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Église et vie chrétienne dans le diocèse de Troyes du IVe au IXe siècle

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Isabelle Crété-Protin

Cinquième partie. Des temps carolingiens aux invasions normandes

Chapitre VI. Le monachisme

Texte intégral

1La documentation écrite relative au devenir à l’époque carolingienne des monastères mérovingiens de Mantenay, d Isle-Aumont, de Puellemontier et d Oyes est extrêmement rare. Tout juste est-il possible de supposer que Mantenay, Isle-Aumont et Oyes disparurent au IXe siècle lors des invasions normandes.

2Nous sommes mieux documentée sur l’abbaye de Montier-la-Celle établie au milieu du VIIe siècle à la périphérie sud-ouest de la ville de Troyes et qui survécut aux raids normands. Deux nouvelles abbayes furent créées à l’époque carolingienne dans le diocèse de Troyes : celle de Nesle-la-Reposte, qu’il est impossible de faire remonter au-delà de 819 dans l’état actuel de nos connaissances, et celle de Montiéramey, assurément fondée en 837 en forêt du Der. Ces deux nouveaux établissements monastiques survécurent également aux invasions barbares du IXe siècle. Les abbayes de Montier-la-Celle et de Montiéramey firent l’objet d’une protection particulière de la part des rois carolingiens. Les nombreux diplômes de restitution, de confirmation et de donation, surtout de Charles le Chauve, indiquent qu’elles constituaient de grandes puissances convoitées par les aristocrates locaux. Il était nécessaire de les soustraire aux convoitises des comtes de Troyes, abbés laïcs de ces établissements.

3Ces abbayes participèrent à la mise en valeur de la vie rurale par leur activité agraire. Celles de Saint-Loup, de Montier-la-Celle, de Mantenay, d’IsleAumont, d’Oyes et de Nesle-la-Reposte exploitèrent essentiellement des terres déjà cultivées qui leur furent concédées. Celles de Puellemontier et de Montiéramey, établies en forêt du Der, favorisèrent la colonisation des terres hostiles que représentaient alors les massifs forestiers (annexe 16).

I. Devenir des abbayes mérovingiennes de Mantenay, d’Isle-Aumont, de Puellemontier et d’Oyes

1. L’abbaye de Mantenay (Saint-Lyé)1

  • 1 Commune de Saint-Lyé située à 9 km au nord-ouest de Troyes, a. et c. Troyes.
  • 2 BHL. 5725. Prudence, Sermo de vita et mortegloriosae virginis Maurae dans Migne (Jacques-Paul), Pat (...)
  • 3 Ibid., col. 1372-1373 : Non solum enim clericorum, sedmonachorum necessitatibussubvenire curabat, q (...)
  • 4 Ibid., col. 1371 : Stabam ego ex una parte grabati, et Leo abbas ex altera, qui tunc, submissa voce (...)

4L’abbaye de Mantenay, probablement dirigée par saint Lyé au VIe siècle, subsistait encore lorsque l’évêque Prudence de Troyes composa vers 850 le panégyrique de sainte Maure. Son abbé Léon baptisa la jeune vierge et lui enseigna la foi catholique2. Il était reconnaissant envers celle qui subvenait aux besoins de la communauté par l’achat de coules et de manipules. Bien qu’elle ait à parcourir quatre milles depuis Troyes, la sainte se rendait chaque mercredi et vendredi les pieds nus, sans manteau et avec seulement du pain et de l’eau, en l’église de l’abbaye afin d’invoquer les saints patrons Gervais et Protais3. Léon assista la jeune femme dans la mort, en compagnie de Prudence, du prévôt Eutrope, du diacre Maurice et d’une foule importante4.

  • 5 Ibid., col. 1375-1376 : Ipsa etiam hora migrationis sanctae virginis, Veranus monachus, olfactus se (...)

5Il est question également du moine Veranus qui, au moment de la mort de la vierge, recouvra l’odorat et sentit dans le monastère de Mantenay l’odeur suave que sentirent ceux qui se trouvaient à proximité du corps saint5. Si Maure fut baptisée dès sa plus tendre enfance, sachant qu’elle mourut vers 850 à l’âge de 22 ans, Léon était en conséquence déjà abbé de Mantenay vers 828.

2. L’abbaye d’Isle-Aumont6

  • 6 Commune située à 10 km au sud-est de Troyes, a. Troyes. c. Bouilly.

6Bien qu’aucun texte de l’époque mérovingienne ne confirme la fondation d’une abbaye sur la butte d’Isle-Aumont dans les premiers siècles du haut Moyen Age, l’archéologie y atteste l’existence d’un établissement monastique dès le début du VIe siècle. Il s’agirait du plus ancien monastère du diocèse de Troyes. Le caractère hautement religieux de ce lieu est attesté par le nombre exceptionnel de sépultures mérovingiennes et carolingiennes découvertes autour de l’église. La conjugaison de diverses sources écrites a permis de conclure qu’Aventin, disciple et serviteur de l’évêque saint Loup, puis économe du ministère de l’évêque saint Camélien, en fut le premier abbé. Fidolus, annoncé au 16 mai dans le martyrologe hiéronymien, fut probablement son successeur.

  • 7 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 356, p. 293 : ...monachis monasterii sancti Petri apostolo (...)

7Les sources écrites sont totalement muettes à propos du monastère carolingien. La tradition rapporte qu’il fut détruit dans la seconde moitié du IXe siècle par les Normands. Ce point peut être corroboré par la seule mention d’Isle-Aumont dans les textes de l’époque carolingienne. Par un diplôme daté de 866-871, Charles le Chauve, à la demande du comte de Troyes Aleran II 866-871), (confirme divers biens, entre autres Insula, aux moines de Montier-la-Celle, ordonnant que dès lors ils ne pourront être soustraits à la possession du monastère par l’autorité comtale ou toute autre personne7. Il semble donc que le domaine d’Isle-Aumont appartenait à l’abbaye de Montier-la-Celle avant 866-871. Il est possible que la menace normande ait poussé les moines d’Isle-Aumont à quitter leur isolement dès la première moitié du IXe siècle. Il se seraient alors réfugiés auprès des moines de Montier-la-Celle, mieux protégés du fait de leur proximité de l’enceinte de Troyes.

  • 8 Scapula (Jean), Un haut lieu archéologique de la haute vallée de la Seine : la butte d’Isle-Aumont (...)

8Jean Scapula confirme cette hypothèse par l’archéologie : la tombe en pleine terre no 341, contenant six deniers d’argent de l’empereur Louis le Pieux (816-840), a « été établie à l’emplacement d’un sarcophage mérovingien bouleversé. Or, il a été bien observé au cours des fouilles de la nécropole mérovingienne que, durant le séjour des moines à Isle, les sépultures en sarcophages ou en pleine terre, avaient toujours été établies méthodiquement avec soin et respect ; le contraire s’est passé après leur disparition lorsque les fosses furent creusées par de simples fossoyeurs. Donc, la façon dont fut établie la fosse 341, datées du IXe siècle par les monnaies, semble bien confirmer la disparition des moines d’Isle déjà avant cette date »8. Le cimetière d’Isle-Aumont continua, en effet, d’accueillir les sépultures des habitants de la région après le départ des moines. Sa fouille a montré d’une part l’absence de mobilier funéraire et d’inhumations en sarcophages de pierre, et d’autre part, l’extrême irrégularité d’orientation et d’ordonnance des tombes carolingiennes, ainsi que le peu de soin apporté au creusement des fosses (annexes 10 et 11).

  • 9 Roserot de Melin (Joseph), Le diocèse de Troyes des origines à nos jours (IIIe siècle-1955), Troyes (...)

9La fonction religieuse de la butte d’Isle-Aumont renaît en 1097 lorsque Robert, ancien moine de Montier-la-Celle et abbé de Molesmes, fonde à son emplacement un prieuré bénédictin9.

3. L’abbaye de Puellemontier10

  • 10 Commune du département de la Haute-Marne, dépendante de l’ancien diocèse de Troyes, située à 28 km (...)
  • 11 BHL. 1178. Vita sancti Bercharii abbatis auctore Adsone, éd. de Mabillon (Jean), Acta sanctorum ord (...)

10L’abbaye de femmes de Puellemontier, premier monastère fondé au Der par saint Berchaire vers 673, subsistait encore à l’époque carolingienne sur les rives de la Voire et de la Droyes au finage de Flassigny, La Vira Bercharii, composée dans la seconde moitié du Xe siècle par Adson de Montier-en-Der, ne renseigne que sur les circonstances et le lieu de la fondation de Puellemontier et non sur son devenir après la mort du saint en 696. Sa continuation, rédigée par un chroniqueur anonyme vers 1085, comporte le recueil des miracles de Berchaire et l’histoire de l’abbaye de Montier-en-Der du IXe au XIe siècle11. Le mutisme des sources à son sujet est révélateur de la suprématie du plus prestigieux monastère du Der sur celui de Puellemontier. Bien que les deux abbayes soient apparues comme autonomes vis-à-vis du pouvoir épiscopal, l’intervention des moines du Der dans le choix de l’abbesse de Puellemontier a permis de supposer que les moniales dépendaient du monastère de Montier-en-Der.

  • 12 Roserot de Melin (Joseph), Le diocèse de Troyes des origines à nos jours (IIIe siècle-1955), Troyes (...)

11Ruinées au Xe siècle, les moniales le quittèrent probablement dès cette époque. Il fut rétabli comme monastère de moines bénédictins vers 1050, par l’évêque de Troyes Fromundus II12, et disparut à la Révolution française.

4. L’abbaye d’Oyes13

  • 13 Commune du département de la Marne, dépendante de l’ancien diocèse de Troyes, située à 36 km au sud (...)
  • 14 Mère d’Odalric, archevêque de Reims dans la seconde moitié du Xe siècle.
  • 15 BHL. 3594. Vita 1, Acta Sanctorum, maii, t. VI, p. 440-441 ; BHL. 3595. Vita 2, Martene (Edmond), D (...)

12Aucun document ne permet de connaître le devenir de l’abbaye Saint-Pierre d’Oyes à l’époque carolingienne. Il est probable que ce monastère fut détruit lors des invasions normandes du IXe siècle. Les deux Vies de saint Gond, père fondateur de ce monastère vers 661, indiquent sans précision que l’église fut détruite par un certain Asthemius et qu’elle fut restaurée par la comtesse Éva14. Rappelons que ces œuvres hagiographiques ne datent que du XIe siècle15. L’abbaye d’Oyes fut finalement réduite au titre de simple prieuré de l’abbaye de Montier-la-Celle en 1342.

II. Devenir de l’abbaye mérovingienne de Montier-la-Celle

13L’abbaye de Montier-la-Celle fut assurément fondée au milieu du VIIe siècle par le moine Frodobert, suite à la concession d’une terre du fisc par le roi Clovis II au lieu-dit Insula Germanica, à la périphérie sud-ouest de la ville de Troyes et à proximité de la voie romaine Troyes-Lyon. Bien documentée sur sa fondation, ses premiers moines et quelques-unes de ses possessions territoriales à l’époque mérovingienne, nous le sommes également sur son devenir, ses abbés et surtout sa fortune foncière à l’époque carolingienne, grâce notamment aux nombreuses donations du roi Charles le Chauve.

1. La Vita Frodoberti

  • 16 BHL. 3178. Vita Frodoberti abbatis Cellensis auctore Adsone, M. G. H., S.R.M., t. V, 1910, p. 72-88

14Les vingt-quatre premiers paragraphes de Vie de saint Frodobert, composée par Adson de Montier-en-Der dans la seconde moitié du Xe siècle, se consacrent uniquement à la jeunesse, la carrière, la valeur et la mort du père fondateur. S’agissant d’une œuvre hagiographique, la suite intéresse évidemment au premier chef faction posthume du saint. L’exposé de ses miracles est long et sans grand intérêt historique. Si son auteur n’aborde pas les questions relatives au fonctionnement intérieur de l’abbaye, il continue au gré du récit de nous renseigner sur le devenir de l’église abbatiale. Cette source, jugée digne de crédit pour les faits qu’elle rapporte à propos de l’époque de Frodobert, bien qu’elle lui soit postérieure d’environ trois siècles, l’est donc d’autant plus pour les faits relatifs à l’époque carolingienne16.

15Le premier oratoire fut construit en l’honneur de saint Pierre, puis agrandi par Frodobert lui-même. Consacrée par l’évêque de Troyes Abbo le jour de la mort du fondateur (vers 673), la nouvelle basilique reçut sa dépouille (21, p. 79). Dans la première moitié du VIIIe siècle, deux anciens moines devenus évêques de Troyes, Aldobert et Bobin, agrandirent les bâtiments monastiques et furent inhumés à l’intérieur de la basilique (13, p. 78-79). Au milieu du IXe siècle, une troisième église fut construite en remplacement de la précédente tombée en ruines. L’évêque Prudence procéda à sa consécration le 16 octobre 850 (26, p. 81-82).

  • 17 Testament de Chelembertus, éd. Lalore, op. cit., t. VI : Cartulaire de Montier-la-Celle, Paris, Tho (...)
  • 18 BHL. 3179. Carmen de elevatione corporis sancti Frodoberti, Anal. Boll., 1886, t. V, p. 59-66.

