Chapitre 1-La problématique de l’adaptabilité du banquier
p. 13-24
Texte intégral
1Le comité historique de la Société générale a été monté il y a déjà une petite dizaine d’années avec d’éminents historiens afin de préparer de façon « scientifique » la commémoration du 150e anniversaire de cette maison, en parallèle aux initiatives prises par les « communicants ». Plusieurs colloques ont été notamment montés, d’abord à Marseille et au Creusot, qui ont été consacrés aux relations entre les banques (dont la Société générale), les entreprises et le monde de l’industrie. D’autres manifestations ont été parrainées par ailleurs, ainsi que divers ouvrages. Enfin, des recherches ont été financées, de mémoires de master à des thèses.
1. Le colloque de Roubaix
2C’est dans cette logique « programmatoire » que les professeurs Jean-François Eck, de l’Université de Lille 3 (UMR 8529 IRHiS), et Hubert Bonin, de l’Université de Bordeaux (Sciences Po Bordeaux et umr Cnrs Gretha) ont conçu un colloque à Roubaix. Il fallait scruter plus encore les liens entre la banque et les entreprises, dans une région qui a été l’un des fers de lance de la première révolution industrielle, puis qui a vécu les métamorphoses des branches d’activité léguées par celle-ci afin d’incorporer le progrès technique et les innovations de méthodes et de marchés suscitées par la deuxième révolution industrielle – avant que nombre de ces branches soient balayées par les crises d’adaptation et de restructuration qui ont constitué l’un des aspects de la troisième révolution industrielle, encore en cours de déploiement aujourd’hui.
3Par ailleurs, notre colloque de 2011 avait été organisé au cœur même du patrimoine archivistique et architectural des industries et du négoce nordistes, dans l’immeuble des Archives nationales du monde du travail, en présence d’universitaires, de chercheurs, mais aussi d’une centaine de cadres et salariés des entités de la Société générale dans l’agglomération de Roubaix-Lille-Tourcoing, en une osmose féconde, car ouvrant à un plus large public les problématiques des historiens.
2. Les banques face aux mutations des entreprises et aux restructurations régionales
4Trois questions clés ont été considérées, et d’abord la capacité de la place lilloise à nourrir des banques « locales » ou « régionales » face aux grands établissements de crédit parisiens.
5Comment ceux-ci, et la Société générale, par conséquent, ont-ils affûté leur portefeuille de compétences pour affirmer leur « différence » face à leurs confrères nordistes ? Il faut aussi évoquer l’éventuelle concurrence exercée dans le Nord par des banques belges, par exemple les agences de la Société générale de Belgique ou des maisons de banque familiales.
6D’autre part, les banques locales ou nationales ont-elles construit des modes de financement spécifiques, adaptés aux besoins des grosses pme nordistes ? Comment ont-elles articulé leurs modes de prêt classiques et une certaine propension aux crédits à moyen terme ou à des formes d’escompte durables ? Comment les entreprises ont-elles pu jouer de la concurrence entre banques parisiennes et locales pour stimuler leur inventivité ou leur ouverture à des formules de crédit plus souples ? Et comment ont-elles pu mobiliser le marché financier local pour consolider leur assise tout en préservant leurs grands équilibres familiaux ?
7Enfin, est-ce que les banquiers ont nourri des modes de relations originaux au cœur des grandes familles du capitalisme nordiste ? Comment se sont-ils « enracinés » dans ces bourgeoisies entrepreneuriales, que ce soit par leurs propres dynasties bancaires ou grâce au portefeuille de talents des directeurs de succursale des grandes banques, dont la Banque de France et la Société générale ? Le capital immatériel des firmes bancaires est ainsi l’un des thèmes clés de notre ouvrage.
8En passant, nous tentons par surcroît de déterminer en quoi la place de Lille-Roubaix-Tourcoing pouvait présenter des spécificités par rapport à d’autres places industrielles (ne serait-ce qu’Amiens, Valenciennes, Armentières, le bassin houiller, par exemple) et marchandes (Dunkerque, Rouen, Le Havre, assez proches). Il détermine par ailleurs les liens de sociabilité, d’affaires, de « philosophie » d’économie politique entre le monde des banquiers et le monde des bourgeois entrepreneurs de la place de Lille-Roubaix-Tourcoing, pour les opérations bancaires, mais aussi pour la gestion de fortune, pour le financement des opérations immobilières, etc.
9De telles méditations historiques ne pourront manquer de nourrir des réflexions sur la capacité d’adaptation des banques et du capitalisme nordiste, tout au long des « crises de redéploiement » vécues par la place de Lille-Roubaix-Tourcoing. Ces phases successives de « déclin » et de « renouveau » ont pu dépendre parfois de la malléabilité des financements bancaires. Aussi l’ouvrage débat-il de la capacité des banquiers à « écouter » les mutations capitalistiques, entrepreneuriales et sectorielles, à saisir l’opportunité de s’insérer dans les « révolutions industrielles » en cours dans le Nord, et bien entendu à reconvertir elles-mêmes leurs propres portefeuilles de clients en fonction des bouleversements des structures capitalistes et familiales de la place de Lille-Roubaix-Tourcoing.
