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    Plan détaillé Texte intégral 1.- La place de la parole publique urbaine dans la promotion aulique d’Arnaud Sorbin 2.- L’Apôtre de la guerre sainte : diction divine et stratégies curiales 3.- « La Raison bruit ». Le prédicateur porte-parole ou ferment de la politique royale ? 4.- De la parole enflammée du prédicateur curial à la parole mesurée de l’évêque résident Notes de bas de page Auteur

    La parole publique en ville

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    Table des matières

    La parole publique des prédicateurs royaux au temps des guerres de Religion : l’exemple d’Arnaud Sorbin (1532-1606)

    Benoist Pierre

    p. 61-84

    Texte intégral 1.- La place de la parole publique urbaine dans la promotion aulique d’Arnaud Sorbin 2.- L’Apôtre de la guerre sainte : diction divine et stratégies curiales 3.- « La Raison bruit ». Le prédicateur porte-parole ou ferment de la politique royale ? 4.- De la parole enflammée du prédicateur curial à la parole mesurée de l’évêque résident Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Au temps des guerres de Religion, les prédicateurs furent placés sur le devant de la scène. Dans les villes, beaucoup d’entre eux en appelèrent à la croisade contre les huguenots et furent des agitateurs de guerre. Les nombreux travaux sur la Ligue et sur la violence religieuse ont permis de montrer l’influence de leurs sermons enflammés sur les populations urbaines, à la fois pour les éveiller à l’imminence eschatologique et justifier au nom de Dieu la prise d’armes contre les hérétiques. Notre étude portera sur un autre type de prédication durant les affrontements : celle qui se faisait à la cour. Ce que je cherche surtout à comprendre ici est cette élaboration d’une parole « officielle » propre aux milieux curiaux, principalement à partir du cas d’Arnaud Sorbin, théologal de Toulouse et d’Auch, devenu prédicateur ordinaire de Charles IX et d’Henri III et qui fut installé en 1578 sur le siège de Nevers. Son itinéraire, qui a l’avantage de traverser les guerres de Religion, a laissé de nombreuses « traces » : nous avons conservé de lui quantité de sermons et d’oraisons funèbres, ainsi qu’une partie de sa correspondance, notamment celle qu’il entretint avec le duc de Nevers, dont il fut l’un des plus fidèles clients. Il faut évoquer ici les obstacles épistémologiques que rencontre l’historien dans l’étude de cette parole publique qu’est la prédication curiale, obstacles qui l’empêchent le plus souvent d’en apprécier l’inscription dans l’espace urbain. Cela tient à deux raisons principales. La première est que nous n’avons au mieux que la traduction imprimée de ce qui a été dit. Il est évident que ces imprimés, qui perdent d’emblée tous les usages de cette parole et les effets rhétoriques qui entourent le langage et le portent (gestes, ton, diction, etc.), ne sont pas la simple retranscription de l’oralité. Ils sont au contraire le produit d’une réécriture qui a ses propres règles et sa propre temporalité, dans la mesure où elle intervient souvent plusieurs mois voire plusieurs années après les faits. Elle peut être aussi mise en scène de la parole publique en ville et donc autant discours sur la prise de parole que paroles retranscrites, dans les limites que l’on vient d’évoquer. Bref, si l’on me permet cette image anachronique, elle n’est le plus souvent qu’un enregistrement de piètre qualité de la parole publique.

    2La seconde raison est que nous ne connaissons pas toujours précisément le lieu d’expression de cette parole, ni la composition du public qui y assistait, même si l’on sait, et c’est le cas pour Sorbin, que la plupart de ces discours étaient prononcés devant le roi et son entourage le plus proche. Et lorsque nous avons les lieux et/ou certains membres présents, nous n’avons pas nécessairement le contenu des discours. Il est donc difficile de s’adonner à une socio-topographie précise de la prédication curiale. En tenant compte de ces difficultés et de ces limites, on peut en revanche tenter de mesurer trois choses : la place de la parole urbaine dans la promotion aulique d’un prédicateur ; à l’inverse, la part des stratégies auliques dans la formulation de cette parole qui, dans un contexte de prophétisme ambiant, se veut aussi Parole divine ; et donc, à certains égards, le contrôle (ou l’autocensure) qui s’exerce sur cette parole. Cette attention portée aux modes, aux conditions d’élaboration et aux stratégies de la parole publique religieuse, formulée en cour, permet d’en reconsidérer la portée en la replaçant dans son contexte à la fois socio-politique et politico-religieux. Dans le cas précis de Sorbin, cela nous invite à nous poser cette question : était-il vraiment le fougueux polémiste et le prédicateur intransigeant que l’on présente si souvent ?

    1.- La place de la parole publique urbaine dans la promotion aulique d’Arnaud Sorbin

    3On sait que le recrutement curial était le résultat d’un processus complexe qui dépendait non seulement des liens familiaux et claniques, mais aussi de la propension « technique » et « idéologique » à occuper la charge : qualités propres à l’emploi, signes manifestes de fidélité royale, adéquation avec les croyances et les intentions du souverain, etc. Dès que les sources, souvent opaques sur ce point, révèlent des modalités de promotion aulique, il est fréquent d’y observer le critère des capacités à tenir la charge dans le choix de l’impétrant, qu’elles fussent mises en avant par un patron, recommandées par un parent ou repérées par le monarque ou un membre éminent de la cour.

    4L’ascension d’Arnaud Sorbin, qui fit d’abord carrière dans l’Église avant d’atteindre la cour grâce à ses relations ecclésiales, est typique des hommes de basse extraction. Installé à Montech dans le diocèse de Montauban, son père était certainement cet Antoine Sorbin qui, d’après un contrat notarié de 1528, échangea une vigne avec un voisin. Entre 1545-1558, le prêtre de Montech s’appelait Arnaud Sorbin. Il s’agissait sans doute de l’oncle de notre Arnaud1. Contrairement à ce que laisse entendre la Gallia christiana constamment reprise, Sorbin n’était donc probablement pas un orphelin de parents pauvres2. Mais il provenait tout de même d’un milieu relativement modeste. Il fut visiblement un étudiant brillant, mais on ne connaît pas précisément son cursus. Tous les témoignages sont sur ce point beaucoup trop entachés de penchants hagiographiques pour que l’on puisse les prendre pour argent comptant. On sait juste qu’il réussit à obtenir son doctorat en théologie à Toulouse vers 1557, ce qui n’était pas un moindre exploit au vu de ses origines sociales.

    5Ce qui apparaît en revanche assez clairement, c’est que sa promotion aulique fut le résultat d’un double processus : l’entrée dans la clientèle de grands prélats de cour par le service diocésain qui fut elle-même largement favorisée par les qualités oratoires de Sorbin. Docteur en théologie, Sorbin entra en effet en relation avec plusieurs grands prélats de cour de l’époque : il assista le cardinal de Meudon, Antoine Sanguin, archevêque de Toulouse qui lui remit en échange la cure de Sainte-Foy-Peyrolières en 1556 – d’où son surnom de « Monsieur de Sainte-Foy » –. Le cardinal d’Este fit également appel à ses services à l’archevêché d’Auch, où Sorbin devint théologal du chapitre cathédral en mars 15683. Le cardinal Georges d’Armagnac, une fois désigné archevêque de Toulouse, lui attribua la même prébende théologale dans sa cité épiscopale. Mais nous n’avons malheureusement aucune information, ni sur l’exercice de la charge, ni sur les sermons que Sorbin prononça à Auch et à Toulouse. Notons tout de même que Sorbin tirait gloire de ce titre de « Docteur théologal » au point de le revendiquer plus tard dans la plupart de ses écrits, alors qu’il n’officiait plus dans les deux villes de la Gascogne et du Languedoc.

    6Il faut rappeler que la prébende théologale était un bénéfice important, dévolu à la prédication urbaine et à l’enseignement théologique et scripturaire. Le concile de Bâle, la Pragmatique Sanction de Bourges puis le Concordat de Bologne en avaient fixé des conditions strictes d’attribution qui furent reprises au XVIe siècle par les ordonnances des rois de France et le concile de Trente dans sa 5e session : pour recevoir cette prébende, il fallait être docteur en théologie et se prévaloir d’un minimum de dix années d’étude dans une université réputée4. L’ordonnance royale d’Orléans de 1560 rappela dans son article 8 (en référence aux mêmes textes fondateurs depuis Bâle) que le théologal avait pour charge de prêcher et d’annoncer la parole de Dieu chaque dimanche et fêtes solennelles et qu’il était en outre chargé de faire une « leçon publique » des Écritures, à laquelle les chanoines étaient contraints d’assister, sous peine d’être privés de « distribution »5. Sorbin était donc détenteur d’une charge qui en faisait d’emblée un prédicateur. Si l’on s’en tient aux conditions d’attribution de la prébende, il était considéré comme un homme « prudent » et « instruit ».

    7Il est certain en tout cas qu’il se fit connaître grâce à ses talents d’orateur. Il prêcha à Auch, à Toulouse, mais aussi d’après la France pontificale, à Narbonne, Bordeaux, Marseille, Lyon et Paris. On sait que Catherine de Médicis l’appela à la cour après avoir admiré les Homélies sur l’interprétation des dix commandemens de la Loy qu’il prononça dans l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie durant l’avent 15676. Étienne Oroux, souvent bien informé grâce à des sources de première main, nous dit que c’est après un sermon à Saint-Maur-des-Fossés entendu par Charles IX que le roi décida d’en faire son prédicateur7. Trois ans plus tard, Sorbin tira de ses Homélies un livre dédicacé d’une « Epistre » à Catherine de Médicis, où il affirmait que la reine avait tellement apprécié son discours, qu’elle lui avait remis en récompense le titre de prédicateur ordinaire du roi. L’ecclésiastique mettait donc en avant ses qualités d’orateur pour justifier et sans doute aussi mettre en scène sa propre promotion aulique, dont on a vu qu’elle dépendait également et pour beaucoup de son origine géographique et de sa mise en relation avec quelques grands prélats de cour de l’époque.

    8Analysons plus précisément le contenu des Homélies. Sur un ton très conquérant, Sorbin y explique que Catherine de Médicis était la reine bénie du « Dieu des guerres et des batailles » et que, par amour pour ses sujets, elle devait continuer à châtier les « mauvais » hommes8. « Je me contenteray de proposer la raison que l’apostre sainct Paul en baille, déclarant le cousteau n’avoit esté baillé aux Monarques que pour le chastiement et vengeance des mauvais, tuition et defense des bons [...]. Dieu vous a fait la grace de sauver et garantir entre l’heresie, la plus furieuse que jamais aye esté en France ». Il dénonçait ainsi les multiples « transgressions » aux commandements divins, les abus de l’Église, la corruption des mœurs et les péchés du monde, qu’il considérait comme autant de « plaies d’Égypte ». Le plus grave selon lui était que les erreurs des catholiques avaient permis la diffusion du « mal » hérétique : « Se fault-il esmerveiller, dit-il, si les eaux se convertissent en sang par toute la France ? Si tout le peuple est rendu sanguinolent ? Car qu’est-ce qu’il y a qui esbransle si tost la paix et le repos des Royaumes que le mespris ou changement de la Religion, vray ciment de l’unité9 ? ».

    9Sorbin se montrait tout aussi intransigeant envers les « loups » huguenots, dont il récusait un à un les préceptes fallacieux, qu’à l’égard des « politiques » qui, par leur faiblesse, en avaient favorisé l’essor. Il revenait à tous les bons catholiques de participer à la « poursuite de l’extirpation de l’heresie », cette « mère des guerres civiles », à condition cependant de le faire par la voie spirituelle10. Dans la 9e homélie sur le Non occides, Sorbin reconnaissait que seul l’État royal était habilité à user de la force pour « faire incision des parties pourries ou gastées du corps ». C’était, d’après le prédicateur, ce qui distinguait, les partisans de la « pure doctrine », des hérétiques qui avaient fait de la vengeance particulière et de la rébellion l’un des fondements de leurs croyances11. On trouve là en substance le discours officiel qui allait être diffusé après la Saint-Barthélemy. Devant la reine et Charles IX, le prédicateur implorait donc le « Dieu de paix et de concorde » :

    Donne nous, s’il te plaist, par celle incomprehensible, et immense tienne bonté, un tel accroissement de dilection envers toy, et nostre prochain pour l’amour de toy, que mises à part les revoltes et rebellions, dont une grande partie des hommes sont ensorcelez, et les vengeances qu’aucuns pourroit desirer poursuyvre que les Roys, les Princes et les Magistrats t’obeissent selon ta saincte volonté : et que ton sainct commandement, qui nous prohibe l’homicide, religieusement observé de chacun, nous nous puissions voir aornez [sic] de la simplicité et syncerité digne de vrays Chrestiens, sans que jamais plus les cruautez plus que barbares, que dis-je, mais qui surpassent la ferocité des bestes plus cruelles, ayent un tant soit peu de place entre nous. Fay doncques, Seigneur, s’il te plaist, que comme la malice a esté la source de tout mal entre nous, qu’aussi la dilection remise entre nous en son premier et digne estat, nous apporte le comble de tout bien, par celuy qui est la vraye dilection, nostre Redempteur Jesus Christ, qui quand et toy, et le sainct Esprit vit et regne eternellement, Amen12.