16Bien que le titre de saint ait été attribué à Frodobert dès 75317, il semble que l’histoire du fondateur était quelque peu tombée dans l’oubli un siècle plus tard, du temps de Prudence. Deux diplômes de Charles le Chauve, datés du 10 janvier 859 et de 866-871, confèrent en effet l’appellation de sancti Bobini cella et de cella domni Bobini au monastère jusque-là dénommé Saint-Pierre de l’Ile Germaine ou la celle de Saint-Pierre. Il apparaît donc que le souvenir de l’abbé Bobin fut si vivace qu’il effaça celui du père fondateur. Le culte de saint Frodobert ne paraît pas antérieur au 19 février 872, date de la translation de ses reliques dans une nouvelle basilique par l’évêque de Troyes Ottulf, à la demande de l’abbé Bodo (30, p. 84-85). Un poème en vers, intitulé Carmen de elevatione corporis sancti Frodoberti, relatant cette translation, fut composé peu après par un moine anonyme de Montier-la-Celle18. Ottulf consacra d’abord la nouvelle église à saint Michel. Mais un diplôme de Charles le Chauve daté du 29 mars 877 indique que le monastère était alors dédié à saint Pierre et à saint Frodobert. Il le fut probablement peu après 872. Il semble que le culte de saint Frodobert ne se répandit à l’extérieur de l’abbaye qu’après la rédaction de sa Vita dans la seconde moitié du Xe siècle. Frodobert, comme Bobin, ne figure pas dans le martyrologe d’Usuard.

2. Les abbés

17Six abbés se succédèrent entre 650 et 750 : Frodobert, Waldin, Aldobert, Ardouin, Bobin et Victor. Nous sommes peu renseignée sur les abbés de l’époque carolingienne. En 859, d’après le diplôme de restitution de Charles le Chauve du domaine de Saintes-Vertus, Haldegingus était alors l’abbé du monastère. En 872, le transfert des reliques de Frodobert dans la nouvelle basilique par l’évêque Ottulf s’effectua à la demande de l’abbé Bodo, mentionné dans un diplôme de Charles le Chauve daté d’entre 866 et 871 en tant qu’abbé, et dans une charte datée de 890 ou 891 en tant qu’évêque de Troyes.

3. Les possessions territoriales : restitution, confirmation et donation de Charles le Chauve

  • 19 Bibl. nat. de France, Collection Dupuy, vol. 227, fol. 4.

18Charles le Chauve affectionnait assurément le monastère de l’Ile Germaine. L’Inventaire général des Chartes de Montier-la-Celle comprend trois diplômes de ce roi. Ces actes, dont la copie est considérée comme sincère, étaient adressés à l’abbaye et ont été conservés dans son propre fonds avant de disparaître. Les diplômes de 866-871 et du 29 mars 877 sont également conservés par des copies du XVIe siècle réalisées par Pierre Pithou19.

  • 20 Commune située à 30 km au nord d’Avallon, a. Avallon, c. Noyers.
  • 21 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 201, p. 514 d’après l’Inventaire général des Chartes de Mo (...)
  • 22 Ibid. : .... quod est in suburbio ejusdem id est Trecassinae urbis et vocatur sancti Bobini cella, (...)

19Par un diplôme daté du 10 janvier 859 établi depuis et en faveur du monastère de Montier-la-Celle, Charles le Chauve restitue la villa nommée Silviniacus située dans le pagus Tornodrensis au monastère. L’identification de Silviniacus nous est donnée par la copie du XVIIIe siècle en tête de laquelle il est écrit : Carta regis Karoli de restitutione villae Silviniaci quod est Sanctis Virtutibus. Il s’agit de la villa de Saintes-Vertus dans le pagus de Tonnerre20. Ce domaine avait été soustrait à la propriété de l’abbaye de Montier-la-Celle par le comte Aleran Ier (837-852) sous la protection duquel elle était placée « depuis longtemps ». Charles le Chauve effectue cette restitution « considérant les intérêts et les nécessités de ce monastère, parce que ce lieu [lui] est très précieux [...] »21. Cet acte nous indique également que le monastère de Montier-la-Celle, dédié à saint Pierre et situé dans le suburbium de Troyes, était alors dirigé par l’abbé Haldegingus et appelé sancti Bobini cella22.

  • 23 Hameau de la commune de Saint-Léger-près-Troyes, situé à 7 km au sud de Troyes, a. Troyes, c. Bouil (...)
  • 24 Commune située à 5 km au nord-est de Troyes, a. et c. Troyes.
  • 25 Hameau de la commune de Creney-près-Troyes.
  • 26 Hameau de la commune de Saint-Germain, situé à 6 km au sud-ouest de Troyes, a. et c. Troyes.
  • 27 Faubourg situé au sud de la commune de Troyes.
  • 28 Ancienne commune disparue de Prunay-Saint-Jean, absorbée en 1908 par la commune de Saint-Jean-de-Bo (...)
  • 29 Commune située à 14 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.
  • 30 Commune située à 5 km au sud de Troyes, a. et c. Troyes.
  • 31 Commune située à 9 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.
  • 32 Hameau de la commune de Montceaux-lès-Vaudes, situé à 18 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Bou (...)
  • 33 Commune située à 10 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.
  • 34 Commune située à 30 km au nord d’Avallon, a. Avallon, c. Noyers.
  • 35 Hameau de la commune de Chablis, situé à 20 km au nord-est d’Auxerre, a. Auxerre, c. Chablis.
  • 36 Commune située à 13 km au nord-ouest d’Auxerre, a. Auxerre, c. Aillant-sur-Tholon.
  • 37 Commune située à 29 km au nord d’Auxerre, a. Auxerre, c. Brienon-sur-Armançon.
  • 38 Commune située à 30 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bar-sur-Seine.
  • 39 Hameau de la commune de Lantages, situé à 30 km au sud de Troyes, a. Troyes, c. Chaource.
  • 40 Ferme aujourd’hui détruite sur le territoire de la commune de La Rothière, située à 17 km au nord-o (...)
  • 41 Commune située à 26 km au nord-est de Troyes, a. Troyes, c. Ramerupt.
  • 42 Commune située à 31 km au sud-est de Nogent-sur-Seine, a. Nogent-sur-Seine, c. Méry-surSeine.
  • 43 Commune située à 30 km au nord de Troyes, a. Troyes, c. Arcis-sur-Aube.
  • 44 Hameau de la commune de La Saulsotte, situé à 6 km au nord de Nogent-sur-Seine, a. Nogent-sur-Seine (...)
  • 45 Situation inconnue.

20Par un diplôme daté de 866-871, Charles le Chauve confirme les biens du monastère à la demande du comte de Troyes Aleran II (866-871) : dans le pagus Trecassinus, à Albiniacum (Herbigny)23, Cresciacum (Creney-prèsTroyes ?)24, Argentilla (Argentolles)25, Bracbanctum (Breban)26, Crunscellum (Croncels)27, Prunidum (Prunay)28, Boliacum (Bouilly)29, Brinnia (Bréviandes ?)30, Ruviniacum (Ruvigny)31, Sandri (Serre)32, Insula (Isle-Aumont)33 ; dans le Tonnerrois, à Silviniacus (Saintes-Vertus)34 et à Fiacum (Fyé)35 ; dans le Sénonais, à Floriacus (Fleury-la-Vallée)36 et à Cambloscum (Champlost)37 ; dans le Lassois, à Bulgundio (Bourguignons)38 et à Ausa (La Chapelle-d’Oze)39 ; dans le Briennois, à Gengiacum (Gigny)40 et à Cortis Claudia (Coclois)41 ; dans l’Arcesois, à Reliacum (Rilly-Sainte-Syre)42 et à Potento (Pouan-les-Vallées)43 ; dans le Morvois, à Rosontum (Resson)44 ; et enfin dans le Provinois, in villa Livurno45.

  • 46 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 356, p. 293 d’après Pithou : ...monachismonasteriisanctiPe (...)

21Le roi ordonne également que ces biens ne peuvent être soustraits à la possession du monastère par l’autorité comtale ou toute autre personne. Ce document précise encore sa localisation, à l’ouest de la ville de Troyes, et lui confère toujours l’appellation de cella dornni Bobini46. Nous apprenons également que l’abbaye est alors dirigée par l’abbé Bodo, celui-là même qui, devenu évêque de Troyes, accorda aux moines de Saint-Loup la construction d’une nouvelle église à l’intérieur de la muraille.

  • 47 Commune située à 20 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.
  • 48 Commune située à 22 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.
  • 49 Commune située à 19 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.
  • 50 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 422, p. 439 d’après Pithou et l’Inventaire général des Cha (...)

22Par le diplôme daté du 29 mars 877 rédigé à Compiègne, Charles le Chauve concède au monastère de Montier-la-Celle, à la demande du duc Boson, la forêt de Drosilonus ou Javernandus (Javernant)47 située dans le comté de Troyes et appartenant à la villa Juvinlacum (Jeugny)48, ainsi que deux manses et demi à Leriacum (Lirey)49 et dix esclaves, nommément cités, avec leur famille50. Cet acte indique que le monastère est alors dédié à saint Pierre et à saint Frodobert. Boson était le beau-frère de Charles le Chauve puisqu’il était le frère de son épouse Richilde et le gendre de l’empereur Louis II puisqu’il était l’époux de sa fille Hirmingarde. Il était, en outre, comte de Vienne et fut couronné duc de Lombardie à Pavie en février 876. Il dirigea probablement le comté de Troyes de 871 à 880-882, durant la minorité de Robert, fils du comte de Troyes Eudes (852-859) et successeur d’Aleran II (866-871).

4. Les relations avec les puissances laïques : les autorités royale et comtale

23Restitution, confirmation, donation, il apparaît que Charles le Chauve n’a pas hésité à intervenir en faveur du monastère de Montier-la-Celle. Pourtant, il n’a agi qu’une seule fois de sa propre volonté, lors de la restitution de la villa de Saintes-Vertus en 859, motivé évidemment par sa piété. Dans ce cas précis, le roi Charles se trouvait à Montier-la-Celle parce qu’il passa par Troyes lors de sa marche contre son frère Louis le Germanique qui s’était emparé de ses territoires en Francia de l’Ouest. Dans les deux autres cas, son action n’a pas été spontanée puisqu’elle a été motivée par l’intervention des comtes de Troyes Aleran II et Boson.

24Les premiers intéressés par cette intervention royale, à savoir les moines, ne firent visiblement aucune requête, probablement explicable par le caractère particulier qui plaçait l’abbaye de Montier-la-Celle sous la protection de l’autorité comtale. Ils sont néanmoins suffisamment importants pour que leurs noms soient signalés dans les diplômes. Mais si Charles le Chauve prend des mesures contre les comtes en restituant d’une part un domaine amputé à la possession du monastère par l’autorité comtale et en ordonnant d’autre part que ses biens ne peuvent être soustraits par cette autorité, c’est bien la preuve que les comtes de Troyes, abbés laïcs du monastère, s’octroyaient une marge de manœuvre relativement large. L’autorité royale était toutefois très présente. Le monastère de Montier-la-Celle avait été fondé sur une terre du fisc concédée, d’où la nécessité de la confirmation royale de 866-871. L’abbaye n’appartenait pas au domaine privé du comte de Troyes ; placée sous sa protection, elle dépendait de son comitatus qui relevait du fisc royal. Charles le Chauve s’y arrêta le 10 janvier 859 mais cette visite fut de courte durée puisqu’il se rendait alors en Champagne du Nord où se tenaient Louis le Germanique et ses troupes.

5. Conclusion

  • 51 Cf. détails dans le catalogue de l’exposition Montier-la-Celle, abbaye bénédictine, milieu du VIIe  (...)
  • 52 Massin (Claude), « Carreaux vernissés incrustés de l’abbaye de Montier-le-Celle », Mélanges d’arché (...)

25L’abbaye est déclarée carrière publique en 1792. L’église et le cloître sont alors démolis et les biens vendus aux enchères51. Il ne reste désormais qu’un pilier de l’ancien portail d’entrée de l’aile nord dans l’actuelle rue Bernard-Lecache à Saint-André-les-Vergers52. Les fouilles, effectuées par Claude Massin lors de travaux de terrassement aux abords et sur le site de l’abbaye, ont permis de restituer les limites du monastère, notamment par la découverte en plusieurs endroits des fondations de l’enceinte édifiée à la fin du XIIIe siècle par l’abbé Guichard. La proximité de la ville de Troyes explique la stratigraphie bouleversée et les faibles découvertes archéologiques. Actuellement, la polyclinique de Montier-la-Celle occupe une grande partie de l’ancien domaine de l’abbaye. L’appellation de Montier-la-Celle se rencontre pour la première fois dans un manuscrit du fonds de l’abbaye daté de 1114. On lit encore Monasterium Beati Petri Cellensisen 1071, Cella Bobini jusqu’au début du XIIe siècle et Monasterium Sancti Petri Insulae Germanicae ou de Insula Germanica encore au XIIe.

III. L’abbaye carolingienne de Nesle-la-Reposte (Vlllenauxe-la-Grande)

  • 53 Commune située à 70 km au sud-ouest d’Épernay, a. Épernay, c. Esternay.
  • 54 1670 d’après Courtalon-Delaistre (Jean-Charles), Topographie historique de la ville et du diocèse d (...)
  • 55 Stein (Henri), Bibliographie générale des cartulaires français ou relatifs à l’histoire de France, (...)

26Au siècle dernier, Henri d’Arbois de Jubainville a retrouvé les archives de l’ancienne abbaye de Nesle-la-Reposte parmi les archives municipales de Villenauxe-la-Grande. La commune de Nesle-la-Reposte est actuellement située dans le département de la Marne, mais elle était comprise à l’époque qui nous occupe dans le diocèse de Troyes53 L’abbaye a été transférée en 1670 ou 1673 dans la commune de Villenauxe-la-Grande dans le département de l’Aube54. Arbois de Jubainville a découvert un cartulaire daté du début du XVe siècle, actuellement conservé aux archives départementales de l’Aube sous la cote 8H1, et contenant la copie d’un édit de l’empereur Lothaire de 841 en faveur de l’abbaye de Nesle55.

1. Les origines du monastère : la légende

  • 56 Arbois de Jubainville (Henri d’), Voyage paléographique dans le département de l’Aube, Troyes, Bouq (...)
  • 57 Ibid., p. 6.

