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La Côte d’Opale en guerre d’Algérie 1954-1962

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Marc Coppin

Partie IV : Liens, Traces et mémoires

Faire face à la guerre

Texte intégral

1La Côte d’Opale est touchée par un grand nombre de victimes, 378 au total. Parfois les familles restent sans nouvelles d’un des leurs, qui figure alors sur la liste des disparus. Face à l’éloignement, la solitude, face à la mort, les familles sont souvent bien seules. Municipalités et conseils généraux sont là pour maintenir des liens avec les soldats et venir en aide à leur famille. Mais leur investissement trouve des limites et les organisations caritatives doivent prendre le relais, en particulier par la mise en place de comités locaux de soutien aux soldats en Algérie.

La douleur des familles

Les disparus : Le cas de Michel Clabaux

  • 1 D’après des documents collectés par Jean Clabaux, frère d’un disparu.
  • 2 Cas cité par M. Ghyzel, 71 rue Hermant, Calais et Mortreux l., Les héros de l’oubli, ouvrage publié (...)

2Sur la Côte d’Opale, trois cas sont avérés. Le cas de Maurice Thibaut, né le 1er novembre 1914 à Calais. Adjudant dans une section administrative spécialisée, il disparaît au cours d’un engagement le 17 septembre 1956, alors qu’il protège le repli de son unité1. Celui de Jean-Claude Flant, né le 6 février 1936 à Calais. Brigadier de la première batterie du 18e Régiment d’artillerie, il disparaît le 27 janvier 1958 à Djebel-Bou-Zid, dans le département d’Orléansville. Au cours d’une embuscade il se réfugie derrière un buisson. Ses camarades ne l’ont jamais revu2. Michel, Émile, Élie Clabaux est né le 23 octobre 1934 à Rebergues, dans le canton d’Ardres, de parents cultivateurs. La mère s’occupe des bêtes et le père, ouvrier agricole l’été, exerce le métier de cantonnier l’hiver. À 14 ans, Michel est embauché dans des fermes des environs de Rebergues, à Bainghen et Surques, comme commis, chargé des animaux. À vingt ans il est appelé par l’armée, matricule 54/620/11071, et, après un passage par l’Allemagne, est incorporé au 1er Groupe de Compagnie Nomades Algériennes.

3Cantonné au village des Abdellys, dans le département d’Oran, arrondissement de Tlemcen, il est fait prisonnier avec la totalité de son poste, soit 20 Français de souche et 24 Français musulmans, dans la nuit du 31 octobre au premier novembre 1956. Comme aucun coup de feu n’est tiré, il semble qu’il y a eu complicité des soldats d’origine algérienne dans cet enlèvement par des membres de l’ALN. Une opération déclenchée dans la journée du 1er novembre a permis de retrouver quelques soldats français musulmans enlevés et qui déclarent que les Européens du poste sont conservés prisonniers. Par la suite, l’État-major du GCNA réussit à obtenir quelques renseignements, desquels il ressort que les Français de souche, sont transférés au Maroc, détenus au Centre de Berkane.

4Quelques jours plus tard, M. et Mme Clabaux reçoivent une lettre de leur fils portant le cachet de l’Armée de Libération nationale algérienne.

Chers parents, frères, et sœurs. Je viens par cette présente vous donner un peu de mes nouvelles qui sont toujours bonnes et en parfaite santé, espérant qu’il en est de même pour vous tous. Je dois vous apprendre que je suis prisonnier depuis le 1er novembre, mais je vous assure que je suis très bien traité, il ne nous manque rien. Ne vous inquiétez (sic) donc surtout pas pour moi et comme vous voyez, je pourrai vous donner de mes nouvelles de temps en temps. Déjà avant je comprenais la pauvre vie des familles algériennes, mais maintenant c’est encore davantage, et j’approuve que ce pays veuille sa liberté ; c’est honteux de voir ces gens vivres (sic) dans une telle situation. Malgré les mauvais traitements que la France inflige aux civil ; partout où nous avons passés, l’accueil a toujours été bon ; bien nourris, bien logés. Je m’arrête là pour aujourd’hui en vous embrassant tous de loin.
Maman, je te demande de bien vouloir avertir Paulette pour la rassurer, soit par lettre de façon à ce qu’elle ne s’inquiète pas non plus. Bons baisers, votre fils et frère Michel.

5À cette lettre est joint un document officiel émanant de l’État-major de l’ALN, 2e Bureau, Sous-Direction des Centres d’Hébergement et Prisonniers de Guerre.

Nous avons l’honneur de vous informer que le soldat CLABAUX Michel, matricule 684, entré en service le 17 octobre 1955 en Allemagne, se trouve actuellement dans un de nos camps de Prisonniers de Guerre. Connaissant pour l’avoir éprouvé pendant plus d’un siècle, la mauvaise foi de nos adversaires qui pour dresser l’opinion métropolitaine contre le nationalisme algérien, n’hésitent pas à recourir aux pires méthodes de propagande en usage dans les régimes totalitaires et colonialistes, nous avons tenu, en vue de donner tout apaisement aux parents privés de nouvelles, à faciliter toute correspondances entre ces derniers et les militaires tombés vivants entre nos mains.
Nonobstant le sort inhumain réservé à nos soldats, auxquels le gouvernement français refuse le statut légal de combattant, et qui sont traités comme des prisonniers de droit commun, nous pouvons vous assurer que nous ne sommes animés par aucun sentiment de vengeance, pourtant légitime de la part d’hommes sur lesquels s’est acharné pendant longtemps un sort injuste ; l’esprit revanchard et haineux dont aime à nous parer la propagande du ministre résidant Lacoste, est le seul fait de nos adversaires […]
Vous voudrez bien trouver, ci-joint, une lettre autographe de votre fils, dont une photo paraîtra dans le bulletin d’information du Front de libération nationale, intitulé « La résistance algérienne ».
En formulant l’espoir que le gouvernement de Guy Mollet se décide enfin à dévoiler à l’opinion publique française l’ampleur du désastre de sa politique algérienne et arabe, et en souhaitant une issue prompte à nos souffrances communes, je vous prie de croire Monsieur, à ma considération distinguée.
Le directeur du centre d’hébergement et de prisonniers de guerre.

6Depuis, plus rien.

  • 3 Nord Littoral, 10 mai 1962 p. 4.

7Peu après les accords d’Évian, alors que la famille garde l’espoir d’une libération prochaine, le FLN annonce qu’il ne détient plus de prisonniers. La mère de Michel Clabaux s’évanouit en apprenant la nouvelle. Nord Littoral relance alors l’affaire et rend publiques les démarches accomplies par le député de la VIe circonscription du Pas-de-Calais, Henri Collette. Le journal titre le 8 mai 1962 : « Pour tenter de retrouver le jeune soldat du Calaisis, le député – notaire Collette s’adresse au président – notaire Farès ». En s’adressant au Président de l’exécutif provisoire algérien, le maire de Licques écrit : « Oubliez le parlementaire que je suis, c’est un notaire qui s’adresse à un autre notaire. C’est un père de famille qui vous demande de la comprendre, de comprendre la douleur d’une famille de modestes paysans de chez nous. Vous êtes leur dernier espoir ». Lettre sans réponse. Le FLN ignore systématiquement la Croix-Rouge Française. Telles sont les raisons pour lesquelles ni le Comité International de la Croix-Rouge, ni la Croix-Rouge Française ne se sont trouvés en mesure de rassurer la famille Clabaux. « Je compatis sincèrement aux angoisses de la famille Clabaux, mais tant que le FLN conservera son attitude actuelle, la Croix-Rouge Française se trouvera désarmée »3.

8Dès le 10 mai 1962 d’ailleurs, Nord Littoral écrit « Il n’y a plus grand espoir de retrouver le jeune soldat du Calaisis prisonnier du FLN en 1956 ». Disparu à l’âge de 22 ans, Michel Clabaux est décédé judiciairement par décision du Tribunal de Grande Instance de la Seine, le 29 novembre 1963. Trois mois plus tard, en février 1964, il est déclaré « mort pour la France », puis, la même année, cité à l’ordre de l’armée à titre posthume.

Jeune nomade de 2e classe qui a fait preuve, en maintes occasions de courage et d’allant. A participé à toutes les opérations menées, en 1956, par le 1er GCNA dans la région de Tlemcen. A trouvé une mort glorieuse le 1er novembre 1956 au cours de l’attaque, par une bande rebelle, du poste des Abdellys (département d’Oran).
Ces citations comportent l’attribution de la Croix de la valeur militaire avec palme.
Fait à Paris, le 1er octobre 1964.
Signé : Pierre Messmer.

9La citation à l’ordre de l’armée paraît au BO du 26 novembre 1964.

  • 4 Weber C., Disparus en mission, collection « Doc en Stock ».
  • 5 Entretien avec l’auteur en 2007.

10Comment, dans l’inconnu des circonstances exactes de sa mort, faire son deuil ? D’autant plus que Jean, petit frère de Michel, qui a dix ans à l’époque de la disparition de son ainé, a toujours été persuadé que l’armée connaissait la vérité sur son sort. En 2004, Jean Clabaux rencontre un historien local qui écrit un livre sur les soldats du Pas-de-Calais morts en Algérie. Cela l’incite à se replonger dans l’histoire de son frère et il multiplie les contacts avec les familles des autres disparus et tente, dans les archives de l’armée, d’en savoir plus. Début 2007, un journaliste qui prépare un documentaire sur les oubliés de la guerre d’Algérie entre en contact avec lui. Aidé d’un confrère algérien qui enquête sur place auprès de rescapés du commando de l’ALN, la vérité est enfin sue. D’après le documentaire, diffusé sur France 54, les jeunes appelés ont tous été égorgés, un par un, et jetés dans une faille profonde à flanc de montagne, alors que les Algériens étaient harcelés par l’armée française. Les corps s’y trouveraient toujours. Pourquoi les avoir tués ? Le fait d’envoyer des lettres aux familles semble démontrer qu’il n’était pas dans leur intention de le faire. Jean Clabaux a son hypothèse. « Je pense que le FLN était harcelé par l’armée française. Alors, au moment de fuir, ils ont préféré les assassiner plutôt que de s’encombrer de 20 prisonniers ». Plutôt aussi que de les rendre à l’armée française. « Ils auraient vécu cela comme une défaite »5.