    10Si d’après Sorbin, il fallait réintroduire l’amour et la paix entre les partis, prélude à l’unité chrétienne et à la rédemption du Christ, il était nécessaire aussi de faire preuve de fermeté envers l’ennemi, contrairement à ce qu’affirmaient les politiques qui prêchaient à tort la douceur et la miséricorde13. Le prédicateur déduisait de la lecture de Tertullien et de saint Augustin, cet adage : « ce n’est [pas] la nature d’un heretique que d’estre chastouillé ou alleiché, mais plustost d’estre contraint, apprenant à ceux qui ont l’authorité, à cognoistre l’expedient propre pour dompter l’heresie n’estre autre que la contrainte14. » Il revenait donc au roi d’être l’unique agent de cette soumission voulue par Dieu. L’appel à la guerre était légaliste et, ce faisant, s’inscrivait dans le cadre de la guerre juste, que Sorbin abordait dans l’une de ses homélies pour mieux l’opposer aux « meurtres » impies des huguenots.

    11Plus encore que le contenu de ce discours prononcé devant le roi et la reine mère et qui, sans surprise, allait dans le sens de ce que Charles IX et Catherine de Médicis désiraient entendre, c’est la trajectoire de Sorbin qui est intéressante, car ce fut très probablement à l’issue de ce sermon, comme nous l’avons vu, qu’il entra à la cour. Le texte imprimé qui en est tiré évoque ouvertement cet échange de don et de contre-don : dans son épître écrite trois ans après les faits, Arnaud Sorbin déclarait vouloir continuer à aider la reine dans son entreprise d’unification chrétienne, en échange de la faveur royale qu’il avait reçue quelques années plus tôt et qui l’avait porté à l’office de prédicateur royal15.

    2.- L’Apôtre de la guerre sainte : diction divine et stratégies curiales

    12Dans les années qui suivirent, Sorbin ne cessa de se faire l’apôtre de la violence légitime et étatique contre les huguenots. Il reste à savoir s’il le fut par choix ou simplement en contrepartie de son élévation curiale. En d’autres termes, n’y a-t-il dans cette oralité colportée et sans doute aussi transformée par l’écrit, que la retranscription des exigences royales ? Cela n’est pas certain. Prenons par exemple la traduction en français de l’Histoire de la ligue saincte [...] contre les heretiques Albigeois que Sorbin acheva à la fin de l’année 1568 et qui parut au début de l’année suivante16. Portons plus précisément notre attention sur la dédicace à « tres haut et tres puissant seigneur Henry de Valois, fils et frere de Roy, duc d’Anjou, et Bourbonnois, lieutenant général de sa Majesté [...] ». Cette dédicace n’a sans doute pas fait l’objet d’un discours oral public, mais le ton de l’imprimé est celui de l’oralité et il a, de toute évidence, nourri le discours oral, puisqu’on en retrouve des passages ou des allusions dans d’autres sermons imprimés. Le document, comme ceux que l’on vient d’évoquer, est porté par l’idée d’une nécessaire violence d’État menée au nom de la concorde et de l’unité chrétienne. Sauf que, dans ce cas précis, la monarchie s’organise autour d’un modèle trinitaire : Charles IX, Catherine de Médicis et le duc d’Anjou, héritier présomptif de la couronne de France. Dans la mesure où le texte lui est dédicacé, le duc en devient le personnage central.

    13Or Sorbin ne fit pas qu’y vanter les mérites et les vertus du duc. Pour mater les « mutins » et les « rebelles » huguenots, il exhortait aussi le prince à suivre l’enseignement combiné de César et d’Alexandre le Grand ; il lui demanda de devenir l’agent de l’« entière restauration » du catholicisme par la guerre sainte. Dès lors la croisade albigeoise et l’action de Simon de Montfort pouvaient lui servir d’exemple car, d’après Sorbin, cette expédition salvatrice avait coïncidé avec un temps de gloire et une rapide soumission des Albigeois à Dieu et à son Église. À certains moments, la dédicace prenait une intonation plus impérative et mettait en garde le frère cadet de Charles IX. Elle lui conseillait vivement par exemple de ne jamais donner audience dans son conseil aux « politiques » et encore moins aux « hérétiques ». Henri de Valois pouvait en revanche compter sur « un nombre presque infiny de braves guerriers », prêts à « offrir leur estomach à la bouche d’un canon pour l’honneur de Dieu, [et] service de leur Roy ». Grâce à ces nouveaux croisés tout dévoués aux puissances supérieures, le duc allait pouvoir châtier les rebelles et extirper l’hérésie huguenote, d’autant plus dangereuse qu’elle était un concentré de toutes les erreurs du passé17. Pour le clerc de Montech devenu prédicateur de cour, la monstruosité galopante de son époque était née du schisme et se retrouvait dans les religions luthérienne et calviniste qu’il fallait abattre18.

    14Sorbin développa des idées similaires dans plusieurs de ses poèmes : les Regrets de la France sur les miseres des troubles de 1568 où le prédicateur royal parlait au nom de Dieu19 et dans la Description de la source d’erreur, de ses maux, et des remèdes qui luy sont propres, long poème que Sorbin fit paraître en 1570, toujours chez Chaudière, sous la forme d’une allégorie théologique, dans lequel il s’adressait à des figures personnifiées (l’amitié, l’équité, la discorde, etc.), qui lui étaient apparues en songe20. De même à la mort de Charles IX, il célébra dans son oraison funèbre prononcée à Notre-Dame de Paris, le 12 juillet 1574 le roi défunt qui avait réussi à rétablir la paix et l’unité spirituelle « mettant fin au schisme, et réunissant voz subjets soubz mesme foy »21. Clovis avait initié la foi catholique en France. Charles IX l’avait quant à lui restituée22. Et si le roi était mort si jeune, explique Sorbin, c’était parce que les hommes et plus précisément les hérétiques, ne s’étaient pas soumis à son autorité et avaient considérablement alourdi sa peine : ils avaient « tellement outré son cueur que peu à peu la langueur produite de la tristesse, l’a[vait] amené à la mort ». D’après Sorbin, lorsque les médecins ouvrirent le corps du roi, ils découvrirent un cœur « destité de pericardie, sec et aride, de langueur et d’ennuy ». Les hérétiques avaient donc commis un parricide, ils avaient tué le « père de la patrie » et élevé Charles IX au rang de roi-martyr : C’est vous qui l’avez couronné d’une couronne de martyre et qui pensans vous prevaloir de sa mort avez aggregé le sang de vostre Prince innocent, au sang de tant de ses povres subjets, inhumainement meurtriz presque par tous les endroits de son Royaume. Que si les hommes sanglans et trompeurs sont en abomination devant la face de Dieu, qu’est-ce que vous devez attendre de sa justice, après avoir couronné voz impietez de cet acte le plus barbare et le plus cruel que le plus malheureux d’entre les Scythes sçauroit avoir pensé ?23

    15Le texte du sermon, publié quelques semaines seulement après avoir été prononcé devant la cour, entendait dresser un bilan de l’action glorieuse de Charles IX. Il lançait surtout un nouvel appel à Henri de Valois qui avait pris la couronne de Pologne 5 mois plus tôt et était donc absent. Sorbin l’invita à suivre l’exemple de son frère et ne douta pas un instant qu’il s’affirmerait comme le restaurateur de la foi, le Très-Chrétien et le « père du bon peuple ». Ce n’est pas un hasard si, parmi les glorieuses actions que le prédicateur royal voulait retenir de celui qu’il considérait comme son nouveau maître, il mit en avant la bataille de Moncontour d’octobre 1569, au cours de laquelle les armées du duc d’Anjou avaient écrasé celles du comte de Saulx-Tavannes24. Sorbin ne faisait là que se remémorer un événement glorieux qu’il avait célébré en son temps par des louanges et des prières publiques25.

    16Il est intéressant de noter la façon dont, à nouveau, le prédicateur se mettait en scène et s’octroyait une place essentielle dans l’accomplissement salvateur de la politique royale en rappelant ses paroles prononcées par le feu roi à propos de la guerre qu’il menait contre les hérétiques : « Mon prédicateur en parlera pour moy, et mon espée defendra pour luy »26. Sorbin se considérait comme l’interprète privilégié de la parole royale, celui qui la formalisait et la rendait audible. L’oraison funèbre du roi prononcée par Sorbin devant la cour à Notre-Dame s’agença donc autour de trois thèmes qui montraient la part de liberté que le prédicateur pouvait prendre : un bilan apologétique de l’action de Charles IX, un appel lancé à Henri III pour en poursuivre l’œuvre et enfin, une mise en situation du prédicateur qui s’en faisait le témoin et le propagateur par une diction prophétique.

    3.- « La Raison bruit ». Le prédicateur porte-parole ou ferment de la politique royale ?

    17On comprend qu’en 1576, Sorbin n’ait éprouvé aucun mal à faire l’apologie de la Saint-Barthélemy dans Le Vray Resveille-Matin des Calvinistes et publicains françois, où est amplement discouru de l’autorité des Princes et du devoir des sujets envers iceux. Il publia ce texte en réponse au Resveille-Matin des François et de leurs voisins, attribué à Théodore de Bèze27. Sorbin s’y présentait comme le principal conseiller spirituel de Charles IX : il lui avait prêché la bonne parole, l’avait suivi et consolé au moment de son trépas, et l’avait « chrestiennement pleuré » à travers ses oraisons et ses prédications. Il voulait célébrer sa mémoire, celle de son ancien « maître » (et à travers lui de Catherine de Médicis et de toute la maison des Valois) qui s’était illustré par tant de louables actions contre les « mécréants », et notamment par le massacre de la Saint-Barthélemy qui était incontestablement son fait d’armes le plus glorieux. C’était un acte juste voulu par Dieu : « Oses-tu [l’hérétique] bien arguer de cruauté, celuy [Charles IX] qui ayant fait si grande preuve de tes infidelitez, taschoit sans cesse à les vaincre par sa clemence et misericorde ? Et pour autant que le fond de ta malice semble estre assis sur la justice executée le jour de la sainct Barthelemy (que les catholiques nommeront par tout l’univers, et à jamais, « le jour de la grande justice ») nommé par toy et tes semblables « le jour de la trahison »28 ».

    18Pour Sorbin, la Saint-Barthélemy devenait la nécessaire « pénitence des rebellions commises tant contre l’État que contre la foy catholique29 », la réponse légitime du roi aux huguenots qui n’avaient jamais voulu s’amender de leurs fautes, ni se soumettre à l’autorité royale, garante de l’unité de la foi. Sorbin en profita au passage pour fustiger tous les monarchomaques « hérétiques », dont les théories « impies » faisaient l’apologie de la révolte contre le roi-tyran. Son livre 2, véritable traité théologico-politique en faveur d’un renforcement des pouvoirs du Très-Chrétien s’intitulait : « Du devoir des sujets envers les princes et de l’auctorité des princes et superieurs sur leurs sujets ». Il y récusait la distinction entre les officiers du roi et ceux dits « du royaume », en rappelant que tous les officiers, qu’ils fussent domestiques ou chargés des affaires publiques, ne pouvaient reconnaitre qu’un seul et même chef en la personne du prince.

    19Le roi était le seul maître à bord : la toute-puissance du roi venait d’en-haut, même la « tyrannique, que Dieu a quelque fois advouée pour sienne, à cause qu’elle exécutoit les effects de la justice30 ». S’il y avait parfois des excès, notamment en matière fiscale, c’était justement à cause de la rébellion hérétique31. Lieutenant de Dieu sur terre, le roi avait toute latitude pour châtier les huguenots et il pouvait user de tous les moyens et de toutes les astuces pour y parvenir, y compris en dérogeant aux règles de l’art militaire, qui n’étaient plus de mise face à de telles infamies32. Dieu ne lui en tiendrait jamais rigueur et bien plus, l’aiderait dans cette entreprise. À sa grande satisfaction, Sorbin put en observer les effets en 1569 à Tours, lors de l’exécution de Le Doreur, un chef huguenot condamné à être pendu puis brulé vif pour avoir, avec ses hommes, saccagé les églises de la ville, jeté aux flammes le corps de saint Martin et, plus grave encore, porté atteinte aux divins mystères de l’eucharistie, dans une violence symbolique iconoclaste qu’il fallait, d’après Sorbin, impérativement réparer et purifier. Dieu s’en chargea en augmentant sa souffrance physique :

    Je le vey brusler tout vif en la place de Tours [...] ; mais Dieu, juste vengeur de ses grandes impietez, permeit qu’il se jetta de l’eschelle au licol pour s’estrangler, lequel rompit, et il tomba chargé de pouldre dans le feu, de manière que n’estant encores bien allumé, la pouldre print feu, et le jetta bien hault, noir come un More, et retombant fut abbatu par les bourreaux à coups de bastons, et la teste et les pieds hors du feu, les entrailles luy brusloient33.

