Chapitre VII. Les critiques des Lumières, vers 1750 – vers 1790
p. 247-268
Texte intégral
1Parvenue vers le milieu du XVIIIe siècle, l’histoire confraternelle présente un nouveau visage qui contraste avec les triomphes précédents et dont le trait hautement caractéristique est l’arrêt des institutions depuis environ deux décennies. Plusieurs raisons sont traditionnellement évoquées à ce propos sans que l’on sache toujours vraiment laquelle a joué le rôle le plus décisif. La première venant à l’esprit tient compte de la vague d'institutions enregistrées depuis le XVIe siècle dans les sanctuaires urbains et notamment les paroisses. Si presque toutes comptent au moins une confrérie, n’a-t-on pas alors atteint une certaine saturation, comme au premier tiers du XVIe siècle ? D’autant que les groupes de dévotion n’ont pas vocation à se multiplier à l’infini et encore moins à concurrencer la cellule paroissiale. Ainsi, la couverture obtenue serait l’un des premiers éléments justificatifs du coup d’arrêt donné aux créations. L’explication de ce nouveau temps faible dans la longue histoire des confréries ne tient évidemment pas qu’à cette seule donnée quantitative et le débat est bien plus large. Pour certains auteurs la confrérie est entrée dans une inexorable phase de déclin que confirment à l’envi, et un peu partout, des monographies. Finalement la décision de les supprimer en août 1792 n’aurait qu’entériné les extinctions. Pour d’autres, leur effacement dans la vie religieuse est trop rapidement proclamé comme une évidence et il y a autant d’exemples contraires d’une activité durable que de replis définitifs entre 1750 et la Révolution692. Plus encore, des provinces enregistrent toujours des créations, parfois dans des proportions qu’on ne prêtait jusque-là qu’au XVIIe siècle. La saine tension existant entre ces deux visions de la « ferveur religieuse » du Siècle des Lumières a conduit à élargir le nombre des sources consultables et à affiner les approches. Il est donc nécessaire de reprendre l’argument à ce point dans le monde urbain champenois afin de vérifier l’évolution précise et nuancée de la situation locale.
A. – Les signes du déclin
2A l’image d'autres domaines de la vie religieuse agissante, la confrérie connaît un essoufflement évident après 1750. Les signes du déclin qu'on découvre résultent de la combinaison de plusieurs critiques, défiances et abandons à l’égard d’une forme de piété qui semble partiellement inadaptée.
De nouvelles remises en cause de la confrérie
3De nouveau, la confrérie est l’objet de critiques s’exerçant de tous côtés. L’Etat, une partie du clergé plein de méfiance à l’égard des pratiques de piété trop extériorisées, une partie de l’opinion publique urbaine « éclairée » qui se détachent des confréries. Voici les acteurs qui entament un nouveau procès de la confrérie au cours du second XVIIIe siècle. Ce n’est pas la première fois que le mouvement associatif catholique se trouve être au centre d’une offensive qui, à travers lui, vise toute une forme d’expression religieuse collective. Même s’il est tentant de rapprocher les crises du XVIe et du XVIIIe siècles, car au fond à deux siècles de distance la confrérie est dénoncée comme un frein à une transition religieuse en cours, la comparaison révèle très vite ses limites. La différence essentielle concerne les opinions de l’Eglise. Très dure au début du XVIe siècle à l’égard d’une confrérie qui avait grandi dans un climat de forte autonomie et qui échappait encore assez largement à son contrôle, l’Eglise a depuis soutenu l’effort de créations de toutes les grandes compagnies dévotes et pesé sur la transformation de nombreux groupes anciens en institutions plus « conformes » aux exigences pastorales tridentines. Pour cette raison, la dénonciation qui sort de ses rangs au XVIIIe siècle est loin d’être aussi unanime qu'au XVIe siècle. Elle ne correspond finalement qu’à une partie du clergé.
4Certes, le clergé croit toujours en l’utilité des grandes mobilisations confraternelles capables d’impulser dans toutes les couches de la société la pratique régulière d’exercices de piété simples et on ne trouve pas trace de remises en question radicales de l’existence même de la cellule confraternelle. Il s’agit plutôt d’une certaine méfiance et de reproches sur sa marche. Le curé les formule au nom du bon fonctionnement de sa paroisse, stigmatisant par dessus tout les abus de gestion des deniers du groupe liés à l’esprit d’indépendance d’une confrérie. Quoique plus rares en ville qu'à la campagne693, ces dénonciations existent toutefois, comme dans les délibérations de Saint Jacques aux Nonnains de Troyes entre 1762 et 1771. Après avoir rappelé « qu'il etoit d’usage dans toutes les autres parroisses de cette ville que les sieurs procureurs de toutes les confrairies rendent ordinairement leurs comptes par devant les sieurs curés et marguilliers des paroisses et en remettent le reliquat entre les mains du marguillier en exercice de comptable pour aider à fournir aux dépenses tant ordinaires qu’extraordinaires des fabriques », la paroisse unie constate et regrette « qu'il y a [it] eu certains procureurs de la confrairie de St Roch [...] qui ont dissipé les deniers qui leur avoient été remis entre les mains et dont il n'a jamais été possible de tirer un sol ». Apparemment ancien, l’abus resurgit très régulièrement au cours des années suivantes, en 1766, 1769 et surtout 1771. La dénonciation gagne alors en précision. Le marguillier Jean Milouy fait part à l’assemblée paroissiale « qu’il lui avoit été représenté de la part de plusieurs confreres de la confrairie de St Roch que depuis un certain temps (sic) les procureurs de ladite confrairie transgressant leurs statuts et règlement n’apeloient aucun confrere à la reddition des comptes de la ditte confrairie n’y à la nomination des procureurs mais se nommoient successivement de façon que plusieurs avoient déjà été plusieurs fois en la ditte charge dont il resultoit plusieurs abus manifestes »694. A l’exercice solitaire de la gestion financière s’ajoute alors la confiscation pure et simple de la confrérie par quelques clans familiaux.
5Finalement, lorsqu’elle est contrainte d’intervenir, l’Eglise locale n’endosse pas pour autant l’habit d’accusateur de la confrérie, mais continue à la surveiller sur la base du respect dû aux statuts synodaux. L’attitude d'une partie du clergé a néanmoins une responsabilité dans le discrédit jeté sur quelques œuvres confraternelles au second XVIIIe siècle. C’est net à propos des congrégations mariales dressées par les Jésuites qui ont été l’objet d’une attention certainement supérieure à la moyenne dès la fin du XVIIe siècle. La documentation peut en revanche souligner un manque d’entrain du clergé local à honorer les devoirs d’une confrérie. Les gouverneurs de la confrérie rémoise du Saint Nom de Jésus le déplorent en 1756 : « on ne trouvoit pas facilement de prêtres pour dire tous les jours les trois messes basses qui sont à la charge de la confrerie ». L'un d'eux en impute la responsabilité aux honoraires trop modiques pratiqués par la confrérie. Pour y remédier, il obtient le relèvement de 10 à 12 sols l’office avec effet rétroactif – « à compter du premier jour d’aoust dernier »695.
