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La Côte d’Opale en guerre d’Algérie 1954-1962

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Marc Coppin

Partie IV : Liens, Traces et mémoires

Des liens économiques qui se distendent

Texte intégral

  • 1 Formule du général de Gaulle, Discours sur l’autodétermination de l’Algérie, 16 septembre 1959.

1En considérant la France de « Dunkerque à Tamanrasset »1, la Côte d’Opale est la partie de l’hexagone la plus éloignée des départements algériens. Pourtant les liens économiques ou de solidarité sont nombreux. Le coût de la guerre et l’indépendance de l’Algérie ont des répercussions sur la vie économique locale, en grande partie centrée sur les trois ports de Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer. Comment la population ressent-elle le poids du conflit au quotidien ? Le maintien de liens de dépendance est-il vital pour l’économie locale ? Les liaisons maritimes, les trafics, sont-ils nombreux entre l’Algérie et la Côte d’Opale ? Les liens économiques avec l’Algérie perdurent-ils au-delà de juillet 1962 ?

Les difficultés économiques liées à la guerre

Le ressenti

  • 2 Ageron c.r., « L’opinion française à travers les sondages », in Rioux J.P., (dir.), La guerre d’Alg (...)
  • 3 Nord Littoral, 6 septembre 1957 p. 4, rubrique : « Nos lecteurs ont la parole ».

2Le ressenti de la guerre par les populations est avant tout lié au sentiment de vie chère. La guerre est très vite perçue comme un coût supplémentaire pour l’économie nationale, une charge pesant sur les ménages et donc sur la consommation. La France entre alors dans la période des Trente Glorieuses et les Français aspirent à consommer. La guerre d’Algérie est un frein à cette aspiration, ce qui engendre un sentiment de frustration. Dès juillet 1956, 51 % des Français désapprouvent le surcroît d’impôts pour financer « les dépenses d’Algérie », et 48 % disent refuser personnellement de payer des impôts supplémentaires pour la pacification2. Non seulement la guerre est impopulaire, mais il faut en plus payer pour aller la faire, s’indigne un lecteur de Nord Littoral, scandalisé que les soldats incorporés en AFN aient à payer le quart de place pour leurs voyages, aller comme retour, de Marseille à Calais3 ! Les appelés de la Côte d’Opale sont particulièrement désavantagés, eux qui habitent au plus loin du principal centre d’embarquement pour l’Algérie.

  • 4 Nord Littoral, 20 avril 1958 p. 2.

3La mort des premiers soldats amplifie le ressentiment de la population. En avril 1958, trois appelés du contingent originaires de Calais décèdent en quelques jours, déclenchant la colère de 22 familles du quartier populaire du Petit-Courgain qui adressent une lettre au député-maire de leur ville et à Nord Littoral. « Nous pensons que nos enfants n’ont pas été élevés jusqu’à 20 ans pour se faire tuer dans une guerre qui dure depuis 4 ans et qui risque de durer autant que la guerre d’Indochine. Quoiqu’il arrive, cela ne nous donnera certainement pas des conditions de vie meilleures et nos garçons auront donné leur vie pour rien ».4 L’idée de sacrifice pour la patrie est ici associée à celle de lutte pour un mieux-être économique : se battre oui, mais pour vivre mieux.

  • 5 Nord Littoral, 15 mai 1958, p. 3.

4Lorsqu’éclate la crise du 13 mai 1958 à Alger, Nord Littoral interroge le « Calaisien moyen »5. Une ménagère, mère de trois enfants : « Que se passet-il là-bas ? J’avoue ne pas très bien comprendre. Je sais seulement que nous, les ménagères, ne parvenons plus à joindre les deux bouts. Tout augmente. Pourtant on apprend à l’école que la France est un pays riche ». Un électricien de 29 ans d’ajouter : « Je sais cependant une chose : l’homme de la rue en a assez. La situation économique se pourrit de plus en plus ». Méconnaissance, ou manque d’intérêt, même au bout de quatre ans, pour la situation militaire et les enjeux politiques du conflit. Les considérations économiques occupent toujours la première place des préoccupations quotidiennes des ménagères, des mères de famille. Le Journal de Montreuil, dans son éditorial du 1er juin 1958, parle de la satisfaction des consommateurs à l’issue de la crise : « Le trafic maritime allait reprendre avec l’Algérie et permettre aux Parisiens de trouver bientôt des pommes de terre » !

5Tant qu’une famille n’a pas été endeuillée par le décès cruel d’un jeune appelé, elle n’observe les événements d’Algérie qu’à travers le prisme de son pouvoir d’achat. Le consommateur est celui qui ressent le premier le conflit.

  • 6 Courant d’idée qui, à la fin des années 1950 en France, estimait que les colonies coûtaient trop ch (...)
  • 7 Le traité de Rome du 25 mars 1957 crée la Communauté Économique Européenne dont le but est d’établi (...)

6Il n’y a pas que dans les classes populaires que les considérations économiques priment sur les considérations politiques ou nationalistes. Le cartiérisme6 influence des fractions de plus en plus larges de l’opinion de droite, notamment chez les commerçants et dirigeants de PME qui réfléchissent à leur sort par analogie avec les Français d’Algérie. Comme eux, ils risquent de payer les dégâts du progrès et s’inquiètent donc des dépenses grandissantes liées au conflit. L’argent « gaspillé » en Algérie aurait pu servir à la modernisation économique, industrielle de la France, notamment celle des petites structures menacées par la rapidité des progrès techniques pendant les Trente Glorieuses, et par l’ouverture des marchés avec le Traité de Rome de 19577.

  • 8 Hilaire Y.M. (dir.), Histoire du Nord-Pas-de-Calais de 1900 à nos jours, éditions Privat, Toulouse, (...)
  • 9 Les Cahiers d’histoire sociale de l’Institut CGT, no 79, septembre 2001, p. 5-10.
  • 10 Nord Littoral, 26 octobre 1957, p. 2 ; 22 mars 1959, p. 3 ; 28 avril 1960, p. 3.
  • 11 Nord Littoral 29 avril 1960 p. 5.
  • 12 Nord Littoral, 26 août 1961, p. 5.