10Les débats avec les historiens, les banquiers et les responsables d’entreprises nordistes ont enrichi ces trames de discussions – avec des ouvertures sur le temps présent et sur la compétitivité de la place et plus généralement de l’économie française au tournant du xxie siècle – alors même qu’une grande banque parisienne vient d’insérer la Belgique toute proche dans sa stratégie « multidomestique » européenne en y édifiant Bnp Paribas Fortis. La « vieille » Europe du Nord-Ouest redevient un enjeu de compétition interbancaire, avec des banques encore ancrées dans leur terroir nordiste (Crédit mutuel du Nord1, Caisse d’épargne, etc.), mais aussi des entités dépendant de Paris et s’efforçant de batailler avec punch, tel le Crédit du Nord, membre du groupe Société générale depuis 1998, ou, de façon discrète mais efficace, le Ccf (aujourd’hui Hsbc)2.
3. L’enracinement des banques dans des communautés économiques et entrepreneuriales
11L’ouvrage est plus particulièrement orienté vers la notion d’« enracinement » bancaire (embeddedness) ; et certains parlent d’« encastrement ». Dans le sillage d’études nationales ou même européennes3 insistant sur une démarche comparative, il reconstitue les réseaux de relations et d’affaires qui relient les firmes, les industriels et les négociants aux banques, sur ce qu’on appelle « une place bancaire et financière » d’envergure. Le cas de l’agglomération industrieuse de Lille-Roubaix-Tourcoing offre une merveilleuse occasion de confronter les analyses des historiens de l’entreprise, de l’industrie, des bourgeoisies et de la banque. Il permet en effet de discuter de la capacité des banques à s’insérer dans les circuits de financement d’une « filière » industrielle, d’un « système productif local », voire éventuellement d’un « district industriel », mais aussi dans les rouages des flux de matières premières et produits semi-finis à l’import et des flux de marchandises à l’export, qui animent l’énorme machine du négoce nordiste. La filière de la laine4 est l’une des constituantes déterminantes de ce système, on le sait, aux côtés des filières du coton et du lin, tout au long de la protoindustrialisation5 et de la première révolution industrielle6, avant les recompositions technologiques et capitalistes de la deuxième révolution industrielle, apogée de tant de dynasties du « patriciat textile » nordiste.
12L’on sait que les historiens se sont montrés fort sensibles, depuis quelques lustres, envers les réseaux de connexion7 entre les banquiers, gestionnaires de portefeuilles de crédits et de portefeuilles de savoir-faire dans l’évaluation de la solvabilité de leurs clients, et les patrons de pme, d’eti (entreprises de taille intermédiaire ou grosses pme à l’allemande, dans l’esprit du Mittelstand identifié au « modèle » rhénan ou danubien) et de grandes entreprises familiales. Un véritable « district », « bassin de production et d’emploi » ou système productif régional, entremêle en effet des « réseaux » qui unissent les entrepreneurs, les investisseurs (en capitaux longs), les banquiers et les pouvoirs publics, locaux ou nationaux8.
13La souplesse d’esprit du banquier dans sa décision de financement est la clé de l’accompagnement de la flexibilité du système productif local9. Chacun comprend bien que, à trop serrer les boulons du crédit, la banque perd des clients et voit ses débouchés s’atrophier. En revanche, à accorder trop facilement ses prêts, elle subit le risque de voir ses encours balayés par des crises de solvabilité ponctuelles ou sectorielles, ou tout au moins par des crises de liquidité temporaires, en rapport avec les crises conjoncturelles générales ou des crises d’adaptation du tissu industriel et négociant régional. Ce dilemme gestionnaire est, banalement, la clé du mode opératoire de l’économie et de la firme bancaires.
14Cela ouvre deux pistes de réflexion. Historiquement, les banques ont été la cible d’offensives récurrentes, pour critiquer leur malthusianisme face aux pme, par exemple pendant la Belle Époque, puis encore dans la seconde moitié des années 1920, dans les années 1950, et enfin depuis les années 1970. Des structures compensatoires ont été imaginées, comme, dans les années 1910-1920, les Banques populaires10 et le Crédit national. Une extrême sensibilité au devenir des pme a sans cesse caractérisé les analystes11. À ce propos, Michel Lescure12 a bien montré combien cette institution avait étoffé son portefeuille de clients parmi les pme. Cela dit, nous-même avons insisté sur l’ancrage régional des grandes banques et sur le rôle des « banques régionales » dans l’entre-deux-guerres13, en contredisant l’idée reçue que la vie bancaire se résumait à l’escompte, alors que ce que nous avons appelé « l’économie du découvert » était intensément mise en œuvre par des banquiers aptes à prendre les risques nécessaires, pour peu que des rapports de confiance et de relative transparence aient été noués.
