Alençon où est imprimée la revue : il rédige les dernières notes, corrige sur le marbre, surveille la mise en page. Travail ingrat et exténuant, mais on sent percer derrière le récit, la fierté et la satisfaction d’un projet mené à son terme. Enfin, le 16 décembre, il écrit : « Nous avons reçu les premiers exemplaires de la revue hier […] elle est assez bien, peut-être un peu trop calme… »13.
« Florence et le Dôme », poème de Pierre Naville publié dans L’Œuf dur, n ° 13.


Fonds Naville, bibliothèque du CEDIAS-Musée social
12Pour ce qui est du calme, on sait ce qu’il en est advenu : l’enquête sur le suicide, l’impulsion donnée par Artaud vont provoquer le scandale et la rupture avec l’ordre moral et celui de la littérature. Naville a beaucoup insisté sur le rôle d’Artaud dans les premiers numéros de La Révolution surréaliste. Artaud sommait d’attaquer : « De la fureur littéraire qui agitait le poignard brandi par Petrus Borel, nous passions à la volonté de chercher dans une révolution un objectif défini ailleurs que dans les livres »14.
13D’emblée, Naville donne à son activité, au sein du groupe surréaliste, un caractère militant : « Tout le monde n’était pas pratique dans notre milieu, et moi j’étais personnellement obligé de me consacrer beaucoup à ces tâches pratiques y compris à aller déposer la revue dans les kiosques à journaux et quelques librairies. Tout cela était une action militante que tout le monde ne remplissait pas convenablement ou dont beaucoup ne se souciaient pas du tout »15.
14Mais il y a aussi des divergences, des tensions et certainement des rivalités. Il se plaint par exemple de ne pouvoir faire ce qu’il veut dans la revue parce que Breton et Aragon « au nom de leur expérience et de leur sens critique, […] vous démontrent toujours qu’on a tort. » Et il ajoute : « Mais je pense que d’ici quelque temps je mènerai l’action que je voudrais ce qui ne sera pas sans dommage pour eux. On verra bien »16.
15À partir du numéro 4 de la revue, Breton en prend la direction, tandis que Naville – qui presse ses amis surréalistes de se positionner clairement sur le plan politique pour le communisme – part au service militaire, ce qui l’éloigne du groupe au moment où celui-ci se rapproche de Clarté. C’est donc sous l’uniforme qu’il adhère au Parti communiste, et que de retour à Paris, il rejoint le groupe des étudiants communistes pour s’occuper de L’Étudiant d’avant-garde. Désormais, le petit local de la rue Gracieuse où se réunit sa cellule lui devient plus essentiel que le café Cyrano. La lecture des œuvres de Lénine et de Trotsky, l’approfondissement théorique du marxisme, l’amènent à rédiger La Révolution et les intellectuels17 dans laquelle il invite les surréalistes à franchir comme lui le pas vers le communisme
De Clarté à La Lutte de classes : le combat de l’Opposition de gauche
16La collaboration de Naville à La Révolution surréaliste cesse avec le numéro 9-10 (1er octobre 1927) dans lequel est publié Mieux et moins bien, sa réponse à Légitime défense de Breton. Cette collaboration paraît au bout du compte assez mince sur le plan de la production littéraire et ne reflète sans doute pas son activité au sein du surréalisme. En fait, cette activité se situe déjà ailleurs, depuis juin 1926, où Marcel Fourrier l’a appelé à le rejoindre à la tête de Clarté qui avait cessé toute parution en janvier en attendant celle de La Guerre civile. Là, Naville semble être totalement dans son élément. C’est sous son influence que Clarté, revue culturelle, se transforme en une revue d’éducation politique. Tout en poursuivant la publication des textes de ses amis surréalistes (Aragon, Éluard, Desnos, Péret), il se livre à une critique sans merci contre le Jésus de Barbusse. Sous son impulsion, l’orientation de la revue prend une nouvelle direction : délaissant les questions littéraires, elle s’attache principalement à étudier les symptômes de la crise du monde capitaliste et s’ouvre à la lutte des peuples coloniaux, alors négligée par le Parti communiste français18.