11Dès lors, Jean Clabaux décide de créer une association, « Famille des soldats disparus à Abdellys », dans le but d’obtenir le rapatriement des dépouilles en France. L’association est aidée par les associations d’anciens combattants, FNACA surtout, qui appuient la demande, notamment auprès du Secrétariat d’État aux Anciens Combattants. Jean Clabaux et M. Delemme de Nomains dans le Nord retrouvent 12 familles sur celles des 20 disparus. Jack Lang, le député de la circonscription de Rebergues a posé une question écrite au gouvernement en mars 2009, question sans réponse. Ce même mois, Jean-Marie Bockel, Secrétaire d’État aux Anciens combattants annonce dans un courrier que la France a obtenu le soutien du gouvernement algérien. À ce jour, aucune nouvelle supplémentaire n’est parvenue à Jean Clabaux, qui espère maintenant qu’à l’occasion du cinquantenaire des accords d’Évian, « les choses bougent ».

Le rapatriement des corps, les obsèques

12Dès qu’un décès est connu, il faut en avertir les familles officiellement. L’avis télégraphique aux parents mentionnant la date, l’heure, le lieu, et parfois la cause du décès de leur fils, est généralement accompagné de la formule : « Condoléances attristées de ses chefs et camarades ». Dans un message confidentiel du 16 décembre 1955, le préfet du Nord rappelle aux maires et aux sous-préfets du département l’importance de cette notification.

  • 6 AD du Nord. 1008W98/1. Document soumis à dérogation.

Il a été signalé que le décès de militaires servant en Afrique du Nord aurait été porté à la connaissance des familles intéressées par la voie de la presse, avant toute notification officielle.
M. le Ministre de l’Intérieur rappelle, à cette occasion, l’importance qui s’attache à la transmission rapide à leurs destinataires des avis envoyés, en cette circonstance, par les chefs de corps ou les directeurs des Établissements Hospitaliers.
Je vous serais obligé de bien vouloir, chacun en ce qui vous concerne, prendre les dispositions militaires pour que soit notifiée, sans délai, toute communication de cette nature qui serait adressée à des personnes demeurant dans votre commune.
Le Préfet J. Benedetti6

  • 7 AD du Nord, 1008W98, document soumis à dérogation.

13L’impact psychologique négatif d’une telle situation, amène les secrétaires d’État à l’Intérieur et aux Forces armées chargés des affaires Algériennes, à s’adresser aux IGAME et aux préfets le 8 mars 1956. La note est classée « Confidentiel »7.

À l’heure où notre armée et nos forces de police chargées d’assurer l’ordre, la sécurité et la présence française en Algérie, soutiennent avec courage et abnégation les attaques de bandes rebelles, le Gouvernement tient à s’incliner devant les victimes de ces attaques.
Nous vous prions, en conséquence, à l’occasion des obsèques des militaires, des membres de force de police et des civils tués en Algérie, de vouloir bien nous représenter et faire transmettre, aux familles, nos condoléances attristées et l’assurance de notre vigilant appui […] D’autre part, afin de remédier à certaines mesures ayant des incidences psychologiques défavorables (père et mère avertis d’un décès par la presse etc.…), des instructions vont être données aux commandants d’unités afin que vous receviez, en premier lieu, l’avis de décès, à charge, pour vous, de faire prévenir les familles avec tous les ménagements désirables.
Le secrétaire d’État à l’Intérieur, Marcel Champeix
Le Secrétaire d’État aux forces armées, Max Lejeune

  • 8 AD du Nord. 1008W98/7. Document soumis à dérogation.

14Le port de Dunkerque voit débarquer de nombreux cercueils, et en mars 1956, cela provoque des heurts entre le capitaine Loonis, commandant d’Armes de la place de Dunkerque et des ouvriers du port8. Dans son rapport du 15 mars au colonel commandant la subdivision militaire de Lille, il raconte les faits.

Je me suis rendu cet après-midi à bord du s/s « Algier », navire allemand affrété par la Compagnie SAGA pour assister, comme à l’habitude, au déchargement des restes mortels de 7 officiers et soldats venant de Casablanca. J’ai salué les corps et veillé à ce que le chargement en wagon soit fait normalement […] C’est alors que je fus pris violemment à partie par quelques ouvriers reprochant que :
– les cercueils étaient dans des caisses d’emballage ;
– que l’Armée aurait dû rendre les honneurs avec une Compagnie en armes ;
– que l’Armée devrait embarquer les corps sur camions militaires pour les conduire à destination ;
– que les cercueils étaient chargés dans des wagons de marchandises comme toutes les autres marchandises ;
– que c’était malheureux de perdre des hommes pour une sale guerre. Me dégageant de leur pression, je leur rétorquais ce qui suit […]
– que je ne comprenais pas leur colère « de ne pas rendre les honneurs aux morts », alors qu’il y a 6 mois, leur syndicat s’était opposé au chargement de matériel pour l’Afrique, que pour eux mêmes, il n’y a pas si longtemps, voir un uniforme militaire sur le port, leur donnait la nausée et provoquait l’arrêt d’un chargement d’un navire
– qu’enfin, le Gouvernement, mes chefs, moi-même et les bons Français, n’avaient pas besoin de leurs leçons de patriotisme et de respect aux morts, leçon émanant de gens voulant sans conteste, créer un scandale inadmissible devant des cercueils.
[…] Je tiens à préciser que par le port de Dunkerque, arrivent fréquemment des restes mortels de toutes directions soit isolé, soit par 3 et 4. C’est la première fois que telle manifestation se produit. Bien souvent, j’ai dû exiger le débarquement d’un corps avant le commencement du déchargement du navire, les ouvriers refusant d’arrêter leur travail et reprochant de les empêcher de travailler. Il est vrai que les corps revenaient d’Indochine, donc des militaires de carrière qui faisaient une « sale guerre ».

  • 9 Genty J.-R., « La guerre d’Algérie et la population du Nord-Pas-de-Calais, 1954-1962 », thèse de 3e(...)

15Le rapport du commandant laisse supposer l’action d’une minorité de dockers, car Léon Duffuler secrétaire général du syndicat CGT des dockers de Dunkerque, une des grandes figures du communisme local, confie des années plus tard combien les dockers pouvaient être réticents à l’égard des actions lancées par le parti communiste contre la guerre. « L’Algérie est à nous […] les armes chargées à bord sont pour nos fils ». Or, le syndicat des dockers avait mené de vigoureuses actions contre la guerre d’Indochine. Cette fois-ci, les dockers refusent de s’opposer au chargement des armes9.

  • 10 AD du Nord, 1008W98/4. Document soumis à dérogation.

16Lors des obsèques, les honneurs militaires sont rendus10. Le 4 mai 1957, une mise au point est faite par l’État-major de Lille.

Il importe, par déférence pour les familles que l’autorité militaire soit représentée aux inhumations de militaires tués dans l’accomplissement de leur devoir en Afrique du Nord.
À chaque cérémonie pour laquelle le concours de l’Armée est demandé, assistent :
1°-un piquet en armes chargé de rendre les Honneurs Funèbres dans les conditions fixées par l’article 53 du décret du 26 juillet 1934 sur le service de garnison.
2°-une délégation dont la composition de principe est la suivante :
-1 officier Supérieur, chef de la délégation et représentant le Colonel Commandant la Subdivision.
-1 officier subalterne
-2 Sous-officier
-2 hommes de troupes.
Une copie de la note de service est toujours adressée au Préfet du Nord et au maire de la municipalité intéressée, qui se font également représenter.

II-En cas d’urgence (ou de demande tardive), les commandants d’armes désigneront le piquet et la délégation dans les conditions fixées au Paragraphe I. pour les petites garnisons (Landrecies-Dunkerque-Bois Lévêque) la délégation sera ramenée à une composition plus réduite adaptée aux moyens de la garnison, mais comprendra au moins un Officier ou adjudant-chef ou adjudant (à défaut d’Officier). Ils avertiront le sous-préfet de leur circonscription du jour, heure et lieu de la cérémonie.

III. Il est rappelé :
a)-lorsque le commandant d’armes est saisi d’une demande de piquet directement par la famille, il doit demander l’accord de la Municipalité pour l’organisation de la cérémonie.
b)-la troupe en armes reste obligatoirement en dehors des édifices du culte, des cimetières et des gares.
c)-1°-si le drapeau rouge ou des emblèmes séditieux sont déployés.
2°-si des discours tendancieux manifestement hostiles à l’Armée où à la politique générale du Gouvernement sont prononcés
L’officier, chef de la délégation doit faire retirer le piquet et la Délégation de la cérémonie, de façon discrète et sans brusquerie. Si l’Autorité préfectorale est représentée à la cérémonie, il prend, au préalable, l’accord de cette autorité, avant de passer à l’exécution. Ses consignes confidentielles sont données par le commandant d’Armes à l’officier le plus ancien de la délégation.

  • 11 Mauss-Copeaux C., Appelés en Algérie. La parole confisqué, Paris, Hachette-Littératures, 1998, rééd (...)

17Le concours de l’armée n’est cependant pas toujours demandé. La présence des militaires vise officiellement à rendre hommage au soldat mort, mais elle a aussi pour fonction d’inciter les participants à observer les conventions patriotiques et à canaliser leur douleur dans des rituels militaires11.

  • 12 AD du Nord. 1008W98/3.

