Chapitre IV. Les voies romaines1
p. 39-48
Texte intégral
1L’indication des voies romaines dans le cadre d’une étude de la christianisation d’une région est fondamentale. De prime abord, l’importance du réseau routier est définie par les nécessités militaires, politiques et économiques. Mais, de même que les soldats, les administrateurs et les richesses de l’Empire utilisèrent ces axes, la christianisation emprunta ce réseau routier. Nous savons, en effet, que le christianisme s’est répandu de Lyon vers le nord par la vallée de la Saône et les voies romaines. Or la ville de Troyes était justement reliée à la capitale des Gaules. Puis, une fois le christianisme solidement implanté, les mêmes voies détermineront le choix des emplacements des sanctuaires et des cimetières chrétiens. Plus tard enfin, n’ayant pas toujours tenu compte des habitats, ces voies serviront de limites aux paroisses et aux finages médiévaux.
2Parce que nous aurons l’occasion de démontrer ces phénomènes dans le diocèse de Troyes, nous choisissons de mentionner dès lors les voies romaines le traversant. Sachant que les itinéraires antiques ne signalent que les voies les plus fréquentées, la méthode historique la plus convaincante est de distinguer celles indiquées dans les itinéraires antiques de celles reconnues par l’archéologie au sol et l’archéologie aérienne, ou signalées dans les sources écrites, ou encore déterminées par l’épigraphie et confirmées enfin par la toponymie et l’étude cartographique.
3Force est de reconnaître que même si la Carte de Peutinger est plus juste que l’Itinéraire d’Antonin, les deux sources comportent des erreurs de tracé, de graphie et de distance. De surcroît, certaines stations ne peuvent être identifiées. Quant au suivi du tracé au sol des voies romaines, il reste difficile à établir dans le département de l’Aube. Le réseau primaire reste par conséquent incertain et le réseau secondaire très flou. Afin de ne pas avancer des interprétations hasardeuses, nous évitons tout simplement de corriger à tout prix les erreurs et de donner un nom aux stations indéterminées. Tenons compte, en outre, du fait que les itinéraires, avant tout utilitaires, ne signalent qu’une des voies possibles pour aller d’un point à un autre. En conséquence, nous ne prétendons nullement établir une analyse complète du réseau routier antique du diocèse de Troyes. Retrouver dans le détail toutes les voies romaines et leurs diverticules réclamerait une recherche à part entière. Nous nous proposons donc de n’établir que les artères principales mentionnées dans l’Itinéraire d’Antonin et la Carte de Peutinger2, ainsi que les voies secondaires reconnues par l’archéologie (ANNEXE 3).
I. Les voies indiquées dans les itinéraires3
1. La voie Lyon-Boulogne par Langres et Reims
4Après avoir établi la nouvelle organisation administrative de la Gaule en 27 avant notre ère, Auguste chargea son officier Agrippa d’améliorer le réseau routier, par l’aménagement des chaussées et le raccordement des voies existantes. Ainsi se constitua le réseau impérial dans le but premier de permettre aux administrateurs, aux courriers et surtout aux soldats, de traverser le monde romain le plus rapidement possible. La réalisation de ce réseau n’aurait commencé que lors du second gouvernement d’Agrippa en 20-19 avant notre ère4. Cette via publica, donc essentiellement militaire, devait relier les métropoles de provinces à Lyon, capitale des Gaules, et les chefs-lieux de cités à leur métropole au sein de chaque province, en tenant compte de la navigation fluviale et maritime, évidemment fondamentale. Il fallait également relier les Gaules à Rome par Lyon. Cinq directions furent alors adoptées : au sud, vers l’Italie par Fréjus, vers l’Espagne par Narbonne et vers l’océan par Toulouse ; à l’ouest, vers l’océan par Clermont, Limoges et Saintes ainsi que vers la Gironde par Bordeaux ; à l’est, vers l’Italie par trois cols alpestres, le Grand-Saint-Bernard, le Petit-Saint-Bernard et le Mont Genèvre ; au nord, vers l’île de Bretagne par Langres, Reims et Boulogne-sur-Mer, port d’embarquement ; au nord encore, vers le Rhin, la Germanie et la mer du Nord par Langres, Metz et Trèves. L’Armorique fut reliée à Lyon peu après lors de l’expédition de Claude en Bretagne continentale par la vallée de la Loire, Nantes et Brest, et par Chalon-sur-Saône, Autun et la vallée de la Seine. Ces axes routiers furent complétés par des voies secondaires afin de favoriser les échanges intérieurs à la faveur de la paix romaine, puis la circulation des troupes lors des campagnes militaires contre les barbares5.