17Le voyage en URSS de Pierre Naville et de Gérard Rosenthal en novembre 1927, pour le Xe anniversaire de la Révolution d’octobre, est un véritable tournant. Leur adhésion à l’Opposition de gauche achève la transformation de Clarté qui devient La Lutte de classes.
18De 1928 à 1939, Naville collaborera à toutes les publications de l’Opposition de gauche et de la IVe Internationale en France, dont il fut le principal animateur et responsable. Il est dans le noyau qui fonde La Vérité, en 1929, il assure le secrétariat de La Lutte de classes, qui devient la revue théorique de La Ligue communiste. Il sera également le responsable de La Lutte ouvrière, l’organe du Parti Ouvrier Internationaliste et de sa revue théorique Quatrième Internationale. Au total c’est plus de 300 articles qu’il réunira dans un recueil intitulé La lutte de classe en France19, une somme de documents éclairant, au jour le jour, les événements qui ont marqué l’entre-deux guerres et les transformations du capitalisme en France. On n’y trouvera aucun article consacré à l’art et à la littérature.
19De cette période Naville a rendu compte sans cacher qu’elle ne fut pas facile. Les revues militantes ne disposaient pas alors du luxe et du confort de maintes publications littéraires et scientifiques. Le public auquel elles s’adressaient n’était plus celui des artistes et des intellectuels, mais un public ouvrier qu’il s’agissait de convaincre et de gagner aux idées de l’Opposition de gauche. Cette époque correspond à une collaboration politique très étroite avec Léon Trotsky, jalonnée de crises, de ruptures et de réconciliations20. L’une des sources de conflit autre que les désaccords politiques – qui furent nombreux – tient justement à la manière de diriger un journal ou une revue militante. Trotsky se plaint constamment des faiblesses de l’organisation française et Naville se trouve souvent, en tant que responsable, la cible de violentes critiques. Jean Van Heijenoort, qui en a été le témoin, précise que :
« [Trotsky] avait un certain respect pour les qualités intellectuelles de Naville, mais il se plaignait de ses capacités d’organisation : on laissait traîner les publications, un bulletin intérieur, un bulletin international qui ne paraissaient pas ou bien il fallait attendre des semaines etc. Il ne sentait pas en Naville ni en Gérard Rosenthal cette volonté de faire les choses, de travailler qu’il pouvait trouver chez d’autres »21…
20Trotsky se plaint en effet de ne pas recevoir d’informations, par exemple sur le nombre des militants, d’abonnements et de numéros de La Vérité ou de La Lutte de classes vendus. Les expressions : « Péché intellectuel », « esprit journalistique », ou « petit-bourgeois » reviennent fréquemment sous sa plume :
« Quant à Naville, il ne faudrait pas oublier qu’avec toutes ses qualités positives prometteuses, il a appartenu à La Révolution surréaliste jusqu’en 1927, travaillé plus tard à Clarté […] Ce ne sont pas des reproches. Naville est très jeune, il vient d’un milieu bourgeois et se fait son chemin sans distractions ni inhibitions. Mais une éducation marxiste théorique n’est pas un substitut pour l’entraînement révolutionnaire dans un milieu prolétarien. »22
21Critiques sévères et même, comme le pensait Van Heijenoort, « exagérément violentes » mais cependant moins « grossièrement anti-navilliste » que l’entourage de Trotsky à Prinkipo. Pour en donner une idée, Jan Frankel gardait en haut d’une armoire deux numéros de La Révolution surréaliste pour les montrer aux nouveaux venus et « les vacciner contre Naville et pour mieux montrer les horreurs de son passé surréaliste »23.
22La fidélité de Naville à la personne et au programme de Léon Trotsky si elle était « fervente », n’en était pas pour autant aveugle :
« Quant aux arguments personnels, je n’appréciais guère la façon dont il en usait. Il lui était facile, du haut de sa personnalité, de m’écraser. Cela me navrait, mais ne modifiait pas mon point de vue »24.