27La tradition fait remonter la fondation de l’abbaye de Nesle-la-Reposte au premier siècle de l’époque mérovingienne. Une pièce figurant à la fin du cartulaire de Nesle relate que l’abbaye fut fondée et dotée par le premier roi des Francs Clovis, inspiré par Clotilde. Ce dernier consacra la première église à la Vierge Marie et aux apôtres Pierre, Paul et André56. Une explication de ce « dérapage » nous est donnée par Arbois de Jubainville : l’empereur Lothaire signale en 841 que son père Louis le Pieux accorda des faveurs aux moines de Nesle ; il était alors aisé de faire de ce Hlotharius un Clotaire et de son aïeul forcément Clovis57. Au XVe siècle, les moines de Nesle donnèrent d’ailleurs comme titre au cartulaire : « Cahier contenant des copies anciennes de plusieurs titres de l’abbaye de Nesle, entr’autres d’une charte du roi Clothaire, confirmative de la donation faite par le roi Clovis ».

  • 58 Mabillon, op. cit., 1739, t. I, num. XXXV, p. 46-47.

28Cette légende fut figurée au portail roman de l’église abbatiale. Lors du transfert de l’abbaye à Villenauxe-la-Grande au XVIIe siècle, ce portail fut démonté pierre par pierre afin d’être reconstitué. Il n’en reste que la gravure et la description précise que nous a laissées Mabillon dans ses Annales de l’Ordre de Saint-Benoît58. Six statues y figurent, au côté droit : un évêque portant les ornements pontificaux, une reine au pied palmé et un roi, tous deux tenant des tablettes ; au côté gauche, saint Pierre détenteur de la clé et sous l’invocation duquel l’église avait été primitivement placée, et deux rois avec le sceptre et la couronne (annexe 17).

  • 59 Tillet (Jules), « Les ruines de l’abbaye de Nesle-la-Reposte », Congrès archéologique de France, LX (...)

29Les sculpteurs du XIIe siècle ont sans aucun doute voulu confirmer la fondation de l’abbaye par Clovis. La reine Pédauque (au pied d’oie) ici représentée doit très probablement être identifiée à Clotilde. On ne voit pas pourquoi l’on aurait souhaité représenter la reine de Saba à Nesle-la-Reposte. De même faut-il probablement voir Clovis dans le roi placé à côté de Clotilde et non Salomon. Les tablettes portées par ces deux personnages contiendraient alors les chartes de fondation. L’autorité épiscopale était vraisemblablement représentée par Camélien, évêque troyen du temps de Clotilde et successeur de saint Loup vers 479, plus probablement que saint Remi ou saint Loup comme l’a signalé Mabillon. Il reste deux rois impossibles à identifier, à moins que Clovis ne soit pas représenté au portail de cette église et que, comme l’a suggéré Mabillon, les trois rois soient les fils de Clotilde, celui portant la tablette représentant Clotaire qui aurait fondé l’abbaye en mémoire de sa mère. Le portail de Nesle présente de nombreuses similitudes avec ceux des églises Saint-Ayoul de Provins et Saint-Loup-de-Naud situées dans le département de la Seine-et-Marne à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Nesle-la-Reposte, portails également datés du XIIe siècle59.

2. La constitution de Louis le Pieux (819) et ledit de Lothaire (841)

  • 60 Commune du département de la Marne située à 58 km au sud-ouest d’Épernay, a. Épernay, c. Esternay.
  • 61 BHL. 7592-7594. Vita sancti Sereni confessons, Acta Sanctorum, oct., t. I, p. 345-353.
  • 62 Dubois (Jacques), « Le martyrologe d’Usuard », Subsidia Hagiographica, no 40, Bruxelles, Société de (...)

30L’on serait tenté de faire remonter l’abbaye de Nesle-la-Reposte à la première moitié du VIIe siècle puisque selon la Vita sancti Sereni confessons, le saint ermite Serein, un temps prisonnier de Dagobert, quittait chaque jour Chantemerle60 afin de se rendre à l’abbaye voisine de Nesle-la-Reposte où il recevait son instruction religieuse61. Mais rappelons que, même si Serein figure à la date du 2 octobre dans le martyrologe d’Usuard62, ce document hagiographique est tardif et sans grande valeur historique.

  • 63 Gallia Christiana, op. cit., t. 12, p. 536.
  • 64 Nomina Episcoporum et Abbatum Attiniaci Congregatorum, M.G.H., Legum sectio II, Capitularia regnum (...)

31À croire Mabillon, suivi par la Gallia Christiana, Arbois de Jubainville et encore par Jules Tillet, le monastère de Nesle-la-Reposte existait dans la seconde moitié du VIIIe siècle puisqu’un certain Geraus, abbé de Nesle, figure parmi la liste des personnages présents à l’assemblée d’Attigny en 760-76 263 Ce document mentionne effectivement Geraus abbas de Niviella, mais il s’agit plus probablement du monastère de Nivelles, situé en Belgique à 32 km au sud de Bruxelles, et non de Nesle-la-Reposte 64. Il apparaît qu’aucun évêque ou abbé du diocèse de Troyes ne figure dans ce document.

  • 65 Notitia de Servitio Monasteriorum, M.G.H., Legum sectio II, Capitularia regnum Francorum, t. I, p.  (...)
  • 66 Lesne (Émile), « Les ordonnances monastiques de Louis le Pieux et la Notitia de servitio monasterio (...)

32Il semble finalement que la première mention historique de l’abbaye de Nesle figure dans un document daté de 819. Il s’agit de la Notitia de servitio monasteriorum, constitution de Louis le Pieux établissant la liste des charges militaires et fiscales pesant sur les monastères royaux. Trois catégories ont été retenues par Benoît d’Aniane, instigateur de cette convention : seize monastères peuvent fournir « des présents et des soldats », seize peuvent fournir « des présents sans soldats », et dix-huit ne peuvent fournir « ni présents ni soldats mais seulement des prières pour le salut de l’empereur et de ses fils et pour la stabilité de l’Empire ». Au troisième rang des abbayes classées dans la première catégorie, à savoir celles devant fournir des présents et des soldats à l’armée du roi, figure le monasterium Nigelli au côté des plus importantes abbayes de l’Empire, telles que Ferrières, Corbie, Saint-Benoît-sur-Loire et Stavelot65. Mais la notice précise que ces monastères devront s’acquitter de ces charges selon leurs ressources (facere possunt). Même s’il apparaît que la double contribution des dons et du service militaire était écrasante pour les moines, elle est la preuve que les monastères soumis à cette obligation étaient les plus riches. À l’inverse, les abbayes de la troisième catégorie, dispensées de la double contribution, étaient les plus pauvres. En l’occurrence, le monastère de Nesle fut jugé capable de supporter cette double charge, et appartenait aux « établissement assez riches pour secourir l’État de leurs hommes et de leur argent »66.

  • 67 Arch. dép. Aube, 8H1, fol. 20v-21r et publié par Arbois de Jubainville (Henri dj. Voyage paléograph (...)
  • 68 Plante à fleurs bleues qui croît essentiellement dans les terrains calcaires. Dite « cumin noir » o (...)

33L’édit de Lothaire est intéressant à plus d’un titre67. Il nous permet d’abord de connaître pour la première fois la dédicace et la localisation du monastère : Monasterium quod vocatur Nigella quod est situm in pago Mauripense, super fluvium Balbucia, constructum in honore beati Petri apostoli seu sanctae Mariae semper virginis. L’abbaye était donc primitivement dénommée Nigelle68. Placée sous le vocable de Saint-Pierre ou de Notre-Dame qui prévalut, elle était située dans le pagus Mauripensis (Morvois) au bord de la Balbucia (Barbuise). L’acte de 841 nous apprend ensuite que ce monastère avait effectivement fait l’objet de l’attention de Louis le Pieux : Lothaire confirme, à la demande de l’abbé Sigoald, les préceptes que son père avait établis avant lui. Louis le Pieux, à la demande de l’abbé Adalard, prédécesseur de Sigoald, avait placé les religieux et les biens du monastère sous sa protection, et leur avait accordé la libre élection de l’abbé. Lothaire en fit de même en plaçant sous sa défense et son immunité inviolable l’abbé, ses moines, leurs possessions et les hommes serviles ou libres vivant sur leurs terres. Il renouvela également le droit aux moines d’élire librement leur abbé, conformément à la règle bénédictine sous laquelle le monastère était placé. C’était lui promettre de ne pas la céder en bénéfice à un séculier. Le monastère est ainsi maintenu parmi les abbayes royales régulières privilégiées.

3. Nesle-la Reposte et Saint-Bavon de Gand

  • 69 Annales Sancti Bavonis Gandensis, S.S., t. II, p. 185-191, ici p. 187.
  • 70 Ibid., p. 187. Anno 867 Tasradus abbas Gandensis obiit apudNigellam repulsam, et ibidem sepelitur.
  • 71 Ibid., p. 187 : Anno 882, Radulfus abbas Gandensis obiit Lauduni, et in monasterio de Nigella sepel (...)
  • 72 Ibid., p. 188 : Anno 939, Sanctus Bavo cum aliis pignoribus sanctorum et reliquiis de Lauduno ad mo (...)
  • 73 Lusse (Jackie), Naissance d’une cité, Laon et le Laonnois du Ve au Xe siècle, Nancy, Presses Univer (...)

34Les Annales Sancti Bavonis Gandensis relatent que l’abbé Tasrade et les moines de Saint-Bavon de Gand (Belgique) transférèrent les reliques des saints Bavon et Pharailde à Laon en 853, en raison de la menace des invasions normandes69 Les moines se dispersèrent alors entre Laon et le monastère de Nesle-la-Reposte où Tasrade mourut et fut enterré en 86 770. Bien que son successeur, Raoul, ait demeuré à Laon où il trouva la mort en 882, il fut également inhumé à Nesle-la-Reposte du fait de la présence normande dans la région71. Après la dispersion des moines en 895 et la réforme du monastère en 937 par Arnulf comte de Flandres, les reliques purent réintégrer Saint-Bavon en 939. Aux dires des Annales, elles avaient été transférées de Laon à Nesle-la-Reposte72. Il est possible qu’elles suivirent Tasrade avant 867 ou plutôt quelles gagnèrent Nesle avec la dépouille de Raoul en 882, au plus fort de la menace normande73. L’installation d’une partie des moines de Saint-Bavon avant 867 et surtout le transfert des reliques de leur abbaye probablement en 882 à Nesle-la-Reposte, indiquent que l’abbaye tricasse ne subissait pas encore la menace normande.

4. Conclusion

  • 74 Voir aussi Cherest (Gilbert), « Une abbaye de la Brie champenoise. Quelques notes pour servir à l’h (...)

35Il est donc finalement impossible de déterminer la date de fondation du monastère de Nesle-la-Reposte. Nous ne pouvons accorder aucun crédit à la légende de Clovis et de Clotilde. En revanche, il est assuré que cette abbaye existait du temps de Louis le Pieux, successeur de Charlemagne à l’Empire en 814, et qu’elle existait même avant 819. L’appellation de Nigella Abscondita n’est attestée qu’à partir de 1301 et celle de Neelle-la-Reposte qu’à partir de 1306, en raison de la situation géographique encaissée et isolée du site. Transféré en 1670 ou 1673 à Villenauxe-la-Grande, le monastère fut détruit à la Révolution française. Ce qui reste actuellement a été transformé en habitation privée74.

IV. L’abbaye carolingienne de Montiéramey

  • 75 Bibl. nat. de France, coll. Dupuy, vol. 952. Pithou (Pierre), Les coutumes du bailliage de Troyes e (...)
  • 76 Bibl. nat. de France, coll. Baluze, vol. 39.
  • 77 Stein (Henri), Bibliographie générale des cartulaires français ou relatifs à l’histoire de France, (...)

36L’abbaye de Montiéramey possède la documentation archivistique la plus abondante des établissements religieux du diocèse de Troyes antérieurs au Xe siècle. Trois cartulaires sont signalés : le Cartularium Arremarensis monasterii ou monasterii Adremari, dont l’original est perdu mais pour lequel des extraits ont été transcrits au XVIIe par Pierre Pithou75. D’autres extraits ont été transcrits par André Du Chesne au XVIIe siècle76. Nous ignorons à quelle date il a été écrit, mais, connu sous le nom de Vieux cartulaire de Montiéramey ; il comprenait les chartes les plus anciennes, notamment celle de la fondation du monastère datée de 837. Un deuxième cartulaire, daté du XIIIe siècle et incomplet, est actuellement conservé aux archives départementales de l’Aube (6H25), mais il est sans intérêt majeur pour notre étude puisque la charte la plus ancienne n’est datée que de 1100. Il en est de même du troisième, le Chartularium monasterii Arremarensis, écrit au XIVe siècle et conservé à la Bibliothèque nationale de France (ms lat. 5432), puisqu’il ne commence qu’en 112077.

37Cette documentation comprend essentiellement des diplômes de Charles le Chauve, Carloman II, Charles le Gros, Eudes et Raoul au nombre de dix-huit. Nous avons vu pour quelles raisons et de quelles manières Charles le Chauve restitua, confirma et concéda des terres au monastère de Montier-la-Celle. Il en fit de même pour celui de Montiéramey et plus largement eu égard au nombre de diplômes, huit au total, qu’il lui accorda. La plupart des originaux ont disparu, mais quatre d’entre eux sont conservés aux archives départementales de l’Aube : deux diplômes de Charles le Chauve, un diplôme de Carloman et un diplôme d’Eudes. Outre les actes royaux, nous possédons plusieurs actes de donations comtales en totalité perdus mais également transcrits par André Du Chesne au XVIIe siècle, ainsi que deux bulles pontificales.

38Tous ces documents étaient destinés à l’abbaye et appartenaient donc à son fonds propre. À cela, il faut cependant soustraire un diplôme de Carloman primitivement adressé au monastère d’Alfa et un diplôme de Charles le Chauve primitivement adressé au comte de Troyes Robert. Ces deux diplômes ont été incorporés plus tard au fonds de Montiéramey qui nous les a transmis.

