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Chapitre 11-Le réseau d’agences de la Société générale à Lille-Roubaix-Tourcoing : repères historiques et iconographiques
p. 253-271
Résumés
Comment un réseau bancaire se développe-t-il sur un territoire donné ? Quelques pistes sont explorées ici, au fil des archives, en suivant le développement des guichets de la Société générale dans la région de Lille-Roubaix-Tourcoing. Ce réseau a commencé à s’implanter à Lille dès 1865, soit moins d’un an après la création de l’entreprise. Un guichet est ouvert à Roubaix en 1872, un autre fonctionne à Tourcoing en 1900. Le réseau se développe localement malgré une âpre concurrence et des périodes difficiles engendrées par les conflits mondiaux et les crises économiques. Occupant une place prépondérante sur ce territoire, la Société générale adapte ses services aux besoins spécifiques des clients. Elle accompagne à sa manière les mutations profondes des entreprises de la place en proposant des guichets de proximité innovants.
How did a banking network develop on a given region? Some areas are investigated here, through the archives, by following the development of the Société générale branches in the region of Lille-Roubaix-Tourcoing. The network started in Lille in 1865, i.e. less than one year after the creation of the company. Then a branch was opened in Roubaix in 1872, followed by another one in Tourcoing in 1900. The retail network was developped locally in spite of bitter competition and a difficult environment due to world conflicts and economic crises. Strongly present in this region, Société générale adapted its services to the specific needs of its clients. It stood by local companies, accompanying them, in its own way, in their major transformations and by developing innovative branches, close to its clients which offer flexible services.
Texte intégral
1L’histoire du réseau régional d’une grande banque peut être analysée selon une grille thématique large : il faut préciser les liens entre sa configuration et les structures économiques et entrepreneuriales de la contrée considérée, ici le pôle d’affaires de Lille-Roubaix-Tourcoing ; il faut inscrire son développement dans la stratégie générale de l’établissement, ici la Société générale désireuse de ne pas laisser à ses rivaux parisiens et aux grandes banques régionales le champ libre sur le terrain de la banque d’entreprise et de la banque de gestion de fortune ; il faut enfin reconstituer un « style », un mode de conception et d’agencement des guichets, selon une approche patrimoniale.
1. Le déploiement d’un réseau spécifique
2Le 11 avril 1865, le conseil d’administration de la « Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie en France » décide l’ouverture d’une agence à Lille en même temps qu’à Lyon. La Société générale vient tout juste d’être créée un an plus tôt par un décret de Napoléon III. La région du Nord est très dynamique du point de vue économique et industriel ; compte tenu de sa raison sociale, la Société générale était prédisposée à s’y installer. Lille est également une place financière et boursière très active. L’agence est installée en location au 48 rue Négrier dans un bâtiment de l’administration des Hospices. Quatre ans après, en novembre 1869, la Société générale loue deux locaux situés rue Impériale au 95 et au 116 pour son agence et le logement de son directeur. Quelques années plus tard, en 1895, cherchant à développer des outils adaptés au financement du tissu industriel, la Société générale institue à Lille (comme pour Saint-Étienne) un comité d’escompte sur le même modèle que celui qui a été mis en place pour l’agence de Mulhouse : c’est un signe révélateur de la volonté d’enracinement de la banque parisienne dans le monde des entreprises nordistes, au plus près des parties prenantes du capitalisme local.