18Le 27 Septembre 1957, le ministre de l’Intérieur revient sur l’application de sa circulaire de mars 195612.

[…] Il m’est signalé par M. le Ministre des Anciens Combattants que certains maires se sont parfois contentés de convoquer les parents de jeunes soldats tués en Algérie et de leur donner brutalement lecture du télégramme officiel leur annonçant le décès de leur enfant. Je vous serais obligé d’inviter à nouveau MM. les Maires, lorsqu’ils reçoivent l’avis de décès, à se rendre eux-mêmes auprès des familles ou à déléguer un de leurs adjoints pour annoncer aux parents, avec toute la délicatesse souhaitable, le malheur qui les frappe. Il y a là, pour les Magistrats Municipaux, un très pénible devoir, mais tous comprendront qu’il s’agit d’une mission particulièrement importante puisqu’elle permet d’apporter aux familles éprouvées l’appui moral et matériel du Gouvernement […]

19Il s’agit finalement pour les maires de cautionner l’action gouvernementale auprès de leurs administrés. Il n’est donc pas étonnant que certains magistrats communaux s’y refusent.

  • 13 Procès-verbal des délibérations du conseil municipal de Saint-Omer, séance du 24 mai 1957.

20Bien que le conseil municipal de Saint-Omer adopte à l’unanimité la « concession gratuite, à perpétuité, aux familles de militaires morts pour la France en AFN, aux fins d’inhumation de ces derniers, d’un terrain de 3 m2, dans les cimetières de la ville »13, les frais de funérailles font l’objet d’une polémique avec le journal L’Indépendant qui s’adresse au sous-préfet de l’arrondissement de Saint-Omer le 10 octobre 1959.

  • 14 AD du Pas-de-Calais. 1W23336/2. Document soumis à dérogation.

Je crois de mon devoir de vous signaler le mécontentement des familles dont un membre a été tué en Algérie. Pour 2 900 francs, l’État est dégagé de l’obligation légale
1° de faire inhumer les corps dans une concession à perpétuité.
2° de construire un caveau avec pierre tombale.
3° d’en financer l’entretien à perpétuité.
Tout cela pour 2 900 francs seulement alors que les frais d’ouverture et fermeture du caveau de famille, joints à la note des Pompes Funèbres atteignent (non pour l’État et pour les villes) pour les particuliers près de 100 000 francs. Un exemple : les Pompes Funèbres réclamaient 20 000 francs uniquement pour le transport du corps du caporal Ringot, de Saint-Sépulcre à Saint-Martin-au-Laërt. L’autorité militaire, alertée, a exécuté le transport.
Si l’on songe que l’État prélève 20 % sur les plaques, souvenirs, fairepart et même sur le crucifix qui est ajouté sur le cercueil, et 8 % sur tous les frais funéraires, il n’est pas téméraire d’affirmer que la ville est surtout l’État encaissent plus de 15 000 francs, montant de leur participation actuelle.
En l’occurrence, je transcris en termes mesurés, l’écœurement d’un père de famille14.

21Le 2 Novembre 1959, le directeur interdépartemental lui répond.

J’ai l’honneur de vous faire connaître que, par arrêté ministériel du 19 Mars 1959, le taux de remboursement aux municipalités des frais qu’elles ont engagés à l’occasion du transport au cimetière et de l’inhumation des corps des victimes de guerre restitués aux familles aux frais de l’État forfaitairement et uniformément à 4.500 francs.

  • 15 Archives municipales de Calais, 2H302.

22Les funérailles répondent à un cérémonial précis, sauf lorsque la famille refuse les cérémonies religieuses. Lorsque le corps du militaire Michel Meats, décédé le 29 janvier 1960 à Miliana (Algérie), arrive à Calais, les obsèques civiles sont réglées par la famille. Elle ne désire pas de participation officielle aux obsèques15. Les funérailles du soldat Georges Normand de Tournehem, observent un cérémonial plus classique avec une chapelle ardente dressée à la Mairie où défilent les amis du défunt et de sa famille, les honneurs rendus par un détachement militaire et la présence de notables locaux.

  • 16 L’Indépendant du Pas-de-Calais, 9 août 1961, p. 3.

[…] Parmi les personnalités, on notait la présence de MM. Collette, député ; Gilbert Bal, maire de Tournehem ; le lieutenant Kosteck, représentant le colonel Drapier ; Villers et Stoclin, conseillers généraux ; Ly Sensonne, adjoint au maire et Leyer, secrétaire de mairie. De nombreux maires des communes voisines, de Recques, de Polincove, de Nielles, de Rebergues, de Journy, de Mentque-Nortbécourt, de Clercques, de Bonningues, de Landrethun, de Guémy, de Louches, de Bayeughemlez-Eperlecques, de Zouafques, de Nordausques, de Zutkerque ; le chef Lefebvre, commandant de la brigade de la Gendarmerie d’Ardres ; Leprêtre, ingénieur des Ponts et Chaussées ; Labre, représentant le percepteur d’Ardres ; Merlin, agent des Eaux et Forêts ; Hérent, conducteur des Ponts et Chaussées ; Ogez, président des Anciens Combattants de Louches ; Dubail, employeur du défunt ; Bocquillon, président et Georges Bal, chef des « Amis réunis » etc.
[…] Après la cérémonie religieuse quatre discours furent prononcés devant la tombe ; M. Henri Hermant, président des Anciens Combattants résuma en concluant, la pensée inquiète de tout le village : « Pourvu que ce soit tout » […] M. Gilbert Bal, maire de Tournehem, évoqua la mémoire du soldat disparu […] M. Lefebvre, maire de Marck, où Georges Normand travaillait, rappela combien il était apprécié dans sa commune qui l’avait adopté […] La dernière allocution fut prononcée par M. Collette, député du Pas-de-Calais, qui souligna que c’était dans l’accomplissement de son devoir que Georges Normand avait consenti le sacrifice suprême16.

  • 17 Chevalier D. « Les obsèques de soldats morts en Algérie », Branche R. et Thenault S. (dir.), La Fra (...)

23Les discours des officiels rappellent la vie du défunt, son héroïsme et son sacrifice, la leçon de courage donnée aux jeunes générations et de la reconnaissance de la nation17. C’est le maire qui exprime le mieux l’émotion en parlant du douloureux devoir qui a été le sien d’annoncer l’affreuse nouvelle à la famille, avant de retracer la courte vie du défunt, en insistant sur ses qualités humaines et professionnelles mises au service de la famille et du travail. Les prises de paroles de responsables politiques ou syndicaux font naître des appréhensions chez les officiels civils et militaires, qui se préparent à quitter les lieux au cas où des propos inacceptables à leurs yeux seraient tenus. Sur le littoral, aucun propos de ce type n’est relevé, signe de la résignation de la population.

Le lourd bilan payé par le littoral

  • 18 Pervillé G., « Combien de morts ? », Les Collections de L’Histoire, H.S. no 15, La guerre d’Algérie
  • 19 Voir liste complète en annexe.

24Le bilan officiel des pertes militaires françaises, Français de métropole et d’Algérie, légionnaires, « Français musulmans », est le plus précis et le moins contesté : 24 614, dont 15 583 au combat ou par attentat ; 7 917 dans des accidents et 1 144 de maladie, 64 985 blessés18. La Côte d’Opale paie un lourd tribut pendant la guerre avec 378 morts19.

25L’arrière-pays, plus rural et moins peuplé est moins touché que les cantons littoraux. Les cantons les plus touchés sont ceux des grandes agglomérations, Calais, Boulogne-sur-Mer et Dunkerque. Viennent ensuite les cantons de Montreuil-sur-Mer et Norrent-Fontes. Les moins touchés sont ceux de Cassel avec deux morts et d’Hucqueliers avec seulement une seule victime. L’opposition est nette entre le littoral et l’intérieur des terres, Flandres, Audomarois et Montreuillois.

Doc. 39 : Nombre de décès par canton.

Canton de Calais Nord-Ouest

44

Canton de Boulogne Nord

25

Canton de Dunkerque Est

23

Canton de Dunkerque Ouest

22

Canton de Montreuil-sur-Mer

22

Canton de Norrent Fontes

22

Canton de Boulogne Sud

20

Canton d’Aire-sur-la-Lys

13

Canton de Marquise

13

Canton de Samer

13

Canton de Bailleul Nord Est

12

Canton de Saint Omer Nord

12

Canton de Bourbourg

9

Canton de Calais Sud Est

9

Canton de Hazebrouck Nord

9

Canton d’Ardres

8

Canton de Merville

8

Canton de Campagne-les-Hesdin

7

Canton de Etaples-sur-Mer

7

Canton d’Audruicq

6

Canton de Bergues

6

Canton de Desvres

6

Canton de Fruges

6

Canton de Gravelines

6

Canton de Guînes

6

Canton de Hesdin

6

Canton de Saint Omer Sud

6

Canton de Wormhoudt

6

Canton de Hazebrouck Sud

5

Canton de Fauquembergues

4

Canton de Hondschoote

4

Canton de Lumbres

4

Canton de Steenvoorde

4

Canton de Bailleul Sud-Ouest

3

Canton de Cassel

2

Canton de Hucqueliers

1

TOTAL

378

Source : FNACA Nord et Louis Mortreux.

L’investissement des instances officielles

Le Noël des soldats

L’exemple de la municipalité de Boulogne-sur-Mer20

  • 20 Les délibérations du Conseil municipal de Boulogne-sur-Mer sont répertoriées aux Archives municipal (...)
  • 21 59W14, séance du 30 janvier 1956.
  • 22 59W14, séance du 30 janvier 1956.
  • 23 59W13, séance du 12 décembre 1955.

