La Prospérité fermière de 1949 à 1988 : une coopérative laitière du Nord-Pas-de-Calais face à la modernisation
p. 117-134
Texte intégral
1Au cours des années 1960, le secteur de l’industrie laitière connaît de profondes transformations. La première résulte de la mutation des activités situées à l’aval de la filière. « Il ne suffit plus de collecter, il faut vendre », tel pourrait être l’objectif fixé par les laiteries au cours de la période. Il ne s’agit plus de reprendre les méthodes d’avant guerre, où la promotion des produits était assurée par des agents locaux, mais d’adapter toute l’organisation des ventes aux nouvelles conditions de la distribution des produits. Aux agents locaux se substituent des VRP, dynamisant leur secteur auprès des grossistes et des grandes surfaces. Les sociétés laitières doivent aménager des dépôts pour approvisionner en masse les enseignes nouvelles, redéployer leurs forces et repenser leur « art de vendre ». La seconde grande transformation du secteur est liée aux mutations techniques que suscite dans la filière l’apparition de nouveaux conditionnements. La brique de lait et le pot en plastique thermoformé bouleversent l’ensemble de la filière, au point de donner naissance à de puissantes sociétés dans un secteur jusqu’alors très atomisé. Réunissant des nouveaux moyens de distribution à travers l’aménagement d’entrepôts répartis sur le territoire national et l’adoption de conditionnements novateurs, certaines signatures locales se transforment en véritables marques nationales, comme Danone, Chambourcy, La Roche-aux-Fées.
2La région Nord-Pas-de-Calais est l’un des pôles majeurs du secteur des produits laitiers en France dont elle réunit durant les années 1960-1970 les principaux industriels1. L’un d’entre eux, la société Stenval, connaît depuis 1968 un développement sans précédent avec la mise au point du pot en plastique thermoformé. Son rachat par le nouveau groupe Gervais-Danone accélère le mouvement de concentration du secteur, amorcé en 1964 avec la création de la Sodima (Société de diffusion des marques) qui regroupe plusieurs coopératives laitières et lance l’année suivante la marque Yoplait, puis poursuivi par les prises de participation de Nestlé dans Chambourcy et d’Unilever dans La Roche-aux-Fées, enfin la fusion entre ces deux dernières sociétés à partir de 1986.
3Face à ce mouvement, il n’est plus possible aux entreprises de rester isolées. L’une des principales coopératives laitières de la région, la Prospérité fermière, née en 1949, n’avait pas rejoint le vaste ensemble formé par la Sodima au cours des années 1960, mais avait au contraire tenté de conforter ses positions dans les productions laitières traditionnelles comme le lait en poudre, le beurre et les fromages en acquérant des coopératives régionales. Les produits laitiers frais qui constituaient à cette époque un secteur à forte valeur ajoutée et en plein développement formaient encore pour elle une activité négligeable. Cependant, en 1969, à la suite du succès de la marque Yoplait lancée l’année précédente à grands renforts de publicité, elle intègre le groupement Gama Nova dont elle devient l’un des principaux acteurs. Ce groupement développe une large gamme de yaourts et de fromages frais vendus sur une large part du territoire national. Cependant, dès le début de la décennie suivante, la Prospérité fermière est confrontée aux nombreuses crises que traverse le secteur laitier. De plus, l’ensemble des investissements liés au développement de la marque, depuis l’aménagement d’entrepôts jusqu’au lancement incessant de produits nouveaux, pèse sur ses comptes. L’essor des marques de distributeurs, avec les « produits libres » lancés par Carrefour en 1976, limite de plus en plus l’existence des intervenants, en dehors du leader, Danone, et de ses principaux challengers, Yoplait et Chambourcy.
4Après l’étude de la Prospérité fermière, depuis sa création en 1949 jusqu’à son intégration dans le Gama Nova, nous tenterons de préciser les effets qu’ont eus sur la coopérative les crises des années 1970, puis son retrait du secteur des produits laitiers frais au cours des années 1980.
De la collecte de crème au Gama Nova : l’essor de la Prospérité fermière de 1949 à 1969
5Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs producteurs de lait du Pas-de-Calais souhaitent s’affranchir des ramasseurs de crème et la transformer eux-mêmes en beurre. Cette volonté donne naissance à la Prospérité fermière à la fin des années 1940. Rapidement, elle attire de nombreux producteurs laitiers. De plus, la réglementation nouvelle de la fabrication du beurre accélère le nombre de ses adhérents. La Prospérité, confrontée à l’essor de la collecte de lait, doit rechercher de nouveaux canaux de transformation. Les poudres et le lait de consommation permettent d’assurer un écoulement rapide des volumes collectés chez les producteurs. Au cours des années 1960, face aux productions traditionnelles, le yaourt devient un produit vedette pour les consommateurs et une fabrication à forte valeur ajoutée pour les industriels. Après l’étude de l’essor de la Prospérité au cours des années 1950, nous tenterons de montrer ses deux virages industriels successifs, dans les poudres de lait puis dans les produits laitiers frais durant la décennie suivante.