5Le nord de la Gaule fut privilégié pour des raisons politiques et militaires, en direction du limes rhénan et de la Bretagne insulaire. D’après Emile Thevenot, la voie primitive d’Agrippa n’est pas celle qui, à partir de Chalon-sur-Saône, gagne Boulogne-sur-Mer par Langres et Reims, mais celle qui, à partir de Chalon, gagne Boulogne par Autun, Auxerre, Sens et Beauvais, ces deux voies se raccordant à Amiens6. Même s’il est effectivement possible que le tronçon Langres-Reims soit une variante postérieure de la liaison Lyon-Boulogne, il n’en reste pas moins que dès le Ier siècle, l’importance du carrefour routier que constituait Langres a privilégié la voie Lyon-Boulogne par Langres et Reims.
6Le territoire tricasse était traversé par ce tronçon Lyon-Langres-Reims-Boulogne, à l’est de Troyes. La Carte de Peutinger indique que cette voie provenait au sud de Segessera (Bar-sur-Aube, ancien diocèse de Langres, département de l’Aube) et gagnait au nord Corobilium (Corbeil, ancien diocèse de Troyes, département de la Marne)7. Cette voie est absente de l’Itinéraire d’Antonin.
7Son tracé a été repéré au sol dans les communes suivantes du département de l’Aube : Longchamp-sur-Aujon, Clairvaux, Bayel, Fontaine, Bar-sur-Aube, Ailleville, Montier-en-l’Isle, Arsonval, Dolancourt, Bossancourt, Trannes, Juvanzé, Unienville, La Rothière, Dienville, Brienne-la-Vieille, Brienne-le-Château, Saint-Léger-sous-Brienne, Saint-Christophe-Dodinicourt, Lesmont, Bétignicourt, Braux, Donnement, Balignicourt et Dampierre8.
8Nous avons vu, en outre, que des fragments de deux bornes milliaires ont été découverts à Saint-Léger-sous-Brienne, au lieu-dit « Les Garennes ». Aucune mention de cités ou de distances n’y figure. L’une d’elle, bien conservée, est dédiée à Septime Sévère et à ses deux fils Caracalla et Geta (fin du IIe siècle)9.
2. La voie Lyon-Boulogne par Chalon-sur-Saône, Auxerre, Troyes et Châlons-en-Champagne
9La ville de Troyes ne figurait donc pas sur le tronçon Lyon-Langres-Reims-Boulogne mais, par une déviation, elle était néanmoins reliée à Lyon par Auxerre et à Boulogne par Châlons-en-Champagne.
10L’Itinéraire d’Antonin signale, en effet, Tricassis sur l’axe routier Autesiodorum (Auxerre) - Durocatelaunos (Châlons-en-Champagne). La ville de Troyes est située entre Eburohriga (Avrolles, Yonne) au sud et Artiaca (Arcis-sur-Aube, Aube) au nord10. Elle est distante d’Eburobriga de XXVII milles romains ou XVIII lieues gauloises, donc environ 40 kilomètres, et d’Artiaca de XVIII milles romains ou XII lieues gauloises, donc environ 27 kilomètres11.
11Cet axe routier se raccorde à la liaison Chalon-Sens que Emile Thevenot considère comme la voie primitive d’Agrippa. Il se prolonge, en effet, au sud vers Lugdunum (Lyon) par Aballone (Avallon), Sidoloucum (Saulieu), Augustodunum (Autun), Gabilunnum (Chalon-sur-Saône), Tinurtium (Tournus) et Matiscone (Mâcon). Il se raccorde au nord à la liaison Langres-Reims vers Gesoriaco (Boulogne-sur-Mer) par Durocortoro (Reims), Suessonas (Soissons), Noviomago (Noyon) et Ambianis (Amiens)12.