    J’estois en ce temps là en la ville de Tours, à la suyte du feu Roy mon maistre. Contemplez icy, Lecteurs, d’une part l’impieté de ce malheureux, et d’autre les effects de la justice de Dieu, qui ne laisse volontiers mourir les executeurs de ces impietez, sans les punir de quelque punition exemplaire34.

    20Arnaud Sorbin fut reconduit à sa charge de prédicateur royal par Henri III. Pour l’en remercier, il lui dédicaça le quatrième livre du Vray Resveille-Matin des Calvinistes et publicains françois. Plus que jamais, il pensait que, pour restaurer l’union confessionnelle, il fallait corriger les « meurtriers », « rebelles » et « vrais antéchrists »35. Notons les accents scolastiques de son propos (finalement assez rares dans l’ensemble de son œuvre), lorsqu’il déclara que les princes étaient contraints de rétablir la paix sous peine d’être punis pas Dieu36. Dans cette guerre sainte, les prêtres avaient aussi un rôle essentiel à tenir : leurs prédications publiques devaient « enhardir les soldats, leur proposer la présence de Dieu et sa faveur37 ». Sorbin en appelait à une véritable politique de prédication publique pour attiser les ardeurs guerrières et obtenir plus rapidement la victoire.

    21À l’inverse, il refusait d’écouter ces « fols et insensez » qui rejetaient la « punition publique contre les erreurs et les crimes » en affirmant qu’elle était un obstacle à la paix. Sorbin pensait au contraire que la violence contenait en elle-même une vertu d’exemplarité et qu’elle était le seul moyen d’obtenir la repentance et l’amendement de tous les ennemis de la foi par la peur. Il fallait méditer le témoignage de saint Augustin sur les Donatistes qui « ayans esté incorrigible du temps qu’on ne faisoit que les prescher, sans les chastier, ne tenoient compte de penser à leur erreur ; mais quand ils se veirent d’une part pressez par la parole de Dieu, et d’autre part puniz par le cousteau, ils furent contraints bon gré mal gré qu’ils en eussent, d’abandonner leur secte pour revenir au parc de l’Église38 ». Le prédicateur rejetait au contraire le modèle « injuste et prejudiciable » de la coexistence religieuse, « comme de permettre la division de l’Autel, et de l’Église, et des sacremens, voir[e] de la parole de Dieu, que tous heretiques sont coustumiers de pervertir et falsifier39 ». Il en concluait que catholiques et protestants n’arriveraient jamais à s’entendre et que seul l’usage de la force permettrait de restaurer l’ordre et l’unité.

    22Le quatrième volet de cet ouvrage intitulé Devoir des Roys et Princes envers leurs sujets relève de la littérature des miroirs du prince40. Dans son « Epistre » écrite à Lyon et datée de la Toussaint 1574, le prédicateur se proposait, en un temps si « embrouillé », d’apporter des conseils avisés à son prince41. Plus loin, il expliqua que la force et la constance d’un favori éclairé consistait justement « à bien conseiller [...] et conseillant venir à bout de la deliberation (qui est autant à dire, comme sçavoit se resouldre au besoin et executer dextrement sa resolution) et Dieu accomplira tous ces bons conseils ». Toujours tourné vers le ciel, le prédicateur était donc particulièrement bien placé pour exercer cette fonction. Après ce préliminaire légitimant sa position et son discours, Sorbin listait les péchés des grands de ce monde : l’usurpation d’un territoire ou d’un pouvoir, la tyrannie, la dilapidation du domaine, des dispenses sur le droit divin ou naturel, l’atteinte aux « libertés », etc. Il entendait également se substituer aux « courtisans » qui n’osaient dire tout haut ce qu’ils pensaient tout bas, de peur de perdre la faveur royale. Sorbin voulait au contraire être sincère et prodiguer de « vrais » enseignements à Henri III. Il voulait se faire l’Apôtre d’une parole juste et vraie car inspirée par Dieu. D’après lui, le roi devait porter la loi de Dieu en son cœur, ce qui impliquait d’aimer ses sujets mais aussi de châtier les hérétiques, d’être autant « l’aiguillon » du Tout-Puissant contre ses ennemis, que le doux propagateur du bien commun envers ses sujets42.

    23L’une des principales activités oratoires d’Arnaud Sorbin à Paris fut l’oraison funèbre. Outre les deux oraisons funèbres de Charles IX et des membres de la famille royale (Marguerite de France, duchesse de Savoie et Claude de France, duchesse de Lorraine en 1575, Marie Isabeau de France en 1578), Sorbin prononça et publia les éloges funéraires de grands princes et de princesses (Anne de Montmorency en 1567, Cosme de Médicis, grand-duc de Toscane en 1574, Louis de Gonzague, duc de Nevers en 1595, son épouse, Henriette de Clèves, en 1601), de prélats de Conseil comme le cardinal de Bourbon en 1595 et de mignons d’Henri III (Jacques de Lévi, comte de Caylus, le 31 mai 1578, Paul de Caussade, seigneur de Saint-Mégrin, le 25 juillet 1578). Ce sont ces dernières oraisons qui nous intéressent ici car elles s’attachent à défendre les vertus chrétiennes de fidèles serviteurs d’Henri III au temps des guerres de Religion, quitte parfois à détourner ou à enjoliver les faits.

    24Ainsi, en 1578, dans l’église Saint-Paul, Sorbin réussit l’exploit de louer la mémoire du mignon Jacques de Levis, comte de Caylus, pourtant mortellement blessé lors d’un duel. Sans s’étendre sur ce trépas quelque peu embarrassant et peu glorieux du point de vue de la morale chrétienne, il affirma « n’avoir jamais veu mort plus contrite et chrestienne que la sienne » et se contenta de repérer parmi ses aïeuls les serviteurs de la foi suffisamment vertueux pour lui servir de paravent43. Il fit de même avec Paul de Caussade, seigneur de Saint-Mégrin, assassiné en juillet 1578, peut-être par les Guises44. Sorbin ne se risqua pas à désigner des coupables : il préféra associer le crime à tous ces « meurtres », « trahisons » et « conjurations », « que nous avons veu depuis dix-huict ou dix-neuf ans », ce qui revenait à le mettre sur le dos des huguenots. Le père de Paul de Caussade, explique Sorbin, avait lui-même été « meurtri par les hérétiques environ l’an 1574 ou 75 defendant et la foy et l’authorité de son prince45 ». Comme son géniteur, le mignon d’Henri III était donc mort en bon chrétien.

    25Ces nombreux discours montrent que Sorbin utilisa toutes les formes discursives de l’oralité et de la prédication pour défendre la politique royale. A-t-il été le simple porte-parole de l’action monarchique ou l’un de ceux qui ont aidé à sa définition ? Certainement l’un et l’autre à la fois, dans une relation indissociable entre l’homme d’Église et l’homme de cour, le favori et le conseiller, le prédicateur et le commensal, qu’il est vain de vouloir démêler. Ce qui explique les hésitations de certains pamphlets huguenots à son égard. Ainsi dans le Tocsin contre les massacreurs, l’auteur anonyme attribua d’abord des intentions criminelles au prédicateur royal. Il l’accusa d’avoir incité Charles IX à faire usage de la violence contre les huguenots et même d’avoir encouragé le duc d’Anjou à perpétrer le massacre de la Saint-Barthélemy, en donnant à celui-ci l’« espérance de la primogéniture, comme Jacob l’avoit eue sur son aisné Ésaü46 ». Mais quelques pages plus loin, le libelliste reconnaissait que les paroles enflammées de Sorbin contre le mariage d’Henri de Navarre et de Marguerite de France, lui avaient été soufflées « en privé » par des proches du roi. Informations tout aussi invérifiables que les précédentes, mais dont on peut aisément saisir la fonction rhétorique : en s’attaquant au prédicateur, les huguenots voulaient dénoncer l’étroite connivence de l’Église et de l’État qui rendait impossible toute forme de concorde et de coexistence religieuses. En revanche du côté catholique et notamment de sa frange la plus intransigeante, Sorbin était perçu comme un prophète. Dans l’Histoire des Albigeois, on trouve dans les premières pages un sonnet de P. Amadis Auscitain (certainement un pseudonyme, peut-être une anagramme) qui décrit Sorbin comme un « Embassadeur de la troupe de Dieu » et « Un Astre de la Terre » qui soutenu par « mille voix » répand la « semence des cieux » pour « donner à toute ame pasture ». Le dernier vers est éloquent : « Arnaud Sorbin auquel toujours La Raison Bruid ». Or « la raison bruit », c’est précisément l’anagramme d’Arnaud Sorbin.

    26Grâce à ses talents oratoires, Sorbin rendit de nombreux services à la monarchie, ce qui lui permit d’être promu évêque de Nevers en 1578, sur les recommandations de Louis de Gonzague, duc de Nevers, auquel il était attaché depuis plusieurs années47. Proche de Paris, l’évêché faisait partie des plus beaux fleurons de l’Église48. Il était convoité. Il est intéressant de noter l’attitude de Sorbin : désormais dévoué à Nevers autant qu’au roi, il prit le pli de son nouveau maître, quitte à atténuer ses penchants initiaux qui auraient dû ou pu le conduire à prendre le parti de la Ligue catholique. Cette promotion épiscopale coïncida avec un nouveau discours, nettement moins radical que le précédent.

    4.- De la parole enflammée du prédicateur curial à la parole mesurée de l’évêque résident

    27Dans les années 1580, Sorbin devint comme tous les autres membres de l’Église de cour, un des 70 membres de la congrégation de « Notre-Dame de la Vie-Saine »49. On sait qu’il en était surtout l’un des principaux orateurs. Érigée par Henri III, la sainte association avait pour but de rehausser le pouvoir royal en invitant tous les partis du royaume à suivre, à l’image de la cour, l’autorité du Roi-Christ50. Jacques Davy Du Perron, alors lecteur de la chambre royale, mentionna la participation de Sorbin à cette tentative politico-religieuse de pacification royale, dans son Discours spirituel sur le premier verset du psaume 122 Ad te levavi oculos meos qui habitas in cœlis51. D’après Du Perron, Sorbin y donna des « leçons » aux côtés d’autres ecclésiastiques de cour : Jacques Amyot, Guillaume Rose, Christophe de Cheffontaines, Edmond Auger, Philippe Desportes, Philippe Du Bec.

    28Les paroles de Sorbin n’ont malheureusement pas été conservées. Mais on peut s’en faire une idée grâce aux autres discours prononcés à Vincennes qui insistaient tous sur l’urgence d’une pénitence publique pour apaiser l’ire divine. Du Perron par exemple mit en avant la nécessaire soumission des hommes à Dieu à l’imitation du roi et de sa cour : « de sorte que c’est pecher directement contre la puissance de Dieu, que d’establir absolument nostre esperance en aucune autre chose qu’en la force et en la vertu de sa dextre52. » Quand Henri III se retirait avec les membres de sa cour, il était à l’image de Moïse sur le mont Sinaï. En ces temps de corruption généralisée, il fallait suivre ce modèle d’un roi pieux « qui devant les plus cruels et dangereux assauts de l’heresie ne s’est pas contenté de la combattre avecques les armes temporelles et materielles et en rapporter une infinité de lauriers et de trophées ; mais mesme l’a voulu exterminer avec les armes spirituelles, c’est à dire avec l’exemple de ses mœurs et de sa pieté53 ». En septembre 1585, des discours du même genre furent déclamés par Julien de Saint-Germain, Guillaume Rose et Edmond Auger, mais aussi par le roi en personne, et d’autres théologiens lettrés54. Il est probable que Sorbin fût l’un d’entre eux. En 1586, Philippe Du Bec fit imprimer une série de sermons pénitentiels dont plusieurs furent formulés dans ce cadre55 : on y trouve un sermon de Noël prononcé « au bois de Vincennes » devant Sa Majesté en 1584 ; un sermon de la pénitence dit « en la chapelle des Pénitents », le premier mercredi d’octobre 1584, en la présence du roi ; deux sermons donnés à nouveau devant Henri III en novembre et décembre 1585. À cela s’ajoutait un sermon de l’Eucharistie prêché en l’église cathédrale de Nantes le jour du « Jeudi Absolu » de l’année 1586. Un vent de sainteté héroïque et de réforme soufflait sur Paris. Mais il s’agissait aussi d’étendre par la prédication cet élan pénitentiel aux principales villes du royaume.

