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Confréries urbaines et dévotion en Champagne

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Stefano Simiz

Troisième partie. Les confréries au cœur de la transition religieuse vers 1750 – vers 1830

Conclusion de la Troisième partie

Texte intégral

1La période allant de 1750-70 à 1830 est incontestablement celle d'une transition religieuse entre l’apogée du catholicisme moderne et son renouvellement contemporain, et il est non moins certain que la confrérie fut tour à tour actrice et témoin du passage, malgré la crise révolutionnaire et les fortes conséquences que cette période occasionna à tout l’environnement associatif. Alors que son avenir était très incertain après 1792, la confrérie réapparaît comme un élément dynamique de la vie religieuse. Plus encore, il nous semble que, sous sa forme du premier tiers du XIXe siècle, elle accomplit la mutation qui se profilait avant 1789 et dont les mots-clés étaient : uniformisation et plus que jamais soumission au contrôle du clergé paroissial et diocésain d’autant plus grande que la Révolution a détruit la présence régulière dans les villes ; simplification de ses titulatures pour ne conserver que les bannières les plus dévotes (Saint Sacrement, Sacré Cœur et Vierge Marie) ; séparation accomplie entre les groupes masculins et féminins, pour faciliter des pastorales différenciées, notamment au service d’une moralisation de l’existence chrétienne qui tend à devenir une morale sociale et même politique. En bref, le catholicisme des confrères est le reflet de la pastorale tridentine d’un clergé soucieux de réinstaller les gestes de la pratique depuis les foyers familiaux jusqu’au cœur de la cité et de la société.

2En 1830, une nouvelle épreuve est imposée à ce très récent tissu associatif. C’est avec surprise que les populations des trois villes semblent avoir accueilli les événements parisiens, mais, celle-ci passée, les réactions sont immédiates. Les émeutiers, surtout des bourgeois libéraux encadrant des hommes du peuple agités pour des raisons plus économiques, donnent un ton très anticlérical à leurs actions. C’est alors que s’expriment les animosités gardées depuis le temps exceptionnel des missions et entretenues par les exercices publics de la foi, telles les processions générales à nouveau ordonnées dans les cités, contre une Eglise accusée de vouloir amener les fidèles à se soumettre entre les mains du pouvoir Bourbon. Les insurgés s’en prennent alors aux résidences épiscopales, voire à leurs prestigieux habitants, mais tentent aussi de gommer de l’espace urbain, toute trace visible de la mission à Châlons comme à Reims. Dans cette dernière, en descendant la Croix dressée en février 1821, ils effacent le symbole de la réévangélisation de la cité et espèrent ruiner les institutions qui la prolongeaient. Pour l’association de la Providence, le contre-coup semble définitif et la disparition de sa documentation correspond très certainement à son extinction pure et simple. Toutefois, il existe une vie confraternelle intense et contrastée après 1830 et, à côté de quelques suppressions, les confréries poursuivant leurs activités, parfois même jusqu’au début du siècle suivant, sont les plus nombreuses. Il suffit, pour s’en convaincre, d’évoquer l’association du Sacré Cœur de Troyes, la confrérie du Saint Sacrement de Saint Alpin de Châlons ou l’association du Rosaire à Saint Maurice de Reims, auxquelles s’ajoutent de nouvelles confréries créées sous la Monarchie de Juillet, partagées entre piété et œuvres. Enracinée dans le rétablissement des années 1801-1830, une autre histoire confraternelle s’ouvre et accompagne les vicissitudes de l’Eglise et du catholicisme jusqu’à la veille de la Première Guerre Mondiale.

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