23Alors que Naville aurait pu jouer un rôle actif dans la rencontre entre Trotsky et Breton, il restera sur la réserve : il suivra de loin la constitution de la Fédération internationale de l’art révolutionnaire indépendant, et il ne participera pas à la revue Clé. Quant à la FIARI il nous précisera :
« Je ne m’en suis absolument pas occupé. Ce sont Nadeau, Gérard Rosenthal, si je m’en souviens bien, qui s’en sont directement occupés au nom du POI. […] Dans l’ensemble, je ne m’intéressais guère à cette époque aux évolutions et mouvements des milieux intellectuels. C’était aussi l’époque où Trotsky était favorable à notre fusion avec le groupe de Marceau Pivert et, d’autre part, j’estimais que le grand problème était celui d’une guerre devenue inévitable. »25
La Revue Internationale : un projet culturel et encyclopédique
24L’assassinat de Trotsky qui coïncide avec la Seconde Guerre mondiale tourne définitivement une page de la vie de Naville. Tout doit être repensé : une nouvelle vie commence, autrement dit une nouvelle aventure intellectuelle. La révolution n’étant pas sortie de la guerre, il faut repenser l’héritage trotskyste et « inventer une nouvelle façon de militer »26. En 1945, il crée avec Charles Bettelheim et Gilles Martinet La Revue Internationale qui comptera vingt-sept numéros jusqu’en décembre 1951. On peut dire que c’est, parmi toutes les revues auxquelles Naville a participé, celle qui correspond le mieux à son caractère, à laquelle il se consacrera avec le plus de passion et de liberté.
25La revue est constituée en SARL, le 1er juin 1946, le capital est divisé en 60 parts de mille francs (60 000) réparties, à raison de dix parts par porteurs, entre Pierre Naville (gérant) Gilles Martinet (gérant) Maurice Nadeau, Charles Bettelheim, Pierre Bessaignet et David Rousset27. Les cinq premiers forment le comité de direction que rejoindront, à partir du numéro 12, David Rousset, Théo Bernard et Gérard Rosenthal. De sa fondation jusqu’en juillet 1947, la revue sera éditée par la SPIE (Éditions du Pavois) puis distribuée par Les Éditions de Minuit.
26La présentation du premier numéro de la revue indique que les idées dont les fondateurs s’inspireront sont celles du matérialisme dialectique. Elle revendique une orientation encyclopédique qui fut celle de Diderot comme celle de Hegel et se propose de traiter des sciences, de la philosophie et des arts et lettres. Elle fera une place importante à l’étude des faits, l’économie politique et l’histoire y seront à l’honneur. Les rédacteurs entendent réserver une place de choix aux lettres et aux arts mais ce n’est pas en « doctrinaires d’une esthétique » quelconque qu’ils tenteront de présenter les différents aspects de la vie artistique, littéraire ou culturelle de l’époque. Le premier numéro est sorti non sans peine mais, finalement, « la présentation extérieure est plutôt réussie et fait bonne impression partout »28. Il a été payé d’avance et compte déjà une centaine d’abonnés, ce qui est encourageant. Le sommaire s’ouvre sur des poèmes de Jacques Prévert. Charles Bettelheim traite de « La désagrégation économique de l’Europe », Jean Rostand de l’embryologie et l’évolution, tandis que Naville célèbre le cinquantenaire de la mort de Frédéric Engels.
27Si la vente au numéro connaît un relatif succès il n’en va pas de même pour le nombre des abonnés jugé trop faible29. Ceux-ci ne dépasseront guère la centaine et sont, pour la plupart, des intellectuels issus des professions libérales ou membres de l’enseignement30. Naville assume en fait, au sein d’un comité directeur, le rôle de rédacteur en chef sans en avoir le titre, du moins jusqu’au numéro 22. Selon Charles Delasnerie, il semble qu’il ait eu « toutes les peines à rassembler son monde », ce qui donne à la revue une périodicité élastique, certains numéros paraissant même sans réunions préparatoires. L’impression qui se dégageait « était la très forte personnalité de Pierre Naville, tout entier dévoué à “sa revue” alors que les autres membres, peut-être moins motivés […] laissaient faire, du moins jusqu’à un certain point de rupture idéologique »31. Fondée à l’origine sur un consensus, mais sans programme politique précis, il était inévitable que la revue soit traversée par des conflits intérieurs. Charles Delasnerie se souvient que ceux-ci étaient de deux ordres :
« d’abord des dissensions ponctuelles sur tel ou tel problème (Burnham, les méthodes de la guerre des partisans en Indochine, les rapports ou plutôt l’appréciation du rôle du Parti communiste d’alors). Ensuite, et peut-être d’une manière déterminante, la trop forte personnalité de P. Naville, omniprésent, omniscient, encyclopédique et “entier” dans ses opinions et jugements. »32
28Naville publiera dans La Revue Internationale plus d’une centaine d’articles (études, notices, critiques de livres). Ses thèmes de prédilection sont largement représentés : la guerre, la philosophie, les questions politiques. Nombre de notices et de comptes rendus sont signés de pseudonymes : Louis Rossel, Georges Sutter ou G. Sutor. Il renoue avec la littérature en consacrant des études à Henri Michaux et René Char, Diderot (signées Martin Roux).
