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Trith-Saint-Léger

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Odette Hardy-Hémery

Troisième partie. De progressifs désengagements

Chapitre X. Après les grands investissements, les grandes fermetures

Texte intégral

Introduction. Un scénario différent de celui de Denain

  • 1 C’est-à-dire au Comité d’établissement de la même usine ainsi qu’au CCE d’Usinor.
  • 2 Usinor, CCE du 12 décembre 1969, CAMT, source citée.

1Avant que la quasi-totalité des ateliers d’Usinor Valenciennes abandonne toute activité, il reste une quinzaine d’années, durée pendant laquelle ne va cesser le questionnement du Comité central d’entreprise d’Usinor par les syndicalistes sur l’avenir réservé à l’usine. La stratégie déployée ici par Usinor est très différente de celle mise en œuvre pour fermer Denain en 1978-1979 : l’amputation brutale d’une usine complète et en activité occupant 8000 ouvriers. À Usinor Valenciennes, la fermeture va se faire par un progressif démantèlement étalé de 1972 à 1985, de l’amont à l’aval. Au cours de cette décennie sont délivrés par la direction des messages contradictoires porteurs tantôt d’espoirs, tantôt de motifs d’inquiétude. Ainsi, à la séance du CCE d’Usinor du 12 décembre 1969, à une question de Raymond Guienne, secrétaire du syndicat CFDT d’Usinor Valenciennes et élu membre titulaire au CE1 demandant si « le procédé OBM donnera de plus grandes chances de survie aux aciéries de Valenciennes, le président répond par l’affirmative »2.

I. Du silence de la direction d’Usinor à la liquidation d’Unimétal

Un questionnement incessant

2Le Comité d’établissement de l’usine de Valenciennes ne va cesser de questionner la direction au sujet des orientations de cette usine. Lors du CCE du 9 décembre 1971, il envoie deux lettres à M. Borgeaud à ce sujet. Ce dernier répond en séance et à la question similaire d’un autre syndicaliste : « il faudra peut-être un jour envisager une concentration avec Denain, mais ce n’est pas une perspective pour les prochaines années ». Lors de la même réunion du CCE, au cours des discussions sur l’emploi, M. Borgeaud estime que « les problèmes de restructuration paraissent moins importants à Valenciennes pour l’avenir qu’ils ne l’ont été au cours des dernières années ».

  • 3 Ibid., CCE du 23 mai 1972.

3Lors de la décision en 1972 d’arrêter la fonderie de fonte et l’aciérie Martin à l’usine de Valenciennes qui entraîne la suppression de 264 emplois, les questions des élus du personnel reprennent : Raymond Guienne « insiste pour que l’on n’attende pas l’extrême limite pour faire connaître les décisions »3. Il s’attire une réponse dilatoire :

« Au sujet de l’avenir de l’usine de Valenciennes, M. Borgeaud rappelle qu’il avait déclaré qu’il n’y aurait pas de restructuration fondamentale avant la fin du VIe plan. Actuellement, il n’y a pas encore de projet arrêté pour cette échéance du début de 1976 mais seulement des études en cours. Si l’on veut qu’éventuellement ces études puissent être mises en application dès le début du VIIe plan, il faut pour la bonne règle que la Direction Générale ne fasse aujourd’hui aucune promesse empiétant sur la période débutant le1er janvier 1976 ».

Le CCE tenu à l’écart

4En 1972, Usinor s’engage à participer à Solmer et négocie à ce sujet avec Sollac. Cette nouvelle construction d’une grande unité sidérurgique relance le débat sur l’avenir des usines anciennes, notamment celle de Valenciennes. Raymond Guienne, dans deux interventions successives au CCE du 28 novembre 1972, demande « de ne pas compromettre les investissements dans les autres usines » et réclame « une vue d’ensemble des financements d’Usinor dans les usines pour les dix ans à venir ». M. Borgeaud ajourne encore toute réponse en ces termes :

« Aucune promesse de maintien de l’activité actuelle au-delà de janvier 1976 ne peut-être faite ainsi qu’il a été précisé lors de la précédente réunion du comité central d’entreprise. Bien entendu, les représentants du Personnel seront consultés et informés, avec des délais suffisants, dès que les décisions concernant directement l’emploi dans l’usine seront élaborées, ce qui n’est pas le cas actuellement ». Raymond Guienne lance à cette réunion un nouvel appel à la direction : « ... pour que le regroupement avec Denain se fasse dans de bonnes conditions et que des industries nouvelles puissent prendre le relais,... il faut préciser le plus tôt possible les intentions concernant Valenciennes ». M. Borgeaud argue de la « complexité des études » mais ajoute, en réponse à une question sur les licenciements à venir, que « de toute façon, ce n’est pas de la responsabilité de la Société que d’assurer le plein emploi dans une région ».

  • 4 Ibid, CCE du 22 mai 1974.

5Les choses continuent ainsi pendant plusieurs années. Lors du CCE du 22 novembre 1973, M. Borgeaud est remplacé à la présidence de cet organisme par M. Hue de la Colombe, nouveau président directeur général d’Usinor. Ce dernier, dans son exposé sur la marche des usines, caractérise ainsi Usinor Valenciennes... « La filière haute fourneau-aciérie-train à demi-produits conduit à des prix de revient élevés dans un site qui n’est manifestement pas un bon site en cette fin de XXe siècle. La question est de savoir combien de temps encore cette situation pourra subsister. Il apparaît en tout cas qu’aucune mesure d’urgence ne s’impose actuellement. Le jour où les idées de la Direction Générale en ce domaine se préciseraient, le Comité d’établissement de Valenciennes en serait saisi le moment venu et en temps utile ». La direction reste évasive sur l’avenir de Valenciennes. Raymond Guienne estime que cette usine marche bien mais qu’on y freine les investissements car Usinor a une part plus grande que la moyenne française dans les produits plats. « Or, souligne le syndicaliste de la CFDT, des produits longs peuvent être faits dans de bonnes conditions sur le train universel de Valenciennes et l’on peut continuer à faire des demi-produits pour La Chiers et Métalescaut. Il faudrait pour cela moderniser et porter l’usine à une capacité d’un million de tonnes d’acier par an. La perspective d’extension des « Roues-Essieux » ne compenserait pas un arrêt de l’aciérie et des hauts fourneaux »4.

6Revenant sur le cas de l’usine de Valenciennes, Raymond Guienne à la même réunion « rappelle que M. Borgeaud avait fixé un délai avant lequel aucune décision fondamentale ne serait prise. Il en souhaite la reconduction ». L’intervenant se heurte à une fin de non -recevoir : « Ainsi qu’il a été dit au précédent CCE, le Personnel et ses représentants seraient saisis « le moment venu et en temps utile » lorsque les idées de la Direction Générale pourraient être précisées ». La stratégie de la Direction est bien immuable.

  • 5 Solmer démarre sa production en 1974, une ligne de coulée continue est prévue en 1975.

7Dans les faits, la destinée de l’usine de Valenciennes est évoquée surtout par la CFDT et la CGT à chaque CCE : ainsi à celui du 10 décembre 1974 où R. Guienne pour la CFDT et M. Rostucher pour la CGT s’inquiètent de l’absence d’industries nouvelles devant suppléer cette usine, à celui du 7 mars 1975 où la CFDT refuse une nouvelle restructuration qui consisterait à arrêter des installations5. Au CCE du 22 mai 1975, M. Hue de la Colombe, commentant la marche des usines, analyse ainsi Valenciennes « ... appareils de production tous anciens et qui nécessiteraient une reconstruction complète que la géographie ne justifie pas... La pérennité de la filière haut-fourneau-aciérie-train à demi-produits n’est pas assurée... si une modification structurelle en ce domaine devait un jour intervenir, le Comité d’établissement de l’usine en serait saisi le moment venu ». La volonté de la Direction est inflexible : ajourner la communication des décisions et gagner du temps.

La fermeture des hauts fourneaux et de l’aciérie de Trith

  • 6 Arrêté en juillet 1975 pour une durée indéterminée.

