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La Côte d’Opale en guerre d’Algérie 1954-1962

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Marc Coppin

Partie I. Des hommes et des femmes confrontés à la guerre

Retours au pays

Texte intégral

1Les retours au pays les plus nombreux sont les retours temporaires, à l’occasion de permissions en métropole. Il est des retours douloureux pour les blessés marqués sur les plans physiques ou psychologiques et des retours définitifs pour ceux qui ont laissé leur vie sur la terre d’Algérie, ou ont succombé en France de blessures reçues là-bas. 378 victimes au total, pour l’ensemble des soldats originaires du littoral de la Côte d’Opale. Mais le retour au pays signifie-t-il pour autant un retour à une vie normale ? Les difficultés à se réinsérer dans la vie quotidienne en font douter.

Les permissions, le retour des blessés

Les trop rares permissions

Que prévoit le règlement militaire ?

  • 1 Jauffret J.-C., Soldats en Algérie. Expériences contrastées des hommes du contingent, Autrement, 20 (...)

2Il existe des permissions de courte durée, octroyées à la discrétion du commandement, mais elles sont très rares en période d’opérations nombreuses comme en 1958 et 1959. Pour celles de longue durée, dites de détente, une instruction de l’état-major des armées du 4 mai 1955, prévoit que chaque soldat a droit à 15 jours pendant ses 18 mois de service, 23 jours pour ceux qui servent en Algérie. Mais les conditions varient selon les époques et les besoins en hommes sur le terrain. Avant avril 1958, il faut attendre 18 mois pour obtenir une permission en métropole alors qu’un appelé en France ou en Allemagne en a une tous les 4 mois. Une décision ministérielle du 15 avril 1958 établit que tout appelé « Pendant la Durée Légale », c’est-à-dire pendant les 18 premiers mois, a droit à une permission de deux semaines, plus huit jours de délai de route. Au-delà des 18 mois, une seconde permission est accordée sur la base d’un jour par mois1.

Les permissions accordées sont de trois types

Les permissions avant le départ pour l’Algérie

  • 2 Témoignage recueilli par l’auteur.

3Traditionnellement, une « perm » de 48 à 72 heures est accordée à ceux qui viennent de terminer leurs quatre mois de classe en France. Après 1955, huit jours sont octroyés à ceux qui ont déjà effectué une partie de leur service en métropole ou en Allemagne. Ainsi, Ernest Dimpré, de la FNACA de Calais, se souvient avoir bénéficié d’une permission d’une semaine avant son départ pour l’Algérie2. Guy Henneguelle, affecté dans le Génie en Allemagne de mai 1958 à juin 1959, a obtenu une permission de détente d’une dizaine de jours avant de partir pour un séjour de juin 1959 à septembre 1960. Ces congés permettent certainement aux appelés de se ressourcer, de doper leur moral avant la grande traversée. Mais une semaine cela reste bien court pour surmonter une appréhension bien légitime, une peur de ne pas rentrer vivant ou entier, quand bien même le nom de guerre est officiellement nié ou occulté.

  • 3 Lettre – témoignage envoyée à l’auteur.

4Cette permission est également accordée aux appelés maintenus sous les drapeaux. Yves Boulois, de Longuenesse, se souvient avoir eu une « permission AFN » de sept jours, après l’annonce en décembre 1959, à l’issue de son service militaire accompli en Allemagne, de son maintien sous les drapeaux et de son départ pour l’Algérie. À l’allongement de la durée de service, déjà mal ressenti, s’ajoutait le risque de perdre la vie au cours des opérations de maintien de l’ordre, alors qu’il s’estimait soutien de famille, avec une mère et de nombreux frères et sœurs dans le besoin3.

Les permissions pendant le séjour

  • 4 Témoignage recueilli par l’auteur.
  • 5 Jauffret J.-C., op. cit., p. 287-290.

5Le départ pour l’Algérie signifie un dépaysement assuré pour de jeunes appelés dont beaucoup n’ont jamais quitté la Côte d’Opale. Mais ce déracinement n’incite pas pour autant les autorités militaires à être généreuses en permissions. Denis Delplace, appelé originaire de Boulogne-sur-Mer, bénéficie d’une seule permission en métropole après 17 mois de service. Roger Legrand, de Boulogne également, appelé le 7 mars 1959, reste 28 mois sous les drapeaux, et n’a pas de permission en métropole pendant son temps en Algérie, soit 24 mois4. L’absence de permission peut s’expliquer par des mesures disciplinaires, par le manque d’envie de revoir la métropole ou ses proches, ou plus fréquemment par l’incapacité financière à s’offrir le voyage. Car si tous les appelés ont droit à la traversée maritime gratuite, ils payent cependant le voyage jusqu’au port d’embarquement ainsi que le trajet de Marseille à leur domicile. Même avec un tarif réduit, « la permission devient censitaire » […] « le coût du voyage terrestre Batna-Lille à 4 130 F, soit l’équivalent de quatre mois de prêt du soldat »5. Cette somme, ajoute Jean-Charles Jauffret, ne tient pas compte des faux frais comme la nourriture entre Marseille et la destination finale, ou des voyages en autocar de fin de parcours, plus onéreux que le chemin de fer.

6Cela indigne M. Derbyshire, 49 rue A. Isaac à Calais, qui publie dans la presse le texte suivant, sous le titre « Pour les soldats d’AFN ».

  • 6 Nord Littoral, 6 septembre 1957, p. 4, rubrique « Nos lecteurs ont la parole ».

N’est-il pas anormal que les soldats incorporés en Afrique aient à payer (quart de place) le prix de leur voyage, à l’aller comme au retour, de Marseille à leur résidence en France, au cours de leurs permissions ? D’abord celles-ci ne sont pas si nombreuses comparativement à celles de leurs camarades de la métropole. Ensuite, en général, ils n’ont pas demandé à accomplir leur service dans cette région et on a bien su leur payer totalement le voyage quand ils y furent appelés. Ensuite, il faut bien penser qu’un soldat d’Afrique du Nord qui revient à Calais, Boulogne ou Dunkerque, n’est pas arrivé chez lui quand on le débarque à Marseille et qu’il doit non-seulement payer le quart du trajet de Marseille à sa ville et même coucher à Paris à ses frais s’il n’y a plus de train pour le nord de la France à l’heure où il arrive dans la capitale. Encore une fois les gars du Nord sont défavorisés et perdent au moins un jour de leur permission à traverser la France en touristes forcés ! Une permission commence pour un soldat quand il est chez lui, « dans ses foyers », comme disent l’armée et la gendarmerie réunies !6

7M. Derbyshire souligne bien la particularité des appelés du littoral : ils sont les plus éloignés géographiquement de l’Algérie, donc les plus pénalisés, tant en ce qui concerne le coût du voyage, que la durée de la permission, naturellement réduite par la longueur du trajet. Ce n’est qu’à partir de novembre 1958 que les frais de route sont remboursés intégralement aux permissionnaires.

  • 7 Témoignage recueilli par l’auteur.

8La règle est donc celle des deux permissions, la première après 18 mois, la seconde dans le 23e mois pour les appelés ADL (Au-delà de la durée légale). Claude Manabre de Saint-Martin-les-Boulogne a le droit à une permission d’une longueur exceptionnelle, 30 jours, parce qu’il est marié. Cela ne fait que six mois qu’il est en Algérie, mais il a déjà effectué 11 mois au 32e R.A., à Landau puis Mühlein en Allemagne. Pour la majorité des appelés, la durée des permissions est insuffisante. Pierre Pilot d’Aire-sur-la-Lys, s’arrange pour qu’à ses 10 jours de « perm », s’ajoute une semaine de « repos truqué » à l’infirmerie d’Arras7.