26Le secours accordé par le Conseil municipal prend la forme d’une aide pécuniaire. Initialement, il était prévu un colis de Noël21 mais il est vite apparu qu’il était plus simple d’envoyer de l’argent plutôt que des denrées périssables. Le colis est alors transformé en un mandat, de 2 000 F, puis de 30 NF à partir de novembre 1960. La difficulté pour la municipalité est d’estimer le nombre de soldats de la commune présents en Afrique du Nord, et les recensés réels sont parfois bien en-dessous des estimations de départ22. Le secours est parfois aussi accordé aux familles des réservistes et territoriaux23, mais l’ampleur de l’effectif en Algérie, et donc la charge pour la municipalité, fait que cette aide n’a plus été soumise à l’approbation du Conseil municipal à partir de 1956.

  • 24 59W23, séance du 30 décembre 1960.

27À l’ordre du jour des réunions du Conseil, figure la rubrique « correspondance ». Elle est parfois l’occasion de lire des lettres de soldats qui désirent remercier leur commune pour son aide. Le geste n’est pas anodin, il est une manière commode de contourner l’article 72 de la loi de 1884, qui interdit à un Conseil municipal d’émettre des vœux à caractère politique. Henri Henneguelle, le maire socialiste de Boulogne-sur-Mer peut ainsi critiquer indirectement la guerre en évoquant les lettres des soldats : « Toutes sont des lettres de remerciements et en même temps on sent le sentiment qui perce de ces jeunes gens qui sont livrés à eux-mêmes dans une terre hostile »24. L’Algérie n’est pas ici perçue comme la France, mais comme une terre au contraire hostile aux Français. Et l’expression « livrés à eux-mêmes » laisse deviner la peur de jeunes appelés envoyés, par un pouvoir politique qui ne se soucie pas de leur sort, mener un combat qu’ils ne comprennent pas.

L’exemple de la municipalité de Dunkerque25

  • 25 Délibérations du Conseil municipal de Dunkerque, séances des 7 décembre 1955, 30 août 1956, 12 déce (...)
  • 26 Délibérations du Conseil municipal de Dunkerque, séances des 7 décembre 1955, 30 août 1956, 12 déce (...)
  • 27 Séance du 30 août 1956.

28Le Conseil municipal exclut délibérément les militaires de carrière26 de ces mandats initialement prévus à l’occasion des fêtes de Noël 1955. Il accorde par contre son aide aux appelés, maintenus et rappelés en AFN, Maroc et Tunisie en plus de l’Algérie. Les militaires servant sous les drapeaux en métropole ou dans les territoires d’occupation, c’est-à-dire en Allemagne, bénéficient également de cette allocation entre 1956 et 1960, ce qui représente un surcoût de 200 000 F pour l’année 195627.

Doc. 35 : Aide en faveur des soldats dunkerquois en service en Afrique du Nord.

Dates

Soldats recensés

Montant du mandat

Crédit voté

Décembre 1955

200

1 500 F

300 000

Août 1956

168*

2 000 F

600 000**
+ 200 000

Décembre 1957

2 000 F

800 000

Octobre 1958

2 000 F
+ 2 000 F pour Noël

Février 1959

2 000 F pour la kermesse
+ 2 000 F pour Noël

Mars 1960

20 NF pour la kermesse
+ 20 NF pour Noël

Mars 1961

20 NF pour la kermesse
+ 20 NF pour Noël

Mars 1962

20 NF pour la kermesse
+ 20 NF pour Noël

* 96 soldats en Algérie, 21 au Maroc, 7 en Tunisie, 17 en Allemagne, 27 en métropole.
** La somme est doublée car il est prévu de renouveler le mandant pour la fin de l’année.

Source : Archives municipales.

  • 28 Séance du 12 juillet 1956.

29Paul Asseman ne réagit pas comme son homologue boulonnais. En juillet 1956, il prononce l’allocution suivante : « Je tiens à profiter de la réunion du Conseil municipal pour rendre, en votre nom à tous et au nom de la ville, un hommage fraternel à nos soldats maintenus ou rappelés sous les drapeaux qui accomplissent en Algérie une œuvre de pacification qui doit permettre de réaliser définitivement l’Union Franco-Musulmane. Tous, nous nous inclinons avec respect devant la mémoire des victimes tombées pour la patrie en accomplissant leur devoir de Français28 ».

L’exemple de la municipalité de Montreuil-sur-Mer

  • 29 Délibérations du Conseil municipal de Montreuil-sur-Mer, séance du 15 juin 1956.

30Il faut attendre l’approche de l’été 1956 pour que le Conseil municipal débatte sur ce qui pourrait être fait en faveur des Montreuillois sous les drapeaux. Les avis étant par trop différents, sur le caractère et la nature de l’aide à apporter, il a été finalement décidé de désigner une commission, chargée plus spécialement de l’étude des propositions à soumettre au Conseil lors d’une prochaine réunion29. C’est en juillet de la même année que la commission fait ses propositions. Elle

  • 30 Séance du 10 juillet 1956.

1) Estime souhaitable et nécessaire qu’une aide matérielle et morale soit accordée aux Montreuillois servant en AFN (Appelés, maintenus ou rappelés) et à leurs familles.
2) Préconise la création d’un comité local qui déciderait de la nature de cette aide et se chargerait de réunir les fonds nécessaires et de les utiliser ;
3) Suggère que ce Comité soit composé des délégués des sociétés patriotiques auxquels seraient adjoints des représentants des sociétés locales et des délégués du Conseil municipal, ainsi que les Montreuillois qui proposeraient leurs concours.
4) Propose au Conseil municipal le vote immédiat d’une subvention destinée à assurer les premiers frais de fonctionnement du dit Comité.
5) Propose également l’envoi, dans un délai très rapproché d’un colis destiné à marquer à nos soldats la sympathie de leurs concitoyens30.

31Le Conseil décide à l’unanimité la création d’un Comité d’Aide aux Montreuillois Mobilisés en AFN qui comprend les membres suivants :

Présidence : M. le Maire, Fontaine Marcel, Président de l’Association des Médaillés Militaires, Villain Maurice, Président de l’Association des Officiers de Réserve, Sevin Étienne, Président de la Croix Rouge, Sarazin Eugène, Président des Anciens Prisonniers de Guerre, Cardon Félix, Président de l’Association des Anciens Combattants, Wable Raymond, Président de l’Association des Familles Nombreuses, Mme Cuvillier, un membre du Bureau d’Aide Sociale et tous autres personnels qui pourraient se proposer.

32Le Conseil municipal vote immédiatement une subvention de 100 000,00 F et M. le Maire, « se faisant l’interprète de ses collègues, forme des vœux pour un prompt retour de nos jeunes concitoyens ».

33Aucune autre trace d’une quelconque implication de la municipalité n’a été trouvée dans les registres des délibérations. Est-ce à dire que le maire se désintéresse du sort des jeunes Montreuillois appelés en Algérie ? Il faut dire ici que la commune n’a compté aucune victime au cours du conflit. Ou peut-être estime-t-il que c’est du ressort des associations d’anciens combattants, largement majoritaires dans le Comité d’Aide aux Montreuillois Mobilisés en AFN, plutôt que de la mairie. À l’exception de M. Pierre Ledent, qui occupe la fonction honorifique de Président, seule Mme Cuvillier, membre du Bureau d’Aide Sociale, représente la commune.

  • 31 « La Guerre d’Algérie. Témoignages 1954-1962 », travail réalisé par les élèves de la section vente (...)

34Dans les communes alentours, la politique n’est pas la même. Gilles Brasseur se souvient. « Quand un jeune partait en Algérie, la commune dans laquelle il habitait, envoyait un colis ou un mandat. J’habitais à Brimeux à l’époque, et la mairie de Brimeux avait envoyé un chèque […] J’avais envoyé une lettre de remerciement : “Messieurs, j’étais à la fois très touché et très heureux à la réception de votre mandat, c’est là un beau geste que vous avez eu envers les soldats de la commune actuellement en Algérie, envers moi en particulier. Un tel geste de sympathie nous va droit au cœur et nous apporte la preuve que par-delà les kilomètres qui nous séparent de notre pays natal, il nous reste toujours quelqu’un pour penser à nous ou pour parler de nous. Je tiens donc à vous remercier très vivement pour cette aide à la fois matérielle et morale que procure ce geste, je profiterai de cette occasion pour présenter à tous mes vœux les meilleurs et les plus sincères et de bonne santé en souhaitant que 1963 soit une année de paix, cette paix que nous attendons tous depuis si longtemps, mille fois merci encore et bonne année”31 ».

L’exemple de la municipalité de Saint-Omer

  • 32 Délibérations du Conseil municipal de Saint-Omer, séance du 25 novembre 1955.

35À l’automne 1955, l’envoi d’un colis aux militaires est évoqué en Conseil municipal32. La Commission des Finances ayant envisagé l’envoi d’un colis de Noël aux militaires audomarois servant aux théâtres d’opérations extérieurs, « M. le Maire signale que, dans la même pensée, le Conseil Général va voter incessamment les crédits nécessaires à cet effet. Il consulte le Conseil sur l’opportunité de doubler cet envoi par un colis municipal à des militaires dont il est permis d’espérer que la plupart sera rentrés dans ses foyers pour les fêtes de fin d’année ». M. Leroy, conseiller de l’opposition et membre du PCF se déclare partisan de l’envoi d’un colis de Noël aux militaires appelés. Après échange de vue, le Conseil municipal décide, à l’unanimité sauf M. Leroy, de s’en tenir à l’habituel colis de Noël aux Audomarois en sanatorium et de charger le bureau d’aide sociale de son envoi.

  • 33 Délibérations du Conseil municipal de Saint-Omer, séance du 31 août 1956.
  • 34 Délibérations du Conseil municipal de Saint-Omer, séance du 24 mai 1957.