6La critique n’émane pas seulement des clercs et une partie des catholiques contribue à fragiliser les sociétés confraternelles en remettant en question leur utilité. Les reproches montant du « catholicisme éclairé » sont peu ou prou les mêmes partout dans le royaume. Le Père N. Collin en a fait la synthèse dans son Traité des confrairies de 1784. Choisissant de présenter les « difficultés faites aux confréries », afin de mieux les réfuter dans un second temps, il détaille l’ensemble des points contraires à l’esprit ambiant. Une première série de remontrances concerne les exercices de piété auxquels est soumis un confrère : les préceptes de l’Evangile sont déjà suffisamment exigeants en eux-mêmes sans qu’il soit besoin de multiplier les exercices particuliers ; ces exercices sont à la fois des fardeaux accablants, plus capables « d’ennuyer et de dégoûter » que de stimuler une croissance spirituelle notamment à cause de leur répétition. A cela s’ajoutent des dénonciations fort anciennes qui n’ont rien « d’éclairé » : en premier lieu la concurrence déloyale de ces « exercices qui empêchent de se trouver en sa paroisse à des temps où il est ordonné de s’y trouver ». De plus, certaines tromperaient leurs membres en accordant « trop de pouvoir aux saints en l’honneur de qui elles sont érigées », en leur faisant croire aussi qu’on y est mieux préparé à faire son salut que n’importe où ailleurs. Enfin l’inlassable reproche émanant souvent du jansénisme avant 1750 et visant les banquets pour lesquels la confrérie gaspillerait ses ressources n’est naturellement pas oublié. A côté de critiques et d’abus qui sont finalement inhérents à la vie confraternelle, le reproche majeur semble être celui de son inadaptation à une société qui a changé. Cela ressort nettement de deux remarques : la confrérie est encore une formule séduisante « pour le simple peuple » mais elle ne conviendrait plus aux élites chrétiennes qui encouragent le développement de nouvelles formes de sociabilité urbaines hors du contrôle du clergé, d’autant qu’on y « fait dire par cœur des prieres à ceux qui savent lire » dans un siècle où triomphe un rapport plus personnel à la foi. En décalage avec une culture urbaine qui ne cesse de se transformer, la structure confraternelle n’est alors nullement indispensable et tous les exercices proposés peuvent se pratiquer tout aussi bien « en son particulier » c’est à dire sans être de confrérie696. La dévotion du XVIIIe siècle serait devenue trop intériorisée pour recourir à la dimension associative. De toutes ces accusations et des doutes sur l’utilité de sa permanence dans le paysage religieux du XVIIIe siècle, la confrérie doit se défendre après 1750697.
7Toute aussi nette est l’attitude offensive menée par l'Etat moderne désireux d'assurer ses besoins financiers. Elle n’est bien sûr pas spécifiquement conduite contre l’association de piété, mais vise la confrérie comme n'importe quel autre corps possesseur de richesses et de privilèges. Les listes d’imposition aux décimes pour le diocèse de Reims expriment ce souci dès la fin du XVIIe siècle.
Montant des décimes, paroisses de la ville de Reims, 1695698
Paroisse St Pierre le Vieil |
- confrérie du Saint Nom de Jésus |
15 l.t. |
Paroisse La Madeleine |
- confrérie de saint Fiacre |
12 l.t. 10 s. |
Paroisse St Hilaire |
- confrérie de l’Adoration |
3 l.t. |
8Des trois confréries rapportées par ce tableau, deux sont même plus taxées que les fabriques de leur paroisse. Ces associations médiévales sont, il est vrai, particulièrement bien pourvues en rentes tirées de possessions immobilières et mobilières. De 1701 à 1715, les trois mêmes apparaissent constamment avec des contributions variant, pour les deux principales, de 7 à 12 livres selon les années. Leur existence ne s’en trouvait pas pour autant menacée, mais à travers leur fiscalisation elles étaient désormais placées sous la dépendance de l’autorité civile et non plus seulement sous celle de l’autorité ecclésiastique. La volonté de l’Etat de contrôler les associations religieuses passe ensuite par l’exigence de lettres patentes indispensables sésames autorisant une existence légale. L’édit de d’Aguesseau d'août 1749 vise les fondations pieuses, plus particulièrement les donations, accusées de nuire au commerce en stérilisant les richesses de l'Etat. S'il a eu un impact sur les confréries des villes de Champagne, la documentation consultée n’en a gardé aucune trace. Ce n’est pas le cas de l’arrêt du Parlement de Paris du 18 avril 1760. Très sensible aux reproches émanant du clergé janséniste, la Cour souveraine interdit tout d’abord de nouvelles créations de confréries et attend de celles qui existent déjà qu’elles produisent tous leurs titres et surtout les lettres patentes que la plupart d’entre elles n’ont jamais sollicitées, dans un délai de six mois sous peine d’être supprimées699. Ce nouvel et spectaculaire empiètement de la juridiction civile sur celle de l'Eglise est l'œuvre de Joly de Fleury700 qui diligenta rapidement des enquêtes dans l’ensemble du ressort du Parlement de Paris. De cet arrêt s'inspire aussi celui du Parlement de Metz rendu le 10 mai 1763, lequel intéresse notre domaine puisque les franges orientales de l’archidiocèse de Reims sont dépendantes de la Cour lorraine701. Ces mesures s'inscrivent dans un contexte politique et religieux en cours d’évolution en partie du fait de l’action des parlementaires. De nombreuses études ont déjà fait état de leur caractère foncièrement anti-jésuite, préludant les mesures d’expulsion de la Compagnie de Jésus prises peu de temps après. On sait combien les parlementaires représentaient alors les fers de lance de la lutte gallicane et janséniste contre les œuvres trop romaines, pour des raisons d’ailleurs plus politiques que religieuses. En clair, ils décident de prendre la défense d’un « ordre établi dans l'Eglise », organisé autour d'un principe – « la religion n'admet qu'une société générale qui est celle des fidèles, distribuée en Paroisses sous l'autorité des Evêques, & sous la conduite & direction des Pasteurs particuliers » – qu’il faut respecter au nom des lois civiles et religieuses702. L'arrêt dénonce alors « les confrairies et associations qui se sont établies par piété sous le titre de charité & autres dénominations, [qui] ne font que nuire aux fidèles, & déranger l'ordre établi dans l'Eglise, elles nuisent même au temporel en introduisant le fanatisme dans les esprits, on élève dans chaque Eglise autel contre autel »703. Quelques années plus tard, Guyot traduisit ainsi l’opinion du législateur : « celles qui font leurs exercices au son de la cloche dans une église ouverte à tous les fidèles qui veulent venir prendre part à leurs prières, n'ont jamais été regardées comme des Confréries suspectes. Mais on n'a pas toujours pensé de même de celles qui sont établies chez les réguliers, c'est à dire de celles qui s’assemblent en secret ; et ce sont ces sortes de Confréries, notamment celles qui étoient chez les ci-devant Jésuites, qui ont donné lieu à l’arrêt du parlement de Paris du 9 mai 1760. On regarde assez communément ces sortes d’assemblées comme dangereuses, surtout dans les temps où il règne des esprits de parti »704.
9La décision de supprimer toutes les congrégations des Jésuites, complétée par le contrôle très strict de toutes les autres dans l’espoir presque avoué d’en supprimer un bon nombre n’est que le premier volet de l’intervention du pouvoir civil. Quinze ans après, les édits de février 1776 et d’avril 1777 enfonçaient un autre pan de la tradition confraternelle en touchant aux métiers : « Avons éteint & supprimé toute Confrérie, Congrégation ou association formée par les Maîtres, Compagnons, Apprentifs & Ouvriers des Communautés d’Arts et Métiers : défendons de les renouveller ou d’en établir de nouvelles, sous quelque prétexte que ce soit, sauf à être pourvu par les ordinaires des lieux à l'acquit des fondations et à l'emploi des biens qui y étoient affectés »705. Les nuages se sont donc brusquement amoncelés au-dessus des confréries, créant des conditions globalement défavorables avec lesquelles elles doivent compter. Les autorités civiles modifient leur regard, une partie de l’Eglise s’en détourne et les élites urbaines préfèrent parfois soutenir une sociabilité différente et non confessionnelle. Il n’est alors pas rare de trouver des signes d’essoufflement, voire des disparitions entre 1750 et le milieu des années 1770.
