Gouverneurs, évêques et notables de Chypre au Bas-Empire
p. 113-127
Résumés
Dès la fin du iiie siècle, Chypre fut subordonnée au diocèse d’Orient, qui, de son côté, faisait partie de la préfecture du même nom. Elle était gouvernée, jusqu’au milieu du ive siècle, par des chevaliers romains (praesides, VP), puis par des sénateurs (consulares, VC). Durant la même période, les évêques des grandes métropoles chypriotes, dont la position était renforcée dans l’opinion publique par la politique impériale favorable à l’église, se manifestaient de plus en plus en bienfaiteurs, juges et responsables de l’aménagement de l’espace sacré et public. Or, l’étude prosopographique des représentants du pouvoir politique et de l’autorité religieuse – gouverneurs, évêques et notables locaux – vise à reconstituer certains aspects de l’histoire de l’île sous le Bas-Empire et à estimer l’influence de la législation impériale et du Christianisme sur le développement urbanistique, la mentalité religieuse et le comportement social.
By the end of the 3rd century AD, Cyprus was incorporated within the Diocese of the East, which, in turn, was part of the Prefecture of the same name. It was governed, until the mid 4th century, by Roman knights (praesides, VP), then by senators (consulares, VC). During the same period, bishops of the metropolitan Cypriot cities, whose position in public opinion had been strenghtened by the imperial policy favourable to the church, appeared more and more as benefactors, judges, and responsibles for sacred and public landscape planning. So, the prosopographic study of the representatives of the political power and religious authorities – governors, bishops, and local notables – aims at reconstructing some aspects of the history of the island under the Late Roman Empire as well as estimating the influence of the imperial legislation and Christianity upon the urban development, religious mentality and social behavior.
Texte intégral
1À la suite des réformes administratives de Dioclétien au cours de l’année 2931, la province de Chypre échappa à une subdivision, en raison de sa taille relativement petite. Elle fut subordonnée au diocèse d’Orient, qui, jusqu’au règne de Justinien, faisait partie de la préfecture du même nom. Depuis l’année 23/22 av. n. è., l’île avait le statut de province publique et se trouvait gouvernée par des proconsuls annuels tirés au sort parmi les anciens préteurs. Mais, dès la fin du iiie siècle de n. è., comme le préconisaient la nouvelle hiérarchie administrative de la Tétrarchie et la préférence de son fondateur pour l’ordre équestre, la province fut confiée à un chevalier romain, le praeses, qui portait le titre honorifique de v(ir) p(erfectissimus) et dont la durée du mandat était d’un ou de deux ans. Toutefois, comme nous allons le voir, à partir de la deuxième moitié du ive siècle, l’île fut de nouveau gouvernée par des sénateurs (viri clarissimi) de rang de consulaire (ὑπατικóς)2.
2Continuant à préserver son ancien statut de prouincia inermis, Chypre ne fut pas touchée par la séparation des pouvoirs civil et militaire du gouverneur effectuée par Constantin. Certes, le praeses et, plus tard, le consulaire furent placés sous l’autorité militaire du comes Orientis et, par conséquent, du préfet du prétoire d’Orient. Tout comme leurs prédécesseurs proconsuls, les gouverneurs du Bas-Empire étaient en charge de l’administration, rendaient la justice (en leur qualité de iudices ordinarii), contrôlaient la perception régulière des impôts et surveillaient l’avancement des travaux publics3. Ces informations dérivant en particulier du Code théodosien et du Digeste justinien sont confirmées en général par les rares inscriptions de l’île datant de cette période et par quelques références éparses dans les sources littéraires et historiographiques.
3Contrairement aux fastes de Chypre sous le Haut-Empire attestant les noms et souvent le cursus honorum et l’activité de pas moins de cinquante proconsules pendant trois siècles, c’est-à-dire un sixième de tous les gouverneurs de l’île, une dizaine seulement de praesides et de consulares nous sont parvenus pour les trois siècles du Bas-Empire4. Certains sont des personnages déjà connus dans des sources littéraires et historiographiques, lesquelles toutefois ne fournissent pas de renseignements sur leur activité à Chypre et, en même temps, ceux qui sont attestés dans les inscriptions de l’île ne peuvent pas, dans la plupart des cas, être identifiés.
4Le premier connu, dans l’ordre chronologique, est un certain Théodoros, attesté comme ἡγε[µὼν τῆς] Kύπρου sur une tabella defixionum de la nécropole de Kourion, datant, d’après le contexte archéologique du site, probablement de la fin du iiie siècle5. L’évocation de son nom dans un tel document servant à un Chypriote (un certain Alexandros, surnommé Macedonios, fils de Matidia) à proférer des malédictions contre lui, ainsi que contre un autre personnage (Timon fils de Marcia), fait allusion aux tâches judiciaires, dont les gouverneurs du Bas-Empire continuèrent à être revêtus, mais également aux aspirations des sujets à leur intégrité et incorruptibilité. Néanmoins, dans ce cas, nous ne pouvons savoir ni la nature du litige ni l’impartialité du jugement6. Une datation plus précise du mandat de Théodoros n’est pas non plus possible, étant donné que le titre de « hégémon », en l’occurrence de Chypre, s’était généralisé au cours du iiie siècle pour désigner indifféremment tout gouverneur de province7.