8Finalement, en novembre 1975, la décision tombe, annoncée à Europe no 1 par le directeur du Personnel et des Relations Extérieures, M. Nathan-Hudson, avant que le Comité d’établissement de Valenciennes et le Comité central d’entreprise d’Usinor en soient informés : l’arrêt de la production de fonte et d’acier dans l’usine de Trith, ce qui représente la suppression de 2 000 emplois et de 4 000 induits. La réaction des représentants de la CGT et de la CFDT au CCE du 11 décembre 1975 est très vive. Élie Salengros, représentant syndical CGT au CCE, donne lecture d’une déclaration exigeant notamment qu’Usinor « ... remette immédiatement en marche le haut fourneau no 16 investisse à Trith pour construire un troisième haut fourneau, installe un quatrième convertisseur à l’aciérie OBM ainsi qu’une coulée continue... développe la production aux Roues et Essieux ». La CGT réclame, et ce n’est pas la première fois, la nationalisation d’Usinor. De même, la CFDT envoie, lors de cette même réunion du 11 décembre 1975, une lettre ouverte à M. Hue de la Colombe, lettre pathétique :

« Deux mille emplois seront supprimés à Usinor Trith... Pour vous, Monsieur le Président Directeur Général, la comédie est finie, pour les travailleurs, la tragédie commence... La Société Usinor, qui tient secrète sa stratégie industrielle, vous a conduit à une préparation psychologique : l’utilisation fortuite de la radio, bafouant ainsi la plus élémentaire correction dans l’information du personnel. Votre plan consiste à mettre tout le monde devant le fait accompli comme reconnaissent les responsables politiques, économiques et sociaux impartiaux... Que représente pour vous une région qui meurt ? Rien ou peu de chose... De très nombreuses entreprises locales dépendent d’Usinor pour leurs approvisionnements en acier, par la sous-traitance, par les services d’entretien d’usines, par la fourniture des matières premières. Très nombreux sont également les commerçants, services etc. qui sont concernés par la masse salariale distribuée par Usinor. Avec le désengagement d’Usinor, on peut craindre l’écroulement de tout cet ensemble car Usinor est une des pièces maîtresses... L’opération Europe no 1 peut être interprétée comme une opération psychologique de mise à mort d’une région avec l’insouciance sans pareille d’une puissance capitaliste qui décide du sort des hommes et des régions sans se soucier de l’intérêt local, régional et national au détriment même de ceux qui créent ».

9Pour toute réponse, la direction annonce que la fermeture de l’aciérie s’accompagnera de l’adaptation du laminoir à grosses poutrelles de Trith pour lui permettre de recevoir des demi-produits de Denain. Elle annonce également la construction d’un nouveau laminoir dans sa filiale de Métalescaut, « entreprise située à Trith même ». Cette stratégie d’investissements jugés compensatoires sera souvent employée par Usinor qui pense ainsi probablement calmer les inquiétudes : la Société ferme des ateliers entiers en arguant du développement projeté mais hypothétique d’autres parties de l’usine.

  • 7 L’aciérie OBM de Trith et ses trois convertisseurs de 70 tonnes vont être arrêtés le 5 novembre 197 (...)
  • 8 De 1966 à 1970, les prêts de l’État (FDES) à Usinor se sont élevés à 620 000 000 francs courants po (...)
  • 9 Abréviation de Président Directeur Général.

10Sur le terrain, la lutte s’organise. Après la fermeture de l’un des deux hauts fourneaux, on empêche les poches venant de Denain pour assurer du travail à l’effectif restant d’entrer à Trith. De nombreuses démarches et discussions sont engagées par les organisations syndicales auprès des pouvoirs publics. La CFDT propose la réalisation d’une table ronde pour débattre des conséquences de la politique d’Usinor sur l’activité économique de la région de Valenciennes. La CGT fait une nouvelle déclaration au CCE du 13 mai 1976. Ce dernier se réunit en session extraordinaire le 9 décembre. La direction confirme ses décisions concernant l’usine de Trith. La production de fonte a été arrêtée en 1976 ; la centrale, l’agglomération et le moulin à scories seront fermés ; l’aciérie est provisoirement maintenue en service7. Sont annoncées des dispositions mises à l’étude pour pallier les effets de la régression d’effectif, la mise en œuvre d’un régime de préretraites à partir de 60 ans, l’étude d’un raccordement avec les préretraites pour les agents à partir de 59 ans, des offres d’emploi par les autres usines. Au nom de la CGT, Elie Salengros exige l’annulation des décisions annoncées et met en cause (ce n’est pas la première fois) les aides financières de toutes natures et très importantes de l’État. Les élus CGT au CCE exigent la nationalisation de la sidérurgie. La CFDT, utilisant le même argument que la CGT, constate que, depuis de nombreuses années, le financement des investissements d’Usinor est réalisé en grande partie par l’autofinancement, les prêts de l’État et les emprunts8 ; « La Société Usinor ne vous appartient plus, déclare son représentant à l’adresse du PDG9, mais appartient à la collectivité ; la sidérurgie en général et Usinor en particulier cherchent à obtenir des aides de l’État et à supprimer des emplois ». Le processus d’une nationalisation possible est imaginé par ce syndicat : « la CFDT... exige dans l’immédiat la transformation des prêts d’État non remboursés à ce jour par Usinor en prise de participation de l’État dans le capital d’Usinor avec un contrôle des travailleurs ». Bien d’autres interventions ont lieu, de FO et de la CGC par exemple. Les arrêts prononcés subsistent.

Les nouvelles restructurations et quelques investissements compensatoires, la création de la Société Mécanique Automobile du Nord

  • 10 Nécessitant moins d’investissement.

11Ces décisions sont prises en pleine crise sidérurgique. En 1975, la capacité maximale de production d’acier de la sidérurgie française est de 32 000 000 tonnes ; or celle-ci ne produit que 21 500 000 tonnes en 1975 et 23 200 000 en 1976. Les ventes d’acier à l’exportation deviennent plus difficiles, notamment en raison du phénomène japonais. Dans les pays en voie de développement se créent des usines sidérurgiques pour satisfaire les besoins, ceci étant surtout vrai dans le domaine des petits produits longs10. À Usinor, l’endettement atteint en 1976 100 % du chiffre d’affaires. Ceci se répercute à Trith puis bientôt à Usinor Denain dont l’usine est fermée en 1978 dans le contexte d’une baisse de la demande et d’une réorganisation mondiale : les aides de l’Europe ne sont accordées qu’en contrepartie de fermetures des unités dont le choix est laissé aux entreprises. Lors de cette fermeture et de la longue lutte qui s’en suit en 1979, la solidarité de la population et de la municipalité de Trith avec celles de Denain va être totale. C’est peu après l’arrêt de la production de fonte et d’acier à Usinor Valenciennes et quand ferme Usinor Denain à la fin de 1978 qu’est achevé le canal à grand gabarit (3 000 tonnes) Dunkerque-Valenciennes. L’usine de Valenciennes aurait pu, comme celle de Denain, s’approvisionner en minerai riche par cette voie d’eau dont l’aménagement (600 000 000 francs courants) est entièrement à la charge de l’État.

  • 11 Usinor, procès-verbal de réunion du CCE du 18 février 1977.
  • 12 Qui seul subsiste, tous les autres trains dont celui de 850 à billettes étant à l’arrêt.

12Les restructurations vont accompagner la réduction d’activité de l’usine de Trith. La transformation du train de 920 à grosses poutrelles très modernisé et automatisé est achevée en 1978. Il est prévu en 1977 de rattacher ce laminoir à l’usine de Denain au sein d’un établissement unique11. La fermeture d’Usinor Denain met un terme à ce projet. En fait, le train à poutrelles est modernisé pour 200 000 000 francs 1980. Ce train12 en effet ne pouvait plus être alimenté à partir de la filière blooming. Il a donc fallu le doter en amont d’un four et d’une cage dégrossisseuse pour l’alimenter en brames de coulée continue provenant d’Usinor Dunkerque.

  • 13 dont 11 769 tonnes d’essieux et 36 400 tonnes de roues. Le chiffre d’affaires correspondant est de (...)

