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Société, économie, administration dans le Code Théodosien

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Sylvie Crogiez-Pétrequin
, 
Pierre Jaillette

III – Regards sur l'économie et la société

Épilogue

Pierre Jaillette

Texte intégral

1Les thèmes assignés aux intervenants du colloque de Lille de décembre 2005 étaient ambitieux : en deux journées et demi de rencontre, il leur était d’abord demandé d’étudier la question de l’élaboration, de la réalisation, de la diffusion du Code Théodosien et de se pencher sur les modifications que, moins d’un siècle plus tard, Tribonien fit subir aux dispositions du recueil de 438 qu’il souhaitait introduire dans la codification ordonnée par Justinien ; il leur était ensuite demandé d’examiner, à l’aide d’exemples précis, tant le fonctionnement des structures administratives de l’État que son action politique ; il leur était enfin demandé d’illustrer, au travers d’analyses spécifiques de constitutions, la vie économique et sociale de l’Empire. Des questions que les rencontres tenues à Nanterre au printemps 2003 et centrées sur les problèmes de traduction du Code, n’avaient fait qu’effleurer.

2Comme a pu le constater le lecteur, la substance de chacune des vingt-quatre contributions réunies dans l’ouvrage permet d’affirmer que l’objectif fixé a été largement atteint, quand il n’a pas été dépassé. On ne reprendra cependant pas ici de façon détaillée les points forts développés par les auteurs, que l’on exonérera de deux griefs qui pourraient leur être faits : celui de n’avoir pas proposé, systématiquement, de traduction intégrale des dispositions qu’ils ont étudiées, celui de n’avoir pas examiné, méthodiquement, les motifs de l’envoi des textes à tel ou tel destinataire. Mais là n’était pas vraiment la mission qui leur était assignée.

3En revanche on soulignera le point commun et par là même essentiel, qui se dégage de leur propos : jamais ils n’ont limité l’analyse des constitutions à leur seule dimension juridique. Bien au contraire – et c’est ce qui, au delà de la qualité propre de chacun : historien, littéraire, romaniste, non seulement les réunit mais donne aussi une force singulière à leurs contributions – ils ont utilisé le Codex Theodosianus pour ce qu’il est vraiment, à savoir, au delà d’un recueil de lois, un livre d’histoire, ce dont on ne s’en étonnera pas : les 16 membres de la commission de 435 présidée par l’amplissimus adque gloriosissimus praefectori us ac consularis Antiochus avaient en effet reçu la mission de rassembler, certes avec autorisation de les interpoler, toutes les constitutions générales émises depuis Constantin.

4Cette tâche, les commissaires l’ont réalisée de la façon la moins imparfaite possible, mais n’ont assurément pu éviter que des dispositions leur échappent. D’un autre côté, une tradition manuscrite imparfaite nous a fait perdre une part notable des lois des livres I à V. Il n’empêche : en dépit de son contenu incomplet et lacunaire, ce sedecim librorum compendium, comme le qualifient les Gesta senatus, permet de saisir et de retracer, de façon originale, dans sa globalité et sa complexité, tant l’architecture que les lignes forces de l’histoire du nouvel empire qui émerge des terribles épreuves du iiie siècle, un empire qui se restructure et s’épanouit dans un contexte de difficultés constantes, tant intérieures qu’extérieures, auxquelles il fait face en recourant le plus souvent à des mesures énergiques, quand elles ne sont pas empreintes d’une brutalité terrifiante.

5Ces dispositions ont conduit certains historiens, illusionnés par la construction politique augustéenne et la période antonine qui aurait été un âge d’or, à qualifier l’empire tardif d’autoritaire. Or, nous le savons maintenant, rien n’est sans doute plus erroné.

6Ce que, en réalité, dans le domaine du droit public auquel nous nous tiendrons ici, les lois du Code révèlent, ce n’est pas un régime totalitaire, foulant au pied la liberté des individus, corsetant la société dans un étau de dispositions de plus en plus strictes, en un mot l’établissement d’une impitoyable machine à broyer les hommes et portant nom de bureaucratie, mais ce sont les efforts soutenus d’un pouvoir soucieux de faire prévaloir, sur les intérêts privés, l’utilitas publica. En un mot, de chercher à construire un État de droit.

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