5Au tournant du iiie et du ive siècle, Antistius Sabinus apparaît dans un contexte très différent8. Il fit dédier une série de monuments à Salamine commémorant la fondation de la Tétrarchie, datant donc de la période allant du 1er mars 293 au 1er mai 305. Le praeses (VP) manifesta sa dévotion au numen des chefs de l’Orient – Dioclétien Auguste et Galère César (Maximianus) – et de l’Occident – Maximien Auguste et Constance Chlore César – sur deux inscriptions correspondant, selon toute apparence, à deux paires de statues dressées dans le gymnase de la cité. La même révérence pour tous les membres de la première Tétrarchie fut exprimée au moyen d’un monument commun que le gouverneur fit ériger sur la scène du théâtre. En outre, dans deux inscriptions, trouvées dans les parodoi sud et nord de l’édifice, furent loués les auteurs « de la liesse publique et de toutes les cérémonies » (laetitiae publicae caeremoniarumque omnium autori), respectivement les Césars Constance Chlore et Galère (Maximianus)9. Il est certain que ces dernières auraient été complétées par deux autres statues perdues, portant les noms des Augustes. Il devient évident que, dans le gymnase, la disposition des images impériales visait à mettre en valeur l’organisation géographique de l’Empire, alors que celle du théâtre soulignait la hiérarchie politique.
6L’épigraphie de Chypre, préservant le nom et l’activité d’un petit nombre de fonctionnaires romains, compense les rares références à l’île dans l’historiographie et les autres sources littéraires de l’époque. Les deux tremblements de terre, d’un décalage d’une décennie, en 332/333 et 342, qui avaient surtout touché Salamine et la partie orientale et sud de Chypre, sont à l’origine de plusieurs de ces témoignages. Ainsi, la présence d’un certain Calocaerus, d’ailleurs arbitrairement classé, par G. Hill et T. B. Mitford, sur la liste des praesides, fut liée au premier séisme10. Maître d’un troupeau ou d’une caravane de chameaux, il suscita une révolte afin de s’emparer de l’île. Après sa défaite par Dalmace, demi-frère de Constantin11, il fut capturé et conduit à Tarse en Cilicie, où il fut puni du supplice des esclaves ou des brigands et crucifié, en 33412. L’origine de Calocaerus n’est pas certaine. Son poste – magister pecoris camelorum – est attesté pour la première fois à Chypre, sans pour autant que cet hapax soit indicatif d’une provenance étrangère du personnage. Autant les motifs que le caractère de cette révolte restent obscurs, vu que les sources répètent à peu près le même incident sans qu’elles fournissent d’autre information. Il est probable, comme le pense T. D. Barnes, que l’agitation sociale devait avoir été déclenchée par les idolâtres, qui auraient interprété le séisme comme un signe de la colère divine contre la politique favorable de Constantin envers l’église chrétienne13.
7Une décennie plus tard, en 342, le deuxième tremblement de terre laissa Salamine en ruines. L’empereur Constance II (342-361), récemment couronné, ordonna la restauration des monuments endommagés ou écroulés, et la cité fut refondée sous le nom de Constantia en l’honneur de son bienfaiteur14. Selon la législation romaine relative aux programmes édilitaires, la surveillance des monuments publics relevait de la juridiction des gouverneurs, qui devaient visiter eux-mêmes les aedes sacrae et les opera publica, afin de vérifier l’avancement des travaux. Cette procédure décrite et préconisée par le grand juriste du iiie siècle, Ulpien, était bien en vigueur pendant les siècles suivants15.
8Ainsi, certaines inscriptions de Chypre confirment l’application de la législation impériale sur des projets édilitaires et d’aménagement du territoire de l’île. Tout d’abord, Fl(avius) Felix, v(ir) p (erfectissimus) et praeses de la province de Chypre, fut responsable de mener à bien la restauration des murs de Soloi écroulés par les effets du temps16. Une autre inscription de Paphos, récemment restituée par J.-B. Cayla, qui la date de 358, donne le nom des responsables d’une construction publique selon un ordre hiérarchique17. Le document commémore la remise en état d’un bâtiment officiel – qui reste à identifier –, détruit par un incendie et atteste l’existence de trois personnages engagés, de manière directe ou indirecte, dans cette entreprise : l’empereur, selon toute apparence, Constance II, à qui l’édifice fut normalement dédié, le préfet du prétoire d’Orient, Cl(audius) Musonianus (354-358)18, qui apparaît comme le redditor, et enfin le consulaire de la province, Bassidius Lauricius, dont le rôle se réduit à la surveillance de l’exécution des travaux. En effet, agissant au nom de l’empereur, les gouverneurs ne pouvaient se lier à un édifice parachevé en y faisant graver leur nom qu’à la condition que le monument soit dédié au prince19. Il est probable donc que les mêmes modalités dictées, en particulier dans le livre XV du Code théodosien, aient été aussi appliquées, certes à une échelle beaucoup plus grande, aux monuments de Salamine-Constantia à l’occasion de leur refondation pendant la même période20.
9Bassidius Lauricius doit, selon toute vraisemblance, être identifié au praeses homonyme d’Arménie en 357 et comes et praeses d’Isaurie en 359, où il mena, au moins jusqu’en 362, sur l’ordre de Constance II et de Julien, une guerre contre les brigands de la région. En septembre 359, il assista au concile de Séleucie d’Isaurie en tant que représentant impérial, et Julien l’évoque par le nom Λαυράκιος (sic) à propos d’une affaire, dont nous ignorons la nature, dans une lettre que l’empereur adressa à son oncle Julianus, comes Orientis, en 36221. J.-B. Cayla place le mandat chypriote de Bassidius Lauricius entre ses deux postes en Arménie et en Isaurie, étant donné que Cl(audius) Musonianus (personnage qui apparaît aussi sur l’inscription) resta à la préfecture du prétoire d’Orient entre 354 et 35822. Toutefois, nous ne pouvons pas exclure que son gouvernement à Chypre ait été antérieur à la mission du praeses homonyme d’Arménie. Dans ce cas, il aurait été en poste entre 354 et 357, succédant à Quirinus, qui administra l’île entre les années 351 et 354.