7Partis politiques de gauche et syndicats exploitent ce ressentiment. La politique économique gouvernementale permet au Parti communiste dès la fin de l’année 1957 d’utiliser une situation qui se dégrade et de combattre « Gaillard la misère »8. Selon la CGT, celle-ci est contraire à l’intérêt de la France et des travailleurs qui en supportent le lourd fardeau9. Les grèves revendicatives soutenues par le syndicat font fréquemment référence au coût du conflit : « drame algérien qui coûte 2 milliards par jour, engendre la hausse des prix, des deuils, la misère et le blocage des salaires » ; « il faut arrêter la guerre d’Algérie préjudiciable à l’expansion économique et industrielle » ; « Elle aggrave les deuils et la misère, entretient les germes du fascisme, accroît les charges qui pèsent sur les travailleurs […] le budget militaire augmente d’année en année, entraînant en conséquence l’augmentation des impôts payés par le peuple10 ». Ces mots d’ordre sont repris par la plupart des syndicats, en particulier pour la préparation du 1er mai, où s’instaure parfois une unité qui ne se trouve guère que dans les manifestations de défense de la République et de ses valeurs. Lors d’une réunion préparatoire à la Bourse du Travail de Calais, la Ligue des droits de l’homme, le Parti communiste français, l’Union des gauches socialistes, le Parti socialiste autonome, la Confédération générale du travail, le Syndicat national des instituteurs, le Syndicat national de l’enseignement secondaire, le Syndicat national de l’enseignement technique, la Libre Pensée, le Mouvement de la Paix et le Grand Orient de France, votent une résolution commune appelée « Paix en Algérie »11. Les organisations dont le nom précède « […] estiment qu’il est urgent de mettre fin à la guerre d’Algérie, guerre meurtrière, ruineuse et inutile, alors que la France manque d’école, d’hôpitaux, de logements […] ». Et lorsque le Parti socialiste unifié s’élève contre l’augmentation des impôts à l’été 1961, il résume assez bien les aspirations de la population du littoral : « Le peuple a assez payé. Il veut la paix et le bien-être que de Gaulle avait promis »12.

8Les difficultés économiques inquiètent également les milieux professionnels : les rapports des chambres de commerce et d’industrie, quand elles osent s’affranchir de la règle imposée par la loi de ne pas intervenir dans ce domaine, en apportent la preuve. À l’ouverture d’une séance de la CCI de Boulogne-sur-Mer, en octobre 1955, M. Sarraz-Bournet, président, déclare :

  • 13 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Boulogne-sur-Mer, 7 octobre 1955.

Notre inquiétude sur le plan de l’Union Française, de l’Afrique du Nord en particulier, où doivent être défendus les industries et les commerces créés en ces lieux par notre Pays et où l’industrie et le commerce de la Métropole possèdent des débouchés indispensables, trouve également sa raison d’être dans la situation intérieure sociale et économique […] Faut-il rappeler, pour illustrer ces pénibles constatations, des problèmes tels que ceux de l’alcool, de la sécurité sociale13.

9Le mot Algérie n’est pas prononcé, car le Maroc et la Tunisie sont encore, à cette date, des protectorats français, et c’est plus globalement la situation de toute l’Afrique du Nord française qui est évoquée. M. Sarraz-Bournet ne croit visiblement pas à la capacité du pouvoir politique à résoudre les difficultés économiques. L’instabilité ministérielle qu’il dénonce lui fait craindre la perte de débouchés pour les entreprises et les industries françaises. Oser déroger ainsi à la règle de neutralité en matière politique, laisse supposer que le président de la Chambre consulaire de Boulogne éprouve des inquiétudes réelles pour les activités industrielles et commerciales de la région.

La réalité

  • 14 Selon l’expression de J. Marseille.

10Le sentiment de vie chère ressenti par la population du littoral correspond-il à une réalité économique ? Guerre sans nom, la guerre d’Algérie aura-t-elle été, aussi, une guerre sans coût ? Boulet colonial14, ou guerre supportable pour l’économie française ?

  • 15 Les chiffres et les citations qui suivent sont tirés de l’article de D. Lefeuvre, op. cit.

11Jusqu’aux décrets d’août 1955, le financement du conflit est assuré pour l’essentiel par le redéploiement d’effectifs stationnés en métropole ou en Allemagne. En janvier 1956, le rétablissement de l’ordre en Algérie exigeait au maximum 110 milliards de dépenses supplémentaires. Mais, dès juin, un rapport les évalue désormais à 280 milliards15. Lors de la préparation du budget 1957, ces dépenses évoluent dans une fourchette allant de 310 à 360 milliards. En l’absence de chiffres officiels, comment s’étonner de rester dans le domaine du supposé, du ressenti, en interrogeant les populations sur le coût de la guerre au quotidien ?

  • 16 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 26 octobre 1956, p. 12.
  • 17 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Boulogne-sur-Mer, 10 mai 1957.

12Localement, à quelle réalité sont confrontés les trois grands ports du littoral ? À la fin de l’année 1956, la CCI de Calais se plaint du refus du secrétariat d’État aux Travaux publics d’ouvrir la ligne Bruxelles-Calais à la SABENA, compagnie aérienne belge16. Le président de la CCI estime qu’il s’agit d’une mauvaise décision « au moment où, en raison des événements d’Afrique du Nord, elles ont à faire face à un surcroît de difficultés ». Il reconnaît cependant que l’aéroport de Calais-Marck est en pleine croissance. Une autre difficulté rencontrée tient à la pénurie de salariés du fait du service militaire prolongé. Une main-d’œuvre plus rare est plus chère, et la CCI de Boulogne-sur-Mer se plaint de hausses de salaire supérieures aux taux des conventions collectives et réclame une politique d’immigration pour pallier cette pénurie17. Les colonies sont vues comme pourvoyeuses de main-d’œuvre, donc utiles à l’économie locale.

Des difficultés mais des liens de solidarité entre la Côte d’Opale et l’Algérie

  • 18 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 26 février 1960.

13La solidarité entre la Côte d’Opale et l’Algérie, ou du moins envers les soldats français présents en Algérie ou les Algériens sur le sol national, s’exprime à travers des dons aux associations caritatives, des aides, des secours. Dunkerque est l’agglomération du littoral où la main-d’œuvre d’origine nord-africaine est la plus nombreuse, en raison notamment de la création d’un grand complexe sidérurgique grâce à l’action de Paul Reynaud. Avec le conflit qui s’éternise, les autorités de l’État s’inquiètent de l’adaptation des familles musulmanes aux conditions de vie du Nord18. M. le Préfet expose

combien il serait souhaitable qu’un climat de compréhension entre les autochtones et les immigrants appelés à vivre ensemble soit établi et que, très spécialement, un effort soit fait en vue de l’adaptation des immigrés […] que des cités provisoires de transit puissent être créées dans la région où les musulmans jouiraient de conditions de confort correctes et paieraient des loyers normaux. Les ménages pourraient être suivis par le Comité local de la Croix Rouge qui vient de créer une section à cette fin ; le relogement définitif de ces ménages pourrait alors intervenir après quelques temps de logement dans cette cité.

  • 19 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 22 décembre 1960.

14La Société dunkerquoise de Sidérurgie fait savoir que des contacts ont déjà été pris avec diverses organisations spécialisées, et l’Assemblée consulaire se dit prête à aider à la recherche de terrains pour bâtir la cité. À la fin de la même année une subvention de 500 NF est accordée au Comité dunkerquois de la Croix-Rouge, pour son aide en faveur de la main-d’œuvre algérienne19.

15Solidarité, subventions, parrainage, propagande en faveur de l’œuvre française en Algérie, sont les politiques choisies par les CCI des grands ports du littoral, ports dont l’activité est affectée par l’évolution du conflit.