15Plus largement encore, il faudrait débattre de la structure et de la vitalité des places, rues ou rivières industrielles et industrieuses (artisanat, tpe) du Nord pendant les deux siècles des trois révolutions industrielles. Ce livre vise à lancer cette problématique (notamment grâce à Jean-Claude Daumas) et à soupeser la densité et la réactivité des réseaux d’entreprises, de bourgeoisies14 et d’investisseurs qui nourrissent les places de Lille, de Roubaix, de Tourcoing, d’Armentières15, en particulier. Des « modèles » de « districts » ou de « régions » industrielles/industrieuses ont été scrutés par des programmes de recherche, que l’on pense au Choletais16, au Jura17, au seuil de Belfort, à la chaussure bretonne18, au décolletage haut-savoyard, au pôle grenoblois19, etc. Ce sont autant d’espaces du capital20 qui s’offrent à l’action bancaire.
16Cependant, quels que soient sa volonté d’ouverture, son portefeuille de talents, ses capacités de financement et le soutien de son Siège, le banquier ne peut à lui seul enrayer le « déclin » de branches productives ou de places industrielles et commerciales, ni accélérer de façon décisive l’émergence des « jeunes pousses » et des branches « modernes » en leur temps. Il est confronté lui aussi aux grandes crises de restructuration, de transition d’un modèle productif à un autre, et aux tensions subies par le « modèle économique » de chaque firme cliente. Or, comme partout, cette région de Lille-Roubaix-Tourcoing aura été marquée par des périodes de décollage et d’accélération de la modernité, de repli, puis de déclin de branches jusqu’alors dynamiques et prospères, mais aussi à l’émergence de pionniers. Elle aussi, elle aura vécu des moments d’apogée de l’esprit d’entreprise et de l’accumulation du capital, et des moments d’affaissement entrepreneurial. Le banquier ne peut se substituer aux initiatives de la « bourgeoisie » entrepreneuriale local, même si, quand il s’agit d’une banque régionale, des dirigeants bancaires appartiennent à la bonne bourgeoisie du cru, comme cela a été bien démontré à propos de Bordeaux21 ou des places du grand Sud-Ouest22. Il travaille en osmose avec la communauté d’affaires de la place, y noue des réseaux denses23 qui lui permettent de vaincre le risque d’asymétrie d’information en croisant ses sources de documentation et de rumeurs sur la santé de telle branche ou de telle société. Mais sa vigilance et sa direction l’incitent à s’en différencier, à toujours « faire un pas de côté » pour éviter d’être subverti par les croyances de la bourgeoisie patronale, parfois entraînée à des prises de risques excessives, à l’hubris ou à des illusions.
17L’on ne dispose pas encore de synthèse précise, documentée, qui reconstituerait les grandes étapes de l’histoire bancaire nordiste. Seul le xixe siècle est désormais peu ou prou scruté – que l’on pense aux chapitres de M. de Oliveira et J.-L. Mastin dans ce livre même. Cela enraye quelque peu notre désir de soulever la question de la spécificité du « système bancaire » nordiste au cœur des mutations du « système productif », des « systèmes de branche » et des « modèles économiques » des sociétés, spécificité déjà évoquée dans un livre princeps24 paru en 1924. Bien que ces enjeux aient déjà été considérés avec doigté25, nous souhaitons dans cet ouvrage approfondir, diversifier et confronter les analyses d’histoire bancaire, jauger les politiques menées par telle ou telle banque, et notamment la Société générale, au cœur de ces places bancaires, financières et commerciales. Comme partout, il s’agira de déterminer si les banques locales ou régionales26 – telle la Banque générale du Nord27, l’héritière de Verley-Decroix28 – étaient mieux intégrées que les succursales des établissements parisiens.
4. L’adaptabilité du banquier ?
18Le plus délicat est de raconter – voir le récit d’un ancien patron de la Société générale dans le Nord, Raymond Gély – et d’analyser comment les banques ont perçu le remodelage récurrent du système productif local, dans sa croissance, ses crises ou, plus gravement, ses crises de restructuration et reconversion. Notre désir de relier passé et présent a débouché, pendant notre colloque de Roubaix, sur une belle table ronde confrontant banquiers et patrons (dont celui de Bonduelle) autour de la réactivité des uns et des autres face au changement économique et entrepreneurial. En fait, l’on pourrait suggérer que la chance de la place de Lille-Roubaix-Tourcoing aura été de ne pas dépendre seulement d’une économie et d’une culture industrielles et de bénéficier aussi d’une culture marchande et commerciale robuste. Le monde du négoce était l’une des composantes essentielles de cette communauté d’affaires nordiste. Le district industriel/industrieux du textile comportait une solide composante de services, de relation clients, de gestion de marques. Ce district ou cette région aura ainsi pu évoluer latéralement, en récupérant des éléments du district industriel/industrieux – la notion de produit, la marque, la famille – au service d’un nouveau modèle économique, « révolutionnaire », ce qui a permis aux parties prenantes de comprendre les mutations du marché, des habitudes de consommation, et l’on sait comment la dynastie Mulliez a évolué de l’antique Phildar à l’innovateur Auchan, comment les Pollet sont passés de la filature à La Redoute, etc. J.-F. Eck soupèse dans son chapitre la capacité nordiste à vaincre le poids de la dépendance par rapport aux mentalités et pratiques du passé (« path dependency »), à s’extraire des héritages trop prégnants pour en utiliser les acquis féconds sans dépendre des corpus de mentalités et de méthodes surannés.