    29Dès la fin des années 1570, Sorbin avait déjà évoqué l’idée d’une pénitence publique dans quelques-uns de ses écrits, comme le Vray Resveille-Matin où le prédicateur affirma qu’un bon prince devait savoir corriger ses propres fautes autant que celles de ses sujets. Dans ce texte cependant, Sorbin avait donné à la pénitence royale une connotation guerrière de l’âme politique qui châtiait le corps civil corrompu56. Ce fut moins le cas avec l’Exhortation à la noblesse pour les dissuader et destourner des duels et autres combats publiée en 1578 : promu à l’évêché de Nevers, l’ancien théologal de Toulouse trouvait que les nobles étaient trop captifs de leurs passions et qu’ils se détournaient des valeurs nobiliaires et de la nécessaire obéissance due au roi et à Dieu57. Ce penchant ascétique transparait également dans son ouvrage d’ars moriendis qu’il rédigea dans « l’hermitage de Prémery », sa résidence épiscopale d’été (le château de Prémery) où il s’était retiré à la manière d’un pénitent : Le Desfy de la mort, ou la Manière de bien mourir et ne craindre par trop la mort corporelle. Le livre sortit des presses en 1585, l’année où Sorbin prêcha l’avent à Paris58. On y trouve une « Epistre pour une dame du Nyvernois, de la secte que les Calvinistes nomment nouvelle ou Religion réformée ; utile pour la consolation de ceux qui ont désir de se despartir de ces opinion-là, et revenir au giron de l’Église catholique, leur mere ». Le texte montre que Sorbin était plus soucieux désormais de la conversion pacifique des hérétiques de son évêché que de leur soumission violente et contrainte à grande échelle.

    30À partir des années 1580 et jusqu’à la fin des guerres de Religion, ce ne fut pas dans la capitale que Sorbin s’illustra le plus, ni même à la cour, mais dans son diocèse où il résida de manière régulière. Or on vient de le voir, à Nevers, Arnaud Sorbin ne fut pas aussi virulent qu’il l’avait été à Paris dans les deux dernières décennies59. L’ancien prédicateur de Charles IX qui ne revenait qu’occasionnellement à la cour pour prêcher et participer à l’humanisme pénitentiel voulu par le roi, suivit Louis de Gonzague qui, on le sait, se montra très critique à l’égard de la Ligue catholique, du moins jusqu’aux meurtres des Guises à Blois en décembre 1588. Mais, même après cet événement qui divisa les catholiques entre partisans du roi et farouches opposants, le duc sut garder ses distances avec la Sainte Union. Ainsi, le 27 avril 1589, lorsque Sorbin, après avoir été contacté par le conseil de la Ligue, tenta de faire adopter dans son diocèse un serment d’Union, proche de celui des ligueurs parisiens, Nevers refusa d’entériner le texte qui, bien que placé sous son autorité, mettait trop l’accent, selon lui, sur la lutte contre l’hérésie60. Un mois et demi plus tard, Sorbin s’était adapté : le 12 juin 1589, il faisait lire par les conseillers de la ville une nouvelle déclaration publique à « Monseigneur et Madame », dans laquelle il les suppliait de ne pas contraindre leurs sujets à entrer dans un quelconque « parti », y compris celui d’Henri III, « en tant qu’il sera adherant aux héréticques contre les catholicques, de ce qu’ilz ne soient veuz justement de l’affection des catholicques contre leurs consciences et perdre leur réputation61 ». Désormais serviteur du duc, Sorbin avait nuancé sa position, tout en tenant compte des impératifs supérieurs de la religion : s’il acceptait de ne pas prendre officiellement le parti de la Sainte Union, il ne voulait pas non plus défendre un roi qui, en se rapprochant du Navarrais, avait confirmé son hérésie, désormais condamnée par le pape. Nevers et son prédicateur se retrouvaient donc sur une position médiane et relativement neutre tant par rapport aux huguenots que face aux divisions extrêmes que les guerres de Religion avaient engendrées chez les catholiques.

    31Après le régicide d’Henri III, Sorbin se rallia progressivement aux prélats du tiers-parti qui, derrière le cardinal de Bourbon-Vendôme et l’archevêque de Bourges, Renaud de Beaune, furent placés à la tête de l’Église de cour et encadrèrent la conversion au catholicisme d’Henri IV62. L’évêque de Nevers suivait là encore Louis de Gonzague qui en octobre 1593 fut envoyé à Rome avec plusieurs prélats de l’entourage royal pour annoncer la volonté du roi de se réconcilier avec le pape. Henri IV mit également Arnaud Sorbin à contribution. À la fin de l’été 1594, il lui demanda d’accompagner jusqu’à Lyon le cardinal-légat, Filippo Sega, ancien soutien de la Ligue qui, avant de s’en retourner à Rome, s’était lui aussi engagé à défendre les intérêts du roi de France auprès du Saint-Siège63. Une lettre de Sorbin au roi datée du 26 septembre 1594, permet de confirmer que l’évêque de Nevers devait surveiller le cardinal de Plaisance et obtenir de lui la confirmation de son soutien. Sorbin certifia que, durant le voyage, Filippo Sega avait réitéré son désir de s’employer « très fidèlement et de toute son affection » pour obtenir la levée de son excommunication64. Quelques semaines plus tard, Sorbin prononça à Nevers l’oraison funèbre du cardinal de Bourbon, le chef des prélats ralliés à Henri IV depuis 159065. Le discours occultait le passé tumultueux de l’oncle du cardinal, Charles de Bourbon, le « roi de la ligue » décédé dans les geôles d’Henri IV, le 9 mai 1590. C’était à une relecture pacifique des dernières années de la guerre civile, les plus dramatiques, qu’en bon serviteur du nouveau roi de paix, il se livrait. En restant fidèle à Henri III et en militant pour la conversion d’Henri IV, le cardinal de Bourbon avait été, derrière le roi, le principal agent de la pacification du royaume.

    Combien de fois l’a[-t-]on veu jetter des larmes, depuis la mort du feu Roy, pour avoir regret de veoir le roy à present regnant, persister aux opinions qui luy avoient esté imprimées dès sa jeunesse, infiniment desireux de sa conversion ? Les prieres plus ardentes qu’il faisoit journellement à ces fins, avec la joye qu’il receut voyait l’accomplissement d’un si sainct et ardent desir, l’on[t] evidemment tesmoigné66.

    32En 1600, Sorbin fit sans surprise partie de la conférence de Fontainebleau qui avait été organisée avec l’autorisation et le soutien d’Henri IV pour discréditer les théologiens protestants et leur chef Duplessis-Mornay. L’évêque de Nevers se trouvait dans l’équipe des controversistes catholiques dirigés par Jacques Davy Du Perron, l’un des principaux dignitaires de l’Église de cour, premier aumônier et conseiller du roi depuis 1596, futur cardinal et grand aumônier de France. Quatre ans plus tard, Sorbin se livrait à pareil exercice en répondant au Traicté servant à l’esclaircissement de la doctrine de la prédestination de Jacques Couët, publié en 1599 à Bâle et professé deux ans plus tard par le ministre calviniste dans le temple d’Ablon près de Paris67. La réponse de l’évêque de Nevers fut dédiée à Henri IV et entrait dans sa politique de reconquête catholique du royaume par la controverse. Ce fut le seul ouvrage polémique du prélat.

    33Si l’on fait un bilan de la production imprimée de Sorbin après son élévation à l’évêché de Nevers en 1578, on constate immédiatement qu’elle est moins importante que celle du règne de Charles IX et des premières années du suivant, comme si la prise de parole n’avait plus besoin d’être prolongée et colportée par l’écrit, comme s’il voulait aussi se faire plus discret. Un silence relatif qui en dit long... Outre Le Desfy de la mort, évoqué plus haut et rédigé « dans la retraite », le prédicateur ne fit paraître que quelques titres supplémentaires durant cette période : les Homélies sur l’Epître canonique de saint Jude, ensemble celle du jour de la Nativité de Jésus-Christ qui furent prêchées en la cathédrale de Nevers durant l’Avent 1578 et imprimées à Paris en 1580 chez Guillaume Chaudière puis rééditées en 158468 ; un Formulaire des oraisons propres à dire en toutes ordinaires actions chrestiennes (imprimé à Caen, chez Benedict Macé, 1580)69 ; un manuel en latin destiné aux curés de son diocèse, paru en 1582, qui relativise l’administration des sacrements70 ; la réforme du bréviaire nivernais (1600) complétée par un recueil de messes spéciales pour le diocèse (1605)71 ; quelques mandements pour son diocèse et seulement trois oraisons funèbres pour le cardinal de Bourbon (1595), son patron Louis de Gonzague (1596) et son épouse, Henriette de Clèves (1601).

    34L’étude de ce corpus montre que le prélat versait moins désormais dans la polémique anti-calviniste et la légitimation de la guerre contre les huguenots que dans la reconquête des âmes de son diocèse. Signe de ce penchant : un an après avoir été désigné à l’évêché de Nevers, il fut chargé de prononcer la harangue de clôture de l’assemblée du clergé et surtout de rédiger le cahier de doléances et de réforme de l’Église. Sorbin y défendit notamment l’idée que les évêques devaient résider dans leur diocèse pour remplir leur mission.

    35Dans son diocèse, Sorbin fut très actif, sans pour autant rompre avec le « catholicisme corporatif » ravivé par la Ligue, qu’il entendait faire passer sous son contrôle72. En 1584, pour conjurer la peste, Sorbin organisa de grands pèlerinages dans les principaux sanctuaires du diocèse. Le 24 août 1590, il fit ouvrir le tombeau de saint Arigle conservé dans l’église éponyme, pour procéder à la vérification de ses reliques73. Il avait sans doute en tête de les utiliser pour de prochaines processions urbaines. Il raviva ou installa plusieurs confréries, celle du Glorieux Nom de Jésus en 1594 directement rattaché à la cathédrale ; celle de la Passion de Notre Seigneur (1601), dans l’église des frères mineurs et celle de la Sainte-Trinité à nouveau dans la cathédrale (1605)74. L’évêque fut surtout très attentif aux ordres religieux : il réforma le prieuré de Notre-Dame de la Fermeté (1582), remit la prébende préceptoriale de son évêché au collège jésuite (1591), procéda au remplacement des cordeliers de Nevers, jugés trop « scandaleux », d’abord par les cordeliers réformés d’Italie (1593) puis par les récollets (1597), appela et installa les capucins dans sa cité pour soigner les pestiférés (1601). En 1600, le mandement latin placé en tête du nouveau bréviaire nivernais (et qui fit sans doute l’objet d’un discours public) exposait sous la forme d’une véritable profession de foi, le dévouement apostolique de l’évêque pour son diocèse, les objectifs de son action et les obstacles qu’il avait rencontrés sur sa route :

    Depuis que par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique nous avons été appelé, nos Frères bien aimés en Jésus-Christ, à conduire ce troupeau chrétien et à exercer à son égard les fonctions de pasteur vigilant, ce fut un devoir impérieux de notre charge de consacrer tout ce que nous avons de forces et d’intelligence aux choses qui ont rapport à la gloire de Dieu, au salut des âmes qui nous sont confiées, à la direction et, en tant que besoin, à la réforme des personnes ecclésiastiques soumises à notre autorité. Mais au milieu de l’excessive perturbation occasionnée par les guerres civiles et intestines, qui depuis 15 ans environ bouleversent non seulement notre diocèse, mais encore toute les églises de France, il nous eût été difficile de trouver un moment favorable pour l’œuvre que nous avions en vue [...]. Mais grâce au souffle divin, le vaisseau de l’Église, naguère agité par tant de tempêtes, ballotté par tant d’orages et exposé à tant de dangers, maintenant se balance sur les flots apaisés.75

    *

    36À partir des années 1580 et jusqu’au décès de Sorbin en 1606, c’est désormais à un autre ecclésiastique que nous avons affaire, à un autre type de posture, de parole et d’action : non plus vraiment celui d’un prédicateur de cour qui pour honorer la faveur royale et protéger son Église, prôna d’abord la croisade d’État contre les huguenots, puis l’allégeance pénitentielle au roi, mais plutôt celui d’un évêque résident, davantage tourné vers les âmes de son diocèse, plus proche de son nouveau maître, Louis de Gonzague, dont il prononça l’oraison funèbre en 1595, comme il avait prononcé celle de Charles IX, 21 ans plus tôt76. Mais que de différences entre ces deux discours funèbres ! Alors que le premier ne cessait d’en appeler à la violence et à la vengeance publique contre les réformés, le second prononcé et publié après l’absolution d’Henri IV par le pape, recommandait la piété, la prudence et la contrition face aux afflictions qui « attristaient » l’Église. Et lorsque la question des hérésies fut évoquée, c’était pour rappeler de manière générale que « les ruines de la Chrestienté, et conquestes de l’ennemy du nom Chrestien n’estre provenues que de la division des Chrestiens, et notamment en la Religion, et de leurs demerites77 ». Si Sorbin regrettait les pertes de « tant de vertueux et braves guerriers depuis trente et cinq ans », parmi lesquels il plaçait Louis de Gonzague sans s’étendre sur cet aspect de sa vie, il constatait que le sacrifice de la noblesse d’épée avait été conduit pour « la deffence et conservation de la Religion et de l’Estat, qui semblent tous deux singler mesme peril »78. Même si l’on sent qu’il n’avait rien perdu de son ressentiment envers les huguenots, Sorbin était plus mesuré et moins vindicatif à leur égard qu’autrefois. Du moins était-ce ainsi qu’il entendait désormais se présenter en public.