13La division Roues et Essieux, située sur la rive droite de l’Escaut, a alors une capacité de 55 000 tonnes de matériel usiné. La production de ces deux spécialités atteint 50 000 tonnes en 1974 et 1975 et 48 178 tonnes en 197613. Les Roues et Essieux deviennent Société Valenciennoise Industrielle ou SVI le 1er juillet 1978, filiale d’Usinor. En décembre 1979, Usinor cède ce département à Creusot-Loire, filiale du Groupe Empain-Schneider. Le 1er janvier 1981, le secteur Roues et Essieux prend le nom de Creusot-Loire-Dunes. Ceci jusqu’à ce que Usinor reprenne les Aciers spéciaux de Creusot-Loire. Après une incertitude du1er janvier au1er avril 1984, l’usine des Dunes et le secteur Roues et Essieux d’Usinor Valenciennes redeviennent Usinor par le biais de la Compagnie Française des Aciers spéciaux ou CFAS, où Usinor est actionnaire à 75 % et Creusot-Loire à 25 %.

  • 14 Les produits sont toujours commercialisés sous l’appellation de Valdunes. La CFAS comprend en plus (...)

14Le 29 mars 1984 intervient par décision du Gouvernement la création d’Ascométal et d’Unimétal. D’une part, les usines fabriquant des aciers spéciaux d’Usinor et de Sacilor sont regroupées dans la Société Ascométal. Lors du dépôt de bilan de Creusot-Loire en 1984, les deux usines (partie de Valenciennes fabriquant les Roues et Essieux et Leffrinckoucke des Dunes) demeurent CFAS14 mais relèvent du holding Ascométal, filiale commune d’Usinor et de Sacilor pour les produits en aciers fins et spéciaux. D’autre part, les usines à produits longs d’Usinor et de Sacilor sont regroupées dans une filiale commune, Unimétal, comportant sur la rive gauche de l’Escaut le train à grosses poutrelles et l’ancienne Métalescaut. Des relations de voisinage subsistent entre les deux anciennes usines d’Usinor Valenciennes tendant à se restreindre avec le temps.

Train de 920 mm d’Unimétal.

Train de 920 mm d’Unimétal.

Ce train est installé en 1962. La construction métallique a alors développé des plans en utilisant des profils allégés ; or, les productions des trains de 600 et de 850 mm étaient à profil dit « normal » de poids plus lourd. L’idée dans les années 1960 d’installer un nouveau train pour répondre à la nouvelle demande était devenue un impératif. Ce train de 900 mm a donc été conçu pour fabriquer dans de meilleures conditions les profilés antérieurement produits sur les trains de 600 et de 850 mm et pour laminer les différentes séries de poutrelles à ailes parallèles de 200 à 600. Cet outil est alors la deuxième installation en France pilotée par une logique programmée. La production en ayant été cédée à l’Arbed, trust luxembourgeois alors 30e producteur mondial d’acier, le train de 920 d’Unimétal a été fermé en juillet 1985.

Coll. O. Hardy-Hémery

  • 15 Abrégé en SMAN.
  • 16 Depuis le 1er Janvier 1994, la SMAN est filiale à 100 % du groupe PSA, Société Automobile Peugeot.
  • 17 Abrégé en CCI.
  • 18 Renseignements communiqués par J.M. Richez ayant achevé un Doctorat d’Histoire sur « Valenciennes, (...)

15Une autre unité industrielle entièrement nouvelle apparaît à Trith-Saint-Léger : la Société Mécanique Automobile du Nord15, filiale de Peugeot et de Citroen16. Les discussions au sujet de cette création sont rondement menées de décembre 1978 à janvier 1979. Le 7 décembre 1978, lors de la Conférence Nationale d’Aménagement de Territoire, Raymond Barre, premier ministre, promet au président de la Chambre de Commerce et d’industrie17 de Valenciennes d’annoncer des mesures en faveur du Valenciennois fin janvier 197918.

  • 19 Ou Direction de l’Aménagement du Territoire.

16Le 20 décembre 1978 se déroule la visite de M. David, commissaire à la Conversion Industrielle, à la recherche d’un site de 120 hectares pour l’implantation d’une usine de mécanique très importante. Quatre jours plus tard sont étudiés par MM. Kloeckner, secrétaire général de la Chambre de Commerce et Dusart, responsable des services techniques, lors d’une réunion tenue chez le président, les sites pouvant être proposés ; est alors reconnue la nécessité de créer une nouvelle zone industrielle, la zone n° 5 dite de Valenciennes-Maing, seule susceptible d’être rapidement opérationnelle. Le 26 décembre, une réunion exceptionnelle des membres titulaires de la CCI décide la création de cette zone. Le 28 décembre, après une réunion de la DATAR19, a lieu à la CCI une réunion des maires de Maing, Trith, Prouvy, Thiant les informant de la décision de la CCI. Le 4 janvier se tient à la CCI une réunion de coordination avec la participation du sous-préfet, des services fiscaux et de la Chambre d’Agriculture. Après une nouvelle réunion de coordination le 9 janvier 1979 sont signées le 15 avec l’aide du maire d’Artres, Maxime Gombert, président d’un syndicat d’agriculteurs, les promesses de vente de tous les terrains privatifs. Lors de la grande manifestation de janvier 1979 à Valenciennes contre la fermeture de Denain, un groupe informel de manifestants porte des pancartes exigeant l’automobile dans le Valenciennois et pas ailleurs, l’autre projet étant celui de Somain, proposition faite par la CCI de Douai, dans la zone en limite des deux arrondissements au carrefour d’Abscon. Le 16 est annoncée l’implantation dans le Valenciennois de PSA Peugeot Citroën devant créer à l’horizon 1985 2 500 emplois.

PSA Peugeot Citroën, site de Valenciennes, mars 1982.

PSA Peugeot Citroën, site de Valenciennes, mars 1982.

L’entreprise, créée le 2 mai 1979, est entrée en fonctionnement le 17 octobre 1981. Peugeot détient 95 % du capital, Citroën 5 % ; l’effectif, de 805 personnes au 1er mars 1982, est porté à 970 au 1er octobre. La capacité est alors de 800 boîtes de vitesse BE1 par jour. La surface du terrain est de 90 ha pour une surface couverte de 11 ha. Les investissements engagés au 1er mars 1982 représentent 1 175 millions de francs.

Coll. PSA Peugeot Citroën.

17La création de la SMAN est subventionnée par le Fonds Spécial d’Adaptation industrielle. Sa localisation a d’abord été envisagée à Thiant puis à Maing. Mais le sous-sol pour l’infrastructure, composé de terres rapportées, se révèle insuffisant. L’usine requérant des fondations importantes, c’est le site de Trith qui est retenu. L’investissement réalisé atteint trois fois celui de la future aciérie électrique de Métalescaut.

  • 20 L’usinage : 7 hectares, le traitement thermique : 1,5 hectare, le montage : 2,7 hectares.
  • 21 En plus des boîtes de série, l’entreprise produit également des boîtes 6 vitesses pour les véhicule (...)
  • 22 Note d’information Économique, Agence Régionale de Développement, mensuel n 220, octobre 1999.

18En 1995, l’usine, où l’investissement s’élève depuis 1979 à 4 900 000 000 francs, comprend trois bâtiments couverts20. L’équipement comporte 650 machines d’usinage toutes automatisées, cinq lignes de fours pour le traitement thermique, trois lignes de montage, 12 kms de convoyeurs. Cette Société a commencé à produire la boîte de vitesse BE1 en novembre 1981, remplacée en 1989 par la BE3, boîte de vitesse transversale, manuelle, destinée aux motorisations moyennes (73 variantes). Depuis janvier 1997 est fabriquée la boîte automatique à raison de 390 unités par jour actuellement21. Les boîtes produites à Trith, qui équipent 50 % de la gamme Peugeot et Citroën, sont envoyées dans le monde entier aux usines de montage des véhicules du groupe en France et en Europe et en pièces détachées, notamment vers l’Iran et la Chine22.