Lignes commerciales et ports à travers le conflit

Les échanges entre la Côte d’Opale et l’Algérie

16Pour certaines industries locales, le pacte colonial a du bon. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale – et rien ne permet d’imaginer que la situation ait évolué avant l’annonce du plan de Constantine en 1958 – M. Durand, président des Verreries Cristalleries d’Arques, évoque la concurrence des industries nord-africaines.

  • 20 Archives Saint-Gobain, HIST 00001/003, dossier « opposition à VAN », cité par Lefeuvre D., Chère Al (...)

Les usines en France ont toujours été à même de livrer suffisamment de verre à l’Afrique du Nord : lui-même consacre actuellement 50 tonnes de sa production à l’Afrique du Nord et pourrait réserver 200 tonnes à lui tout seul tous les mois pour peu que le gouverneur général de l’Algérie lui facilite l’augmentation de son contingent de charbon [...] Il demande qu’aucun appui ne soit accordé aux Verreries [d’Afrique du Nord], qu’aucun accord financier ne soit signé et que toutes les facilités soient données aux producteurs français pour introduire la verrerie en Algérie20.

17Le marché nord-africain est également évoqué dans une lettre à la Direction générale des filiales Saint-Gobain, le 7 décembre 1945 :

  • 21 Idem.

Notre situation géographique tout au nord de la France nous rend les expéditions coûteuses dans le midi, par contre, la proximité des ports de Dunkerque et d’Anvers nous place très favorablement pour les expéditions en Afrique du Nord. C’est pourquoi nous y avons organisé, depuis plus de dix ans, un service commercial très développé [...] L’installation de la Verrerie d’Oran menace de jeter bas cet organisme de vente en le rendant non viable21.

18L’Algérie est ici clairement perçue comme une zone de débouchés économiques pour les industries métropolitaines, et il semble inconcevable de chercher à développer sur place des activités qui viendraient concurrencer les productions nationales.

19Le même réflexe protectionniste se retrouve dans la sidérurgie. En 1956, Usinor commence la construction d’un énorme complexe sidérurgique près de Dunkerque, capable de produire 500 000 tonnes par an.

  • 22 AN, 62 AS 100, Lorraine-Escaut, Sidelor, Usinor, Sacilor, considérations commerciales, 20 février 1 (...)

Essentiellement destinée à fabriquer des produits plats, la Société dunkerquoise de sidérurgie se présentait donc comme une rivale de la Société bônoise de sidérurgie, d’autant que sa situation géographique ne la plaçait pas plus mal que Bône pour servir Alger et Oran, le fret entre Dunkerque et ces deux villes étant équivalent à celui supporté par les produits venant de Bône. Le général de Gaulle, ayant perçu ce danger, demanda, en vain, la mise en suspens de l’usine de Dunkerque22.

  • 23 Industrie cotonnière française, avril 1956, Rapport du Syndicat général des industries cotonnières (...)

20Et les exemples pourraient se multiplier. Dès les premiers mois de la guerre d’Algérie, le syndicat patronal des industries cotonnières, représentant entre autres de nombreuses entreprises du Nord-Pas-de-Calais, déclare avoir sa « pensée toute entière fixée sur la lutte qui se déroule en Algérie et dont dépend, pour notre industrie, la conservation non seulement de cette partie intégrante du marché national, mais sans doute, et à plus ou moins brève échéance, de tous nos débouchés d’outre-mer » ? Avant de poursuivre, en juin 1960 : « Quand l’enjeu est encore de 15 % d’une production on doit s’acharner à lutter23. »

21Quelle est la part des ports du littoral de la Côte d’Opale dans ces échanges ?

Les ports de Dunkerque et Calais

L’exemple de Dunkerque

  • 24 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 24 mars 1961.
  • 25 Idem, 24 novembre 1961.
  • 26 Idem, 23 décembre 1954.

22Les échanges entre l’Afrique du Nord et Dunkerque portent essentiellement sur le vin, les fruits et les primeurs. Ces derniers sont en provenance du Maroc mais les procès-verbaux de la CCI ne donnent guère de précision sur l’importance du trafic, si ce n’est mention d’une reprise des échanges au printemps 196124. Le Maroc est également pourvoyeur de vin, 100 à 150 000 hectolitres par an, détournés des ports de Sète et Boulogne-sur-Mer depuis octobre 195925. Contrairement au trafic d’Algérie, dont les 2/3 arrivants à Dunkerque sont déchargés directement sur les moyens de transport, la quasi-totalité des vins du Maroc passe par le chai. Ces grosses quantités de vins du Maroc viennent étayer le trafic des vins d’Algérie dont les quantités entrées en chai sont en baisse. Les frets sont fixés entre la Région économique d’Algérie et la métropole. Le trafic est ancien. Dès la fin de l’année 1954, la CCI se plaint de la concurrence du port de Rouen, moins onéreux26. Dans ses délibérations du 30 mars 1962, la Chambre consulaire dunkerquoise trace l’évolution du trafic de vin à Dunkerque qui se plaint de la concurrence ancienne de Boulogne et nouvelle de Calais. Le port de Dunkerque est en diminution continue depuis 1956 en proportion du trafic total français.

Doc. 37 : Place de Dunkerque par rapport aux importations françaises de vin d’AFN (en %)

Doc. 37 : Place de Dunkerque par rapport aux importations françaises de vin d’AFN (en %)

Source : Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 30 mars 1962.

  • 27 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 23 juillet 1959.

23La plupart des marchandises en provenance de l’Algérie, le vin notamment, est transportée par Société algérienne de navigation Charles Schiaffino et Cie, du nom du président de la Chambre de commerce d’Alger et de la Région économique d’Algérie et sénateur du département d’Alger. La Cie Worms représente à Dunkerque cette société et dispose d’une priorité d’accostage sur le quai Freycinet IX Nord27.

  • 28 Idem, 27 février 1959.
  • 29 Nord Littoral, 17 mai 1958, p. 3.
  • 30 Idem.

24Les archives ne livrent que peu d’éléments sur les échanges de Dunkerque vers l’Algérie. Seul un important trafic de pommes de terre, produit phare de l’économie du Nord-Pas-de-Calais, est mentionné au début de l’année 195928. L’activité du port de Dunkerque est sensible aux difficultés économiques liées au conflit algérien, car la colonie est perçue comme « source essentielle de l’activité commerciale du port »29. La ligne commerciale est ainsi perturbée lors de la crise du 13 mai 1958 et deux vapeurs doivent demeurer à quai30. L’un d’eux, le « Cap Cantin », habituellement affecté à la ligne d’Algérie, entreprend pour la première fois un voyage au long cours, à destination du Brésil où il doit prendre en charge une cargaison de vin pour la France. Il s’agit cependant là d’un programme d’importation établi antérieurement aux événements nord-africains, conséquence de l’arrachage « irraisonné » de vignes dans le Midi.