12Le tronçon Troyes-Lyon est confirmé sur la Carte de Peutinger puisqu’elle place Augustobona sur une route la reliant au sud à Augustodunum (Autun) par Eburobriga (Avrolles), Autessioduro (Auxerre), Aballo (Avallon) et Sidotoco (Saulieu). Ce tronçon se poursuit jusqu’à Lyon par Chalon-sur-Saône, Tournus et Mâcon comme sur l’Itinéraire dAntonin. De même, Augustobona est distante d Eburobriga d’environ 40 kilomètres. En revanche, contrairement à l’Itinéraire d’Antonin, cet axe routier s’interrompt à Troyes et ne se prolonge pas au nord vers Châlons-en-Champagne.
13Les fondations de l’axe Lyon-Boulogne ont été observées au sol récemment par Raymond Tomasson à l’occasion de travaux publics effectués sur cet itinéraire. Cette voie pénétrait au sud-ouest du département sur le territoire de la Villeneuve-au-Chemin, puis s’orientait vers le nord-est jusqu’à Troyes. Au-delà, et jusqu’à sa sortie du département au territoire de Mailly-le-Camp, elle suivait une orientation vers le nord. Le tronçon entre le hameau de Lépine, près de la commune de Saint-Germain, et Villery a été étudié sur une longueur de 13 kilomètres. Cette voie était bordée par la vallée de la Seine à l’est et par les premières collines boisées du Pays d’Othe à l’ouest13.
3. La voie Troyes-Sens par Glano ou Riobe
14L’Itinéraire d’Antonin indique également un axe à l’ouest reliant Troyes à Agedincum (Sens) par Glano14. La station de Glano, ou Clanum, ne peut être précisément localisée. La seule indication fournie par l’Itinéraire concerne sa position à XVII lieues gauloises de Sens, donc environ 38 kilomètres, et XVI lieues gauloises de Troyes, donc environ 36 kilomètres.
15Sachant que la route directe Troyes-Sens ne compte que 65 kilomètres, soit moins que la totalité des deux tronçons, il faut envisager que la voie romaine marquait un coude avec Glano, ou encore que Glano était située au carrefour des voies Troyes-Beauvais et Soissons-Sens, sans qu’il y ait eu d’axe direct entre les capitales des Tricasses et des Sénons15.
16La Carte de Peutinger confirme cette liaison Augustobona-Agetincum, mais par Riobe. Là non plus il ne s’agit pas d’un axe direct et la station de Riobe ne peut être précisément localisée. Elle est située à XXVI lieues de Sens mais sa distance par rapport à Troyes est inconnue. Cette station formait un carrefour relativement important puisque deux autres voies, dont nous allons bientôt parler, en partaient pour gagner Calagum (Chailly-en-Brie) d’une part et Condate (Montereau) d’autre part16.
17Retenons finalement que d’après les itinéraires anciens, la ville épiscopale de Troyes était reliée à Sens, sa métropole. On considère généralement que, quittant Troyes à l’ouest, elle longeait la vallée de la Vanne en forêt d’Othe et gagnait directement la cité de Sens.
4. La voie Troyes-Beauvais par Riobe
18La Carte de Peutinger signale encore une voie reliant Troyes à Caesaromago (Beauvais) et Sammarobriva (Amiens) au nord-ouest par Riobe, Calagum (Chailly-en-Brie), Fixtinnum (Meaux) et Augustomagus (Senlis)17. Nous avons vu qu’aucune indication de distance ne positionne Riobe par rapport à Troyes, aucune non plus par rapport à Calagum.
19Le tronçon Troyes-Meaux de cette voie a été maintes fois reconnu au sol : il franchissait la Seine dans la commune auboise de Pont-sur-Seine18. Raymond Tomasson en a étudié les fondations sur le territoire de Barbuise (Aube) qu’elle traversait sur un peu plus de 3 km19.
