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Hommes, mers et terres du Nord au début du Moyen Âge. Volume 2

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Stéphane Lebecq

Première partie. Cités, monastères et emporia. Anciennes et nouvelles polarités

Le devenir économique de la cité dans la Gaule des Ve-IXe siècles1

Note de l’éditeur

Publié dans La fin de la cité antique et le début de la cité médiévale de la fin du IIIe siècle à l’avènement de Charlemagne, actes du colloque de Nanterre, éd. Claude Lepelley, Bari, Edipuglia, 1996, p. 287-310.

Texte intégral

  • 1 C’est Jean-Charles Picard qui m’avait demandé de présenter à Nanterre cette brève synthèse sur le (...)
  • 2 Pour trouver quelques revues récentes des thèses d’Henri Pirenne : Richard Hodges et David Whiteho (...)

1Prétendre évoquer le devenir économique de la cité gauloise entre le Ve et le IXe siècle, c’est poser une multitude de questions, et pour commencer s’interroger sur le rôle de la cité dans la production, la distribution, la transformation et la consommation des biens ; sur l’évolution de ce rôle dans une société en totale mutation ; sur ses éventuelles modifications structurelles – en particulier sur ses transformations quantitatives, qualitatives, voire géographiques. Et puisque je m’attacherai particulièrement à la dimension spatiale du rôle économique de la cité, je devrai envisager ces transformations aussi bien au plan local – en m’interrogeant sur les places respectives du chef-lieu de la cité, de son immédiat suburbium et de l’ensemble du pagus – qu’au plan interrégional, voire international, mettant les pieds dans le débat naguère initié par Henri Pirenne sur le passage de l’économie antique à l’économie du haut Moyen Âge, c’est-à-dire du passage d’une économie dans laquelle les grands échanges auraient été tributaires du vecteur méditerranéen, et où les rôles de concentration et de redistribution des richesses et des services auraient principalement reposé sur la cité et sur le système de communications de la voirie romaine, à une économie dans laquelle la Méditerranée et l’ancienne voirie n’auraient plus été les principaux vecteurs de la vie d’échanges, où une certaine reprise, peut-être, se serait amorcée à partir des rivages septentrionaux, et où dans tous les cas la ville, et plus singulièrement le chef-lieu de la cité, auraient été confinés dans un rôle de consommation presque purement passif2. Que peut-on penser de tout cela aujourd’hui, en se gardant de toute tentation de théorisation, et en se fondant sur la multiplication des découvertes archéologiques – faites plus souvent dans les périphéries que dans les vieux centres urbains –, sur l’affinage toujours plus précis des connaissances numismatiques, et sur la relecture de textes qui, dûment critiqués, sont souvent plus fiables qu’on ne l’a cru longtemps ?

Les apparences trompeuses d’un glorieux héritage

  • 3 Eugen Ewig, « Résidence et capitale pendant le haut Moyen Âge », Revue Historique, t. 230, 1963, p (...)
  • 4 On consultera Robert-Henri Bautier, « Quand et comment Paris devint capitale », dans Bulletin de l (...)
  • 5 H. Borger, S. Seiler, W. Meier-Arendt, Colonia Antiqua. Fouilles Archéologiques à Cologne, catalog (...)
  • 6 Michel Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes (417-781). Naissance d’une région, Paris 1979, (...)
  • 7 Jean-Pierre Leguay, « Les Burgondes et la Sapaudia », vol. 2 de L’Histoire en Savoie, 1988, en par (...)
  • 8 Sur Théodebert, petit-fils de Clovis, le plus romain des souverains francs, voyez Roger Collins, « (...)
  • 9 Dietrich Claude, « Untersuchungen zum frühfränkischen Comitat », dans Zeitschrift der Savigny Stif (...)
  • 10 Comme dit Michel Fixot, « Une image idéale, une réalité difficile : les villes du VIIe au IXe sièc (...)

2Passé le Ve siècle, la plupart des chefs-lieux de cités sont restés lieux de pouvoir, et pour certains d’entre eux lieux de séjour, voire capitales royales3. Au rythme de sa conquête, Clovis s’est installé à Soissons, puis à Paris – vraisemblablement dans ce qui avait été le siège des autorités romaines à l’extrémité ouest de la Cité4. Son petit-fils Théodebert s’est installé de la même façon dans le praetorium des gouverneurs romains de Cologne, qui avait abrité le séjour des rois francs du Rhin avant leur soumission aux Mérovingiens, en attendant que les premiers rois d’Austrasie s’installent, dans le courant du VIe et au début du VIIe siècle, à Reims puis à Metz5. Les rois wisigoths ont fixé leur capitale à Toulouse et Narbonne, en attendant Barcelone puis Tolède6 ; les Burgondes à Genève et Lyon7. Et Théodebert, maître de la Provence vers 537-540, s’est aussitôt montré à Marseille et surtout à Arles, où il a organisé des courses dans le grand amphithéâtre8. Panem et circenses, pensera-t-on : le roi barbare paraît perpétuer dans la cité les usages de distribution de biens pratiqués par les empereurs. À défaut du roi lui-même, c’est son fondé de pouvoir, le comte, qui, pendant un à deux siècles, résida de préférence dans le chef-lieu de la cité9 : représentant du roi en matière de justice (grosse pourvoyeuse de richesses par le système des amendes et de la composition pécuniaire), responsable du fisc hérité de Rome, aussi bien de l’administration des domaines que de la levée des impôts, par exemple des vectigalia prélevés sur la circulation, la vente et l’achat des marchandises, le comte fit de la cité le centre d’un « réseau de prélèvement de biens »10 dont il gardait une part, contribuant peut-être, avec le relais de son entourage et de ses subordonnés, à la perpétuation d’un marché laïc de produits de luxe.

  • 11 Pour l’idée de la continuité politique et sociale entre l’ancienne administration romaine et la no (...)
  • 12 Voyez Jean Durliat, « Les attributions civiles des évêques mérovingiens : l’exemple de Didier, évê (...)
  • 13 Voir Robert Latouche, Les origines de l’économie occidentale (IVe -XIe siècles), Paris 1956, p. 80 (...)
  • 14 Hincmar, Vita Remigii. ch. 22 ; et Flodoard, Historia Remensis Ecclesiae, livre 1, ch. 16. Voir en (...)
  • 15 La matricule de Saint-Martin de Tours est attestée pour la première fois, grâce à Grégoire de Tour (...)
  • 16 Une Armenmatrikel est encore signalée à Trèves aux VIIe -VIIIe siècles. Voir Eugen Ewig, Trier im (...)
  • 17 Voir Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 267, 287 (hôpital Sainte-Marie de Clermont), 289 ( (...)