  • 31 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 28 juillet 1961.

25Le port de Dunkerque est également sensible à l’activisme algérien, important dans le nord de la France. Le coût de la vie augmente, déclenchant des mouvements populaires et les attentats du FLN se multiplient. C’est pourquoi le président de la CCI rappelle que « depuis 1958, la Chambre de Commerce est garantie jusqu’à concurrence de 1 600 000 NF par la Mutuelle du Commerce et de l’Industrie contre les risques de grèves, émeutes et mouvements populaires et se trouve ainsi, dans une certaine mesure, couverte contre les attentats visant à endommager l’outillage public »31.

  • 32 Selon le constructeur automobile Paul Berliet, cité par Lefeuvre D., Chère Algérie, La France et sa (...)

26Quelle est l’importance de Dunkerque dans le trafic des principaux ports français ? Quelques éléments statistiques sont fournis par les archives de la CCI dans ses délibérations du 30 novembre 1962, soit après l’indépendance des départements algériens, en comparant le trafic du mois de juillet 1962 avec celui de juillet 1961. Le port de Dunkerque se classe à la 3e ou 4e place du trafic national pour les importations, loin derrière Marseille et Le Havre. Celui-ci est le premier grand port pour le trafic atlantique et donc pour les échanges en provenance de l’Amérique du Nord. Le port de Marseille reçoit lui l’essentiel du trafic méditerranéen, en particulier celui en provenance des ports algériens. Jusqu’à la mise en place du Marché commun européen, le port de Dunkerque a bénéficié d’un avantage : « le mille marin est quatre fois plus cher au départ de Marseille qu’au départ de Dunkerque »32.

  • 33 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 30 novembre 1962.

27Au début de l’année 1962, le trafic avec l’Algérie est indispensable au port de Dunkerque. Cela représente pour le mois de janvier un quart des marchandises entrantes et presque autant des marchandises sortantes. Avec 22 %, les importations d’hydrocarbures du Golfe Persique occupent une place importante dans les entrées. Au troisième rang se trouve la France, ce qui révèle l’importance du cabotage. La navigation marchande le long des côtes permet d’amener à Dunkerque les produits du sud et de l’ouest de la France. Les transports routiers et autoroutiers n’occupent alors pas la place prépondérante qui est la leur aujourd’hui. Mais déjà l’Europe occupe une place de choix avec 44 % des destinations33.

L’exemple du port de Calais

  • 34 Nord Littoral, 8 septembre 1957, p. 3.

28Calais entretient depuis plus d’un siècle de fréquentes relations avec les ports de la « France africaine », aussi bien le Maroc que l’Algérie proprement dite34. Les relations sont même qualifiées d’excellentes selon le journal qui a rédigé un court historique :

Sur les registres, rangés dans les archives des Ponts et Chaussées, sur lesquels depuis plus d’un siècle sont consignés, jour après jour, les mouvements du port de Calais […] on trouvait déjà chaque semaine, en 1875, l’entrée de quelques navires à vapeur ou à voiles apportant d’Algérie des minerais, des vins, des phosphates ou des fruits et légumes, raisins, oranges, tomates. Ces relations commerciales […] se sont développées d’une façon surprenante peu après l’inauguration du bassin Carnot. Pas une semaine ne se passa sans que deux ou trois gros cargos n’entrassent au bassin avec une dizaine de milliers de tonnes de minerai de fer, de manganèse ou de phosphate. Ces bonnes relations devaient se concrétiser le jeudi 16 juin 1932 au cours d’une réception organisée à la Chambre de Commerce […] Y avaient été conviés les maires et les présidents des Chambres de Commerce, d’Alger, de Casablanca, de Marseille et des représentants d’Oran, de Philippeville, des ingénieurs et directeurs des ports nord-africains auxquels s’étaient joints ceux de Marseille et les directeurs des Compagnies de chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée et du Nord ainsi que des chemins de fer algériens et marocains […] On sait aussi que des représentants de la Chambre de Commerce sont allés faire, ces dernières années, un voyage d’études et de propagande en Afrique du Nord pour intensifier les relations commerciales, importations de fruits en particulier.

  • 35 Nord Littoral, 17 mai 1958, p. 3.

29C’est, selon le quotidien, une raison pour que « les Calaisiens s’intéressent d’une façon spéciale à une prompte et heureuse solution du différent créé par la pacification de l’Algérois ». Et dès les débuts de la crise de mai 1958, Nord Littoral s’inquiète des conséquences des « événements d’Algérie » aux ports de Calais35, car la colonie est grosse pourvoyeuse de minerais.

  • 36 Nord Littoral, 8 septembre 1960, p. 2.

30L’inquiétude laisse la place à l’été 1960 à l’espoir, car une nouvelle ligne maritime régulière est en passe de se créer entre Calais et l’Afrique du Nord36. C’est la Société Navale Caennaise qui est à l’origine de cette initiative. Un hangar, situé quai de la Loire, abrite plusieurs cuves récemment arrivées. Ce chai à vin est susceptible de contenir 10 000 hectolitres. Il est ensuite prévu d’aménager le « magasin destiné à entreposer les produits les plus divers nous arrivant d’Afrique du Nord et plus particulièrement d’Algérie ». Le vin n’est donc pas la seule denrée attendue, même si elle constitue l’essentiel de trafic de la nouvelle ligne maritime dont Calais prend la tête.

  • 37 Nord Littoral, 14 septembre 1960.
  • 38 Nord Littoral, 19 février 1961, p. 4.

31La Société Navale Caennaise possède une flotte d’environ 65 cargos, et c’est l’un d’entre eux, le « Daphné », qui est choisi pour inaugurer la nouvelle ligne le 20 octobre 196037. Le « Daphné » n’est pas un inconnu pour les Calaisiens. Il vient à date régulière, soit avec du minéral en provenance d’Algérie, soit sur lest pour changer des marchandises diverses38. M. Girault, directeur de la Société Navale Caennaise, présente les caractéristiques du trafic de base : dans le sens Calais – AFN, les sucres (600 tonnes pour le premier chargement) ; dans le sens AFN – Calais, les vins. Mais il « n’exclut pas […] d’ouvrir la nouvelle ligne à des marchandises diverses ». Cela amène la création de la Société Calaisienne de Navigation et l’implantation, au quai de la Loire, de la Société de Gérance et de Navigation qui est chargée de la manutention. Un seul fondé de pouvoir à Calais, pour les deux : M. Mulac. C’est Charles Ravisse, Président de la CCI de Calais le 12 juin 1961 à la mort de M. Vermeulen, qui occupe le poste de gérant de la nouvelle Société Calaisienne de Navigation.

32Pourquoi la SNC a-t-elle choisi Calais comme tête de sa nouvelle ligne maritime ? Plusieurs raisons sont avancées par Robert Lassus, journaliste de Nord Littoral :

  • 39 Nord Littoral, 15 février 1961, p. 4..

