Introduction de la deuxième partie
p. 153
Texte intégral
1La moyenne d’âge élevée des Comités de quartier est une de leurs caractéristiques marquantes dans une ville où 50 % de la population a moins de 28 ans1. Quelques-unes de ses raisons ont déjà été évoquées plus haut. Mais au-delà de l’absence physique des jeunes, c’est leur absence notionnelle de la catégorie « habitants » qu’il faut également comprendre. Les deux termes (« jeunes » et « habitants ») sont en effet utilisés de manière exclusives et liés à des structures associatives spécifiques (les associations de jeunes et les Comités de quartier). De même qu’il a fallu resituer ces derniers dans leur histoire et dans l’évolution de la notion de participation, il faudra saisir les conditions tant générales que particulières de l’émergence de cette seconde strate associative à Roubaix. Ses membres se trouvent certes confrontés aux mêmes contradictions que ceux des Comités de quartier : relations complexes entre engagement bénévole ou militant et salariat ; autonomie des associations vis-à-vis des pouvoirs publics, modalités de contribution aux débats et aux prises de décision… Mais leur position particulière dans la société française doit également être prise en compte pour comprendre pourquoi les réponses qu’ils tentent d’y apporter diffèrent diamétralement de celles observées à propos des Comités. La très grande majorité des jeunes engagés dans les associations du même nom sont en effet issus de l’immigration maghrébine, et inscrivent leurs aspirations et leurs engagements dans le registre de la citoyenneté. L’analyse des usages de ce registre et de la dimension euphémisante de la catégorie de « jeunes » permet alors d’aborder d’autres débats centraux à propos de la notion de citoyenneté et de ses formes particulières dans le contexte français.
Notes de fin
1 En 1990, sur les 25 « quartiers statistiques » roubaisiens, 11 abritaient une population dont plus de 45 % avait moins de 25 ans (dont 3 où les moins de 25 ans représentaient plus de 50 % de la population). Source : Étude sur le RGP de Roubaix 1990, Observatoire Urbain, Ville de Roubaix, nouvelle édition 1993.
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