29Après le départ de Pierre Bessaignet, et étant donné les divergences croissantes avec Charles Bettelheim au sujet de la nature de l’URSS, la revue cesse de paraître en décembre 1951.
La revue : un laboratoire pour la pensée et l’action
30Parmi toutes les revues que Naville a animées ou dirigées, La Revue Internationale occupe sans aucun doute une place exceptionnelle, sinon unique, par son ambition et sa dimension encyclopédique, réunissant toutes les disciplines. On peut en effet, comme le souligne Pierre Rolle, interroger l’œuvre de Naville à partir « des tensions et des polarités qu’il étudiait dans leurs oppositions et dans leur convergence »33. Cependant, si Naville admettait les particularismes des disciplines, c’était sans jamais ignorer que toutes « doivent collaborer à une science générale et en faisant toujours en sorte que la structure même de la science corresponde à la structure de l’action collective »34. Chez Naville nous voyons que la revue est un laboratoire d’idées, le creuset où circulent et se confrontent les théories et les outils méthodologiques. Elle est le lieu géométrique où se croisent les archipels du savoir au service d’une action.
31Nous pouvons vérifier cette conception à travers deux types de revues : les revues scientifiques (Bulletin d’orientation professionnelle, Épistémologie sociologique) et les revues politiques (Tribune marxiste et La Nouvelle Revue marxiste).
32Naville après avoir suivi en 1939-1940 des cours à l’Institut national d’orientation professionnelle (INOP), exercera pendant deux ans la fonction de conseiller d’orientation à Agen35. En avril 1943, Jean Beaussier, qu’il a connu à La Ligue communiste, fait appel à lui pour « participer à la constitution d’une Association unique des conseillers d’orientation sur des bases saines »36 et sollicite son aide pour relancer le Bulletin dont il a la responsabilité. Il y collabore dès le deuxième numéro (décembre 1943) et en devient, l’année suivante, le directeur de publication. L’éditorial du numéro 4, non signé mais rédigé par Naville, donne le ton et l’orientation du Bulletin : « Les véritables représentants de la Science n’ont jamais désespéré pendant ces quatre années noires, l’esprit de recherche libre et laïque ne s’est pas éteint ». Le groupement professionnel des conseillers d’orientation voit s’ouvrir devant lui un champ d’action nouveau et son Bulletin doit devenir l’instrument de cette action par une périodicité régulière, offrant des études, des informations, des analyses et en renouant avec des relations internationales : « Les échanges de documentation et d’idées vont reprendre. La vérité scientifique, qui est internationale, pourra alors prendre sa vraie figure »37. Le Bulletin fera appel à la collaboration de P. Chauchard, D. Lagache, A. Leroi-Gourhan, H. Piéron, H. Wallon, R. Zazzo. Naville y publie lui-même quatre articles et de nombreux comptes rendus. Cependant, les théories développées par Naville sur l’orientation professionnelle inspirées du béhaviorisme ne sont pas unanimement partagées et sont même critiquées par Henri Piéron, ce qui lui vaut d’être écarté de l’INOP. Il n’en poursuivra pas moins ses recherches dans ce domaine qui seront publiées dans la Revue de psychologie grâce à l’appui d’Henri Wallon38.