La première : parce que le port de Calais est, avant tout, un port « bon marché ».
La seconde : parce que le port de Calais, en dépit de l’importance de son trafic, est capable de mettre terre-pleins et hangars à la disposition d’une nouvelle clientèle.
3) (sic) Parce que la SNC a voulu participer au développement d’un port qui, dans le passé, a pu souffrir de la proximité des « grands »39.
La Chambre de Commerce et les Ponts et Chaussées Maritimes de Calais […] ont facilité la tâche de la SNC […] La première étape porte sur la création d’un chai à vin de 10 000 hectolitres, correspondant aux besoins locaux et régionaux.

  • 40 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 28 octobre 1960.

33La CCI a en effet satisfait les demandes qui lui avaient été présentées pour la création d’un chai à vin, dans une partie du hangar de la Loire pratiquement inutilisée depuis très longtemps. Elle a étudié, avec les autorités portuaires, la demande présentée par la Société Navale Caennaise, pour réaliser l’extension, à Calais, de la ligne régulière qu’elle assure déjà entre les ports de l’Ouest et les ports d’Afrique du Nord. Selon ces délibérations, le navire de la S.N.C. a chargé quelque 1 400 tonnes de marchandises à destination des ports d’Algérie, soit bien plus que les 600 tonnes avancées par Nord Littoral40.

 

  • 41 Ibidem.

34La création de cette nouvelle ligne maritime est assurément bien accueillie, à lire la presse locale ou les délibérations de la CCI de Calais. Ainsi M. Muchery, membre correspondant de la Chambre, fait connaître que « le négoce en gros des vins de la circonscription se réjouit de l’implantation, à Calais, d’un trafic maritime d’importation de vins d’Afrique du Nord41 ». Mais une certaine inquiétude est perceptible lorsqu’il ajoute que : « toutefois, il aimerait avoir l’assurance, dès maintenant, que ce trafic ne constituera pas une concurrence au commerce calaisien et qu’en particulier les sorties de vins se feront acquis et non sous congés, et que les installations en cours ne comprendront pas, ultérieurement, de station d’embouteillage ». La réjouissance trouve ses limites, dès lors que ce nouveau trafic pourrait s’avérer concurrentiel, sur le plan de la fiscalité ou de l’activité commerciale. Il est visiblement souhaité que le vin algérien soit réexporté, ou à tout le moins réexpédié loin de Calais, pour ne pas affecter le négoce local.

  • 42 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 25 novembre 1960.
  • 43 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 25 novembre 1960.

35Hormis cet accueil mesuré, le succès est là. Dès le mois de novembre de la même année, la Société Navale Caennaise et l’Armement Schiaffino envisagent l’importation par Calais de vins en vrac, qui devront donc être refoulés par pipe-line du navire, dans des citernes, qui seront, soit installées dans le hangar, soit portées sur wagons, camions ou péniches42. La Chambre est en pourparlers avec la Société Algérienne de Navigation Charles Schiaffino et Cie, à qui il a été demandé de préciser ses intentions et les garanties qu’elle est disposée à donner, afin que « la chambre puisse examiner les moyens à mettre en œuvre pour lui donner satisfaction et lui permettre de développer ses activités maritimes à Calais ». Le désir de la Chambre de Commerce est bien de tout faire pour faciliter l’implantation de cet armement à Calais. Le Président de la CCI a du reste rencontré Laurent Schiaffino, à la réunion de l’Assemblée des Présidents, le 15 novembre. Le désir est peut-être celui de concurrencer le port de Dunkerque car M. Schiaffino a déclaré qu’il comptait venir à Calais, « se rendre compte personnellement des possibilités », à l’occasion d’un voyage à Dunkerque43.

  • 44 Nord Littoral, 19 février 1961, p. 4.

36Le premier transport de vin d’Algérie à destination du chai calaisien a lieu le 19 février 1961. 600 hectolitres de vin rouge et rosé sont sortis des cales du « Daphné »44. Après avoir fait escale à Caen, où il avait déchargé une partie de son fret, le cargo de la SNC est arrivé à Calais, permettant la mise en route du chai récemment installé. Grâce à un système de pompes aspirantes et refoulantes, tout se passe sans main-d’œuvre. Le vin est directement tiré des cales du navire et dirigé vers la cuve qui lui est destinée par des canalisations. Une série de vannes permet la répartition dans les différentes parties du chai. Le vin peut ensuite être réexpédié par wagons-citernes ou camions-citernes selon les besoins des importateurs. Pour son voyage retour, le « Daphné » charge au port de Calais du lait en poudre, ainsi que des marchandises diverses, dont une chaudière, le tout à destination des ports algériens. Comme pour le voyage aller, il est prévu une escale à Caen pour compléter le chargement.

  • 45 Idem.
  • 46 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 28 avril 1961.
  • 47 Nord Littoral, 21 septembre 1961, p. 2.

37À la date de ce premier arrivage, il ne fait plus guère de doute que l’indépendance est proche. Mais cela ne vient pas entacher l’optimisme des administrateurs de la Société Navale Caennaise qui, malgré le léger ralentissement du trafic en raison des circonstances, espèrent amplifier les importations et exportations par le port de Calais, au cours des prochains mois45. La Chambre de commerce échange encore, en avril 1961, une correspondance avec la Société algérienne de Navigation Charles Schiaffino et Cie, au sujet de la création éventuelle d’un nouveau trafic à Calais46. Cet optimisme semble compréhensible, car l’évolution du conflit n’empêche en rien les trafics de se poursuivre et de se diversifier, à tout le moins dans le sens Calais – Algérie. En septembre 1961, le journal Nord Littoral évoque un transport de 3 000 de tonnes de blé pour l’Algérie47. C’est un cargo de la Société Marine Nationale, le « Courrières », qui est venu s’accoster quai de la Loire, au bassin Carnot, charger le contenu de treize péniches. Il s’agit de la troisième étape d’un nouveau trafic, après les voyages du cargo « Algérie », le 1er juillet et du cargo « Penvern », fin août. Le blé est destiné à Philippeville : il représente un capital approximatif de 120 millions d’anciens francs. Les chargeurs sont représentés par la Maison Beaugrand-Coppée, l’entrepreneur maritime est M. Étienne Denquin, et le courtier maritime est M. Claude Foissey.

  • 48 Nord Littoral, 4 janvier 1962, p. 4.

38En janvier 1962, le trafic Calais – Afrique du Nord continue. La Société de Gérance et de Navigation s’occupe de transport de marchandises diverses par le port de Calais, tandis que la Société Caennaise en assure toujours l’acheminement vers les ports de l’Afrique du Nord48. Un chargement de tonnes de poudre « Vim » (poudre à nettoyer) a eu lieu dans des cartons dont les inscriptions étaient en langue arabe, ainsi que du sucre, du fil de fer, et même des cabines isothermes. « Ce nouveau trafic du port de Calais ira sûrement en s’emplifiant (sic), pour une plus grande prospérité de notre ville ». Bel optimisme.