  • 8 Témoignage recueilli par l’auteur.
  • 9 Idem.

9Bien des souvenirs de permission sont communs à l’ensemble des appelés de la Côte d’Opale. Des trajets trop longs, sauf lorsqu’on a la chance de voyager en avion, comme c’est le cas pour Serge Marson qui fait le voyage aller dans un Bréguet deux ponts. Des permissions qui se sont déroulées « très bien, trop vite » selon la formule de Claude Haegman de la FNACA de Calais. Même si la réadaptation n’a pas été aussi simple pour son camarade Paul Levray « Heureux de retrouver la vie civile, mais un peu perdu pour retrouver [ses] automatismes. Le langage entre l’armée et le civil : un grand changement ! »8. Des appelés très contents lors de leur départ en perm, tristes à l’idée du retour, quand cette tristesse ne laisse pas la place à une « légère trouille ». Lucien Cattoen, membre de l’UNC-AFN de Téteghem n’a d’ailleurs pas voulu de permission, par crainte du retour9. Loin de se ressourcer, l’appréhension, la peur de repartir, peuvent miner son temps de permission, avoir un effet contraire à celui escompté et rendre plus difficile encore la fin du séjour en Algérie.

10À côté des situations prévues par le règlement militaire, existent également des permissions exceptionnelles, liées à des circonstances heureuses ou malheureuses. La décision ministérielle du 15 avril 1958 confirme les permissions exceptionnelles pour convalescence, mariage et naissance sur des durées respectives de 4 et 10 jours. Claude Desticourt, d’Étaples, a été affecté au 1er RCA au Maroc de juillet 1956 à juin 1958, puis en Algérie du 17 juin au 7 octobre 1958. Au début du mois d’août 1958, il a obtenu une permission pour se marier. Il a quand même dû retourner en Algérie pour une durée d’un mois, après avoir passé 15 jours à Marseille. Le mariage est couramment « utilisé » pour obtenir une permission. Bien que n’ayant séjourné qu’un an en Algérie, de février 1962 à février 1963, Gilles Brasseur de la FNCA de Montreuil-sur-Mer a réussi à obtenir deux permissions. L’une de ses sœurs s’est mariée « volontairement » en juillet 1962, ce qui lui vaut une permission exceptionnelle de trois jours, prolongée avec quelques jours de permission ordinaire. Comme il a participé aux épreuves de la Préparation militaire dans le but unique de bénéficier de huit à dix jours de permission supplémentaire, il obtient un deuxième congé en décembre 1962.

  • 10 Idem.

11Très rare, la permission exceptionnelle qui est accordée au motif de venue de la famille en Algérie. Rare car traverser la Méditerranée représente un coût financier que peu de familles du littoral de la Côte d’Opale peuvent se permettre. Pierre Puget, employé de banque calaisien au service portefeuille du Crédit du Nord, a la chance de recevoir la visite de ses parents et de sa fiancée pendant la durée de son service. À cette occasion, il bénéficie d’une permission exceptionnelle de quatre jours10.

  • 11 Extrait de son journal, aimablement confié à l’auteur.

12D’autres permissions sont accordées ou rallongées pour des raisons moins heureuses. Michel Sauguet a, par exemple, obtenu une prolongation de permission de huit jours du fait que son père souffre d’un cancer. Bernard Dubreucq11 se souvient des circonstances qui lui valent une permission exceptionnelle.

Ma mère m’écrit régulièrement, la santé de ma grand-mère se dégrade, et début janvier 58 par courrier ordinaire j’apprends son décès […] Nous sommes samedi à 11 Heures, le temps presse. Je remplis un formulaire et je fonce au bureau du capitaine. Il est debout, prêt à partir dans sa famille à Alger […] je lui fais voir ma lettre (m’annonçant le décès) sans poser de question, il signe ma perm de 10 jours... À 13 Heures avec l’autre chauffeur de GMC, nous partons pour Alger au Bureau d’Air France retenir ma place d’avion. À minuit on décolle de Maison Blanche. C’est l’aérodrome d’Alger […] On fait escale à MARSEILLE et direction PARIS, vers 5 Heures, puis le métro direction la Gare du Nord.... Ensuite le train pour CALAIS, il est 8 heures. Il fait froid et humide. À CALAIS, il est 12 Heures, je sors de la gare et reconnais la voiture d’un oncle, il attendait son frère de PARIS, c’est-à-dire que nous avons voyagé dans le même train sans se voir et arrivés chez mes parents, où la Grand-Mère était décédée, et mes parents surpris de me voir !.... je n’étais pas attendu...

13Téléphone et télex existent mais ne sont alors guère répandus dans les campagnes de la Côte d’Opale et les communications entre les appelés et leurs familles sont essentiellement épistolaires. L’officier fait ici preuve de compréhension et d’humanité car Bernard Dubreucq a déjà bénéficié d’une permission quatre mois auparavant.

  • 12 Témoignage recueilli par l’auteur.

14Certaines permissions sont particulièrement utiles. Jean Gardy, affecté à Reghaïa, une base aérienne à l’est d’Alger, d’octobre 1960 à novembre 1962, met à profit son temps de service pour poursuivre ses études par correspondance. C’est au cours d’une permission d’un mois à Calais qu’il obtient son baccalauréat12. En cas d’affectation à une unité combattante, il aurait sûrement eu moins de temps à consacrer à la préparation de son diplôme.

  • 13 Témoignage recueilli par l’auteur.

15Les permissions sont parfois également utiles aux familles des appelés. Jean-Pierre Comiant se souvient qu’après la classique « tournée des grands ducs » qui a suivi son arrivée, il est embauché par son père pour les travaux agricoles13. L’absence de bras jeunes et vigoureux a pu être durement ressentie dans les villages de la Côte d’Opale. C’est pourquoi le sénateur E. Durieux, président du Conseil Général du Pas-de-Calais, écrit au ministre des Forces armées un courrier dont une copie paraît dans Nord Littoral sous le titre : « Pour que des permissions agricoles soient accordées aux appelés servant en AFN ».

  • 14 Nord Littoral, 3 juillet 1958, p. 5.

Monsieur le ministre,
J’ai l’honneur d’appeler votre bienveillante attention sur une question qui m’a été signalée à différentes reprises. Il s’agit des permissions agricoles aux militaires servant en Afrique du nord (Algérie, Maroc, Tunisie). Alors que les militaires stationnés en France ou en Allemagne obtiennent des permissions agricoles, les hommes du contingent, servant en Afrique du nord, ne bénéficient pratiquement pas de cette disposition.
J’estime qu’il s’agit là d’une injustice, d’autant plus que sans faire une discrimination entre eux il m’apparait que ceux servant hors de la métropole ne sont pas les moins méritants. Il est vrai, je le reconnais que le problème des transports soulève de grosses difficultés.
Néanmoins, il me semble que le fait de bloquer la permission agricole avec la permission de détente, accordée au bout d’une présence effective en Afrique du nord, permet de pallier à cet inconvénient14.