33C’est en 1964 que paraît Épistémologie sociologique, organe du Groupe épistémologique que dirige Naville et qui rassemble entre autres chercheurs : Raymond Boudon, François Isambert, Haroun Jamous, Marcel Jollivet, Jacques Maitre, Pierre Rolle. Le groupe se réunit mensuellement et, dès ses premières séances, Naville en fixe le cap : il n’est pas question de se limiter au cercle initial mais il faut entrer en relation avec d’autres centres comme par exemple le Centre d’épistémologie génétique de Piaget39. À l’ordre du jour : l’organisation d’un colloque du CNRS et la préparation d’un lexique de vocabulaire sociologique. Épistémologie sociologique est un bulletin semestriel, d’abord publié sous forme de fascicules tirés en offset qui sont rassemblés en volumes annuels. La revue comptera seize numéros jusqu’en 197340.
34L’investissement de Naville dans le domaine politique, qui le conduit du trotskysme au PSU, est considérable et l’amène à collaborer à un très grand nombre de périodiques. Il faut distinguer cependant, comme il l’a toujours fait, la revue du journal ou encore de la feuille politique. Nous retiendrons deux revues liées à la crise qui traverse le mouvement ouvrier à partir de la révolution hongroise.
35Tribune marxiste (1957-1960), tout d’abord, voit le jour en octobre à l’initiative d’un groupe de jeunes intellectuels issus du trotskysme autour de Marcel Favre-Bleibtreu qui en est le principal animateur. Elle n’est pas l’organe d’un parti ou d’une tendance particulière, son objectif est de devenir « le lieu de confrontation des courants révolutionnaires qui se manifestent en ordre dispersé dans le mouvement communiste organisé »41. Elle s’associe à des militants en rupture avec le Parti communiste comme Gérard Spitzer, Gérard Suberville, Denise Guillaume et accueille des contributions de Claude Bourdet, Daniel Guérin et Edgar Morin. Si Naville ne fait pas partie du cercle restreint de la revue, il participe néanmoins de manière assez active à son comité de rédaction42.
36Il en va tout autrement de La Nouvelle revue marxiste (juin 1961-avril 1962) dont l’ambition est de rassembler des recherches et confrontations sur les problèmes scientifiques et culturels dans un contexte de crise de la pensée socialiste dominée par le dogmatisme et le pragmatisme. La revue regroupe des vétérans du mouvement ouvrier comme Alfred Rosmer et Maurice Dommanget, des militants issus du Parti socialiste ou du Parti communiste à différents stades de sa crise. La revue est dirigée par un comité de rédaction de neuf membres, la plupart liés au PSU, et de trois directeurs responsables : Marcel Favre-Bleibtreu, Pierre Naville et Oreste Rosenfeld. C’est Naville lui-même qui a insisté pour mettre en place ce trio, étant donné l’impossibilité de faire fonctionner un collège permanent de neuf membres et devant le risque de voir le projet s’enliser43. C’est Naville qui représentera La Nouvelle revue marxiste à la « Conférence sur la coopération internationale des revues et périodiques socialistes » en mai 1961. Il se prononce pour une coordination formelle et non institutionnelle. Il précise que La Nouvelle revue marxiste est « ouverte à n’importe quelle influence, dans ses recherches et c’est parfois des publications et des groupes répudiant l’étiquette de marxiste qui apportent le plus de nouveauté dans l’analyse »44.
37Il resterait à apprécier l’étendue et la diversité des revues et périodiques français et internationaux auxquels Naville a contribué, de manière épisodique ou régulière, sans en être l’animateur. Une telle étude, portant sur des publications nombreuses et aussi diverses que Enfance, la Revue française de sociologie, Critique, Les Cahiers du sud, pour ne citer que celles-ci, nécessiterait une recension exhaustive et thématique, qui déborderait largement notre propos45.
38Olivier Corpet a écrit que « la caractéristique première, fondamentale de la revue, c’est d’être l’expression d’une passion »46 et même, parfois, de la passion d’un seul individu s’identifiant à une revue. L’attitude de Pierre Naville lui donne incontestablement raison. Cette passion de la revue l’amène à faire corps avec elle : il aime cette atmosphère particulière des locaux d’imprimerie, travailler à la correction des textes « tout chauds sortis de la linotype » dans le « vacarme saturnien » des machines47. De façon significative, dans le dialogue qui ouvre Les conditions de la liberté, il affirme : « … qu’est-ce que dire, ou écrire ? c’est faire, vous le savez. Avant l’être et l’avoir, il y a le faire, qui est peut-être d’abord : s’exprimer. Ou plutôt, tout cela marche ensemble »48.