3Surtout, l’évêque s’est (presque) partout imposé comme le substitut des anciennes magistratures, prenant en particulier et par une évolution pas toujours claire le relais du defensor, dont il avait parfois assumé la fonction, comme à Angers à la fin du IVe siècle où à Tournai au début du VI11, et bénéficiant dans tous les cas d’une multiplication de ses compétences civiles, comme cela a encore été constaté à Cahors sous l’épiscopat de Didier, au milieu du VIIe siècle12. L’évêque et le clergé de la cathédrale se trouvèrent bientôt, grâce à l’afflux des donations pieuses, à la tête d’un patrimoine considérable réparti dans le pagus et parfois au-delà. Fondateur souvent des basiliques funéraires élevées dans les suburbia sur les tombes de ses prédécesseurs ou des anciens martyrs, ou encore sur de prestigieuses reliques amenées à grands frais d’un ailleurs plus ou moins lointain, l’évêque les dota à son tour de biens-fonds – comme le fit en 572 Domnulus du Mans en faveur de l’église Saint-Vincent13 –, faisant de ces institutions nouvelles des lieux d’accumulation de la richesse. Cette accumulation n’était pas gratuite : elle devait permettre à l’évêque et aux églises d’assumer les fonctions qui étaient désormais les leurs – non seulement en matière liturgique, mais encore en matière de grands travaux urbains, et surtout d’assistance publique. Hincmar et Flodoard rapportent tour à tour comment saint Remi, nutritor du peuple de Reims, fit dans ce but constituer des stocks de blé sur les terres de sa cathédrale, en particulier dans sa villa de Sault14. Les pauvres, qui, comme à Tours15 ou à Trèves16, étaient enregistrés sur une matricule, pouvaient bénéficier de ces distributions annonaires, ou de l’hébergement dans les hospitia et autres xenodochia édifiés par les églises, par exemple par celles de la vaste Aquitaine17. Ainsi la cité – quelquefois grâce au séjour royal, plus généralement grâce à celui du comte, presque unanimement grâce à celui de l’évêque – continua-t-elle d’apparaître comme un lieu de concentration, de transformation et de redistribution des richesses.

  • 18 Sidoine Apollinaire, Correspondance. Passage évoqué par Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. (...)
  • 19 Vie des Pères de Grégoire de Tours, VIII, 6. Voir Gregory of Tours : Life of the Fathers, trad. Ed (...)
  • 20 Salvien, De gubernatione Dei, livre IV, ch. 14. Texte cité par Michel Rouche, op. cit., p. 618, no (...)
  • 21 Bilan dans Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 265, et carte p. 303. Et dans Dietrich Claud (...)
  • 22 Concile de Narbonne de 589, ch. 4. Cité par Dietrich Claude, op. cit. ci-dessus n. 21, p. 175, en (...)
  • 23 Grégoire de Tours, Histoires, livre VIII, ch. 1. Voir l’édition de Rudolf Buchner, Gregor von Tour (...)

4Le marché constitué par les cours royales, comtales, et surtout épiscopales resta aux Ve-VIe siècles connecté sur le réseau des grands échanges, dans lequel la Méditerranée continua d’être la principale pourvoyeuse, et Marseille le principal point focal : on pense à ce marchand originaire d’Auvergne qui avait fait fortune dans la cité phocéenne et que Sidoine Apollinaire recommanda à tel de ses correspondants18, ou à ce prêtre tourangeau familier de Grégoire de Tours qui se rendait sur les bords du Vieux Port pour s’y livrer à des activités mercantiles19. Le commerce méditerranéen trouvait à l’intérieur de la Gaule le relais de ces nombreuses colonies orientales (juives, syriennes, grecques) qui, dès le Ve siècle, avaient appelé sur elles la vindicte d’un Salvien vitupérant contre « ces foules de negotiatorum et Syricorum qui avaient pris position dans presque toutes nos civitates »20. Aux VIe -VIIe siècles nos sources écrites en signalent à Narbonne, Marseille, Arles, Uzès, Vienne, Lyon, Mâcon, Auch, Bordeaux, Saintes, Poitiers, Clermont, Bourges, Orléans, Tours, Nantes, Besançon, Paris, Trèves, Cologne…21 – autant dire dans chaque port important de la Méditerranée, le long de chacune des grandes voies de communication qui s’en échappaient vers le Nord (en particulier le long de l’axe Rhône/Saône) ou vers l’Atlantique (en particulier le long de l’isthme aquitain par le Lauragais et la Garonne, ou le long de la vallée de la Loire), et enfin dans les rares cités du Nord qui étaient devenues capitales royales ou dont la très ancienne vocation militaire avait fait des places industrieuses et cosmopolites. Dans la même cité, ces colonies pouvaient être nombreuses – au Sud, comme à Narbonne, où le concile de 589 fit interdiction à quiconque de travailler le jour du Seigneur, « qu’il fût Goth, Romain, Syrien, Grec ou Juif »22 ; ou au Nord, comme à Orléans, où en 585 le roi Gontran fut acclamé « ici dans la langue des Syriens, là dans celle des Latins, ailleurs dans celle des Juifs »23.

  • 24 Grégoire de Tours, ibid., livre VII, ch. 46, éd. Buchner, vol. 2, p. 152 ; et trad. Latouche, vol. (...)
  • 25 Grégoire de Tours, ibid., livre X, ch. 26, éd. Buchner, vol. 2, p. 388 ; et trad. Latouche, vol. 2 (...)
  • 26 Grégoire de Tours. ibid., livre VI, ch. 5 et 17, éd. Buchner, vol. 2, p. 8 et 34-36 ; et trad. Lat (...)