36Que penser de ce refus du maire ? Indifférence au sort des appelés, optimisme démesuré de croire en la fin proche du conflit, ou simplement absence de tradition locale du colis de Noël aux soldats ? En tout cas, Pierre Guillain change rapidement d’avis car en août 1956 il est fait mention, à la rubrique « Correspondance », de lettres de « nombreux militaires qui ont exprimé, en termes parfois émouvants, la satisfaction qu’ils ont éprouvée à la réception de colis que la commune leur a adressé par le canal du Bureau d’aide sociale »33. Et M. le maire propose de recommencer en octobre, ce qui est approuvé. Il propose également, au printemps suivant, l’envoi d’un colis aux militaires servant en Afrique du Nord, à l’occasion de la fête du 14 juillet. Le Bureau d’aide sociale doit s’en charger, ce qui revient à demander une subvention supplémentaire de 100 000 F. M. le maire avise alors le Conseil municipal qu’il a reçu, la veille, une proposition de participation à cet envoi de 50 000 F du Comité local d’Aide aux Soldats rappelés et maintenus en AFN. Il propose au conseil de féliciter ce Comité, de le remercier et de réduire donc la subvention à 50 000 F34.

  • 35 Délibérations du Conseil municipal de Saint-Omer, séances des 19 août et 25 septembre 1957, 24 sept (...)

37Il arrive que le maire lise en début de séance des lettres de soldats d’Algérie35. Il s’agit, en général, de lettres de remerciement pour les colis reçus de la part du Bureau d’aide sociale à l’occasion du 14 juillet, ou des fêtes de fin d’année. Ces lettres confirment que cet envoi est pour eux une joie, un réconfort, un « encouragement » même, selon l’expression de Pierre Guillain en septembre 1959. Les termes dans lesquels ces militaires expriment leur gratitude montrent combien, selon les mots de M. le maire, « ils apprécient le soutien moral que constitue pour eux le geste d’amitié que leur a fait leur ville natale ». Nombreux sont ceux qui se déclarent très touchés de voir que les jeunes soldats ne sont pas oubliés ; l’un d’eux précise que « le plus petit geste fait un bien considérable ». Le 24 septembre 1960, le maire formule des vœux : « Ayons, si vous le voulez bien, ce soir, une pensée pour ces jeunes gens qui songent de loin à leur “petite patrie audomaroise” et souhaitent une Algérie de paix dans l’intérêt des Français et des musulmans. Que nos vœux se joignent aux leurs pour que la raison et le bon droit l’emportent sur la passion et les intérêts particuliers et que viennent ou reviennent l’apaisement et la fraternité ». Cinq mois plus tard, le 13 février 1961, il évoque la lassitude des soldats, soulignant la « satisfaction matérielle et morale qui leur a été ainsi procurée par leur Cité où ils espèrent bientôt revenir ». D’abord encouragés, les soldats sont vite perçus comme « exilés » loin de leur « petite patrie ». Il est permis de se demander si les réalités des combats sur le terrain sont bien connues des autorités audomaroises, car souhaiter en septembre 1960 un retour à l’apaisement semble bien illusoire.

L’exemple de la municipalité de Calais

  • 36 Délibérations du Conseil municipal de Calais, séance du 13 juillet 1956.
  • 37 Cf. § 3.

38En juillet 1956, la commission des finances propose un don de 2 000 F à tous les militaires calaisiens stationnés en AFN, donc l’ouverture d’un crédit d’un million, pour 500 Calaisiens environ. Le groupe communiste veut étendre le don de 2000 F aux maintenus et rappelés hors Algérie. Le maire refuse et vote la question préalable36. Il s’agit de la seule fois dans les délibérations du conseil municipal où l’aide aux soldats est évoquée. Cela peut s’expliquer par une volonté de neutralité du conseil municipal, un refus d’évoquer la guerre en raison de l’article 84, que ce soit avec André Parmentier, SFIO ou avec le gaulliste Jacques Vendroux. Cela peut s’expliquer aussi par le rôle du bureau d’aide sociale ou celui du Groupement calaisien d’aide aux soldats en AFN37

Municipalités et Conseils généraux cherchent à maintenir des liens avec les appelés du littoral

  • 38 Bourdin G., « Les ambiguïtés d’un rapprochement : parrainages et jumelages, 1956-1962, Branche R. e (...)

39Ces liens passent souvent par des politiques de parrainages, de jumelage, et le soutien du département. L’idée de parrainage avec des communes d’Algérie est née en avril 1956, initiée par le Mouvement national des élus locaux, dont les dirigeants ont visité les communes sinistrées du Constantinois et dont le secrétaire résume l’objectif : « Mieux se connaître et mieux s’apprécier »38.

Dès 1956, le nationalisme gaulliste mobilise ses bastions. En juin, les députés gaullistes invitent le gouvernement à développer la campagne de solidarité métropole-Algérie et à généraliser les « jumelages », terme qui fait problème – il est en effet tout d’abord jugé impropre, car les jumelages s’établissent normalement entre des villes de pays différents. L’Union pour le salut et le renouveau de l’Algérie française, fondée par Jacques Soustelle en avril 1956, prend part à cette initiative. En 1961, 18 communes sont marraines dans une Gironde influencée par Jacques Chaban-Delmas, dont Bordeaux, marraine de Bougie), et cinq en Indre-et-Loire, entraînées par Michel Debré. Le nationalisme historique est une motivation essentielle pour ces parrainages.

  • 39 Bourdin G., op. cit.

40La valeur affective de l’opération est d’importance, et le mot de parrainage est préféré à celui de jumelage. Mais « ce terme place la ville-filleule en position subordonnée, les élus algériens en demandeurs d’aide »39. Une trentaine de parrainages réalisés en 1956, 115 fin 1957, lors de la « journée de fraternisation » du 13 mai 1959, 180 parrainages sont décomptés contre 130 jumelages franco-allemands. Ils concernent surtout les villes où la population européenne est concentrée, sur le littoral notamment, autour d’Oran et d’Alger. Pour le Nord-Pas-de-Calais il n’existe que deux exemples : Hazebrouck avec Saint Arnaud dans le département de Sétif, à un peu moins de 50 km à l’est de la préfecture ; Hénin-Liétard avec Kouba dans la banlieue d’Alger.

  • 40 Ibid.
  • 41 AD du Pas-de-Calais, série 50W.

41Au final, 14 départements seulement ont refusé d’adhérer au mouvement de jumelages entre départements de métropole et arrondissements d’Algérie. Ils sont situés dans la France socialiste ou mendésiste : Basses-Alpes, Drôme, Var, Bouches-du-Rhône, Gard, Aude, Pyrénées-Orientales, Ariège, Tarn-et-Garonne, Allier, Puy-de-Dôme, Nord, Pas-de-Calais, Eure40. Le projet de jumelage du département du Pas-de-Calais avec un arrondissement algérien, Frenda dans le département de Tiaret, est discuté lors de la deuxième session ordinaire de 1959 du Conseil général41. « La Commission Départementale, sans prendre position sur le fond, estime que le terme jumelage est impropre et choquant quand il s’applique à deux territoires français ». Le 1er bureau estime que l’aide matérielle à apporter aux populations algériennes, doit être le fait de l’État et non du département. M. Létoquart, conseiller communiste, estime que

La proposition de M. le Premier ministre est donc une proposition démagogique. Elle s’inscrit en effet dans l’équivoque de la politique algérienne du gouvernement et elle veut faire oublier la réalité de cette cruelle guerre coloniale […] La meilleure chose que nous puissions faire pour le peuple algérien est […] de demander que des pourparlers immédiats s’engagent entre les représentants français et les représentants qualifiés du peuple algérien pour que cesse cette guerre. C’est seulement dans la paix rétablie que […] je ferai venir des enfants algériens dans ma commune.

42M. Pouget propose alors de remplacer le terme de jumelage par celui de contrat d’amitié. M. Létoquart rétorque : « On veut enlever le mot jumelage parce qu’on pense qu’en réalité, l’Algérie, c’est la France, et je crois que le général de Gaulle s’est exprimé sur ce point assez clairement en disant que les Algériens auront libre choix de se déterminer entre l’indépendance et la francisation. Alors ne préjugez pas de leur choix ! » M. Pouget se défend : « Je ne préjuge pas de leur choix mais il est inadmissible d’envisager que l’Algérie n’est pas la France. Tant que les Algériens ne se sont pas prononcés, vous ne pouvez, vous non plus, préjuger de leur choix […] »

43Après discussion entre MM. Pouget, Guillain, Dumortier et Chochoy, le texte suivant est élaboré :

Le Conseil général, saisi d’une proposition de jumelage avec un arrondissement algérien, apprécie l’esprit dans lequel a été présentée cette proposition et souhaite que l’union compréhensive et fraternelle que présage la déclaration de M. le Président de la République, en date du 16 septembre, permette à notre assemblée, dans un proche avenir et dans la paix retrouvée, de matérialiser sa sympathie agissante envers la population algérienne.

  • 42 Bourdin G., op. cit.

44Le texte est adopté à l’unanimité moins deux abstentions. Il soumet finalement la politique de jumelage à la signature d’un accord de paix. Des maires UNR sont prêts à réaliser des parrainages par leur ville, ainsi à Nîmes dans le Gard, Le Touquet dans le Pas-de-Calais, à Neyrac et à Villeneuve-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne42.

  • 43 Procès-verbaux des délibérations de la CCI de Dunkerque, 27 juillet 1956.

45La Chambre de commerce de Dunkerque étudie très tôt la possibilité de parrainage d’une unité de militaires de la région de Dunkerque rappelés en Algérie ; un tel parrainage « serait de nature à resserrer, du point de vue moral et matériel, les liens entre la métropole et les troupes se trouvant dans cette région »43. Aucune suite n’est donnée.

  • 44 Nord Littoral, 16 décembre 1956, p. 2.