16Le quotidien ne s’est pas fait l’écho de la réponse du ministre des Armées. Mais ce courrier révèle à la fois la ruralité du département du Pas-de-Calais, l’inégalité de traitement entre les appelés servant en métropole et en Allemagne et ceux affectés en Algérie et le manque de main d’œuvre agricole.

  • 15 Témoignage recueilli par l’auteur.

17D’autres permissions sont complètement gâchées, le plus souvent pour cause de maladie. René Bakowski, de la FNCA de Montreuil-sur-Mer, a obtenu une permission de quatre semaines après 18 mois passés en Algérie15. Sur ces quatre semaines, il en passe deux en hôpital militaire pour cause de bronchite. Bernard Hughe a lui « bénéficié » d’une permission pour cause de maladie.

Dès notre arrivée à Alger, séances de vaccinations contre la jaunisse. Résultat : nous avons tous été malades dans les trois mois qui ont suivi ! […] Nous avions droit à plusieurs semaines de convalescence. Les centres de convalescence de la région d’Alger étant complets, j’ai eu droit à une “permission” de trois semaines en France, à l’hôpital militaire de Lille. Nous étions une quarantaine dans ce cas, et bien déterminés à ne pas retourner en Algérie ! Hélas, à l’issue de ces trois semaines de repos forcé, il a fallu reprendre la direction de Marseille.

18Tomber malade n’est pas rare en Algérie, et des appelés doivent être soignés en métropole assez fréquemment pour diverses infections.

Les permissions libérables

  • 16 Jauffret J.-C., op. cit. p. 326.

19Ce sont celles qui accompagnent la « quille ». Une permission libérable proprement dite de huit jours, plus les jours de permission non pris, cumulés pour avancer la date de départ et donc du retour définitif, ou le très convoité « Congé de fin de service » pouvant atteindre un mois pour les ADL totalisant jusqu’à trente mois de service16. Ainsi lorsqu’Alain Delattre de Campigneulles-les-Grandes embarque 30 octobre 1961 à destination de Marseille, il bénéficie d’une permission libérable de 27 jours.

20Ce moment tant attendu, décompté quotidiennement par l’ensemble des appelés, Bernard Dubreucq d’Autingues ne l’a pas annoncé à ses proches.

  • 17 Extrait de son journal, aimablement confié à l’auteur.

À chaque fois que je revenais en perm, je n’avais jamais prévenu ma famille, j’avais vécu plusieurs fois l’expérience des autres, de prévenir chez eux, et d’avoir la perm supprimée au dernier moment. Je suis donc arrivé en gare de Calais, c’était un dimanche, j’ai pris un taxi et suis arrivé à la paroisse pendant l’office religieux, je suis entré dans l’église sans faire de bruit, et quand mes sœurs m’ont vu, elles ont pleuré de joie… C’était bien la quille !17

  • 18 Jauffret J.-C., op. cit. p. 324 à 326.

21Peur d’être déçu, de décevoir, mais aussi certitude que la quille n’est effective que lorsqu’il retrouve sa famille. Pourtant les opérations de démobilisation ne sont pas terminées pour autant. Il faut encore rendre son paquetage à la gendarmerie du domicile ou au commissariat de police. Tout homme rentrant d’AFN doit être muni de la fiche n° 702-211, pour le contrôle des effets à restituer18. Et dans les 2/3 des cas, l’appelé reçoit un certificat de bonne conduite à l’issue de son service.

22Des permissions donc attendues avec beaucoup d’impatience, puis parfois vécues dans la hantise de repartir, par crainte d’une blessure notamment.

Ils rentrent au pays meurtris dans leur chair

Blessures physiques – séquelles pathologiques

23Nombreux sont les appelés de la Côte d’Opale à avoir été blessés en Algérie. Il y a les blessures reçues en opérations, celles qui parfois permettent l’obtention d’une décoration, mais il y a également les victimes d’accidents ou de maladies invalidantes. Les blessures au combat sont souvent reçues au cours d’embuscade. Marc Morel se souvient des circonstances. L’embuscade a eu lieu le 4 novembre 1960 vers 13 heures.

Nous avons été brusquement attaqués, parfois avec des armes à feu, parfois à l’arme blanche […] J’ai été blessé à plusieurs endroits, notamment à la tête ; les copains valides ont redescendu les blessés dans la vallée sur des brancards de fortune fabriqués avec des fusils et des effets militaires ; nous avons été pris en charge immédiatement par des infirmiers, à bord de camions militaires. La nuit, quand l’accrochage fut terminé, nous avons été hospitalisés à Batna. Après avoir subi plusieurs opérations chirurgicales, j’y suis resté une quinzaine de jours. Le 19 novembre 1960, j’ai été rapatrié à Paris, à l’hôpital du Val de Grâce, où je suis resté une quinzaine de jours ; j’ai ensuite été transféré à l’hôpital militaire Scrive à Lille.

24Pierre Horville finit lui aussi dans le même hôpital. Affecté au 1er RCP, il a été, au cours d’un assaut le 26 mars 1959, gravement atteint au bras droit par des balles explosives. Rapatrié sanitaire par avion, d’abord à Lyon, puis à l’hôpital militaire de Lille. Amputé, cette blessure lui vaut une citation avec port de la Croix de la Valeur militaire avec palme. La Médaille militaire lui est remise plus tôt, sur son lit d’hôpital, à Sétif, agrafée à son pyjama, une semaine après sa blessure.

  • 19 Lettre envoyée à l’auteur.

25Éclats d’obus ou de grenades figés dans la chair sont fréquents parmi les blessures. Jacques Hotille, de Cucq, est hospitalisé un mois et demi pour des éclats d’obus de 75 reçus au thorax et au bras droit le 2 octobre 1957. Éclats d’origines amies ou ennemies, ce n’est pas toujours facile à distinguer, les liaisons entre l’infanterie et l’artillerie sont sur le terrain parfois difficiles et les obus tombaient trop près des soldats en opération. Ces blessures laissent des séquelles. Michel Dezoteux, de Nielles-les-Ardres, vit toujours, au 26/04/2008, avec un éclat de grenade dans le thorax19.

26La gravité des blessures n’est au début du conflit pas cachée par la presse. Nord Littoral titre le 31 mai 1956 : « Grièvement blessés en Algérie deux jeunes soldats calaisiens du quartier du “Bicoque” viennent d’arriver à Paris ». Il donne des détails douloureux.

Mme Vve Avron est une ancienne habitante de Calais-Nord. Sa maison fut détruite durant la guerre et elle est venue se fixer dans le quartier de Bicoque avec ses 6 enfants. Elle est veuve depuis une dizaine d’années et a dû accomplir des miracles de courage pour subvenir aux besoins de sa famille. Actuellement, ses deux ainés sont mariés et ont fondé un foyer. Mais 4 enfants sont encore à charge, dont Léon, qui voici quelques jours vient d’être transféré à l’hôpital militaire de Saint-Mandé à la suite d’une grave blessure en Algérie et qui nécessitera l’amputation d’une jambe.
Mme Avron que nous avons pu contacter hier, s’apprête à partir pour Paris. La compréhension de l’autorité municipale et de l’autorité militaire lui permet de faire ce voyage sans vider sa pauvre bourse. Mais n’est-ce pas naturel ?
Le second soldat calaisien blessé en Algérie est Léon Delmaire. Il est actuellement hospitalisé au Val-de-Grâce. Une balle reçue dans la tête a provoqué une paralysie partielle.

  • 20 Jauffret J.-C., op. cit. p. 317.