5Grâce à Grégoire de Tours, certains de ces Orientaux nous sont plus connus que d’autres, comme le Grec Christophe qui alla acheter du vin sur le marché d’Orléans, qui venait d’en être approvisionné en grandes quantités, pour en charger des navires à destination de sa ville de Tours24 ; comme Eusèbe, « marchand syrien de race », qui fit de nombreux présents à l’entourage du tout jeune Clotaire II pour devenir évêque de Paris vers 591, et qui, parvenu à ses fins, « choisit des Syriens de sa race pour servir au palais épiscopal »25 ; ou comme le Juif parisien Priscus, « familier du roi Chilpéric parce qu’il achetait pour lui beaucoup de marchandises », et qui, sollicité de se convertir au christianisme, demanda au roi un délai « jusqu’au mariage de son fils avec une Juive de Marseille »26. Le témoignage de Grégoire est triplement intéressant : il nous montre ces Orientaux installés dans les anciennes cités où ils constituent des colonies solidaires ; il nous les montre livrés à des activités mercantiles variées (pas nécessairement luxueuses : on ne sait si le vin d’Orléans est un vin d’importation ou un vin local, quoique je plaide plus volontiers pour la première solution), mais nouant des liens particuliers avec les marchés socialement et économiquement privilégiés ; il nous les montre enfin entretenant des liens économiques et sociaux entre plusieurs cités, parfois très éloignées les unes des autres : le projet matrimonial de Priscus s’inscrit probablement dans le cadre d’échanges multiformes, spécialement économiques, entre un marchand parisien fournisseur privilégié d’une clientèle choisie (le texte montre précisément qu’il suit le roi jusque dans sa villa suburbaine de Nogent) et un correspondant marseillais, à pied d’œuvre dans ce qui est resté à la fin du VIe siècle le principal port d’importation de la Gaule.

  • 27 Agathias, De imperio et rebus gestis Justiniani, I, 2. Cité par Charles Lelong, La vie quotidienne (...)
  • 28 Grégoire de Tours, ibid., livre IV, ch. 43., éd. Buchner, vol. 1, p. 256-258 ; et trad. Latouche, (...)
  • 29 Gesta Dagoberti, I, ch. 19, éd. Bruno Krusch, MGH, SRM, t. 2, p. 406. Voyez Dietrich Claude, op. c (...)
  • 30 Cf. le diplôme de Childéric II du 29 avril 716, qui dit confirmer ceux, aujourd’hui perdus, de Clo (...)
  • 31 Premiers Temps Chrétiens en Gaule Méridionale. Antiquité tardive et haut Moyen Âge (IIIe - VIIIe si (...)

6En douterait-on ? Agathias, le chronographe de Justinien, qui n’a jamais mis les pieds en Gaule, dit de Marseille dans la seconde moitié du VIe siècle qu’elle était « toujours digne des colons qui l’avaient fondée »27. Les auteurs occidentaux évoquent eux aussi la place préservée par la cité phocéenne dans le système des grands échanges – Grégoire de Tours par exemple, qui évoque l’arrivée dans le cataplus (c’est-à-dire dans la zone de débarquement) du port de Marseille de navires d’outre-mer chargés de jarres remplies d’huile28. D’ailleurs, on voit encore dans la documentation écrite du VIIe et du début du VIIIe siècle, de grands établissements monastiques de la Gaule du Nord entretenir avec la cité phocéenne des liens économiques véritablement structurels : d’après un diplôme perdu rapporté dans les Gesta Dagoberti du IXe siècle, Dagobert aurait offert aux moines de Saint-Denis une rente annuelle de 100 solidi prélevée sur le teloneum du catabolus de Marseille pour pouvoir subvenir à leur ravitaillement en huile29. Sans doute existait-il donc à Marseille un cellarium fisci comparable à celui qu’un diplôme de Chilpéric II en faveur de Corbie signale à Fos, et dont on a tout lieu de penser qu’il avait une origine impériale30. Les fouilles faites dans le quartier de la corne nord-est du port ont montré qu’entre la muraille antique et celle-ci, dans un secteur en voie d’envasement, s’était perpétué un quartier d’ateliers (suggéré par la présence de nombreuses scories de fer) et peut-être d’entrepôts, tandis que des quais sommaires avaient été à plusieurs reprises (d’une part aux alentours de 500, d’autre part aux alentours de 600) aménagés en avant du quai du Haut-Empire de façon à intégrer la zone envasée : outre diverses monnaies, en particulier de Théodebert Ier, maître des lieux de 546 à 548, et diverses productions céramiques locales, on y a retrouvé, importées jusque dans la première moitié du VIIe siècle, des céramiques africaines et orientales associées aux importations d’huile et de vin31.

  • 32 Voir, pour le poème de Sidoine Apollinaire, Michel Fixot dans l’Histoire de la France urbaine cité (...)
  • 33 Vita Eligii episcopi Noviomagensis, livre I, ch. 3, éd. Bruno Krusch, MGH, SRM, t. 4, Hanovre-Leipz (...)
  • 34 Exemples aquitains tirés de Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 301.
  • 35 Pour toute cela, je me permets de renvoyer aux pages que Marc Bompaire et moimême avons consacrées (...)
  • 36 Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 300-301.

7Plus que Fos (siège, on l’a vu, d’un cellarium fisci), plus même que Narbonne, célébrée aussi bien à la fin du Ve siècle par Sidoine Apollinaire dans un de ses poèmes qu’à la fin du VIIIe par Théodulfe dans son pamphlet sur la vénalité des juges32, Marseille fut incontestablement la porte de la Gaule sur la Méditerranée. On comprend l’importance de son atelier monétaire. Ce qu’il importe de dire ici, pour conclure ce premier point sans empiéter sur le champ d’autres communications, c’est que : l) les ateliers monétaires gaulois restèrent installés dans les cités – qu’elles en aient possédé (Arles, Marseille) ou non par le passé ; 2) ces ateliers pouvaient encore être considérés au VIIe siècle comme « publics » – ainsi à Limoges, où la Vita Eligii de Dadon fait une longue allusion à « l’officine publique de la monnaie du fisc », alors placée sous la direction de cet Abbon dont nous reparlerons33 –, mais ils étaient plus souvent tombés sous la dépendance des nouvelles puissances citadines, en particulier des églises cathédrales (à Clermont, Bourges, Bordeaux...) ou des grandes basiliques suburbaines (Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Martial de Limoges...)34 ; 3) jusqu’en 680 on n’y a frappé, que ce fût au nom et à la légende du roi, ou au nom et à la légende du seul monétaire, que des trientes d’or – ce qui montre en tout état de cause l’étroite dépendance du commerce gaulois à l’égard de l’étalon byzantin (le byzantium ou besant), lui-même héritier de la réforme monétaire de Constantin35. Michel Rouche a remarqué36 que les cités de forte frappe monétaire étaient les mêmes que celles où l’on avait beaucoup construit : en somme, « quand le bâtiment va, tout va ». Le moment paraît venu de pénétrer à l’intérieur des cités pour entrevoir plus concrètement en quoi consistait leur activité économique.

Une médiocre réalité

  • 37 Robert Étienne, « Gaule romaine », contribution à l’Histoire de la population française dirigée pa (...)
  • 38 Voir plusieurs contributions aux Cinquièmes journées anthropologiques de Valbonne, Ville et campag (...)
  • 39 Christian Pilet, « Dépeuplement de la ville, peuplement de la campagne. Exemple de Vieux (Calvados (...)
  • 40 Suivant la fameuse expression de Philippe Wolff, par exemple dans l’Histoire du Languedoc publiée (...)