19La production de la SMAN passe de 2 800 boîtes de vitesse par jour en 1985 à 5 000 en 1989 avant le retournement de conjoncture de 1993. Les bons résultats récents du marché automobile ont eu un impact direct sur les volumes de production de ce qui s’appelle aujourd’hui l’Usine Mécanique de Valenciennes. Depuis janvier 1999, la production est passée de 4 400 boîtes mécaniques par jour à 4 600 en juin et 5 100 en septembre sans oublier les boîtes automatiques. L’effectif parti de 800 salariés en 1981 a progressé à 1600 en 1986, 2000 en 1992, puis s’est stabilisé plutôt à la baisse : 1600 en 1996, 1514 en juin 1997, 1650 en septembre 1999. Cette implantation est loin de compenser les pertes d’emplois dans le Valenciennois entre le 1er janvier 1976 et le 1er janvier 1979 : - 5 533 emplois.

I. À nouveau résister

Unimétal condamné

20Le coup de tonnerre de l’actualité sociale et économique est en 1985-1986 la liquidation de l’usine Unimétal de Trith-Saint-Léger sous le Gouvernement Fabius. Le 26 juin 1985, le Comité central d’Unimétal, entreprise nationalisée sous tutelle du gouvernement avec administrateurs de l’État, annonce la suppression à Trith de 170 emplois. Puis, après plusieurs reports du CCE et avant même que celui-ci ne l’annonce officiellement, la CGT a confirmation de la fermeture d’Unimétal-Trith pour le second semestre 1986. La nouvelle est officialisée le 22 juillet : elle équivaut à la suppression de 780 emplois après que le Gouvernement ait refusé, lors du Plan Acier de mars 1984, le projet de train universel de Gandrange à Sacilor qui aurait concurrencé celui de Trith. Que s’est-il donc passé puisque le laminoir de Trith est le seul en France à fabriquer de grosses poutrelles ?

21Le 22 juillet, les syndicats apprennent qu’une coopération technique vient d’être signée le 6 par Unimétal avec le trust luxembourgeois Arbed, 30e producteur mondial d’acier. Cet accord étend aux poutrelles et palplanches la coopération en vigueur pour les rails depuis 1979. Les poutrelles de grosses dimensions sont affectées au train Grey de l’Arbed, les rails de série à Hayange et des volumes complémentaires de palplanches au train de Rombas. L’on comprend immédiatement que cet accord signifie l’arrêt du train à poutrelles de Trith, unique en France. L’Arbed obtient le marché national des profilés lourds alors qu’elle produit déjà 25 % du marché français alimenté à 70 % par l’importation. L’explication fournie est que l’octroi d’aides supplémentaires par la Commission de Bruxelles à la sidérurgie notamment française est assortie de nouvelles réductions de capacités de production. On laisse espérer, bien faible compensation, une augmentation de production de l’acier électrique et des petits fers marchands à Métalescaut. Il apparaît que le Plan Jacquet, du PDG d’Unimétal, mise tout sur la filière électrique, au détriment de la fonte, d’où une dépendance envers le marché de la ferraille.

Mobilisation et manifestations

22La colère explose d’autant plus que l’usine est la plus moderne d’Europe, qu’il avait été convenu en mars 1984 de la consolider par une poursuite de l’investissement. Environ 700 000 000 francs actualisés y ont été investis depuis 1979. L’automatisation y a été très poussée depuis sept ans. Au moment même des cris d’alarme, une entreprise installe un ordinateur financé par la Communauté Économique Européenne dans cette usine désignée à la casse et pourtant rentable, de l’aveu même du PDG d’Unimétal Trith. Depuis 1979, le Valenciennois a perdu 26 000 emplois, toutes branches confondues et l’activité sidérurgique s’est réduite de 12 000 postes depuis dix ans.

  • 23 R. Denoyelle, op. cit., p. 175.

23La mobilisation pour la sauvegarde de l’usine s’organise autour de la municipalité et des syndicats, avant même que soit connue la décision officielle par la CEE. Le 18 juillet, le poste du matin défile dans le centre-ville, alors qu’une délégation rencontre Edith Cresson, ministre du Commerce Extérieur et du Redéploiement industriel et que l’opération « ville morte », demandée par les syndicats, est intensément suivie par les commerçants de Trith. Ici, qui n’a pas un proche ou un ami concerné par la suppression d’emplois ? Les formes d’action sont renouvelées. Le 23 juillet, c’est le blocage de l’autoroute A 23 Paris-Bruxelles et une manifestation à la sous-préfecture de Valenciennes. Un moment fort est, le 25 juillet, la manifestation, à l’appel des élus communistes, de 2000 personnes dans les rues de Trith et dans l’usine pour faire revenir le Gouvernement sur sa décision. Le même jour, la déclaration d’Edith Cresson « Pas de fermeture sans création d’emplois » déclenche l’indignation : les bureaux du service du personnel d’Unimétal sont déménagés. Fin juillet, les quatre conseillers municipaux socialistes de Trith démissionnent de leur parti. Dans la presse, à la radio, à la télévision, la décision de fermeture du laminoir de Trith a plus de retentissement que l’arrêt de la production de fonte et d’acier quelques années plus tôt. Le 26 juillet, Laurent Fabius promet à une délégation d’élus socialistes du Nord que l’usine de Trith ne sera pas fermée tant que n’auront pas été créés 770 emplois correspondant à l’effectif de l’usine condamnée23. Mais, signe révélateur : le principe de la fermeture n’est nullement remis en cause. Des opérations coup de poing relativement spontanées sont effectuées à plusieurs reprises sur la ligne du chemin de fer Calais-Bâle à la hauteur de la gare du Poirier.

  • 24 Dont la forge et le laminoir ont été arrêtés à la veille de Noël 1984. L’effectif de cette usine es (...)

24Le 3 septembre se déroule une opération « portes ouvertes » à Unimétal, suivie le 5 d’un meeting à Trith. Le 27 septembre, 1 000 personnes manifestent à Trith pour empêcher l’inacceptable. En octobre 1985, la population est largement associée à l’action : à l’initiative du SIVOM de Trith et des environs, plus de 10 000 personnes votent pour le maintien en activité de l’usine. En janvier 1986, la section de Trith du Parti Communiste interpelle le président de la République sur le maintien en activité d’Unimétal. De nombreuses interventions sur le même thème se succèdent à l’Assemblée Nationale. Fin mai 1986, une seconde opération « portes ouvertes » est réalisée à Unimétal. Le 29 juillet 1986, après un nouvel appel du maire de Trith à la population, un meeting se tient dans la cour de l’usine. En septembre 1986, 500 personnes se rassemblent à la porte de l’établissement, dont des travailleurs d’autres entreprises et des Services Centraux d’Usinor où 200 suppressions d’emploi sont programmées. Le train à poutrelles d’Unimétal est définitivement arrêté le 24 décembre 1986 où sont laminées les dernières barres. Rappelons l’arrêt antérieur du train à billettes de 850 dès l’alimentation en acier par Denain puis Dunkerque. Unimétal se réduit par la suite à l’activité de cintrage des cadres de mines (100 ouvriers en 1990), hors l’extension du laminoir à fers marchands de Métalescaut du groupe Usinor. Ascométal est spécialisé, quant à lui, dans l’usinage de matériel ferroviaire, roues et essieux. Parmi les changements survenus depuis 1986, signalons en janvier de ladite année l’absorption par Ascométal, deuxième producteur européen d’aciers spéciaux, de la Compagnie Française des Aciers Spéciaux, puis l’adoption par l’usine de Valenciennes d’Ascométal24 de la dénomination de Valdunes en janvier 1990. Parmi les raisons avancées prime le souci de se démarquer d’Ascométal et de s’affirmer sur le marché européen. Cependant Valdunes reste à 100 % filiale d’Ascométal, lui-même contrôlé par Usinor et Sacilor. Surtout, la fermeture d’Unimétal a agi comme un révélateur. Trith-Saint-Léger, petite cité ouvrière, en soutenant une lutte incessante pendant plus d’une année, a su symboliser le Nord profond. L’action menée a pris garde de ne pas s’isoler du contexte national : les syndicalistes lorrains l’ont bien montré en agissant pour le maintien de l’usine de Trith.