39Cette documentation fournit certaines informations relatives à la date et au lieu d’établissement du monastère, ainsi qu’aux différentes dénominations qui lui furent attribuées, à ses possessions territoriales, à son administration intérieure, et enfin à sa situation juridique à l’égard du pouvoir civil et religieux. Evidemment, nous sommes loin de pouvoir détailler la vie religieuse et intellectuelle du monastère, sa fortune territoriale dans sa globalité, l’exploitation de son temporel et ses relations avec les puissances laïques et ecclésiastiques. Mais il est possible d’en donner une esquisse bien plus approfondie que pour les autres monastères du diocèse de Troyes antérieurs au Xe siècle.

1. Les origines du monastère : fondation et localisation

  • 78 Si l’on considère que la perche valait alors environ dix pieds romains ordinaires, soit 2, 944 m, c (...)
  • 79 Lalore, op. cit., t. VII : Cartulaire de l’abbaye de Montiéramey, Paris, E. Thorin, Troyes, L. Lacr (...)
  • 80 Frotarius, évêque de Toul, désigné par Charlemagne dans les derniers temps de son règne et bien con (...)

40Nous connaissons précisément la date de la fondation du monastère de Montiéramey par une charte datée de 837 par laquelle le comte Aledramnus accorda au prêtre Adremarus un terrain situé dans la forêt du Der sur la Barse où il s’était établi dans la solitude (que vulgo vocabulo Dervus dicitur, super fluvium Barsam). Arremar était probablement originaire de Troyes puisqu’il fut éduqué et formé à la doctrine chrétienne dans cette ville dès l’âge le plus tendre (in urbe eadem ab ineunte etate sancte religionis institutionibus educatus atque informatus). Ce terrain était distant de Troyes d’environ 10 milles, mesurait 500 perches de long sur 220 de large et était traversé par la Barse78. La générosité du comte Aleran et l’approbation de l’évêque Adalbert de Troyes lui étant acquises, Arremar y construisit une cella dédiée à saint Pierre, prince des apôtres79. Quatre évêques souscrivirent cette charte : Frotarius, episcopus Tullensium ; Ado, episcopus Nametentium ; Vacardus, Noungensis episcopus et Joseph, episcopus Auriensis80. Aleran Ier, devenu comte de Barcelone et marquis d’Espagne en 844, fut comte de Troyes au moins de 837 à sa mort en 852.

  • 81 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. I, no 171, p. 452-453 d’après l’original.

41Dix-huit ans plus tard, le 25 avril 854 ou plus probablement 855, cette fondation est confirmée par le roi Charles le Chauve. Ce dernier, en effet, depuis le palais royal d’Attigny (Ardennes) et à la prière du comte de Troyes Eudes Ier (852-859), confirme un privilège épiscopal d’Adalbert souscrit par Aleran. Les archives départementales de l’Aube conservent l’original de ce diplôme, le sceau manquant, sous la cote 6H34 (ANNEXE 18). Le comte Eudes fit connaître au roi de quelle manière, du temps de son prédécesseur Aleran, avec la permission de ce dernier et de l’évêque de Troyes Adalbert, le prêtre Arremar obtint un terrain dans la forêt du Der et sur la Barse, avec l’autorisation de le défricher pour y construire une cella et d’autres bâtiments, ainsi que d’y cultiver les terres. Pour le prouver, Eudes présenta en même temps au roi le privilège épiscopal, aujourd’hui perdu, confirmé par écrit par Aleran ; puis il lui demanda de le confirmer pleinement81. Eudes Ier était le fils de Guillaume, comte de Blois et de Châteaudun, et donc le frère de Robert le Fort. Il ne doit plus être confondu avec le fils de ce dernier qui devint roi de France en 888. Il succéda à Aleran Ier en 852, fut dépossédé du comté de Troyes en janvier 859 après avoir participé à la conjuration contre Charles le Chauve, rentra en grâce en 861 mais non en possession du comté de Troyes qui avait échu en 859 à Raoul, oncle de Charles le Chauve.

  • 82 Giry, art. cit, p. 124, note 2.

42En 1896, Arthur Giry a évoqué le fait que la charte de 837, présentant exactement les mêmes informations sur la fondation de 1 abbaye que le diplôme de Charles le Chauve de 855, et aucune autre, « pourrait être postérieure à ce diplôme et composée d’après lui »82. Cette hypothèse ne remet pas en cause la fondation du monastère par Arremar avec l’intervention de l’évêque Adalbert et du comte Aleran. Elle n’implique qu’un élargissement de la fourchette de datation, entre 837 environ et 845, dates de l’épiscopat d’Adalbert.

  • 83 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 256, p. 80-81 d’après Pithou.

43Le 15 juillet 863, Charles le Chauve confirme depuis le palais de Compiègne un privilège épiscopal, aujourd hui perdu, établi en faveur de l’abbaye de Montiéramey et présenté à lui par son oncle, le comte Rodulfus, et par Rotfridus, abbé du même monastère. Cet acte ne précise pas le contenu de ce privilège épiscopal, il signale simplement une nouvelle fois la localisation géographique du monastère, et rappelle que le terrain a été déboisé et cultivé par le prêtre Arremar, du temps du comte Aleran, avec l’assentiment du roi. En revanche, une nouvelle indication nous est fournie quant à la dénomination du monastère, autrefois appelé Mansus Corbonis, aujourd hui Nova cella, probablement afin de le distinguer de l’abbaye de Montier-la-Celle, également consacrée à saint Pierre83. Signalons que Rodulfus, ou Raoul, était le frère de l’impératrice Judith et l’abbé laïc de Jumièges (Seine-Maritime) et de Saint-Riquier (Somme).

2. Les possessions territoriales : les donations et confirmations royales

a. Les donations et confirmations de Charles le Chauve

  • 84 En procédant par le même calcul que précédemment, ces terres mesuraient approximativement 353 m sur (...)
  • 85 Commune située à 16 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.
  • 86 Vaucluse, Doubs, a. Montbéliard, c. Maîche.
  • 87 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 265, p. 98-99 d’après Du Chesne.

44Le 15 mars 864 et toujours depuis Compiègne, Charles le Chauve, à la prière du même comte Rodulfus, concède aux moines de Montiéramey des essarts couvrant une superficie de 120 perches sur 6084. Ces terres, dépendantes du comté de Troyes, avaient été déboisées et mises en culture par les moines. Elles étaient limitées par la Barse, la forêt de Clérey85, des essarts déjà en la possession des moines et la forêt appartenant en commun aux monastères Saint-Pierre de Valleclusa86 et Saint-Loup de Troyes87.

  • 88 Commune située à 8 km au sud de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.
  • 89 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 346, p. 271-272 d’après l’original.

45Le 19 avril 871, depuis le monastère Saint-Denis, Charles le Chauve donne au monastère Saint-Pierre, maintenant appelé Nova Cella, un champ in villa que vocatur Tanoclaria (Thennelières)88. Cette concession est faite en toute propriété aux moines de Montiéramey avec la liberté d’en faire ce que bon leur semble. Le roi abandonne de sa propre volonté ses droits sur cette terre au profit des moines (de nostro jure in jus illorum solemni more transferimus)89. Les archives départementales de l’Aube conservent l’original de ce diplôme sous la cote 6H35 (annexe 19).

  • 90 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 369, p. 321-322 d après Pithou. Ces deux champs couvraient (...)
  • 91 Hameau de la commune de Courteranges, située à 14 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-su (...)
  • 92 Situation inconnue.
  • 93 Commune située à 14 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.
  • 94 Situation inconnue.
  • 95 Commune située à 9 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

46Le 10 février 874, depuis le monastère Saint-Quentin (Aisne), Charles le Chauve concède aux moines de Montiéramey deux manses garnis, c’est à dire équipés et cultivés, et un manse et demi nu, c’est à dire inculte, ainsi que deux champs de quarante ansanges90. Ces terres étaient situées à Pontus Barsae (Pont-Barse)91, Frontiniacus92, Curtis argentea (Courteranges)93 et à Carrarias94. Le roi donne, en outre, une forêt sise in Runiaco fine (Rouilly-Saint-Loup)95.

  • 96 Commune située à 33 km au nord-ouest de Bar-sur-Aube, a. Bar-sur-Aube, c. Brienne-le-Château.
  • 97 Commune située à 27 km au nord-est de Troyes, a. Troyes, c. Piney.
  • 98 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 421, p. 438 d’après Pithou.

47Le 6 mars 877, depuis Compiègne, Charles le Chauve accorde dans le pagus Brionensi (Briennois) aux frères du coenobii Dervensis une église au Der, deux manses à Palus (Pel-et-Der)96 et un manse à Bevrona (Brévonnes)97. Cette concession a été effectuée par l’intercession de Boson, duc et missus d’Italie et archiminister du sacré palais, qui, rappelons-le, était intervenu par deux fois auprès de Charles le Chauve en faveur de Montiéramey98.

  • 99 Ibid., t. II, no 460, p. 513 d’après Pithou.

48Boson réapparaît dans un diplôme non daté délivré à sa demande par Charles le Chauve en faveur de l’abbaye de Montiéramey. Nous ignorons totalement l’objet de cet acte. Il signale simplement que Boson est alors duc d’Italie et archiminister du sacré palais, indication qui permet au moins de dater le document entre février 876, année de son accession au duché de Lombardie, et le 6 octobre 877, date de la mort de Charles le Chauve99.

b. Les donations et confirmations de Carloman II

  • 100 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. rit., no 82, p. 216 d’après Pithou.

49Carloman II, entre mars 880 et le 10 décembre 884, à la demande des comtes Aleran et Boson, confirme les biens qui avaient été donnés au monastère de Montiéramey par Charles le Chauve100. Nous avons vu qu’il s’agit de la dernière intervention de Boson dans le comté de Troyes. C’est effectivement à ces dates que le comte Robert, fils du comte de Troyes Eudes Ier (852-859) et encore mineur lorsqu’il hérita du comté de Troyes en 871 à la suite d’Aleran II, intervient officiellement pour la première fois. Robert, en outre abbé laïc de Saint-Loup et époux de Giselle sœur de Carloman, fut tué par les Normands en février 886 à l’est de Paris. Quant à Aleran, nous ignorons le comté dont il était investi. Il peut s’agir d’Aleran II, comte de Troyes de 866 à 871 et alors comte de Mâcon.

  • 101 Le terminus a quo de mars 880 correspond au partage du royaume de Louis le Bègue, à l’initiative de (...)
  • 102 Commune située à 32 km au nord-est de Troyes, a. Troyes, c. Ramerupt.
  • 103 Commune située à 28 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Bar-sur-Seine.
  • 104 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. rit., no 65, p. 172 d’après Pithou. Cette terre couvrai (...)

50Par un diplôme daté d’entre mars 880 et le 17 novembre 882101, Carloman, à la demande du comte de Troyes Robert, concède à l’abbaye de Montiéramey des biens à Noviango (Nogent-sur-Aube)102 et Vidiliaco (Villyen-Trode)103, en particulier trois manses et deux cents ansanges de terre inculte à Nogent104.

  • 105 Commune située à 14 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.
  • 106 Commune située à 4 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Sainte-Savine.
  • 107 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. cit., no 80, p. 214 d’après Pithou. Les terres du lieud (...)

51Entre mars 880 et le 10 décembre 884, Carloman, à la prière du même comte de Troyes Robert et pour le repos de l’âme de sa sœur Giselle, femme de Robert, concède à l’abbaye de Montiéramey, dans le comté de Troyes, un manse à Curtis Argentea (Courteranges)105 dépendant de Clérey et tenu par Daredus et Achericus, et soixante ansanges situées à Cornus (La Rivière-de-Corps ?)106 au lieu-dit Broilus, avec également Daredus, sa femme Richildis et leur descendance107. Giselle était donc une fille de Louis le Bègue et Robert son gendre.

  • 108 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. cit., no 81, p. 215 d’après Pithou.
  • 109 Alors comte d’Oscheret (diocèse de Chalon-sur-Saône, Bourgogne) et marquis d’Ivrée (Piémont, Italie (...)
  • 110 Commune située à 42 km au nord d’Auxerre, a. Auxerre, c. Brienon-sur-Armançon.

52À la même période, Carloman108, à la prière du même comte de Troyes Robert et du comte Anscarius109, donne au monastère de Montiéramey, alors dirigé par l’abbé Rotfridus, un manse in villa Sadiliaco in comitatu Senonico (Chailley dans le comté de Sens)110.

c. La donation de Charles le Gros

  • 111 Giry, art. cit., p. 132, no 20 et 21 d’après Du Chesne.
  • 112 Peut-être évêque d’Augsbourg depuis 887, auparavant abbé d’Ellwangen (Allemagne) d’après Giry, art. (...)
  • 113 Probablement comte de Bamberg (Allemagne), fils du comte Henri tué au siège de Paris en 886 d’après (...)

53Seuls quelques courts extraits des diplômes de l’empereur Charles le Gros nous sont parvenus. Deux d’entre eux sont en faveur de l’abbaye de Montiéramey111 : l’un, daté du 13 septembre 886, ne nous apprend rien ; l’autre, non daté, est une donation faite à la prière de l’archicustos (dignitaire d’un évêché ou d’une abbaye) Adalbéron112 et du comte Adalbert113.

d. La donation d’Eudes

  • 114 Bautier (Robert-Henri), Recueil des actes d’Eudes, roi de France (888-898), Paris, Imprimerie Natio (...)
  • 115 Commune située à 32 km au nord-est de Troyes, a. Troyes, c. Ramerupt.

54Par un diplôme, probablement daté de la fin de l’année 894 et établi depuis l’abbaye de Flavigny (Côte-d’Or), Eudes114, à la demande du comte Hucbaldus, concède en toute propriété au monastère du Der, la Novigentus villa supra fluvium Halsonam (Nogent-sur-Aube, au confluent de l’Auzon)115, située dans le pagus Brionensis. Le comte Hucbald était le petitfils par alliance de Louis le Pieux, le gendre d’Evrard marquis de Frioul et l’oncle du futur archevêque Hervé de Reims. Son comté était situé dans le nord de la France.