27Puis le quotidien cesse d’évoquer les cas de blessures et leurs conséquences. Pourtant, entre 1954 et 1962, il est recensé 27 428 blessés au combat ou par attentat et 32 760 blessés par accident20. Sur la même période, quatre articles de Nord Littoral sur 681 consacrés à la guerre d’Algérie mentionnent des cas de blessures.

  • 21 Nord Littoral, 5 août 1958, p. 2.

28Selon les chiffres de Jean-Charles Jauffret et le chiffre de victimes détaillé dans la seconde partie du présent chapitre, le nombre de blessés est 2,4 fois supérieur au nombre de morts. Or, si 149 articles de Nord Littoral abordent le thème des victimes : blessés, morts et leurs obsèques, quatre seulement sur ces 149 évoquent les douloureuses blessures reçues en Algérie. Durant cette guerre, 41 Calaisiens sont décédés, il est donc raisonnable d’imaginer que près de 100 habitants de l’agglomération ont été blessés. Pourquoi alors seulement quatre articles ? Par la charge émotionnelle de leur contenu ? Par le risque de démobilisation d’une population littorale choquée par la multiplication des descriptions morbides de soldats défigurés ou amputés ? Une des seules mentions à une blessure en Algérie est une photographie montrant à son arrivée en gare de Calais un soldat souriant, donc rassurant, sur sa civière21. Une question émerge alors : la presse s’est-elle volontairement muselée pour ne pas porter atteint au moral de la nation ? Cette autocensure peut alors également être considérée comme un soutien à l’action gouvernementale.

29Les blessures peuvent également être consécutives à des accidents. Pierre Deruelle est affecté au 26e Régiment d’Infanterie. En juin 1959, l’explosion accidentelle d’une cuve de carburant le brûle gravement sur le corps. Il est hospitalisé en Algérie puis en France au Val de Grâce, enfin à l’hôpital militaire de Percy Clamart, au service des grands brûlés. Ces blessures accidentelles peuvent également valoir attribution d’une pension. Eugène Dubocquet de Montreuil-sur-Mer était affecté au 584e Bataillon du Train. Le bordereau de sa pension porte : « Pouce droit atteint, séquelles de plaie par verre à la face dorsale avec éclats inclus et section du tendon extenseur. Cicatrice de trois centimètres longitudinale, adhérente. Gène de la flexion active du pouce. Origine par preuve : blessure accidentelle en service commandé le 23 juillet 1961 ».

30Des maladies contractées en Algérie sont aussi sources de séquelles pathologiques. René Maquinghen d’Étaples a contracté une pleurésie à la suite de plusieurs nuits passées en altitude dans des conditions précaires. Hospitalisé trois semaines en Algérie, puis rapatrié le 29 mai 1959 et pris en charge par l’hôpital de Clamart d’où il ne sort que le 13 juin 1960. Presque 3 ans sous l’uniforme. Gérard Martel est lui victime d’une perforation de l’estomac le jour même de sa libération, alors que la date et le lieu d’embarquement étaient fixés. Hospitalisé à Constantine fin janvier 1959, puis Lyon, Metzet Lille où il achève son service le 18 juin 1959. Les conséquences des maladies peuvent également ouvrir le droit au versement d’une pension. Ainsi Roger Top qui contracte en Algérie une grave maladie pulmonaire en raison des différences de température entre le jour et la nuit et qui est pensionné à vie. L’alimentation et notamment l’eau de piètre qualité ont aussi fait des ravages dans les intestins des appelés du littoral de la Côte d’Opale et certains, comme Bernard Brasselet, conservent des séquelles toute leur vie de dysenterie amibienne.

Blessures psychologiques

  • 22 Mauss-Copeaux C., Appelés en Algérie. La parole confisqué, Paris, Hachette-Littératures, 1998, rééd (...)

31D’autres blessures, plus profondes peut-être, ont laissé leur empreinte indélébile sur d’innombrables appelés originaires du littoral. Irrémédiablement marqués sur le plan psychologique, des soldats ont dû faire appel au monde médical pour apprendre à vivre avec leurs souvenirs, à surmonter ce que l’on appelle aujourd’hui le PTSD ou post traumatic stress disorder (trouble de stress post-traumatique). Parmi les souvenirs stressants, il y a la peur récurrente pendant les gardes de nuit, la crainte de mourir dans une terre inconnue lors d’une embuscade et surtout la mort des camarades, car « En Algérie la mort n’opérait pas comme dans les guerres classiques, elle frappait plus rarement mais elle rôdait partout »22. Beaucoup d’appelés sont conscients des séquelles laissées par leur séjour en Algérie et du temps qu’il leur a fallu pour les surmonter… ou pas. Victor Couvreur témoigne :

Je préfère ne pas m’étendre sur les combats auxquels mon unité a participé, surtout lorsque, à la fin de mon service, j’exerçais les fonctions de grenadier. Le souvenir de copains que j’ai perdus là-bas m’est parfois difficile à supporter […] À ma descente de train, à sept heures du matin, j’ai versé quelques larmes : après deux ans passés en Algérie, la joie de retrouver le pays était trop forte.

32Guy Henneguelle reconnaît avoir été choqué moralement :

Je suis rentré en France le 3 septembre 1960 […] je me suis rendu à l’hôpital Saint-Louis de Boulogne-sur-Mer pendant plusieurs mois, pour y recevoir des soins et subir des examens ; longtemps après mon retour je faisais encore des cauchemars, au grand désespoir de mon épouse qui éprouvait bien des difficultés pour me calmer.

  • 23 Témoignage recueilli par l’auteur.

33Plusieurs appelés se souviennent de leur comportement agressif à leur retour, de leurs nuits agitées qui inquiètent leur famille. Eugène Dubocquet a dû être hospitalisé à plusieurs reprises. Ayant vu des camarades de son unité disparaître, il a été soigné par un psychiatre qui l’aidait à mieux supporter ses souvenirs. Roger Top fait de terribles cauchemars longtemps après son retour en France. Son épouse était obligée de le réveiller, il lui disait alors : « j’étais encore en Algérie ». Pierre Puget, de Calais, ne supportait plus d’entendre un coup de feu, la peur l’a longtemps incité à s’enfermer chez lui et à mettre une chaise devant la porte à l’hôtel. Il est d’ailleurs resté longtemps méfiant en ouvrant une porte23. Et que dire de Bernard Dubreucq qui pleure encore, 50 ans après, lorsqu’il raconte un épisode de novembre 1958 particulièrement traumatisant ?

34Face à ces blessures, ces séquelles physiologiques et psychologiques, que prévoit la loi ?

  • 24 Médard F, « Les dispositions sociales relatives à la protection des militaires appelés, rappelés ou (...)

La loi n° 55-1074, du 6 août 1955, permet de faire bénéficier, sous certaines conditions, les personnels militaires participant à des opérations de maintien de l’ordre hors de la Métropole, de dispositions légales ou réglementaires du Code des pensions d’invalidité et victimes de guerre, et de l’ensemble des dispositions prévues en matière de blessures au combat qui, normalement, sont appliquées seulement en temps de guerre. Cette mesure concerne l’ensemble des militaires, appelés, rappelés et de carrière, blessés au cours d’opérations ou évacués pour maladie, même après moins d’un an de présence en Algérie. Elle garantit, de fait, toute atteinte physique par un dédommagement financier sur la base d’un barème préétabli, une prise en charge médicale à 100 %, et l’octroi d’avantages divers comme une réduction tarifaire sur les chemins de fer et sur la redevance radiophonique24.