46Dès la fin de l’année 1956, le Conseil général recense les militaires pour un mandat de Noël de 3 000 F44. Il suffit de fournir à la mairie, Bureau Militaire : nom et prénom du militaire ; grade ; adresse militaire ; adresse à Calais avant son départ ; classe de mobilisation ; date d’appel ou de rappel en Afrique du Nord. Cette opération est renouvelée tous les ans, jusqu’en décembre 1961.

  • 45 Nord Littoral, 14 novembre 1961, p. 2.

Le Député-Maire de la ville de Calais a l’honneur d’informer ses concitoyens que, lors de sa session d’octobre dernier, le Conseil Général du Pas-de-Calais a voté comme les années précédentes, un crédit exceptionnel destiné à permettre l’envoi d’un mandat de Noël de 30 N.F. à tous les militaires appelés ou engagés qui, domiciliés dans le Pas-de-Calais avant leur incorporation, se trouveront encore en Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc) à la date du 25 décembre 196145.

Les organisations caritatives prennent le relais

Les campagnes d’aide aux soldats et à leur famille

  • 46 Jauffret J.-C., Soldats en Algérie 1954-1962, Autrement, 2004, 365 p., p. 287.
  • 47 Nord Littoral, 19 juillet 1956, p. 2.

47La fondation de Lattre-de-Tassigny, reprenant un appel radiodiffusé du président René Coty du 26 juin 1956, lance par voie d’affiches, une « campagne nationale d’aide aux soldats d’Algérie et d’outre-mer et leurs familles ». La collecte est utilisée pour procurer un peu de bien-être au soldat : achat de postes de radio, d’électrophones, de disques, de jeux de Monopoly, de dominos […] 20 000 familles nécessiteuses, dont le fils ou le père sert en Algérie, sont également secourues46. À Calais, la collecte effectuée les 14 et 15 juillet a produit la somme de 138 125 F47. En août, la Fondation du Maréchal de Lattre lance un « appel aux automobilistes en faveurs de nos soldats d’Afrique du Nord et de leurs familles ».

  • 48 Nord Littoral, 25 août 1956, p. 2.

Un nouveau témoignage de solidarité envers nos jeunes militaires est proposé aux automobilistes en vacances. Qu’ils veuillent bien se souvenir que leurs randonnées estivales ne risquent pas d’être interrompues à coup de mitraillette, tandis que nos voitures militaires sont attendues par des rebelles cachés, l’arme au point derrière les rochers de la route. En achetant le timbre « Bonne route pour eux et pour vous » et en le collant aux glaces de leur voiture, ils montreront qu’au milieu de leurs vacances, ils pensent à ceux qui luttent pour la sécurité des autres48.

  • 49 Procès-verbaux des délibérations du conseil municipal de Calais, 24 novembre 1956.

48André Parmentier, député-maire, lit en conseil municipal les lettres de remerciements reçues pour le succès de la campagne nationale organisée au profit des soldats d’AFN et de leurs familles. Le préfet du Pas-de-Calais, dans une lettre, félicite pour le million de subvention et les 138 125 F en quête sur la voie publique, lettre du Secrétaire d’État à la Reconstruction et au logement, de Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, enfin de Guy Mollet, président du Conseil49.

  • 50 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Saint-Omer - Saint Pol sur Ternoise, 24 septembre 1956
  • 51 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Boulogne-sur-Mer, 10 septembre 1956.

49Dès 1956, les CCI de Boulogne-sur-Mer, Calais, Dunkerque et Saint-Omer – Saint-Pol sur-Ternoise participent à cette campagne soutenue par la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises50. Le 27 juillet 1956, la Chambre de commerce de Dunkerque alloue 15 000 F de subventions, geste renouvelé en juillet 1957 puis en juillet 1958 avec cette fois 25 000 F de dons. La CCI de Boulogne-sur-Mer est d’emblée plus généreuse. Un crédit de 200 000 F est voté, 100 000 F versés à la Fondation Maréchal de Lattre et 100 000 réservés pour les rappelés de la circonscription, d’abord les commerçants, puis les employés de commerce et d’industrie51.

  • 52 Nord Littoral, 6 juillet 1957.

50Un appel à la population du Pas-de-Calais « en faveur de nos soldats en AFN et de leurs familles » est lancé pour le 14 juillet 1957. La générosité publique ainsi que les subventions de certains Conseils Municipaux ont produit dans le Pas-de-Calais une somme de près de six millions qui a permis au Comité Départemental, d’une part d’allouer des secours à 300 familles nécessiteuses de militaires pour un montant total de 2 800 000 frs et l’envoi de jeux de société, des tourne-disques, des appareils de radio, du matériel sportif aux soldats du département en AFN. « Ce jour-là dans toutes les communes de France, des quêtes sur la voie publique seront organisées avec le concours des autorités locales et des diverses associations de bienfaisance »52.

51En plus de ces campagnes nationales, des comités locaux se mettent en place sur la Côte d’Opale, dans le but de soutenir les soldats du littoral envoyés en Algérie.

Les comités locaux

Le Groupement calaisien d’aide aux soldats en AFN

  • 53 Nord Littoral, 3 juillet 1956, p. 2.

52En juillet 1956, est lancé par voie de presse un « vibrant appel à toute la population calaisienne en faveur de nos appelés en Afrique du Nord »53.

L’association des Combattants Prisonniers de Guerre de Calais, a pris avec toutes les Sections du Département, l’engagement, lors de son Congrès annuel départemental des 16 et 17 Juin dernier, de provoquer la création d’un Comité d’Assistance aux Soldats d’Afrique du Nord, en vue de promouvoir un vaste mouvement d’unité nationale, bien dans l’esprit qui anime l’ensemble de la population en faveur de ces jeunes gens qui œuvrent pour la grandeur de la France et l’intégrité de son territoire […]
Connaissant l’esprit social qui anime tous les Calaisiens, sans distinction d’opinion, nous espérons que par un Groupement qu’il soit politique, religieux, patriotique, corporatif, syndicaliste, professionnel, sportif, mutualiste, etc. ne voudra manquer de se faire représenter à cette réunion qui aura pour but de former le comité responsable, et d’étudier toutes les possibilités susceptibles de donner sans retard à ce vaste mouvement de solidarité toute l’ampleur que nous lui devons.
Le Président de la Section des A.C.P.G. de Calais, Robert Cauchet.

53Un comité est rapidement mis sur place puisque Nord Littoral titre le 20 juillet 1956, « Un groupement d’Amitié aux soldats d’Afrique du Nord est constitué à Calais ».

Toutes les autorités consulaires politiques, confessionnelles, ainsi que les représentants des Sociétés patriotiques, Chambres syndicales patronales, syndicats corporatifs, comités d’entreprises et la presse furent conviés à cette réunion préparatoire. Une cinquantaine de délégués répondirent à cet appel et la presqu’unanimité donna son accord pour la constitution d’un tel groupement […]
Un bureau restreint chargé d’élaborer un travail préparatoire fut désigné comme suit :
Président : M. Cauchet ; vice-présidents : Mme Mulard, MM Deguines, Habart et Giniaux ; trésorier général : M. Amédro ; secrétaire Me Jacques Loez, en tant que représentant de la Croix Rouge […]
L’Union Inter professionnelle et l’Association des PG ont déjà fait une avance de trésorerie qui permettrait l’envoi immédiat d’un premier colis aux quelques 400 calaisiens recensés à ce jour par les services de la mairie.

  • 54 Nord Littoral, 24 juillet 1956, p. 2 et 29 juillet, p. 3.

54Trois jours plus tard, « Le groupement calaisiens d’amitié aux soldats d’Afrique du Nord commence sa campagne en faveur de 405 soldats de notre ville »54. La mise en place des troncs débute à partir du mardi 24 juillet, assurée par la Société des Rouleurs.

Seuls les troncs portant l’étiquette « Groupement Calaisien d’Amitié aux Soldats d’Afrique du Nord » et ceux déposés chez les commerçants du boulevard La Fayette par le Syndicat d’Initiative La Fayette sont destinés à l’œuvre calaisienne d’amitié et nous mettons en garde tous les commerçant au cas où d’autres troncs leur seraient proposés qui ne présenteraient aucun caractère officiel local.

552000 troncs sont déposés. Un premier colis est constitué, représentant une valeur de 1200 francs environ aux prix de gros, ne comportant que des produits de première qualité et dont la conservation est assurée. Le succès est rapide et une première tranche de 100 colis est déjà partie depuis le 26 juillet dernier et les 310 autres colis qui complèteront l’envoi aux 410 Calaisiens en Afrique du Nord recensés « seront en route dès les premiers jours de la semaine prochaine ».

56L’appui de la presse s’avère essentiel car les appels aux dons sont reproduits dans Nord Littoral.

Doc. 36 : Appels aux dons de la part du Groupement calaisien d’aide aux soldats en AFN.

Doc. 36 : Appels aux dons de la part du Groupement calaisien d’aide aux soldats en AFN.

Source : Nord Littoral.

57Ces appels sont très nombreux en 1956, quand est mis en place le groupement calaisien, ce qui correspond à l’envoi massif du contingent. Ils sont surtout importants au cours du dernier trimestre de l’année et correspondent au traditionnel cadeau de Noël. Lorsque les dons le permettent, un second envoi est envisagé pour le 14 juillet, fête nationale.

58La presse se fait l’écho des lettres de remerciement que les soldats envoient en retour de leur colis. Jusqu’en 1962, Nord Littoral reproduit 70 articles intitulés « groupement calaisien d’aide aux soldats en Afrique du Nord : nos soldats répondent », ou plus sobrement « nos soldats remercient ».

  • 55 Nord Littoral, 7 août 1956.

J’aurais voulu aussi pouvoir remercier tous les bienfaiteurs de cette collecte, car étant si loin de sa ville natale l’arrivée de cet envoi retrempe dans l’ambiance solidaire de notre cher Calais. Croyez que j’en suis reconnaissant à tous.
Brigadier-chef Degrave Jean55.