3. Les possessions territoriales : les donations de particuliers

  • 116 Chef-lieu de canton situé à 28 km au sud de Troyes, a. Troyes.
  • 117 Giry, art. cit., p. 127-128, no 9 pour la notice de la tradition de Chaource, p. 129, no 14 pour la (...)

55Dans un diplôme non daté, Charles le Chauve, à la prière de sa femme Richilde, concède à son fidèle Robert le domaine de Chaource situé dans le comté de Tonnerre (villa Cadussia in comitatu Tornatrinse)116. Nous avons expliqué pourquoi cette donation devait être datée entre le 25 décembre 875 et le 25 octobre 876. Cette donation est également connue par une notice de la tradition de Chaource, faite par le comte Eudes à son frère Robert en vertu de ce diplôme. Par la suite, à une date inconnue, Robert donna le domaine de Chaource au monastère de Montiéramey. Son successeur au comté de Troyes, son neveu Aleaume (886-896), confirma cette donation à Montiéramey dans un acte donné à Troyes en février 893117.

  • 118 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. cit., no 65, p. 172 d’après Pithou.
  • 119 Hameau de la commune de Saint-Germain, situé à 6 km au sud-ouest de Troyes, a. et c. Troyes.
  • 120 Commune située à 4 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Sainte-Savine.

56À la donation faite par Carloman II de biens à Nogent-sur-Aube et à Villy-en-Trode118, le même comte de Troyes Robert ajouta un manse dépendant de l’abbaye Notre-Dame (Saint-Loup) situé à Corcella (Courcelles)119 et la moitié d’un champ appelé Broilus situé à Cornus (La Rivière-de-Corps ?)120.

  • 121 Lalore, op. cit., t. VII : Cartulaire de l’abbaye de Montiéramey, Paris, E. Thorin, Troyes, L. Lacr (...)
  • 122 Commune de la Haute-Marne située à 35 km au sud-ouest de Chaumont, a. Chaumont, c. Chateauvillain. (...)

57Le 25 juillet 879121, Boson et sa femme Hirmingarde donnent également des biens au monastère de Montiéramey situés in villa que Lentiscus vocatur, in pago Laticence (Lanty-sur-Aube dans le Lassois)122.

4. L’administration du monastère

a. Les redevances et les exemptions

  • 123 Lalore, op. cit., t. VII : Cartulaire de l’abbaye de Montiéramey, Paris, E. Thorin, Troyes, L. Lacr (...)
  • 124 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. I, no 171, p. 452-453.
  • 125 Dufour (Jean), Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul, rois de France (922-936), Paris, Imprim (...)

58La charte de fondation indique que l’abbaye de Montiéramey était tenue de payer annuellement une redevance de vingt deniers d’argent au comte de Troyes au jour de la fête de saint Pierre (29 juin)123. Lorsque Charles le Chauve confirme en 855 le privilège épiscopal d’Adalbert, il réitère cette obligation, puisque jadis cette redevance revenait au comte à bon droit124. Cette exigence est de nouveau affirmée dans un diplôme de Raoul en date du 10 décembre 926125.

  • 126 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 369, p. 321-322.

59Lors de la donation de manses et de champs à Pont-Barse, Frontiniacus, Courteranges et Carrarias, le 10 février 874, Charles le Chauve précise que les nones et les dîmes, perçues sur ces terres reviennent toujours à l’Église de Troyes et que les moines doivent s’en acquitter annuellement126.

  • 127 Qu il s’agisse du tonlieu, taxe sur le transport et la vente des marchandises, ou du pontaticus, re (...)
  • 128 Dufour, op. cit., no 9, p. 39-40.

60Raoul, enfin, ordonne le 10 décembre 926 qu’aucun comte, vicomte, viguier ou centenier, c’est à dire aucun membre de l’administration du comitatus, ne puisse exiger de tonlieux ou autres redevances127 de la part du monastère128. C’est le seul diplôme à exempter ainsi les moines de Montiéramey.

b. La règle et l’élection de l’abbé

  • 129 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. I, n" 171.
  • 130 Giry, Prou, Tessier, op. cit., 1955, t. III, p. 243-244.

61Le diplôme de Charles le Chauve de 855 n’est pas seulement la confirmation d’un ancien privilège épiscopal puisqu’une nouvelle disposition y est apportée : le roi ajoute en effet que, après la mort d’Arremar, les moines auront le pouvoir de choisir et d’élire librement leur abbé, comme le stipule la règle de saint Benoît, et sans l’intervention comtale. Cette liberté de l’élection abbatiale semble être finalement la disposition essentielle de ce diplôme. Les moines de Montiéramey obtenaient par elle une certaine garantie de leur indépendance vis-à-vis du pouvoir royal, mais aussi des autorités épiscopale et comtale129. Cela dit, « la reconnaissance explicite par le souverain du libre choix de l’abbé ne constituait pas un obstacle infranchissable à un retour de volonté. En dépit de la parole donnée, le roi pouvait se laisser aller à disposer de l’abbatiat en faveur d’un importun »130.

5. La sujétion du monastère Saint-Sauveur d’Alfa établie par Charles le Chauve et confirmée par Carloman II et Eudes

  • 131 Saint-Sauveur, Côte-d’Or, a. Dijon, c. Pontailler-sur-Saône.

62Carloman, dans un diplôme daté du 23 janvier 883 donné depuis Compiègne en faveur du monastère d’Alfa, nous apprend que son père Louis le Bègue et son grand-père Charles le Chauve accordèrent des biens de leur propriété à ce monastère. Dédié au saint Sauveur, il était situé dans le pagus Atoariensis (Atuyer) dépendant alors du diocèse de Langres131. Ce diplôme indique surtout que Charles le Chauve plaça à la direction du monastère d’Alfa Rotfridus, abbé du monastère de Nova cella. Ce Rotfridus est sans doute le même abbé que celui mentionné dans le diplôme de Charles le Chauve du 15 juillet 863.

  • 132 Hugues l’Abbé, cousin germain de Charles le Chauve, était abbé de Saint-Martin de Tours et de Saint (...)

63Après la mort de l’abbé Sadrabertus, qui succéda à Rotfridus, les moines d’Alfa, représentés par Hugues l’Abbé132, demandèrent à Carloman de placer un autre Rotfridus de Montiéramey à la direction de leur monastère. Pour cela, ils lui présentèrent les préceptes de ses aïeuls. L’objet de cet acte est donc d’une part, la confirmation des immunités accordées à Alfa par Louis le Bègue et Charles le Chauve, et d’autre part, la nomination de Rotfridus qui place de nouveau le monastère d’Alfa dans la dépendance de l’abbaye de Montiéramey. Cette sujétion aux moines du diocèse de Troyes, établie à la demande des moines d’Alfa, était donc acquise dès les origines du monastère Saint-Sauveur, puisque Rotfridus en fut le premier abbé.

  • 133 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. cit., no 66, p. 174-176 d’après l’original. Diplôme éga (...)

64Carloman interdit, en outre, aux moines de confier un office monastique à une personne qui n’aurait pas été élevée dans le monastère ; il les place sous la protection royale et les exempte de toute redevance quand ils circuleront dans le royaume. En échange, n’étant pas marié, il leur demande des prières pour ses grands-parents Charles le Chauve et Ermentrude, ses parents Louis le Bègue et Ansgarde, ainsi que pour son frère Louis III133. Les archives départementales de l’Aube conservent l’original du diplôme de Carloman sous la cote 6H36 (annexe 20). En revanche, les diplômes de Louis le Bègue et de Charles le Chauve sont perdus.

  • 134 À savoir ceux de Charles le Chauve, Louis le Bègue et Carloman. En revanche, aucun privilège pontif (...)
  • 135 Bautier, op. cit., no 30, p. 134-135 d après l’original. Diplôme également publié dans Arbois de Ju (...)

65La sujétion du monastère d’Alfa à celui de Montiéramey est une seconde fois confirmée le 30 septembre 892 dans un diplôme du roi Eudes. Ce document révèle, d’abord, qu’un certain moine Aginus d’Alfa réclama une première fois la direction de ce monastère auprès du roi Eudes. Il signale, ensuite, qu’un jugement avait rejeté cette revendication lors d’un plaid royal tenu à Verberie (Oise) où siégeaient les archevêques Foulques de Reims, Gautier de Sens, Guy de Rouen, et les évêques Didon de Laon, Honoré de Beauvais et Riculfe de Soissons. Ce jugement confirmait également la soumission d’Alfa au monastère de Montiéramey. Il indique, enfin, qu’Aginus, refusant la sentence prononcée à Verberie, revendiqua une seconde fois l’abbaye d’Alfa. C’est alors qu’apparaît l’objet du diplôme d’Eudes : à la demande de l’abbé Erchengerius de Montiéramey qui lui présenta les diplômes de ses prédécesseurs ainsi que des privilèges pontificaux134, Eudes rejetta définitivement les prétentions d’Aginus et maintint les droits de Montiéramey sur Alfa. Il rappella, en outre, que l’abbaye d’Alfa avait jadis été obtenue de Charles le Chauve par l’abbé Sadrevertus135. Les archives départementales de l’Aube conservent l’original de ce diplôme sous la cote 6H37 (ANNEXE 21).

6. Les relations avec les puissances laïques : les autorités royale et comtale

a. L’intervention des rois

66Dans le cas du monastère de Montiéramey, les souverains ne se sont pas contentés de confirmer ou de concéder des terres comme Charles le Chauve le fit pour Montier-la-Celle. Ce dernier, notamment, intervint dans la réglementation intérieure du monastère en concédant aux moines la liberté d’élire leur abbé et en leur imposant une redevance de vingt deniers d’argent due annuellement au comte de Troyes. De même lors de la donation du 10 février 874, il exigea que les moines s’acquittent auprès de l’Église de Troyes des nones et des dîmes perçues sur les terres concédées. Une troisième intervention de Charles le Chauve est remarquable : il nomma l’abbé de Montiéramey à la tête du monastère Saint-Sauveur d’Alfa.

67Les successeurs de Charles le Chauve ne restèrent pas non plus passifs puisque Carloman et Eudes intervinrent à leur tour pour confirmer les droits de Montiéramey sur Alfa. Le diplôme de Charles le Chauve à ce sujet ayant disparu, nous ne savons pas s’il répondait à une demande et si oui, à laquelle. En revanche, Carloman et Eudes furent sollicités, le premier par les moines d’Alfa qui souhaitaient remplacer leur abbé défunt par l’abbé de Montiéramey ; le second par l’abbé de Montiéramey qui souhaitait voir rejeter les prétentions d’un moine sur Alfa. Raoul, enfin, intervint également dans la réglementation des redevances du monastère, d’une part en confirmant l’obligation faite aux moines de verser vingt deniers d’argent au comte de Troyes, d’autre part en exemptant le monastère de tout tonlieu.

68Comme dans le cas du monastère de Montier-la-Celle, les rois n ont agi que rarement de leur propre volonté pour celui de Montiéramey. En fait, seul Charles le Chauve est intervenu spontanément et uniquement par deux fois, lors de la donation de terres le 19 avril 871 et le 10 février 874. Dans tous les autres cas, l’action royale a été motivée par l’intervention d’un requérant. Ce dernier est presque toujours un personnage influent : Eudes, fils de Guillaume comte de Blois et de Châteaudun et frère de Robert le Fort, était un fidèle de Charles le Chauve. Raoul, frère de l’impératrice Judith, était l’oncle de Charles le Chauve et, qui plus est, abbé laïc de Jumièges et de Saint-Riquier. Il sollicita deux fois son neveu en faveur de Montiéramey. Boson, qui était également intervenu en faveur de Montier-la-Celle, était duc et missus d’Italie ainsi qu’archiminister du palais, c’est à dire premier conseiller du roi. Il intervint également deux fois auprès de Charles le Chauve et une fois auprès de Carloman. Robert, tué par les Normands en février 886 à l’est de Paris, était lui aussi abbé laïc de l’abbaye Saint-Loup et ministre du palais. Il intervint trois fois auprès de Carloman, son beau-frère puisqu il avait épousé sa sœur Giselle.

69Contrairement aux moines de Montier-la-Celle, ceux de Montiéramey sont représentés par deux abbés requérants : Rotfridus, lors de la confirmation d’un privilège épiscopal le 15 juillet 863 par Charles le Chauve, et Erchengerius, lors du maintien des droits de Montiéramey sur le monastère d’Alfa le 30 septembre 892 par Eudes. Rotfridus est néanmoins associé au comte Raoul cité avant lui. Ce sont les seuls abbés réguliers mentionnés dans les actes royaux ou comtaux. Aucun diplôme, enfin, n’a été établi depuis l’abbaye de Montiéramey sans qu’il faille en déduire pour autant que jamais leurs auteurs ne la visitèrent.

b. L’intervention des comtes

  • 136 Il s’agit de Richard le Justicier, comte d’Autun, abbé laïc de Saint-Germain d’Auxerre et de Sainte (...)
  • 137 Commune située à 28 km au sud-est de Troyes, a. Troyes. c. Bar-sur-Seine, dépendante alors du diocè (...)
  • 138 Lalore, op. cit., t. VII : Cartulaire de l’abbaye de Montiéramey, Paris, E. Thorin, Troyes, L. Lacr (...)