35Dans ce domaine les pouvoirs publics réagissent rapidement, dès l’été 1955, avant même l’envoi du contingent, et ont judicieusement appliqué à l’ensemble des militaires envoyés en Algérie une législation de temps de guerre, alors qu’officiellement le pays ne fait face qu’à des troubles de l’ordre public.

Ceux qui ne rentrent pas…

La funeste comptabilité

  • 25 Chiffre fourni par J.M. LINNE, Président départemental de la FNACA, sous la forme d’un tableau « Wo (...)
  • 26 Mortreux L., Les héros de l’oubli, ouvrage publié à compte d’auteur, 2004, 257 p.

36Au 18 juin 2009, les noms de 25 308 soldats « Morts pour la France », figurent sur le Mémorial du quai Branly à Paris. À l’échelle de la région Nord-Pas-de-Calais, 1 721 morts sont recensés, soit 6,8 % du total des victimes. Pas moins de 956 victimes pour le département du Nord à la date du 4/12/2006, selon le décompte établi par la FNACA Nord25. Selon l’enquête réalisée par Louis Mortreux auprès de toutes les communes du département, 765 morts sont à déplorer pour le Pas-de-Calais26. Un nombre de victime au premier abord très élevé, mais qu’il faut relativiser car la région Nord-Pas-de-Calais représente 7,78 % de la population nationale totale française en 1962.

  • 27 Liste fournie en annexe.

37À l’échelle de la Côte d’Opale, 378 victimes sont recensées, soit 1,5 % du total des soldats « Morts pour la France ». Pour le Pas-de-Calais, 259 morts, et 119 pour le Nord27.

Les morts de la Côte d’Opale

Doc. 3 : Nombre de morts sur la Côte d’Opale du fait de la guerre d’Algérie par année.

Doc. 3 : Nombre de morts sur la Côte d’Opale du fait de la guerre d’Algérie par année.

Source : FNACA Nord et Louis Mortreux.

38Au printemps 1955, ce sont les décrets sur les maintenus et les premiers rappelés, huit des dix victimes de cette année-là sont décédées au second semestre. En avril 1956, trois décrets maintiennent ou rappellent sous les drapeaux les militaires des derniers contingents : 188 000 hommes supplémentaires sont mis à la disposition de l’armée de Terre et 12 400 de l’armée de l’Air. Le nombre de morts sur la Côte d’Opale est multiplié par plus de six. En 1958, la crise algérienne est à son paroxysme, menaçant de dégénérer en guerre civile franco-française, faisant vaciller puis s’effondrer les institutions de la IVe République entre mai et juin. Le nombre de morts est à son maximum au moment où le général de Gaulle fait son retour sur la scène politique nationale. Jusqu’en 1962, les pertes baissent régulièrement, sans doute en raison de la réduction du potentiel militaire de l’Armée de Libération nationale algérienne sous les coups du plan Challe.

39Même après la signature des accords d’Évian le danger reste présent, alors que le cessez-le-feu avait été accueilli avec enthousiasme, avec la certitude que la guerre était finie. Jean-Roger Bakowski se souvient :

Si le cessez-le-feu avait été proclamé le 19 mars 1962, il y eut encore, après cette date, des incidents tragiques. C’est ainsi qu’un jour un copain a été abattu en plein jour devant la guérite, pendant son tour de garde […] Il n’était bien sûr pas question d’intervenir, puisque la guerre était terminée.

Doc. 4 : Morts du littoral par années et par département

Doc. 4 : Morts du littoral par années et par département

Source : FNACA Nord et Louis Mortreux.

40Les morts du littoral du Pas-de-Calais sont deux fois plus nombreux que ceux du littoral du Nord, peut être avant tout parce que l’espace géographique concerné est deux fois plus important. La particularité est l’année 1958, très meurtrière dans le Pas-de-Calais avec 59 victimes, bien plus clémente dans le Nord qui compte seulement 16 décès, à l’opposé de la tendance nationale.

  • 28 Nord Littoral, 4 octobre 1958, p. 3

41Pour 237 des 378 victimes recensées du littoral, les circonstances du décès sont connues. 81.4 % sont mortes des suites de blessures reçues au combat : embuscades, explosion de mine… 13.9 % sont mortes après un accident. En général, il s’agit d’accident de la circulation ou d’accident avec une arme à feu. Dans ce dernier cas il peut s’agir de suicide. 3.8 % des décès sont dus aux suites d’une maladie et 0.9 % des suites d’un attentat, d’origine FLN ou OAS. Beaucoup de circonstances de décès ne sont pas connues, ou sont sujettes à caution. Que signifie l’expression « mort en service commandé » ? Que cache « tué accidentellement par l’éclatement d’une grenade » ? S’il s’agit d’une grenade « amie », n’est-ce pas plutôt homicide involontaire ? Parfois les circonstances sont contestées. « Après deux ans de service un soldat calaisien est tué en Algérie » titre Nord Littoral28 en octobre 1958. Le soldat Jean Déclémy serait décédé lors d’un accident de circulation. En réalité le jeune homme a sauté sur une mine alors qu’il se trouvait en opération dans une jeep, écrit un camarade à la famille du défunt. Qui croire ?

42La plupart des morts sont, dans neuf cas sur dix, à déplorer dans les rangs des unités de l’Armée de Terre, en permanence sur le terrain à quadriller le territoire. Rares sont celles qui n’ont éprouvé aucune perte sur une longue période. Ronald Debray d’Attin, affecté au 3e Bataillon du Génie de décembre 1958 à décembre 1959, se souvient n’avoir eu aucune perte dans son unité, pourtant stationnée à la frontière algéro-marocaine, chargée de prolonger vers le sud le réseau électrifié, barbelé et miné.

Les difficultés à se réinsérer dans la vie quotidienne

  • 29 « Le Lien », bulletin de liaison et d’information destiné aux militaires, édité par la fédération J (...)

Votre vie militaire que vous nous faites connaître par vos lettres au journal est remplie de difficultés et de problèmes […] Nous avons décidé de faire connaître tout ce que vous vivez, toutes vos angoisses, les problèmes que vous avez pendant votre service […] Vous souffrez de l’incompréhension des civils qui ne connaissent pas votre vie. C’est un moyen pour nous d’essayer de les rapprocher de vous afin que vous soyez mieux compris et mieux soutenus […] Au nom des jeunes travailleurs nous constatons […] les jeunes qui rentrent du service militaire n’ont pas un emploi garanti29.

43Difficultés, angoisses à l’idée de se réinsérer dans la vie civile, voici ce qui ressort des lettres publiées par ce bulletin. Car la première inquiétude pour des jeunes qui parfois travaillaient avant leur départ pour l’Algérie, est de retrouver un emploi.

Retravailler

La loi protectrice

  • 30 Médard F., « Les dispositions sociales relatives à la protection des militaires appelés, rappelés o (...)

44Les pouvoirs publics prennent toute une série de dispositions, visant à garantir l’emploi de ceux que les événements d’Algérie ont conduits ou maintenus sous l’uniforme. Quelques exemples30.