5. La voie Troyes-Paris par Glano ou Riobe
20D’après la Carte de Peutinger enfin, la ville de Troyes était reliée à Luteci (Paris) par Riobe, Condate (Montereau) et Meteglo (Melun). Riobe est placée à XIIII lieues de Condate. L’Itinéraire d’Antonin signale également la liaison Augustobona-Luticiam mais par Glano, Agedincum (Sens), axe dont nous avons déjà parlé, puis par Condate (Montereau) et Metledo (Melun) comme sur la Carte de Peutinger. Cet axe se poursuit jusqu’à Caracotino (Harfleur) par Lillebonne et Rouen20.
II. Les voies non indiquées dans les itinéraires
1. La voie Autun-Troyes par Alésia et Vertault
21Ammien Marcellin, dans le livre XVI de son Histoire, indique précisément les routes que Julien emprunta lors de son séjour en Gaule en 356. Alors qu’il séjournait à Vienne, les barbares mirent le siège devant la ville d’Autun. Après les avoir repoussés, il se renseigna auprès « des gens qui connaissaient le pays, pour savoir quel chemin l’on choisirait comme le plus sûr, et l’on échangeait bien des opinions, les uns disant qu’il fallait passer par Arbor, certains autres par Sedelaucus et Cora. Mais certains faisant observer que Silvanus, qui commandait l’infanterie peu de temps auparavant, avait passé avec huit mille auxiliaires, non sans difficulté, par des chemins de traverse, d’ailleurs peu sûrs, étant couverts par les arbres de ténèbres profondes. César, plein de confiance, fit tous ses efforts pour imiter l’audace de cet homme hardi. [...] Après avoir parcouru ce même chemin, il arriva à Auxerre [...], il poursuivit sa route vers Troyes [...], il marcha sur la cité de Reims »21.
22Ce texte signale trois voies reliant Autun à Auxerre : la première par Arbor, station non déterminée, la seconde par Saulieu et Saint-Moré, la troisième par des chemins de traverse. La route par Arbor devait être relativement praticable puisqu’elle est, d’une part, la première proposée à Julien et, d’autre part, contrebalancée par celle de Saulieu, mentionnée dans les itinéraires comme passant par Avallon. Cette deuxième route contournait le Morvan en gagnant Saulieu directement au nord d’Autun. Son tracé n’étant pas direct, l’on conçoit sans peine l’existence effective d’une troisième voie, plus courte mais moins sûre, quittant Autun au nord-ouest et passant à l’ouest de Saulieu à travers les forêts du Morvan. Quant à la voie par Arbor, elle devait alors quitter Autun au nord-est, évitant à la fois le Morvan et Saulieu quelle contournait par l’est.
23Émile Thevenot a estimé que la voie par Arbor reliait directement Autun à Troyes22. Sachant, en effet, que Julien désirait gagner la cité des Tricasses, les habitants de la contrée lui indiquèrent probablement d’abord la voie lui permettant d’y parvenir le plus rapidement possible. Or le tracé d’une voie reliant Autun à Troyes par Alésia a été maintes fois reconnu. Il constitue l’axe le plus direct et le plus court entre les deux cités éduenne et tricasse, en évitant le détour par Auxerre. Cette route gagnait le territoire lingon par Vertault (Côte-d’Or) puis le territoire tricasse par Fouchères (Aube). Elle ne fit jamais concurrence à la grande voie Autun-Auxerre. Entre les communes de Vertault et de Fouchères, elle suivait la vallée de la Sarce. Des vestiges de voie romaine ont, en effet, été découverts sur le territoire des communes de Bragelogne-Beauvoir, Bagneux-la-Fosse, Avirey-Lingey, Arrelles, Villemorien, Jully-sur-Sarce et Courtenot23.
2. La voie Troyes-Bar-sur-Aube
24Une voie romaine permettait de gagner la ville de Bar-sur-Aube (Segessera) en territoire lingon depuis la cité des Tricasses. Passant la Seine à Saint-Parres-aux-Tertres, elle a été reconnue dans les communes de Vendeuvre-sur-Barse, Magny-Fouchard, Spoy oü elle traversait le Landion affluent de l’Aube par un pont gallo-romain encore existant, et enfin Proverville24. Cette voie desservait l’abbaye de Montiéramey, non loin de la lisière de la forêt du Der, et permettait de gagner la cité de Langres au-delà de Bar-sur-Aube par la grande voie en provenance de Reims.
