Conclusion

1Thibaudet, hospitalisé dans une clinique à Genève, est opéré au début du mois de mars 1936 d’un nævus infecté. « Opération longue et pénible », commente Paulhan, chroniqueur des dernières semaines du critique. « L’on craignait et je ne suis pas sûr que l’on ait cessé de craindre un cancer de la face1 ». Effectivement, un cancer, parti de la tache qu’il avait à la joue, gagne en quelques semaines le cœur et les poumons ; puis, le côté gauche est paralysé. Les nouvelles sont mauvaises, écrit le directeur de La NRF à Gallimard : « Les médecins le croient perdu. Il ne souffre pas, mais il a dit avant-hier à Bopp : ‘Je vais disparaître’2.»

2Thibaudet meurt à Genève le 16 avril 1936, à l’âge de 62 ans. Il a eu « une des plus belles fins qui se puissent rêver : sans souffrances, et quinze jours pour réfléchir à sa mort », rapporte Paulhan3. D’après Bopp qui le veillait, il a reçu à sa demande l’assistance d’un prêtre et déclaré à l’abbé qui lui administra l’extrême-onction : « J’ai toujours été un catholique croyant. Il ne faut jamais oublier de tenir sa lampe allumée…4 » Il est enterré le 20 avril à Tournus. Les cordons du poêle sont tenus par le maire de Tournus, le recteur de l’Université de Genève, le doyen de la Faculté des Lettres de Genève et par Paulhan. Ce dernier rapporte que si toute l’Université de Genève et quelques sociétés locales sont présentes aux obsèques, il semble le seul à être venu de Paris5. « C’est une grande perte pour les Lettres françaises », écrit Gide de façon conventionnelle6. La solitude de Thibaudet est, une nouvelle fois, avérée. Une fois de plus, il est un outsider.

3Paulhan part pour Genève, puis pour Tournus, classer les documents, brouillons et ébauches que le critique a laissés ; il trouve dans un grand désordre des papiers divers, des lettres, des coupons, des coupures, des actions ; il cherche, en vain, un journal que le critique aurait pu tenir, comme Amiel, et garde par-devers lui divers textes7. Échappent à sa quête deux manuscrits inédits : Le Dialogue socratique et les carnets de guerre, conservés par la Société des Amis des Arts et des Sciences de Tournus. Exécuteur testamentaire avec Bopp, il établit l’édition de l’Histoire de la littérature française. Il rassure Gallimard qui s’inquiète de voir partir chez Stock le manuscrit qu’il prépare : « nous avons intérêt à ce qu’une histoire où il est longuement question de La NRF et de ses auteurs paraisse ailleurs […]. Et d’ailleurs Thibaudet, si elle eût dû paraître chez nous, aurait (tel que nous le connaissons) fortement réduit la part faite à nos auteurs8.»

4La vente de la maison qu’habitait Albert Thibaudet à Tournus se fait dès le 26 septembre, à la demande du frère cadet qui veut une liquidation rapide9. Le lendemain, le mobilier est vendu dans la cour de la maison. Il se compose notamment de « nombreuses bibliothèques, rayonnages, glaces, bureaux. Statue pierre équestre Louis XV représentant Mademoiselle de La Vallière en Marie-Magdeleine (provenant du Couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques à Paris). Table, canapé Empire, sièges, coffres, tapis, bibelots, commodes, vaisselle, objets de ménage. Casiers à bouteilles, environ 500 bouteilles de vin blanc et 175 bouteilles de vin rouge. Et quantité d’autres objets. » À l’Hôtel Drouot, en février 1937, se tient la vente des livres du critique, soit 758 titres, d’Alfieri à Villon10. Comme un journaliste de Candide a qualifié Thibaudet de « Père Grandet de la littérature », le frère cadet exige un rectificatif pour corriger cette image du provincial méthodiquement avare : « Même en y ajoutant le prix de vente de sa bibliothèque, écrit-il à Paulhan, la succession d’Albert Thibaudet n’enrichira ni ses neveux, ni sa vieille mère octogénaire, ni non plus (j’allais l’oublier !), son principal héritier : le fisc11.»