8Il faut pour commencer rappeler que la population citadine a sensiblement décliné entre le IIIe et le VIe siècle. Si le fait est incontestable, ses raisons et ses modalités sont difficiles à déterminer. Y eut-il une baisse de la natalité telle qu’elle interdit le renouvellement des générations ? S’il semble d’après l’exemple de la famille d’Ausone que les élites bordelaises pouvaient avoir encore en moyenne 2,7 enfants par couple au cours du IVe siècle, l’enquête conduite par Robert Étienne dans l’ensemble des familles sénatoriales suggère, avec 1,8 enfant par couple, un bilan nettement moins positif37. S’il est d’ailleurs possible d’invoquer dans le cas des élites sociales l’explication psychologique et en particulier une réponse malthusienne à la crise politique et morale, il n’est pas exclu que l’ensemble des populations urbaines aient eu à souffrir d’une détérioration des conditions économiques et sanitaires de leur vie quotidienne38. Par contre, il paraît indéniable que les flux migratoires ont été, en ces temps de crise des valeurs citadines, nettement défavorables aux villes : l’irrémédiable déclin d’Aregenua, ancienne cité des Viducasses (Vieux, en basse Normandie), dûment constaté entre le IVe et le Ve siècle, a pu être en partie expliqué par des déplacements de populations en direction des campagnes voisines39. Quant aux cités qui résistèrent, beaucoup durent désormais ressembler – comme Toulouse dont l’enceinte, énorme pour l’époque, enveloppait 90 hectares – « à un homme qui maigrit dans ses vêtements flottants »40. C’est que, intra muros, la population était de plus en plus souvent limitée au petit monde des clercs ou des fonctionnaires, et à la maisonnée ou familia des uns et des autres.

  • 41 Voir Lukas Clemens, « Trèves, centre de la viticulture dans la moyenne vallée de la Moselle au Moy (...)
  • 42 Cité par Renée Doehaerd, Le haut Moyen Âge occidental. Économies et Sociétés, Paris 1971, p. 123.
  • 43 Ainsi un canon du concile d’Aix-la-Chapelle de 816, cité par Renée Doehaerd, op. cit. ci-dessus, p (...)
  • 44 Émile Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, tome 1, Lille 1910, p. 34 ; Jean H (...)

9Il semble au demeurant qu’à l’intérieur des enceintes les terrains vagues se soient multipliés, éventuellement gagnés à une agriculture potagère, mais aussi à la viticulture telle par exemple qu’on commence à la voir pratiquée dans la cité de Trèves41. Les activités agricoles gagnèrent aussi les suburbia immédiats des cités. Au milieu du VIIIe siècle encore, les Juifs de Narbonne faisaient travailler des chrétiens sur leurs terres in suburbanis, ce qui provoqua l’indignation du pape Étienne II42. Ailleurs, les évêques euxmêmes, soucieux d’assurer le ravitaillement de leur cathédrale, mais aussi d’avoir la capacité d’assurer des distributions annonaires dont toute une législation, confirmée jusqu’au IXe siècle, continua de leur faire un devoir43, pouvaient prendre l’initiative de la mise en culture des terres du suburbium : ainsi Remi de Reims, qui dit y avoir planté des vignes « de son propre labeur » ; Nicetius de Lyon et Hilaire d’Arles, qui firent pousser le vignoble jusqu’au pied des murs de leurs cités respectives ; ou Eutrope d’Orange, qui débroussailla les terres avoisinantes44.

  • 45 Pour tout cela, il faut consulter l’ensemble du volume cité ci-dessus sur la Topografia urbana e v (...)
  • 46 Pour Salvien, qui s’indignait devant le goût des Trévires pour les jeux, voir Paul-Albert Février (...)

10Ainsi les activités agricoles ont-elles peu à peu pénétré les abords mêmes des cités, quand ce n’était pas la zone située intra muros. Sans nul doute pourtant, l’activité qu’on voit le mieux représentée dans les cités et leur suburbium, c’est la construction. Les rois, là où ils étaient présents, mais surtout les évêques prirent, sans la moindre solution de continuité, le relais des anciens magistrats et autres curiales dans les initiatives évergétiques, et plus généralement dans l’administration des travaux d’entretien des grands équipements – ainsi, au début du VIe siècle, à Vienne, où des mesures furent prises pour l’entretien de l’aqueduc, ou à Arles, où Théodoric fit réparer la muraille ; ainsi, au milieu du VIe siècle, à Nantes, où l’évêque Félix fit entreprendre des travaux de régularisation du cours de la Loire par le creusement d’un canal, ou à Bordeaux, qui, suivant Fortunat, bénéficia des « dons impérissables » de son évêque Léonce ; ainsi, encore un siècle plus tard, à Cahors, où l’évêque Didier fit relever la muraille et refaire l’aqueduc ; ainsi à Metz, à Paris, à Soissons et à Arles, où les rois du VIe siècle restaurèrent cirques et amphithéâtres45. Mais l’illusion, surtout dans le cas des aires de jeux, fut de courte durée : dès le courant du VIe siècle, les amphithéâtres, non seulement d’Arles, mais aussi de Nîmes, de Trèves, de Tours, furent appelés à d’autres usages, de défense, d’habitat, ou encore de mise en culture. L’Église qui, par la bouche de Salvien au milieu du Ve siècle ou par celle de Césaire au début du VIe, déplorait les spectacula cruenta (le mot est du second) qui y étaient organisés, ne fut peut-être pas étrangère à cette désaffection46.

  • 47 Gabriel Fournier, Les Mérovingiens, Paris 1966, p. 104 ; Karl-Ferdinand Werner, Les origines (avan (...)
  • 48 Pour Lyon, lettre de Sidoine Apollinaire à Hesperius (Epistolae, II 10, éd. A. Loyen, Paris 1970, (...)
  • 49 Michel Rouche, L’Aquitaine, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 283-284.
  • 50 Pour les exemples de Poitiers, Clermont et Cahors, voir Michel Rouche, L’Aquitaine, op. cit. ci-de (...)
  • 51 Renée Doehaerd, Le haut Moyen Âge occidental, op. cit. ci-dessus n. 42, p. 239.
  • 52 Grégoire de Tours, Histoires, livre VII, ch. 14, éd. Buchner, vol. 2, p. 108 ; trad. Latouche, vol (...)