  • 56 Nord Littoral, 2 septembre 1956, p. 3.

59Début septembre 1956, Nord Littoral rappelle l’activité du Groupement d’amitié en faveur des soldats calaisiens en Afrique du Nord56. Un mois et demi après sa création, le bilan est satisfaisant avec 450 colis envoyés, 100 lettres de remerciements parvenues, 2 000 lettres de sollicitation adressées à tous les groupements, industries et commerces calaisiens. La direction de la Foire Commerciale et le Racing Club de Calais organisent au sein de leur groupement des collectes. L’envoi d’une tranche de 450 colis coûte plus de 400 000 francs environ au groupement qui garde l’espoir d’un troisième envoi pour Noël.

60Le 5 septembre 1956, le quotidien calaisien publie la liste complète des premiers souscripteurs, liste arrêtée au 31 août.

Denquin et Cie, rue du Vauxhall ; J.-J. Bart ; Prilliez, à Paris ; Pilant, conseiller municipal ; Declercq, Directeur du Casino ; Rotary-Club ; Charles Deguines, 4, rue de Vic ; Recette Perception de Calais-Nord ; Léon Loez, avocat ; Ets Henri Laporte et André Bontemps, 39 41, rue du Vauxhall ; Chambre de Commerce de Calais ; Ets Bayard, 15, rue du Temple ; Mormentyn, rue Archimède ; Mutte-Herlin et Cie, Bd Jacquard ; Charles Bédague, 5, Bd Gambetta ; SCETA, 29, rue Gustave Cuvelier ; Ets Brunes, rue du Termple ; Association des Officiers de Réserve ; Bodart Ivart, 28 rue des Fontinettes ; Anonyme du 25 août ; Le Sphynx, 27 Bd Lafayette ; Cacheux, rue Mgr Piedfort ; le Personnel de la Banque de France ; Institution Jeanne-d’Arc ; le Personnel de la Maison Théodore Testelin, 76 rue du Vauxhall ; Stern et Stern, Bd Gambetta ; Delannoy et fils, 62, rue du Général Chanzy ; M.M. Ravisse, Leducq, Magnier et Foissey, courtiers maritimes, Léon Lebez et Cie, 46 rue Gaillard ; Boot et Cie, 124 rue des Salines ; Crussard et Cie, 87, rue du Four-à-Chaux ; Beauvillain, 31, rue Chanzy ; Knecht-Boot, 40, rue de la Vendée ; Vandewalle, 63, rue Aristide Briant ; Dognin et Cie, 8, rue Latteignant ; Vve F. Mulard, rue de la Victoire ; Ets Couvreur, 64-66, rue Chanzy ; M. le doyen de St-Pierre ; Teinturerie Madelaine, Bd Jacquart ; Dubois Simon, 11, rue Darnel ; Ets Minet Vincent, 26, rue Galilée ; Sté Poret et Dayet, 75-81, rue Newton ; Ets Crochez, 87, rue du Four-à-Chaux ; Carlier, dentiste, 3 rue Royale ; anciens Ets Darquer-Bacquet, rue des 4-Coins ; Deguines et Fils, 16 rue de Valenciennes : la Direction de l’Entreprise Thélu et Delva ; Racing-club de Calais (quête au stade le 26 août) ; Foire commerciale (collecte journée des enfants et produit de quinze troncs) – Plateau, concert du 25 août à l’hôtel de ville par la Margate Sylver Band).

61Cette première liste de souscription permet de récolter 395.309 francs. Les Coopérateurs de Flandre et de l’Artois effectuent chaque mois, depuis le 1er juillet, un don en marchandises et consentent en outre une réduction sur le montant des factures. Le nombre de soldats calaisiens stationné en Afrique du Nord et recensés par les services de la Mairie est alors de 501. Le coût d’un colis, tout frais compris, est de l’ordre de 1000 francs.

62Le 11 septembre 1956, Nord Littoral publie des extraits de lettres de remerciements, dont celle de Jennes R.

Je tiens à vous remercier pour cet envoi qui soyez en certain, m’a causé un immense plaisir en même temps qu’une certaine émotion. Votre geste ne se borne pas à envoyer quelques friandises, il s’étend plus loin, jusqu’à même une fraternité à laquelle on ne croyait plus.
D’autre part, je me permets de vous adresser toutes mes félicitations, c’est une initiative que beaucoup de jeunes soldats calaisiens en AFN ne manqueront pas d’apprécier dans leur souvenir d’Algérie. Encore une fois je vous prie de croire à toute ma gratitude.
P. S. Si vous pouvez publier cette lettre, j’en serai fort heureux. Elle traduit l’émotion de tous les destinataires de votre intention désintéressée.

63L’envoi de colis permet de maintenir le lien entre la commune d’origine et le soldat, qui évoque ici un geste de fraternité, plus qu’un simple paquet. L’opération est prévue pour s’installer dans la durée. Le groupement calaisien d’aide aux soldats en AFN

  • 57 Nord Littoral, 9 novembre 1956, p. 2.

entend poursuivre son action tant que la situation ne sera pas normale […] Notre élan ne doit pas se ralentir, mais au contraire s’intensifier, car notre action ne doit pas être passagère, mais suivie très régulièrement, jusqu’au jour que nous espérons proche où chacun pourra rentrer dans ses foyers avec la satisfaction de n’avoir pas été oublié pendant son absence57.

64Pourtant, en juin 1957, le ton est plus désabusé.

Nous souhaitons tous n’avoir à remplir qu’un rôle éphémère se terminant avec la paix revenue en territoire Nord-Africain. Hélas, un nombre important de nos jeunes Calaisiens se trouvent toujours en Algérie et nous avons conduit tout récemment à leur dernière demeure encore deux de nos enfants tombés loin du pays natal. Ce n’est donc pas le moment d’abandonner une œuvre très appréciée, et nous n’y songeons pas. Néanmoins, il a fallu marquer une pause : nos ressources sont bien faibles, et l’appoint constant des Anciens Prisonniers de Guerre, et des Coopérateurs n’est pas suffisant pour permettre l’envoi de 1 000 colis.

Nous nous sommes donc résignés en reprenant les envois, de les limiter à des contingents mensuels de 50 à 100 colis […] Les 329 troncs ont rapporté 132 164 frs, dont 10 troncs ne contenant absolument rien.

  • 58 Nord Littoral, 8 juin 1957, p. 3.

65L’issue du conflit semble encore lointaine et les fonds viennent à manquer. L’article rappelle donc l’adresse du groupement, 95 rue des Fleurs à Calais, ainsi que les coordonnées du trésorier, pour les dons futurs. M. Montay, Percepteur Municipal, trésorier du Groupement, 6 rue Royale, Calais. CCP Lille 1443-1058.

66Pour faciliter l’action de ces groupements, ou en complément de leurs activités, des spectacles ou des quêtes sont organisés au profit des soldats de la Côte d’Opale en Algérie.

Bals, galas, quêtes au profit des soldats d’Algérie

  • 59 Nord Littoral, 6 juillet 1956, p. 5.

67Ces actions sont fréquentes sur l’ensemble du littoral. Des comités d’aides sont installés dans les plus petits villages comme à Andres, dès le début du mois de juillet 195659. « Ceux de l’Afrique du Nord ne sont pas oubliés »

Mercredi soir 4 Juillet à 19h30, une réunion avait lieu dans la salle des Fêtes d’Andres sous la présidence du Maire dans le but de former un Comité d’aide aux soldats en Afrique.
À cette réunion figuraient les conseillers municipaux : Rohart, Parissaux, Gambier ainsi que les responsables des sociétés locales : Prisonniers Déportés, Anciens Combattants, Coopérative scolaire, Musique, Chefs de famille catholiques, Ligue féminine catholique.
Après discussion un Comité comprenant : un président d’honneur, l’abbé Rivière – un président effectif : M. Declemy – un secrétaire effectif : M. Soudans – un trésorier : M. Gambier aidé de M. Ferrand fut formé.
Il fut encore décidé de mettre en vente des cartes de bienfaisance afin d’alimenter la caisse et de pouvoir adresser un colis à chacun de ces soldats. On ne peut que louer une telle initiative.

68À une autre échelle, le fonctionnement est le même que celui du groupement calaisien d’aide aux soldats en AFN. Le même investissement se retrouve à Licques.

  • 60 Nord Littoral, 9 août 1956 p. 5 et 20 septembre, p. 5.

Le bourg de Licques n’oublie pas ses enfants servant en Afrique du nord. La Municipalité a déjà fait parvenir à chaque militaire un mandat puis un substantiel colis. Enfin, la population, voulant s’associer à ces gestes, une commission spéciale a été créée, laquelle a déjà publié une première liste de souscription qui atteint la somme de 16 610 francs.
Sous quelques jours, une seconde liste sera publiée et la commission a le plaisir de faire connaître qu’elle pense être en mesure pour fin août d’adresser un colis à chaque militaire. Chaque envoi portera la mention « don de la population »60.

69Le conseil municipal vote à l’unanimité la création d’une commission de coordination pour l’aide aux soldats, avec une somme de 80 000 frs inscrite à son budget. Chaque militaire en Afrique du Nord reçoit en 1956 une somme de 2000 francs et deux colis ; les envois de colis se font à peu près toutes les six semaines. D’autre part un appel est lancé à la population de Licques qui répond très favorablement. La somme de 62 000 frs est remise à la commission, soit plus de 50 frs par habitants, enfants compris, « ce qui est la preuve que ce mouvement jouit de la puissance unanime de la population ». Le dernier colis envoyé à l’occasion de la ducasse de Licques s’est intitulé à juste titre « don de la Population ».

  • 61 Nord Littoral, 22 septembre 1956, p. 5.