25 juillet 1985. Manifestation populaire à Trith-Saint-Léger à l’appel de la municipalité et de la CGT pour exiger la pérennité des emplois à Unimétal et le maintien en activité du train à poutrelles unique en France : l’arrivée des délégations et des manifestants.

25 juillet 1985. Manifestation populaire à Trith-Saint-Léger à l’appel de la municipalité et de la CGT pour exiger la pérennité des emplois à Unimétal et le maintien en activité du train à poutrelles unique en France : l’arrivée des délégations et des manifestants.

Coll. O. Hardy-Hémery

Journée « Portes ouvertes » organisée par la CGT à Unimétal le 29 mai 1986.

Journée « Portes ouvertes » organisée par la CGT à Unimétal le 29 mai 1986.

Coll. O. Hardy-Hémery

III. Des points positifs

L’aciérie électrique de Métalescaut et les suites de la création de l’Université

  • 25 La décision de construire un four électrique à Trith-Saint-Léger est prise en 1984.
  • 26 Les demi-produits, coulés à la coulée continue, sont transportés au laminoir situé 1 km plus loin p (...)
  • 27 Equivalant lui-même à 3 milliards et demi de francs courants.

25Une nouvelle modification du paysage industriel intervient : l’aciérie électrique de la Société Métalescaut à Trith ouvre quelques perspectives. La construction de l’outil25, un moment remise en cause en 1984, est finalement acquise. Le four qu’y installe en 1986 la Société française CLECIM, filiale de Spie-Batignolles, en collaboration avec l’Institut de Recherche de la Sidérurgie, est le premier au monde à utiliser le courant continu pour fondre le bain de ferrailles, reprenant une idée de la direction des Services Métallurgiques d’Usinor localisés à Valenciennes. Le four prototype est amélioré lors de la mise en route. En 1988, Métalescaut devient filiale de Sollac, ensemble sidérurgique réunissant en janvier de la même année les activités « produits plats » des Sociétés Usinor-Aciers, Sollac en Lorraine et Solmer à Fos. Puis la Société devient en 1986 Laminés Marchands Européens ou LME, un groupe italien ayant pris une participation d’un tiers dans le capital et contrôlant l’ensemble. La production de billettes26 est actuellement de 650 000 tonnes par an. L’objectif en 1999 est de produire 750 000 tonnes par an avec 200 personnes à l’aciérie. C’est une des conditions de survie pour ce site industriel, installé sur un ancien crassier d’Usinor, rénové et embelli au bord de l’étang du Vignoble. L’investissement réalisé pour l’aciérie électrique avec coulée continue est à la hauteur en 1985 d’une grande société avec 450 000 000 francs courants, soit environ 30 000 000 francs 1914. Cet outil représente, en francs comparables 1914, environ l/6e du train à bandes de Denain27.

  • 28 ou UVHC.
  • 29 Entre l’UVHC et plusieurs partenaires locaux : le syndicat intercommunal pour la promotion de l’ens (...)
  • 30 Extrait des statuts de Valuval.
  • 31 P. Subra, op. cit., p. 225

26Autre développement non négligeable : celui, progressif, de l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis28. Elle compte 1000 étudiants à l’automne 1970, 3 000 à la rentrée de 1979, 11 000 à celle de 1993. L’Université s’oriente dès le début vers des formations devant répondre aux besoins de l’industrie locale. Déjà, avant 1989, l’Université conduit des recherches pour le compte des entreprises et monte des sociétés qui se veulent dispensatrices de services et de création d’entreprises. En 1989-1990 est mise en place l’Association pour la Valorisation Universitaire du Valenciennois et du Hainaut-Cambrésis ou Valuval29. Cette structure met en relation l’ensemble des laboratoires de recherche de l’Université et les entreprises locales pour des actions de communication ou « en leur proposant des opérations de diffusion technologique-conseil, assistance technique-études de faisabilité et d’élaboration (pour les PME-PMI du Hainaut-Cambrésis) ou de recherche-développement (pour les grandes entreprises nationales et internationales) »30. L’UVHC crée en 1979 l’École Nationale Supérieure de Mécanique Énergétique de Valenciennes ou ENSIMEV, création appuyée par la direction de Vallourec mais non par Usinor. De même, l’IUT pallie la faiblesse du niveau de formation régionale dans des domaines précis : automatisation, compétences commerciales, gestion. EN 1990, L’Université se rallie au projet d’un établissement bipolaire avec un pôle à caractère scientifique et technologique situé sur le Mont Houy, c’est-à-dire essentiellement sur Aulnoy-Lez-Valenciennes et un autre pôle à caractère tertiaire localisé à Valenciennes31. Le développement universitaire est conçu comme un moyen de relancer l’économie locale.

Construction de l’aciérie électrique de Métalescaut à Trith-Saint-Léger.

Construction de l’aciérie électrique de Métalescaut à Trith-Saint-Léger.

Coll. O. Hardy-Hémery

Malgré tout, une ville qui attire

27La municipalité a eu en charge un lourd héritage. Au XIXe siècle, le développement de l’industrie sidérurgique a bouleversé le paysage trithois et a profondément influencé la vie de la commune avec une croissance spatiale et géographique non contrôlée notamment par la création, aux frais des Forges et Aciéries du Nord et de l’Est, d’un hameau destiné à héberger les personnels indispensables à la porte de l’usine du Nord-Est. Cette décision, qui n’a pu être gérée par la commune de Trith-Saint-Léger, a entraîné la constitution d’un bipôle urbain néfaste pour réaliser un accroissement rationnel de la ville, marquant pour toujours le paysage urbain de son empreinte industrielle. Le désenclavement de la ville de Trith par le CD 59 se raccordant sur le CD 40 et l’autoroute A 2 puis par le carrefour Saint-Christophe directement sur l’A 23 a apporté de nouvelles richesses industrielles, notamment par l’installation de l’usine automobile SMAN, en compensation de l’arrêt de la filière fonte-acier d’Usinor à Denain.

28En 1985, l’installation d’une aciérie électrique sur l’ancien crassier dans l’ancienne usine Métalescaut devenue LME conforta la présence d’un producteur d’acier. Le développement de Valdunes dans les anciens ateliers Martelage et Monobloc d’Usinor, au centre de gravité de l’industrie ferroviaire du Valenciennois, a apporté de solides atouts à une époque de mondialisation des marchés. Mais Trith-Saint-Léger reste marquée par son passé industriel qui a fortement imprégné, aux abords des anciennes usines, le tissu immobilier.

  • 32 Dernier plan d’aménagement des sols communiqué par la mairie de Trith-Saint-Léger.
  • 33 En application des arrêtés préfectoraux du 28 septembre 1979 et du 21 décembre 1983.

29La surface occupée par les sites industriels, les friches, les propriétés publiques, les voies d’eau, la SNCF, les terres labourables et les pâtures, les zones non-édificanti aux abords de l’aéroport... totalise 429 hectares32, constituant des contraintes irréversibles représentant plus de la moitié de la superficie de la commune. Le développement urbain a ainsi été limité physiquement, par les nombreuses sujétions naturelles et par les conséquences d’une industrialisation subie. De ce fait, l’espace urbanisable demeure restreint et une recherche de cohérence entre le schéma de développement de l’armature urbaine (SDAU) et le plan d’occupation des sols (POS) était devenue indispensable33. Le plan d’occupation futur des sols a dû tenir compte des conséquences du désengagement d’Usinor et de la nécessaire gestion des friches industrielles. Le 11 octobre 1993, le conseil municipal a demandé la modification du POS de la commune concernant les zones urbaines périphériques à la zone centrale, la création d’espaces paysagers sur l’étang de Trith, autour de l’écluse et aux abords des friches industrielles.

  • 34 Deux zones ont donc été prévues au SDAU sur Trith-Saint-Léger : une zone industrielle bord à canal, (...)