70En conséquence, il apparaît que de nombreux éminents personnages, souvent comtes, ont agi en faveur de l’abbaye de Montiéramey. Certains sont intervenus directement lors de donations de terres ou d’esclaves, d’autres en tant que requérants auprès des rois afin d’obtenir des diplômes. Une notice établie le 21 janvier 896 signale même que le comte Richard, son fils Raoul136 et cinq autres comtes tinrent un plaid à Cortis Onulfi (Courtenot)137 au cours duquel ils donnèrent raison à l’abbé Berthard de Montiéramey et à son avoué Adrevert qui s’étaient plaints de Ragenard, vassal de Richard, pour avoir utilisé par la force à son service des hommes de Chaource138. L’intervention importante des comtes de Troyes Aleran Ier, Eudes, Raoul, Robert et Richard prouve que l’abbaye de Montiéramey était dans la dépendance de l’autorité comtale troyenne. Le monastère fut fondé sur une terre comtale concédée, donation ensuite entérinée par un privilège épiscopal et confirmée par un acte royal. Comme dans le cas de Montier-la-Celle, les confirmations royales des donations des terres du comitatus, relevant du fisc royal, étaient nécessaires. Les comtes de Troyes étaient abbés laïcs de ce monastère. Aleran Ier et Eudes le furent à l’époque de l’abbé fondateur Arremar. Ce dernier vivait encore, en effet, lors de l’abbatiat laïc des deux hommes puisque Charles le Chauve, du temps du comte Eudes en 855, accorda aux moines la liberté d’élection de leur abbé après la mort d’Arremar.

7. Les relations avec l’autorité apostolique

  • 139 Ibid., no 3, p. 4-5 d’après Baronius (César), Annales ecclesiastici, a. 855, no 13, et plus particu (...)
  • 140 Giry, art. cit., no 3, p. 124.
  • 141 Arbois de Jubainville (Henri d’), « Bulle inédite du pape Jean VIII, en faveur de l’abbaye de Monti (...)

71Deux papes s’intéressèrent à l’abbaye de Montiéramey. Léon IV (847-855), dans un document non daté, s’adresse à l’évêque Prudence de Troyes afin qu’il consacre le monastère aux saints Pierre et Léon de telle sorte qu’il soit à jamais soumis à l’Église de Rome139. Arthur Giry a estimé cette pièce suspecte140. Jean VIII (872-882), le 16 septembre 878, s’adresse à l’abbé Rotfridus du monastère autrefois appelé Mansus Corbonis, aujourd’hui Nova Cella. Profitant de sa présence à Troyes lors du synode dont les actes sont datés du 14 septembre 878, il confirme qu’aucun évêque ni officier public ne peut exiger de redevances de la part du monastère, si ce n’est vingt deniers dus au comte de Troyes à chaque fête de saint Pierre. Le pape réitère ensuite l’autorisation accordée aux moines d’élire librement leur abbé conformément à la règle de saint Benoît. Enfin, il place le monastère sous sa protection, le soustrayant à la cupidité et aux convoitises des souverains, des évêques, des clercs et des fidèles, interdisant leurs largesses dans le but d’obtenir certains avantages et préconisant la gratuité de leurs actions bienfaitrices. Jean VIII va jusqu’à menacer d’excommunication ceux qui tenteraient d’aller à l’encontre de ce précepte apostolique141. L’intervention des papes Léon IV et Jean VIII prouve à quel point l’autorité pontificale était alors soucieuse de protéger les monastères et d’intervenir dans leur règlement intérieur.

8. Conclusion

  • 142 a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

72L’appellation monasterium Arremari ou Arremarense, du nom du fondateur de l’abbaye, n’apparaît qu’en 1118 et 1120. Figurent ensuite successivement dans les textes Mostierarremé (1182) et Monstierarremy (1336). L’abbaye a finalement donné le nom de Montiéramey à la commune formée autour d’elle et située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Troyes142.

73Au début du XIIIe siècle, un nouveau monastère et une nouvelle église furent construits pour accueillir le nombre croissant de moines. Les anciens bâtiments claustraux furent alors abandonnés et l’ancienne église devint l’église paroissiale de la commune. La nouvelle abbaye, d’abord vendue comme bien national, fut ensuite détruite à la Révolution française.

*

74La politique théocratique instaurée par les premiers rois carolingiens et leur intérêt porté sur l’autorité pontificale provoquèrent de nombreuses modifications dans l’ordre religieux. La réalisation de l’unité chrétienne passait d’abord par celle de l’unité du royaume. Le sacre de Pépin le Bref en 754 par le pape Étienne II contenait tous les ingrédients d’une unité politique et religieuse du royaume carolingien. Ce nouveau « gouvernement de la cité par Dieu » et la constitution d’un véritable État par l’instauration de l’Empire en l’an 800 permettaient dès lors à l’empereur Charlemagne et à son successeur Louis le Pieux, complètement investis de l’autorité religieuse, d’établir de nouvelles règles. Leur prééminence les engagea à procéder à de nombreuses réformes par la constitution d’un appareil législatif valable pour tous, dont le contenu fut transmis à tous les niveaux de la hiérarchie impériale. Afin d’assurer une parfaite cohérence et surveillance de l’application des nouvelles lois, le statut des missi fut précisé et leur autorité renforcée. En possession du droit de nommer évêques et moines, les rois carolingiens placèrent les membres de leur famille, les aristocrates et les clercs de leur entourage à la tête des évêchés et des abbayes. Certains monastères demeurèrent réguliers, d’autres devinrent séculiers lorsqu’un laïc fut établi aux côtés de l’abbé régulier. Les hommes d’Église, évêques et abbés régulièrement nommés missi dominici, donc investis d’une charge administrative et diplomatique, devaient se soustraire à leur œuvre pastorale et intervenir plus directement dans les affaires politiques du royaume. L’espace territorial administratif s’organisait toujours sur la base du comté, tandis que l’espace religieux subissait quelques modifications. Les diocèses jugés trop vastes furent divisés en archidiaconés et en doyennés. Les doyens furent chargés de visiter le clergé rural afin de s’assurer de la parfaite diffusion et du respect de la nouvelle politique impériale. La christianisation des campagnes fut dès lors renforcée et contrôlée par une hiérarchisation plus intense de l’Église. La mise en place définitive par Charlemagne de la dîme, impôt correspondant au dixième environ de la production due en nature au prêtre par chaque fidèle en possession d’un bien foncier, permit également au clergé rural de vivre dans une relative autonomie et donc de ne plus dépendre directement des seigneurs locaux. Louis le Pieux s’intéressa plus particulièrement aux moines et aux chanoines. Lors de deux synodes tenus à Aix-la-Chapelle en 816 et 817, la règle bénédictine et la règle des chanoines furent nouvellement codifiées par Benoît d’Aniane et imposées à tous les monastères et à tous les chapitres, ces derniers étant alors établis auprès de la plupart des cathédrales. La politique de protection des établissements monastiques incita les rois carolingiens à multiplier allégeances et exemptions à leur égard, ainsi qu’à accorder à certains moines la libre élection de leur abbé, comme le stipulait la règle de saint Benoît. La papauté, enfin, profitant de relations clémentes avec l’Empire depuis les sacres de Pépin le Bref, Charlemagne et Louis le Pieux, se montra plus présente dans les affaires religieuses de la Gaule. Si elle ne put totalement réglementer les affaires temporelles de l’Église au niveau local, les métropolitains et leurs suffragants furent néanmoins conduits à ne pas négliger cette intervention de l’autorité pontificale. Les querelles de partages du monde franc entre les héritiers de Louis le Pieux et les nouvelles divisions de l’Empire qui en résultèrent ne mirent pas en danger les principes fondamentaux concernant le monachisme définis par Benoît d’Aniane. En revanche, les oppositions entre les détenteurs du pouvoir de la Francia de l’Ouest, de l’Empire et du royaume de Bavière provoquèrent des troubles politiques et des conjurations fomentées par les grands. Charles le Chauve, premier roi en 848 de la Francia de l’Ouest, dont les limites furent définitivement établies en 843 par le traité de Verdun, possédait le territoire tricasse depuis 837-838. Ce dernier, dès lors tourné vers les diocèses de Châlons et de Reims et lieu de retranchement de Charles le Chauve en 841 et en 858-859, tint pour la première fois une place de premier ordre dans l’histoire religieuse du monde franc.

75Le diocèse de Troyes fut, en effet, le siège de deux importants synodes tenus dans la cathédrale en 867 et 878. Le premier confronta essentiellement l’archevêque Hincmar de Reims au pape Nicolas Ier et au roi Charles le Chauve. Le règlement de l’affaire des clercs d’Ebbon ne s’obtint pas sans quelques agitations dont la cathédrale fut le théâtre. Le deuxième, présidé par le pape Jean VIII, devait statuer sur la douloureuse succession à l’Empire, ouverte depuis la mort de Charles le Chauve en 877 et fondamentale pour Rome, alors menacée par les Sarrasins. Hincmar, plus préoccupé par les problèmes religieux de la Francia de l’Ouest que par la défense du Saint-Siège, mena les discussions sur le règlement d’affaires locales, telle que celle concernant l’évêque Hincmar de Laon, suffragant de la province de Reims et de surcroît neveu du métropolitain. Louis le Bègue, seul héritier de Charles le Chauve, fut néanmoins couronné par Jean VIII le 7 septembre 878 à Troyes.

76Ces synodes donnèrent l’occasion à deux évêques troyens de se démarquer et de figurer dans les sources écrites contemporaines. Fulcheric (861-869), ancien élève de l’Église de Reims et notaire de Charles le Chauve, apparaît comme le représentant d’une Église neutre, succédant à Prudence mêlé à l’affaire des clercs d’Ebbon et dont les relations avec Hincmar de Reims s’achevèrent par un conflit ouvert. Fulcheric sut également remplir le devoir de charité qui incombait à sa charge en offrant en 862 son domaine d’Aix-en-Othe et des vivres à l’abbé Loup et à ses moines de Ferrières, alors menacés par les Normands établis à Melun. Ottulf (870-878) joua un rôle dans l’affaire d’Hincmar l’Aveuglé et était lié à Hincmar de Reims dès avant son élection au siège épiscopal de Troyes, puisqu’il fut le témoin en 868 d’événements relatifs à cette affaire. Il était présent au concile d’Attigny en 870 et se fit représenter à celui de Douzy en 871. Pasteur du diocèse de Troyes, il intervint dans le jugement de problèmes propres à son territoire, notamment lors de litiges entre les évêchés de Reims et de Troyes, au sujet d’un refus de paiement de la dîme, et entre les évêchés de Troyes et de Langres, au sujet de l’attribution d’une paroisse.

77Prudence (843/846-861), prédécesseur de Fulcheric et d’Ottulf, fut plus directement mêlé aux affaires de l’Église de la Francia de l’Ouest. Espagnol d’origine, annaliste officiel du royaume par la rédaction des Annales de Saint-Bertin à partir de l’année 835 et fidèle incontesté de Charles le Chauve, Galindo fut nommé missus en 844 et visita divers monastères en compagnie de l’abbé Loup de Ferrières lors de missions en 844 et 845. Présent aux conciles réunis en son temps, il intervint à celui de Soissons en 853 lors du règlement de l’affaire des clercs d’Ebbon. Il fut choisi par les accusés comme juge chargé d’arbitrer le débat. Son œuvre épiscopale est connue par son activité liturgique au sein de la cathédrale de Troyes, la rédaction des Praecepta, recueil de textes à l’usage de son clergé, ses prédications dans l’église Saint-Aventin et les consécrations des églises des abbayes de Montier-la-Celle et de Montiéramey. Il s’intéressa toutefois avant tout aux questions dogmatiques. Ses écrits l’impliquèrent totalement dans les controverses théologiques, notamment celle portant sur la prédestination soutenue par Gottschalk. L’hérésie de ses doctrines, qui s’avère être plutôt une vision rigoureuse de la prédestination, fut démontrée par Hincmar, son adversaire le plus fervent. Leur amitié se consuma et, à la mort de Prudence en 861, le jugement négatif que l’archevêque de Reims lui porta dans les premières lignes de la continuation des Annales de Saint-Bertin, ruina l’image de Prudence. Les Bollandistes ne l’inscrivirent pas parmi les saints des Acta Sanctorum, il ne figure pas dans le martyrologe romain, n’est patron d’aucune église du diocèse de Troyes et sa Vie n’a jamais été rédigée.

78La place qu’occupe l’Église de Troyes au sein de la Francia de l’Ouest au IXe siècle peut également être démontrée par la nouvelle topographie religieuse de la cité épiscopale. Si le maintien des limites du castrum du Bas-Empire semble indiquer que la population n’avait guère augmenté, les restaurations et l’instauration de nouvelles institutions démontrent que la ville possédait une richesse incontestable et une implication chrétienne confirmée. La cathédrale, dont une partie du riche décor intérieur est connue grâce aux détails que donne Prudence dans le panégyrique de sainte Maure du rituel que pratiquait la jeune vierge, fut restaurée du temps de l’évêque Ottulf. Le chevet de cette alta domus était situé à une vingtaine de mètres de la muraille. En son côté sud, s’élevait la résidence de l’évêque où, semble-t-il, Jean VIII résida lors du synode de 878 et où vivaient les chanoines établis entre 817 et 850. L’instauration du chapitre cathédral de Troyes s’accompagna de la fondation du premier établissement charitable de la ville, à savoir l’hôpital Saint-Nicolas à proximité de l’ecclesia Apostolorum. L’abbaye Saint-Quentin se tenait toujours dans l’angle nord-est du castrum. L’enceinte, relevée et fortifiée à la suite de la destruction de la ville en 889 par les Normands, comportait probablement dès cette époque quatre portes à ses intersections avec le cardo et le decumanus, ainsi qu’une tour construite près du chapitre. Quelques membres du clergé et des fidèles sont enfin connus : Maurice, diacre de la cathédrale, Eutrope, prévôt du chapitre, et la famille aristocratique de sainte Maure, visiblement influente et très chrétienne. Le suburbium oriental présentait une activité similaire à celle qu’il avait acquise et développée à l’époque mérovingienne. Centre de l’activité chrétienne funéraire, complémentaire de l’activité liturgique de la cathédrale, il comportait encore la principale nécropole de la ville, la basilique funéraire Saint-Aventin, l’église Saint-Nizier et l’abbaye Saint-Loup. Cette dernière fut, en outre, transférée en 890-891 après sa destruction en 889, à l’intérieur de la muraille au nord de la cathédrale.