11Précisément, ce que l’on voit de plus en plus, c’est l’intense activité des chantiers de construction d’églises : on a pu évaluer à 40 le nombre des églises du Metzmérovingien, à 29 celles de Paris, à 22 celles de Reims, à 18 celles de Lyon, à 12 celles de Bordeaux47. Et les descriptions des nouveaux édifices sont quelquefois assez minutieuses – cathédrale de Lyon, grâce à Sidoine Apollinaire ; cathédrale de Clermont et basilique de Saint-Martin de Tours, grâce à Grégoire de Tours ; cathédrale de Nantes, due à l’initiative de l’évêque Félix, grâce à Fortunat48 – pour suggérer des dimensions parfois impressionnantes, le travail des matériaux les plus divers et un art des bâtisseurs capables parfois, comme à Cahors, de perpétuer les anciennes techniques de l’opus antiquum ou de l’opus gallicanum49. Les constructeurs apparaissent parfois dans nos textes : les lapidarii de Poitiers dans la Vita Radegundis ; les structores de Clermont, avec leurs machinae, dans la Passio anonyme, écrite au VIIe siècle, de l’évêque Priest de Clermont ; les artifices de Clermont encore, capables de construire des conduites d’eau, et dont les services furent demandés jusqu’à Cahors, dans la Correspondance de Didier ; les cementarii et vitri factores que l’abbé anglais Benoît Biscop fit venir de Gaule (sans autre précision) vers 675 pour collaborer à l’édification de sa première abbatiale, dans l’Histoire des abbés de Wearmouth et Jarrow de Bède le Vénérable50. Ces différents corps de métiers étaient-ils encore organisés en collèges suivant les normes antiques ? C’est possible si l’on se réfère à l’exemple du royaume lombard d’Italie, où l’édit de Rothari de 643 consacre plusieurs de ses articles (notamment les articles 144 et 145) aux maîtres maçons et à leurs operarii et autres collegantes51. Mais les textes manquent pour la Gaule de ce temps, mis à part un passage ambigu de Grégoire de Tours qui donnerait à penser qu’existaient encore à la fin du VIe siècle des organismes professionnels spécifiques, par exemple chez les tisserands52. Par contre, le fait que les gens de métiers se déplaçaient éventuellement de ville en ville, comme ces Clermontois embauchés par Didier de Cahors, voire de royaume en royaume, comme ces Gaulois envoyés en Northumbrie, montre qu’ils n’étaient pas nécessairement rivés à leur cité.

  • 53 Vita Eligii episcopi Noviomagensis, livre I, ch. 3, éd. Krusch, op. cit., en particulier p. 671.
  • 54 Grégoire de Tours, Histoires, livre VI, ch. 32, éd. Buchner, vol. 2, p. 56-58 ; trad. Latouche, vo (...)
  • 55 Grégoire de Tours, ibid., livre VIII, ch. 33, éd. Buchner, vol. 2, p. 208-210 ; trad. Latouche, vo (...)
  • 56 Wim Dijkman, « La céramique du haut Moyen Âge à Maastricht : tradition et innovation », dans Danie (...)

12Les textes, et parfois les fouilles, permettent d’entrevoir l’existence en ville de métiers spécialisés, petits ou grands, et parfois regroupés en quartiers. La Vita Eligii par Dadon nous fait pénétrer dans l’officine de l’orfèvre Abbon, vir honorabilis, qui dirigeait à l’époque la publicam fiscalis monetae officinam de Limoges, et auprès duquel le jeune homme fit son apprentissage, devenant edoctus dans la pratique de ce métier53. Quant à Grégoire de Tours, ses Histoires promènent le lecteur dans le quartier des marchands détaillants de Paris, situé dans les murs de la Cité : c’est ici en effet, entre le groupe cathédral et la Seine, que se trouvaient les boutiques dans lesquelles le comte Leudaste voulut acheter argenterie et parures54 ; ou que, tout près de la porte – donc du pont – sud, se trouvaient ces échoppes, toutes de bois, qui prirent feu un beau jour de 585 du fait de la négligence d’un marchand d’huile qui avait laissé brûler sa lampe sur un tonneau rempli du précieux liquide au fond de sa boutique55. Ailleurs, c’est l’archéologie qui révèle la pratique citadine des métiers de l’artisanat : ainsi à Maastricht, ancien castellum récemment promu, et pour peu de temps, au rang de civitas, où les fours de potiers et les fourneaux de métallurgistes n’étaient pas seulement installés dans les suburbia, mais éventuellement même dans l’enceinte, dans des zones certes peu habitées56.

13Cela signifie-t-il que l’on continuait à trouver dans chaque cité gauloise des métiers spécialisés ? Non ! Puisque Didier de Cahors dut faire venir de Clermont des techniciens capables de fabriquer des conduites d’eau en bois ; ou que Nicetius de Trèves dut faire venir des artisans d’Italie pour réaliser son grand programme de constructions au milieu du VIe siècle. Assurément, le Midi était resté plus longtemps et plus intensément que le Nord le conservatoire des traditions romaines : peut-être d’ailleurs est-ce là que Benoît Biscop trouva les artisans bâtisseurs et verriers qu’il fit venir en Angleterre pour l’élévation de son abbatiale. Mais cela n’allait durer qu’un temps : dès les VIIe -VIIIe siècles, on assista sinon à la revanche du Nord, du moins à un basculement du centre de gravité économique (et politique) de l’Occident qui allait donner la première place au Nord – moins certes à ses cités murées qu’à la constellation de leurs suburbia, et parfois même à de nouvelles agglomérations marchandes, nées presque ex nihilo.

Une nouvelle donne (VIIe -IXe siècles)

  • 57 Voir Jean-Noël Biraben et Jacques Le Goff, « La Peste dans le haut Moyen Âge », dans Annales. Écon (...)
  • 58 C’est l’interprétation, déjà formulée par Jean-Noël Biraben et Jacques Le Goff dans l’article cité (...)

14Jusqu’au VIIe siècle, donc, les cités de Gaule restèrent tributaires du vecteur méditerranéen sur le plan économique. Le problème est que les bateaux accostant à Marseille ou à Narbonne ne débarquèrent pas seulement de l’huile, du vin, du papyrus et des épices, mais aussi le bacille de la peste. Il est clair qu’en Gaule, la peste dite justinienne (deuxième moitié du VIe siècle ; puis, par récurrences, tout au long du VIIe) toucha surtout le Midi, directement exposé, et les villes, où la promiscuité rendait les populations plus vulnérables. Sans parler d’Arles, de Lyon, de Bourges, de Clermont, d’Avignon, de Viviers, touchées tour à tour, Marseille et Narbonne lui payèrent un lourd tribut : touchées dès la première vague en 543, elles subirent ses successives récurrences, la première jusqu’en 654, la seconde jusqu’en 69457. Il n’est pas exclu que c’est ce phénomène qui, beaucoup plus que l’expansion musulmane naguère invoquée par Henri Pirenne, précipita le déclin du commerce méditerranéen, l’isolement de la Gaule méridionale et l’étiolement de ses vieilles cités58.