Des conséquences, mais sélectives
10Indéniablement le rapport à la confrérie n’a plus le caractère consensuel du début de siècle. La voie associative qui s’était développée jusqu’à devenir une véritable ossature de la vie chrétienne montre des signes de faiblesse qu’on ne lui connaissait pas depuis près de deux siècles. En premier lieu, les créations sont pratiquement arrêtées dès 1730 non seulement dans les villes, mais dans l’ensemble des diocèses. Des notes dissonantes viennent également troubler l’harmonie – réelle ou supposée – qui régnait précédemment au sujet de certaines dévotions que le siècle délaisse pour recentrer toute la piété autour des cultes christiques. C’est ainsi que la dévotion à l’ange gardien connaît un repli après un XVIIe siècle heureux. Le rédacteur du livret de la confrérie rémoise regrette un « établissement qui étoit déchu de son ancienne ferveur » et doit parallèlement le défendre de l’accusation de développer une « piété fausse, et qui en impose pour accréditer un culte que l'intérêt s’efforce de rétablir »706. La confrérie rémoise parvient toutefois à réagir comme le prouve l’adoption d’un livret, support plus en conformité avec le temps, ce qui n’est pas le cas du groupe placé sous la double protection de saint Michel et des Anges dans l’église de la Trinité de Châlons. Né au début du XVe siècle, il avait surpassé la crise du siècle suivant mais disparut de la documentation après 1730707. Les détachements ne se limitent d’ailleurs pas à la dévotion angélique708 et le silence concernant les confréries des Agonisants et des Ames du purgatoire est peut être le résultat de leur essoufflement, voire de leur disparition.
11La documentation interne de la confrérie suggère quant à elle des difficultés de deux ordres : l’incapacité de trouver des responsables et des problèmes de recrutement lancinants. Sur ce premier symptôme d’une mauvaise santé, la grave crise rencontrée par la confrérie troyenne de saint Louis a valeur exemplaire. Ancienne et prestigieuse, elle procède chaque année à l’élection de son nouveau Syndic. Or, dans un contexte de repli puisque la confrérie n'assume plus que le strict minimum de ses devoirs statutaires (messe et « convive »), deux avocats choisis pour exercer cette fonction honorifique la refusent en 1750 et 1751. Si on ne sait rien des motifs du premier refus, en revanche Grosley, brillant intellectuel en vue, de surcroît très lié aux milieux philosophiques, prend pour prétexte le poids exorbitant de la charge. En effet, il doit non seulement financer presque seul le banquet, mais en plus couvrir des frais de nettoyage du Palais, dépense que la tradition a ajouté au fil des ans. Il n’en est pas moins aussitôt condamné par sentence du Présidial de Troyes à venir prêter serment, décision dont il fait appel devant le Parlement de Paris709. Certes, l’exemple est un peu exceptionnel, mais il traduit bien l’émergence d’un clivage culturel au sein d’un groupe jadis très soucieux de sa cohésion. Il est aussi significatif de la difficulté croissante de trouver parmi les élites urbaines des volontaires pour l’exercice de responsabilités auxquelles elles ne goûtent plus.
12Le second indicateur fiable de l’affaiblissement d’une confrérie est fourni par l’observation des listes de ses membres. Ce peut être sous la forme d’une information isolée mais ne laissant aucun doute sur le déclin, comme ce commentaire ajouté par un marguillier de Saint Hilaire soucieux d’obtenir de son archevêque une conséquente réduction ou suppression de fondations devenues trop lourdes : « ce considéré Monseigneur, attendu ce que dessus, qu’en outre il n’y a plus actuellement que trois confrères vivants de la confrerie de saint Sébastien [...] il plaise à Votre Eminence par un seul et même jugement pourvoir à cet objet ainsi qu'aux autres »710. La confrérie de l’Adoration perpétuelle installée dans cette même paroisse rémoise connaît elle aussi une démobilisation attestée par la chute constante du nombre des défunts sur ses placards mortuaires annuels : 131 noms sont portés en 1761, 102 en 1773, 85 en 1780 puis 62 et 79 pour 1789 et 1790711. Toujours à Reims, la confrérie de saint Sébastien à Sainte Marie Madeleine dont on a pu retracer la courbe d’enrôlement sur vingt ans (1770-90) décrit une baisse continuelle. Certes, son recrutement n’est jamais totalement tari, mais il est clairement devenu l’affaire de clans familiaux uniquement issus de la paroisse d’implantation. Un tel accaparement s’inscrit à l’opposé de l’idéal d’une fraternité générale partagée et pourrait presque à lui seul expliquer le déclin en cours. Plus inquiétant encore, parmi les membres les plus prestigieux du groupe, deux ecclésiastiques, dont l’ancien curé et le titulaire de la paroisse, apportent un flagrant contre-témoignage en honorant leurs cotisations avec pas moins de trente années de retard pour le premier et dix-huit pour le second ! La qualité des retardataires amplifie l’impression de décalage entre la grande famille paroissiale et la petite cellule confraternelle. Dans le cas précis de cette société, la documentation à disposition montre clairement une association fragilisée bien avant la législation révolutionnaire712.
13Il faut aussi guetter les effets concrets des mesures prises par l’Etat, en clair chercher si elles aboutirent à des extinctions. Les résultats de l’enquête diligentée par le Parlement de Paris dès 1760 ne sont malheureusement pas très détaillés sur les confréries champenoises et même inexistants en ce qui concerne les villes épiscopales. Seul le dossier de la ville de Sainte Ménéhould en Argonne a été constitué. Il permet de se faire une idée très précise de l’application de l’enquête en un point donné713. Le dossier rend d’abord compte de l'importance prise par les confréries, puisque cette petite ville compte au moins treize confréries, parmi lesquelles un tri impitoyable va être opéré : ainsi, dix d’entre elles sont jugées inutiles, pernicieuses et abusives par le rapport du Procureur général714, trois seulement sont acceptées, non sans nuances d’ailleurs. Si on ne reproche rien à la confrérie du Saint Sacrement où se vit une vraie dévotion, il n’en va pas de même de celle de la Sainte Vierge pourtant autorisée par l’ordinaire, sur laquelle le Procureur civil a ces propos définitifs : « cette confrérie n’a rien contre elle que le peu d’utilité de ces sortes d’etablissement ». Enfin, les chasseurs rassemblés derrière leur patron saint Hubert ne semblent pas menacés d’une disparition car, si leur « confrairie n’est d’aucune utilité, [du moins] n’y commet [-on] aucun désordre ». Ainsi, l’investigation aboutirait dans cet exemple à suggérer la suppression pure et simple des trois-quarts des confréries ménéhildiennes, une amputation qui tournerait brutalement la page de trois siècles d’histoire associative. Mais encore faut-il que les décisions soient appliquées.
14Dans la partie ardennaise de la province placée sous la juridiction du parlement de Metz, l’arrêt du 10 mai 1763 a semble-t-il touché un plus grand nombre de localités, mais il reste difficile d'en conclure une meilleure application. Selon E. Michel, l’arrêt valut au Procureur général « les épithètes de calviniste et de fanatique » de la part des populations dévotes des Trois Evêchés715. Ces vives réactions eurent-elles pour effet outre de retarder les suppressions d’en empêcher un grand nombre ? C’est à la fois probable et invérifiable. Une lettre plus tardive de l’évêque de Châlons envoyée à Paris à la suite de l’arrêt de 1777 fait d’ailleurs apparaître le poids des résistances plus de quinze ans après le début de l’enquête. Après avoir demandé des clarifications au sujet des confréries de métiers, le prélat revient sur le fond de l’arrêt de 1760 en déclarant « je prendrai la liberté de vous observer que celui de 1760 ne peut avoir d’application aux confrairies qui sont établies presque généralement dans tous les diocèses, telles que celles du St Sacrement et de la Ste Vierge, ou à quelque saint. Que ces sortes de confreries n’ont rien d’abusif et ne peuvent servir qu’à nourrir la piété des fideles »716. Autant il est nécessaire de ne pas généraliser le succès en apparence médiocre de l'entreprise, autant il faut être tout aussi prudent et éviter de croire que l’action parlementaire ne fut qu’une bravade sans suite. Le courrier de l’évêque de Châlons montre ainsi que le substitut au bailliage de cette ville a pu être tenté d’utiliser l'article 26 de l’arrêt de 1777 pour mettre en application celui de 1760, amalgamant toutes les confréries et congrégations dans un même rejet des corps717.