3. La voie Troyes-Langres
25L’existence d’une voie romaine reliant directement la capitale des Tricasses à la capitale des Lingons a été supposée dès le XIXe siècle25. Non confirmée aujourd’hui encore, certains indices toponymiques et archéologiques tendent pourtant à estimer qu elle passait par Saint-Parres-aux-Tertres, Thennelières, Lusigny-sur-Barse, Chauffour-lès-Bailly, Beurey, Vitry-le-Croisé et Saint-Usage26,
4. La voie Troyes-Naix par Montier-en-Der
26Une autre voie romaine d’importance secondaire reliait Troyes à la commune de Naix-aux-Forges dans le département de la Meuse27. Elle a été repérée sur le finage des communes de Pont-Sainte-Marie, Creney-près-Troyes, Mesnil-Sellières, Assencières, Bouy-Luxembourg, Rouilly-Sacey, puis elle longeait les finages d’Onjon au nord et de Piney au sud, gagnait ensuite les territoires d’Auzon-les-Marais, Molins-sur-Aube, Lesmont, territoire dans le voisinage duquel elle franchissait l’Aube et commune à l’est de laquelle elle croisait la voie Langres-Reims, Précy-Saint-Martin, Saint-Christophe-Dodinicourt, Lassicourt, Rosnay-l’Hôpital, Blignicourt et Vallentigny, se dirigeait enfin vers Montier-en-Der et Wassy dans le département de la Marne28.
27Cette voie traversait donc la forêt du Der. Les observations au sol de Raymond Tomasson à Lesmont, Saint-Léger-sous-Brienne et Brienne-le-Château démontrent, en outre, qu’un diverticule reliait les voies Troyes-Naix et Langres-Reims sur le territoire nord-est de la commune de Lesmont, à 1500 mètres avant leur croisement en venant de l’ouest.
5. La voie Troyes-Margerie Hancourt
28L’axe routier Troyes-Margerie-Hancourt est identique en son commencement à l’axe Troyes-Naix. Il quitte donc la cité des Tricasses à l’est et gagne le territoire de Creney-près-Troyes. De là, il gagne au nord-est le territoire des communes de Luyères, Onjon, Avant-lès-Ramerupt, Coclois, Brillecourt dans le voisinage duquel il franchit l’Aube, Aulnay, Jasseines, Braux, Donnement où il croise la voie Langres-Reims, et enfin Balignicourt avant d’atteindre Margerie-Hancourt et la vallée de la Marne29.
6. La voie Troyes-Soissons par Sézanne
29La voie Troyes-Soissons permettait de gagner le nord-ouest du diocèse entre les vallées de la Seine à l’ouest et de la Barbuise à l’est. Identique en son commencement aux deux voies précédentes jusqu’au territoire de Creney près-Troyes, elle gagne le finage des communes de Sainte-Maure et de Saint-Benoît-sur-Seine, limite ceux des communes de Mergey et de Villacerf à l’ouest de ceux de Feuges et d’Aubeterre à l’est, traverse ceux des communes des Grandes-Chapelles et de Premier fait pour gagner la commune de Rhèges, et enfin, après avoir franchi la Barbuise puis l’Aube, elle passe par Plancyl’Abbaye et se dirige vers Sézanne30. Cette voie gagnait ensuite Soissons par Château-Thierry.
7. La voie Troyes-Joigny
30La voie Troyes-Joigny quittait la cité des Tricasses à l’ouest en longeant le territoire de La Rivière-de-Corps. Elle a été reconnue sur le finage des communes de Torvilliers, Prugny, Vauchassis, Bercenay-en-Othe, Maraye-en-Othe, Saint-Mards-en-Othe, puis elle gagne Joigny par Bœurs-en-Othe et Arces-Dilo dans le département de l’Yonne31. Elle traversait donc la forêt d’Othe.