3Le 7 mai 1872, le conseil d’administration de la Société générale autorise l’ouverture d’une sous-agence à Roubaix. Située au 15 rue de la Fosse aux Chênes, c’est la 43e agence créée depuis la naissance de l’entreprise. À proximité de l’agence lilloise, le statut du guichet de Roubaix est singulier. Dans de nombreux territoires, l’agence principale exploite aux alentours des guichets allégés, des bureaux permanents ou périodiques. La création à Roubaix d’une sous-agence, érigée deux ans plus tard en agence, est assurément le témoignage du dynamisme économique de cette ville, et de la nécessité pour la Société générale de créer un guichet adapté pour répondre aux besoins des clients de la place. La proximité de deux agences sur un territoire urbain, certes dense, mais aussi exigu est unique.
4Le 23 juin 1896, la décision de créer un bureau auxiliaire permanent à Tourcoing, rattaché à l’agence de Roubaix, est adoptée. Pourtant ce bureau n’est véritablement ouvert que quatre ans plus tard, à la fin d’octobre 1900. La direction a été autorisée à louer un local, au coin de la rue de Constantinople et de la rue du Rocher. Le bureau est finalement installé au 33 rue Carnot. En zone frontalière, les responsables du bureau de Tourcoing ont obtenu, dès le début, de pouvoir représenter la Société générale auprès de l’administration des douanes.
5Cette même année 1896, les locaux occupés par l’agence de Lille sont jugés insuffisants. Une proposition est faite pour l’achat « d’une maison sise rue Nationale, qui se prêterait à une très bonne organisation des guichets et comporterait un logement pour le directeur ». Par prudence ou pour davantage de souplesse, la Société générale préfère habituellement louer les locaux de ses agences. Elle confie donc le soin d’acheter les lieux à l’un de ses clients et s’engage auprès de lui pour un bail de 25 ans pour un loyer de 9 à 10 000 francs. Au début des années 1900, le réseau s’étoffe et s’enracine davantage. Les agences de Lille, Roubaix et Tourcoing déménagent. L’agence de Lille s’installe à quelques pas, au 51-53 rue Nationale, adresse qu’elle n’a pas quittée depuis 1907. De même, l’agence de Roubaix s’installe dès 1905 au 40 rue de la Gare (devenue rue Jean Lebas vers 1950). Enfin, le guichet de Tourcoing occupe le no 1 rue de l’Hôtel de Ville vers 1907, puis le 33 Grand-place vers 1924.
6Le maillage du réseau Société générale de la région Nord en 1900 est principalement développé sur les zones urbaines industrialisées. Certes, à la fin du xixe siècle, les agences ont éprouvé certaines difficultés dans un contexte de crise économique qui affecte particulièrement le textile, l’un des secteurs industriels prépondérants. Mais la diversité de leur implantation et donc de leur clientèle et la variété des activités industrielles et commerciales du Nord leur permettent de traverser ce cap avec une bonne capacité de résistance. Le réseau s’étend alors aux autres agglomérations comme Armentières (1903), La Bassée (1906), Comines, Estaires, Seclin et Lillers. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, cette première phase de développement est stoppée.
7Dans leurs nouveaux locaux, toutes les agences bénéficient des progrès technologiques de l’époque comme le téléphone et l’adresse télégraphique unique interagence « Sogénère ». Dans le même temps, les services à la clientèle se multiplient, comme la location de coffres-forts à Lille et Roubaix (1928 pour Tourcoing), en répondant au besoin croissant de sécurité pour la conservation matérielle des titres et des valeurs.
8Pour cette première période d’installation, le service des archives historiques de la Société générale ne dispose pas d’éléments iconographiques ; en effet, les premiers lieux d’implantation dans les villes de Lille, Roubaix et Tourcoing ont été rapidement délaissés pour d’autres plus spacieux ou mieux placés.
1-« Carte des chemins de fer français indiquant les villes pourvues d’agences de la Société générale », rapport annuel du conseil d’administration pour l’exercice 1900, 1901.