La loi n° 56-315, du 27 mars 1956, modifie en faveur des rappelés l’article 25 du Livre I du Code du travail : le contrat de travail ou d’apprentissage ne peut être rompu pour cause d’obligations militaires.
La durée des services, à compter de la date du rappel, entre en compte pour la détermination de l’ancienneté dans l’entreprise. Les militaires rappelés ont également l’entier bénéfice de l’article 54g du Livre II du Code du travail, relatif aux congés payés.
Tout militaire du contingent ayant manifesté son désir de réoccuper l’emploi qui était le sien avant son incorporation doit, selon la loi, être réintégré dans l’entreprise dans le mois qui suit le retour à la vie civile […] Les services effectifs accomplis par les militaires de la réserve rappelés sous les drapeaux entrent en compte pour le calcul de l’ancienneté des services exigés pour l’avancement, la constitution et la liquidation des droits à pension.
Le décret n° 55-1641 du 16 décembre 1955 aménage les conditions de candidature aux concours d’accès aux emplois de la fonction publique. Il permet aux militaires, empêchés par suite d’un maintien ou d’un rappel-sous les drapeaux, de subir les épreuves d’un concours auquel ils avaient régulièrement fait acte de candidature.
Le recouvrement des impôts est aménagé puisqu’il est prévu que des délais de paiement soient accordés aux militaires maintenus ou rappelés. Les appelés, même s’ils sont âgés de plus de 25 ans, ainsi que les rappelés servant en Algérie, redeviennent pour l’administration fiscale des « enfants à charge » et concourent à réduire le montant de l’impôt sur le revenu acquitté par leurs parents.
Il s’agit aussi de faciliter l’insertion professionnelle de blessés par un perfectionnement de l’instruction ou de la formation en accédant aux stages des écoles de rééducation professionnelle dépendant de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.

  • 31 Jauffret J.-C., « Le mouvement des rappelés en 1955-1956 », p. 133-160, in Harbi M. et Stora B. (di (...)
  • 32 Cité par F. Médard, in Jauffret J.C. (dir.), Des hommes et des femmes en guerre d’Algérie, op. cit.

45Les pouvoirs publics veillent également à ce que le règlement des traites le temps du rappel sous les drapeaux soit suspendu par décision ministérielle en date du 16 mars 195631. De plus, en juin 1959, le président du Conseil national du patronat français, Georges Villiers, prend fait et cause pour le contingent : « La longue absence de ces jeunes représente pour eux-mêmes et pour la production française un handicap très sévère, incomparablement plus important que ne le font apparaître les chiffres purement comptables des dépenses publiques affectées à l’entretien des recrues »32.

Se réinsérer dans le monde du travail

46Malgré les efforts faits par les pouvoirs publics, tous les appelés ne retrouvent pas un emploi rapidement, et un lecteur de Nord Littoral s’insurge de la situation d’un de ses camarades dans un texte court, intitulé « La priorité d’emploi pour les soldats de retour d’Algérie » :

Je vous fais part de mon étonnement en ce qui concerne les soldats revenant d’Algérie : rien ne leur donne une priorité d’embauche, ce qui est anormal pour des soldats revenant de la guerre. J’ai un camarade dans ce cas dont le patron lui a déclaré qu’il ne pouvait pas lui rendre son emploi car il ne l’avait pas remplacé. Il a écrit et s’est présenté à de nombreux employeurs mais il ne peut rester assez longtemps sans travailler. Ils ont droit à une priorité, ne trouvez-vous pas ?

47Le quotidien donne ensuite son point de vue sur la question.

C’est absolument notre avis et pas seulement le notre. Quoi qu’en pense notre lecteur il y a une grosse priorité d’emploi en faveur des anciens d’Afrique du Nord. Il nous a été affirmé qu’ils sont nettement protégés. Naturellement, nous fut-il expliqué « il y a des cas d’espèces ».

  • 33 Nord Littoral, 11 décembre 1960, p. 5, rubrique : « Nos lecteurs ont la parole ».

C’est ce qui est arrivé pour notre concitoyen dont le patron ne l’a pas remplacé. Il demeure qu’obligation lui serait faite de le reprendre par priorité au cas où cet employeur reprendrait du personnel similaire. De toute façon et quelque soit le cas, le Bureau de la Main d’œuvre de l’Inspection du travail, rue Monseigneur Piedfort est qualifié pour donner tous renseignements33.

48La colère du lecteur de Nord Littoral est légitime, de nombreux appelés éprouvent des difficultés à vite retrouver un emploi, malgré la conjoncture économique favorable des Trente Glorieuses. Guy Rogée était ouvrier plâtrier avec un emploi stable. Convoqué en juillet 1961, il rentre chez lui en décembre 1962, et ne trouve alors pas de travail. L’hiver avait été rude cette année-là ; « les ouvriers du bâtiment étaient aux intempéries », il n’a pu recommencer à travailler qu’en avril. « Heureusement je vivais encore chez mes parents ». La longueur du service militaire a pu avoir des répercussions sur l’avenir professionnel des appelés du littoral. René Bakowski se souvient.

On était obligé de toute façon de faire son service militaire si on voulait trouver un travail après… Je suis parti le 1er juillet 1956, date où j’ai été mobilisé. J’étais alors en classe préparatoire pour entrer à l’école d’horticulture de Versailles, je voulais faire mon service militaire avant de me présenter au concours d’entrée. Je n’ai pas repris ces études-là au retour du service militaire qui a duré 30 mois. J’avais perdu beaucoup de notions, et je ne me sentais plus capable de préparer ce concours.

  • 34 Témoignage recueilli par l’auteur.
  • 35 Idem.
  • 36 Idem.

49En tant que vétérinaire, Jean-Pierre Comiant a dû actualiser ses connaissances après avoir été appelé sous les drapeaux de novembre 1959 à février 196234. D’autres ont le sentiment d’avoir perdu deux ans d’avancement dans leur carrière, comme René Delcroix de la FNACA de Calais, qui a repris son emploi à la SNCF mais a changé de service, qui évalue à 28 mois son retard de carrière35. Ils sont en tout cas plusieurs à penser que leur service aura été une perte de salaire « pour une voiture, un mariage », comme l’écrit Roger Legrand de Boulogne-sur-Mer36.

50Pour certains, le retour à la vie civile est un retour à zéro, un recommencement complet. Bernard Dubreucq est conscient qu’il doit repartir de rien.

  • 37 Extrait de son journal, aimablement confié à l’auteur.

Pour moi la situation est très simple, tout est à faire !... Avec 1 000 F en poche, pas de permis civil, pas de voiture, pas de diplôme, et très peu compétent dans mon métier […] Il faut que j’apprenne vite et bien, je m’inscris auprès d’une école à la Chambre des métiers, et début février 1959, je reçois tout un dossier, avec les horaires des cours pratiques et les devoirs par correspondance, le jeudi toute la journée à Hazebrouck pour les cours pratiques, mon employeur conçoit cette journée de liberté, je travaille du lundi matin au samedi soir 21 heures, et le dimanche matin était réservé aux travaux de la ferme, car c’était une façon de payer mon repas et ma lessive à mes parents, et l’après-midi à faire mes devoirs, j’ai 23 ans, je n’ai plus de temps à perdre37.

51En juin 1959 il passe les épreuves du CAP boucherie et sort major de sa promotion.

  • 38 Témoignage recueilli par l’auteur.
  • 39 Idem.