Les liens économiques dans la durée

Les acteurs économiques rapatriés

  • 49 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 25 mai 1962.
  • 50 Idem.

39Avec la signature des accords d’Évian en mars 1962, il apparaît clairement qu’il faut s’attendre à un départ des Français d’Algérie, et donc à un reclassement en métropole d’un grand nombre de personnels. Les Chambres de commerce en ont conscience. Lors de l’Assemblée des présidents, au mois de mai, Monsieur Schiaffino, Président de la Région Economique d’Algérie, « a évoqué, de façon émouvante, la situation difficile des Français d’Algérie, qui risquent d’être contraints, par les circonstances, à un retour massif et plus rapide que prévu, en Métropole »49. L’Assemblée prend aussitôt diverses dispositions pour faciliter le reclassement du personnel des Chambres de Commerce d’Algérie, et « participer à la Solidarité Nationale qui devra se manifester, en cas de reflux massif des Français d’Algérie ». Les compagnies consulaires d’Algérie doivent faire connaître leurs besoins. Localement, Charles Ravisse, Président de la CCI de Calais, demande que ceux de ses collègues qui seraient susceptibles d’offrir des emplois le fassent connaître à la Chambre de Commerce de Paris, Service des Réfugiés, qui a visiblement été chargée de centraliser les offres50.

  • 51 Annexe au procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 29 juin 1962.

40Une association entre toutes les régions économiques voit le jour pour étudier le « douloureux problème » et faciliter le reclassement du personnel des Chambres de Commerce et d’Industrie d’Algérie51. L’ordonnance du 11 avril 1962 prévoit en effet le reclassement des agents permanents des différents Services publics d’Algérie dans les services analogues de la métropole. Elle n’exclut d’ailleurs pas leur placement dans les industries privées et a prévu la possibilité de régler la question par accord avec les pouvoirs publics.

  • 52 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 28 juin 1962.

Chacune des régions économiques versera une cotisation de 1.000 nouveaux francs, à titre de participation au fonctionnement administratif de cette Association ; celle-ci sera chargée du règlement, aux personnels repliés, de leur rémunération d’origine jusqu’à la conclusion des accords de reclassement, cette rémunération étant prise en charge par les Pouvoirs Publics et versée par le Ministère de l’Industrie. Un fonds de soutien sera constitué en vue de l’octroi de secours et pour prise en charge éventuelle de certaines rémunérations entre l’époque de l’accord de reclassement et celui du reclassement effectif des agents.
Ce fonds de soutien s’élèverait à :
– pour le personnel administratif (200 personnes) : 200.000 NF
– pour le personnel des Services concédés (150 personnes) : 150.000 NF52.

  • 53 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 27 juillet 1962.

41La CCI de Dunkerque a déjà accueilli deux agents rapatriés qui ont été embauchés dans ses services. Des centres d’accueil sont prévus dans les différentes villes de France et notamment à Dunkerque, mais les repliés d’Algérie étant fort peu nombreux dans la région, le sous-préfet a indiqué que ladite création ne serait réalisée que si le besoin s’en faisait sentir53. L’accueil et le reclassement des rapatriés ne semblent pas localement trop difficiles.

  • 54 Nord Littoral, rubrique « Sous les toits de Calais », 12 juillet 1962, p. 7.
  • 55 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 26 octobre 1962.

42D’autant plus que l’Union Patronale Interprofessionnelle facilite leur insertion en participant aux opérations de reclassement des rapatriés d’Afrique du Nord : « Les entreprises qui manquent de personnel qualifié sont invitées à s’adresser à l’UPI qui transmettra immédiatement leurs propositions dans les différentes zones d’accueil »54. De la même façon, les représentants des Chambres de Commerce aéronautiques se préoccupent du reclassement des personnels des aéroports algériens, et l’Union des Chambres de Commerce maritimes a mis en place un projet de convention pour le reclassement des personnels d’outillages publics des Ports Algériens, dans les services analogues de la Métropole55. Cela n’est pas toujours simple.

  • 56 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 30 novembre 1962.

L’Union des Chambres de Commerce Maritimes et des Ports Français a également poursuivi l’examen des questions posées par le reclassement en Métropole du personnel des services d’outillage public des Chambres de Commerce Maritimes d’Algérie. Soucieuse de favoriser leur emploi en Métropole dans des conditions économiques aussi favorables que possible, elle s’est étonnée que les arrêtés d’application du décret du 9 août 1962, arrêtés nécessaires au règlement de toutes les questions posées par le reclassement, n’aient pas encore été publiés56.

43Malgré – ou à cause – de ces retards administratifs, le reclassement en métropole des personnels reste une préoccupation pour les Chambres de Commerce jusqu’au printemps 1963, les pouvoirs publics surveillant de près leur action.

Le maintien de liens économiques

  • 57 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 25 janvier 1963.

44À la lecture des procès-verbaux des Chambres de Commerce et d’industries, il apparaît clairement que les flux commerciaux perdurent au-delà de l’indépendance, même si le trafic est orienté à la baisse. Pour Dunkerque, les marchandises générales échangées avec l’Algérie représentent 720 000 t en 1961, 460 000 t en 196257. Le tonnage entré en provenance d’AFN est en décembre 1962, 63 % de ce qu’il était un an auparavant. Les marchandises sorties du port de Dunkerque vers l’AFN ne représentent plus que 74 % du tonnage de l’année précédente. Mais l’Afrique du Nord représente encore 18 % des entrées au port de Dunkerque pour le mois de janvier 1963, et 24 % des sorties. L’Afrique du Nord est la première destination des marchandises sortant du port de Dunkerque, devant même l’Europe du Nord. Malgré l’émancipation de ses colonies, la France continue à commercer avec elles. L’Afrique occidentale francophone est la troisième destination, avec 13 % des marchandises sortantes.

45Qu’en est-il du trafic principal, à savoir l’importation de vin d’Algérie ? En juin 1962 un rapport est lu en Assemblée consulaire :

  • 58 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 28 juin 1962.

Désirant faciliter au maximum le trafic de réexportation de vins vers l’étranger à partir de Dunkerque, la Chambre avait, le 24 novembre 1961, décidé d’allonger de dix à vingt jours pour les vins destinés à l’exportation, le délai de séjour gratuit en chai. Elle avait accepté cette mesure à titre d’essai jusqu’au 30 juin 1962, les résultats sur le trafic devant être alors examinés. Les importations de vins d’Algérie en France ont sensiblement baissé au cours du dernier trimestre 1961 au profit des vins du Maroc, de sorte que ces derniers qui, depuis quelques années, étaient destinés, pour environ 50 %, à la réexportation, furent, de ce fait, expédiés pour une part plus importante pour la consommation intérieure […] Par contre, on constate depuis quelques semaines notamment, un gonflement considérable des expéditions de vins d’Algérie vers la Métropole au détriment des vins du Maroc […] Quant aux vins d’Algérie qui, autrefois, étaient entièrement destinés à la Métropole, il apparaît que, depuis quelques mois, une part certes faible mais allant en s’accroissant est maintenant expédiée vers la Belgique. L’allongement du délai de séjour gratuit facilite, en effet, la mise en rapport des négociants français avec les négociants étrangers. Il leur permet d’accomplir les formalités de douane nécessaires ainsi que les envois d’échantillons58.