8. La voie Troyes-Tonnerre
31La route Troyes-Tonnerre est identique en son commencement à l’axe Troyes-Auxerre. Elle quitte donc la cité des Tricasses au sud-ouest. Elle s’en sépare au voisinage de la commune de Saint-Germain et a été reconnue sur les territoires de Roncenay, Crésantignes, Jeugny et Saint-Phal, elle traverse l’Armance dans la commune de Pomblin, puis gagne Bernon et enfin le département de l’Yonne. Elle s’interrompt à Tonnerre32. Elle traversait donc également la forêt d Othe.
III. Les voies transversales non indiquées dans les itinéraires
1. Les voies Sens-Reims
32Deux voies reliant la capitale des Sénons à celle des Rèmes traversaient l’ouest du diocèse de Troyes : l’une, assurément romaine, n’est attestée que sur la rive droite de la Seine sur le territoire des communes de Saint-Oulph et d’Étrelles-sur-Aube, ainsi que dans le département de la Marne sur le territoire de la commune de Granges-sur-Aube ; l’autre, probablement datée de l’époque gallo-romaine, passait par Traînel et Pont-sur-Seine33.
2. La voie Pomblin-Pont-sur-Seine
33Une voie romaine reliait les deux passages importants que formaient Pomblin sur l’Armance et Pont-sur-Seine sur la Seine, sans avoir à passer par Troyes. Elle a été reconnue sur le finage des communes de Saint-Phal, Bercenay-en-Othe, Chennegy, Estissac, Dierrey-Saint-Julien, Dierrey-Saint-Pierre, Prunay-Belleville, Marigny-le-Châtel et Saint-Martin-de-Bossenay34.
Notes de bas de page
1 Cf. Grenier (Albert), Manuel d'archéologie gallo-romaine, 2e partie : L'archéologie du sol, les routes, Paris, A. Picard, 1934, 468 p. et Chevallier (Raymond), Les voies romaines, Paris, Picard, 1997, 343 p.
2 Nous faisons le choix de respecter l’orthographe des cités tel qu’il est présenté dans l’Itinéraire d’Antonin et la Carte de Peutinger, et donc de ne pas rétablir le nominatif des stations mentionnées à l’ablatif.
3 Pour le détail du tracé dans le département de l’Aube, cf. Corrard de Breban (Antoine), « Mémoire sur les voies romaines signalées dans les anciens itinéraires », M.S.A.A., 1862, t. XIII, 2e série, p. 5-62.
4 Grenier, op. cit., p. 33-34.
5 Duval (Paul-Marie), « Les plus anciennes routes de France, les voies gallo-romaines », Les routes de France depuis les origines jusqu’à nos jours. Colloques, Cahiers de civilisation, 1959, p. 9-24.
6 Thevenot (Émile), « Les voies romaines de la cité des Éduens », Latomus, 1969, vol. 98, p. 102-107.
7 Table de Peutinger, Revue des Études Antiques, 1912, t. XIV, planche IV ou Bulletin de la Société d’histoire, d’archéologie et de tradition gauloises, 1965, juillet, no 7, segment I. Voir aussi les ouvrages d’Ernest Desjardins.
8 Détail du tracé dans Tomasson (Raymond), « Brefs regards sur les voies romaines traversant le Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient et ses abords », Courrier du Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient, 1981, no 6, p. 9-16.
9 Gallia, « Informations archéologiques », 1964, t. 22, fasc. 2, p. 298-299 ; Tomasson (Raymond), « Dix années de sauvegardes archéologiques dans l’Arrondissement de Bar-sur-Aube (1955-1965) », art. cit., p. 47-48 et du même auteur, « Les sites gallo-romains de Saint-Léger-sous-Brienne (Aube) », Hommage à la mémoire de Jérôme Carcopino, Paris, Les Belles Lettres, 1977, p. 305-306.
10 Itinerarium Antonini, éd. O. Cuntz, Itineraria Romana, I, Leipzig, 1929, p. 55, pagination de Wesseling : 361.
11 1 lieue gauloise = 2222 m ; 1 mille romain = 1472 m.