15Un petit nombre de confréries de dévotion des trois villes épiscopales a cependant été touché indirectement par l’arrêt de 1760. A Châlons, les confréries paroissiales sont bien sommées de remettre une copie des lettres patentes attestant leur existence dans un délai de six mois auprès des procureurs du roi. En contravention, car aucune ne les possède, les confréries de l’église Saint Jean se réunissent pour délibérer de la conduite à suivre. Dans le texte qui rend compte de l’assemblée extraordinaire, on mesure à quel point l’exigence du Parlement de Paris arrive à un moment clé de l’histoire des confréries de saint Sébastien et du Saint Sacrement : « Attendu que les confréries établies en cette église sont plus onéreuses que profitables, a esté arrêté qu’elles seront continuées jusqu’à la Saint Sebastien prochaine, sur le même pied, et si après cette fête, les confrères ne veulent pas payer cinq sous chacun, qu elles seront et demeureront supprimées »718. Les réticences à relever la cotisation afin, très certainement, d'assumer les frais d’instance et d’obtention des lettres n’ayant pas été dépassées, les deux associations préférèrent s’arrêter d’elles-mêmes simultanément en 1761. Mais l’extinction n’étant pas assimilable à la suppression visée par l'arrêt, le motif des disparitions a peut-être d’autres raisons cachées. Ainsi, derrière cette décision de se saborder, n’y aurait-il pas la preuve d’une désaffection des milieux qui traditionnellement assuraient les enrôlements ? A une probable crise économique s’ajouterait alors une possible crise du recrutement. L’arrêt définitif des registres de la confrérie du Saint Sacrement de Saint Urbain de Troyes, précisément en 1762, suggère une toute autre évolution. Il ne signifie pas l’extinction du groupe qui apparaît désormais dans les comptes de la fabrique jusqu’au tournant révolutionnaire, mais une perte d'autonomie et donc un effacement identitaire. Est-ce directement imputable à la législation parlementaire ? Plus sûrement, celle-ci créa-t-elle les conditions de l’affaiblissement à un moment où la liste des membres atteint son plus faible total depuis le XVIe siècle (de 21 à 22 membres ayant cotisé entre 1760 et 1762). N’étant plus une société dévote attractive et mobilisatrice, elle est pratiquement réduite à la dimension d’œuvre paroissiale et n’existe plus que de nom.
16Ainsi, le début des années 1760 correspond bien à un temps creux dans l’histoire des confréries. Au moment d’affronter une épreuve conjoncturelle, des associations paroissiales prospères trois décennies plus tôt s'écroulent. L’impact des mesures parlementaires semble encore plus net pour les confréries conventuelles, surtout les congrégations mariales contre lesquelles se déchaînèrent avocats et procureurs du Roi. Il serait pourtant faux de faire de l’arrêt de 1760 l’unique responsable d’un déclin des congrégations champenoises qui a débuté bien avant. Car la crise fut précoce à Reims comme à Châlons, dès le début du XVIIIe siècle et les causes l’expliquant assez nombreuses. Au contraire des groupements d’artisans et d’élèves dont les signes d’un bon maintien se lisent encore à l’entrée du siècle719, les Messieurs semblent avoir rapidement tourné le dos à cette forme d’engagement, vraisemblablement vers 1680 à Reims, à peine plus tard à Châlons. Non seulement le mouvement se confirme au siècle suivant, mais il s’amplifie aussi en entraînant le repli des autres congrégations. Ce sont donc des associations déjà rudement éprouvées que le Parlement de Paris entend éteindre totalement. Si, progressivement, les sociétés urbaines, à commencer, par leurs élites deviennent manifestement tièdes à l’égard des congrégations, la raison en revient aussi au climat religieux des cités et à leurs évêques surtout désireux de faire triompher une ecclésiologie et une théologie accordant la primauté au clergé diocésain. Désormais bien formé et mis à la tête d’une institution paroissiale qui a su brillamment développer ses propres confréries, le curé du XVIIIe siècle l’emporte définitivement, après presque un siècle de mauvaise intelligence, sur un Ordre symbolisant à lui seul la concurrence pastorale que les réguliers leur avaient imposée. La chute des congrégations est d’autant plus inévitable que les Jésuites ne bénéficient guère de soutiens et semblent d’ailleurs négliger la direction des sodalités. Insuffisamment protégées, exagérément exposées et certainement pour partie inadaptées aux aspirations des notables des villes, elles disparaissent en même temps que la Compagnie de Jésus720.
17Les confréries entretenues par les autres Ordres subirent-elles aussi les rigueurs du climat créé par l'offensive parlementaire ? Apporter une réponse d’ensemble à cette question n’est pas possible tant les renseignements manquent à leur propos et ce depuis plusieurs décennies, à tel point qu’on peut se demander si elles sont encore en activité vers 1760. Finalement, la confrérie N.-D. de Lorette que les Dominicains de Reims entretiennent depuis presque un siècle dans leur église est la seule à fournir quelques indices. Déjà elle dut interrompre la tenue de ses comptes de 1757 à 1761 et leur reprise ne s’était faite qu’au prix d’une modification significative puisqu’elle passe alors de deux redditions annuelles à une. En 1764 a lieu un nouvel arrêt, définitif celui-ci et la tenue du registre est brutalement interrompue. Si elle est alors supprimée ce n’est pas au cours d’un moment de crise particulier car cette annéelà 140 confrères et consœurs, dont 26 « pellerins », apparaissent sous la plume du receveur de la confrérie721. Une conclusion raisonnable, tant pour cet exemple documenté que pour les autres serait de ne point trop majorer les possibles effets de l’arrêt de 1760 sur les associations dirigées par les réguliers. En revanche, la crise que traverse le monde des réguliers vers le milieu du siècle est quant à elle bien réelle et on ne peut écarter une possible conséquence sur leurs confréries, peut être délaissées au profit de réformes structurelles plus urgentes.
18Comparativement, les répercussions de l’édit de 1776 sont plus nettes. La chose est un peu paradoxale mais c’est grâce à ces enquêtes que l’on peut attester l’existence de nombreuses « corporations » urbaines. Le portrait des confréries de métiers qui en ressort montre, comme à Troyes, des associations exerçant encore fidèlement les charges quelles se sont données, dans les églises paroissiales ou régulières722. L’application de l’édit supprime donc d’un seul coup un très grand nombre de confréries parmi les plus anciennes et les plus traditionnelles que compte chaque cité. La perte occasionnée est donc considérable et les cortèges processionnaux de la Fête Dieu qui signalaient aux yeux de tous la présence des métiers sont orphelins d’une de leurs principales composantes. Observée à l’échelle d'une église paroissiale, celle de Saint Jean de Châlons, l’extinction semble immédiate : la confrérie de saint Nicolas des facteurs et mesureurs de grains de la porte Saint Jean, celle de saint Biaise rassemblant les peigneurs de laine, enfin la confrérie dressée par les anneleurs ou mesureurs de bois se démantèlent dès 1776723. A Sainte Marie Madeleine de Troyes, la chapelle du chevet, « autrefois dite des orfèvres », est pour sa part placée sous le vocable de la Vierge en 1777724. La liste des cessations de présence dans les sanctuaires pourrait être aisément complétée725. Pourtant, les effets ne semblent pas durables pour toutes et elles sont nombreuses à se reconstituer très peu de temps après : les bonnetiers, chapeliers et pelletiers troyens réunis en une seule communauté font ainsi d’importantes dépenses pour acheter un tableau, de la cire et des flambeaux en 1783-84726. La reconstitution rémoise s’est elle aussi opérée dans le cadre des nouvelles communautés autorisées par le pouvoir royal. Leur vigueur est attestée par le nouvel inventaire des liquidations ordonné quinze ans plus tard au début de la Révolution727. Ainsi, il ne faut pas trop rapidement noircir la situation des confréries de métier dans les villes épiscopales de Champagne avant la fin de l’Ancien Régime728.