10Originaire d’Antioche, ce dernier personnage est mieux connu grâce à la correspondance de Libanius, qui louait sa culture littéraire, ses qualités de sophiste et rhéteur et son intégrité de gouverneur23. Quirinus, qui était, selon toute apparence, païen, commença sa carrière dans l’administration de l’empire en qualité d’assesseur du préfet du prétoire d’Orient Flavius Philippus (344-351)24. Toutefois, quelques années plus tard, il se sentit obligé, en évoquant la santé fragile de son fils unique, de décliner l’offre du préfet du prétoire Honoratus (355-357)25, qui lui proposait un poste semblable (sinon un vicariat) en Gaules. À cette époque, il avait déjà gouverné successivement les provinces de Lycie (comme praeses), de Pamphylie (en tant que praeses ou consularis) et de Chypre (comme consularis). Donc, ce dernier poste, qui nous intéresse ici et auquel Libanius fait allusion dans sa lettre de 358, doit normalement être daté entre 351 et 354.
11En ce qui concerne la titulature de ces derniers gouverneurs de Chypre, ils portaient le titre honorifique de v(ir) c(larissimus) et non plus celui de v(ir) p(erfectissimus), comme leurs prédécesseurs praesides de la période de la Tétrarchie. Il semble donc qu’à partir de la seconde moitié du ive s., la province fut administrée par des consulaires26. Ce changement découle, en principe, de la politique de Constantin et de ses successeurs qui, stimulant la création d’une nouvelle aristocratie à Constantinople, accordaient de manière généreuse le statut de sénateur aux anciens chevaliers. Toutefois, ces nouveaux clarissimes continuaient, par la suite, à occuper des postes équestres27. C’est donc le titre de consularis que les éditeurs d’une inscription de Salamine en l’honneur de Julien (360-363) n’hésitent pas à restituer pour le gouverneur de la province : Fl(avius Faus[t---, v(ir) c(larissimus), consularis prou(inciae) Cypri]28. Le personnage n’est pas identifié par d’autres sources.
12Son successeur immédiat, Honoratianus, ne laissa pas de souvenirs de son activité dans les inscriptions de l’île. Le consulaire est, lui aussi, connu par une lettre de Libanius datant de 363, par laquelle le rhéteur lui demanda une faveur pour un certain Patrophilus, chargé des ateliers de pourpre à Chypre (procurator baphiorum)29. Son mandat datant de la dernière année du règne de Julien, amène à supposer qu’il fut peut-être païen.
13Dans le cadre de la refondation de Salamine-Constantia par Constance II et ses successeurs, que nous avons déjà évoquée, s’inscrit une série d’inscriptions témoignant de l’aménagement architectural de la cité effectué progressivement à partir du ive siècle. Or, un Valerius, qui fut loué en « fondateur intègre », fit réparer la mosaïque du portique est du gymnase, où une épigramme en son honneur a été trouvée in situ dans le dallage30. La mention de « saintes constitutions » et d’« ordonnances sans taches », par lesquelles le personnage « ramena Chypre à sa prospérité de jadis », indique que l’honoré était gouverneur de la province. Si, en effet, c’est le cas, l’inscription en vers constitue un triple éloge du pouvoir législatif et judiciaire ainsi que des fonctions édilitaires du gouverneur de Chypre au Bas-Empire31. Toutefois, l’identification, avancée par les premiers éditeurs et suggérée par les seconds, de ce Valerius au Fl(avius) Antiochus Ammianus Valerius, dont le nom fut associé au dallage d’un monument – portique ou basilique32 – et, par la suite, au père d’un Olympius fils d’Antiochus, qui, selon une autre épigramme fragmentaire, fit restaurer les bains et aménager des jardins aux environs33, est, à notre avis, probable mais pas certaine. Néanmoins, les trois textes dans leur ensemble constituent un bon témoignage des travaux de restauration et d’embellissement aux alentours du gymnase de la cité. Ce quartier avait acquis un aspect monumental depuis la fin du ier siècle, grâce à la générosité du bienfaiteur Ser. Sulpicius Pancles Veranianus, qui finança un grand projet d’aménagement comportant la (re)construction du gymnase, du théâtre et de l’amphithéâtre34.
14L’intérêt impérial pour Salamine-Constantia allait se perpétuer au moins jusqu’au règne de Justinien, comme en témoignent certaines inscriptions, qui préservent l’écho des travaux de construction – probablement dans le quartier du gymnase –, effectués en 542/543 par le consulaire Ioannes35. Mais, à cette époque, comme nous allons le voir plus bas, la présence des évêques des grandes métropoles en tant que responsables de l’aménagement de l’espace sacré et public devenait de plus en plus manifeste.
15Malgré sa refondation sous les auspices impériaux et son développement urbanistique avec l’appui de l’Église36, il n’est pas du tout certain que Salamine-Constantia se substitua à Paphos en tant que capitale de la province dès le ive siècle. Toutefois, au début du ve siècle, à la tête de la nouvelle cité se trouvait un archevêque métropolitain et non plus un simple évêque ; à cette période, Salamine-Constantia était devenue la capitale de la province, statut qu’elle allait conserver jusqu’à une nouvelle destruction, cette fois par les invasions des Arabes au milieu du viie siècle37.