70Une autre initiative fréquente est l’organisation de bals, de quêtes ou de représentations cinématographiques au profit des « appelés d’Algérie ». À Coquelles, le Comité de la ligue féminine organise des quêtes dont le produit est intégralement destiné à tous les jeunes gens mobilisés ou rappelés stationnés en Afrique, M. Scheltien, tenancier du Café de l’Agriculture, organise un bal musette, dont le produit net est affecté au fonds de secours pour les mêmes mobilisés et rappelés. Ce bal est animé par « l’excellent orchestre Morris » et il est fait appel « aux jeunes fervents de Terpsichore »61.

  • 62 Nord Littoral, 21 juillet 1957, p. 5
  • 63 Nord Littoral, 18 août 1957, p. 3.
  • 64 La Voix du Nord, 13 janvier 1960, p. 5

71Les quêtes sur la voie publique à l’occasion du 14 juillet en faveur des soldats sont fréquentes. Elles rapportent par exemple 10 750 frs à Frethun en 195762. La Foire commerciale de Calais organise une quête en faveur des soldats calaisiens en AFN. 26 700 frs sont collectés parmi les 89 maisons exposant à la foire. 84 sur 89 font preuve de générosité63. Le même constat peut être fait à Boulogne-sur-Mer où la section de Boulogne du Secours populaire français organise le 15 janvier à 20h30, une soirée placée sous la présidence de M. l’abbé Boulier au profit des enfants de tués en Algérie et des sinistrés de Fréjus. Au programme du Coliseum : « La vie commence demain » et « La vie de Raimu ». Les « Boulonnais et Boulonnaises voudront apporter leur aide à ceux qui par la suite de la disparition d’un être cher souffrent cruellement et à qui il est bon d’apporter le réconfort »64.

  • 65 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 20 mai et 20 décembre 1960.

72À Dunkerque, la Fédération des Associations de Fonctionnaires, Agents et Ouvriers de l’État et des Services Publics, Anciens Combattants et Victimes des deux Guerres « fait savoir qu’un gala national aura lieu le 23 juin 1960 au Cirque d’Hiver, dont le bénéfice sera réservé aux blessés et soldats d’Algérie ». La Chambre de commerce, sollicitée, refuse car elle estime que cela sort réellement de ses attributions. Par contre, la CCI accorde une subvention de 500 NF au Comité dunkerquois de la Croix-Rouge, pour son aide en faveur de la main d’œuvre algérienne65.

 

73Face à la souffrance des familles de la Côte d’Opale qui pleure un fils ou un frère mort ou disparu, les autorités civiles et militaires essaient d’encadrer au plus près le rapatriement des corps ou le cérémonial des obsèques. Il faut que la nation fasse bloc, rassemblée derrière son armée. Il faut surtout éviter que des « partis subversifs » ne profitent de ces moments de douleur pour remettre en cause la légitimité du combat mené en Algérie.

74Pour maintenir un lien avec les soldats du littoral appelés en Algérie, les municipalités comme les conseils généraux du Nord et du Pas-de-Calais s’investissent. Par le biais du « Noël au soldat », par une politique de jumelage ou de parrainage, ou par une forme plus pécuniaire de mandat, ils tentent de maintenir un lien avec les jeunes de la Côte d’Opale, si loin de chez eux.

75Les instances officielles ne sont pas les seules à vouloir maintenir serré le lien qui unit le littoral à ses enfants appelés au-delà de la Méditerranée. Les organisations caritatives, les petites communes et les groupements locaux d’aide aux soldats en AFN multiplient les initiatives pour récolter des fonds et envoyer des colis vers l’Algérie. L’argent récolté lors de ces souscriptions traduit la solidarité de la Côte d’Opale.

Notes

1 D’après des documents collectés par Jean Clabaux, frère d’un disparu.

2 Cas cité par M. Ghyzel, 71 rue Hermant, Calais et Mortreux l., Les héros de l’oubli, ouvrage publié à compte d’auteur, 2004, 257 p.

3 Nord Littoral, 10 mai 1962 p. 4.

4 Weber C., Disparus en mission, collection « Doc en Stock ».

5 Entretien avec l’auteur en 2007.

6 AD du Nord. 1008W98/1. Document soumis à dérogation.

7 AD du Nord, 1008W98, document soumis à dérogation.

8 AD du Nord. 1008W98/7. Document soumis à dérogation.

9 Genty J.-R., « La guerre d’Algérie et la population du Nord-Pas-de-Calais, 1954-1962 », thèse de 3e cycle sous la direction de M. Marcel Gillet, 1983, ch. 16 : Le Parti communiste dans la guerre d’Algérie.

10 AD du Nord, 1008W98/4. Document soumis à dérogation.

11 Mauss-Copeaux C., Appelés en Algérie. La parole confisqué, Paris, Hachette-Littératures, 1998, rééd. 2001, p. 29

12 AD du Nord. 1008W98/3.

13 Procès-verbal des délibérations du conseil municipal de Saint-Omer, séance du 24 mai 1957.

14 AD du Pas-de-Calais. 1W23336/2. Document soumis à dérogation.

15 Archives municipales de Calais, 2H302.

16 L’Indépendant du Pas-de-Calais, 9 août 1961, p. 3.

17 Chevalier D. « Les obsèques de soldats morts en Algérie », Branche R. et Thenault S. (dir.), La France en guerre 1954-1962, Collection Mémoires/Histoire, Autrement, Paris, 2008, 506 p., p. 76-77.

18 Pervillé G., « Combien de morts ? », Les Collections de L’Histoire, H.S. no 15, La guerre d’Algérie.

19 Voir liste complète en annexe.

20 Les délibérations du Conseil municipal de Boulogne-sur-Mer sont répertoriées aux Archives municipales sous les cotes 59W11 pour le second trimestre 1954 à 59W27 pour la fin 1962.

21 59W14, séance du 30 janvier 1956.

22 59W14, séance du 30 janvier 1956.

23 59W13, séance du 12 décembre 1955.

24 59W23, séance du 30 décembre 1960.

25 Délibérations du Conseil municipal de Dunkerque, séances des 7 décembre 1955, 30 août 1956, 12 décembre 1957, 30 octobre 1958, 23 janvier 1959, 15 mars 1960, 27 mars 1961 et 30 mars 1962.

26 Délibérations du Conseil municipal de Dunkerque, séances des 7 décembre 1955, 30 août 1956, 12 décembre 1957, 30 octobre 1958, 23 janvier 1959, 15 mars 1960, 27 mars 1961 et 30 mars 1962.

27 Séance du 30 août 1956.

28 Séance du 12 juillet 1956.

29 Délibérations du Conseil municipal de Montreuil-sur-Mer, séance du 15 juin 1956.

30 Séance du 10 juillet 1956.

31 « La Guerre d’Algérie. Témoignages 1954-1962 », travail réalisé par les élèves de la section vente action marchande du lycée professionnel de Montreuil-sur-Mer et leurs professeurs d’histoire géographie et de mathématiques, année scolaire 2004-2005.

32 Délibérations du Conseil municipal de Saint-Omer, séance du 25 novembre 1955.

33 Délibérations du Conseil municipal de Saint-Omer, séance du 31 août 1956.

34 Délibérations du Conseil municipal de Saint-Omer, séance du 24 mai 1957.

35 Délibérations du Conseil municipal de Saint-Omer, séances des 19 août et 25 septembre 1957, 24 septembre 1960, 13 février et 6 octobre 1961, 16 janvier 1962.

36 Délibérations du Conseil municipal de Calais, séance du 13 juillet 1956.

37 Cf. § 3.

38 Bourdin G., « Les ambiguïtés d’un rapprochement : parrainages et jumelages, 1956-1962, Branche R. et Thenault S. (dir.), La France en guerre 1954-1962, Collection Mémoires/Histoire, Autrement, Paris, 2008, 506 p, p. 82 à 100.

39 Bourdin G., op. cit.

40 Ibid.

41 AD du Pas-de-Calais, série 50W.

42 Bourdin G., op. cit.

43 Procès-verbaux des délibérations de la CCI de Dunkerque, 27 juillet 1956.

44 Nord Littoral, 16 décembre 1956, p. 2.

45 Nord Littoral, 14 novembre 1961, p. 2.

46 Jauffret J.-C., Soldats en Algérie 1954-1962, Autrement, 2004, 365 p., p. 287.

47 Nord Littoral, 19 juillet 1956, p. 2.

48 Nord Littoral, 25 août 1956, p. 2.

49 Procès-verbaux des délibérations du conseil municipal de Calais, 24 novembre 1956.

50 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Saint-Omer - Saint Pol sur Ternoise, 24 septembre 1956.

51 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Boulogne-sur-Mer, 10 septembre 1956.

52 Nord Littoral, 6 juillet 1957.

53 Nord Littoral, 3 juillet 1956, p. 2.

54 Nord Littoral, 24 juillet 1956, p. 2 et 29 juillet, p. 3.

55 Nord Littoral, 7 août 1956.

56 Nord Littoral, 2 septembre 1956, p. 3.

57 Nord Littoral, 9 novembre 1956, p. 2.

58 Nord Littoral, 8 juin 1957, p. 3.

59 Nord Littoral, 6 juillet 1956, p. 5.

60 Nord Littoral, 9 août 1956 p. 5 et 20 septembre, p. 5.

61 Nord Littoral, 22 septembre 1956, p. 5.

62 Nord Littoral, 21 juillet 1957, p. 5

63 Nord Littoral, 18 août 1957, p. 3.

64 La Voix du Nord, 13 janvier 1960, p. 5

65 Procès-verbal des délibérations de la CCI de Dunkerque, 20 mai et 20 décembre 1960.

Table des illustrations

Titre Doc. 36 : Appels aux dons de la part du Groupement calaisien d’aide aux soldats en AFN.
Crédits Source : Nord Littoral.
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