B. – Les signes de la vitalité
19En apparence, les attaques contre la confrérie semblent fortes et certaines ne résistèrent pas à l’épreuve ou en ressortirent très durement secouées. Pourtant le dépérissement ne fut pas complet et nombreuses semblent être celles qui ne périclitèrent pas et qui de plus firent preuve d’une remarquable vitalité tout au long de la seconde moitié du XVIIIe siècle729.
Des confréries prospères
20Dans chacune des villes, des confréries poursuivent leurs missions traditionnelles au moins jusqu'au début de la période révolutionnaire. A Troyes, on est certain du fonctionnement ordinaire des confréries de N.-D. de Lorette730, de sainte Mathie731, de saint Roch732 et des associations du Saint Sacrement installées dans les églises paroissiales de Saint Urbain, Saint Aventin et Saint Nizier733. A Châlons, la confrérie du Saint Sacrement à Saint Alpin ne semble pas connaître de difficultés734 et obtient même une nouvelle reconnaissance de son existence par Mgr de Juigné en 1769735. La situation rémoise est mieux connue grâce aux dossiers imprimés de l’enquête pastorale de 1774. La photographie confraternelle ainsi obtenue évoque plutôt la stabilité que la déperdition736. Certes une décennie plus tard les sociétés en bonne santé sont en plus petit nombre, néanmoins certaines continuent à rayonner parmi lesquelles les confréries de l’Adoration perpétuelle (Saint Hilaire)737, du Saint Sacrement (Saint Timothée)738 et du Saint Nom de Jésus. Son dernier registre de délibérations couvrant les années 1752 à 1792 nous renvoie au centre même de la vie d’un groupe où les signes du dynamisme dominent739.
21Le premier signe lisible est la bonne observation des statuts, le renouvellement régulier des charges et la gestion sérieuse du patrimoine immobilier appartenant au groupe. De la même façon, les confrères prennent certaines conclusions veillant à entretenir les linges et ornements nécessaires aux devoirs envers les morts, à garantir des chants d’offices beaux et bien conduits ou encore, à l'imitation du zèle curial de Thomassin pour le maître-autel paroissial de Saint Pierre-le-Vieil, d’ordonner le nouvel autel « pour poser au lieu et place de celuy qui est dans la chapelle de la confrérie »740. En plus de ces preuves manifestes de sa participation à la vie religieuse locale, la confrérie du Saint Nom de Jésus démontre une incontestable ferveur en ajoutant une nouvelle fête à un ensemble de célébrations déjà bien imposant741. La fondation « d'une fête de dévotion avec messe solemnelle, vespres, salut et exposition du saint sacrement » au jour de la saint Joseph est l’objet principal d’une lettre de doléance envoyée à l’archevêque de La Roche-Aymon en 1769. Le prélat accède bien volontiers à leur requête accordant en plus de son autorisation « chaque année pendant le temps de notre pontificat quarente jours d’indulgences » à gagner au temps de la fête742.
22De toute évidence, le registre produit les signes tangibles d’une vitalité confraternelle et le Saint Nom de Jésus ne semble guère concerné par les arrêts successifs de 1760 et 1776 puisqu’on en trouve aucun écho dans ses conclusions. Mais gardons-nous toutefois de donner une image trop lisse de la doyenne rémoise et d’exagérer la ferveur fraternelle, car le registre met aussi en évidence des difficultés nouvelles. La première remet justement en cause la jeune dévotion rendue à saint Joseph. Pour des raisons essentiellement financières, l’assemblée décide en 1778 de ne célébrer que la grande messe « qui sera chantée et sonnée comme il est d’usage de le faire pour les services des confrères et consœurs décédés et aux mesmes rétributions ». Ce qui était un nouveau temps fort de la vie confraternelle est par cette décision ramené à la proportion plus modeste d’un simple service de fondation, à tel point que les administrateurs prévoient même « la suppression entiere de cette feste par la suite s’il y a lieu »743. Concrètement, la confrérie se replie sur la dévotion au Christ. Une seconde contrariété concerne le devoir traditionnel de charité. Encore réalisé au cours des années 1750, le geste d’aumône devient plus difficile à accomplir dès la décennie suivante à cause de la dépense extraordinaire qu’occasionnèrent les différents travaux entrepris. Finalement, on dût l’interrompre pendant quelques années744. Une dévotion qui peine à s’élargir, des œuvres mises à mal, derrière ces problèmes au caractère conjoncturel évident, l'image dominante nous semble cependant rester celle d’une confrérie garantissant au mieux de ses moyens l’exercice de ses devoirs.
23Pour d’autres confréries, les indices de bonne marche se déduisent des comptes toujours excédentaires à un moment où on pourrait s’attendre à un repli définitif et rapide des ressources745. Pouvant s’appuyer sur sa bonne santé financière, la confrérie de sainte Barbe, paroisse Saint Maurice de Reims, n’éprouve aucune gêne à agencer ses devoirs habituels de 1761 à 1791. Mais le plus typique est le gonflement régulier de ses marges excédentaires qui lui garantit une influence dans la vie paroissiale. A deux reprises en effet, on prélève du reliquat la somme de cent livres remise aux marguilliers de Saint Maurice « pour les besoins urgents de ladite fabrique » (1777 et 1784). Mais le prélèvement record est encore à venir, les marguilliers le réalisant en 1791 par une ponction de 220 livres de son compte, cette fois-ci pour des dépenses « urgentes en linges et ornements »746. A des degrés moindres, la confrérie saint Sébastien de la paroisse de la Madeleine à Reims747 et peut être celle de saint Fiacre748 collaborent avec générosité aux mises de la fabrique.
24De la même façon qu'elles révèlent une certaine fragilité de la vie associative catholique, les listes des membres peuvent a contrario laisser transparaître la réelle prospérité d’un groupe après 1750. Le constat peut être fait à propos de l’une des confréries du Saint Sacrement de Châlons (Saint Alpin) en 1781. Elle compte alors plus de 300 membres, chiffre qui, comparé au total de 428 membres qui ouvre son registre en 1752, prouve que le recrutement n’est pas alors fortement atteint749. Un peu particulier semble être l’enseignement du registre du Saint Sacrement à Saint Nizier de Troyes. Après avoir connu une remarquable stabilité de 1745 à 1769, elle connaît un léger repli jusqu'en 1774, puis ses effectifs s’envolent : 315 (1775), 405 (1776), 441 (1777), 496 (1778) et 522 (1779), Le registre s'achevant par cette année, la suite de l’évolution demeure malheureusement inconnue. Quant à cette spectaculaire envolée des effectifs, elle a une cause et suggère une réflexion. La cause est la part de nouveau majoritaire des femmes dans la confrérie (le taux de féminisation est de 59 % en 1779), un trait de recrutement qu'elle avait perdu vers 1750. On doit remarquer aussi que la brusque flambée coïncide assez bien avec les mesures de suppression des confréries de métier. N’y aurait-il pas un lien à faire à partir de 1776 entre ces deux phénomènes ? La confrérie de dévotion aurait alors ouvert largement ses portes aux gens de métier, pour un temps privé de solidarité religieuse. L'hypothèse mérite d'être notée.