Archives historiques Société générale
2-Lille, carte postale-sans date

photo Cayez
3-Roubaix, carte postale-sans date

photo LL
4-Tourcoing, carte postale, rue de l’Hôtel de ville (sans date)

5-Tourcoing, 1929

6-Lille, coffres : publicité de 1920

7-La Madeleine-lez-Lille entre 1921 et 1929

8-9 « Cartes des chemins de fer français indiquant les villes pourvues d’agences de la Société générale » issues des rapports annuels du conseil d’administration pour les exercices 1920 et 1933.

Archives historiques Société générale
2. L’héritage patrimonial du déploiement du réseau dans l’entre-deux-guerres
9Après ce premier conflit, vécu durement par la région, le réseau de guichets exploités par les agences de Lille et Roubaix reprend son développement. Aux premières implantations d’avant-guerre, s’ajoutent les bureaux auxiliaires de Croix, Haubourdin, Madeleine-lez-Lille, Watrelos, Loos-les-Lille, Lambersart-Lomme. Ce déploiement de l’entre-deux-guerres est illustré par des cartes de 1920 et 1934, issues des rapports annuels au conseil d’administration de la Société générale. Le pôle ainsi constitué représente assurément l’un des plus importants et des plus denses pour la banque.
3. Les difficultés du réseau nordiste autour de la Seconde Guerre mondiale
10Cette expansion s’achève avec la crise des années 1930. Un certain nombre de bureaux de proximité sont fermés en 1936 et l’approche du second conflit mondial accentue ce phénomène avec une vague de fermetures en 1939, parfois définitive. La région est particulièrement exposée et touchée par les conflits mondiaux du xxe siècle. Pour les agences bancaires, il s’agit de préserver les valeurs détenues par les clients et de maintenir l’accueil de la clientèle. Plusieurs notes et rapports évoquent ces périodes d’incertitude. Évacuée lors de l’offensive allemande de juin 1940, l’agence de Lille rouvre ses portes le 11 juillet : « Les coffres avaient été préalablement évacués et scellés. L’immeuble n’a pas souffert et n’a pas été occupé. La quasi-totalité du personnel non évacué est présent, soit 70 agents. Le personnel évacué à Tarbes peut rentrer avec la comptabilité, en passant par Niort pour y prendre les machines comptables et les archives comptables de l’année 1939. Seul le bureau de Seclin semble avoir souffert intérieurement de l’occupation, avec une tentative de fracturer la salle des coffres. Aucun des guichets auxiliaires n’a encore ouvert […]. Les directeurs de Roubaix et Tourcoing sont arrivés en même temps que celui de Lille. Quant au bureau d’Armentières, il avait chargé en mai 1940 ses archives et sa comptabilité dans un wagon qui, au lieu de prendre la direction de l’Ouest, a été dirigé sur Dunkerque, où il aurait été brûlé […]. L’immeuble d’Estaires a, lui, souffert de bombardements dans le jardin, la toiture a été enlevée, les murs sont lézardés et les archives détériorées ; le chef du bureau a pris l’initiative de faire réparer le toit, de sorte que l’immeuble est habitable, les titres et espèces ont été évacués en même temps que l’agence. »1 Les problèmes d’effectifs sont préoccupants pendant l’Occupation et ils s’accompagnent d’un ralentissement général de l’activité économique.
4. La relance du réseau pendant les Trente Glorieuses
11Après ces heures sombres, la Société générale est nationalisée en 1945. Cette dernière participe à l’émission d’emprunts pour la reconstruction des régions comme celle du Nord. Le directeur de l’agence de Roubaix représente la Société générale au sein de la Société pour l’expansion économique de la région de Roubaix-Tourcoing à partir de 1956.
10-Affiche d’emprunt pour la reconstruction de la région Nord-vers 1950

Pierre Mario - ATAM
12Le réseau reste léger encore à cette époque ; ainsi, l’agence de Roubaix n’a plus qu’un seul bureau permanent : celui de Tourcoing. De son côté, Lille conserve sous sa tutelle les bureaux de Lille « Gambetta » et Lille « Fives », Armentières, La Bassée, Comines, Estaires et Seclin. Ces guichets continuent de faire face à de sérieux problèmes d’effectifs. En effet l’activité économique reprenant de manière intense, le manque de main-d’œuvre est criant dans toute la région de Lille-Roubaix-Tourcoing. Une surenchère des salaires est pratiquée et la banque ne peut pas toujours s’aligner. Les services du siège à Paris sont régulièrement sollicités par les directeurs des groupes de Lille et Roubaix pour exiger un personnel formé et stable. Pour assurer la formation de ses agents, la Société générale a mis en place des agences-écoles, et l’une d’entre elles se trouve à Roubaix. La formation et l’évolution professionnelle des agents passent également par la mobilité. Ce personnel doit être capable de répondre aux exigences de la clientèle de la région Nord. Cette clientèle éclairée met sa confiance dans son banquier après l’avoir éprouvé. Le directeur de Roubaix prévient sa hiérarchie en 1965 : « Ce n’est que grâce au dévouement total et au travail énorme fourni par tous nos collaborateurs dont nous n’avons qu’à nous louer que nous devons pour une part très large le maintien de notre position prépondérante sur la place. »
13À ces efforts pour développer le capital immatériel de la maison s’ajoutent des investissements continus pour faire évoluer l’espace de travail et d’accueil de la clientèle. De grands halls d’accueil, de hauts guichets en bois sous une verrière rectangulaire, tel est le modèle de beaucoup de grandes agences bancaires (comme celles de la Société générale à Bordeaux, Tours etc.). La banque conserve cet environnement d’accueil presque sans transformation jusque dans les années 1950. Dans le cas de Roubaix, l’agence a été rénovée et offre dès 1952 un hall d’accueil avec une coupole ronde ajourée que l’on retrouvera également à Douai, Rouen, Saint-Nazaire, reconstruites à la même époque. Le mobilier se modernise progressivement. La Société générale fait appel aux ateliers Jean Prouvé pour équiper certaines de ses agences : des escabeaux pour les salles des coffres, de grands porte-affiches. La mécanisation des tâches apparaît dans les agences faisant notamment appel au personnel, souvent féminin, des mécanographes. À Roubaix vers 1963, l’agence se voit attribuer « quatre machines nouvelles de mécanographie plus rapides » pour la position comptable. Un effort de modernisation est engagé en continu afin d’adapter le réseau aux exigences commerciales nouvelles.
11-Lille, rue Nationale, 1939