16Attestée depuis l’époque d’Auguste, la rivalité de privilèges et de titres entre ces deux cités les plus importantes de Chypre semble avoir été entretenue tout au long du Bas-Empire. Si, comme nous l’avons montré dans d’autres études, Salamine put obtenir le titre de métropole dès le début du iie siècle, grâce à l’activité de son riche bienfaiteur Ser(vius) Sulpicius Pancles Veranianus38, la promotion de Salamine-Constantia au grade de capitale administrative et religieuse de la province devait beaucoup à son évêque Épiphane, dont l’épiscopat (367/368-403) marqua l’histoire de la cité dans la seconde moitié du ive siècle.
17Ascète en Palestine, il fut le fondateur du courant monastique dans cette région, avant d’effectuer de longs voyages en Perse (avant 359) et en Égypte (entre 356 et 367/368), où il acquit une grande popularité en faisant des miracles de guérison. Dans plusieurs de ses ouvrages théologiques, dogmatiques et exégétiques, il critiqua sévèrement à la fois les hérésies et les théories d’Origène, et il s’opposa ouvertement, sur ce sujet, aux patriarches Jean de Jérusalem et Jean Chrysostome de Constantinople, dont la condamnation à l’exil avait, selon toute probabilité, été engagée par lui et qui s'y mêlait aux complots de l’impératrice Eudoxie. Ses relations avec le palais lui valurent l’honneur de devenir père spirituel des princes Arcadius et Honorius, qu’il baptisa à Rome, en 382, soit une année après sa participation au concile de Constantinople de 38139. La vie de religieux tumultueuse et ambiguë qu’Épiphane mena avant et pendant les années de son épiscopat n’empêcha pas pour autant sa sanctification posthume à Chypre.
18L’évêché de Constantia était alors typique d’une grande métropole. L’Église était déjà bien organisée sur le modèle de l’administration civique et provinciale, et la législation impériale, tout en la protégeant contre les hérésies, lui accorda, dès l’époque de Constantin, certains pouvoirs, comme celui permettant aux évêques, parallèlement aux gouverneurs, de rendre la justice40. Dans ce cadre favorable, le clergé put non seulement développer davantage son réseau social, mais il commença progressivement à se substituer à l’ancienne noblesse locale en ce qui concerne l’évergétisme. Or, se servant de manière ingénieuse de ses droits et privilèges, Épiphane fit créer au moins un nouvel évêché à Carpasie, nomma un diacre pour s’occuper des affaires judiciaires à Constantia pendant son absence, et se lança dans une entreprise de bienfaits qui s’étendait sur plusieurs domaines : constructions d’églises, diverses donations au peuple, en particulier distribution de céréales pendant des périodes de famine ainsi que de l’argent reçu en récompense des guérisons miraculeuses, soins aux pauvres, aux veuves et aux prisonniers41. La plupart de ces informations concernant l’œuvre charitable multiple de l’évêque proviennent de sa biographie – la Vita Epiphani –, dont une lecture plus approfondie et dépourvue des leitmotive communs et répétés dans l’hagiographie, peut révéler des conflits entre le clergé et l’aristocratie locale attachée, en grande partie encore, à l’ancienne religion, ainsi que le profil social et les ressources financières de ses membres au ive siècle.
19Dès son intronisation, en 367/368, Épiphane devait se confronter aux notables de Constantia, qui, dans leur majorité, étaient païens, riches, éduqués et détenteurs de postes civiques. Les chefs de l’opposition étaient notamment Faustinianus et Drakôn, qui n’hésitèrent pas à utiliser souvent des membres du clergé, en l’occurrence les diacres Charinus et Rufinus, pour sonder et contourner les intentions de l’évêque. Ils devaient normalement jouir du soutien de certains gouverneurs partageant les mêmes convictions religieuses, comme éventuellement celui d’un consulaire anonyme, dont le cursus honorum datant de la seconde moitié du ive siècle comporte des prêtrises païennes, en l’occurrence celle de pontife du dieu Sol et d’augure42. Les motifs de cette dispute ne sont pas clairs, bien que la Vita Epiphani évoque la méfiance de l’aristocratie chypriote qui dédaigna d’accepter au trône épiscopal de Constantia un moine étranger venu de Palestine et hostile à leurs propres valeurs culturelles gréco-romaines. Or, le biographe raconte plusieurs récits anecdotiques concernant les manœuvres douteuses et malhonnêtes des opposants, auxquelles l’évêque réagissait toujours avec clémence et magnanimité chrétienne, en pardonnant sans cesse à ses ennemis et en faisant des miracles de guérison en leur faveur, eux qui pourtant furent frappés par la vengeance divine et trouvèrent aussitôt une mort inattendue43.
20Le plus redoutable d’entre eux était Faustinianus. Ce notable, qui accueillait chez lui les délégués impériaux à Chypre, était un homme d’affaires et armateur, dont la puissance économique était telle que, seul, il pouvait garantir l’approvisionnement en céréales de la cité entière de Constantia. Le naufrage de ses bateaux près du port de Salamine donna l’occasion à Épiphane de se montrer généreux, incitant la population affamée à ramasser les grains rejetés par la mer sur les côtes44. Les conditions de l’emprisonnement de Faustinianus pour lèse-majesté à Constantinople, où il décéda en 402/403, restent obscures. Il n’est pas non plus facile de discerner les motifs ou la nature de cette trahison, mais, vu la personnalité de l’évêque, ses relations avec le palais et les rapports tendus entre les deux hommes, nous ne pouvons pas exclure l’implication d’Épiphane. Toutefois, selon son biographe, ce dernier, conformément à la morale chrétienne, s’engagea de manière active auprès de l’empereur pour solliciter la libération de son ennemi45.