46Les Commissions suggèrent à la Chambre, dans ces conditions, d’inscrire dans les tarifs, pour une nouvelle année, cette réduction en faveur des vins destinés à la réexportation. L’Assemblée consulaire accepte cette reconduction, consciente qu’il faut sauver ce trafic pour faire perdurer les liaisons commerciales entre l’Algérie et la métropole.

  • 59 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 29 juin 1962, rapport de M. Beaudel.
  • 60 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 20 mai 1963.

47À Calais aussi, avec la signature des accords d’Évian, la situation évolue. Certains navires de minerais, attendus d’Algérie en mai 1962, arrivent seulement en juin, « par suite des événements »59. Un an plus tard, le florissant trafic de la Société Navale Caennaise, dont il était fait si grand cas, est au ralenti. Cette Société est disposée à remettre à la Chambre de Commerce le tiers Nord du hangar, 28,5 m sur 39,6 m, loué pour les besoins de la ligne régulière exploitée entre Calais et l’Afrique du Nord, dont l’utilisation est assez faible depuis l’indépendance de l’Algérie60.

48À l’échelle nationale, il apparaît difficile de considérer l’indépendance de l’Algérie comme un handicap à l’activité commerciale des principaux ports français. Le 1er mars 1963, le président de la CCI de Dunkerque communique le trafic des grands ports français durant le mois d’octobre 1962 :

Doc. 38 : Activité commerciale des principaux ports français en octobre 1962.

Doc. 38 : Activité commerciale des principaux ports français en octobre 1962.

Source : Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 1er mars 1963.

49Sur six ports, trois ont un trafic orienté à la hausse, trois à la baisse, à l’image de Dunkerque. Même si le trafic du mois d’octobre 1962 est légèrement plus important que celui d’octobre 1961, sur les dix premiers mois de l’année le trafic cumulé accuse une baisse atteignant 20 % pour les marchandises générales. Mais cette baisse est-elle entièrement liée à l’indépendance de l’Algérie ?

  • 61 Nord Littoral, 24 octobre 1962 p. 4.

50À Calais, Nord Littoral parle d’une augmentation sensible du trafic marchandises et passagers, mise en relief par la comparaison des statistiques des neuf premiers mois des années 1961 et 196261. Un trafic en hausse de près de 6 % pour le nombre de navires, de 12,2 % pour les marchandises et de 6.1 % pour les passagers. Comment expliquer cette évolution incontestablement positive ? N’est-ce pas parce que la région s’ouvre sur ses voisins européens, et parvient à se passer de l’Algérie ?

De l’Algérie à l’Europe

51En 1951 naît la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Six pays en font partie : la France, la République Fédérale d’Allemagne, l’Italie et les trois pays du Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas). Cette naissance doit beaucoup aux idées du Français Jean Monnet, favorable à la construction des « États-Unis d’Europe ». Le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, lance un plan inspiré des idées de Jean Monnet. Ce plan visait à placer la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation d’autres pays européens. En 1957, l’union économique s’élargit à d’autres domaines que le charbon et l’acier, avec la signature du Traité de Rome, le 25 mars, par les six membres de la CECA. C’est le début de la mise en place d’un Marché commun par la suppression progressive des frontières entre les États membres. La Communauté économique européenne (CEE) permet la libre circulation des marchandises entre les six États signataires. La France, privée de sa principale colonie, dispose désormais d’un bien plus vaste marché pour écouler ses productions.

  • 62 Centre d’Études de politique étrangère, « la balance des comptes de l’Algérie », 1955, Archives PMF (...)
  • 63 Marseille J. « Ce que l’Algérie a coûté à la France », L’Histoire, no 210, p. 16.
  • 64 Lefeuvre D., Pour en finir avec la repentance coloniale, Flammarion, Paris, 2006, 231 p., p. 110-11 (...)

52« Économiquement parlant, la perte de l’Algérie porterait à la France un coup beaucoup moins grave que la perte de la Sarre », est-il prédit en 195662. Certains estiment que l’Algérie française a été une très mauvaise affaire pour la France, car la colonisation eut pour effet de maintenir à flot, artificiellement, une économie largement dépendante de l’aide métropolitaine, et d’assurer l’emploi à une main d’œuvre peu qualifiée63. À la fin de l’été 1961, le ministère des Finances évalue les conséquences économiques et financières de l’indépendance devinée prochaine de l’Algérie. Le résultat est rassurant et conclut que le lien colonial « a pour conséquence de faire payer par la France la plupart des exportations algériennes à des prix de soutien sensiblement supérieurs aux cours internationaux » : très précisément, la France paie les produits algériens 68 % plus cher que ce qu’elle débourserait si elle se fournissait en Italie ou en Espagne64. Alors, très vite, la France se tourne vers ses partenaires européens pour oublier cette « mauvaise affaire » ; et le Nord-Pas-de-Calais profite de sa position géographique, à proximité du Benelux et du Royaume-Uni.

53La lecture des statistiques du port de Calais, entre 1954 et 1963, montre des chiffres globalement croissants, à l’exception du tonnage de marchandises qui recule entre 1962 et 1963. En admettant que cette baisse soit due à l’indépendance de l’Algérie, les autres chiffres, eux, sont orientés à la hausse. Cela s’explique par les relations privilégiées avec le Royaume-Uni, car les voyageurs qui embarquent à Calais sont à destination de Douvres. Ce qui est généralement vrai dans l’autre sens aussi, le port français est la porte d’entrée « naturelle » pour le continent.

Doc. 39 : Statistiques du port de Calais, entre 1954 et 1963.

Années

Voyageurs

Véhicules de Tourisme

Véhicules Commerciaux

Marchandises En tonnes

1954

645 945

23 472

51

706 990

155

711 937

25 209

32

1 456 530

1956

794 184

27 302

29

1 057 014

1957

899 128

24 965

37

1 016 597

1958

1 109 362

65 871

116

1 060 930

1959

1 279 427

80 049

194

1 204 068

1960

1 300 535

82 324

86

1 597 008

1961

1 424 307

98 442

72

1 730 488

1962

1 500 344

131 309

120

1 792 961

1963

1 671 828

176 828

162

1 378 364

Source : http://www.calais-port.com/​historique_statsport.html

54En 1963, le Royaume-Uni, jusque là réticent, prend conscience de la réussite de la construction européenne et demande pour la première fois à adhérer à la CEE. De nouveaux flux, de nouvelles perspectives commerciales ont vu le jour avec la mise en place du Marché commun, et notamment de la Politique agricole commune (PAC) à partir de 1962. La lecture des procès-verbaux des délibérations de la Chambre de Commerce de Dunkerque est éclairante : à partir de 1961, et surtout 1962, les réalités de la construction européenne occupent une place grandissante, au détriment de la situation en Algérie.