6Préoccupés par la montée de la production laitière, par les contraintes liées à la fabrication beurrière et par les conditions nouvelles de commercialisation des produits, les dirigeants de la Fédération agricole et de l’Union des producteurs de lait du Pas-de-Calais décident, le 29 janvier 1949, de mettre en place une coopérative de ramassage de crème2. Son but consiste à fabriquer « à partir des crèmes fermières un beurre pasteurisé de présentation et de conservation parfaites, stocké au froid, et mis en vente selon les opportunités du marché »3. Le 12 février 1949, 31 producteurs du département du Pas-de-Calais fondent officiellement cette coopérative, baptisée La Prospérité fermière. Son siège social et son unité de production se trouvent à Arras, dans une ancienne brasserie, boulevard Carnot. Au cours de l’année, le développement des adhésions est fulgurant, avec 347 coopérateurs dès le 1er mai, puis 431 au 31 décembre. En 1953, ils sont plus de 1 400. Ce chiffre s’accélère encore en raison de l’adoption d’une nouvelle réglementation de la fabrication du beurre. À partir du 1er avril 1955, l’emploi d’acide borique, autorisé depuis la fin de la Première Guerre, ou de toute autre substance de conservation est définitivement interdit dans la fabrication des beurres de toutes catégories ainsi que dans celle de la margarine. Selon les experts, il en résulte une limitation directe aux productions fermières. De même, l’activité des ramasseurs est pénalisée, « car ils ne veulent plus collecter ce beurre fragile, dans lequel les éleveurs ne peuvent plus adjoindre l’anti-oxydant »4. En 1965, avec 9 100 adhérents, la Prospérité concentre plus du tiers des producteurs de lait du département du Pas-de-Calais5. Pour les laiteries, le défi est considérable, car il ne s’agit plus de ramasser du beurre ou de la crème une seule fois dans la semaine, mais de collecter le lait entier parfois deux, voire trois fois par jour au cours de la période de pointe. Cette obligation opère une profonde transformation dans les laiteries, car le passage de la crème au lait entraîne une multiplication par dix des capacités de transport, et donc de réception et de transformation dans chaque site. Elle impose également l’écoulement du lait sous la forme d’autres dérivés.
7Rapidement, la Prospérité figure dans la région comme l’un des acteurs majeurs de la production beurrière qui forme jusqu’aux années 1960 sa principale activité. L’essentiel des volumes provient de la beurrerie d’Arras, qui « fabrique 5 900 tonnes de beurre par an (le 1/50ème des beurres français) ; elle se classe parmi les plus importantes beurreries de France. Sa capacité de production journalière est de 30 tonnes de beurre en 9 heures de travail »6. Au milieu des années 1960, le beurre « Prospérité » est vendu dans le Nord, à Paris, en Lorraine et dans le Sud-Est de la France. Près de 1 000 tonnes sont également exportées chaque année, dont 600 en plaquettes vers la Sarre. Cependant, cette mono-production présente de nombreux inconvénients sur le plan commercial. Le marché risque à terme d’être saturé. D’autre part, l’absence de valorisation du babeurre que d’autres acteurs transforment en poudre de lait limite les fabrications. Jusqu’en 1961, la Prospérité « ne [ramasse] que de la crème, [et] ne se trouve dans le circuit commercial que pour le beurre. À partir de 1962, les coopérateurs passent à la livraison de lait, ceci oblige [la Prospérité] à s’intéresser à la commercialisation de toute la gamme des produits laitiers, et en particulier de ceux qui laissent une marge bénéficiaire normale ou forte (lait, produits frais et dérivés) »7. La Prospérité doit procéder à de nouveaux investissements pour adapter ses outils de transformation, non plus seulement à la crème, mais au lait entier, et pour aménager d’autres chaînes de fabrication. Elle se spécialise dans la production de lait de consommation qui constitue au début des années 1970 près du quart de son activité. Elle se positionne également sur le marché des poudres en construisant une usine nouvelle, sise à Saint-Pol-sur-Ternoise et mise en service en 1965, qui traite plus de 200 000 litres de lait par jour8. Cette même année, la Prospérité fermière produit 6 000 tonnes de poudre de lait écrémé et 2 900 tonnes de poudre de lait rengraissé à 40 %9. Une partie de cette poudre est destinée à l’alimentation des veaux, sous forme de produits lancés à l’automne 1965 sous les marques « Prospé 20 » et « Prospé 40 », vendues aux adhérents et aux producteurs laitiers du Pas-de-Calais. L’année suivante, la Prospérité fermière inaugure une deuxième tour de séchage et envisage d’en construire une troisième en 197210. À la fin des années 1960, 40 % de ses activités sont consacrées à la fabrication des poudres (graphique 1).
Graphique 1 : Les activités de la Prospérité fermière en 196911

8L’ensemble des fabrications de la coopérative est constitué de produits à faible valeur ajoutée, imposant parfois d’importants coûts de stockage. Les investissements massifs réalisés au cours des années 1960, liés à la double progression du nombre des adhérents et des volumes collectés (13 550 producteurs et 242 millions de litres en 1969), se concentrent sur des marchés saturés comme ceux du beurre et de la poudre de lait. En cette fin des années 1960, la surproduction de beurre et de lait représente l’un des principaux problèmes rencontrés par la politique agricole commune au niveau européen. Rappelons à cet égard la proposition faite par le commissaire européen à l’Agriculture Sicco Mansholt qui consiste pour y faire face à abaisser de 30 % le prix d’intervention du beurre afin de le rendre davantage compétitif et à restructurer l’ensemble de la filière laitière12. Au même moment, d’autres coopératives orientent leurs productions vers des produits à plus forte valeur ajoutée, comme les yaourts, conditionnés en pots en plastique thermoformé qui révolutionnent l’ensemble du marché. Vendus sous la signature Yoplait, ces produits connaissent un succès immédiat auprès des consommateurs, faisant de la marque l’un des principaux acteurs du marché. La Prospérité fermière ne pourrait-elle reproduire cet exemple en lançant également des yaourts ?