    37Avec Sorbin, on passe donc d’un modèle de sainteté à un autre, d’un sacerdoce aulique à un sacerdoce diocésain dans un contexte de troubles confessionnels exacerbés par les divisions intra-catholiques, et de recomposition des systèmes de croyances politico-religieux qui coïncide aussi, chez lui comme chez nombre d’hommes de cour, avec des changements de statut, de fidélité et de parole.

    Notes de bas de page

    1 Émile Forestie et l’abbé Galabert, « Prélats originaires du Tarn-et-Garonne. Arnaud Sorbin, dit de Saincte-Foy », Bulletin archéologique et historique de la société archéologique de Tarn-et-Garonne, t. 23, 1894, p. 254-259. Voir également Émile Forestie, « Biographie d’Arnaud de Sorbin, dit de Sainte-Foy, prédicateur de Charles IX, Henri III et Henri IV, évêque de Nevers », Société archéologique de Tarn-et-Garonne, t. 12, 1884, 1er trimestre et Émile Vaïsse, « Étude historique et biographique sur Arnaud Sorbin de Sainte-Foy : chanoine théologal de Toulouse, évêque de Nevers, prédicateur des rois Charles IX, Henri III et Henri IV », Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, t. 6, no 5, 1861, p. 182-216.

    2 La France pontificale. Gallia christiana. Sens et Auxerre, Honoré Fisquet (éd.), Paris, 1865, p. 83-87.

    3 Paul Benetrix, Un collège de province pendant la Renaissance : Les origines du Collège d’Auch, Paris, 1908, p. 133. Lettre du 10 mars 1568 d’Antoine Muret, portant nomination d’un théologal pour le diocèse en faveur d’Arnaud Sorbin, dit de Sainte-Foy, qui devint plus tard évêque de Nevers.

    4 Jean Gerardin, Étude sur les bénéfices ecclésiastiques aux XVI et XVIIIe siècles, Nancy, 1897, Genève, 1995 (reprint), p. 48.

    5 Guy du Rousseaux de La Combe, Recueil de jurisprudence canonique et bénéficiale [...], Paris, 1755, p. 207.

    6 Elles furent prononcées lors de l’avent 1567 dans l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Arnaud Sorbin, Homélies sur l’interprétation des dix commandemens de la loy, & opposition des playes d’Egypte aux transgressions d’iceux commandemens. Par A. Sorbin dit de Saincte Foy, Predicateur du Roy, Docteur Theologal de Thoulouse, Paris, Guillaume Chaudière, 1570.

    7 Étienne Oroux, Histoire ecclésiastique de la cour de France, Paris, Imprimerie royale, 1777, t. II, p. 137.

    8 Arnaud Sorbin, Homélies sur l’interprétation des dix commandemens de la loy… op. cit., fol. a5r°, « Epistre » : Voir aussi fol. Aviii v°-bi r°.

    9 Ibid., fol. 30 v°.

    10 Ibid., fol. 33 v°.

    11 Ibid., fol. 79 r°-87 r°. Pour bien montrer que l’hérésie conduit nécessairement à la rébellion, Sorbin n’hésite pas à affirmer que Luther fut le maître à penser des anabaptistes en révolte !

    12 Ibid., fol. 86 v°-87 r°.

    13 Ibid., fol. 164 r°-v°.

    14 Ibid., fol. 164 v°.

    15 Ibid., fol. biv°.

    16 Arnaud Sorbin, Histoire de la ligue saincte faicte il y a ccclxxx ans à la conduite de Simon de Montfort contre les heretiques Albigeois, tenans les pays de Bearn, Languedoc, Gascogne, & quelque partie de Guienne & Dauphiné, de laquelle a reüssy la paix & l’amplitude du Royaume de France, soubs les Rois, Philippe Auguste & S. Loys. Le tout escrit par F. Pierre des Vallees Sernay de l’ordre de Cisteaux, environ l’an 1198 & mis en nostre langue françoise l’an 1569 par M. Arnauld Sorbin, Docteur en Theologie & Predicateur du Roy, maintenant Evesque de Nevers, Paris, Guillaume Chaudière, 1585. La première édition date de 1569. Nous utilisons celle de 1585, identique à quelques variantes près à la précédente et qui contient la même dédicace à Henri de Valois, duc d’Anjou, datée du 15 novembre 1568 (Arnaud Sorbin, Histoire des Albigeois, et Gestes de noble Simon de Montfort. Descrite par F. Pierre des Vallées Sernay, moine de l’ordre de Cisteaux, et rendue de Latin en François, par M. Arnaud Sorbin, P. de Montech, Docteur en théologie et predicateur de Roy, Toulouse, A. et J. Coplomiés, 1568). Voir aussi le complément à l’histoire des Albigeois : Arnaud Sorbin, Conciles de Tholose, Besiers et Narbonne, ensemble les ordonnances du Comte Raimond, fils de Raimond, contre les Albigeois : & instrument d’accord entre ledit Raimond & sainct Loys, roy de France : Arrests et statuts pour l’entretien d’iceluy ou est peinct [...] le moyen propre pour l’estirpation de l’heresie et des abus, rendu de Latin en François par P. M. Arnauld Sorbin, P. de Monteig [...], Paris, Guillaume Chaudière, 1569. Comme le précédent, cet ouvrage est moins une publication historique qu’un réquisitoire contre les huguenots. Une pièce liminaire de ce livre révèle que Sorbin avait depuis 1569 des raisons personnelles de vouer une haine farouche aux protestants. On y trouve en effet une élégie de François d’Amboise expliquant que le 25 avril l’un des parents du prédicateur (peut-être son propre père) avait été tué par un calviniste.

    17 Arnaud Sorbin, Trace du ministère visible de l’église catholique romaine : prouvée par l’ordre des pasteurs et pères, qui on escrit et presché en icelle : aveq’ la remarque des algarades, que l’hérésie Calvinesque luy a données en divers temps et une briefue response à dix principales raisons desquelles les heretiques se veulent iustifier sur la prince des armes, Paris, Guillaume Chaudière, 1568.

    18 Arnaud Sorbin, Tractatus de monstris quae a temporibus Constantini hucusque ortum habuerunt, ac iis quae circa eorum tempora misere acciderunt, ex historiarum cum graecarum tum latinarum testimoniis, Paris, Hierosme de Marnef et Guillaume Cavellat, 1570. Les hérétiques sont d’après Sorbin des monstres de doctrine. L’ouvrage est dédicacé à Georges d’Armagnac, l’un des premiers patrons de Sorbin. Cet ouvrage sera traduit par François de Belleforest dans son Histoires prodigieuses de 1582. Voir Histoires prodigieuses, extraictes de plusieurs fameux autheurs grecs et latins, sacrez et prophanes, divisées en cinq livres [...], Anvers, G. Janssens, 1594. Jean Ceard, La Nature et les prodiges. L’insolite au XVIe siècle en France, Genève, 1996, p. 265-272.

    19 Arnaud Sorbin, Regrets de la France sur les misere des troubles, composez par Arn. Sorbin, Prestre de Monteig et Predicateur du Roy. Reveus et augmentez par l’autheur, Paris, Guillaume Chaudière, 1568. Ce texte fut très certainement publié une première fois à Toulouse entre le soulèvement des huguenots de la cité en 1562 et leur répression en 1568 (voir Paul Romane-Musculus, « Les Protestants de Toulouse en 1568 », Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, t. 107, 1961, p. 69-74). Sorbin recourait toujours à la même argumentation pour justifier la prise d’armes : les meurtres, les mutineries et les rébellions qui déchiraient le royaume provenaient de la division religieuse. Il fallait par conséquent « dompter » les huguenots par la force pour rétablir la paix. Le prédicateur regrettait cependant que cela n’eût pas été fait plus tôt et exhortait toutes les forces catholiques du royaume à suivre le roi pour mettre un terme à cette infamie. « Aussi c’est un grand heur de mourir pour son prince, / Combattant vaillamment, mourir pour sa prouvince, / ou deffendait la foy, et sa religion ». Suit en fin d’ouvrage, une « Ode au Roy, par François d’Amboise, parisien escholier de Sa Maiesté », puis une dédicace de François de Belleforest à Sorbin.

    20 Arnaud Sorbin, Description de la source d’erreur, de ses maux, & des remèdes qui luy sont propres, par M. Arnauld Sorbin, Docteur Theologal en l’eglize metropolitaine de Tholose & predicateur du Roy, Paris, Guillaume Chaudière, 1570 (rééd. 1572). L’épître est dédiée aux princesses Louise de Bourbon, abbesse, et Éléonore de Bourbon (Bibl. Arsenal, 8-BL-15507, 1 et 2).

    21 Arnaud Sorbin, Huict sermons de la resurrection de la chair, prononcez au chasteau du Bois-de-Vincennes durant le temps de parade et dueil de feu trespuissant et treschrestien Charles IX, Roy de France, vrayement piteux et debonnaire, propugnateur de la foy et amateur des bons esprits, Paris, Guillaume Chaudière, 1574. Dédicace à Henri III.

    22 Arnaud Sorbin, Oraison funebre du tres hault, puissant et tres chrestien Roy de France, Charles IX, piteux et debonnaire, propugnateur de la Foy, et amateur des bons esprits, prononcée en l’Église Nostre-Dame de Paris, le xii de Juillet mdlxxiii par A. Sorbin dit de Saincte Foy, son predicateur ordinaire, Paris, Guillaume Chaudière, 1574, fol. 20r°. Il ajoute un peu plus loin que « ses oz encores au cercueil ne se rendent-ils pas vainqueurs de ses plus cruels ennemis, qu’ils captivent, leur arrachans les villes des mains, comme par une violence divine ? Sainct Lau et Querantan [sic] en peuvent tesmoigner, reduits soubz l’obeissance de sa Couronne depuis le temps de son trespas, par l’honneste et vertueux devoir de ses bons serviteurs » (ibid., fol. 21 r°).

    23 Ibid., fol. 24 r°-25 r°. Un libelle de l’époque le Toscin des massacreurs accusait le prédicateur royal d’avoir violemment dénoncé le mariage « impie » d’Henri de Bourbon et de Marguerite de Valois. Arnaud Sorbin, Le tocsain, contre les massacreurs et auteurs des confusions en France. Par lequel, la source & origine de tous les maux, qui de long temps travaillent la France, est descouuerte. Afin d’inciter & esmouuoir tous les Princes fidelles, de s’employer pour le retrenchement d’icelle. Adressé à tous les Princes Chrestiens, Reims, Jean Martin, 1579, p. 96.

    24 A. Sorbin, Huict sermons… op. cit.

    25 Arnaud Sorbin, Allegresse de la France pour l’heureuse victoire obtenue entre Coignac et Chasteauneuf, le 13 de mars 1569, contre les rebelles Calvinistes, Paris, Guillaume Chaudière, 1569. Cette victoire l’a tiré de « l’ennuy des miseres de ce temps ».

    26 A. Sorbin, Oraison funebre du tres hault, puissant et tres chrestien Roy de France, op. cit., fol. 21 v°-22 r°.

    27 Arnaud Sorbin, Le Vray Resveille-Matin des calvinistes, et publicains François, où est amplement discouru de l’auctorité des Princes, & du devoir des sujets envers iceux. Par M. Arnault Sorbin, dit de Saincte Foy, Predicateur du Roy, et docteur theologal de Tholouse, Paris, 1575 ; Paris, Guillaume Chaudière, 1576. L’ouvrage débute par une épître « À l’eternelle mémoire, et immortalité de l’Ame de tres-hault et tres-chrestien Roy de France, feu Charles IX, propugnateur de la foy catholique (et par mesme moyen ennemy des Heretiques) orné de toute pieté, et amateur de bons esprits ». Elle est datée de la Toussaint 1574. Suivent deux hymnes en l’honneur de la Saint-Barthélemy. Sorbin dit avoir fait acheter à Genève un exemplaire du livre de Théodore de Bèze (ibid., fol. b3 v°).