12-Tourcoing, hall, 1939

13-Tourcoing, hall, 1954

14-Lille, salle des coffres, 1954

photo Cayez
15-Roubaix, bureaux, 1952

photo Deman
16-Tourcoing, hall, 1970

17-Roubaix, position comptable et caisse, 1966.

photo Deman
14La banque tend à vivre avec son temps. De nouveaux dispositifs d’accueil sont expérimentés pour améliorer et faciliter les opérations de banque pour la clientèle. En novembre 1965, l’agence de Roubaix ouvre une « caisse voiture ». Ce dispositif autrement appelé « Autobanque » est calqué sur le drive-in, permettant aux clients de rester dans leur voiture pour effectuer leurs opérations courantes. Il bénéficie d’un certain succès auprès de la clientèle. L’accent est mis sur l’accueil et le conseil apporté à la clientèle. Les agences s’adaptent pour favoriser l’entretien entre le client et le conseiller. Le guichet initial est complètement transformé. Des bureaux pour des entretiens bilatéraux se multiplient, pas toujours très confidentiels au départ.
15Avec les années 1970, les guichets sont davantage identifiés grâce à l’apparition du premier logo Société générale dessiné par Noël Pasquier. Les agences revoient leur décoration et leur confort, toujours avec cet esprit d’accueil et de relation privilégiée avec les clients. Dans une époque marquée par des braquages spectaculaires, des efforts importants pour sécuriser les guichets sont également entrepris. L’informatique et les nouveaux moyens de paiements vont continuer à modifier profondément les guichets d’accueil. Les caisses Éclair et autres distributeurs automatiques de billets font leur apparition dans les années 1970.
18-Roubaix, caisse voiture, 1966