19Deux stratégies historiques ont pu être constatées par conséquent. La première laisse consumer le « magot » accumulé pendant plusieurs générations (actifs financiers, actifs immobiliers et fonciers) en s’entêtant à défendre un modèle soumis à un environnement concurrentiel destructeur, à combler les trous de la trésorerie, à vendre « les bijoux de famille » au fil de l’eau (ou du tsunami), pour « tenir » alors que le navire familial prend l’eau de toutes parts et que le « nom » entre dans la simple légende29. La deuxième stratégie vise à mobiliser le magot au service d’initiatives entrepreneuriales hardies, mais peut-être destinées à mieux s’insérer dans le système productif en cours de maturation. Au-delà du textile, le secteur agroalimentaire a lui aussi été partie prenante de cette révolution économique : tandis que le secteur du textile s’écroulait en Normandie, les « deux B » (Besnier/Lactalis, Bongrain) devenaient des grands de la filière laitière ; de même, dans le Nord, Bonduelle a symbolisé l’affirmation d’une branche agro-alimentaire adaptée aux productions locales et aux mutations du mode de consommation.
20Or le banquier est confronté à un dilemme, et, là dessus, notre livre n’est pas parvenu, nous semble-t-il, à brasser suffisamment de données, faute de témoignages d’acteurs des années 1960-1980 en sus de celui de R. Gély ou Serge Éveillé. Comment le banquier réagit-il face à l’effondrement progressif, par fissures de plus en plus creusées, de groupes comme Motte, Masurel, Boussac-Saint frères-Williot, Prouvost-Lainière de Roubaix ou Dmc ? Ces clients lui procurent un énorme mouvement d’affaires, les connivences sont coutume, ce qui peut troubler la capacité d’analyse des risques. Des banques en sont venues à « porter de gros risques », comme on dit, sur certaines firmes. Le banquier a donc dû louvoyer entre son désir de continuer à nourrir son chiffre d’affaires, ses encours, ses revenus d’intérêts ou de commissions, et sa volonté de ne pas être emporté par la tourmente des « mauvais risques » ou englués dans des plans de restructuration des dettes. Sabine Effosse, à propos du Crédit du Nord, et les analystes de l’évolution du Cic (Scalbert, Dupont)30 ont bien insisté sur l’acuité de ce dilemme, et même sur le drame que constitue l’affaissement parfois soudain et rapide d’une partie essentielle du chiffre d’affaires.
21Ensuite, le banquier, dans le Nord comme dans d’autres régions industrielles/industrieuses, a été confronté à trois tendances. Tout d’abord, devait-il accompagner les « prédateurs »31 qui sont venus récupérer des morceaux des actifs « mis à la casse » ? Des repreneurs de toute nature ont repris des usines, des entrepôts, des terrains, des marques, des parts de marché, des niches ou joyaux tapis dans les groupes déchus (comme Yves Saint-Laurent chez Boussac-Saint frères), et ont besoin de concours bancaires pour tisser de nouveaux pans au sein des systèmes productifs régionaux et surtout globalisés qui prenaient corps dans les années 1980-1990. La prise de risque était dramatique, comme dans le cadre d’un pari sur les hommes symbolisant cette recomposition économique, autour de La Redoute, pour le groupe Ppr ; autour d’Yves Saint-Laurent pour le groupe Lvmh, par exemple, mais aussi grâce à des groupes étrangers, comme Bombardier pour la reprise du site historique de Lesquin (construction ferroviaire.)
22Un autre pari a imposé au banquier de mobiliser son capital de « confiance » envers de « vieux clients », de descendants de dynasties bourgeoisies qui, avec esprit d’entreprise, entreprenaient une reconversion stratégique, en dessinant un modèle économique de niche spécialisée, plus riche en production de valeur ajoutée. C’est un peu ce que nous aimons appeler « la loi du dernier survivant », qui profite aux acteurs qui osent rester fidèles à une branche d’activité en repli car ils y ont repéré les filières qui sont destinée à un avenir probable. Le cas des Dewavrin est emblématique de ce cas, puisque leur société de peignage Adf a résisté aux chocs concurrentiels et a même racheté le concurrent Émile Segard en 1970. Il faut accepter l’inacceptable, se résoudre à tailler dans le vif des branches en déclin, montrer une relative humilité devant la prégnance de l’héritage quand s’impose de redessiner la matrice du portefeuille d’activités stratégiques. Un tel exemple de repositionnement stratégique a été fourni par Coisne & Lambert, qui s’oriente à partir de 1969 vers le négoce technique de matériel électrique léger ou moyen, avant de bâtir l’un des géants de cette spécialité, Sonépar, rival de Rexel, mais dans le cadre du capitalisme familial. Il faut donc que le banquier comprenne les enjeux et le cheminement de telles recompositions stratégiques, se convainque que la prise de risque présente peut déboucher sur des valeurs ajoutées et de la capacité d’autofinancement substantielles, sources à terme de fonds de trésorerie à gérer, d’encours à étendre, etc.