  • 59 Voir Robert Latouche, Les origines de l’économie occidentale, op. cit. ci-dessus note 13, p. 122-1 (...)

15Mais il n’y eut pas que cela. Beaucoup de facteurs contribuèrent à redistribuer les cartes en faveur de sites neufs. D’abord, quitte à remonter en arrière, il convient de rappeler qu’il y eut une véritable sélection entre les cités. Certaines, soit qu’elles ne reçussent pas d’enceinte, soit qu’elles ne devinssent pas le siège de l’autorité épiscopale, conditions sine qua non de leur survie dans les premiers siècles médiévaux, furent appelées à disparaître en tant que telles (non seulement Vieux, en basse Normandie, dont il a déjà été question ; mais encore Jublains dans le Maine ; Alba dans le Vivarais ; Javols dans le Gévaudan ; ou Tongres dans le bassin mosan). Leur déclin profita à une cité préexistante, qui engloba leur territoire, ou à une cité nouvelle, délibérément choisie par l’évêque en vertu des avantages, éventuellement économiques, éventuellement stratégiques, de sa situation. Si ce sont les intérêts stratégiques qui ont déterminé les glissements de sièges épiscopaux d’Alba vers Viviers, de Javols vers Mende ou de Carpentras vers Venasque, c’est plus probablement l’opportunité du ravitaillement en vin qui a déterminé le transfert de siège de Vermand à Noyon, ou de Maastricht, éphémère héritière (pendant les Ve -VIIe siècles) de Tongres, à Liège59.

  • 60 Pierre-Edouard Wagner, « Topographie urbaine : Metz, Toul et Verdun du Ve siècle au VIIIe siècle » (...)
  • 61 Voir les études citées ci-dessus n. 3, spécialement l’article de Eugen Ewig, « Résidence et capita (...)
  • 62 Voir l’important article de Dietrich Claude, « Untersuchungen zum frühfränkischen Comitat », cité (...)
  • 63 Voir par exemple Josef Semmler, « Saint-Denis : von der bischöflichen Coemeterialbasilika zur köni (...)
  • 64 Voyez Alain Dierkens, « Prolégomènes à une histoire des relations culturelles entre les îles brita (...)
  • 65 Voyez Stéphane Lebecq, « La Neustrie et la mer », dans Hartmut Atsma éd., La Neustrie, op. cit. ci (...)
  • 66 Voir Marc Bompaire dans L’Économie médiévale, op. cit. ci-dessus n. 35, p. 112, où est rappelée la (...)
  • 67 Georges Duby, « Les villes du Sud-est de la Gaule du VIIIe au XIe siècle », dans La Citta nell’alt (...)

16Plus décisif fut le fait que les élites de la société franque, toujours enracinées dans le Nord, tendirent plus encore que par le passé à déserter leurs séjours citadins pour s’implanter ailleurs dans le pagus. Quand ils n’apparurent pas ex nihilo, les palais royaux, les résidences comtales, les nouveaux postes de traite, nombre d’églises et de monastères s’appuyèrent volontiers sur ce qui n’avait été au temps de Rome ou dans les premiers siècles mérovingiens que castella, castra, vici ou encore villae fiscales. Ainsi des résidences royales : qu’on se réfère à l’exemple des rois de Metzqui, au VIIe siècle, séjournèrent de plus en plus volontiers dans leur villa de Lauriacum60, ou à celui des rois de Paris qui, Clotaire II et Dagobert en tête, résidèrent avec prédilection dans leurs villae de Nogent, Reuilly et autre Clichy61, il est clair que les souverains francs privilégièrent des séjours ruraux, certes jamais très éloignés des anciennes capitales urbaines, mais en tout état de cause situés en dehors et parfois loin des murs. Ainsi des résidences comtales, de plus en plus souvent installées dans d’anciens vici ou castella, le Stadtcomes (comme celui de Trèves désormais installé à Bittburg) se muant suivant le mot de Dietrich Claude en Landcomes62. Quant au mouvement monastique, auquel on convertissait de plus en plus les structures d’encadrement des grandes basiliques suburbaines63, il privilégia pour ses fondations nouvelles – extrêmement nombreuses au cours du VIIe siècle (l’un des plus grands siècles de l’histoire monastique de la Gaule, du fait de l’heureuse rencontre des élites franques et de la spiritualité colombanienne64) – les implantations rustiques, par exemple au bord de la mer ou des basses rivières65. Tout cela aboutit à une véritable dissémination des lieux de pouvoir, dont le témoignage le plus explicite nous est donné par la formidable multiplication du nombre des lieux d’émission des monnaies, tels du moins qu’ils apparaissent sur les légendes des pièces, et qui a été évalué à plus de 1200 pour l’ensemble de la période mérovingienne66. Plus que jamais la cité put apparaître comme une véritable citadelle épiscopale, en grande partie disjonctée du circuit économique. Surtout dans le Midi, en Provence par exemple, où une somnolence durable, quelquefois définitive, gagna plusieurs civitates au passé parfois prestigieux, telles Cimiez, Riez, Senez et quelques autres67.

  • 68 Il suffit d’évoquer le récent colloque sur La croissance agricole du haut Moyen Âge. Chronologie, (...)
  • 69 On se reportera aux diverses communications publiées par Sean McGrail éd., Maritime Celts, Frision (...)
  • 70 Voir, pour aller vite dans une très abondante bibliographie, Stéphane Lebecq, « Pour une histoire (...)
  • 71 Voir David Hill et D. M. Metcalf éd., Sceattas in England and on the Continent. The Seventh Oxford (...)