39Dans tous les domaines de son activité intellectuelle : littéraire, scientifique et politique, Naville s’est constamment appuyé sur des publications : revues, bulletins, journaux. Chez lui, l’activité intellectuelle est inséparable de l’action : elle suppose un rassemblement d’hommes, un échange et une circulation d’idées permanents dont la revue est le lieu privilégié. La revue est un laboratoire d’idées, une entreprise encyclopédique, ouverte sur le monde pour le comprendre et aider à sa transformation.
Notes de bas de page
1 Pierre Naville, Mémoires imparfaites. Le temps des guerres, Paris, La Découverte, 1987, p. 109.
2 Sur Naville et D’Holbach, voir : Anne Simonin, infra, p. 183-199.
3 Pierre Naville, Paul Thiry D’Holbach et la philosophie scientifique au xviiie siècle, Paris, Gallimard, 1943, p. 8.
4 Ibid., p. 12
5 Pierre Naville, Le Temps du surréel. L’Espérance mathématique, I, Paris, Éditions Galilée, 1977, p. 99.
6 Ibid.
7 Archives Pierre Naville, Bibliothèque du CEDIAS-Musée social, Paris [abrégées par la suite en APN], Entretien de Pierre Naville avec Véronique Grappe, « Autres temps, autres mœurs », 1978. Voir infra p. 374-429.
8 Pierre Naville, Le Temps du surréel…, op. cit., p. 114.
9 Voir également, Norbert Bandier, supra, p. 65-80.
10 Gérard Rosenthal, Avocat de Trotsky, Paris, Robert Laffont, 1975, p. 33.
11 André Breton, Entretiens, in Œuvres complètes, III, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1999, p. 294.
12 Denise, née Kahn, est alors mariée au docteur Georges Lévy. Elle deviendra Denise Naville. Sur elle, voir Isabelle Kalinowski, supra, p. 51-63.
13 Pierre Naville, Le Temps du surréel…, op. cit., p. 105.
14 Pierre Naville, « Introduction », La Révolution et les intellectuels, Paris, Gallimard, coll. « Idées », nouv. éd. revue et augmentée, 1975, p. 19.
15 APN, Entretien de Pierre Naville avec Véronique Grappe. Voir infra, p. 374-429.
16 APN, Dossier XXV : P. Naville à D. Kahn, février 1925. Pierre Naville, Le Temps du surréel…, op. cit., p. 279.
17 Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels. (Que peuvent faire les surréalistes ?), (1926) ; Mieux et moins bien (1927), Paris, Gallimard, 1927, 148 p.
18 Nicole Racine, « Une revue d’intellectuels communistes dans les années vingt : Clarté (1921-1928) », Revue française de science politique, no 3, juin 1967, p. 484-519.
19 Pierre Naville, L’Entre-Deux-Guerres. La lutte des classes en France, 1926-1939, Paris, Études et Documentation Internationales, 1975, 324 p.
20 Voir aussi à ce propos, Jean-Jacques Marie, supra, p. 83-99.
21 Entretien de Jean Van Heijenoort avec Gérard Roche, 30 octobre 1977.
22 Trotsky, « La crise française », lettre à Max Shachtman, 25 novembre 1930. Exiles papers, Houghton Library, Harvard College Library (10285).
23 Entretien de Jean Van Heijenoort avec Gérard Roche, 30 octobre 1977, et Sept ans auprès de Léon Trotsky, Paris, Les Lettres Nouvelles/Maurice Nadeau, 1978, p. 46.
24 Pierre Naville, Mémoires imparfaites…, op. cit., p. 71.
25 Archives Gérard Roche, Lettre de Pierre Naville à Gérard Roche, 26 mai 1988. Il existe un double de cette lettre dans les archives Pierre Naville.
26 Pierre Naville, « Du surréalisme à l’art de la guerre », Le Monde, 28 mars 1982.
27 Une nouvelle répartition interviendra le 30 janvier 1948 entre Naville (30 parts), Martinet (20 parts) et Bessaignet (10 parts).