Du Gama Nova aux premières difficultés des années 1970
9Quatre ans après le lancement de Yoplait, la Prospérité fermière et quatre coopératives originaires d’autres régions13 s’associent pour créer, en mars 1969, le Groupement d’animation de marques alimentaires ou Gama qui commercialise les produits frais à l’échelon national sous la marque Nova14. Les raisons qui avaient conduit en 1965 la Prospérité fermière à rester à l’extérieur de la Sodima ont en effet disparu.
10Selon un rapport rétrospectif du conseil d’administration de la Prospérité fermière, la coopérative avait souhaité intégrer la Société laitière du Nord (Solainor) qui avait été fondée en 1965 par regroupement entre plusieurs coopératives autour de la Clara d’Amiens (Coopérative laitière agricole de la région d’Amiens)15.
« À sa demande d’adhésion, la Prospérité fermière ne reçoit pas de réponse. En 1967, la Prospérité fermière absorbe la Coopa, à Arras, adhérente au groupe Solainor, et qui, par ce groupe, commercialise 10 000 l/jour de lait de consommation. De par l’absorption de la Coopa, il semblait possible à la Prospérité fermière de rentrer cette fois-ci dans le groupe Solainor. Mais les conditions d’admission qui lui sont proposées sont irrecevables. Par son adhésion, la Prospérité fermière pouvait racheter la commercialisation de 10 000 l/jour de lait de consommation moyennant 800 000 NF. Mais il lui était interdit d’augmenter cette vente et de faire des produits frais. La Prospérité fermière propose alors à la Clara une collaboration dans la fabrication des produits frais et dérivés, en spécialisant chacun nos fabrications. La réponse faite alors était : « Les produits frais, ce n’est pas votre affaire ». À la création du groupe Yoplait, la Prospérité fermière pose une fois encore sa candidature, pour la région Nord car, dans ce genre de groupement, il n’est pris qu’une adhésion par région, [mais] la Clara adhère alors à Yoplait et nous sommes éliminés. »16
11Lors de la création du Gama Nova en mars 1969, les 5 coopératives concernées rassemblent 32 000 producteurs et collectent plus de 550 millions de litres de lait. En septembre, deux autres se joignent au groupement17. Dès 1970, le Gama représente 56 040 producteurs, collecte 876 millions de litres, réunit 44 usines de transformation et emploie 3 504 personnes. Avec un chiffre d’affaires de plus de 730 millions de francs, la distribution est totalement assurée dans 50 départements18. Plus de 1 300 véhicules Nova sont affectés au ramassage, aux transports et aux livraisons, à partir de 50 dépôts ou centres de distribution. En 1971, la marque Nova couvre 75 départements, soit « 40 millions de consommateurs ou 80 % de la population nationale »19. Dans chaque région, le Gama a mis en place une direction commerciale, avec des cadres de vente, des attachés commerciaux et des livreurs-vendeurs Nova. La Prospérité fermière dispose ainsi de 9 centres de distribution et de 6 grossistes concessionnaires dont le rayon d’action s’étend de Dunkerque jusqu’à Lyon. Tout en développant de nouveaux produits, elle place sous la marque Nova une large partie de sa gamme qui s’étend aux yaourts, aux desserts lactés, aux fromages frais, à la crème fraîche et au lait frais pasteurisé. Le document précédent en illustre une partie au début des années 197020.
La gamme des produits frais Nova

12La Prospérité fermière est devenue une grande entreprise. Elle dispose de quatre usines, toutes situées dans la région. Celle d’Arras est spécialisée dans la fabrication de beurre et abrite le siège social21. Celle de Vieil-Moutier, mise en service en 1964, assure une partie de la fabrication des produits frais Nova, tels que les yaourts, les fromages frais, les gélifiés et les spécialités. Celle de Saint-Pol-sur-Ternoise, inaugurée un an plus tard, concentre la production des poudres de lait. Enfin, l’adhésion en 1968 de la Coopérative agricole laitière des Flandres fait de son usine d’Hazebrouck la 4e unité de production du groupe, fabriquant principalement du lait de consommation et des fromages à pâtes pressées non cuites22. Pour assurer l’ensemble de ses fabrications, la Prospérité fermière dispose d’une collecte en constante évolution dont le volume quadruple en quelques années, passant entre 1964 et 1972 de 60 à 235 millions de litres. Elle fonde en 1970 avec d’autres coopératives et organismes agricoles le groupement d’intérêts économiques (Gie) Carnot, ainsi dénommé par référence au siège social arrageois de la Prospérité fermière23. Son objectif consiste à « aider [les adhérents] à maîtriser les marchés de production comme ceux des produits nécessaires aux exploitations »24.
13Au début des années 1970, la Prospérité fermière possède de nombreux atouts pour assurer son développement futur, à travers ses unités de production, sa gamme de produits laitiers couvrant l’ensemble des besoins et sa participation aux deux groupements Gama Nova et Gie Carnot. À l’instar de Yoplait, la marque Nova est devenue rapidement l’un des intervenants majeurs du marché des produits frais. Au début des années 1970, selon le président du conseil d’administration de la Prospérité, « les plus importantes [coopératives laitières] se retrouvent dans les grands groupes qui recherchent une meilleure rentabilité dans les produits finis et la distribution, je veux parler de celles qui se retrouvent dans les groupes France-Lait, Yoplait, Nova »25. Grâce à leurs réseaux de distribution, les 7 coopératives associées dans le Gama diffusent leurs nouveautés sur une large partie du territoire national. En 1971, Nova « se situe, avec 10,6 %, à la troisième place du marché des marques de yaourt nature, venant après Danone (19,5 %) et Yoplait (18,7 %) »26. Pour l’ensemble des produits laitiers frais, sa part progresse régulièrement de 1969 au premier semestre 1973, en une évolution qui traduit l’importance des efforts consentis en termes de développement de nouveaux produits et de campagnes publicitaires et promotionnelles massives (graphique 2).