30Les dispositifs du SDAU pour la ville de Trith-Saint-Léger stipulent que « la commune, qui représente une surface urbanisable restreinte, doit s’orienter vers la satisfaction de ses besoins internes, porter ses efforts de développement sur des opérations de rénovation ou de traitement du tissu urbain accompagnées de la réalisation de petites zones d’extension urbaine... L’organisation industrielle du SDAU de l’arrondissement de Valenciennes repose sur un double principe d’aménagement : d’une part, aménagement linéaire axé sur le canal de l’Escaut et l’autoroute A2 Paris-Bruxelles et composé d’un ensemble de zones industrielles réservées aux industries lourdes ; d’autre part, aménagement radio-concentrique autour des grands pôles urbains avec une série de petites zones industrielles »34.

31L’élu local, animé de la volonté de participer à la réindustrialisation de sa ville, se trouve, de nos jours, confronté à un nouvel environnement des acteurs économiques. Le bouleversement de la sociologie du travail s’est traduit par une mutation profonde des comportements : l’homme au travail, producteur flexible responsabilisé, travaille en réseau dans une organisation hiérarchique où le tout tient par le respect des objectifs assignés, de plus en plus imposés par la recherche de la rentabilité maximale du capital investi.

32Que peut faire l’élu local au sein d’une telle société ? A la vérité, peu de chose en dehors des politiques de traitement social et d’accompagnement des démunis de plus en plus nombreux. Il lui reste néanmoins la possibilité d’intervenir dans un champ important d’études, de réflexions, de marketing mettant en évidence les atouts de la commune. C’est dans ce nouveau contexte qu’ont été définis les objectifs de la municipalité. Parmi eux, on signalera l’aménagement en 1987 au carrefour de Saint-Christophe d’une petite zone d’activités artisanales appelée « Les Poutrelles » : de 4 hectares au départ, ensuite portée à 7, elle devait permettre aux artisans et aux petites et moyennes entreprises de disposer de terrains ou de bâtiments avec, pour but, la création d’emplois. Sur le site d’Usinor proprement dit, la plupart des bâtiments des laminoirs ont été aménagés au fur et à mesure par la Société Team pour des activités diverses, notamment de stockage, laissant l’initiative à ce promoteur. Par contre, le site des hauts fourneaux et de l’agglomération a été traité par un financement public pour y implanter des ateliers de la ville de Trith et un traitement de déchets.

  • 35 Voieries, réseaux, divers.
  • 36 M. Camut, op. cit., p. 322

33L’effort de la municipalité s’est porté, de façon privilégiée, vers un équipement de plus en plus complet en logements et en foyers culturels. Pendant longtemps, Trith-Saint-Léger, bien que ne formant qu’une ville administrative, en a compris deux : la ville-usine de Trith le Poirier et le centre. La municipalité a repris la cité du Poirier, aménagée par Usinor (V.R.D.)35 en 1982 pour le franc symbolique. Dès le CCE du 28 novembre 1972, la direction d’Usinor envisage la prise en charge par la municipalité des voiries et des édifices à caractères publics. Quand on parcourt Trith-Saint-Léger ou son quartier du Poirier, on n’a pas l’impression à première vue de se trouver dans une ville : « l’habitat industriel, avec ses petites maisons d’un étage, leur jardinet, y contribue pour beaucoup, note Michelle Camut pour les années 1970, mais aussi l’absence de centre commercial, de boutiques telles qu’on les trouve en ville. Ici, la plupart des magasins sont installés dans des maisons particulières sans vitrines »36. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’un seul commerce, l’ancienne coopérative devenue Cabri, un coiffeur et un café tabac dans la rue Delory. Par contre, les trottoirs macadamisés et l’éclairage électrique des rues sont des éléments d’urbanisme. La cité du Poirier a été équipée de services : une mairie annexe, une poste, une salle de sports, divers terrains de jeux, la rénovation de la place et de la rue principale Gustave Delory, le maintien des activités de l’ancien centre social qui a vu passer une pépinière de jeunes talents sous la direction à l’époque de Madame Morneau puis de Madame Martin-Vinclair de l’Association Interprofessionnelle des Services Sociaux (A.I.S.S.) avec le soutien du Comité d’établissement d’Usinor jusqu’en 1984 avant d’être repris par la ville de Trith-Saint-Léger qui propose actuellement des activités moins élitistes, ouvertes au plus grand nombre.

  • 37 Ceux de Trith-Le-Poirier, Trith Centre et Trith Jean Macé.

34D’autre part, Trith bénéficie d’un important équipement scolaire et sanitaire. Le premier comprend 3 écoles maternelles et 3 groupes scolaires37 répartis entre Trith, Le Poirier et les nouvelles cités. Ces écoles maternelles et primaires sont dotées d’ateliers très variés (écriture, peinture, arts plastiques, sport et musique). Ces ateliers, réalisés avec l’accord de l’Education Nationale, ont épaulé le mode et la qualité de l’enseignement. Chaque école maternelle et primaire a été dotée par la municipalité de matériel informatique. Chaque année, pour ces élèves, le conseil municipal organise les classes de découverte à la montagne, à la mer et à la campagne et prend entièrement à sa charge depuis 1987 le coût de ces classes. Depuis 1968 s’est installée une annexe des lycées de Valenciennnes transformée en CES et a été construit, grâce à la volonté des élus du SIVOM, le lycée professionnel Léonard de Vinci ; ce lycée offre aux élèves des possibilités de formation peu commune dans la région, ainsi la section « hôtellerie » mais sans internat. La population dispose avec la proximité de Valenciennes de maternités et d’hôpitaux. Tout un ensemble de services de qualité a été mis en place par la municipalité, anticipant souvent sur les attentes de la population dont on peut regretter une certaine de forme de résignation : la ville compte actuellement 550 demandeurs d’emplois ; 215 personnes reçoivent l’aide médicale gratuite ; on compte 145 dossiers Rmistes en moyenne annuelle.

  • 38 La ville ayant obtenu des financements publics, territoriaux, nationaux et européens de l’ordre de (...)
  • 39 Inauguré le 30 juin 1999.
  • 40 Liberté Hebdo, 2 au 8 juillet 1999, « Trith-Saint-Léger forge son avenir ».
  • 41 Ibid. La même opération est en cours rue de l’Égalité avec 27 locatifs et 13 accessibles à la propr (...)
  • 42 M. Camut, op. cit., p. 325.

35Dans le domaine de la culture et des loisirs, la ville a fait un effort considérable. Elle est dotée de 4 salles de sport, d’une piscine, de 3 courts de tennis, d’un dojo, d’un plateau d’éducation physique, de 3 terrains de football. Une vingtaine d’associations sportives regroupent 2 000 athlètes. Trith et Le Poirier ont chacune leur salle des fêtes, leur bibliothèque. Le centre culturel Pablo Picasso propose des spectacles et des activités artistiques toute l’année. Il vient d’être équipé d’une salle multi-spectacles de 300 places, le « Théâtre des Lorges René Carpentier », inauguré le 23 septembre 1999 et installé dans l’ancienne salle des fêtes du Poirier. La conception est l’œuvre de l’architecte Jean-Michel Simon qui a eu à cœur de conserver l’âme de l’édifice : les structures en fonte de la salle ont été préservées et mises en valeur par sablage. La scène est dotée d’un équipement des plus modernes avec décors amovibles, écran géant de cinéma et ascenseur favorisant le rangement des gradins télescopiques. Coût total de l’opération : 10 716 000 francs38. La médiathèque « Gustave Ansart » vient de s’équiper d’un site informatique39 particulièrement performant permettant à la population, et notamment aux jeunes, d’accéder aux nouvelles technologies de communication et à l’Internet40. La municipalité poursuit son effort pour le logement : 36 logements en locatif et 13 en accession à la propriété ont été programmés en 1999 dans le quartier du Poirier, la ville prenant en charge les voiries pour réduire le coût pour la Société Anonyme du Hainaut et pour lui permettre de proposer des loyers abordables41. 59 logements de l’ancien patrimoine d’Usinor vont être remis à neuf. Trith-Saint-Léger souffre d’un sous-équipement commercial lié à la proximité de Valenciennes équipé de magasins spécialisés. Certes il existe un marché hebdomadaire sur la place de Trith42, mais celui de Valenciennes est proche et bien desservi par autobus. Le sous-équipement bancaire est plus net encore : la commune ne dispose que d’une succursale de la Caisse d’Épargne.

  • 43 Liberté Hebdo, doc. cit.