25A côté de ces témoignages sur des permanences ou de beaux redressements, la création d'une confrérie est encore plus révélatrice. La reprise du mouvement d’institutions n'aura jamais en Champagne la vigueur qu'on lui connaît dans d’autres provinces750, mais dans ce climat théoriquement peu favorable, même les petits nombres prennent immédiatement une haute signification, presque plus déterminante que la survie d'une confrérie plus ancienne. Signalons d’emblée que la cité des sacres reste en dehors du renouveau. Il est vrai que dans cette ville les associations sont parmi les plus vigoureuses après 1750. Troyes, dont le réseau traditionnel est lui aussi assez bien conservé, n'enregistre qu'une érection de confrérie classique en l’honneur du Saint Sacrement, dans la paroisse de Saint Nicolas en 1781751. C’est donc surtout à Châlons que le phénomène prend une ampleur insoupçonnée, donnant lieu à une série d'institutions entamée en 1771 pour ne s’achever qu’en 1788. Inaugurant cette vague, « l’Association sous le titre de la Sainte Agonie de N [otre] S [eigneur] J [ésus] C [hrist] mourant sur le calvaire, et de la sainte Vierge, dite N [otre] D [ame] de Douleur » voit le jour le 30 septembre 1771 dans l’église des religieuses bénédictines de Vinetz, par un bref de Clément XIV accepté par l’évêque de Châlons le 22 décembre suivant. Presque dix années après la création d’une association identique chez les religieuses pénitentes du couvent parisien de Notre Dame de Nazareth (1762), dont elles adoptent d’ailleurs le livret, la dévotion arrive dans le chef-lieu de Généralité à un moment révélateur752. Une deuxième fondation est faite dans l’église collégiale et paroissiale de la Trinité en 1788 sous le titre du Saint Sacrement753. Enfin, une confrérie de sainte Reine fut élevée dans le sanctuaire paroissial de Saint Loup en 1784, y bénéficiant d’une chapelle correctement ornée. On sait qu’une confrérie en l’honneur de la petite sainte bourguignonne existait depuis le début du XVIIe siècle chez les Ermites Augustins de Châlons. Faute de renseignements la concernant, on peut se demander si elle n’a pas périclité vers le milieu du siècle, remplacée dans le cœur des châlonnais par la création de la société de Saint Loup754.
Les défenseurs de la confrérie
26Il va sans dire que le mérite de la prospérité de certains groupes revient avant tout aux confrères eux-mêmes. Esquivant les écueils afin de maintenir un cap fixé en des temps meilleurs, contournant ou ignorant les critiques formulées par le catholicisme « éclairé », le jansénisme ou l’Etat, des laïcs, hommes et femmes, perpétuent la vie confraternelle par leur ferme volonté. Pourtant, sans la certitude d’un appui des évêques et du clergé paroissial, constituant un groupe de défenseurs cléricaux, les événements auraient sans doute pris une autre tournure moins favorable. Le premier soutien d’importance apporté à la confrérie est celui des évêques. Ils peuvent être sollicités par les confréries, comme le Saint Sacrement de Saint Alpin de Châlons ou le Saint Nom de Jésus de Reims, toutes deux en 1769, afin de gagner une nouvelle confirmation réclamée par l’époque. La confrérie du Saint Nom de Jésus va un peu plus loin que cela et s’adresse à l’archevêque de la Roche Aymon pour qu’il couvre de son autorité une réforme interne du groupe. Tout au long de son histoire, elle a régulièrement su obtenir de la hiérarchie épiscopale les appuis les plus décisifs, entretenant ainsi la fierté d’être la confrérie rémoise la plus fidèlement assurée de ce soutien depuis le XIVe siècle. Cette certitude s’exprime encore dans la « faveur specialle » demandée au prélat : « qu’a l’instar de vos predecesseurs il vous plaise accepter le titre de protecteur de laditte confrérie, et leur permettre de vous inscrire en cette qualité sur leurs registres ». L’archevêque ne semble pas donner suite à l’invitation personnelle, mais son accord en vue des transformations spirituelles souhaitées par la doyenne rémoise ne se fit guère attendre755. Pour leur part, les évêques de Troyes continuent à légiférer après 1750 de la même manière qu’ils le faisaient au temps fort de la Réforme catholique756. Plus originales dans le contexte de remise en cause, sont les interventions cherchant à mettre la confrérie à l'abri des critiques dont elle est la cible. Appelé à réagir sur le sens de l’article 26 de l’Edit d’avril 1777, l’évêque de Châlons écrit : « je penserais que l’intention du législateur est que des personnes qui exercent une profession qui est réunie avec d’autres pour ne faire qu’une seule communauté ne s’associent point à par [t] pour former une confrairie, mais je ne pense pas que le législateur ait voulu empêcher les communautés d’arts et métiers d’honorer plus particulièrement un saint et de le prendre pour leur patron. Comme je ne pense pas que le Roi ait voulu interdire la même faculté aux professions libres qui ne sont point en corps de communauté »757. En faisant l’apologie du patronage et de la pratique religieuse pour les gens de métier, il encourage bel et bien la reconstitution d’unions confraternelles. Toutefois, il ne va pas plus loin concernant les corporations, car c’est au service de la confrérie de dévotion qu’il consacre légitimement l’essentiel de ses efforts. Le point d’orgue de cette attitude de défense illustrée de l’association de bonne piété est l’adoption d’un règlement destiné aux confréries du Saint Sacrement et de la Sainte Vierge en 1770. Cet acte législatif repose tout entier sur la volonté de reprendre en main la destinée de la confrérie et il n’est pas sans rappeler un autre règlement épiscopal donné par l’évêque d’Orléans quelques années plus tôt (1749). Les contenus distinguent toutefois les deux textes : si le premier évolue dans le registre de la dénonciation d’abus constatés ou supposés de la vie confraternelle758, le second semble avoir dépassé ce premier stade pour se consacrer à la préservation de ce qu’il nomme de « pieux établissemens ». Ces stratégies différentes s'expliquent certainement par les deux décennies troublées qui séparent les deux règlements. En 1770, le moment semble venu de redonner vigueur à cet « excellent moyen de sanctification pour les Peuples ».
27La voie à suivre consiste à « établir l’uniformité dans la pratique sur un objet aussi important » en faisant triompher une conception simplificatrice de la confrérie de dévotion. C’est ainsi que, dans l'esprit du premier clerc du diocèse, seules deux grandes titulatures doivent être retenues. Ce choix s’inspire de celui de Vialart de Herse au siècle précédent, à ceci près que le Rosaire a cédé la place à une titulature mariale plus générale759. Un autre point fort des règlements châlonnais décide « que les femmes et les filles seulement pourront entrer dans la confrérie de la Sainte Vierge », au nom « [d’]un usage établi dans le diocèse »760, alors que la confrérie du Saint Sacrement demeure en principe mixte, l’association de tous761. Pour le reste, le prélat fait un fond de toutes les bonnes choses apportées par ces groupes à la vie religieuse paroissiale762. Alors que dans les villes, le refus de faire ses Pâques est croissant, l’évêque voit dans la confrérie un instrument qui conduit ses membres à fréquenter avec assiduité la Sainte Table. Le confrère est aussi présenté comme un priant régulier, appelé à vivre une authentique charité dans un siècle où grandissent des assistances désacralisées et philanthropiques. Plus encore, le bon confrère est avant tout un bon paroissien dont l’assiduité aux messes, instructions et processions de son église reste un exemple public d’attachement au catholicisme traditionnel au moment où d’autres sensibilités gagnent la religion. Ce programme du chrétien dévot se retrouve parfaitement dans les articles de la confrérie créée à la Trinité en 1788.