photo Deman
19-Roubaix, Autobanque, 1983

20-Tourcoing, hall du public, 1970

photo R. Eblagon
21-Lille-Nationale, hall, 1980

22-Lille-Molinel, 1978

5. Le réseau nordiste dans la « course aux guichets »
16Parallèlement aux transformations importantes de l’espace, traduisant une nouvelle manière de « faire de la banque », la Société générale engage une nouvelle expansion de son réseau à la fin des années 1950, anticipant ainsi la bancarisation de la société française au cours de la décennie suivante. La loi Debré de 1966-1967 permet aux banques d’ouvrir à volonté de nouveaux bureaux. Les accords de Grenelle l’année suivante encouragent la bancarisation des particuliers, avec la mensualisation des salaires et l’obligation de les verser sur des comptes bancaires. S’ajoutant aux besoins de financements engendrés par le développement économique des Trente Glorieuses, tout concourt donc à l’ouverture de nouveaux guichets.
17Dans le même temps, l’activité économique des agglomérations de Lille-Roubaix-Tourcoing est menacée par une profonde crise traversée dans le secteur textile. La banque effectue une surveillance accrue des engagements et cette conjoncture affecte le rôle de chef de file assumé par la Société générale auprès des principales firmes textiles. L’ouverture de nouveaux guichets est donc aussi un moyen d’obtenir de nouvelles ressources à travers les dépôts effectués.
18En juin 1964, l’agence de Lille compte 143 agents. Les guichets de Lille « Victor Hugo », Lille « Fives », Lille « Gambetta », Armentières, La Bassée, Comines, Estaires et Seclin portent l’effectif global à 201 personnes. La concurrence ouvre en 1967 de nombreux bureaux un peu partout dans la ville ; il s’agit de « points de contacts » avec la clientèle. Outre les confrères comme la Bnp, le Crédit lyonnais et le Crédit agricole, on retrouve des établissements régionaux tels la banque Scalbert, le Crédit du Nord, des banques parisiennes (Banque de l’union parisienne, Paribas, Rothschild, Indosuez) et des banques étrangères (Bank of America, Lloyds). Il faut également prendre en compte que la clientèle haut de gamme, bien au fait des techniques et des commissions bancaires, tire parti de cette concurrence. Dans ce contexte, l’agence de Lille souhaite augmenter le nombre de ses démarcheurs, sa présence auprès des clients et une prospection intensive pour l’accroissement des dépôts et la recherche active d’affaires.
19À ces premiers guichets viennent s’ajouter les « bureaux allégés » exploités par l’agence de Lille : Marcq-en-Barœul (1966), Haubourdin (réouverture en 1967), Mons-en-Barœul (1968), Lille « Vauban » (1971), Villeneuve-d’Ascq (1971) Wattignies (1971), Mons-en-Barœul « Europe » (1971), Marcq-en-Barœul (1972), Lomme (1972), Lille « République » (1972), Lesquin (1972), Pérenchies (1973), Ronchin (1974), Lille « Canteleu » (1975), Villeneuve-d’Ascq V2 (1977). Cet important réseau est restructuré en 1978, et réparti en trois grands groupes d’agences avec bureaux rattachés : Armentières, Lille « Molinel », agence nouvellement ouverte au 5 rue Gustave Delort, et l’ancienne agence de Lille rebaptisée Lille « Nationale ».
20De son côté, le bureau permanent de Tourcoing, exploité par l’agence de Roubaix, est érigé en agence de plein exercice en 1965. Elle se trouve au cœur de nombreuses entreprises industrielles textiles mais aussi de firmes de transit et transport et de commissionnaires en douane parmi les plus importants de France. L’agence, hissée à la tête d’un nouveau groupe de guichets, s’étend à Roncq (1968), Lambersart (1969), Halluin (1969), Tourcoing « Égalité » (1972) et Neuville-en-Ferrain (1973). Le Groupe de Tourcoing compte 77 agents en 1975. La crise du textile sévit durement, entraînant une diminution rapide des emplois industriels qui ne sont pas toujours compensés par des emplois tertiaires, comme ce peut être le cas à Lille.
21La Société générale accompagne la mutation des grandes firmes textiles vers la grande distribution et la vente à distance. Certains guichets bancaires sont ouverts à proximité des premiers supermarchés. C’est le cas, le 1er janvier 1965, du bureau allégé exploité par l’agence de Roubaix dans le centre commercial de Roubaix Hauts Champs, ouvert au 203 avenue Alfred-Motte du lundi au jeudi matin et le vendredi toute la journée, ces horaires pouvant être modifiés suivant les besoins de l’exploitation. Il s’agit du premier supermarché de la gamme ; le second s’installe entre Tourcoing et Roncq et voit s’ouvrir à proximité le bureau de Roncq, en 1968, exploité par l’agence de Tourcoing. Ces nouvelles activités vont également influer sur la banque et sur les services et solutions qu’elle peut offrir, notamment en matière de moyens de paiements et de traitement des opérations. Ces services développés ont également été profitables aux clients particuliers.
22Enfin le groupe de Roubaix s’étoffe avec le guichet de Roubaix « Oran » (1969), pourvu d’un service d’Autobanque, au coin de la rue d’Oran et de la rue de Biskra. Suivent l’ouverture des guichets de Leers (1970), à proximité d’un supermarché Auchan, et de Wattrelos (1972). Le bureau de Croix fonctionne quotidiennement à partir de 1973, puis s’ouvrent Roubaix « Épeule » (1973), Hem (1973), Wasquehal (1976) et Roubaix « Redoute » (1976). L’ouverture de ces guichets de proximité et l’accompagnement du développement de nouvelles activités économiques élargissent l’influence de la Société générale auprès des très importantes sociétés implantées dans les différents quartiers. Ces guichets s’adaptent aux horaires d’entrée et de sortie des usines. À la fin de 1978, 192 personnes travaillent pour le groupe de Roubaix qui conserve une position toujours quasi exclusive avec les grandes entreprises nationales de la place.
23À cette époque, la Société générale fait face aux défis qui lui ont été lancés dans la région Nord : importantes mutations économiques (400 000 emplois perdus en 30 ans, 350 000 crées dans des secteurs nouveaux et un taux de chômage élevé, autour de 18 %, notamment chez les jeunes), dérégulation et désintermédiation touchant rudement son activité sur ce territoire, et enfin développement d’une concurrence exacerbée. Malgré tout, la Société générale conserve un réseau dynamique et une place importante dans le financement de l’économie et la collecte de dépôts pour la région. Après avoir subi différentes mutations et soubresauts de développement, le réseau de la Société générale à Lille-Roubaix-Tourcoing a évolué au gré des besoins et des opportunités qu’il a su saisir. La banque et la région Nord continuent d’œuvrer en équipe : elle accompagne sa clientèle et la clientèle fait progresser la banque, particulièrement dans cette région.
23-Lille Canteleu, 1976

24-Nouveau Roubaix, 1965

25-Nouveau guichet de Roubaix, années 1980

26-Tourcoing, 1994

Notes de bas de page
1 Rapport sur les agences du Nord pendant la guerre, archives historiques de la Société générale.
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Les banques et les mutations des entreprises
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