Graphique 2 : Évolution de la part de marché de la marque Nova de 1969 au 1er semestre 1973

Plaquette NOVA, Éditions Publicis, Paris, s.d., op. cit.
14Pourtant, le marché s’essouffle rapidement. Au début des années 1970, apparaît une situation de saturation qui touche plusieurs catégories de produits frais. L’essor rapide des années 1960 fait place à un certain tassement : en 1970-1971, le marché national des produits frais ne progresse plus que de 3 %, contre 13 % en 1969-1970. Article vedette des années 1960, le yaourt voit sa consommation stagner, puis régresser dans des catégories comme, en 1973-1974, les yaourts aromatisés (-8 %), les yaourts aux fruits (–10 %), les yaourts brassés (–30 %). La situation est la même du côté des desserts, notamment pour les laits gélifiés emprésurés (–19 %) et les prêts à glacer (–20 %). Au début de l’année 1975, la situation se dégrade à tel point que le marché des yaourts dans son ensemble chute de plus de 5 %, tandis que celui des desserts stagne autour de 0,5 %. Seuls les fromages frais et la crème évoluent encore de manière positive, avec respectivement + 8 % et + 2,4 %.27. Les consommateurs sont à la recherche de produits moins sophistiqués, comme par exemple les yaourts nature (+3,6 %) ou maigres (+18 %)28.
15Après les investissements massifs réalisés au cours des années 1960, la situation de la Prospérité fermière peut paraître préoccupante. Alors qu’elle devait lui assurer un nouveau développement en dehors de ses productions traditionnelles, son intégration dans les produits laitiers frais à travers la constitution du GAMA Nova se produit au moment même où le marché national connaît un tassement. De plus, l’essentiel de ses productions reste concentré sur des produits à faible valeur ajoutée qui font l’objet de mesures nouvelles de la politique agricole commune destinées à réduire les stocks. Comment la Prospérité fermière parvient-elle à affronter les crises au cours des années 1970-1980 ?
De la crise de consommation aux difficultés financières
16Multiples, les crises de la filière laitière paraissent être sans liens directs les unes avec les autres, obligeant les acteurs à mobiliser face à elles d’importants moyens. La crise de consommation qui frappe la plupart des produits laitiers à partir du début des années 1970 révèle l’ampleur des difficultés. Ce renversement du marché se produit alors que les entreprises du secteur ont réalisé depuis le milieu de la décennie précédente des investissements considérables en hommes, terrains, installations, machines, matériels de transport, destinés à couvrir une zone de distribution toujours plus vaste. Même si les chiffres d’affaires continuent à progresser tout au long de la période, ils s’accompagnent de résultats irréguliers et d’une montée préoccupante de l’endettement. La Prospérité fermière n’échappe pas à cette situation.
17L’augmentation des frais de personnel constitue pour elle un enjeu majeur tout au long des années 1970. Elle provient de la revalorisation des salaires unitaires à la fin des années 1960 et surtout de l’accroissement des effectifs durant la période. Après la construction des nouvelles unités de fabrication, à Vieil-Moutier et Saint-Pol-sur-Ternoise, l’augmentation des effectifs est liée à la mise en place de nouvelles lignes de fabrication, à l’essor du personnel d’administration et de commercialisation et surtout à l’aménagement de nouveaux centres de collecte et d’entrepôts destinés à diffuser les produits sur une partie du territoire national. Ces nouvelles bases logistiques nécessitent des chauffeurs, des gestionnaires, de la main-d’œuvre. L’étude des effectifs dans chacune des usines et dans l’ensemble des centres de la coopérative en précise l’ampleur (graphique 3). Entre 1968 et 1973, même s’ils progressent de plus de 23 %, passant de 415 à 513 salariés, les effectifs des usines augmentent moins rapidement que ceux du siège et des centres de distribution qui, ensemble, croissent de 201 à 362 salariés, soit une augmentation de 80 %. Au cours de ces six années, la part des salariés des usines dans l’ensemble des effectifs de la Prospérité fermière tombe de 67 à 58 %. Un investissement considérable a en effet été mis en œuvre dans les centres de distribution dont les effectifs ont plus que triplé. Au cours de cette période, « les efforts de la coopérative [portent] plus spécialement sur l’équipement commercial en fonction à la fois de la création de dépôts de distribution et du lancement des marques nationales communes, Nova pour les produits frais et Lactafrance pour les aliments veaux »29. En 1968, « les centres de distribution créés assurent la livraison quotidienne de 4 000 points de vente. 150 véhicules réfrigérés transportent journellement plus d’un million d’unités de produits frais »30.
Graphique 3 : Évolution des effectifs de la Prospérité fermière répartis entre le siège, les usines et les centres de distribution entre 1968 et 1973

Archives privées, Assemblées générales ordinaires de la Prospérité fermière, rapports du Conseil d’administration, années 1970 à 1973.