21Faustinianus apparaît donc comme l’un des derniers, sinon le dernier notable chypriote connu, qui ait résisté jusqu’à la fin de sa vie au christianisme et au représentant de celui-ci dans sa ville. Après la mort de l’évêque lui-même, lors de son retour de Constantinople un peu plus tard, il semble que l’aristocratie païenne de l’île fut progressivement convertie au christianisme. Le biographe d’Épiphane rapporte que les notables idolâtres de la cité, ou le cas échéant leurs épouses, dépourvus d’héritiers, léguaient leurs fortunes à l’évêché, évoquant ainsi un aspect économique important de ce changement de mentalité religieuse46. Pourtant, il n’est pas facile de confirmer ou de réfuter ce témoignage, d’autant plus que les documents de cette période sont plutôt rares. Les anciens sanctuaires de l’île tombaient progressivement en désuétude dans la seconde moitié du ive siècle ; et le tremblement de terre de 364/365 accéléra ce déclin, d’autant plus qu’aucun projet de restauration ne fut mis en chantier. Pendant la même période, les premières basiliques monumentales firent leur apparition, bien que les inscriptions paléochrétiennes ne doivent pas dater d’avant la fin du siècle47. La refondation de Constantia suivant ce modèle d’urbanisme à vocation chrétienne constitue un exemple représentatif de la nouvelle topographie de l’île.
22D’un point de vue général, l’église du Bas-Empire alignait son organisation sur l’administration provinciale. En ce sens, étant donné que depuis la fin du iiie siècle Chypre faisait partie du diocèse d’Orient, son église devait normalement être subordonnée à la juridiction du patriarche d’Antioche. Néanmoins, un événement de l’année 431 auquel furent mêlés un fonctionnaire militaire du diocèse d’Orient, le gouverneur de Chypre, l’évêque d’Antioche et le clergé de l’île, est indicatif de la tendance de l’église locale à renoncer à ce système, qui lui posa de facto certaines restrictions d’ordre hiérarchique. Or, le 21 mai de cette année, Théodoros, consulaire de Chypre48, reçut une lettre de Flavius Dionysius, magister utriusque militiae per Orientem, lui demandant d’utiliser tous les moyens possibles pour qu’il empêche l’élection d’un évêque métropolitain de Constantia sous peine de sévère amende (5 livres d’or), si le gouverneur négligeait de se conformer à ces ordres49. La raison invoquée était qu’un tel cas devait être discuté prochainement par le concile œcuménique d’Éphèse (convoqué par Théodose II initialement pour le 7 juin 431). Théodoros communiqua à l’église ces recommandations, mais les pères chypriotes n’en tinrent pas compte. Donc, lorsque trois évêques de Chypre – Réginus, qui venait d’être intronisé à Constantia, Zénon de Kourion et Evagrius de Soloi – se présentèrent au concile d’Éphèse, ils accusèrent Jean d’Antioche d’avoir orchestré toute cette affaire en sollicitant, en plus, l’aide du pouvoir séculaire. Son intervention indue visait, selon eux, à s’accaparer l’église de l’île, contrairement aux canons du concile de Nicée, qui assuraient l’autorité des épiscopats les plus importants, et aux anciennes coutumes ecclésiastiques, selon lesquelles l’élection et la consécration du clergé local relevaient toujours de l’église de l’île. Les évêques chypriotes eurent alors l’occasion de confirmer la manière indépendante dont leur église avait toujours réagi, depuis sa fondation, dès le milieu du ier siècle, par les apôtres Paul et Barnabé, lors de leur visite, tout en mettant en cause, même de manière très discrète, l’orthodoxie de certains patriarches d’Antioche du ive siècle, condamnés comme hérétiques.
23Enfin, le concile œcuménique sanctionna l’organisation provinciale de l’église sous l’autorité de l’archevêque métropolitain de Constantia, accordant une vague primauté à l’église d’Antioche50. Mais, au-delà du respect de la tradition religieuse, cette autonomie semble avoir été le résultat fortuit d’une crise théologique, à savoir la question nestorienne, qui opposa les évêques Nestorius de Constantinople et Cyrille d’Alexandrie. Car, outre les conséquences bien connues, ce conflit religieux entraîna également le refroidissement des rapports entre les évêques d’Alexandrie et d’Antioche, ce dernier étant favorable aux positions dogmatiques de Nestorius51. Quant à Chypre, cette décision fut confirmée de facto sous le règne de Zénon, quand un nouvel effort du patriarche d’Antioche, Pierre le Foulon, aspirant à renforcer sa mainmise sur l’église de Chypre, probablement en 487/488, échoua. Ce fut alors que l’église chypriote employa les grands moyens pour confirmer de nouveau son indépendance : la trouvaille miraculeuse des reliques de Saint Barnabé près de Constantia constitua une preuve incontestable de son histoire apostolique. Elle resta autonome même après la réorganisation de l’administration religieuse de la partie orientale de l’Empire en quatre patriarcats – Constantinople, Antioche, Jérusalem et Alexandrie – par Justinien52. Ce statut, elle le préserve soigneusement jusqu’à nos jours… La reconstitution de l’histoire de Chypre au Bas-Empire à travers des sources éparses et souvent de valeur inégale – documents épigraphiques, textes historiographiques et ecclésiastiques et données archéologiques – reflète sur le plan local la réorganisation administrative, les réformes législatives et les transformations radicales que l’expansion du christianisme apporta à l’idéologie dominante, à la topographie sacrée, aux mœurs et au comportement social. Dans ce sens, la prosopographie des détenteurs du pouvoir – gouverneurs, évêques et notables – apparus sur la scène historique de l’île entre le ive et le vie siècle, contribue à la meilleure compréhension du nouveau réseau de relations établies entre l’état romain et l’église chrétienne à Chypre pendant l’Antiquité tardive.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Azéma 1982