17Car dans le Nord, ce qui allait sauver un nombre significatif d’anciennes cités, ce fut la rencontre du dynamisme des périphéries urbaines, en particulier des grandes basiliques naguère fondées dans les nécropoles et désormais muées en puissants monastères, riches de biens fonciers gagnés par ce qu’on n’hésite plus à considérer comme une authentique croissance agricole68, et du renouveau commercial venu du Nord. Depuis la fin du VIe siècle en effet, la fin de la piraterie endémique sur les côtes des mers septentrionales et la stabilisation dans les milieux littoraux de peuples – celtiques à l’ouest, germaniques à l’est – culturellement et linguistiquement solidaires autorisa le premier développement d’une économie marchande entre leurs différents rivages69, à laquelle la Gaule fut peu à peu intégrée grâce aux fenêtres ouvertes d’une part par les Frisons sur le grand delta du Rhin – en particulier à Dorestad, tout près d’un castrum de l’ancien limes –, d’autre part par les Anglo-Saxons au fond de l’estuaire de la Canche – en particulier à Quentovic, dans un site qui avait connu une certaine animation au temps de la grandeur romaine70. Le signe le plus patent de l’ouverture de la Gaule aux horizons septentrionaux fut la première diffusion de piécettes d’argent anglo-frisonnes – les pseudo-sceattas –, qui furent aussitôt imitées par les monétaires urbains, et qu’on a vu enfouies en grandes quantités dans les trésors gaulois de la première moitié du VIIIe siècle, souvent dans le voisinage immédiat d’anciennes cités71.

  • 72 Voir Claude Seillier, « Boulogne, base navale romaine », dans Alain Lottin, Jean-Claude Hocquet et (...)
  • 73 Voir mon article sur « La Neustrie et la mer », cité ci-dessus n. 65.
  • 74 Document édité par Hartmut Atsma et Jean Vezin dans les Chartae Latinae Antiquiores, tome XVI, Fra (...)
  • 75 C’est un document plus tardif, le « Précepte des marchands » de Louis le Pieux (828), relatif aux (...)

18Aussitôt, les cités maritimes participèrent à ce renouveau commercial – pas tant Boulogne (avait-elle d’ailleurs jamais mérité le nom de cité ?), trop proche de Quentovic et au demeurant déclinante depuis la très ancienne dissolution de la Classis britannica72 ; mais Maastricht, qui commandait la basse vallée de la Meuse ; Amiens et Rouen, qui commandaient les routes terrestre et fluviale de Paris ; Nantes enfin, qui commandait la grande voie ligérienne73. Partout l’on vit, à partir du VIIe siècle, des marchands au long cours s’y faire les intermédiaires entre l’intérieur de la Gaule et un outremer celto-germanique. Suivant un diplôme de 779 en faveur de Saint-Germain-des-Prés, dans lequel le jeune Charlemagne prétend confirmer des concessions antérieures74, il apparaît que la plupart de ces cités maritimes étaient dotées d’une douane importante, chargée – semble-t-il – de prélever une décime sur toutes les marchandises en transit75, au même titre que les nouveaux ports de Quentovic et Dorestad.

  • 76 En plus des travaux cités ci-dessus n. 4, je me permets de renvoyer à mes Origines franques, vol.  (...)
  • 77 Pour l’exemption de tous tonlieux dans les ports du Nord accordée aux marchands de Saint-Germain-d (...)
  • 78 En attendant le renouvellement des perspectives de l’histoire san-dionysienne par Alain Stoclet, o (...)

19Ce n’est pourtant jamais mieux que dans les grands établissements suburbains – autour de Paris, de Tours, de Trèves, de Cologne – qu’on perçoit l’ouverture des anciens centres de pouvoir aux grands courants d’échanges venus du Nord. Attardons-nous un instant sur l’exemple de Paris, dont la cité était entourée d’une véritable constellation périphérique d’établissements aussi bien laïcs (songeons aux villae fiscales de Nogent, Reuilly, Clichy et autres lieux, devenues comme on l’a vu résidences de prédilection des rois) qu’ecclésiastiques (basiliques devenues monastères de Sainte-Geneviève, de Saint-Martin des Champs, et surtout, bien plus intéressants pour nous du fait de l’importante tradition écrite qu’ils nous ont conservée, de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Denis)76. Or il apparaît que, autant Saint-Germain-des-Prés envoya ses hommes (paysans astreints à des charrois jusqu’à Quentovic, ou même negotiatores de l’abbaye affranchis de toute taxe à Rouen, Amiens, Quentovic, Maastricht ou Dorestad) sur les routes du Septentrion77, autant Saint-Denis fit venir à elle les marchands du Nord pour leur vendre ses vins : en effet, les fameuses foires instituées par Dagobert en 634-635, qui devaient se dérouler chaque année à partir de la Saint-Denis (9 octobre) de façon à écouler le produit de la dernière vendange, attirèrent aussitôt les marchands anglo-saxons, accessoirement les Frisons78. La concession à l’abbaye des revenus du tonlieu perçu pendant toute la durée de la foire provoqua la colère du comte de Paris – par où l’on voit comment les nouveaux pouvoirs commencèrent à prendre le pas sur les anciens.

  • 79 D’après la première épître au roi Pépin d’Ermold le Noir, vers 77-144 : voir mes Marchands et Navi (...)
  • 80 Principalement d’après un diplôme de Louis le Pieux pour l’église cathédrale de la Cité des Vangio (...)
  • 81 D’après les Annales Fuldenses (a° 886) : ibid., vol. 1, p. 28, et vol. 2, p. 324.
  • 82 D’après la Vita prima sancti Maximini, ch. 14 : ibid., vol. 1, p. 28, et vol. 2, p. 144.
  • 83 Ibid., vol. 1, p. 39-41.

20Par rapport aux Anglo-Saxons, les Frisons jouèrent aux foires de Saint-Denis un rôle secondaire, en tout cas éphémère : le vin, ils le trouvaient plus aisément dans un arrière-pays plus immédiat, la Rhénanie. Aussi ne s’étonne-t-on pas de les voir remonter le Rhin jusqu’à Strasbourg79 ; de les voir s’installer à Worms, dont il semble qu’ils contrôlaient l’essentiel des exportations, et où la microtoponymie urbaine d’un Moyen Âge plus tardif suggère leur présence le long du fleuve80 ; ou encore de tenir le haut du pavé à Mayence, où ils occupaient l’optimam partem civitatis81. S’il est vraisemblable, vue la formule – qui ne manque pas d’ambiguïté – de l’Annaliste de Fulda, que dans le dernier cas ils étaient installés intra muros, il est significatif qu’ailleurs ils étaient allés à la rencontre de ces nouveaux pôles de développement qu’étaient les établissements suburbains, hauts-lieux de pèlerinages qui voyaient affluer les oblations, et centres domaniaux considérables gagnés par la nouvelle croissance. Ainsi à Trèves, où le seul Frison retenu par la tradition écrite est un homme qui s’est donné, à une date incertaine du VIIIe siècle, au monastère de Saint-Maximin cum substantia sua, avec sa fortune donc, pour faire désormais au service du saint ce qu’il avait fait jusqu’alors pour son propre compte, à savoir des voyages marchands outre-mer82. Ainsi peut-être à Cologne, pour laquelle on manque d’une tradition écrite ancienne, mais où il apparaît dans la topographie urbaine du XIIe siècle (perpétuée jusqu’à nos jours par le nom d’une Friesenplatzet d’une Friesenstrasse) que le quartier frison s’était développé à l’ombre de l’église Saint-Géréon83, connue, comme Saint-Maximin de Trèves, pour l’abondance de ses propriétés foncières et spécialement viticoles. Comment ne pas penser qu’ici comme à Trèves, et au fond qu’à Saint-Denis, les marchands du Nord ont été attirés par le marché qu’offraient ces riches institutions, et par la protection qu’elles étaient en mesure de leur assurer ? Et que celles-ci ont trouvé grâce à eux des débouchés lointains pour les surplus de plus en plus substantiels que dégageait la croissance ?