28Mais c’est souvent du clergé paroissial, en particulier des curés, qu’est venu l’appui certainement le plus réconfortant. Car une bonne partie des clercs ne dédaigne pas de reconnaître l’apport des associations à la vie paroissiale, un bienfait dont ils font, à la suite de leurs prédécesseurs, l’expérience sur le terrain. Pour cette raison, ils prennent souvent la défense des confréries. Ainsi, on ne trouve aucune critique ouverte ou virulente dans les réponses que les curés écrivent de leurs mains à l’enquête imprimée de 1774 concernant les paroisses de la ville de Reims, alors que certaines percent dans quelques procès-verbaux des campagnes. Au contraire, on la soutient en disant tout le bien qu’on pense d’elle, ce qui est finalement le meilleur moyen de la défendre dans ce climat où le souci de l’utilité religieuse des œuvres de dévotion est devenu si important. La réponse donnée par le curé de Saint Hilaire est révélatrice de cette attitude : « Il y a une confrairie de l’adoration perpétuelle très renommée et édifiantes (sic) y ayant un grand nombre de confreres et de consœurs, de toutes conditions »763. Suit une longue énumération – près de quinze lignes – de ses offices, ainsi que l’explication détaillée des modalités de son fonctionnement, notamment la direction à laquelle le curé participe au titre de directeur. Il ne faut pas s’étonner outre mesure de voir un curé nourrir de tels bons sentiments à l’égard d’une aussi digne confrérie, un avis proche du plaidoyer. L’enthousiasme n’est certes pas aussi grand sous la plume du curé de la Madeleine quand il mentionne sans aucun accent élogieux la présence des confréries de saint Sébastien et de saint Fiacre dans son église, mais nulle remarque de réprobation ne pointe pour autant764.
29Le clergé paroissial manifeste encore son attachement à la confrérie en s’associant à la naissance de deux des trois nouvelles confréries châlonnaises. Si la fondation de la confrérie de sainte Reine est attribuable à une initiative personnelle du curé Becquey (1784), son confrère de la Trinité, Jacques-Augustin Boucherot, a grandement participé à l’institution de la confrérie du Saint Sacrement (1788), ne serait-ce qu’en inspirant et rédigeant la supplique qu’adressèrent ensemble les « curé marguiiliers et habitans de la paroisse de la sainte Trinité de Chaalons » à l'évêque de Clermont-Tonnerre. Parmi les motifs justifiant l'entreprise, il fait figurer la volonté de renouer avec une sorte d’histoire sainte locale en fondant une « dévotion [qui] a toujours été très fortement recommandée par tant de grands pontifs qui ont gouverné ce diocèse, et en particulier Mr Felix Vialart d’heureuse mémoire ». Par ces propos judicieusement choisis, le projet s’insère dans le cadre établi par les évêques châlonnais en 1770. La fidélité à la leçon épiscopale transparaît aussi dans la supplique quand on ajoute : « et parce que les suppliants sont bien résolus de toujours respecter les loix et règlement tant de vous Monseigneur que de vos illustres prédecesseurs ; que s’agissant d’exercices et offices publics pratiqués dans l’église de leur paroisse, toutes portes ouvertes, il n’y a à craindre ni abus, ni scandale, ni assemblée clandestine »765. Ne pas fournir de nouvelles occasions d’enflammer ses détracteurs, voilà ce à quoi entendent veiller les promoteurs de la confrérie.
30Signes d’affaiblissement d’une part, consolidation ou fondation de l’autre, ce sont deux réalités opposées que l’observation des confréries de la seconde moitié du XVIIIe siècle fait apparaître dans ces trois villes. Il n’est pas facile de dégager un bilan clair et définitif sur les secousses de ce demi-siècle, néanmoins quelques traits forts semblent acquis. Même si on enregistre des disparitions, rares sont les confréries de dévotion qui se sont entièrement éteintes. Plus nombreuses sont celles qui sortent affaiblies des épreuves, confrontées à des difficultés de recrutement ou d’ordre plus économique qui nuisent certainement à leur rayonnement spirituel. Pourtant, même replié, le monde confraternel urbain n’est pas exsangue et, à l’image du Saint Nom de Jésus à Reims, des associations anciennes parviennent encore à demeurer prospères. Enfin, comment interpréter les fondations des quinze années précédant la Révolution ? Elles sont importantes en soi mais, à l’exception de Châlons, très peu nombreuses. Qui plus est, les titulatures dressées n’offrent guère d’originalité et c’est en vain qu’on cherche des sociétés placées sous le patronage du Sacré Cœur avant le siècle suivant.
31Mais le véritable enjeu de ce demi-siècle se situe au-delà de l’état de santé des confréries, dans une mutation qu’elles semblent accomplir en ville et dont nous voyons tant de signes : dans un clergé ambitionnant un strict contrôle confraternel pour se constituer un instrument toujours plus au service des objectifs pastoraux ; dans le renforcement du rattachement à la paroisse qui, dans la confrérie fondée à la Trinité de Châlons en 1788, triomphe par l’article 9 intimant au premier officier de la confrérie qu’il « ne pourra prétendre aucune place, rang ni préseance dans l’eglise sous tel prétexte que ce puisse être a moins que ce ne soit l’un des marguilliers »766 ; dans la différenciation plus nette des confréries destinées aux femmes ; enfin, dans la simplification du tissu associatif autour de grandes dévotions, le Saint Sacrement notamment. Nous avons le sentiment qu’à travers ces mesures, la confrérie amorce un tournant en partie conduit par le souci de rationalisation de l’Eglise des lumières que les décisions révolutionnaires vont compromettre. Ce n’est d’ailleurs pas de la seule volonté du clergé que la mutation s'engage, mais aussi de celle de personnes appartenant aux élites catholiques urbaines comme l’attestent les doléances du Tiers-Etat de la ville de Troyes : « que la suppression de toutes les confréries des communautés d’arts et métiers soit maintenue ; que toutes les autres confréries soient pareillement supprimées, excepté celle du Saint Sacrement, et qu’il ne puisse en être établi aucune nouvelle à l’avenir »767. Ils n’éprouvent non seulement aucun regret pour l’héritage confraternel décimé ou menacé, mais ils n’aspirent pas plus à son remplacement, préférant à la diversité des patronages de ces petites « églises particulières » la forme unique d’une association concentrée sur l’essentiel : le culte du Christ. On trouve ainsi chez les laïcs de Troyes une volonté de dépouillement de la dévotion qui leur est certainement inspirée par le clergé de la fin du XVIIIe siècle.
Notes de bas de page
692 D. Dinet, « La ferveur religieuse au XVIIIe siècle », In R.H.E.F., t. LXXIX, 1993, pp. 279-280. On ne peut naturellement se limiter à ce critère de la vitalité des confréries qu’il faut confronter à d'autres Cf. B. Hours, L'Eglise et la vie religieuse dans la France moderne, XVIe – XVIIIe siècle, Paris, PUF, 2000.
693 On peut prendre l'exemple de la paroisse d’Avenay (A.D.M., 2 G 286).
694 A.D.A., 14 G 1*, 1761-81, fol. 20 et fol. 69/v° à 70/r° ; abus en 1766 et 1769, fol 59/v°-60/r° et 67/v°.
695 A.D.M., 72 J 1, 29.10.1756.
696 N. Collin. Traité des confrairies en général..., Paris. 1784, pp. 127-134.
697 Histoire du christianisme, t. 9, p. 919.
698 Reims est l'un des « trois diocèses les plus imposables et les plus imposés au XVIIIe siècle », avec Paris et Amiens (J. de Viguerie, art. « Décimes », In Histoire et dictionnaire du Temps des Lumières, Paris, 1995, p. 898).