18Pour la Prospérité fermière, les frais de personnel connaissent entre 1969 et 1981 une forte progression qui les situe à partir de 1976 au dessus de 10 % du chiffre d’affaires. Pendant la même période, le chiffre d’affaires a en effet augmenté avec régularité, comme en témoigne le graphique 4.
Graphique 4 : Chiffre d’affaires de la Prospérité fermière de 1969 à 198031

19Mais, parallèlement, les résultats financiers ne suivent pas. L’étude des bilans de la Prospérité fermière montre leur profonde instabilité tout au long de la période. Rapportés au chiffre d’affaires, ils forment une part qui, à partir de 1971, reste toujours nettement inférieure à ce qu’elle était en 1969-1970. Le taux de marge est à la fois médiocre et irrégulier (graphique 5).
Graphique 5 : Ratio du résultat net sur le chiffre d’affaires de la coopérative entre 1969 et 198032

20Les origines d’une telle situation sont à rechercher du côté de l’évolution de la trésorerie. On constate qu’en 1969 celle-ci se dégrade brutalement, du fait de la lourdeur des investissements en cours. Elle s’assainit certes l’année suivante, mais jusqu’en 1981 les dettes à court terme restent supérieures aux actifs circulants, traduisant la non-couverture des besoins en fonds de roulement.
21À ces difficultés financières s’ajoute le poids, dans le chiffre d’affaires, de productions à faible valeur ajoutée qui représentent l’essentiel de l’activité et sont d’autant plus lourdes à supporter qu’elles sont désormais menacées par les orientations de la politique agricole commune qui, en 1977, décide la mise en place de la taxe de coresponsabilité laitière, suivie sept ans plus tard des quotas laitiers. Les produits de forte valeur ajoutée, tels que les fromages frais et les pâtes pressées non cuites (PPNC), ne représentent que moins de 10 % des fabrications de l’ensemble du groupe tout au long de la période (graphique 6).
Graphique 6 : Productions de la Prospérité fermière entre 1969 et 198133

22Comment, dans de telles conditions, la Prospérité fermière peut-elle espérer résorber ses difficultés financières ? Les enjeux sont cruciaux pour elle, dans la mesure où la politique des quotas laitiers risque de menacer ses productions de base. Ne doit-elle pas se désengager des produits laitiers frais qui exigent toujours plus d’investissements pour se spécialiser dans d’autres productions ?
Des fermetures de sites à la cession de Nova au cours des années 1980
23Au début des années 1980, la réglementation des quotas laitiers met en danger les entreprises laitières spécialisées dans les productions de beurre et de poudre de lait, considérés jusqu’alors comme des « produits-refuge » ou des « produits de dégagement », en raison du système des prix garantis. Pour la Prospérité, les quotas risquent donc de limiter l’essentiel de ses activités. De plus, le secteur fromager est menacé par le mécanisme des montants compensatoires monétaires qui pénalise les exportations vers les pays à monnaie forte, notamment vers l’Allemagne fédérale. Dans un tel contexte, face à ses difficultés financières, la coopérative doit abandonner une partie de ses productions.
24Au milieu des années 1970, le site d’Hazebrouck, la doyenne des quatre unités de production de la Prospérité fermière, présente de nombreuses faiblesses. Depuis 1968, même si elle est passée de 60 000 à 75 000 litres de lait par jour, sa collecte reste insuffisante. D’autres usines, dont celle de Saint-Pol-sur-Ternoise, font l’appoint pour assurer ses productions, concentrées autour des fromages à pâte pressée non cuite et des laits de consommation. Les premiers sont destinés principalement à l’exportation, notamment vers l’Allemagne fédérale. Ils subissent rapidement la concurrence hollandaise et les conséquences des montants compensatoires monétaires. Quant aux laits de consommation, ils sont encore conditionnés en partie en bouteilles en verre, un mode de conditionnement qui paraît suranné face aux emballages Tetra et Combibloc. Au cours de la période, l’usine voit ses fabrications de beurre transférées vers l’usine d’Arras. La production de lait pasteurisé chute dès le début des années 1970, tandis que celles de lait stérilisé et de pâtes pressées diminuent à partir de 1975 et 1980.
25L’ancien fleuron Hazebrouck, par ses productions en déclin et ses outils obsolètes, ne constitue plus un site majeur. L’usine ne représente plus que 13,3 % de la collecte et que 7,7 % des effectifs du groupe à la fin des années 197034. Par ailleurs, ses activités, limitées aux fromages et aux laits de consommation, ne constituent pas l’essentiel de l’activité de la Prospérité fermière dont elles ne forment respectivement que 10 et 12 % du chiffre d’affaires35. Son sort est scellé, même si elle continue à produire des fromages pour l’exportation. En 1982, les effets des montants compensatoires monétaires obligent à arrêter ses activités. « L’absence de résultats rapides dans un contexte difficile (l’unité est déficitaire) explique la décision de fermeture »36. Pour sauver le site, le maire de la commune et les salariés s’adressent au ministre de l’Agriculture, Edith Cresson. Celle-ci leur répond que « la nature des activités de la [Prospérité fermière] qui correspondent à des productions de masse, ne [permet] pas une utilisation rationnelle de l’usine d’Hazebrouck » et que les trois principales fabrications, le lait stérilisé en bouteilles de verre, le lait pasteurisé et les fromages, sont « en voie de disparition » ou trop « faibles »37.