52De nombreux appelés originaires du littoral de la Côte d’Opale ont, tout au contraire, facilement retrouvé le chemin de la vie active. Parfois très vite, comme pour Jean Fourcroy38 : « Mon paquetage rendu, j’ai laissé mes souvenirs avec. J’ai repris mon travail la semaine suivante ». Ou comme Jean-Claude Dautriche qui a repris ses activités dans une exploitation agricole à Beaumarie-Saint-Martin, son village natal. Jean Gardy, lui, savait trois mois avant de rentrer définitivement en métropole quelle était son affectation en tant qu’instituteur débutant. Libéré en novembre 1962, il a commencé à travailler tout de suite, sans formation préalable !39

  • 40 Jauffret J.-C., op. cit. p. 324.

53La réinsertion sur le marché du travail de M. Masson, de Gouy-Saint-André, a dû être facilitée par le pécule qu’il a ramené de son séjour de deux ans dans le Sahara, entre 1960 et 1962. « Je suis revenu avec 220 000 francs d’économie. Là-bas, il n’y avait rien à dépenser ». Depuis 1872, chaque appelé reçoit, s’il le mérite, c’est-à-dire dans les 2/3 des cas, un certificat de bonne conduite, signé par le chef de corps de l’unité où il a servi40. Ce certificat pouvait être utile pour retrouver un emploi auprès d’un patron désireux de savoir s’il a en face de lui une forte tête ou quelqu’un de plus discipliné, de plus obéissant.

Oublier, reprendre une vie normale ?

Oublier la violence

  • 41 Boniface X., « L’aumônerie militaire française en guerre d’Algérie », in Vingtième siècle, Revue d’ (...)
  • 42 Cité par Boniface X., op. cit.
  • 43 Archives diocésaines, 4 Z 363/25a.

54Jusqu’à 120 prêtres, 50 pasteurs et 20 rabbins ont servi avec le statut d’aumôniers militaires41. Mais est-ce suffisant pour faire oublier le traumatisme moral ressenti par les chrétiens, pour soulager la conscience de chaque appelé ? Le cardinal Feltin, vicaire aux armées, leur montre dès 1956 que « les ordres de pacification ne sont pas antichrétiens, puisqu’ils visent à établir la paix et les réformes d’ordres politiques, administratif, social et économique », tout comme l’abbé Casta qui, dans un rapport de mars 1958 intitulé Morale chrétienne et guerre révolutionnaire conclut que « l’utilisation de la contrainte physique par le choix du moindre mal et de l’efficacité » est condamnable dans l’absolu, mais [qu’] elle peut être difficilement reprochée dans certaines circonstances42. L’intervention militaire et la torture sont donc partiellement légitimées. Mais cette légitimation a-t-elle été suffisante pour apaiser les esprits les plus troublés par la guerre menée au quotidien en Algérie ? Quelques lettres, reçues par le prêtre Henri Carrière43, laissent percevoir le trouble ressenti par les appelés chrétiens. Les trois extraits sont volontairement laissés dans l’anonymat.

Cette guerre, si on peut l’appeler ainsi, n’est ni offensive ni défensive, et pourtant ce ne peut être qu’un carrefour de pêchés. Qu’on le prenne comme on veut, combattre son prochain de telle ou telle manière, pour une cause qu’elle qu’elle soit, ne peut être qu’une source de pêchés, qui se transforme très vite en fleuve […] Enfin ce problème algérien est ardu et je ne crois pas qu’une solution est proche. Il faut encore tuer beaucoup de gens, verser du sang, et sur ce je ne suis pas d’accord avec l’aumônier lorsqu’il dit que l’on meurt pour Dieu ! Non, pas dans ce sens. On apprend à haïr son prochain alors qu’il faut l’aimer. Nous avons une consolation, bien triste, c’est-à-dire que ce n’est pas de notre propre volonté que l’on est ici […] Chaque fois ou j’ai dû appuyer sur la détente de ma mitraillette j’ai prié en même temps la Ste Vierge de préserver mes copains et de ne pas faire souffrir ceux que nous devions tuer. J’ai demandé à Dieu de leur pardonner. N’ont-ils pas vécu leur purgatoire sur la terre ?

55Obéir à un ordre douloureux pour la conscience peut être source de traumatisme, et cette souffrance, il a bien fallu y faire face pour reprendre une vie normale, pour tourner la page. Comme le dit René Bakowski : « Tuer des gens, ce n’est pas bien, ça vous laisse des remords, vous êtes mal dans votre peau après. C’est un traumatisme qu’on a du mal à effacer ». Certains souvenirs sont particulièrement pénibles et affectent encore ceux qui les ont vécus. Les images sont imprimées à jamais et ne cessent de les hanter. La question est récurrente : pourquoi tant de violences ? Wilfrid Becquet se souvient d’une opération particulièrement violente :

Affecté dans le secteur de Biskra-Batna, dans le massif des Aurès, aux portes du Sahara, j’ai assisté à une scène que je ne pourrai jamais oublier : des troupes héliportées représentant plusieurs armes, effectuaient une opération de fouilles dans un village ; n’ayant trouvé qu’un vieux fusil rouillé hors d’usage, ils ont littéralement rasé le village, ne laissant rien après leur passage. Pourquoi de tels actes ?

56Avoir eu à se battre contre l’Armée de libération nationale algérienne, avoir été blessé ou avoir perdu un ami dans les combats peut aussi conduire au racisme et à la haine. M. Masson, de Gouy-Saint-André, reconnaît avoir du ressentiment, aujourd’hui encore.

On a quand même eu un peu de misère là-bas, il ne faut pas dire qu’on a eu la vie de château. Ce qui m’a fait le plus de mal, c’est mon fameux copain qui s’est fait tuer et le gars qui s’est fait tuer avant d’être libéré.

57Malgré ces douleurs, malgré ce ressentiment, malgré cette haine, il a fallu se réadapter, se tourner à nouveau vers la vie.

Se réadapter

  • 44 Témoignage d’Ernest Dimpré.
  • 45 Témoignage recueilli par l’auteur.

58C’est avant tout retrouver le climat de la Côte d’Opale, reprendre ses habitudes, retrouver famille, amis et vie professionnelle. Beaucoup d’appelés sont dépaysés, un peu perdus à leur retour. « Je passais de la couleur blanche à la couleur noire. Ce laps de temps aussi long mettait un terme à ma vie professionnelle, mes examens, mon futur mariage. Je ressentais un sentiment de frustration », se souvient Paul Levray de la FNACA de Calais. Après la camaraderie des chambrées, les longs mois passés entre appelés, soudés, partageant les mêmes misères, « Il fallait se refaire des copains dans le civil, car certains étaient mariés en revenant »44. Un sentiment de solitude est fréquemment éprouvé au retour. Lucien Cattoen, de l’UNC-AFN de Téteghem45, avoue avoir assez difficilement réintégré la vie civile, car il éprouve un sentiment de « vieillissement » réel, se sent un peu perdu, esseulé.

  • 46 Stora B, « Le retour de la mémoire », in Les Collections de L’Histoire, H.S. no 15, La guerre d’Alg (...)
  • 47 Stora B., « La fin de l’amnésie », in L’Histoire, no 292, novembre 2004, Guerre d’Algérie : Ce qu’o (...)

59Certains éprouvent ce que Benjamin Stora appelle « L’amertume et le silence de ceux qui ont combattu sur le terrain »46. C’est ainsi que dans l’entourage professionnel de Pierre Puget, la banque, on ne croyait ni les faits d’armes, ni les horreurs. Comme ce n’était pas une « vraie » guerre, « on se foutait de sa gueule ». Et puis, il faut tourner la page. Les films comme en 1963 La belle vie de R. Enrico qui raconte le retour difficile d’un soldat, ne rencontrent pas un public qui veut oublier47.