28 APN, Dossier 2, P. Naville à P. Bessaignet, 7 décembre 1945.
29 La situation administrative et financière est jugée satisfaisante avec un plafond de diffusion et de vente atteignant 3500 exemplaires (APN, « Rapport à la réunion du comité de direction », 7 décembre 1946). D’après notre estimation, la revue ne comptera guère plus d’une centaine d’abonnés avec un record de 170 abonnés pour l’année 1950 (APN, « Livre de compte de la Revue Internationale »).
30 D’après Charles Delasnerie. Ce dernier, collaborateur occasionnel de la revue, devient son secrétaire de rédaction en janvier 1947 sur la recommandation de Gilles Martinet. Il quitte ce poste en mars 1948 « pour compression de personnel » (Charles Delasnerie : APN, « Éléments de réponse à Pierre Fortin »).
31 Ibid.
32 Ibid.
33 Pierre Rolle, « Les logiques de la découverte et celles de l’action », in Naville, la passion de la connaissance (textes réunis par Michel Eliard), Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1996, p. 69.
34 Ibid., p. 74.
35 Voir Odile Henry, infra, p. 227-246.
36 APN, J. Beaussier à P. Naville le 10 avril 1943. Ancien militant de la Ligue communiste et du POI, Jean Beaussier, conseiller d’orientation à Perpignan, devait jouer un rôle éminent dans la Résistance et à la Libération dans cette région.
37 « À nos lecteurs », Bulletin d’orientation professionnelle, no 4, octobre 1944.
38 Lucie Tanguy, « Pierre Naville, 1942-1960 : une sociologie des relations », in Naville, la passion de la connaissance, op. cit., p. 57. Sur les rapports de Naville avec Henri Wallon, cf. Frédérique Matonti, infra, p. 143-153.
39 APN, Réunion du groupe « Épistémologie Sociologique » du 26 novembre 1963, compte rendu dactylographié.
40 Les fascicules 1 à 5, de 1964 à 1967, furent réunis en un volume en 1970. À partir du no 13 Pierre Naville en est le directeur, Pierre Rolle le rédacteur en chef, et le comité de rédaction est composé de Georges Benguigui, Catherine Levy, Jacques Maho, Gaby Netchine, Robert Pages, Pierre Rolle.
41 « Avertissement », Tribune marxiste, no 1, octobre 1957.
42 Entretien avec Denise Guillaume, février 2005. Le numéro 9 (3e trimestre 1960) indique la composition du comité de rédaction : Marcel Favre-Bleitreu, André Calvès, Yvan Craipeau, Jacques Danos, Denise Guillaume, Michel Lequenne, K. Landon, André Moreau, Edgar Morin, Pierre Naville, Njo-San Kounde, Alfred Rosmer, A. Roux, Gérard Spitzer, Gérard Suberville, Jean Verger, Jean-Marie Vincent, J. Weil, Serge Weinstock, Lucien Weitz.
43 APN, P. Naville à M. Favre-Beibtreu, le 31 décembre 1960. Le comité de rédaction était composé de : F. Chatelet, R. Cheramy, M. Favre-Bleibtreu, H. Lefevre, A. Moreau, P. Naville, G. Pivert, J. Poperen, O. Rosenfeld.
44 APN, Procès verbal de la « Conférence sur la coopération internationale des revues et périodiques socialistes », tenue du 27 au 28 mai 1961 à l’Institut Imre Nagy de Sciences politiques.
45 En complément de cet article, on pourra également lire le texte de Gilles Vergnon, infra, p. 115-125.
46 Olivier Corpet, « Les revues », Encyclopédia Universalis.
47 Pierre Naville, « Questions et réponses », in Les conditions de la Liberté, Paris, Éditions du Sagittaire, 1946.
48 Ibid., p. 18.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les entrepreneurs du coton
Innovation et développement économique (France du Nord, 1700-1830)
Mohamed Kasdi
2014
Les Houillères entre l’État, le marché et la société
Les territoires de la résilience (xviiie - xxie siècles)
Sylvie Aprile, Matthieu de Oliveira, Béatrice Touchelay et al. (dir.)
2015
Les Écoles dans la guerre
Acteurs et institutions éducatives dans les tourmentes guerrières (xviie-xxe siècles)
Jean-François Condette (dir.)
2014
Europe de papier
Projets européens au xixe siècle
Sylvie Aprile, Cristina Cassina, Philippe Darriulat et al. (dir.)
2015