36Cette faiblesse n’est pas la seule qui subsiste à Trith-Saint-Léger. A l’heure de la mise en place des communautés de communes afin de mieux gérer les investissements publics, la cité pâtit de son histoire industrielle et de son développement en bipôle. La ville est séparée par des terrains inscrits avec juste raison au P.O.S. en zones industrielles de réserve en bord à canal pour profiter du développement des futures plates-formes de transit et de logistique transport. La commune se trouve de ce fait isolée par rapport à son environnement direct, ne favorisant pas le mariage des identités permettant de renforcer les unes sans compromettre les autres. Malgré cette limite, Trith-Saint-Léger, par la richesse de ses animations et des services rendus à la population, est une ville qui attire : « en 1998, déclare Norbert Jessus, nous avons reçu 254 demandes de logements. C’est dire combien vivre dans notre commune est apprécié »43. Trith est une ville qui bouge et est appréciée par une population à la recherche d’un environnement social et culturel porteur. Grands et petits travaux sont constamment entrepris dans un souci d’améliorer la qualité de vie des habitants.

Conclusion. Malgré des handicaps, un succès et ses raisons

  • 44 De l’usine de Leffrinckoucke proviennent les roues non usinées.
  • 45 Ce groupe, de taille mondiale dans le ferroviaire, réunit, dans Freedom Forge, Valdunes et Forges d (...)
  • 46 L’atelier des cadres de mines était implanté depuis 1950 dans les bâtiments de l’ancien train de 32 (...)

37Actuellement ne subsistent plus sur l’ancien site sidérurgique d’Usinor Valenciennes que l’atelier des roues et essieux couplé avec Leffrinckoucke44 pour former Valdunes repris en octobre 1999 par le groupe américain Freedom Forge. Le 20 octobre 1999, le Groupe Freedom Forge, Valdunes Holding45 a acquis la Société des Forges de Fresnes, entreprise spécialisée dans les systèmes de freinage ferroviaire. Valdunes occupe à Trith environ 600 ouvriers dont de nombreux intérimaires. Les roues sont surtout exportées, notamment vers les Etats-Unis. Il ne reste plus en activité, provenant du laminoir à grosses poutrelles d’Unimétal, qu’un modeste atelier de parachèvement de profilés, Valpa, employant actuellement moins de 50 personnes dans des conditions difficiles. À la suite de l’arrêt du laminoir à grosses poutrelles, la production de cadres de mines46 a cessé : une des dernières grosses commandes a été celle destinée au tunnel sous la Manche. Les usines complètes fonctionnant sur le territoire de la commune sont celles de la SMAN et l’aciérie électrique de l’ancienne Société Métalescaut.

  • 47 Scindé en deux en 1968 lors de la construction de l’autoroute, cet étang reste en partie à Usinor q (...)

38La ville de Trith a surmonté de lourds handicaps. Après la fermeture de la plupart des ateliers d’Usinor Valenciennes, la municipalité a repris maintes parties du patrimoine abandonné par l’entreprise tentaculaire et leur a donné une seconde vie. Le transfert est typique à propos de l’étang de Trith47. En 1983, pour enrayer une baisse de population engendrée par la fermeture des usines, la municipalité construit un nouveau quartier comportant la résidence Renoir, le clos Aragon, le clos Matisse. Typique de sa démarche est l’attention accordée au cadre de vie dans les quartiers. Ainsi, on cherche à donner une identité au quartier du « nouveau Trith », situé derrière le cimetière : un questionnaire a été adressé à 218 foyers pour que les habitants soient source de proposition et se prononcent sur les problèmes rencontrés. 150 foyers ont répondu, les résultats de l’enquête ont été présentés au cours d’une assemblée à la salle des fêtes. La réflexion se poursuit au sein de plusieurs commissions intégrant les habitants afin de construire le devenir de ce quartier.

39La ville termine son assainissement complet. Le réaménagement du château Alnot est achevé. La réfection des trottoirs a touché à sa fin en 2001. L’intégration des deux populations du Poirier et de Trith centre s’est réalisée peu à peu et s’est concrétisée avec la démolition, à la fin des années 1970, du monument aux morts du Poirier dont la construction avait été voulue par les habitants du quartier. Un objectif à long terme est de remodeler le centre-ville du carrefour Dumez jusqu’à la perception, afin d’assurer la mise en valeur de cette ligne de vie située au cœur de la vallée de l’Escaut. Au fond, la spécificité de l’action municipale n’est-elle pas l’inverse de ce qui prévaut souvent : le placage de réalisations sans concertation ? Ici, l’on cherche à donner une âme à la cité en allant à la rencontre de sa population dans une vision enfin cohérente.

Trith-Saint-Léger. L’étang à l’état naturel en 1966, avant les aménagements par la ville au temps de René Carpentier, à la fin des années 1970.

Trith-Saint-Léger. L’étang à l’état naturel en 1966, avant les aménagements par la ville au temps de René Carpentier, à la fin des années 1970.

Auparavant, c’est-à-dire à l’époque de la photographie, une partie de l’étang appartient à Usinor et est occupée par la « Gaule d’acier », société de pêche des ouvriers de l’entreprise. Au second plan, l’habitat.

Coll. O. Hardy-Hémery

« ...Il n’y a pas que les enfants qui se laissent tenter par les étangs. Tout le monde subit leur attrait. C’est un peu comme si tout ce que la nature peut comporter de plaisant, de reposant, de vivifiant dans un tel pays, était représenté en éventail sur leurs bords et dans leurs eaux, comme s’ils étaient l’endroit où on peut le mieux en jouir. Dormir l’été dans les herbes et les fleurs du bord, dans la chaleur ou sous les arbres, se baigner, pêcher, se promener en barque, chasser le canard et la poule d’eau, patiner l’hiver sur ces immenses étendues de glace, il ferait bon vivre dans ce pays si tout cela était permis à tout le monde... Et ainsi, jusqu’à ce ciel lui-même, élargi et éclairé par l’eau, en été cet air calme, cet épanouissement du soleil dans la fraîcheur, en hiver le vent, la tempête et les embruns, toute cette nature qu’on ne peut trouver nulle part ailleurs dans le pays... »
A. Stil, Le mot mineur, camarades, 1949, in La question du bonheur est posée, op. cit.

« ... En d’autres endroits, les branches des saules remueraient doucement au fil d’une eau propre. La lumière grisante du matin éclairerait la cime des hauts peupliers, dont le feuillage balancerait sous le vent. Au ras de l’eau, plus largement de jour en jour, s’ouvriraient de larges fleurs de nénuphars. Les tiges et les feuilles vertes se multiplieraient le long des rhizomes. Des gallinules plongeraient en piaillant, sous la surface... »
M. Pons, Quatre pas dans mon village, Nouvelle, 1977.

Notes

1 C’est-à-dire au Comité d’établissement de la même usine ainsi qu’au CCE d’Usinor.

2 Usinor, CCE du 12 décembre 1969, CAMT, source citée.

3 Ibid., CCE du 23 mai 1972.

4 Ibid, CCE du 22 mai 1974.

5 Solmer démarre sa production en 1974, une ligne de coulée continue est prévue en 1975.

6 Arrêté en juillet 1975 pour une durée indéterminée.

7 L’aciérie OBM de Trith et ses trois convertisseurs de 70 tonnes vont être arrêtés le 5 novembre 1977. L’on a d’abord fermé le haut fourneau no 1 et l’on a terminé avec le no 3 arrêté en 1976. L’aciérie marche un an avec la fonte de Denain pour alimenter les laminoirs dans l’attente de la mise en service du nouveau four et de la cage dégrossisseuse au train à poutrelles.

8 De 1966 à 1970, les prêts de l’État (FDES) à Usinor se sont élevés à 620 000 000 francs courants pour l’usine de Dunkerque et 375 000 000 pour Solmer soit 995 000 000 francs courants. Le président du CCE, Hue de la Colombe, signale que ces prêts s’élèvent à 13,2 % de l’endettement total d’Usinor à moyen et long terme pendant la même période, Usinor, procès-verbal de réunion du CCE du 11 décembre 1975.