5Après discussion, La NRF confie à Schlumberger, pour un an, la succession du critique. Paulhan souhaite qu’Arland ait désormais une place régulière dans la revue et propose à Suarès de donner une note mensuelle12. Dans l’immédiat, il prépare le numéro de juillet. Ce numéro d’hommage à Thibaudet, particulièrement copieux puisqu’il compte 260 pages quand les exemplaires habituels oscillent entre 160 et 192 pages, s’ouvre avec les signatures prestigieuses de Valéry et de Bergson ; un article de Bopp précède les contributions d’Alain, de Fernandez, Morand, Curtius, Maurois, Fargue, Crémieux, Royère, Schlumberger, Thérive, Halévy. Trois importantes signatures manquent : celle de son adversaire Benda, — dont l’absence ne surprend pas —, celle de Maurras et celle de Gide. Comme Maurras a promis un article sur Thibaudet provençalisant, le directeur de La NRF lui réserve cinq pages et réitère à trois reprises sa demande13. Mais aucun article du doctrinaire de l’Action française — qui vient d’être condamné pour provocation au meurtre — ne figure au sommaire. Michel Arnauld est également absent à ce rendez-vous, ce qui ne manque pas d’inquiéter Paulhan pour les futurs numéros. Quant à Gide, tout occupé de son prochain départ pour la Russie, il ne donne rien, lui non plus. Il confie à Paulhan qu’il répugne à ce genre d’articles, nécrologiques ou commémoratifs, et qu’il ne trouve rien à dire de particulier sur Thibaudet ; il déplore cependant de ne pas l’avoir connu davantage : « Aucune ombre dans le souvenir qu’il [lui] laisse ; rien que de cordial, de généreux, de chaleureux…14 »

6La mémoire de Thibaudet est saluée dans la presse. Ainsi dans Le Temps, par André Thérive, pour qui cet « intellectuel voluptueux », « dilettante bourreau de travail », « était un des rares Européens dignes de ce titre […et…] un des derniers Français libéraux15 ». Robert Brasillach écrit dans l’Action française :

« La culture, le savoir allègre, la curiosité encyclopédique d’un Albert Thibaudet ne peuvent guère trouver d’équivalence. Un homme qui semble avoir tout lu et tout retenu, et qui parlait de Thucydide avec la familiarité qu’il mettait à évoquer Paul Valéry, un homme qui vivait de plain-pied avec tous les siècles et toutes les formes de la beauté, je crois bien, hélas ! que c’est un exemplaire d’homme qui va devenir assez rare16.»

7Ce type d’homme est rare, en effet. Car « Thibaudet le juste17 », comme l’appelle Mauriac, figure une pointe extrême de la culture française et se révèle un incomparable agent de liaison entre littérature, histoire et philosophie. Cet homme de l’écrit, qui bénéficie d’abord d’« une renommée à tirage restreint » au sein de La NRF, multiplie ses collaborations à de nombreux périodiques après la Grande Guerre ; il est bien représentatif des changements qui interviennent dans le monde de la presse et de l’édition18. Son œuvre, toutefois, est tombée dans un oubli relatif, malgré quelques essais brillants ou quelques études solides comme Les Princes lorrains, La République des Professeurs, Les Idées politiques de la France. Bien que Valéry eût observé que personne n’avait été plus doué que Thibaudet « pour l’art de créer des perspectives dans l’énorme forêt des Lettres19 », force est de constater qu’il n’a pas aujourd’hui la notoriété, la fortune d’un Sainte-Beuve ou d’un Lanson ; il n’est pas — pour l’heure ? — de ces « gloires à retardement » qu’il évoque dans « Épilogue à la Poésie de Stéphane Mallarmé ».