79Le statut des abbayes du diocèse de Troyes reflète parfaitement la nouvelle politique des princes carolingiens. L’abbaye Saint-Loup fut donnée par Charlemagne en 782 à Alcuin, son célèbre conseiller, maître de l’école palatine puis abbé de Saint-Martin de Tours. S’il n’y résidait pas, il y séjourna quelque temps en 798. Près d’un siècle plus tard, cette abbaye était dans la dépendance des comtes de Troyes, Robert puis son neveu Aleaume, abbés laïcs, mais les moines possédaient le domaine en alleu et pouvaient donc vivre de façon autonome. De même, l’ancienne abbaye de Montier-la-Celle et la nouvelle de Montiéramey constituaient des établissements séculiers avec à leur direction le comte de Troyes aux côtés de l’abbé régulier. Elles firent toutes les deux l’objet d’importantes donations territoriales de la part des rois carolingiens, particulièrement de Charles le Chauve, à la requête des comtes de Troyes qui eux-mêmes leur concédèrent des terres de leurs propriétés. Leur temporel, sans cesse augmenté de possessions fiscales, les classe parmi les riches abbayes du royaume de la Francia de l’Ouest. Si ces abbayes, établies sur des terres du fisc, étaient placées sous l’autorité comtale, l’intervention royale n’était pas inexistante et a su parfois réagir contre la cupidité de certains comtes. L’abbé de Montiéramey dirigeait, en outre, le monastère Saint-Sauveur d’Alfa dépendant du diocèse de Langres et vit par deux fois l’autorité pontificale intervenir en sa faveur. Seule l’abbaye de Nesle-la-Reposte demeura régulière. Jugée capable de supporter la double contribution des dons et du service militaire par Louis le Pieux, elle figura en 819 parmi les plus riches abbayes dans la Notitia de servitio monasteriorum et obtint de l’empereur la libre élection de son abbé. Le droit à cette pratique, stipulé dans la règle de saint Benoît, lui fut renouvelé en 841 par Lothaire qui la maintint donc parmi les abbayes royales régulières privilégiées. Quant aux abbayes mérovingiennes de Mantenay, d’Isle-Aumont, de Puellemontier et d Oyes, elles ne survécurent visiblement pas aux invasions normandes. La christianisation des campagnes tricasses, intensifiée par la multiplication des églises rurales entre le VIIe et le IXe siècle, s’opéra également par les monastères du diocèse qui créèrent des centres d’habitats, même si seuls ceux de Puellemontier, d’Oyes, de Montiéramey et de Nesle-la-Reposte étaient véritablement établis en milieu rural.

Notes

1 Commune de Saint-Lyé située à 9 km au nord-ouest de Troyes, a. et c. Troyes.

2 BHL. 5725. Prudence, Sermo de vita et mortegloriosae virginis Maurae dans Migne (Jacques-Paul), Patrologie Latine, t. CXV, col. 1367-1376, ici col. 1368-1369 : ... vir religiosissimus Leo abbas, vicinus noster, qui eam catechizavit et regeneravit ex aqua et Spiritu sancto...

3 Ibid., col. 1372-1373 : Non solum enim clericorum, sedmonachorum necessitatibussubvenire curabat, quod Leo abbas et sancta ipsius congregatio recognoscunt, quibus de proprio cucullas et mapulas acquirebat, [...] et sanctorum martyrum Gervasii et Protasiipatrocinia studiosius implorabat in monasterio monachorum. quod licet apud Mantiniacum circiter quatuor millibus ab hac Tricassina civitate distat, qualibet tamen quarta et sexta feria causa peregrinationis nudis pedibus et absque lineis, in arcto panis et aquae jejunio visitabatur ab ipsa.

4 Ibid., col. 1371 : Stabam ego ex una parte grabati, et Leo abbas ex altera, qui tunc, submissa voce, more suo, psalmos Davidicos ad caput beatae virginis ruminabat. Stabam etiam nobiscum Mauricius, Eutropius Levita, consanguineus virginis, et multa turba fidelium circumfusa.

5 Ibid., col. 1375-1376 : Ipsa etiam hora migrationis sanctae virginis, Veranus monachus, olfactus sensu diu ante prorsus amisso, eumdem odorem suavitatis sensit in monasterio Leonis quem proximi sancto corpori sentiebant.

6 Commune située à 10 km au sud-est de Troyes, a. Troyes. c. Bouilly.

7 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 356, p. 293 : ...monachis monasterii sancti Petri apostolorum principis quod dicitur cella domni Bobini ad occidentalem plagam Trecassinae urbis siti...

8 Scapula (Jean), Un haut lieu archéologique de la haute vallée de la Seine : la butte d’Isle-Aumont en Champagne, première partie : Du néolithique au carolingien, Troyes, Imprimerie Paton, 1975, nouv. éd. avec complément d’illustrations 1981, p. 52 et 178.

9 Roserot de Melin (Joseph), Le diocèse de Troyes des origines à nos jours (IIIe siècle-1955), Troyes, imprimerie de la Renaissance, 1957, p. 62.

10 Commune du département de la Haute-Marne, dépendante de l’ancien diocèse de Troyes, située à 28 km au sud-ouest de Saint-Dizier, a. Saint-Dizier, c. Montier-en-Der.

11 BHL. 1178. Vita sancti Bercharii abbatis auctore Adsone, éd. de Mabillon (Jean), Acta sanctorum ordinis Sancti Benedicti, saeculum 2, Venetiis, 1733, p. 797-808 ; BHL. 1179. De diversis casibus Dervensis coenobii et miraculis sancti Bercharii, éd. de Mabillon (Jean), Acta sanctorum ordinis Sancti Benedicti, saeculum 2, Venetiis, 1733, p. 809-826.

12 Roserot de Melin (Joseph), Le diocèse de Troyes des origines à nos jours (IIIe siècle-1955), Troyes, imprimerie de la Renaissance, 1957, p. 65.

13 Commune du département de la Marne, dépendante de l’ancien diocèse de Troyes, située à 36 km au sud-ouest d’Épernay, a. Épernay, c. Sézanne.

14 Mère d’Odalric, archevêque de Reims dans la seconde moitié du Xe siècle.

15 BHL. 3594. Vita 1, Acta Sanctorum, maii, t. VI, p. 440-441 ; BHL. 3595. Vita 2, Martene (Edmond), Durand (Ursin), Veterum scriptorum et monumentorum... amplissima collectio, Paris, t. VI, p. 795-804.

16 BHL. 3178. Vita Frodoberti abbatis Cellensis auctore Adsone, M. G. H., S.R.M., t. V, 1910, p. 72-88.

17 Testament de Chelembertus, éd. Lalore, op. cit., t. VI : Cartulaire de Montier-la-Celle, Paris, Thorin, Troyes, L. Lacroix, 1882, p. 1.

18 BHL. 3179. Carmen de elevatione corporis sancti Frodoberti, Anal. Boll., 1886, t. V, p. 59-66.

19 Bibl. nat. de France, Collection Dupuy, vol. 227, fol. 4.

20 Commune située à 30 km au nord d’Avallon, a. Avallon, c. Noyers.

21 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 201, p. 514 d’après l’Inventaire général des Chartes de Montierla-Celle : ...quodque etiam monasterium sub tuitione et mundeburdo ex longo tempore constat esse comitis praedictae civitatis. Cujus monasterii utilitates et necessitates nos considerantes, quoniam nobis idem locus carissimus est...

22 Ibid. : .... quod est in suburbio ejusdem id est Trecassinae urbis et vocatur sancti Bobini cella, constructum in honore sancti Petri apostolorum principis, cui praeesse dinoscitur Haldegingus, venerabilis abbas...

23 Hameau de la commune de Saint-Léger-près-Troyes, situé à 7 km au sud de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.

24 Commune située à 5 km au nord-est de Troyes, a. et c. Troyes.

25 Hameau de la commune de Creney-près-Troyes.

26 Hameau de la commune de Saint-Germain, situé à 6 km au sud-ouest de Troyes, a. et c. Troyes.

27 Faubourg situé au sud de la commune de Troyes.

28 Ancienne commune disparue de Prunay-Saint-Jean, absorbée en 1908 par la commune de Saint-Jean-de-Bonneval, a. Troyes, c. Bouilly.

29 Commune située à 14 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.

30 Commune située à 5 km au sud de Troyes, a. et c. Troyes.

31 Commune située à 9 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

32 Hameau de la commune de Montceaux-lès-Vaudes, situé à 18 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.

33 Commune située à 10 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.

34 Commune située à 30 km au nord d’Avallon, a. Avallon, c. Noyers.

35 Hameau de la commune de Chablis, situé à 20 km au nord-est d’Auxerre, a. Auxerre, c. Chablis.

36 Commune située à 13 km au nord-ouest d’Auxerre, a. Auxerre, c. Aillant-sur-Tholon.

37 Commune située à 29 km au nord d’Auxerre, a. Auxerre, c. Brienon-sur-Armançon.

38 Commune située à 30 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bar-sur-Seine.

39 Hameau de la commune de Lantages, situé à 30 km au sud de Troyes, a. Troyes, c. Chaource.

40 Ferme aujourd’hui détruite sur le territoire de la commune de La Rothière, située à 17 km au nord-ouest de Bar-sur-Aube, a. Bar-sur-Aube, c. Soulaines-Dhuys.

41 Commune située à 26 km au nord-est de Troyes, a. Troyes, c. Ramerupt.

42 Commune située à 31 km au sud-est de Nogent-sur-Seine, a. Nogent-sur-Seine, c. Méry-surSeine.

43 Commune située à 30 km au nord de Troyes, a. Troyes, c. Arcis-sur-Aube.

44 Hameau de la commune de La Saulsotte, situé à 6 km au nord de Nogent-sur-Seine, a. Nogent-sur-Seine, c. Villenauxe-la-Grande.

45 Situation inconnue.

46 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 356, p. 293 d’après Pithou : ...monachismonasteriisanctiPetri apostolorum principis quod dicitur cella domni Bobini ad occidentalem plagam Trecassinae urbis siti...

47 Commune située à 20 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.

48 Commune située à 22 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.

49 Commune située à 19 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Bouilly.

50 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 422, p. 439 d’après Pithou et l’Inventaire général des Chartes de Montier-la-Celle :...silvam quandam quae cognominatur Drosilonus seu Javernandus quae aspicere visa est ad villam quae Juviniacum nuncupatur in eodem comitatu... Et p. 440 : ...damus ibi duos mansos et dimidium in loco qui Leriacum dicitur, aeterna firmitate largimur cum mancipiis quae his adnotantur vocabulis [...] cum eorum uxoribus, filiis et filiabus.

51 Cf. détails dans le catalogue de l’exposition Montier-la-Celle, abbaye bénédictine, milieu du VIIe siècle-1792, Saint-André-les-Vergers, Maison du livre et de la culture, 28 octobre-1er décembre 1984, 44 p.

52 Massin (Claude), « Carreaux vernissés incrustés de l’abbaye de Montier-le-Celle », Mélanges d’archéologie et d’histoire médiévales dans l’Aube, Société Archéologique de l’Aube, 1985, no 2, hors-série p. 20.

53 Commune située à 70 km au sud-ouest d’Épernay, a. Épernay, c. Esternay.

54 1670 d’après Courtalon-Delaistre (Jean-Charles), Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes, Troyes-Paris, 1784, t. III, p. 241 et Boutiot (Théophile), Socard (Émile), Dictionnaire topographique du département de l’Aube, Paris, Imprimerie Nationale, 1874, p. 110 ; 1673 d’après la Gallia Christiana, Opera et studio Monachorum Congregationis Sancti Mauri Ordinis Sancti Benedicti, Parisiis, ex typographia regia, 1770, t. 12, col. 538.

55 Stein (Henri), Bibliographie générale des cartulaires français ou relatifs à l’histoire de France, Paris, Picard et fils, 1907, p. 371, no 2711 ; Arbois de Jubainville (Henri d), Voyage paléographique dans le département de l’Aube, Troyes, Bouquot, Paris, A. Durand, Dumoulin, 1855, p. 3-7 et charte de Lothaire p. 16-20. Ce cartulaire n’est pas mentionné dans la Collection des principaux cartulaires du diocèse de Troyes de Charles Lalore, ouvrage pourtant postérieur à la découverte d’Arbois de Jubainville. La charte de Lothaire a également été publiée en partie par Mabillon (Jean), Annales ordinis sancti Benedicti, t. II, num. XLI, p. 624.

56 Arbois de Jubainville (Henri d’), Voyage paléographique dans le département de l’Aube, Troyes, Bouquot, Paris, A. Durand, Dumoulin, 1855, p. 5-6.

57 Ibid., p. 6.

58 Mabillon, op. cit., 1739, t. I, num. XXXV, p. 46-47.

59 Tillet (Jules), « Les ruines de l’abbaye de Nesle-la-Reposte », Congrès archéologique de France, LXIXe session tenue à Troyes et à Provins en 1902, Paris, A. Picard et Fils, Caen, H. Delesques 1903, p. 514-528.

60 Commune du département de la Marne située à 58 km au sud-ouest d’Épernay, a. Épernay, c. Esternay.

61 BHL. 7592-7594. Vita sancti Sereni confessons, Acta Sanctorum, oct., t. I, p. 345-353.

62 Dubois (Jacques), « Le martyrologe d’Usuard », Subsidia Hagiographica, no 40, Bruxelles, Société des Bollandistes, 1965, p. 314, no 3.

63 Gallia Christiana, op. cit., t. 12, p. 536.

64 Nomina Episcoporum et Abbatum Attiniaci Congregatorum, M.G.H., Legum sectio II, Capitularia regnum Francorum, t. I, p. 222.