Y. Azéma, Théodoret de Cyr. Correspondance I, Paris, 1982.
Azéma 1964
Y. Azéma, Théodoret de Cyr. Correspondance II, Paris, 1964.
Barnes 1981
T. D. Barnes, Constantine and Eusebius, Cambridge [Mass.], Londres, 1981.
Barnes 1982
T. D. Barnes, The new Empire of Diocletian and Constantine, Cambridge [Mass.], Londres, 1982.
Cayla 1997
J.-B. Cayla, « Bassidius Lauricius gouverneur de Chypre ? Une nouvelle hypothèse à propos de la restauration d’un monument incendié à Paphos », CCEC, 27, 1997, p. 71-76.
Christides 2006
V. Christides, The Image of Cyprus in the Arabic Sources, Nicosie, 2006.
Corcoran 2000
S. Corcoran, The Empire of the Tetrarchs. Imperial Pronouncements and Goverment, AD 284-324, Oxford, 20002 [1996].
Hackett 1901
J. Hackett, A History of the Orthodox Church of Cyprus (from the coming of the apostles Paul and Barnabas to the commencement of the British occupation, AD 45-AD 1878, together with some account of the Latin and other churches existing in the island), Londres, 1901.
Hill 1940
G. Hill, A History of Cyprus : To the Conquest by Richard Lion Heart, vol. 1, Cambridge, 1940.
I.Kourion
T. B. Mitford, The Inscriptions of Kourion, Philadelphie, 1971.
ILAlg. I
St. Gsell, Inscriptions latines de l’Algérie, I : Inscriptions de la Proconsulaire, Paris, 1922.
I. Salamis
T. B. Mitford & I. Nicolaou, The Greek and Latin Inscriptions from Salamis, Nicosie, 1974.
Jones 1964
A. H. M. Jones, The Later Roman Empire (284-602). A Social, Economic, and Administrative Survey, Baltimore, 1964.
Jonge (de) 1982
P. de Jonge, Philological and Historical Commentary on Ammianus Marcellinus XIX, Groningue, 1982.
Kantiréa 2008
M. Kantiréa, « Le culte impérial à Chypre : relecture des documents épigraphiques », ZPE, 167, 2008, p. 91-112.
Kantiréa 2011
M. Kantiréa, « Pouvoir, patronage et évergétisme à Chypre romaine », dans S. Benoist, A. Daguet-Gagey, C. Hoët-van Cauwenberghe (éd.), Figures d’empire, fragments de mémoire : pouvoirs et identités dans le monde romain impérial (iie s. av. n.-è.-vie s. de n. è.), Lille, 2011, p. 243-256.
LP
B. E. Thomasson, Laterculi Praesidum, Götebord, 1984.
Marcillet-Jaubert 1973
J. Marcillet-Jaubert, « Dédicace à Julien », dans J. Pouilloux (éd.), Salamine de Chypre IV. Anthologie salaminienne, Paris, 1973, p. 121-123.
Michaelides 2001
D. Michaelides, « Archeologia paleocristiana a Cipro », dans R. Farioli Campanati (a cura di), Le grandi isole del Mediterraneo orientale tra tarda antichità e medioevo. Seminario Internazionale in memoria di Luciano Laurenzi (Ravenna 19-21 settembre 1998), Ravenne, 2001, p. 179-239.
Michaelidou-Nicolaou 1971
I. Michaelidou-Nicolaou, « Antistius Sabinus, an unknown praeses of Cyprus », dans Acta of the Fifth International Congress of Greek and Latin Epigraphy (Cambridge 1967), Oxford, 1971, p. 381-383.
Mitford 1950
T. B. Mitford, « Some new inscriptions from early Christian Cyprus », Byzantion, 20, 1950, p. 105-175.
Mitford 1980
T. B. Mitford, « Roman Cyprus », dans ANRW, II, 7.2, 1980, p. 1285-1384.
Mitford 1990
T. B. Mitford, « The Cults of Roman Cyprus », dans ANRW, II, 18.3, 1990, p. 2177-2211.
Petit 1994
P. Petit, Les fonctionnaires dans l’œuvre de Libanius. Analyse prosopographique, Besançon, 1994.
PLRE 1, 2, 3a, 3b
A. H. M. Jones, J. R. Martindale, J. Morris, The Prosopography of the Later Roman Empire, vols I, II, IIIA-IIIB, Cambridge, 1971-1992.
Potter 2000
D. Potter, « Ἡ Κύπρος ἐπαρχία τῆς ρωμαϊκῆς αὐτοκρατορίας », dans Th. Papadopoulos (éd.), Ἱστορία τῆς Κύπρου : Ἀρχαία Κύπρος, vol. II. B, Nicosie, 2000, p. 763-864.
Rapp 1991
Cl. Rapp, The Vita of Epiphanius of Salamis. An Historical and Literary Study, PhD, Worcester College, 1991.