26Le sort d’Hazebrouck n’est pas différent de celui d’autres usines spécialisées dans les laits pasteurisés, souvent fermées ou restructurées pour y intégrer d’autres fabrications. Ainsi, le groupe Lactel décide la même année de fermer son usine Sofralait, sise à Paris, porte de la Villette, faisant disparaître du même coup une unité qui assurait, « avec l’établissement de Clermont-de-l’Oise, environ 40 % de l’approvisionnement en lait pasteurisé de la région parisienne » et qui se situait au troisième rang de sa spécialité en France. 350 salariés sont licenciés38.
27Poursuivant la restructuration de ses activités, débarrassée de ses « poids morts » et « produits dilemmes »39, la Prospérité fermière décide d’adopter une nouvelle stratégie de spécialisation. Malgré ses difficultés, elle avait formé en 1978 une union avec la laiterie du Nouvion-en-Thiérache, sous le nom d’Union laitière coopérative d’Artois, de Flandres et de Thiérache, tout en conservant l’appellation de Prospérité fermière. Six laiteries en faisaient partie, chacune spécialisée dans une production : la Sofrodoc et Le Nouvion dans les fromages, Arras dans le beurre, Saint-Pol-sur-Ternoise dans la poudre de lait, Vieil-Moutier dans les produits frais, Hazebrouck dans le lait stérilisé et pasteurisé. Mais, dans la recherche de cette nouvelle stratégie, le groupe est menacé par un jeu de fusions entre les principaux membres du Gama.
28Celui-ci souffre de plusieurs handicaps : une « décentralisation [qui pose] des problèmes commerciaux insolubles face à la centralisation des centrales d’achat », une couverture nationale insuffisante, des difficultés internes propres aux coopératives qui en sont membres. Par exemple, la Centrale laitière de Haute-Normandie (Clhn), jusqu’alors spécialisée dans « la distribution journalière de produits frais et de lait pasteurisé (…), connaît des difficultés de plus en plus importantes avec la généralisation du lait UHT, qui [brise] la synergie qu’elle réalise dans la distribution journalière, et le développement de la grande distribution qui [exige] une approche totalement nouvelle de la commercialisation »40. Ceci incite cette dernière coopérative à rechercher de nouveaux partenariats. Grâce à l’appui des Caisses régionales et nationale de crédit agricole, elle parvient en 1987 à s’associer avec l’Union laitière normande (Uln) dont la situation semble se redresser41. Le 1er janvier 1988, elle fait apport à l’Uln de ses activités commerciales et industrielles, « en particulier l’usine de Maromme, spécialisée dans les produits frais, l’usine d’Aumale, spécialisée dans le lait UHT, et l’usine d’Hermès, spécialisée dans le lait pasteurisé »42. Quelques mois plus tard, en avril 1988, le nouveau groupe, fort d’une capacité de collecte de 2,18 milliards de litres, crée avec la Prospérité fermière la société Générale Ultra-Frais » (Guf), destinée à gérer la marque Nova. « En contrepartie de 17 % du capital, la Prospérité apporte son usine de Vieil-Moutier, ses zones commerciales et ses centres de distribution d’Arras, de Lyon et de Vieil-Moutier. À la fin de la même année, (…) l’Uln se propose au rachat des 17 % détenus par la Prospérité fermière : l’acceptation [de cette dernière] lui fait perdre son usine de Vieil-Moutier »43.
291988 représente bien une année de rupture pour la Prospérité fermière. Elle abandonne alors deux de ses activités, les produits frais et les fromages, pour se diversifier vers un nouveau secteur : les biotechnologies. Attirée par les larges débouchés qui s’ouvrent, hors des circuits traditionnels du marché laitier, aux poudres de lait obtenues par cracking, dans des activités comme la biscuiterie, la chocolaterie, l’industrie des crèmes glacées, elle conclut un accord de partenariat avec un nouvel acteur, situé à l’étranger, la société suisse Crémo SA. « La stratégie des dirigeants s’oriente vers un recentrage fort sur le métier des ingrédients laitiers pour les industries alimentaires européennes, là où la coopérative présente une expertise, une avance concurrentielle et surtout une dimension européenne. (…) Grâce [aux] transferts technologiques et de savoir-faire, [elle] renforce [sa] position sur l’Europe des grandes industries alimentaires »44. Cet accord, signé en 1989, porte sur la commercialisation des poudres. Les deux partenaires créent une société de commercialisation, Lacto-Prospérité SA., située à Berne, dont la Prospérité fermière détient 17 % du capital.
30Même si elle se spécialise dans les ingrédients laitiers, la Prospérité conserve cependant une partie de ses autres activités laitières. En 1989, elle produit 33 000 tonnes de poudre, 7 350 tonnes de beurre et 62.6 millions de litres de lait de consommation, pour une collecte atteignant près de 350 millions de litres. Deux ans plus tard, elle se rapproche de l’Uln, son partenaire au sein de la Guf, pour créer la société Ingrédia, dans laquelle elle détient 51 % du capital. Le siège social est fixé à Arras, tandis qu’un laboratoire est construit à Saint-Pol la même année45. Le nouveau groupe, baptisé Compagnie laitière européenne46, cède la marque Nova au groupe confiturier Andros. L’usine de Vieil-Moutier, passée en quelques années de la Prospérité fermière à l’Uln, revient à Andros.
31En 1994, six ans après avoir cédé son usine de produits laitiers frais, la Prospérité restreint encore ses activités. Elle met fin à la production de beurre qui avait été à l’origine de sa création en 1949. Le site d’Arras cesse d’être une usine pour devenir un laboratoire. La Prospérité se recentre désormais sur le lait de consommation, commercialisé par la Cedilac sous la marque Candia et surtout sur les ingrédients laitiers, grâce à sa filiale Ingrédia.