8Il est vrai que son œuvre, fragmentée, dispersée dans La NRF comme dans de nombreux périodiques, fait rarement système et, par là même, ne donne pas une impression d’extrême cohérence. Il faut, comme le dit Bergson, mettre bout à bout les analyses pour avoir l’idée la plus complète du talent de l’auteur20. Le désir qu’a Thibaudet de ne pas être pris au sérieux, sa « tendance à remplacer l’argumentation par des analogies familières21 », le mouvement essentiellement excentrique et le caractère vagabond de sa critique littéraire22 peuvent aujourd’hui surprendre ou, parfois même, irriter. L’ampleur de ses connaissances, la diversité de ses talents, la forme de dilettantisme savant qu’il affectionne peuvent constituer autant d’obstacles pour accéder à son œuvre. En dépit de l’acuité de ses analyses et de son sens de la formule, la manière, le style même de l’auteur sont aussi de nature à rebuter, par leur caractère de vol en spirale qui laisse au lecteur « le soin et le souci de la synthèse terminale23 ».

9Thibaudet est le premier à reconnaître qu’il ne tranche guère : « Je suis l’homme des balances, écrit-il, et en critique, comme ailleurs, je me sers inhabilement du glaive24. » Avec une bonhomie souriante et une bienveillance constante, il avoue refuser de choisir à cause de son « bilatéralisme impénitent25 » et Guéhenno note qu’il ne conclut jamais26. Cet esprit œcuménique, pour qui tout a une raison d’être, incline au scepticisme, accepte le statu quo et le fait accompli. Son refus de s’engager, son sentiment des coexistences nécessaires font de lui un relativiste, très « juste milieu », équidistant des extrêmes qu’il méconnaît souvent27. Ce libéral est un « esprit mitoyen », comme le dit Fernandez, désireux de « rejoindre en esprit les deux moitiés28 ».

10Au premier abord, le critique présente l’image du Bourguignon érudit et grand liseur, gourmet et gourmand, animé par la joie de vivre. Cet homme, en apparence éminemment sociable comme la littérature qu’il donne à aimer, est en fait un solitaire, indépendant et marginal à La NRF comme dans l’Université. Il a pour domaine d’élection le monde des idées et répond à la définition qu’il donne de l’idéalisme, qui consiste « à faire des idées avec les choses, à oblitérer la réalité sensible, physique, visible ou pensante pour en garder seulement un signe, pour la retirer toute en une idée29 ». Il se place constamment du point de vue de Sirius, comme le dit un personnage des Princes lorrains30. Jugeant tout à distance, sans cesse il interpose la médiation de sa culture entre le monde et lui.

11Le critique littéraire et l’essayiste politique ne font qu’un chez lui. Dialoguant avec les romanciers de son temps, il ambitionne de réaliser une critique créatrice. Comme d’autres penseurs du xix^e siècle, il a « mis des rallonges importantes de critique politique à [sa] critique littéraire31 », faisant preuve d’une même intelligence compréhensive dans l’un et l’autre ordre. Mais l’intérêt croissant qu’il porte à la vie politique ne le conduit pas à une intervention publique, au contraire de quelques-uns de ses contemporains qui sont aussi des hommes de culture. Il est constamment en retrait et demeure un spectateur, jamais un sectateur. Là réside aussi peut-être une des raisons pour lesquelles ses écrits ont eu longtemps peu d’écho.

12Son histoire personnelle, ses sympathies le portent, on l’a vu, vers le radicalisme. Mais Thibaudet, radicalisant du dehors en quelque sorte, rend bien compte de l’épuisement idéologique et de l’impuissance politique de cette famille qu’il connaît depuis sa jeunesse. Dans le même temps, ce disciple de Bergson, — sans doute moins bergsonien que dualiste —, manifeste aussi un grand intérêt pour Maurras et pour Barrès. Il voit s’achever à peu près en même temps deux cycles commencés au moment du Cartel des gauches. Dans le domaine de la politique extérieure, le 11 mai 1924 provoque l’abandon de la politique rhénane et amorce une ère de coopération sur le continent. L’européiste Thibaudet est vite déçu ; l’arrivée de Hitler met fin à des espérances déjà entamées par la faiblesse de la Société des Nations. En politique intérieure, le 6 février 1934 est aussi un tournant : « un spatium nouveau d’après-guerre vient de commencer32 », écrit-il alors. De fait, sa grille d’analyse s’avère moins bien rendre compte du présent que du passé. Le critique, quarante ans en 1914, cinquante au temps du Cartel des gauches, est un homme qui, par son âge et ses préoccupations, sa culture et sa manière, semble pouvoir mieux mettre en perspective l’histoire déjà accomplie que comprendre celle qui est en train de se faire.