9 Abréviation de Président Directeur Général.

10 Nécessitant moins d’investissement.

11 Usinor, procès-verbal de réunion du CCE du 18 février 1977.

12 Qui seul subsiste, tous les autres trains dont celui de 850 à billettes étant à l’arrêt.

13 dont 11 769 tonnes d’essieux et 36 400 tonnes de roues. Le chiffre d’affaires correspondant est de 135 000 000 francs courants en 1974, 185 000 000 et 170 000 000 en 1975 et 1976, procès-verbaux de réunions du CCE d’Usinor.

14 Les produits sont toujours commercialisés sous l’appellation de Valdunes. La CFAS comprend en plus l’usine du Marais à St Étienne. Mais Ascométal comprend d’autres usines d’aciers spéciaux en France que la CFAS, par exemple Ugine-Fos.

15 Abrégé en SMAN.

16 Depuis le 1er Janvier 1994, la SMAN est filiale à 100 % du groupe PSA, Société Automobile Peugeot.

17 Abrégé en CCI.

18 Renseignements communiqués par J.M. Richez ayant achevé un Doctorat d’Histoire sur « Valenciennes, son territoire, 1950-2000. La quête d’une identité dans une période de restructuration économique permanente et dans le cadre élargi de l’Europe », soutenu à l’université Ch. De Gaulle-Lille III en mars 2001.

19 Ou Direction de l’Aménagement du Territoire.

20 L’usinage : 7 hectares, le traitement thermique : 1,5 hectare, le montage : 2,7 hectares.

21 En plus des boîtes de série, l’entreprise produit également des boîtes 6 vitesses pour les véhicules de compétition comme la 106 ou la 306.

22 Note d’information Économique, Agence Régionale de Développement, mensuel n 220, octobre 1999.

23 R. Denoyelle, op. cit., p. 175.

24 Dont la forge et le laminoir ont été arrêtés à la veille de Noël 1984. L’effectif de cette usine est à la fin 1988 de 370 personnes.

25 La décision de construire un four électrique à Trith-Saint-Léger est prise en 1984.

26 Les demi-produits, coulés à la coulée continue, sont transportés au laminoir situé 1 km plus loin par les voies SNCF pour rejoindre le site initial de l’ancienne Société Métalescaut. Les demi-produits et billettes sont alors réchauffés à la température nécessaire pour le laminage. Le solde de la production part alimenter les autres unités du groupe LME ou le marché.

27 Equivalant lui-même à 3 milliards et demi de francs courants.

28 ou UVHC.

29 Entre l’UVHC et plusieurs partenaires locaux : le syndicat intercommunal pour la promotion de l’enseignement supérieur, la CCI et quatre industriels déjà partenaires de l’Université. Cette association a le soutien de la Région, du Conseil Général et de l’Agence Nationale pour la valorisation de la Recherche ou ANVAR, Ph. Subra, op. cit., p. 219.

30 Extrait des statuts de Valuval.

31 P. Subra, op. cit., p. 225

32 Dernier plan d’aménagement des sols communiqué par la mairie de Trith-Saint-Léger.

33 En application des arrêtés préfectoraux du 28 septembre 1979 et du 21 décembre 1983.

34 Deux zones ont donc été prévues au SDAU sur Trith-Saint-Léger : une zone industrielle bord à canal, englobant les installations d’Usinor et se prolongeant vers le sud ; et, en vertu du second principe, une deuxième zone industrielle destinée à accueillir des activités liées par leur nature à la qualité du service offert par l’autoroute A2, l’aéroport et les fonctions de Valenciennes (secondaire, supérieur et tertiaire).

35 Voieries, réseaux, divers.

36 M. Camut, op. cit., p. 322

37 Ceux de Trith-Le-Poirier, Trith Centre et Trith Jean Macé.

38 La ville ayant obtenu des financements publics, territoriaux, nationaux et européens de l’ordre de 84 %.

39 Inauguré le 30 juin 1999.

40 Liberté Hebdo, 2 au 8 juillet 1999, « Trith-Saint-Léger forge son avenir ».

41 Ibid. La même opération est en cours rue de l’Égalité avec 27 locatifs et 13 accessibles à la propriété.

42 M. Camut, op. cit., p. 325.

43 Liberté Hebdo, doc. cit.

44 De l’usine de Leffrinckoucke proviennent les roues non usinées.

45 Ce groupe, de taille mondiale dans le ferroviaire, réunit, dans Freedom Forge, Valdunes et Forges de Fresnes (France), R.T.M. (Belgique) et Standard Steel (USA). À l’intérieur de Valdunes Holding, chacune des sociétés industrielles (Valdunes, R.T.M., Forges de Fresnes) conserve son nom et sa personnalité juridique, Flash info Valdunes, 21 octobre 1999.

46 L’atelier des cadres de mines était implanté depuis 1950 dans les bâtiments de l’ancien train de 325. Ses fabrications étaient destinées au soutènement métallique pour les mines et les entreprises de travaux publics, mais ses activités ont périclité avec la fermeture des houillères.

47 Scindé en deux en 1968 lors de la construction de l’autoroute, cet étang reste en partie à Usinor qui garde les terrains en eau jusqu’en 1984. Lors de cette année, des terrains sont cédés à Métalescaut pour construire son aciérie électrique. La ville acquiert ensuite une partie de l’étang et perpétue l’activité d’une ancienne société de pêche du Poirier, « la Gaule d’acier ». La municipalité hérite donc de l’ancien patrimoince d’Usinor et de la sociabilité du Poirier.

Table des illustrations

Titre Train de 920 mm d’Unimétal.
Légende Ce train est installé en 1962. La construction métallique a alors développé des plans en utilisant des profils allégés ; or, les productions des trains de 600 et de 850 mm étaient à profil dit « normal » de poids plus lourd. L’idée dans les années 1960 d’installer un nouveau train pour répondre à la nouvelle demande était devenue un impératif. Ce train de 900 mm a donc été conçu pour fabriquer dans de meilleures conditions les profilés antérieurement produits sur les trains de 600 et de 850 mm et pour laminer les différentes séries de poutrelles à ailes parallèles de 200 à 600. Cet outil est alors la deuxième installation en France pilotée par une logique programmée. La production en ayant été cédée à l’Arbed, trust luxembourgeois alors 30e producteur mondial d’acier, le train de 920 d’Unimétal a été fermé en juillet 1985.
Crédits Coll. O. Hardy-Hémery
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Titre PSA Peugeot Citroën, site de Valenciennes, mars 1982.
Légende L’entreprise, créée le 2 mai 1979, est entrée en fonctionnement le 17 octobre 1981. Peugeot détient 95 % du capital, Citroën 5 % ; l’effectif, de 805 personnes au 1er mars 1982, est porté à 970 au 1er octobre. La capacité est alors de 800 boîtes de vitesse BE1 par jour. La surface du terrain est de 90 ha pour une surface couverte de 11 ha. Les investissements engagés au 1er mars 1982 représentent 1 175 millions de francs.
URL http://books.openedition.org/septentrion/docannexe/image/53694/img-2.jpg
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Titre 25 juillet 1985. Manifestation populaire à Trith-Saint-Léger à l’appel de la municipalité et de la CGT pour exiger la pérennité des emplois à Unimétal et le maintien en activité du train à poutrelles unique en France : l’arrivée des délégations et des manifestants.
Crédits Coll. O. Hardy-Hémery
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Titre Journée « Portes ouvertes » organisée par la CGT à Unimétal le 29 mai 1986.
Crédits Coll. O. Hardy-Hémery
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Titre Construction de l’aciérie électrique de Métalescaut à Trith-Saint-Léger.
Crédits Coll. O. Hardy-Hémery
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Titre Trith-Saint-Léger. L’étang à l’état naturel en 1966, avant les aménagements par la ville au temps de René Carpentier, à la fin des années 1970.
Légende Auparavant, c’est-à-dire à l’époque de la photographie, une partie de l’étang appartient à Usinor et est occupée par la « Gaule d’acier », société de pêche des ouvriers de l’entreprise. Au second plan, l’habitat.
Crédits Coll. O. Hardy-Hémery
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