65 Notitia de Servitio Monasteriorum, M.G.H., Legum sectio II, Capitularia regnum Francorum, t. I, p. 350 : [...] ubi inter ceteras dispositiones Imperii statuit atque constitution scribere fecit, quae monasteria in regno vel Imperio suo dona et militiatn facere possunt ; quae sola dona sine militia, quae vero nec dona. nec militiam, sed solas orationes pro salute Imperatoris vel filiorum ejus et stabilitate Imperii.

66 Lesne (Émile), « Les ordonnances monastiques de Louis le Pieux et la Notitia de servitio monasteriorum », Revue d’histoire de l’Église de France. 1920, t. 6, p. 460-461 et 480.

67 Arch. dép. Aube, 8H1, fol. 20v-21r et publié par Arbois de Jubainville (Henri dj. Voyage paléographique dans le département de l’Aube, Troyes, Bouquot, Paris, A. Durand, Dumoulin, 1855, p. 16-20.

68 Plante à fleurs bleues qui croît essentiellement dans les terrains calcaires. Dite « cumin noir » ou « herbe à épices », la réduction en poudre de ses graines stimulantes à l’odeur de citron a donné un condiment appelé le « toute-épice » ou « poivrette ». Nigella devient aussi au XVIe siècle la forme savante de la nielle, maladie notamment du blé, due à la plante à fleurs violacées et aux graines toxiques qui pousse parmi les céréales.

69 Annales Sancti Bavonis Gandensis, S.S., t. II, p. 185-191, ici p. 187.

70 Ibid., p. 187. Anno 867 Tasradus abbas Gandensis obiit apudNigellam repulsam, et ibidem sepelitur.

71 Ibid., p. 187 : Anno 882, Radulfus abbas Gandensis obiit Lauduni, et in monasterio de Nigella sepelitur.

72 Ibid., p. 188 : Anno 939, Sanctus Bavo cum aliis pignoribus sanctorum et reliquiis de Lauduno ad monasterium de Nigella translatus...

73 Lusse (Jackie), Naissance d’une cité, Laon et le Laonnois du Ve au Xe siècle, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1992, p. 233.

74 Voir aussi Cherest (Gilbert), « Une abbaye de la Brie champenoise. Quelques notes pour servir à l’histoire de Notre-Dame de Nesle », Mémoires de la société d’agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, 1962, t. LXXVII, p. 32-47.

75 Bibl. nat. de France, coll. Dupuy, vol. 952. Pithou (Pierre), Les coutumes du bailliage de Troyes en Champagne, Troyes, 1628, XX-806 p.

76 Bibl. nat. de France, coll. Baluze, vol. 39.

77 Stein (Henri), Bibliographie générale des cartulaires français ou relatifs à l’histoire de France, Paris, Picard et fils, 1907, p. 348-349, no 2534, 2535 et 2536.

78 Si l’on considère que la perche valait alors environ dix pieds romains ordinaires, soit 2, 944 m, ce terrain mesurait approximativement 1472 m sur 648 m. Si l’on considère que l’ansange, mesure de surface pour les terres arables, valait alors 14 ares, sa superficie était d’environ 681 ansanges, soit près de 9534 a ou 95,34 ha. Cf. Perrin (Edmond), « De la condition des terres dites ancinancin-gae», Mélanges F Lot, Paris, 1925, p. 619-620. Pour les mesures de longueur et de surface propres à la Champagne à l’époque féodale, la perche champenoise par exemple valant 22 pieds contre 20 pour la perche du roi au XIIIe siècle, cf. Bourquelot (Félix), Études sur les foires de Champagne, 1865, t. II, p. 97-100 et Tables de comparaison entre les mesures anciennes usitées dans le département de l’Aube, et celles qui les remplacent dans le nouveau système métrique, Troyes, Sainton, 1799, 80 p.

79 Lalore, op. cit., t. VII : Cartulaire de l’abbaye de Montiéramey, Paris, E. Thorin, Troyes, L. Lacroix, 1890, no 1, p. 1-2 d’après Pithou.

80 Frotarius, évêque de Toul, désigné par Charlemagne dans les derniers temps de son règne et bien connu par sa correspondance, cf. Duchesne (Louis), Fastes épiscopaux de l’ancienne Gaule, Paris, A. Fontemoing, 1915, t. III : Les provinces du Nord et de l’Est, p. 65 ; Ado, ou Atto, évêque de Spire (Nemetensis) plus probablement que de Nantes, cf. Ibid., 1900, t. II : L’Aquitaine et les Lyonnaises, p. 365, note 2 ; Vacardus, Noungensis episcopus non déterminé, peut-être Aicharius, évêque de Noyon à l’époque qui nous occupe, cf. ibid., 1915, t. III, p. 105-106 ; et enfin, Joseph non mentionné dans la liste épiscopale d’Orléans, peut-être Ionas qui figure dans ce catalogue pour les années 818-843, cf. ibid., t. III, p. 459.

81 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. I, no 171, p. 452-453 d’après l’original.

82 Giry, art. cit, p. 124, note 2.

83 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 256, p. 80-81 d’après Pithou.

84 En procédant par le même calcul que précédemment, ces terres mesuraient approximativement 353 m sur 177 m. Elles couvraient donc une superficie d’environ 44,5 ansanges, soit environ 624 a ou 6,24 ha.

85 Commune située à 16 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

86 Vaucluse, Doubs, a. Montbéliard, c. Maîche.

87 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 265, p. 98-99 d’après Du Chesne.

88 Commune située à 8 km au sud de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

89 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 346, p. 271-272 d’après l’original.

90 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 369, p. 321-322 d après Pithou. Ces deux champs couvraient une superficie d’environ 560 a soit 5,6 ha.

91 Hameau de la commune de Courteranges, située à 14 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

92 Situation inconnue.

93 Commune située à 14 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

94 Situation inconnue.

95 Commune située à 9 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

96 Commune située à 33 km au nord-ouest de Bar-sur-Aube, a. Bar-sur-Aube, c. Brienne-le-Château.

97 Commune située à 27 km au nord-est de Troyes, a. Troyes, c. Piney.

98 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 421, p. 438 d’après Pithou.

99 Ibid., t. II, no 460, p. 513 d’après Pithou.

100 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. rit., no 82, p. 216 d’après Pithou.

101 Le terminus a quo de mars 880 correspond au partage du royaume de Louis le Bègue, à l’initiative des grands, entre ses fils Louis III et Carloman. Les auteurs du Recueil des actes de Carloman //expliquent ainsi le terminus ad quem du 17 novembre 882 : parmi les notes manuscrites de Pithou concernant Carloman et Montiéramey dans la collection Dupuy de la Bibliothèque nationale de France, on trouve le début, la date et la souscription d’un acte de l’évêque de Troyes Bodo en date du 17 novembre 882 depuis Troyes. Or Pithou écrit dans Les coutumes de Troyes, op. rit., p. 513 : « Le roi Carloman ayant donné à l’évêque de Troyes quelques droits à Nogentsur-Aube et le comte Robert lui en ayant donné à Villy-en-Trode, l’évêque abandonne aux religieux les nones et les décimes de Nogent et de Villy ». Il semble donc que l’acte de Bodo fasse suite à la concession royale, alors forcément antérieure au 17 novembre 882. Nous n’avons pas jugé utile de tenir compte outre mesure de ce document dans la mesure où son objet ne figure pas dans les transcriptions de Pithou mais uniquement dans son commentaire édité.

102 Commune située à 32 km au nord-est de Troyes, a. Troyes, c. Ramerupt.

103 Commune située à 28 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Bar-sur-Seine.

104 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. rit., no 65, p. 172 d’après Pithou. Cette terre couvrait une superficie de 2800 a soit 28 ha.

105 Commune située à 14 km au sud-est de Troyes, a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

106 Commune située à 4 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Sainte-Savine.

107 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. cit., no 80, p. 214 d’après Pithou. Les terres du lieudit Broilus couvraient une superficie de 840 a soit plus de 8, 4 ha.

108 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. cit., no 81, p. 215 d’après Pithou.

109 Alors comte d’Oscheret (diocèse de Chalon-sur-Saône, Bourgogne) et marquis d’Ivrée (Piémont, Italie) en 891, d’après Giry, art. cit., p. 131, note 2.

110 Commune située à 42 km au nord d’Auxerre, a. Auxerre, c. Brienon-sur-Armançon.

111 Giry, art. cit., p. 132, no 20 et 21 d’après Du Chesne.

112 Peut-être évêque d’Augsbourg depuis 887, auparavant abbé d’Ellwangen (Allemagne) d’après Giry, art. cit., p. 132, note 1.

113 Probablement comte de Bamberg (Allemagne), fils du comte Henri tué au siège de Paris en 886 d’après Giry, art. cit., p. 132, note 2.

114 Bautier (Robert-Henri), Recueil des actes d’Eudes, roi de France (888-898), Paris, Imprimerie Nationale, 1967, no 38, p. 161 d’après Du Chesne.

115 Commune située à 32 km au nord-est de Troyes, a. Troyes, c. Ramerupt.

116 Chef-lieu de canton situé à 28 km au sud de Troyes, a. Troyes.

117 Giry, art. cit., p. 127-128, no 9 pour la notice de la tradition de Chaource, p. 129, no 14 pour la donation du comte Robert à l’abbaye de Montiéramey et p. 133, no 23 pour la confirmation d’Adelermus d’après Du Chesne.

118 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. cit., no 65, p. 172 d’après Pithou.

119 Hameau de la commune de Saint-Germain, situé à 6 km au sud-ouest de Troyes, a. et c. Troyes.

120 Commune située à 4 km au sud-ouest de Troyes, a. Troyes, c. Sainte-Savine.

121 Lalore, op. cit., t. VII : Cartulaire de l’abbaye de Montiéramey, Paris, E. Thorin, Troyes, L. Lacroix, 1890, no 8, p. 11-12 d’après Du Chesne.

122 Commune de la Haute-Marne située à 35 km au sud-ouest de Chaumont, a. Chaumont, c. Chateauvillain. Le Lassois appartenait alors au diocèse de Langres.

123 Lalore, op. cit., t. VII : Cartulaire de l’abbaye de Montiéramey, Paris, E. Thorin, Troyes, L. Lacroix, 1890, n" 1, p. 1-2.

124 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. I, no 171, p. 452-453.

125 Dufour (Jean), Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul, rois de France (922-936), Paris, Imprimerie Nationale, 1978, no 9, p. 39-40 d’après Du Chesne.

126 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. II, no 369, p. 321-322.

127 Qu il s’agisse du tonlieu, taxe sur le transport et la vente des marchandises, ou du pontaticus, redevance au passage par bac, ou du trabaticus, péage levé aux barrières, ou encore du rotaticus, péage levé sur les chariots ou les charrettes.

128 Dufour, op. cit., no 9, p. 39-40.

129 Giry, Prou, Tessier, op. cit., t. I, n" 171.

130 Giry, Prou, Tessier, op. cit., 1955, t. III, p. 243-244.

131 Saint-Sauveur, Côte-d’Or, a. Dijon, c. Pontailler-sur-Saône.

132 Hugues l’Abbé, cousin germain de Charles le Chauve, était abbé de Saint-Martin de Tours et de Saint-Germain d’Auxerre, ainsi que marquis de Neustrie à la suite de Robert le Fort en 866 et jusqu’à sa mort en 886. Fidèle de Charles le Chauve, il était encore le véritable responsable de la politique royale du temps de ses successeurs Louis le Bègue, Louis III et Carloman. Par huit fois, il obtint de Carloman des diplômes pour d’autres établissements religieux que les siens, notamment pour Saint-Sauveur.

133 Bautier, De Font-Reaulx, Grat, Tessier, op. cit., no 66, p. 174-176 d’après l’original. Diplôme également publié dans Arbois de Jubainville (Henri d), « Deux diplômes carlovingiens des archives de l’Aube (883, 892) », Bibliothèque de l’École des Chartes, 1878, t. XXXIX, p. 195-197.

134 À savoir ceux de Charles le Chauve, Louis le Bègue et Carloman. En revanche, aucun privilège pontifical ne mentionne la dépendance du monastère d’Alfa à celui de Montiéramey. Il s’agit probablement ici de la bulle de Jean VIII du 16 septembre 878 que nous citons plus loin.

135 Bautier, op. cit., no 30, p. 134-135 d après l’original. Diplôme également publié dans Arbois de Jubainville, art. cit., p. 197-198.

136 Il s’agit de Richard le Justicier, comte d’Autun, abbé laïc de Saint-Germain d’Auxerre et de Sainte-Colombe de Sens, puis princeps de Bourgogne d’après les Annales de Sainte-Colombe à l’année 895. Son fils Raoul le remplace à sa mort en 921 avant de devenir roi de la Francia de l’Ouest de 923 à 936.

137 Commune située à 28 km au sud-est de Troyes, a. Troyes. c. Bar-sur-Seine, dépendante alors du diocèse de Langres.

138 Lalore, op. cit., t. VII : Cartulaire de l’abbaye de Montiéramey, Paris, E. Thorin, Troyes, L. Lacroix, 1890, no 12, p. 18 d’après Du Chesne.

139 Ibid., no 3, p. 4-5 d’après Baronius (César), Annales ecclesiastici, a. 855, no 13, et plus particulièrement p. 5 : ...ut semper ac perpetualiter sub jure ac potestate sancte nostre Remane ecclesie jam fatum monasterium consistat atquepermaneat. Document indiqué dans Jaffe (Philippe), Regesta pontificum romanorum, Leipzig, 1885, t. I, p. 338, no 2657.

140 Giry, art. cit., no 3, p. 124.

141 Arbois de Jubainville (Henri d’), « Bulle inédite du pape Jean VIII, en faveur de l’abbaye de Montiéramey », Bibliothèque de l’École des Chartes, 1854, t. V, 3e série, p. 281-283 d après une copie du XVe siècle conservée aux archives départementales de l’Aube. Document indiqué dans Jaffe (Philippe), Regesta pontificum romanorum, Leipzig, 1885, t. I, p. 403, no 3185.

142 a. Troyes, c. Lusigny-sur-Barse.

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