13À qui s’intéresse aux rapports de la littérature et de l’histoire, de la culture et de la politique, Thibaudet paraît aujourd’hui nécessaire. Dans le domaine littéraire tout d’abord, sa modernité est patente et nombre de ses réflexions paraissent toujours pertinentes. Ainsi, celle sur le romancier authentique, qui « crée ses personnages avec les directions infinies de sa vie possible ». Ou celle de son Gustave Flaubert : « L’autobiographie, c’est l’art de ceux qui ne sont pas artistes, le roman de ceux qui ne sont pas romanciers33 », qui alimente l’étude des spécialistes du genre. En outre, l’ancien professeur à Genève sert de point de départ, de mythe d’origine à l’école suisse de la critique, illustrée par Georges Poulet, Jean-Pierre Richard, Jean Starobinski, Albert Béguin ou Jean Rousset34.

14Mauriac note justement que Thibaudet, comme les nouveaux critiques de la première NRF — Rivière, Fernandez, Du Bos —, n’appartient pas « à une autre race que [ses] aînés Lanson ou Brunetière35 ». S’il a une liberté surprenante d’appréciation, précise Maurice Blanchot, il conserve des habitudes de pensée conformes à un héritage universitaire36 ; il demeure un classique, attaché à la tradition, préférant le déjà fait au se faisant. Il est inutile de faire dire à sa critique plus ou autre chose que ce qu’elle présente. Celle-ci, montre Gérard Genette, n’est pas « la détermination précise de ce qu’est une œuvre prise pour elle-même, dans sa singularité close et irréductible ». En ce sens, cette méthode — ou cette absence de méthode — est à l’évidence dépassée. Mais, ajoute l’auteur de Figures, si l’on cherche « une intuition totale et omniprésente de ce que Blanchot nomme ‘ l’infini littéraire’, alors Thibaudet redevient singulièrement proche, et son œuvre apparaît comme une des créations significatives de ce siècle37. » Loin d’un formalisme structuraliste, le critique retrouve une actualité avec la « réhistoricisation » du littéraire. Le projet qu’avait Gustave Lanson de rapprocher l’histoire littéraire et l’histoire reprend des couleurs, et le vœu que formait Lucien Febvre, contre Daniel Mornet et son Histoire de la littérature classique, ne semble plus tout à fait un horizon lointain. Comme l’écrit l’auteur des Combats pour l’histoire, « il faut reprendre la marche. Qui n’est pas le piétinement38.»