Salamine, XIII. 2
J. Pouilloux, P. Roesch, J. Marcillet-Jaubert, Salamine de Chypre XIII : Testimonia Salaminia 2, Paris, 1987.
Seeck 1966
O. Seeck, Die Briefe des Libanius, Hildesheim, 1966.
Slootjes 2006
D. Slootjes, The Governor and his Subjects in the Later Roman Empire (Mnemosyne Suppl., 275), Leiden-Boston, 2006.
Soren, James 1988
D. Soren, J. James, Kourion : the Search for a lost Roman City, New York, 1988.
Annexe
Annexe : Les gouverneurs de Chypre au Bas-Empire (ive-vie s.)
Nom | Titre | Date | Référence |
Théodoros | ἡγε[μών] (praeses ?) | fin du iiie s. | PLRE 1, Theodorus 3 |
Antistius Sabinus | VP praeses | 293-305 | PLRE 1, Antistius Sabinus 9 |
Fl (avius) Felix | VP praeses | 1ère moitié du ive s. | Mitford 1950, p. 147-149 |
Anonyme 1 | VP praeses | 1ère moitié du ive s. | I.Salamis, 25 |
Quirinus | consularis | 351-354 | PLRE 1, Quirinus |
Bassidius Lauricius | VC [consularis] | 354-357 | Cayla 1997, p. 71-76 |
Fl(avius) Faus[t---] | [VC consularis] | 360-363 | Salamine, XIII. 2, 157 |
Honoratianus | (consularis) | 363 | PLRE 1, Honoratianus 1 |
Anonyme 2 | consularis | 2ème moitié du ive s. | PLRE 1, Anonymus 129 |
Valerius | (consularis) | ive-ve s. | Salamine, XIII. 2, 202 |
Théodoros | VC consularis | 431 | PLRE 2, Theodorus 17 |
Vranius | consularis | 443-448 | PLRE 2, Vranius 2 |
Ioannes | consularis | 511/512 | PLRE 2, Ioannes 58 |
Ioannes | consularis | 542-543 | Salamine, XIII. 2, 209-211 |
Notes de bas de page
1 Sauf indication contraire, toutes les dates sont de notre ère.
2 Dio. Cass., 54, 4, 1. Hill 1940, p. 226-256 ; Mitford 1980, p. 1289-1294 ; Barnes 1982, passim ; Potter 2000, p. 763-784.
3 Jones 1964, p. 374 et p. 479-484 ; Corcoran 2000, p. 234-253.
4 Mitford 1980, p. 1298-1308 (proconsuls) et p. 1377 (gouverneurs du Bas-Empire) ; voir aussi le tableau récapitulatif que nous citons à la fin de l’article. Sous ce terme « Bas-Empire » nous définissons ici de manière conventionnelle la période allant de la fin du iiie siècle (Tétrarchie) jusqu’au milieu du vie (règne de Justinien).
5 I. Kourion, 130 ; Mitford 1980, p. 1304, no 54 ; PLRE 1, Theodorus 3 ; cf. LP, col. 300, no 45.
6 Pour les vertus et qualités de juges, voir Slootjes 2006, p. 46-76.
7 T. B. Mitford (I. Kourion, p. 255) suggère qu’il était le dernier proconsul connu de Chypre.
8 PLRE 1, Antistius Sabinus 9.
9 Respectivement : I.Salamis, 39-40 ; I.Salamis, 129 ; I.Salamis, 130-131 ; Michaelidou-Nicolaou 1971, p. 381-383.
10 PLRE 1, Calocaerus ; voir Hill 1940, p. 244 ; Mitford 1980, p. 1376-1377.
11 PLRE 1, Fl. Dalmatius 6.
12 Aur. Vict., Caes., 41, 11-12 ; Hieron. Chron., 334 (M. Drew Donalson, A translation of Jerome’s Chronicon with historical commentary, New York, 1996, p. 41 ; B. Jeanjean & B. Lançon, Saint Jérôme, Chronique. Continuation de la Chronique d’Eusèbe, années 326-378, Rennes, 2004, p. 80-81) ; Theoph., Chron., A. M. 5825 = 332/333 (C. Mango & R. Scott, The Chronicle of Theophanes Confessor. Byzantine and Near Eastern History, Oxford, 1997) ; voir aussi Anon. Val., 6, 35 ; Oros., 7, 28, 30.
13 Barnes 1981, p. 252 ; Barnes 1982, p. 15-16.
14 Hill 1940, p. 245.
15 CTh 15, 1-3 ; Dig. I, 16, 7.
16 Mitford 1950, p. 147-149, no 15. Vu la titulature du gouverneur, l’inscription ne peut pas dater de la fin du ive ou du début du ve siècle, comme le suggère l’éditeur (nous y revenons plus bas). Le personnage ne figure pas dans la PLRE.
17 Cayla 1997, p. 71-76.
18 Il est à noter que le nom Cl(audius) fait défaut dans la nomenclature connue du préfet du prétoire (PLRE 1, Strategius Musonianus).
19 CTh 15, 1, 31.
20 CTh 15, 1-3.
21 Amm. Marc., 19, 13 ; Jonge (de) 1982, p. 276-277. Julien, Ep., 80. Cf. PIR2, L 133 ; LP, col. 300, no 39.
22 Cayla 1997, p. 75-76.
23 PLRE 1, Quirinus. Lib., Ep., 366 (datant de 358) ; pour d’autres références au personnage dans les lettres de Libanius, voir Seeck 1966, p. 250-251 ; Petit 1994, p. 217-219, no 257.