  • 48 Témoignage recueilli par l’auteur.

60Gilles Brasseur, de Montreuil-sur-Mer, se promet de ne pas revivre un Noël comme celui qu’il a vécu en 1962, éloigné des siens alors qu’il est marié depuis plus d’un an et père d’un enfant. « Je me souviens en particulier du seul Noël que j’ai vécu là-bas, seul, désespérément seul, dans la maison d’un lieutenant que celui-ci m’avait demandé de surveiller pendant qu’il était en permission en France. Comme j’ai apprécié par la suite d’être entouré de ma famille lors des fêtes de fin d’année ! »48. Se réadapter, c’est avant tout retrouver les siens, et revivre parmi eux, même s’ils ne comprennent pas, ou ne le veulent pas, tout ce que ces jeunes de la Côte d’Opale ont vécu en Algérie. Mais se réadapter, tourner la page, ne signifie pas nécessairement oublier, encore moins pardonner.

 

61Les mois passés en Algérie ont été surtout ceux de la longue séparation d’avec la famille, les amis et la vie professionnelle pour certains. Et trop peu de permissions pour atténuer un sentiment d’éloignement propice à la déprime. Les appelés de la Côte d’Opale n’avaient, comme d’autres, qu’une attente, qu’une envie : la « quille », le retour chez soi. Un retour espéré entier, sans blessures, sans séquelles pathologiques graves. Mais les séquelles psychologiques, moins apparentes et tout aussi prégnantes, laissent des traces profondes, aujourd’hui encore perceptibles.

62Ceux qui souffrent ont du moins la chance d’être en vie. Car 378 de nos « petits gars » sont morts en Algérie, blessés au combat pour la grande majorité, victimes d’accident ou de maladies. L’année 1958 est particulièrement meurtrière pour les jeunes appelés, principalement affectés à l’Armée de Terre. Le bilan est surtout cruel pour la partie littorale du département du Pas-de-Calais, qui compte 259 victimes à elle seule.

63Le retour tant attendu est parfois source de déception, pour cause d’absence de la femme aimée qui n’a pas su attendre, de difficulté à reconstruire une situation sociale. Mal préparés pour cette guerre, les appelés du littoral ont mal préparé leur retour. Ils ne peuvent oublier un conflit qui les a profondément déstabilisés. Mais le silence domine, malgré les souvenirs cruels, les regrets, les remords peut être. Leurs difficultés à parler, notamment des événements les plus traumatisants, comme les exactions commises sur les camarades ou la torture, ont été amplifiées par l’indifférence, le refus de savoir de l’entourage. Il leur faut, malgré tout, reprendre une vie normale.

Notes

1 Jauffret J.-C., Soldats en Algérie. Expériences contrastées des hommes du contingent, Autrement, 2004, p. 287-290.

2 Témoignage recueilli par l’auteur.

3 Lettre – témoignage envoyée à l’auteur.

4 Témoignage recueilli par l’auteur.

5 Jauffret J.-C., op. cit., p. 287-290.

6 Nord Littoral, 6 septembre 1957, p. 4, rubrique « Nos lecteurs ont la parole ».

7 Témoignage recueilli par l’auteur.

8 Témoignage recueilli par l’auteur.

9 Idem.

10 Idem.

11 Extrait de son journal, aimablement confié à l’auteur.

12 Témoignage recueilli par l’auteur.

13 Témoignage recueilli par l’auteur.

14 Nord Littoral, 3 juillet 1958, p. 5.

15 Témoignage recueilli par l’auteur.

16 Jauffret J.-C., op. cit. p. 326.

17 Extrait de son journal, aimablement confié à l’auteur.

18 Jauffret J.-C., op. cit. p. 324 à 326.

19 Lettre envoyée à l’auteur.

20 Jauffret J.-C., op. cit. p. 317.

21 Nord Littoral, 5 août 1958, p. 2.

22 Mauss-Copeaux C., Appelés en Algérie. La parole confisqué, Paris, Hachette-Littératures, 1998, rééd. 2001, p. 100.

23 Témoignage recueilli par l’auteur.

24 Médard F, « Les dispositions sociales relatives à la protection des militaires appelés, rappelés ou maintenus, 1954-1962. », in J.C. Jauffret (dir.), Des hommes et des femmes en guerre d’Algérie, Paris, Autrement, 2003, p. 416

25 Chiffre fourni par J.M. LINNE, Président départemental de la FNACA, sous la forme d’un tableau « Works » envoyé par courriel à l’auteur le 2 janvier 2007.

26 Mortreux L., Les héros de l’oubli, ouvrage publié à compte d’auteur, 2004, 257 p.

27 Liste fournie en annexe.

28 Nord Littoral, 4 octobre 1958, p. 3

29 « Le Lien », bulletin de liaison et d’information destiné aux militaires, édité par la fédération J.O.C.-J.O.C.F. Mines Artois d’Arras : rédacteur en chef P. Hauwel, bi trimestriel, Mai 1960, no 8, Archives diocésaines 4 K 11, p. 1.

30 Médard F., « Les dispositions sociales relatives à la protection des militaires appelés, rappelés ou maintenus, 1954-1962 », in Jauffret J.C. (dir.), Des hommes et des femmes en guerre d’Algérie, Paris, Autrement, 2003, p. 416. Le texte complet est en annexe 5.

31 Jauffret J.-C., « Le mouvement des rappelés en 1955-1956 », p. 133-160, in Harbi M. et Stora B. (dir.), La guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004.

32 Cité par F. Médard, in Jauffret J.C. (dir.), Des hommes et des femmes en guerre d’Algérie, op. cit.

33 Nord Littoral, 11 décembre 1960, p. 5, rubrique : « Nos lecteurs ont la parole ».

34 Témoignage recueilli par l’auteur.

35 Idem.

36 Idem.

37 Extrait de son journal, aimablement confié à l’auteur.

38 Témoignage recueilli par l’auteur.

39 Idem.

40 Jauffret J.-C., op. cit. p. 324.

41 Boniface X., « L’aumônerie militaire française en guerre d’Algérie », in Vingtième siècle, Revue d’Histoire, no 77, janvier-mars 2003, p. 47-57.

42 Cité par Boniface X., op. cit.

43 Archives diocésaines, 4 Z 363/25a.

44 Témoignage d’Ernest Dimpré.

45 Témoignage recueilli par l’auteur.

46 Stora B, « Le retour de la mémoire », in Les Collections de L’Histoire, H.S. no 15, La guerre d’Algérie.

47 Stora B., « La fin de l’amnésie », in L’Histoire, no 292, novembre 2004, Guerre d’Algérie : Ce qu’on savait vraiment.

48 Témoignage recueilli par l’auteur.

Table des illustrations

Titre Doc. 3 : Nombre de morts sur la Côte d’Opale du fait de la guerre d’Algérie par année.
Crédits Source : FNACA Nord et Louis Mortreux.
URL http://books.openedition.org/septentrion/docannexe/image/47780/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 88k
Titre Doc. 4 : Morts du littoral par années et par département
Crédits Source : FNACA Nord et Louis Mortreux.
URL http://books.openedition.org/septentrion/docannexe/image/47780/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 84k

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

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