    28 Ibid., fol. 67 r°-v°.

    29 Ibid., fol. c1 r°.

    30 Ibid., fol. 41 r°.

    31 Ibid., fol. 49 r°-77 v°. Les « cruautés » des hérétiques y sont détaillées avec minutie.

    32 Ibid., fol. 63 r°-105 v°. Livre III. Le prédicateur s’appuie sur la Bible, mais aussi sur l’élégie de Solon aux athéniens qu’il publie en fin de chapitre.

    33 Les catholiques considéraient alors que les entrailles étaient le siège du mal. La sentence d’origine divine était donc un acte d’exorcisme et de purification du corps possédé.

    34 Ibid., fol. 63 r°-v°. Sorbin répertorie toutes les forfaitures des huguenots, dont la Michelade de Nîmes, et conclut : « Qu’on cognoisse donques combien importe qu’une guerre ne se face jamais sans l’auctorité de la cause efficiente, qui est le Roy, ou Souverain, que Dieu a ordonné sur le peuple qui pretend faire la guerre, veu et que c’est contre l’expresse parole de Dieu » (fol. 66 v°).

    35 Ibid., fol. 15 r°-31 r°.

    36 Ibid., fol. 24 v°.

    37 Ibid., fol. 23 r°.

    38 Ibid., fol. 30 v°.

    39 Ibid., fol. 74 v°-75 r°.

    40 Ibid., fol. 106 r°-149 r°.

    41 Ibid., fol. 127 r° et 136 r°-v°.

    42 Ibid., fol. 117 v°.

    43 Arnaud Sorbin, Oraison funebre de noble Iaques de Levis, fils de noble A. de Lévis, comte de Kailus, Gentilhomme chambellan ordinaire du Roy, prononcée en l’Église S. Paul, en Paris, le dernier de may, 1578. Par M. Arnauld Sorbin, dict de S. Foy, Predicateur du Roy, Paris, Guillaume Chaudière, 1578. La même année Sorbin fit paraître une Exhortation à la noblesse pour les [sic] dissuader et destourner des duels et autres combats, contre le commandement de Dieu, devoir et honneur deus au prince [...], Paris, Guillaume Chaudière, 1578.

    44 Arnaud Sorbin, Oraison funèbre de noble Paul de Caussade, Seigneur de S. Maigrin, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roy, Maistre de camp de la cavallerie legere de France, prononcée en l’église S. Paul, en Paris, le xxv de juillet 1578. Par A. Sorbin, Evesque de Nevers, Paris, Guillaume Chaudière, 1578.

    45 Ibid., fol. 19 r°. Durant toute sa vie, Paul de Caussade fut également un ardent défenseur de la foi au service de son prince et de sa patrie, « comme les pays de Poictou, Angoulmois, Sainctonge et Agenois peuvent en tesmoigner ».

    46 Le Tocsain [sic] contre les massacreurs et auteurs des confusions en France. Par lequel, la source et origine de tous les maux, qui de long temps travaillent la France, est descouverte. Afin d’inciter et esmouvoir tous les princes fidelles, de s’employer pour le retrenchement d’icelle [...], Reims, Jean Martin, 1579, dans Archives curieuses de l’histoire de France, Louis Cimber et François Danjou (éd.), 1835, 1re série, t. 7, p. 31-32 : « Car ce sont là les propos que ce bouffon, duquel l’ignorance et impudence estoit moquée de tous, tenoit ordinairement en ses sermons, desquels il s’asseuroit qu’il seroit bien advoué. Et parce qu’un jour il dit ouvertement, parlant du mariage du prince de Navarre, qu’on ne pouvoit espérer que de telle alliance il sortit autre beste qu’un mulet engendré de deux espèces d’animaux, c’est-à-dire estant tous deux de religion diverse, et que ceste insolence, faite en la présence du Roy et de la Royne mère, n’estoit point réprimée, ains loué, on voioit bien qu’il ne servoit que de protocole pour crier en chaire la leçon qui luy avoit esté faite en privé ». On retrouve un texte identique dans les Mémoires de l’estat de France, sous Charles neufiesme attribués à Simon Goulart.

    47 C’est du moins de ce que l’on apprend dans : Arnaud Sorbin, Oraison funebre de tres-haut, excellent, et vertueux Prince Lodovic de Gonzague [...]. Prononcée en l’Église cathedrale de Nevers le 7 de decembre 1595, Paris, Guillaume Chaudiere, 1596, p. 23.

    48 Ariane Boltanski, Les Ducs de Nevers et l’État royal. Genèse d’un compromis (ca 1550-ca 1600), Genève, 2006, p. 282-283.

    49 La liste est reproduite dans Frances A. Yates, Les Académies en France au XVIe siècle, Paris, 1988, p. 445.

    50 Voir principalement, l’analyse de Nicolas Le Roux, La Faveur du Roi : mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, 2001.

    51 Discours spirituel sur le premier verset du pseaume cent vingt deuxième « Ad te levavi oculos meos ». Prononcé en la Congrégation de l’Oratoire de Nostre-Dame de Vie-sainte l’an 1585. Par I. D. Du Perron, lecteur de la Chambre du Roy, Évreux, Antoine Le Marié, 1600. La première édition date d’avant la fin de l’année 1588. Ce Discours est reproduit dans Les Diverses Œuvres de l’Illustrissime Cardinal du Perron [...], Paris, Antoine Estienne, 1622, p. 533-580 : « De sorte que parmy toutes les calamitez de ce siecle, qui est comme un abysme et une confusion de malheurs, il nous reste pour le moins ce contentement, de penser que nous vivons soubs le regne, non seulement du plus courageux et plus valeureux, mais mesme du plus sainct et plus religieux Prince qui ayt jamais porté couronne sur la teste. Ce sera ce que les beaux discours de Monsieur le grand Aumosnier, de Messieurs les Evesques de Nantes, de Nevers, de Senlis, de Cesarée, de Monsieur Edmond, de Monsieur de Tyron, et autres rares et excellents personnages, que vous avez associez en vostre congregation de l’oratoire de nostre Dame de Vie-Saine, tesmoigneront fort dignement à la posterité s’il leur plaist prendre la peine d’en honorer et gratifier le public » (Discours spirituel, op. cit., « Au Roy », p. 6).

    52 Les Diverses Œuvres… op. cit., p. 571.

    53 Ibid., « Au Roy », p. 5-6. Cette image salvatrice était très en vogue. Bon nombre d’écrivains ou de poètes de cour s’en inspirèrent, tels Philippe Desportes, Le Digne, La Jassée, Marie de Romieu, Habert, Jamyn, Baïf et Spifame, qui partirent tous du Psautier pour composer leurs ouvrages de piété.

    54 A. Lynn-Martin, Henri III and the Jesuit Politicians, Genève, 1973, p. 91.

    55 Philippe Du Bec, Sermons de révérend Père en Dieu monsieur Philippes Du Bec, evesque de Nantes et conseiller du roy en son conseil d’Estat, Paris, Guillaume Chaudière, 1586 (exemplaire de dédicace, relié aux armes de Henri III) ; Paris, Jean Fevrier, 1596 (édition augmentée). Bruno Petey-Girard, « Le mécénat de la parole. L’esthétique spirituelle dans les oratoires royaux », Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, Isabelle de Conihout, Jean-François Maillard et Guy Poirier (dir.), Paris, 2006, p. 174-175. L’historien, qui étudie en détail ce qu’il nous reste de ces sermons « mondains » prononcés à Vincennes, montre qu’au-delà de leurs différences rhétoriques, ces moments d’éloquence sacrée visaient à exposer simplement et clairement un idéal de perfection christique. Il s’agissait donc de ne pas se laisser aller aux finesses théologiques ou à l’âpreté de la polémique controversée. B. Petey-Girard y voit un signe de la volonté royale de restaurer l’unité religieuse du royaume, dont les Psaumes, si prisés de Henri III, pouvaient devenir l’éventuel point de rencontre.

    56 A. Sorbin, Le Vray Resveille-Matin des calvinistes… op. cit., fol. 119 v°.

    57 A. Sorbin, Exhortation à la noblesse… op. cit.

    58 Arnaud Sorbin, Le Desfy de la mort, ou la Manière de bien mourir et ne craindre par trop la mort corporelle, Lyon, J. Pillehotte, 1585 ; Paris, Guillaume Chaumière, 1586. L’ouvrage est dédicacé à Henriette de Clèves, duchesse de Nevers.

    59 B.N.F., ms. fr. 3980, fol. 119. Lettres de Sorbin datées de 1591.

    60 Ariane Boltanski, Les Ducs de Nevers… op. cit., p. 450-451.

    61 Ibid., p. 452-453.

    62 Benoist Pierre, Prélats et clergé de cour en France à l’époque moderne, Paris, Perrin (à paraître).

    63 Sur les attitudes fluctuantes du légat voir Anne-Cécile Tizon-Germe, « La représentation pontificale en France au début du règne d’Henri IV (1589-1594). Cadre politique, moyens humains et financiers », BÉC, vol. 151, no 1, 1993, p. 37-85.

    64 Bibliothèque de l’Institut de France, ms. Godefroy 262, fol. 152. Lettre de Sorbin de Sainte-Foy, évêque de Nevers à Henri IV (26 septembre 1594). Fait révélateur de son ralliement à Henri IV, Sorbin se définit comme un « bon françois ». L’évêque précise que suite à l’accueil chaleureux que les ligueurs réservèrent au légat à Lyon, il ne fut pas facile de le maintenir dans ses engagements initiaux.

    65 Arnaud Sorbin, Oraison funèbre de très-vertueux et illustre prince Charles, cardinal de Bourbon, archevesque de Rouen, prononcée en l’église cathédralle de Nevers, le II de novembre 1594 [...], Nevers, P. Roussin, 1595.

    66 Ibid., p. 28.

    67 Arnaud Sorbin, Response au Traicté de la Prédestination, composé et mis en lumière par le sieur Couët, soy-disant ministre de la parolle de Dieu en la paroisse d’Ablon-lez-Paris, par Arnaud Sorbin, dict de Saincte-Foy, évesque de Nevers, prédicateur ordinaire des feux roys tres chrestiens Charles IX et Henri III, Paris, L’Huillier, 1604.

    68 On trouve un exemplaire de l’édition de 1580 dans plusieurs bibliothèques municipales (Versailles, Le Mans, Avignon et Nice). L’ouvrage fut réédité en 1584 : Homélies de R. P. en Dieu Arnauld Sorbin, evesque de Nevers, predicateur du Roy, sur les Évangiles des dimanches de l’Advent, ensemble les Homélies de la canonique S. Jude, pour les Feries de l’Advent, et jour de Noël. En faveur de ceux qui ont quelque commencement aux sainctes lettres, et a la predictation : et particulièrement en faveur des Curez, tome premier, Paris, Guillaume Chaudière, 1584.

    69 Cet imprimé n’a pas été retrouvé. É. Forestie, « Biographie… », art. cit., p. 252.

    70 Arnaud Sorbin, Manuale curatorum ecclesiae nivernensis diocesis, rationem modumque sacramenta ecclesiastica ministrandi continens, parochis omnibus et quibus animarum cura incumbit, perquam necessarium, opera et labore [...] Arnoldi Sorbini [...], restitutum et auctum ac meliuscule dispositum. Accesserunt statuta synodalia ibidem anno mdlxxix, publicata, Paris, Guillaume Chaudière, 1582. Sorbin aurait également rédigé un ouvrage intitulé : De la légitime vocation des Ministres de l’Église catholique, 1602. Mais celui-ci n’a jamais été retrouvé. É. Forestie, « Biographie… », art. cit., p. 283.

    71 Propria quaedam officia Missarum secundum usum Ecclesiae et dioecesis Nivernensis [...], Nevers, Ex. officina P. Roussini, 1605.

    72 Robert Descimon, « Le corps de ville et le système cérémoniel parisien au début de l’âge moderne », Statuts individuels, statuts corporatifs et statuts judiciaires dans les villes européennes (Moyen Âge et Temps modernes), Marc Boone et Maarten Prak (éd.), Louvain, 1996, p. 73-128.