23Enfin, le dernier pari consiste pour le banquier à accompagner les pionniers entraînés par leur prescience et leur esprit d’entreprise à défricher des champs novateurs. Il faut alors réinventer « la banque relationnelle », comme on dit en opposition à « la banque transactionnelle », fondée sur des ratios et autres analyses bilantielles en fonction de critères nationaux. L’enjeu est clair : la banque désire-t-elle renouveler son vivier de clients ? Jusqu’où cette philosophie d’ensemble doit-elle conduire à prendre un risque sur tel ou tel client ? Comment gérer la réallocation des ressources bancaires, alors qu’une partie d’entre elles est mise en péril par l’effondrement de la clientèle en crise et que l’alimentation en dépôts s’amenuise à cause de la crise générale de la région, qui entaille ses fonds de trésorerie et sa capacité d’épargne ? J.-F. Eck, dans son chapitre, les témoins et divers ouvrages32 évoquent plusieurs cas de tels repositionnements stratégiques, appuyés sur des investissements en recherche & développement, en spécialisation technique, en construction ou reconstruction d’une ou plusieurs marques et d’une image de marque. C’est le cas ainsi des familles Holder33 (dans la boulangerie moyen-haut de gamme, à partir de 1953), Lesaffre34 (évoluant de la distillerie d’alcools aux levures à partir des années 1950), Roquette (amidon), Leroux35 (chicorée) et surtout Bonduelle36 (avec une société créée en 1926 dans le sillage d’une entreprise apparue dès 1853, puis lancée dans une stratégie d’expansion renouvelée à partir des années 1960), sans parler une fois de plus de la fourmilière Mulliez37. L’on perçoit ainsi le poids considérable joué par la filière agroalimentaire dans ce « réveil » du Nord, sans même parler ici de la clientèle des groupes coopérateurs (comme Tereos dans le sucre, qui finit par intégrer la vieille et auguste Béghin-Say…) ou capitalistes étrangers (McCain, dans la filière Pomme de terre), tandis que la grande distribution prospère autour de la confédération Mulliez.
24Elles-mêmes en pleine restructuration dans les années 1960-2000, les banques ont par conséquent dû reconstruire leurs réseaux relationnels, leurs viviers de clients, leurs méthodes d’analyse et de financement (notamment avec le repli de l’escompte et du réescompte), sous la pression également d’une concurrence avivée (avec les banques coopératives). Elles ont dû in fine se positionner face aux nouvelles couches patronales et bourgeoises qui se sont cristallisés autour de Lille-Roubaix-Tourcoing38.
25Notre ouvrage est ainsi tout à la fois riche d’apports et peut-être décevant, car il aurait dû s’accompagner d’une vaste enquête de terrain, auprès de dizaines de directeurs de banque ou de succursale : il apparaît donc comme un appel à recherches, à la fois dans les archives et par l’histoire orale ! Cela dit, c’est une contribution foisonnante et stimulante à une histoire complexe, celle des relations entre les banques et les régions industrielles/industrieuses, celle de l’adaptabilité du système bancaire régional ou du mini-système de place aux mutations du système productif local ou régional.
26Chaque chapitre et l’ensemble que constituent ces études nourrissent eux aussi les « Archives du Nord », telles que Marguerite Yourcenar les a évoquées dans sa saga39 romanesque et sociologique… Ils confirment surtout eux aussi la vitalité des « écoles » d’histoire d’entreprise et d’histoire bancaire françaises, et l’on sait que la « relève » est assurée dans ce domaine, notamment à Lille !
Notes de bas de page
1 Catherine Malaval, L’avenir a cent ans. 1895-1995. Cent ans de Crédit mutuel au Nord de la France, Lille, Crédit Mutuel Nord, 1996.
2 Cf. la plaquette : Le Ccf. 90 ans de présence dans le Nord de la France, Paris, Ccf, 2003. Jean-Pierre Daviet et Michel Germain, Ccf, 1894-1994. Crédit commercial de France, une banque dans le siècle, Paris, Textuel, 1994.
3 Philippe Marguerat, Laurent Tissot et Yves Froidevaux (dir.), Banques et entreprises industrielles en Europe de l’Ouest, xixe-xxe siècles, Droz, Genève, 2000.
4 Jean-Pierre Daviet, « Le complexe industriel de Roubaix/Tourcoing et le marché de la laine (1840-1950) », Revue du Nord, tome lxix, no 275, octobre-décembre 1987, pp. 777-813. Jean-Claude Daumas, « Le commerce des laines en France et l’affirmation de Roubaix comme place du négoce », in Giovanni-Luigi Fontana & Gérard Gayot (dir.), Wool : Products and Markets (19th-20th century), Padua, Cleup, 2004, pp. 281-296. Jean-Claude Daumas, « Roubaix-Tourcoing, 1870-1914 : les ressorts de la suprématie du Manchester français », in Giovanni-Luigi Fontana & Gérard Gayot (dir.), Wool : Products and Markets (19th-20th Century), Padua, Cleup, 2004, pp. 885-900.