12 Itinerarium Antonini, op. cit., p. 54-55, pagination de Wesseling : 359, 360, 362 et 363.
13 Tomasson (Raymond), « Structures des voies romaines dans l’Aube », Bulletin de la Société archéologique champenoise, 1988, t. 81, no 2, p. 85-86.
14 Itinerarium Antonini, op. cit., p. 59, pagination de Wesseling : 383.
15 La tradition identifie Glano aux villages de Vulaines dans l’Aube. J. Mesqui propose de situer cette station entre Marcilly-le-Hayer et Marigny-le-Châtel, également dans l’Aube. Cf. Mesqui (Jean), Les routes dans la Brie et la Champagne occidentale : histoire et techniques, Paris, éd. de la Revue générale des routes et des aérodromes, 1980, p. 81, note 10.
16 L’abbé Favret propose de situer Riobe près de Rozoy-en-Brie sachant que la Carte de Peutinger place cette station à XXVI lieues de Sens et XIIII lieues de Montereau, et sachant que la distance entre Sens et Montereau est de XV lieues. P. Lebel propose une identification de Riobe avec la station de Bibe située, d’après la Carte de Peutinger, sur l’axe Chailly-Reims et qu’un tronçon relie à l’axe Troyes-Riobe. Il ajoute cependant que « les données de la Table de Peutinger, dans cette partie de la Champagne, sont vraiment trop douteuses pour qu’on puisse en tirer quoi que ce soit de certain sur Bibe et Riobe ». Cf. Favret (L’abbé), « Riobe », Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, années 1936-1937, p. 461-464 ; Lebel (Paul), « La station routière de Bibe », Revue archéologique de Test et du centre-est, 1953, t. IV, p. 264-267.
17 Table de Peutinger, Revue des Études Antiques, 1912, t. XIV, planche IV ou Bulletin de la Société d’histoire, d'archéologie et de tradition gauloises, 1965, juillet, no 7, segment I. Voir aussi les ouvrages d’Ernest Desjardins.
18 Mesqui (Jean), Les routes dans la Brie et la Champagne occidentale : histoire et techniques, Paris, éd. de la Revue générale des routes et des aérodromes, 1980, p. 86-87.
19 Tomasson (Raymond), « Structures des voies romaines dans l'Aube », Bulletin de la Société archéologique champenoise, 1988, t. 81, no 2, p. 89.
20 Itinerarium Antonini, op. cit., p. 59, pagination de Wesseling : 383 et 382.
21 Ammien Marcellin, op. cit., t. I, livre XVI, II, 1-8, p. 148-149.
22 Thevenot (Émile), « Les voies romaines de la cité des Éduens », Latomus, 1969, vol. 98, p. 151-162.
23 Boutiot (Théophile), « Études sur les voies romaines du département de l'Aube non indiquées dans les anciens itinéraires », M.S.A.A., 1862, t. XIII, 2e série, p. 76-77, no 6.
24 Tomasson (Raymond), « Brefs regards sur les voies romaines traversant le Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient et ses abords », art. cit., p. 6-8.
25 Boutiot, art.cit., p. 78-83 et 91-92.
26 Tomasson (Raymond), « Brefs regards sur les voies romaines traversant le Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient et ses abords », art. cit., p. 18.
27 Commune située à 24 km au sud-est de Bar-le-Duc, a. Bar-le-Duc, c. Ligny-en-Barrois.
28 Boutiot, art. cit., p. 68-70, no 1 ; Tomasson (Raymond), « Dix années de sauvegardes archéologiques dans l’Arrondissement de Bar-sur-Aube (1955-1965) », art. cit., p. 48 et du même auteur, « Brefs regards sur les voies romaines traversant le Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient et ses abords », art. cit., p. 16-17.
29 Boutiot, art. cit., p. 70-71, no 2.
30 Ibid., p. 71-73, no 3.
31 Ibid., p. 75-76, no 5.
32 Ibid., p. 73-75, no 4 ; Thevenot (Émile), « Y eut-il une grande voie romaine entre Avallon et Troyes ? », Revue archéologique de l'Est et du Centre-Est, 1952, t. III, p. 181-185.
33 Boutiot, art. cit., p. 87-89, no 5 et 6.
34 Ibid., p. 89-90, no 7.
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