    73 É. Forestie, « Biographie… », art. cit., p. 258. En 1583, il s’était rendu dans la petite ville de Decise pour reconnaître les reliques de Saint Aré, évêque de Nevers au vie siècle (ibid., p. 253).

    74 Ibid., p. 269.

    75 Brevarium insignis Ecclesiae Nivernensis, emendatum, et ad formam Breviarii Romani redactum. Reverendissimi D. Arnaldi Sorbini, episcopi Nivernensis auctoritate, et ejusdem Ecclesiae Capituli consensu editum, Nevers, Apud Roussunim typ., 1600, 2 vol. Cité dans É. Forestie, « Biographie… », art. cit., p. 265.

    76 Arnaud Sorbin, Oraison funebre de tres-haut, excellent, et vertueux Prince Lodovic de Gonzague, op. cit.

    77 Ibid., p. 12-13.

    78 Ibid., p. 16.

    Auteur

    • Benoist Pierre

      Maître de conférences habilité
      Université de Tours et Institut universitaire de France

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    1 Émile Forestie et l’abbé Galabert, « Prélats originaires du Tarn-et-Garonne. Arnaud Sorbin, dit de Saincte-Foy », Bulletin archéologique et historique de la société archéologique de Tarn-et-Garonne, t. 23, 1894, p. 254-259. Voir également Émile Forestie, « Biographie d’Arnaud de Sorbin, dit de Sainte-Foy, prédicateur de Charles IX, Henri III et Henri IV, évêque de Nevers », Société archéologique de Tarn-et-Garonne, t. 12, 1884, 1er trimestre et Émile Vaïsse, « Étude historique et biographique sur Arnaud Sorbin de Sainte-Foy : chanoine théologal de Toulouse, évêque de Nevers, prédicateur des rois Charles IX, Henri III et Henri IV », Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, t. 6, no 5, 1861, p. 182-216.

    2 La France pontificale. Gallia christiana. Sens et Auxerre, Honoré Fisquet (éd.), Paris, 1865, p. 83-87.

    3 Paul Benetrix, Un collège de province pendant la Renaissance : Les origines du Collège d’Auch, Paris, 1908, p. 133. Lettre du 10 mars 1568 d’Antoine Muret, portant nomination d’un théologal pour le diocèse en faveur d’Arnaud Sorbin, dit de Sainte-Foy, qui devint plus tard évêque de Nevers.

    4 Jean Gerardin, Étude sur les bénéfices ecclésiastiques aux XVI et XVIIIe siècles, Nancy, 1897, Genève, 1995 (reprint), p. 48.

    5 Guy du Rousseaux de La Combe, Recueil de jurisprudence canonique et bénéficiale [...], Paris, 1755, p. 207.

    6 Elles furent prononcées lors de l’avent 1567 dans l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Arnaud Sorbin, Homélies sur l’interprétation des dix commandemens de la loy, & opposition des playes d’Egypte aux transgressions d’iceux commandemens. Par A. Sorbin dit de Saincte Foy, Predicateur du Roy, Docteur Theologal de Thoulouse, Paris, Guillaume Chaudière, 1570.

    7 Étienne Oroux, Histoire ecclésiastique de la cour de France, Paris, Imprimerie royale, 1777, t. II, p. 137.

    8 Arnaud Sorbin, Homélies sur l’interprétation des dix commandemens de la loy… op. cit., fol. a5r°, « Epistre » : Voir aussi fol. Aviii v°-bi r°.

    9 Ibid., fol. 30 v°.

    10 Ibid., fol. 33 v°.

    11 Ibid., fol. 79 r°-87 r°. Pour bien montrer que l’hérésie conduit nécessairement à la rébellion, Sorbin n’hésite pas à affirmer que Luther fut le maître à penser des anabaptistes en révolte !

    12 Ibid., fol. 86 v°-87 r°.

    13 Ibid., fol. 164 r°-v°.

    14 Ibid., fol. 164 v°.

    15 Ibid., fol. biv°.

    16 Arnaud Sorbin, Histoire de la ligue saincte faicte il y a ccclxxx ans à la conduite de Simon de Montfort contre les heretiques Albigeois, tenans les pays de Bearn, Languedoc, Gascogne, & quelque partie de Guienne & Dauphiné, de laquelle a reüssy la paix & l’amplitude du Royaume de France, soubs les Rois, Philippe Auguste & S. Loys. Le tout escrit par F. Pierre des Vallees Sernay de l’ordre de Cisteaux, environ l’an 1198 & mis en nostre langue françoise l’an 1569 par M. Arnauld Sorbin, Docteur en Theologie & Predicateur du Roy, maintenant Evesque de Nevers, Paris, Guillaume Chaudière, 1585. La première édition date de 1569. Nous utilisons celle de 1585, identique à quelques variantes près à la précédente et qui contient la même dédicace à Henri de Valois, duc d’Anjou, datée du 15 novembre 1568 (Arnaud Sorbin, Histoire des Albigeois, et Gestes de noble Simon de Montfort. Descrite par F. Pierre des Vallées Sernay, moine de l’ordre de Cisteaux, et rendue de Latin en François, par M. Arnaud Sorbin, P. de Montech, Docteur en théologie et predicateur de Roy, Toulouse, A. et J. Coplomiés, 1568). Voir aussi le complément à l’histoire des Albigeois : Arnaud Sorbin, Conciles de Tholose, Besiers et Narbonne, ensemble les ordonnances du Comte Raimond, fils de Raimond, contre les Albigeois : & instrument d’accord entre ledit Raimond & sainct Loys, roy de France : Arrests et statuts pour l’entretien d’iceluy ou est peinct [...] le moyen propre pour l’estirpation de l’heresie et des abus, rendu de Latin en François par P. M. Arnauld Sorbin, P. de Monteig [...], Paris, Guillaume Chaudière, 1569. Comme le précédent, cet ouvrage est moins une publication historique qu’un réquisitoire contre les huguenots. Une pièce liminaire de ce livre révèle que Sorbin avait depuis 1569 des raisons personnelles de vouer une haine farouche aux protestants. On y trouve en effet une élégie de François d’Amboise expliquant que le 25 avril l’un des parents du prédicateur (peut-être son propre père) avait été tué par un calviniste.

    17 Arnaud Sorbin, Trace du ministère visible de l’église catholique romaine : prouvée par l’ordre des pasteurs et pères, qui on escrit et presché en icelle : aveq’ la remarque des algarades, que l’hérésie Calvinesque luy a données en divers temps et une briefue response à dix principales raisons desquelles les heretiques se veulent iustifier sur la prince des armes, Paris, Guillaume Chaudière, 1568.

    18 Arnaud Sorbin, Tractatus de monstris quae a temporibus Constantini hucusque ortum habuerunt, ac iis quae circa eorum tempora misere acciderunt, ex historiarum cum graecarum tum latinarum testimoniis, Paris, Hierosme de Marnef et Guillaume Cavellat, 1570. Les hérétiques sont d’après Sorbin des monstres de doctrine. L’ouvrage est dédicacé à Georges d’Armagnac, l’un des premiers patrons de Sorbin. Cet ouvrage sera traduit par François de Belleforest dans son Histoires prodigieuses de 1582. Voir Histoires prodigieuses, extraictes de plusieurs fameux autheurs grecs et latins, sacrez et prophanes, divisées en cinq livres [...], Anvers, G. Janssens, 1594. Jean Ceard, La Nature et les prodiges. L’insolite au XVIe siècle en France, Genève, 1996, p. 265-272.

    19 Arnaud Sorbin, Regrets de la France sur les misere des troubles, composez par Arn. Sorbin, Prestre de Monteig et Predicateur du Roy. Reveus et augmentez par l’autheur, Paris, Guillaume Chaudière, 1568. Ce texte fut très certainement publié une première fois à Toulouse entre le soulèvement des huguenots de la cité en 1562 et leur répression en 1568 (voir Paul Romane-Musculus, « Les Protestants de Toulouse en 1568 », Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, t. 107, 1961, p. 69-74). Sorbin recourait toujours à la même argumentation pour justifier la prise d’armes : les meurtres, les mutineries et les rébellions qui déchiraient le royaume provenaient de la division religieuse. Il fallait par conséquent « dompter » les huguenots par la force pour rétablir la paix. Le prédicateur regrettait cependant que cela n’eût pas été fait plus tôt et exhortait toutes les forces catholiques du royaume à suivre le roi pour mettre un terme à cette infamie. « Aussi c’est un grand heur de mourir pour son prince, / Combattant vaillamment, mourir pour sa prouvince, / ou deffendait la foy, et sa religion ». Suit en fin d’ouvrage, une « Ode au Roy, par François d’Amboise, parisien escholier de Sa Maiesté », puis une dédicace de François de Belleforest à Sorbin.

    20 Arnaud Sorbin, Description de la source d’erreur, de ses maux, & des remèdes qui luy sont propres, par M. Arnauld Sorbin, Docteur Theologal en l’eglize metropolitaine de Tholose & predicateur du Roy, Paris, Guillaume Chaudière, 1570 (rééd. 1572). L’épître est dédiée aux princesses Louise de Bourbon, abbesse, et Éléonore de Bourbon (Bibl. Arsenal, 8-BL-15507, 1 et 2).

    21 Arnaud Sorbin, Huict sermons de la resurrection de la chair, prononcez au chasteau du Bois-de-Vincennes durant le temps de parade et dueil de feu trespuissant et treschrestien Charles IX, Roy de France, vrayement piteux et debonnaire, propugnateur de la foy et amateur des bons esprits, Paris, Guillaume Chaudière, 1574. Dédicace à Henri III.

    22 Arnaud Sorbin, Oraison funebre du tres hault, puissant et tres chrestien Roy de France, Charles IX, piteux et debonnaire, propugnateur de la Foy, et amateur des bons esprits, prononcée en l’Église Nostre-Dame de Paris, le xii de Juillet mdlxxiii par A. Sorbin dit de Saincte Foy, son predicateur ordinaire, Paris, Guillaume Chaudière, 1574, fol. 20r°. Il ajoute un peu plus loin que « ses oz encores au cercueil ne se rendent-ils pas vainqueurs de ses plus cruels ennemis, qu’ils captivent, leur arrachans les villes des mains, comme par une violence divine ? Sainct Lau et Querantan [sic] en peuvent tesmoigner, reduits soubz l’obeissance de sa Couronne depuis le temps de son trespas, par l’honneste et vertueux devoir de ses bons serviteurs » (ibid., fol. 21 r°).

    23 Ibid., fol. 24 r°-25 r°. Un libelle de l’époque le Toscin des massacreurs accusait le prédicateur royal d’avoir violemment dénoncé le mariage « impie » d’Henri de Bourbon et de Marguerite de Valois. Arnaud Sorbin, Le tocsain, contre les massacreurs et auteurs des confusions en France. Par lequel, la source & origine de tous les maux, qui de long temps travaillent la France, est descouuerte. Afin d’inciter & esmouuoir tous les Princes fidelles, de s’employer pour le retrenchement d’icelle. Adressé à tous les Princes Chrestiens, Reims, Jean Martin, 1579, p. 96.

    24 A. Sorbin, Huict sermons… op. cit.

    25 Arnaud Sorbin, Allegresse de la France pour l’heureuse victoire obtenue entre Coignac et Chasteauneuf, le 13 de mars 1569, contre les rebelles Calvinistes, Paris, Guillaume Chaudière, 1569. Cette victoire l’a tiré de « l’ennuy des miseres de ce temps ».

    26 A. Sorbin, Oraison funebre du tres hault, puissant et tres chrestien Roy de France, op. cit., fol. 21 v°-22 r°.

    27 Arnaud Sorbin, Le Vray Resveille-Matin des calvinistes, et publicains François, où est amplement discouru de l’auctorité des Princes, & du devoir des sujets envers iceux. Par M. Arnault Sorbin, dit de Saincte Foy, Predicateur du Roy, et docteur theologal de Tholouse, Paris, 1575 ; Paris, Guillaume Chaudière, 1576. L’ouvrage débute par une épître « À l’eternelle mémoire, et immortalité de l’Ame de tres-hault et tres-chrestien Roy de France, feu Charles IX, propugnateur de la foy catholique (et par mesme moyen ennemy des Heretiques) orné de toute pieté, et amateur de bons esprits ». Elle est datée de la Toussaint 1574. Suivent deux hymnes en l’honneur de la Saint-Barthélemy. Sorbin dit avoir fait acheter à Genève un exemplaire du livre de Théodore de Bèze (ibid., fol. b3 v°).

    28 Ibid., fol. 67 r°-v°.

    29 Ibid., fol. c1 r°.

    30 Ibid., fol. 41 r°.

    31 Ibid., fol. 49 r°-77 v°. Les « cruautés » des hérétiques y sont détaillées avec minutie.

    32 Ibid., fol. 63 r°-105 v°. Livre III. Le prédicateur s’appuie sur la Bible, mais aussi sur l’élégie de Solon aux athéniens qu’il publie en fin de chapitre.