15Demeurent pertinentes les observations de Thibaudet sur la guerre et ses réflexions sur l’Europe comme ses analyses des idées et de la vie politique française. Mais c’est dans les domaines d’une histoire politique renouvelée et d’une histoire culturelle en son essor que ses apports sont les plus sensibles, même si on ne trouve chez lui ni de géographie ni de sociologie électorale systématiques ; pas non plus de recherches concernant l’évolution de l’opinion ou d’interprétation du vote en tant que phénomène social. Si la postérité de Siegfried est patente et revendiquée, celle de Thibaudet ne l’est guère chez les historiens et chez les politistes. « Quand M. Siegfried publia avant la guerre son Tableau politique de la France de l’Ouest, précise le critique en 1935, il ne trouva aucun écho39 », ce que confirme bien plus tard Pierre Favre : pendant longtemps, ce premier Tableau n’a pas plus rencontré de public que de continuité dans la réflexion de son auteur. Quant au Tableau des Partis politiques de 1930, il a paru relever de la catégorie de l’essai ou de la chronique journalistique40. Si le critique de La NRF n’apparaît pas, à l’instar de son prédécesseur41, comme une figure tutélaire de la science politique, si la postérité de La République des Professeurs ou des Idées politiques de la France paraît de prime abord des plus faibles, celle du Tableau de 1913 n’est considérée qu’au moment de la naissance de la science politique, c’est-à-dire après la deuxième guerre mondiale42. Siegfried et Thibaudet précèdent en effet l’institutionnalisation d’une approche scientifique de la discipline, qui commence véritablement avec l’enseignement de Jean-Jacques Chevallier et les travaux de François Goguel, de Maurice Duverger et de Georges Lavau43. En 1946, François Goguel remet à jour un Thibaudet déjà quelque peu oublié en discutant la thèse initiale des Idées politiques ; dans sa Politique des partis sous la III^e République, il voit derrière un premier plan des idées ou des intérêts un arrière-plan plus important, celui des tempéraments et il réduit les familles d’idées aux deux groupes fondamentaux de l’Ordre et du Mouvement. Comme ses prédécesseurs, il note la stabilité extraordinaire de la force des partis. La grille de lecture du critique, qui fait de la succession des générations un instrument privilégié d’analyse, est ensuite discutée par Maurice Duverger44.

16Avec Jean Touchard, qui prônait la pluridisciplinarité contre la parcellisation des savoirs, la source souterraine qu’est Thibaudet se manifeste. Ses cours et ses livres prouvent sa proximité avec le critique. La culture des deux hommes, leur style, leur mode d’exposition, leur goût de la métaphore les rapprochent. L’un et l’autre ne séparent pas le culturel du politique. Enfin, par son œuvre propre, René Rémond, qui dit explicitement sa dette envers le critique, marque la véritable résurgence de Thibaudet :

« À plus d’un titre, Albert Thibaudet peut être tenu pour le fondateur de l’histoire des idées politiques en France. […] Son essai, Les Idées politiques de la France, a d’emblée posé les fondements de l’étude des idées politiques, défini ses principes, énoncé une méthode et donné l’exemple45.»

17Le critique semble un point de passage obligé dans la réflexion sur les idées et les familles politiques, sur les partis ou l’histoire des cultures politiques. Certes, son œuvre, qui appartient pleinement à un espace culturel déterminé, porte la marque de son temps ; Alain-Gérard Slama, paraphrasant Raymond Aron, juge qu’il est bien d’une époque où la pensée du bonheur était encore possible. C’est pourquoi il peut apparaître, selon le mot d’Antoine Compagnon, comme « le dernier critique heureux »46. Comme les radicaux qu’il connaît si bien, cet homme de la Troisième République a gardé du temps de sa formation « sa température, ses enthousiasmes, ses limites, ses affirmations et ses négations47 ».

18Bref, malgré certaines caractéristiques qui le rendent incontestablement daté, Thibaudet est précieux. Il l’est non seulement comme jalon, mais aussi, à cause de ses qualités de généraliste et de spécialiste à la fois, comme éclaireur d’une histoire socioculturelle et politique rénovée. On retiendra d’abord de lui, pour le présent, outre sa culture hybride qui lui permet de suivre dans le même temps plusieurs séquences — littéraires, philosophiques, historiques —, son attachement à l’idée de l’autonomie du politique et, plus généralement, ses réflexions sur la politique. Parce qu’elle nous oblige, il faut retenir de lui cette réflexion de La Campagne avec Thucydide, un de ses ouvrages majeurs trop peu connus comme, finalement, Thibaudet lui-même :

« Nous ne vivons pas dans un univers simple, mais probablement dans un pluralistic universe à la William James ; toute poussée logique qui prétend suivre indéfiniment une même piste conduit à une impasse, mais une pensée libre se sent à chaque instant à un carrefour48.»