699 B.N.F., Joly de Fleury, 1590 et 1591.
700 D. Dinet, art. cit., pp. 281-282.
701 J. Miart, « Inventaire des papiers des confréries ardennaises... » In RHA, t. XXVII., 1992, pp. 203-224.
702 Les parlementaires reprennent l’argumentaire fréquemment utilisé par les évêques eux-mêmes.
703 Cité par J. Miart, art. cit., pp. 219-224.
704 Idem, p. 204. Allusion aux jansénistes et à leurs adversaires.
705 Edit du Roi, portant suppression des Communautés d’Arts et Métiers, Paris, 1777, p. 8.
706 Office du Saint Ange Gardien.op. cit., avertissement, n. p.
707 L. Grignon, Topographie historique de la ville de Châlons-sur-Marne, Châlons, 1976 p. 83.
708 A même époque, la confrérie de l'ange gardien de Bellac connaît une brusque chute de ses effectifs (J. de Viguerie, Le catholicisme des français dans l’ancienne France, Paris, NEL, 1988, p. 166).
709 B.M.T., mss 2317, fol. 117 à 120 et fol. 121/r°.
710 A.D.M., 2 G 253, paroisse Saint Hilaire.
711 A.D.M., 2 G 2301.
712 1 L 1360, paroisse Sainte Marie-Madeleine.
713 B.N.F., Joly de Fleury, ms. 1591, fol. 325/v° à 328.
714 Idem, La palme de la confrérie la plus abusive est sans contestation attribuée à Notre-Dame des Vignerons de Sainte Ménéhould.
715 Cité par J. Miart, art. cit., p. 205.
716 B.N.F., idem, fol. 116-117, lettre du 8.11.1777.
717 Les raisons de départ sont certainement loin d’être antireligieuses (Cf. S. Kaplan, La fin des corporations, Paris, Fayard, 2001).
718 Cité par L. Grignon, Historique et description de l'église Saint Jean de Châlons, op. cit., p. 192.
719 A Reims tout au moins, Cf. D. Julia, « Rome-Reims, Gilles Caillotin pélerin », art. cit.
720 Voir à ce propos L. Châtellier, L’Europe des dévots, op. cit., pp. 195 210 et 220.
721 A.D.M., 61 H 3 bis.
722 A.D.A., E 1151.
723 L. Grignon, Historique et description..., op. cit., pp. 185-186.
724 A. Prévost, Histoire de Sainte Marie Madeleine, quartier et paroisse de Troyes, Troyes, 1934, p. 86.
725 Un exemple illustrant l’application de l’édit de 1777 peut être consulté pour la paroisse de Nogent sur Seine (A.D.A., G 65, fol. 41, ordonnance sur les effets de la confrérie Saint Nicolas, septembre 1777).
726 A.D.A., E 1155, communauté des bonnetiers.
727 A.D.M., 1 L 348, « Etat de l’actif et du passif des ci-devant compagnies », 28 Thermidor An II.
728 Dans des zones géographiques voisines, constat également fait par M. Veissière « Les confréries à Provins aux XVIIIe et XIXe siècles », In Etudes seine-et-marnaise, Archives et Histoire, 1992 et P. et R. Lerou « La vie des confréries de métier sous la Révolution », In Pratiques religieuses dans l'Europe révolutionnaire, Paris, 1988, notamment pp. 550-551.
729 Plus important semble être le dépérissement dans les campagnes rémoises en 1774.
730 Prévost, Histoire du diocèse de Troyes pendant la Révolution. Troyes, 1908, p. 268.
731 A.D.A., G 3760.
732 A D.A., 11 G 12 ; 14 G 364 (versement régulier de 3 livres effectué par le receveur de fabrique de Saint Jacques aux Nonnains à celui de la confrérie de saint Roch de 1785 à 1790)
733 A. Jossier. op. cit., p. 29 ; A.D.A., 11 G 12, 1761-76 ; A.D.A., G 2512, 1744-79.
734 A.D.M., C. 1 723 ; celle de Saint aurait poursuivi ses activités jusqu'au choc révolutionnaire (L. Grignon, Historique et description de l’église et paroisse Saint Loup de Châlons, op. cit.. p. 174).
735 A. Diocésaines de Châlons, dossier non côté.
736 A.D.M., 2 G 253. Les 14 paroisses se partagent alors 16 confréries, une seule paroisse n’en a aucune.
737 A.D.M., 2 G 2301.
738 A.D.M., 2 G 2267, 1755-89.
739 A.D.M., 72 J 1., conclusions et délibérations de 1756, 1757 et 1764.
740 AD.M., Ibidem, 29 octobre 1756.
741 L'ajout d'un nouvel intercesseur, à un moment où la dévotion hagiographique est certainement en retrait par rapport à la ferveur christique est une vraie preuve de ferveur (A.D.M., 2 G 2396, p.7).
742 A.D.M., 2 G 2395, Inventaire de 1724, fol. 85-87.
743 A.D.M., 72 J 1, 15.11.1778.
744 Idem, le procès-verbal de conclusion du 27 octobre 1771 évoque le coup d’arrêt : « que les aumones qui ont été le p [rinci] pal objet de l’établissement de la confrérie et de ses instituteurs n’ont pu avoir lieu depuis plusieurs années a cause des depenses qui ont été faittes et que n’ayant pas d’apparence que la confrérie puisse encore de sitôt éteindre les rentes des emprunts quelle a été obligée de faire on serait encore longtems sans pouvoir exécuter un objet aussy louable ».
745 J. de Viguerie, op. cit., p. 167 : « S'il est en ce siècle une crise des confréries, c’est une crise économique ».
746 A.D.M., 1 L 1360, paroisse Saint Maurice de Reims, dernier registre de la confrérie. 1760-1791.
747 Idem, paroisse de Sainte Marie-Madeleine.
748 A.D.M., 2 G 2364.
749 A.D.M., G 1723.
750 Voir S. Simiz, Les visites pastorales.... mémoire de l'Université de Reims, 1989.
751 Prévost, op. cit., p. 266 et suivantes.
752 Association sous le titre de la Sainte Agonie de N.S.J.C., 1772, p. 3.
753 A.D.M., G 1135. Même création à Charleville en 1788. Cf. Gillet, « Confrérie du Saint Sacrement érigée en 1788 dans la paroisse de Charleville », In Congrès Eucharistique de Reims, 1894, Reims, 1894, pp. 655-659.
754 L. Grignon, Historique et description de l'église et paroisse Saint Loup... op cit p. 174.
755 A.D.M., 2 G 2395, inventaire de 1724. Requête non datée, mais le décret est du 23.07.1769
756 A.D.A., par exemple en G 63, fol. 85/r° et 87/r°.
757 B.N.F., Joly de Fleury, 1591, fol. 117. lettre de l'évêque de Châlons.
758 B.N.F., Joly de Fleury
759 Reglemens pour la confrérie du Saint Sacrement et celle de la Sainte Vierge, Châlons, 32 p. La fête principale des confréries de la Sainte Vierge est d'ailleurs la Conception et non le Rosaire (art. XVII).
760 Règlement de la confrérie de la Sainte Vierge, art. I.
761 Règlement de la confrérie du Saint Sacrement, art. I.
762 Le préambule dit tout le bien que l'évêque pense des confréries, op. cit., pp. 3-4. Texte important.
763 A.D.M., 2 G 253, paroisse Saint Hilaire.
764 A.D.M., 2 G 253, paroisse Sainte Marie Madeleine.
765 A.D.M., G 1135. Cette fondation entend renforcer et consolider le réseau confraternel de la ville.
766 Idem, art. 9.
767 Cahiers de doléance du bailliage de Troyes..., Troyes, t. I, 1909, pp. 233-234, art. 55.
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