5 Paul Delsalle, La brouette et la navette. Tisserands, paysans et fabricants dans la région de Roubaix et de Tourcoing (Ferrain, Mélantois, Pévèle), 1800-1848, Westhoek, Éditions des Beffrois, collection « histoire », 1984. Didier Terrier, Les deux âges de la proto-industrie. Les tisserands du Cambrésis et du Saint-Quentinois, 1730-1880, Paris, Éhess, 1996.
6 William Reddy, The Rise of Market Culture. The Textile Trade and French Society, 1750-1900, Cambridge, Cambridge University Press ; Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1984. Frédéric Barbier, Le patronat du Nord sous le Second Empire : une approche prosopographique, Genève, Droz, 1989.
7 Stanley Wasserman & Katherine Faust, Social Network Analysis : Methods and Applications, New York, Cambridge University Press, 1994. Brian Uzzi, « The sources and consequences of embeddedness for the economic performance of organisations : The network effect », American Sociological Review, 1996, 61, pp. 674-698. Mark Casson, « Entrepreneurial network : A theoretical perspective », in Michael Moss & Tony Slaven (dir.), Entrepreneurial Networks and Business Culture, Proceedings, Twelfth International Economic History Congress, Madrid, Fundacion fomento de la historia economica, 1998, pp. 13-28.
8 Cf. Gilles Duranton, Philippe Martin, Thierry Mayer et Florian Mayneris, The Economics of Clusters. Lessons from the French Experience, collection « Studies of Policy Reform », Oxford, Oxford University Press, 2010. Jean-François Eck & Michel Lescure (dir.), Villes et districts industriels en Europe occidentale, xviie-xxe siècles, Tours, Presses de l’université de Tours, 2002. Francesca Carnevali, « Finance in the regions », in Youssef Cassis, Gerald Feldman & Ulf Olsson (dir.), The Evolution of Financial Institutions and Markets in Twentieth-Century Europe, Aldershot, Scholar Press, 1995. Giuseppe Conti et Giovanni Ferri, « Banques locales et soutien au développement décentralisé de pme en Italie », in Michel Lescure & Alain Plessis (dir.), Banques locales et banques régionales en Europe au XXe siècle, Paris, Albin Michel, 2004, pp. 52-108. Claude Courlet et Bernard Pecqueur, « Les systèmes industriels localisés en France : un nouveau modèle de développement », in Georges Benko & Alain Lipietz (dir.), Les régions qui gagnent : districts et réseaux, les nouveaux paradigmes de la géographie économique, Paris, PUF, 1992, pp. 81-102.
9 Cf. Xavier Freixas & Jean-Charles Rochet, Microeconomics of Banking, Cambridge (Mass.), The MIT Press, 1997. Voir, en particulier, le chapitre IV : « The lender-borrower relationship ».
10 Élisabeth Albert, Les Banques populaires en France (1917-1973), Paris, Économica, 1997. Élisabeth Albert, Les Banques populaires en France, 1878-2009. 130 ans de coopération, Paris, Eyrolles, 2008.
11 Cf. Michel Lescure, « La Troisième République et les pme. Une équation impossible », in Sylvie Guillaume et Michel Lescure (dir.), Les pme dans les sociétés contemporaines, de 1880 à nos jours. Pouvoirs, représentations, action, Bruxelles, Peter Lang, 2008, pp. 125-136. Hubert Bonin, « Les banques françaises devant l’opinion (des années 1840 aux années 1950) », in Alya Aglan, Olivier Feiertag & Yannick Marec (dir.), Les Français et l’argent, xixe-xxe siècles. Entre fantasmes et réalités, collection Histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, pp. 281-302.
12 Michel Lescure, « Les banques et le financement des petites et moyennes entreprises en France pendant les années 1920 », Entreprise et Histoire, 1992, no 2, pp. 65-81. Michel Lescure, Pme et croissance économique. L’expérience française des années 1920, Paris, Économica, 1996. Patrick Baubeau, Arnaud Lavit d’Hautefort et Michel Lescure, Le Crédit national. Histoire publique d’une société privée, 1919-1994, Paris, J.-C. Lattès, 1994.
13 Hubert Bonin, Les banques françaises dans l’entre-deux-guerres, Tome II : Les banques & les entreprises en France dans l’entre-deux-guerres (1919-1935), Paris, Plage, 2000.
14 Cf. Pierre Pouchain, Les maîtres du Nord du xixe siècles à nos jours, Paris, Perrin, 1998.
15 Jean Lambert-Dansette, Quelques familles du patronat textile de Lille-Armentières (1789-1914), Lille, E. Raoust, 1954 (thèse de doctorat). « Jules-Émile Scrive, patron lillois. Regards croisés sur un journal intime (1879-1891) », textes réunis par Matthieu de Oliveira et Didier Terrier, Revue du Nord, no 390, avril-juin 2011.