55Les habitants du littoral ont, très tôt, eu conscience que le conflit grève leur pouvoir d’achat. C’est l’un des premiers arguments utilisés contre la guerre, notamment par les organisations syndicales qui percevaient les « événements d’Algérie » comme un fardeau, de plus en plus lourd à porter pour l’économie nationale. Pourtant, malgré la pénurie de main-d’œuvre née de la mobilisation prolongée du contingent, la France entre au même moment dans la forte croissance des Trente Glorieuses et amorce un enrichissement général du pays. Les échanges commerciaux entre le littoral et l’Algérie sont importants. Principalement constitués de vin, ils suscitent une activité économique et portuaire profitable aux grands ports du littoral, Calais et Dunkerque. Malgré le conflit, les relations commerciales se sont développées, intensifiées et diversifiées. L’indépendance n’empêche pas les liens économiques de perdurer, mais très vite la métropole se tourne vers ses voisins européens et délaisse son ancienne colonie.

Notes

1 Formule du général de Gaulle, Discours sur l’autodétermination de l’Algérie, 16 septembre 1959.

2 Ageron c.r., « L’opinion française à travers les sondages », in Rioux J.P., (dir.), La guerre d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, p. 25-44.

3 Nord Littoral, 6 septembre 1957 p. 4, rubrique : « Nos lecteurs ont la parole ».

4 Nord Littoral, 20 avril 1958 p. 2.

5 Nord Littoral, 15 mai 1958, p. 3.

6 Courant d’idée qui, à la fin des années 1950 en France, estimait que les colonies coûtaient trop cher, et qu’il valait mieux financer « la Corrèze avant le Zambèze ». Le mot vient du journaliste à Paris-Match Raymond Cartier.

7 Le traité de Rome du 25 mars 1957 crée la Communauté Économique Européenne dont le but est d’établir un Marché commun entre les six pays fondateurs : France, Allemagne, Italie, Luxembourg, Belgique et Pays-Bas.

8 Hilaire Y.M. (dir.), Histoire du Nord-Pas-de-Calais de 1900 à nos jours, éditions Privat, Toulouse, 1982, p. 393-405. Novations et traditions politiques depuis 1959.

9 Les Cahiers d’histoire sociale de l’Institut CGT, no 79, septembre 2001, p. 5-10.

10 Nord Littoral, 26 octobre 1957, p. 2 ; 22 mars 1959, p. 3 ; 28 avril 1960, p. 3.

11 Nord Littoral 29 avril 1960 p. 5.

12 Nord Littoral, 26 août 1961, p. 5.

13 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Boulogne-sur-Mer, 7 octobre 1955.

14 Selon l’expression de J. Marseille.

15 Les chiffres et les citations qui suivent sont tirés de l’article de D. Lefeuvre, op. cit.

16 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 26 octobre 1956, p. 12.

17 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Boulogne-sur-Mer, 10 mai 1957.

18 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 26 février 1960.

19 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 22 décembre 1960.

20 Archives Saint-Gobain, HIST 00001/003, dossier « opposition à VAN », cité par Lefeuvre D., Chère Algérie, La France et sa colonie 1930-1962, Paris, Flammarion, 2005, 512 p., p. 284-285.

21 Idem.

22 AN, 62 AS 100, Lorraine-Escaut, Sidelor, Usinor, Sacilor, considérations commerciales, 20 février 1959, V. Beylier, L’investissement sidérurgique français en Algérie, 1957-1963, p. 83, cité par Lefeuvre D., Chère Algérie, La France et sa colonie 1930-1962, Paris, Flammarion, 2005, 512 p., p. 438.

23 Industrie cotonnière française, avril 1956, Rapport du Syndicat général des industries cotonnières pour l’année 1955, puis juin 1960, cité par cité par Lefeuvre D., Pour en finir avec la repentance coloniale, Flammarion, Paris, 2006, 231 p., p. 97.

24 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 24 mars 1961.

25 Idem, 24 novembre 1961.

26 Idem, 23 décembre 1954.

27 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 23 juillet 1959.

28 Idem, 27 février 1959.

29 Nord Littoral, 17 mai 1958, p. 3.

30 Idem.

31 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 28 juillet 1961.

32 Selon le constructeur automobile Paul Berliet, cité par Lefeuvre D., Chère Algérie, La France et sa colonie 1930-1962, Paris, Flammarion, 2005, 512 p., p. 480.

33 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 30 novembre 1962.

34 Nord Littoral, 8 septembre 1957, p. 3.

35 Nord Littoral, 17 mai 1958, p. 3.

36 Nord Littoral, 8 septembre 1960, p. 2.

37 Nord Littoral, 14 septembre 1960.

38 Nord Littoral, 19 février 1961, p. 4.

39 Nord Littoral, 15 février 1961, p. 4..

40 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 28 octobre 1960.

41 Ibidem.

42 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 25 novembre 1960.

43 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 25 novembre 1960.

44 Nord Littoral, 19 février 1961, p. 4.

45 Idem.

46 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 28 avril 1961.

47 Nord Littoral, 21 septembre 1961, p. 2.

48 Nord Littoral, 4 janvier 1962, p. 4.

49 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 25 mai 1962.

50 Idem.

51 Annexe au procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 29 juin 1962.

52 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 28 juin 1962.

53 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 27 juillet 1962.

54 Nord Littoral, rubrique « Sous les toits de Calais », 12 juillet 1962, p. 7.

55 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 26 octobre 1962.

56 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 30 novembre 1962.

57 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 25 janvier 1963.

58 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 28 juin 1962.

59 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Calais, 29 juin 1962, rapport de M. Beaudel.

60 Procès verbal des délibérations de la CCI de Calais, 20 mai 1963.

61 Nord Littoral, 24 octobre 1962 p. 4.

62 Centre d’Études de politique étrangère, « la balance des comptes de l’Algérie », 1955, Archives PMF, Algérie VII, 2.

63 Marseille J. « Ce que l’Algérie a coûté à la France », L’Histoire, no 210, p. 16.

64 Lefeuvre D., Pour en finir avec la repentance coloniale, Flammarion, Paris, 2006, 231 p., p. 110-111, à partir des Archives privées René Esclapez, CGPA, Conseil central confédéral, Rapport de synthèse, 1953.

Table des illustrations

Titre Doc. 37 : Place de Dunkerque par rapport aux importations françaises de vin d’AFN (en %)
Crédits Source : Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 30 mars 1962.
URL http://books.openedition.org/septentrion/docannexe/image/47819/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 84k
Titre Doc. 38 : Activité commerciale des principaux ports français en octobre 1962.
Crédits Source : Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 1er mars 1963.
URL http://books.openedition.org/septentrion/docannexe/image/47819/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 114k

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