24 PLRE 1, Flavius Philippus 7. Une statue de Chytroi en l’honneur de Constantinus II Auguste et de Constantius Gallus César, où apparaît aussi le nom du préfet du prétoire d’Orient, Fl(avius) Philippus (VC), faisait partie des monuments érigés par l’empereur, entre 351 et 354, visant à réhabiliter la mémoire posthume du clarissime, dont les activités avaient été injustement suspectées (CIL, III, 214).
25 PLRE 1, Honoratus 2.
26 Or, d’après sa titulature préservée (I. Salamis, 25 : [---/---u(iro)] p(erfectissimo) pra[esidem prou(inciae) Cypri]), le mandat de ce gouverneur anonyme de Chypre doit normalement dater d’avant le milieu du ive siècle av. J.-C.
27 Jones 1964, p. 106-107, 143-144, 378-379.
28 Marcillet-Jaubert 1973, p. 121-123 (AE, 1973, 544) ; Salamine, XIII. 2, 157.
29 PLRE 1, Honoratianus 1. Lib., Ep., 1362 ; pour d’autres références au personnage dans les lettres de Libanius, voir Seeck 1966, p. 179 ; Petit 1994, p. 129, no 144.
30 I. Salamis, 46 ; Salamine, XIII. 2, 202.
31 Pour les honneurs accordés aux gouverneurs du Bas-Empire, voir Slootjes 2006, p. 129-153.
32 I.Salamis, 45 ; Salamine, XIII. 2, 203. Voir aussi PLRE 2, Fl. Antiochus Ammianus Valerius 8.
33 I.Salamis, 47 ; Salamine, XIII. 2, 204.
34 I.Salamis, 101 ; Salamine, XIII. 2, 106. Kantiréa 2008, p. 107-108 ; Kantiréa 2011, p. 255-256.
35 I.Salamis, 48-49 ; Salamine, XIII. 2, 208-211. Si la restitution du nom du gouverneur et la lecture de la date (7e indiction, ainsi 542-543) sont à accepter, il faut dissocier cet Ioannes d’un homonyme, connu lui aussi comme consulaire de Chypre en 511/512 (PLRE 2, Ioannes 58). – Le gouvernement, vers la fin du vie siècle, d’Épiphanius, originaire de Chypre et père du patriarche d’Alexandrie, Jean l’Aumônier, dépasse les limites chronologiques de notre étude (PLRE 3A, Epiphanius 2).
36 Salamine, XIII. 2, 206, 212-215, 218 et 219-226 (ces dernières inscriptions proviennent de l’aqueduc de Salamine à Kythréa).
37 Hill 1940, p. 283-286 ; Christides 2006, p. 11-28.
38 Voir supra, n. 34.
39 Vita Epiphani, 83-92, 99-103, 106-118 (Rapp 1991, p. 155-166, 176-183, 185-199).
40 Slootjes 2006, p. 73-76.
41 Vita Epiphani, 55-131, passim (Rapp 1991, p. 120-220). Une acclamation en l’honneur de l’évêque Épiphane évoque la reconnaissance populaire (I.Salamis, 55 ; Salamine, XIII. 2, 233).
42 AE, 1917-1918, 59 ; ILAlg., I, 2117. PLRE 1, Anonymus 129.
43 Vita Epiphani, 55-132, passim (Rapp 1991, p. 120-220).
44 Vita Epiphani, 83, 93-96 (Rapp 1991, p. 155-157, 167-172).
45 Vita Epiphani, 102-103 (Rapp 1991, p. 180-183).
46 Vita Epiphani, 67, 103-104 (Rapp 1991, p. 134-135, 182-184).
47 Salamine, XIII. 2, 201-238, passim ; Mitford 1950, p. 105-175, passim ; Mitford 1990, p. 2207-2208 ; Michaelides 2001, p. 179-239. Pour le séisme de l’année 364/365, voir Soren, James 1988, p. 3-7.
48 Mitford 1980, p. 1304, no 54 ; PLRE 2, Theodorus 17. – Un de ses successeurs à la tête de la province fut le consulaire Vranius, dont le mandat doit dater d’entre les années 443 et 448 (PLRE 2, Vranius 2) ; le gouverneur n’est connu que comme destinataire d’une lettre de Théodoret de Cyr (Azéma 1964, lettre 76 ; Azéma 1982, p. 54).
49 PLRE 2, Fl. Dionysius 13. Jones 1964, p. 376-377.
50 Acta Conciliorum Oecumenicorum I, Concilium Universale Ephesenum, 1, 7, éd. E. Schwartz, Berlin-Leipzig 1929, p. 118-122, ch. 18.
51 Hackett 1901, p. 16.
52 Hill 1940, p. 273-279 ; Michaelides 2001, p. 194-195, n. 27, avec des références bibliographiques. Voir Jones 1964, p. 893.
Auteur
Université de Chypre
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les entrepreneurs du coton
Innovation et développement économique (France du Nord, 1700-1830)
Mohamed Kasdi
2014
Les Houillères entre l’État, le marché et la société
Les territoires de la résilience (xviiie - xxie siècles)
Sylvie Aprile, Matthieu de Oliveira, Béatrice Touchelay et al. (dir.)
2015
Les Écoles dans la guerre
Acteurs et institutions éducatives dans les tourmentes guerrières (xviie-xxe siècles)
Jean-François Condette (dir.)
2014
Europe de papier
Projets européens au xixe siècle
Sylvie Aprile, Cristina Cassina, Philippe Darriulat et al. (dir.)
2015