16 Michel Lescure, « Entre ville et campagne : l’organisation bancaire des districts industriels. L’exemple du Choletais (1900-1950) », in Jean-François Eck & Michel Lescure, Villes et districts industriels en Europe occidentale, xviie-xxe siècles, Tours, Presses de l’université de Tours, 2002, pp. 81-102.
17 Cf. Jean-Marc Olivier, Des clous, des horloges et des lunettes. Les campagnards moréziens en industrie (1780-1914), Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2004. Jean-Claude Daumas (dir.), Les systèmes productifs dans l’arc jurassien. Acteurs, pratiques et territoires (xixe-xxe siècles), collection « Les Cahiers de la Msh Ledoux », Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2004.
18 Florent Le Bot, « La chute de la banque Beaucé & Cie. La remise en cause de l’équilibre fragile du système industriel fougerais durant les années 1930 », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, tome 114, no 2, 2007, pp. 75-88. Michel Lescure, « La politique de crédit et le financement des districts industriels en France. L’exemple de l’industrie de la chaussure (1945-début des années 1960) », in Laurent Tissot, Francesco Garufo, Jean-Claude Daumas & Pierre Lamard (dir.), Histoires de territoires. Les territoires industriels en question, xviiie-xxe siècles, Neuchâtel, Alphil, 2010, pp. 193-224.
19 Cf. Hubert Bonin, « Les banquiers grenoblois des années 1890-1940 : un modèle spécifique ? », in Hervé Joly (et alii) (dir.), Des barrages, des usines et des hommes. L’industrialisation des Alpes du Nord entre ressources locales et apports extérieurs. Études offertes au professeur Henri Morsel, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2002, pp. 185-209. Jean Labasse, Les capitaux et la région. Étude géographique. Essai sur le commerce et la circulation des capitaux dans la région lyonnaise, Paris, Armand Colin, 1955.
20 Louis Bergeron, « Les espaces du capital », in André Bruguière et Jacques Revel (dir.), Histoire de la France, tome 1 : L’espace français, Paris, Seuil, 1989, pp. 288-371.
21 Hubert Bonin, Banque et bourgeoisies. La Société bordelaise de Cic (1880-2005), Bruxelles, Peter Lang, 2010.
22 Cf. Christophe Lastécouères, « L’émergence des banques à l’allemande en Aquitaine dans les années 1930 : un anachronisme ? », in Michel Lescure & Alain Plessis (dir.), Les banques locales et régionales en Europe au xxe siècle, Paris, Albin Michel, 2004, pp. 333-366. Christophe Lastécouères, « L’économie bancaire à la recherche de ses ‘ territoires’. Le cas de l’extrême sud-ouest de la France (1850-1950) », in Olivier Feiertag et Isabelle Lespinet-Moret (dir.), L’économie faite homme. Hommage à Alain Plessis, Genève, Droz, 2010, pp. 239-263. Christophe Lastécouères, « Le financement bancaire d’une économie régionale : le cas du Sud-Ouest (1880-1914) », in Olivier Feiertag & Michel Margairaz (dir.), Politiques et pratiques des banques d’émission en Europe (xviie-xxe siècles). Le bicentenaire de la Banque de France dans la perspective de l’identité monétaire européenne, Paris, Albin Michel, 2003, pp. 223-245. Christophe Lastécouères, Les feux de la banque : oligarchie et pouvoir financier dans le Sud-Ouest, 1848-1941, Paris, Cths, 2006. Hubert Bonin et Christophe Lastécouères (dir.), Les banques du grand Sud-Ouest. Système bancaire et gestion des risques (des années 1900 à nos jours), Paris, Plage, 2006.
23 Andrew Godley & Duncan Ross (dir.), Banks, Networks and Small Firm Finance, Londres, Frank Cass, 1996.
24 Jacques Laloux, Le rôle des banques locales et régionales du Nord de la France dans le développement industriel et commercial (thèse de sciences économiques), Paris, Giard, 1924.
25 Par exemple : Jean-Luc Mastin, « The resistance of the Lille market place to national convergence : A regional financial system between autonomy and sclerosis, 1880-1914 », in Patrice Baubeau & Anders Ögren (dir.), Convergence and Divergence of National Financial Systems. Evidence from the Gold Standards, 1871-1971, Londres, Pickering & Chatto, collection « Financial History », no 13, 2010, pp. 29-50. Jean-Luc Mastin, « Stratégies du capitalisme familial lillois et autonomie financière régionale : le financement des filatures Julien Le Blan, 1858-1914 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, volume 52, no 4, octobre-décembre 2005, pp. 74-105. Jean-Pierre Hirsch, Les deux rêves du commerce. Entreprise et institution dans la région lilloise (1780-1860), Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1991. Hubert Bonin, Histoire de banques. Crédit du Nord (1848-2003), Paris, Éditions Hervas, 1998 et 2004.