32Quant au site de Vieil-Moutier, il est désormais spécialisé dans la fabrication de desserts lactés, les trois autres sites de la GUF47 l’étant dans les yaourts et les fromages frais48. À l’instar des autres sites laitiers de la région, l’essor du tonnage produit à Vieil-Moutier est fulgurant. Entre 1992 et 1996, la production de produits laitiers frais y augmente de 40 %, de 30 000 à 42 000 tonnes, tandis que les effectifs passent de 107 à 170 personnes49. Cet essor accompagne la relance de la marque Mamie Nova et le développement des activités pour les marques de distributeurs. Au niveau national, la Guf développe également de nouvelles gammes, ciblées vers les enfants, avec les produits Babar50 et Goûters gourmands, et vers les adultes, avec les yaourts Gourmands.
Conclusion
33Fondée sur le ramassage de la crème, puis sur la collecte du lait produit par ses adhérents, la Prospérité fermière est d’abord une PME qui fait figure de modèle de coopérative laitière en se spécialisant dans une production porteuse durant l’immédiat après-guerre, celle du beurre. Elle est rapidement confrontée aux implications d’une collecte en plein essor. La seule fabrication de beurre ne suffit pas à absorber l’ensemble des volumes collectés, d’autant plus qu’une crise de surproduction se dessine dès le milieu des années 1960.
34Elle doit alors envisager d’autres productions, telles que les poudres industrielles, le lait de consommation et les fromages. Le marché du yaourt, qui avait connu à partir de la seconde moitié des années 1960 une véritable révolution due au nouveau conditionnement en plastique thermoformé, au lancement permanent de nouveautés et à l’essor de la grande distribution, paraissait le meilleur moyen d’écouler une partie du « fleuve blanc », tout en se positionnant sur un marché à plus forte valeur ajoutée. Sur le modèle de Yoplait, le lancement de la marque Nova à l’échelle nationale a représenté un indéniable succès.
35Cependant, comme pour les autres productions, le marché est saturé dès le début des années 1970. L’éventail des productions de la Prospérité impose des investissements massifs qui fragilisent sa situation financière. Au cours des années 1980, après l’abandon de ses productions fromagères, pénalisées par les montants compensatoires monétaires mis en place par la politique agricole commune, la marque Nova lui échappe. Elle recentre alors ses activités sur les poudres de lait, puis renonce à sa production originelle, le beurre, au cours de la décennie suivante.
36Son évolution est emblématique d’un secteur, l’industrie laitière, où, après une croissance spectaculaire, les crises de surproduction se sont multipliées, suscitant d’incessantes réadaptations et transformations. Elle est aussi caractéristique d’entreprises de statut coopératif qui, fondées à échelle modeste dans un cadre régional, se sont trouvées confrontées aux impératifs d’une modernisation aux retombées difficilement maîtrisables, alors même qu’elles ambitionnaient d’en devenir les principaux acteurs.
Notes de bas de page
1 Nicolas Delbaere, L’économie laitière dans le Nord-Pas-de-Calais, de l’âge rural à l’âge des marques, thèse, Université de Lille 3, 2007, 4 tomes, 1 063 p., dir. Jean-François Eck.
2 Archives privées, La Prospérité fermière, 1949-1974, brochure illustrée, slnd.
3 Ibidem.
4 Entretien avec le professeur Ull, enseignant à l’École nationale des industries du lait à Aurillac des années 1950 aux années 1980, octobre 1995.
5 « Une inauguration à la beurrerie coopérative de la Fédération agricole du Pas-de-Calais », in La technique laitière, juillet 1965, p. 12.
6 Ibidem.
7 Archives privées La Prospérité fermière, article dans Prospérité, bulletin de liaison de la coopérative laitière d’Artois et des Flandres, no 6, janvier 1971, p. 3.
8 « Une inauguration à la beurrerie coopérative de la Fédération agricole du Pas-de-Calais », in La technique laitière, op. cit., p. 12.
9 Plaquette des 50 ans de la Coopérative, Arras, Studio Interligne, non paginée, s.d. (vers 1999).
10 Archives privées, La Prospérité fermière, Assemblée générale 1974, rapport du Conseil d’administration.
11 Archives privées, La Prospérité fermière, Assemblée générale ordinaire du 30 juin 1970, rapport du Conseil d’administration.
12 De 1945 à 1958, Sicco Mansholt est ministre de l’Agriculture des Pays-Bas. De 1958 à 1972, il est commissaire européen à l’Agriculture, puis vice-président, enfin, en 1972, président de la Commission. En 1966, il est partisan de l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE.
13 Ce sont la Centrale laitière de Haute-Normandie, à Maromme ; la Coopérative laitière de l’Ariège, à Rieucros ; la Coopérative laitière agricole du nord des Ardennes, à Dom-le-Mesnil ; la Coopérative laitière de Ploudaniel.
14 Nova est la marque développée depuis plusieurs années par la Centrale laitière de Haute-Normandie, qui dispose du plus gros réseau de distribution. La Prospérité fermière, deuxième coopérative du groupement sur le plan de la fabrication, obtient que sa fleur bleue en devienne le symbole.
15 Née en 1942, la Clara avait pris en 1963 le nom de Centrale laitière d’Amiens et des régions d’Airaines et d’Albert, tout en conservant le même acronyme.