    33 Les catholiques considéraient alors que les entrailles étaient le siège du mal. La sentence d’origine divine était donc un acte d’exorcisme et de purification du corps possédé.

    34 Ibid., fol. 63 r°-v°. Sorbin répertorie toutes les forfaitures des huguenots, dont la Michelade de Nîmes, et conclut : « Qu’on cognoisse donques combien importe qu’une guerre ne se face jamais sans l’auctorité de la cause efficiente, qui est le Roy, ou Souverain, que Dieu a ordonné sur le peuple qui pretend faire la guerre, veu et que c’est contre l’expresse parole de Dieu » (fol. 66 v°).

    35 Ibid., fol. 15 r°-31 r°.

    36 Ibid., fol. 24 v°.

    37 Ibid., fol. 23 r°.

    38 Ibid., fol. 30 v°.

    39 Ibid., fol. 74 v°-75 r°.

    40 Ibid., fol. 106 r°-149 r°.

    41 Ibid., fol. 127 r° et 136 r°-v°.

    42 Ibid., fol. 117 v°.

    43 Arnaud Sorbin, Oraison funebre de noble Iaques de Levis, fils de noble A. de Lévis, comte de Kailus, Gentilhomme chambellan ordinaire du Roy, prononcée en l’Église S. Paul, en Paris, le dernier de may, 1578. Par M. Arnauld Sorbin, dict de S. Foy, Predicateur du Roy, Paris, Guillaume Chaudière, 1578. La même année Sorbin fit paraître une Exhortation à la noblesse pour les [sic] dissuader et destourner des duels et autres combats, contre le commandement de Dieu, devoir et honneur deus au prince [...], Paris, Guillaume Chaudière, 1578.

    44 Arnaud Sorbin, Oraison funèbre de noble Paul de Caussade, Seigneur de S. Maigrin, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roy, Maistre de camp de la cavallerie legere de France, prononcée en l’église S. Paul, en Paris, le xxv de juillet 1578. Par A. Sorbin, Evesque de Nevers, Paris, Guillaume Chaudière, 1578.

    45 Ibid., fol. 19 r°. Durant toute sa vie, Paul de Caussade fut également un ardent défenseur de la foi au service de son prince et de sa patrie, « comme les pays de Poictou, Angoulmois, Sainctonge et Agenois peuvent en tesmoigner ».

    46 Le Tocsain [sic] contre les massacreurs et auteurs des confusions en France. Par lequel, la source et origine de tous les maux, qui de long temps travaillent la France, est descouverte. Afin d’inciter et esmouvoir tous les princes fidelles, de s’employer pour le retrenchement d’icelle [...], Reims, Jean Martin, 1579, dans Archives curieuses de l’histoire de France, Louis Cimber et François Danjou (éd.), 1835, 1re série, t. 7, p. 31-32 : « Car ce sont là les propos que ce bouffon, duquel l’ignorance et impudence estoit moquée de tous, tenoit ordinairement en ses sermons, desquels il s’asseuroit qu’il seroit bien advoué. Et parce qu’un jour il dit ouvertement, parlant du mariage du prince de Navarre, qu’on ne pouvoit espérer que de telle alliance il sortit autre beste qu’un mulet engendré de deux espèces d’animaux, c’est-à-dire estant tous deux de religion diverse, et que ceste insolence, faite en la présence du Roy et de la Royne mère, n’estoit point réprimée, ains loué, on voioit bien qu’il ne servoit que de protocole pour crier en chaire la leçon qui luy avoit esté faite en privé ». On retrouve un texte identique dans les Mémoires de l’estat de France, sous Charles neufiesme attribués à Simon Goulart.

    47 C’est du moins de ce que l’on apprend dans : Arnaud Sorbin, Oraison funebre de tres-haut, excellent, et vertueux Prince Lodovic de Gonzague [...]. Prononcée en l’Église cathedrale de Nevers le 7 de decembre 1595, Paris, Guillaume Chaudiere, 1596, p. 23.

    48 Ariane Boltanski, Les Ducs de Nevers et l’État royal. Genèse d’un compromis (ca 1550-ca 1600), Genève, 2006, p. 282-283.

    49 La liste est reproduite dans Frances A. Yates, Les Académies en France au XVIe siècle, Paris, 1988, p. 445.

    50 Voir principalement, l’analyse de Nicolas Le Roux, La Faveur du Roi : mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, 2001.

    51 Discours spirituel sur le premier verset du pseaume cent vingt deuxième « Ad te levavi oculos meos ». Prononcé en la Congrégation de l’Oratoire de Nostre-Dame de Vie-sainte l’an 1585. Par I. D. Du Perron, lecteur de la Chambre du Roy, Évreux, Antoine Le Marié, 1600. La première édition date d’avant la fin de l’année 1588. Ce Discours est reproduit dans Les Diverses Œuvres de l’Illustrissime Cardinal du Perron [...], Paris, Antoine Estienne, 1622, p. 533-580 : « De sorte que parmy toutes les calamitez de ce siecle, qui est comme un abysme et une confusion de malheurs, il nous reste pour le moins ce contentement, de penser que nous vivons soubs le regne, non seulement du plus courageux et plus valeureux, mais mesme du plus sainct et plus religieux Prince qui ayt jamais porté couronne sur la teste. Ce sera ce que les beaux discours de Monsieur le grand Aumosnier, de Messieurs les Evesques de Nantes, de Nevers, de Senlis, de Cesarée, de Monsieur Edmond, de Monsieur de Tyron, et autres rares et excellents personnages, que vous avez associez en vostre congregation de l’oratoire de nostre Dame de Vie-Saine, tesmoigneront fort dignement à la posterité s’il leur plaist prendre la peine d’en honorer et gratifier le public » (Discours spirituel, op. cit., « Au Roy », p. 6).

    52 Les Diverses Œuvres… op. cit., p. 571.

    53 Ibid., « Au Roy », p. 5-6. Cette image salvatrice était très en vogue. Bon nombre d’écrivains ou de poètes de cour s’en inspirèrent, tels Philippe Desportes, Le Digne, La Jassée, Marie de Romieu, Habert, Jamyn, Baïf et Spifame, qui partirent tous du Psautier pour composer leurs ouvrages de piété.

    54 A. Lynn-Martin, Henri III and the Jesuit Politicians, Genève, 1973, p. 91.

    55 Philippe Du Bec, Sermons de révérend Père en Dieu monsieur Philippes Du Bec, evesque de Nantes et conseiller du roy en son conseil d’Estat, Paris, Guillaume Chaudière, 1586 (exemplaire de dédicace, relié aux armes de Henri III) ; Paris, Jean Fevrier, 1596 (édition augmentée). Bruno Petey-Girard, « Le mécénat de la parole. L’esthétique spirituelle dans les oratoires royaux », Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, Isabelle de Conihout, Jean-François Maillard et Guy Poirier (dir.), Paris, 2006, p. 174-175. L’historien, qui étudie en détail ce qu’il nous reste de ces sermons « mondains » prononcés à Vincennes, montre qu’au-delà de leurs différences rhétoriques, ces moments d’éloquence sacrée visaient à exposer simplement et clairement un idéal de perfection christique. Il s’agissait donc de ne pas se laisser aller aux finesses théologiques ou à l’âpreté de la polémique controversée. B. Petey-Girard y voit un signe de la volonté royale de restaurer l’unité religieuse du royaume, dont les Psaumes, si prisés de Henri III, pouvaient devenir l’éventuel point de rencontre.

    56 A. Sorbin, Le Vray Resveille-Matin des calvinistes… op. cit., fol. 119 v°.

    57 A. Sorbin, Exhortation à la noblesse… op. cit.

    58 Arnaud Sorbin, Le Desfy de la mort, ou la Manière de bien mourir et ne craindre par trop la mort corporelle, Lyon, J. Pillehotte, 1585 ; Paris, Guillaume Chaumière, 1586. L’ouvrage est dédicacé à Henriette de Clèves, duchesse de Nevers.

    59 B.N.F., ms. fr. 3980, fol. 119. Lettres de Sorbin datées de 1591.

    60 Ariane Boltanski, Les Ducs de Nevers… op. cit., p. 450-451.

    61 Ibid., p. 452-453.

    62 Benoist Pierre, Prélats et clergé de cour en France à l’époque moderne, Paris, Perrin (à paraître).

    63 Sur les attitudes fluctuantes du légat voir Anne-Cécile Tizon-Germe, « La représentation pontificale en France au début du règne d’Henri IV (1589-1594). Cadre politique, moyens humains et financiers », BÉC, vol. 151, no 1, 1993, p. 37-85.

    64 Bibliothèque de l’Institut de France, ms. Godefroy 262, fol. 152. Lettre de Sorbin de Sainte-Foy, évêque de Nevers à Henri IV (26 septembre 1594). Fait révélateur de son ralliement à Henri IV, Sorbin se définit comme un « bon françois ». L’évêque précise que suite à l’accueil chaleureux que les ligueurs réservèrent au légat à Lyon, il ne fut pas facile de le maintenir dans ses engagements initiaux.

    65 Arnaud Sorbin, Oraison funèbre de très-vertueux et illustre prince Charles, cardinal de Bourbon, archevesque de Rouen, prononcée en l’église cathédralle de Nevers, le II de novembre 1594 [...], Nevers, P. Roussin, 1595.

    66 Ibid., p. 28.

    67 Arnaud Sorbin, Response au Traicté de la Prédestination, composé et mis en lumière par le sieur Couët, soy-disant ministre de la parolle de Dieu en la paroisse d’Ablon-lez-Paris, par Arnaud Sorbin, dict de Saincte-Foy, évesque de Nevers, prédicateur ordinaire des feux roys tres chrestiens Charles IX et Henri III, Paris, L’Huillier, 1604.

    68 On trouve un exemplaire de l’édition de 1580 dans plusieurs bibliothèques municipales (Versailles, Le Mans, Avignon et Nice). L’ouvrage fut réédité en 1584 : Homélies de R. P. en Dieu Arnauld Sorbin, evesque de Nevers, predicateur du Roy, sur les Évangiles des dimanches de l’Advent, ensemble les Homélies de la canonique S. Jude, pour les Feries de l’Advent, et jour de Noël. En faveur de ceux qui ont quelque commencement aux sainctes lettres, et a la predictation : et particulièrement en faveur des Curez, tome premier, Paris, Guillaume Chaudière, 1584.

    69 Cet imprimé n’a pas été retrouvé. É. Forestie, « Biographie… », art. cit., p. 252.

    70 Arnaud Sorbin, Manuale curatorum ecclesiae nivernensis diocesis, rationem modumque sacramenta ecclesiastica ministrandi continens, parochis omnibus et quibus animarum cura incumbit, perquam necessarium, opera et labore [...] Arnoldi Sorbini [...], restitutum et auctum ac meliuscule dispositum. Accesserunt statuta synodalia ibidem anno mdlxxix, publicata, Paris, Guillaume Chaudière, 1582. Sorbin aurait également rédigé un ouvrage intitulé : De la légitime vocation des Ministres de l’Église catholique, 1602. Mais celui-ci n’a jamais été retrouvé. É. Forestie, « Biographie… », art. cit., p. 283.

    71 Propria quaedam officia Missarum secundum usum Ecclesiae et dioecesis Nivernensis [...], Nevers, Ex. officina P. Roussini, 1605.

    72 Robert Descimon, « Le corps de ville et le système cérémoniel parisien au début de l’âge moderne », Statuts individuels, statuts corporatifs et statuts judiciaires dans les villes européennes (Moyen Âge et Temps modernes), Marc Boone et Maarten Prak (éd.), Louvain, 1996, p. 73-128.

    73 É. Forestie, « Biographie… », art. cit., p. 258. En 1583, il s’était rendu dans la petite ville de Decise pour reconnaître les reliques de Saint Aré, évêque de Nevers au vie siècle (ibid., p. 253).

    74 Ibid., p. 269.

    75 Brevarium insignis Ecclesiae Nivernensis, emendatum, et ad formam Breviarii Romani redactum. Reverendissimi D. Arnaldi Sorbini, episcopi Nivernensis auctoritate, et ejusdem Ecclesiae Capituli consensu editum, Nevers, Apud Roussunim typ., 1600, 2 vol. Cité dans É. Forestie, « Biographie… », art. cit., p. 265.

    76 Arnaud Sorbin, Oraison funebre de tres-haut, excellent, et vertueux Prince Lodovic de Gonzague, op. cit.

    77 Ibid., p. 12-13.

    78 Ibid., p. 16.

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