26 Michel Lescure & Alain Plessis (dir.), Banques locales et banques régionales en France au xixe siècle, Albin Michel, collection « Mission historique de la Banque de France », 1999. Michel Lescure & Alain Plessis (dir.), Banques locales et banques régionales en Europe au xxe siècle, Paris, Albin Michel, collection « Mission historique de la Banque de France », 2004.
27 Son histoire a été intégrée à celle de la Bup, qui était sa marraine : Hubert Bonin, La Banque de l’union parisienne (1874/1904-1974). De l’Europe aux outre-mers, Paris, Publications de la Sfhom, 2011.
28 Philippe Decroix, La saga d’une grande banque du Nord de la France, 1846-1934. I. Verley, Decroix & Cie, 1846-1919, Paris, Christian, 1999.
29 Cf. Anne Mémet-Scrive, La légende des Scrive. Le roman d’une grande famille lilloise, Lille, Ravet-Anceau, 2010. Didier Terrier et Claudine Wallart (dir.), Jules Émile Scrive. Carnets d’un patron lillois (1879-1881). Représentation du quotidien, Lille, Éditions du Septentrion, 2009.
30 Nicolas Stoskopf, 150 ans du Cic, 1859-2009. I. Une audace bien tempérée, Paris, Éditions La Branche, 2009. Robert Fossaert, La nationalisation des chrysanthèmes, Paris, Seuil, 1985 (une analyse de l’évolution de Scalbert-Dupont par son président, après la nationalisation de 1982).
31 Michel Villette & Catherine Vuillermot, Portrait de l’homme d’affaires en prédateur, Paris, La Découverte, 2005. Michel Villette & Catherine Vuillermot, From Predators to Icons. Exposing the Myth of the Business Hero, Cornell University Press, 2009. Pierre-Angel Gay et Caroline Monnot, François Pinault milliardaire ou les secrets d’une incroyable fortune, Paris, Belfond, 1999. Airy Routier, L’ange exterminateur, la vraie vie de Bernard Arnault, Paris, Albin Michel, 2003.
32 C comme « centenaires ». Histoires d’entreprises centenaires de la région Nord-Pas-de-Calais, Lille, La Gazette du Nord-Pas-de-Calais et École supérieure de commerce de Lille, 1992. Jean-François Eck, « Industries et industriels du Nord, deux siècles mouvementés », Histoire d’entreprises. Le magazine des histoires d’entreprises et des entreprises dans l’Histoire, no 9, no spécial Le Nord. Creuset d’entreprises depuis 200 ans, mars 2011, pp. 36-45.
33 Anne Fulda, « Francis Holder, le fils du boulanger », série « Ils sont partis de rien », 3/7, Le Figaro, 28 décembre 2011.
34 Ines de Giuli, « Lesaffre, 58 ans et toujours aussi hardi », Histoire d’entreprises. Le magazine des histoires d’entreprises et des entreprises dans l’Histoire, no 9, no spécial Le Nord. Creuset d’entreprises depuis 200 ans, mars 2011, pp. 74-75.
35 Nathalie Mathis, « La chicorée, c’est Leroux ! », Histoire d’entreprises. Le magazine des histoires d’entreprises et des entreprises dans l’Histoire, no 9, no spécial Le Nord. Creuset d’entreprises depuis 200 ans, mars 2011, pp. 80-81. Nathalie Mathis, Le goût de l’avenir. 150 ans Leroux, Lille, La Voix du Nord Éditions, 2009.
36 Jean-Watin Augouard, « Quand c’est bon, c’est Bonduelle ! », Histoire d’entreprises. Le magazine des histoires d’entreprises et des entreprises dans l’Histoire, no 9, no spécial Le Nord. Creuset d’entreprises depuis 200 ans, mars 2011, pp. 76-77.
37 Antoine Boudet, « Voyage au cœur d’Auchan ». 1. « La saga d’une ‘usine à vendre’ ». 2. « Les défis d’un groupe familial », Les Échos, 10 octobre 2001, p. 62-63 ; 11 octobre 2001, pp. 54-55.
38 Sur ce thème, cf. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Nouveaux patrons, nouvelles dynasties, Paris, Calmann-Lévy, 1999.
39 Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Paris, Gallimard, 1977.
Auteurs
Professeur d’histoire économique contemporaine à Sciences Po Bordeaux depuis 1995 et chercheur à l’UMR CNRS GRETHA, est spécialiste d’histoire bancaire et financière, mais aussi de l’histoire des entreprises et des organisations tertiaires, de l’esprit d’entreprise et du négoce et de la banque ultramarines, et du déploiement des banques françaises dans les anciennes concessions chinoises.
Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Charles-de-Gaulle- Lille 3 (UMR IRHiS) est spécialité d’histoire économique du XXe siècle. Ses travaux portent principalement sur l’histoire des entreprises en France au XXe siècle, envisagée sous divers aspects : rapports entre les entreprises et l’espace productif ; relations économiques entre la France et l’Allemagne ; notamment dans l’optique de la reconversion.
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