16 Archives privées, « La Prospérité fermière », in Bulletin de liaison de la coopérative laitière d’Artois et des Flandres, no 6, janvier 1971, Arras, p. 2.
17 Il s’agit de la Sica-Lait de Franche-Comté dont le siège est fixé à Belfort et de l’Union laitière du Haut-Poitou-Bonilait, de Chasseneuil-du-Poitou, présidée par Jean Raffarin.
18 FNCL, « Les regroupements et concentrations intervenus dans l’industrie laitière française dans le courant des années 1968 et 1969 », in Études, no 61, 8 janvier 1970.
19 Points de vente, le magazine des magasins, extrait du no 101, novembre 1971, non paginé.
20 Archives privées, Plaquette NOVA, Paris, Éditions Publicis, s.d. (vers 1974).
21 Beurre pasteurisé, du cube de 25 kg au micropain de 10 gr., en passant par les tonnelets, blocs, plaquettes, rouleaux, etc.
22 Lait pasteurisé en emballage Pure-Pack et bouteilles plastiques, lait stérilisé en bouteilles de verre, lait aromatisé.
23 Les cofondateurs sont : L’Avenir rural (coopérative agricole de collecte, de stockage et de vente des céréales, d’approvisionnement en aliments du bétail et produits nécessaires à l’activité des exploitations, de commercialisation des fruits et légumes) ; la Caisse de crédit mutuel agricole de l’Artois (société mutualiste de crédit) ; la Coopavi (coopérative agricole des aviculteurs et éleveurs du Pas-de-Calais) ; la SICA DB (société d’intérêt collectif agricole Destination bétail, à Noeux-les-Mines) ; la Sucrerie coopérative de Lillers (société coopérative de traitement de la betterave, sucrerie et distillerie).
24 « Entretien avec M. Videlenne, administrateur du GIE Carnot », in Points de vente, le magazine des magasins, no 101, op. cit.
25 Archives privées, Marc Boulange, « Discours du président à l’assemblée générale de la Prospérité fermière », in Bulletin de liaison de la coopérative laitière d’Artois et des Flandres, no 7, Arras, août 1971, 8 p.
26 Points de vente, le magazine des magasins, no 101, op. cit.
27 « Yoplait France 1976 », in Yoplaitscope, no 12, Bulletin d’informations de la SODIMA, novembre 1976, p. 26.
28 Points de vente, le magazine des magasins, mars 1975, no 138, p. 2-3.
29 Archives privées, Assemblée générale ordinaire de la Prospérité fermière, 30 juin 1970, rapport du Conseil d’administration.
30 Plaquette des 50 ans de la Coopérative, op. cit.
31 Ibid.
32 Ibidem.
33 Ibidem. Nous ne disposons pas de données pour les aliments veaux entre 1969 et 1974, ni pour les fromages frais entre 1971 et 1972.
34 Marie-Andrée Descamps et Didier Coulon, La Prospérité fermière, Lille, 1980, non paginé.
35 Archives privées, Exercice de la Prospérité fermière, 1981.
36 Christine Le Mené, IAA et territoires : les laiteries du Nord-Pas-de-Calais face aux quotas laitiers, thèse de géographie humaine, Université des sciences et technologies de Lille, dir. Pierre Bruyelle, 1994, p. 288.
37 Archives de la ville d’Hazebrouck, Lettre du ministre de l’Agriculture à Monsieur le maire de la ville d’Hazebrouck, 5 février 1982.
38 Henri Gibier, « La guerre du lait », in Le nouvel économiste, no 353, 13 septembre 1982, p. 66.
39 Selon le Boston Consulting Group, « les dilemmes sont des activités peu rentables, à croissance élevée, qui exigent des investissements importants (industriels, commerciaux, financiers) pour suivre la progression du marché, surtout si l’entreprise veut améliorer une position médiocre. Ce sont des activités qui sont déficitaires en termes de flux financier, et pour lesquelles l’entreprise doit acquérir rapidement une bonne position concurrentielle, afin que ces activités ne deviennent pas ses poids morts de demain. » Cette définition provient de l’ouvrage de Jean-Pierre Detrie et al., Strategor : politique générale de l’entreprise. Stratégie, décision, structure, identité, Paris, Dunod, 2005, p. 118.
40 Gérard Deshayes, Logique de la co-opération et gestion des coopératives agricoles, Paris, Slippers, 1988, p. 176.
41 En 1987, le chiffre d’affaires atteint 9,6 milliards de francs, tandis que le résultat net s’élève à 35,5 millions.
42 G. Deshayes, Logique de la co-opération (…), op. cit., p. 177.
43 C. Le Mené, IAA et territoires (…), op. cit., p. 287.
44 La Prospérité fermière, 50 ans, plaquette anniversaire, Studio Interligne, Arras, 1999.
45 Ibidem.
46 Le capital est réparti entre l’ULN et ses coopératives, les banques et Bongrain qui en détiennent respectivement 43,3, 41,9 et 14,8 %.
47 Maromme (76), Savigné-L’Evèque (72) et Marcille (35).
48 RLF, « Les 50 premières entreprises », juillet-août 2000, no 603, p. 32.
49 « Mamie Nova : 70 nouveaux emplois », in La Voix du Nord, samedi 18 mai 1996,
50 Le plan de lancement de la gamme « Babar » démarre en avril 1999 au cinéma, avec la sortie du film Babar.
Auteur
Né en 1972, docteur en histoire, chercheur associé à l’Institut de recherches historiques du Septentrion, Université Charles de Gaulle-Lille 3
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