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  • 84 Voyez Henri Galinié, « Reflections on early médieval Tours », dans Richard Hodges et Brian Hobley (...)

21En sorte qu’on peut considérer que, dans la plupart des cas, celles des cités, très majoritairement septentrionales, qui ne se sont pas laissé gagner dans les tout premiers siècles médiévaux par une durable somnolence, ont été économiquement sauvées par leur périphérie. Une périphérie parfois limitée, comme à Tours – prototype de la cité double84 –, à un seul établissement. Une périphérie consistant ailleurs, à Paris, à Cologne, à Trèves, en une véritable constellation d’établissements riches et puissants.

  • 85 Voir Jean-Pierre Devroey, « Un monastère dans l’économie d’échanges », article cité cidessus n. 77 (...)
  • 86 Voyez Jean Durliat, « Économie politique et société gauloise durant le premier millénaire », dans (...)

22La convergence vers les suburbia du produit des surplus domaniaux, ou plus spécialement de la ponction seigneuriale opérée sur la production paysanne, a indubitablement mobilisé de nombreux charrois, comme ceux que laisse entrevoir le polyptyque de Saint-Germain-des-Prés, ou encore ces navigia et autres services nautiques qu’évoque le polyptyque de Prüm85. Dans tous les cas, c’est le chevelu des rivières et des chemins locaux, d’origine éventuellement préromaine, qui a été mis à contribution. Quant à la réexportation vers les mondes lointains, dont on a entrevu qu’elle avait été en grande partie assurée par les peuples marins, elle a surtout redonné du service à la navigation fluviale. Dans tous les cas, le renouveau des échanges et leur ouverture vers les horizons septentrionaux ne paraissent pas avoir contribué à la réhabilitation de l’ancienne voirie romaine. Il est vrai que celle-ci, conçue à d’autres fins qu’économiques, n’avait sans doute jamais servi de façon significative, même aux beaux temps de l’apogée romain, aux transports civils86 : il n’était donc peut-être pas adéquat, comme on ne l’a que trop fait, de vouloir subordonner la question de la survie de la cité à la question de la survie de la voirie romaine.

23Cela ne veut pas dire que les structures héritées de Rome ne jouèrent aucun rôle dans la genèse de la ville médiévale. Il est en effet frappant de constater que si les sites urbains, spécialement portuaires, créés ex nihilo, ou presque, aux VIIe -VIIIe siècles ont soit périclité (Dorestad), soit disparu (Quentovic) dans la tourmente des IXe -Xe siècles, les anciennes cités qui avaient été revitalisées au cours de ces mêmes VIIe -VIIIe siècles par le dynamisme de leur périphérie allaient devenir après l’an mil les principaux pôles de développement d’une nouvelle croissance, qui allait aboutir à terme plus ou moins lointain à l’intégration dans une enceinte dilatée des églises suburbaines qui les avaient naguère empêchées de sombrer. Mais alors, il ne s’agirait plus seulement de Paris, Cologne, Rouen, Nantes, Reims et autres cités du Nord, mais aussi de Marseille, Lyon, Poitiers, Toulouse, Bordeaux et autres cités du Sud.

Notes

1 C’est Jean-Charles Picard qui m’avait demandé de présenter à Nanterre cette brève synthèse sur le devenir économique de la cité dans les premiers siècles médiévaux. Elle lui est naturellement dédiée.

2 Pour trouver quelques revues récentes des thèses d’Henri Pirenne : Richard Hodges et David Whitehouse, Mohammed, Charlemagne and the Origins of Europe. Archaeology and the Pirenne thesis, Londres 1983 ; Georges Despy et Adriaan Verhulst éd., La fortune historiographique des thèses d’Henri Pirenne, Bruxelles 1986 ; Henri Pirenne, Bryce Lyon, André Guillou, Francesco Gabrieli, Heiko Steuer, Mahomet et Charlemagne. Byzance, Islam et Occident dans le haut Moyen Âge, Milan 1987.

3 Eugen Ewig, « Résidence et capitale pendant le haut Moyen Âge », Revue Historique, t. 230, 1963, p. 25-72 (réédité dans id., Spätantikes und fränkisches Gallien. Gesammelte Schriften (1952-1973), édité par Hartmut Atsma, 2 vol., Munich 1976 et 1979, p. 362-408) ; Carl-Richard Brühl, Palatium und Civitas. Studien zur Profantopographie spätantiker Civitates vom 3 bis zum13 Jahrhundert, tome 1, Gallien, Cologne-Vienne 1975 ; ou, pour aller vite, Paul Albert Février, « Villes et capitales », dans Georges Duby éd., Histoire de la France urbaine, vol. 1, Paris 1980, p. 122.

4 On consultera Robert-Henri Bautier, « Quand et comment Paris devint capitale », dans Bulletin de la Société d’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France, vol. 105, 1978, p. 17-43 (réédité dans id, Recherches sur l’histoire de la France médiévale. Des Mérovingiens aux premiers Capétiens, Variorum Reprints 1991) ; Patrick Périn, « Et Lutèce devint Paris… (fin IIIe – fin Ve siècles) », dans Lutèce. Paris de César à Clovis, catalogue d’exposition, Paris 1984, p. 362-372, en particulier p. 366 et 372 ; Patrick Périn et Laure-Charlotte Feffer, Les Francs, t. 1, Paris 1987, p. 167 ; ou en dernier lieu Patrick Périn, « Paris mérovingien, sedes regia », dans Klio, no 71, 1989, p. 487-502.

5 H. Borger, S. Seiler, W. Meier-Arendt, Colonia Antiqua. Fouilles Archéologiques à Cologne, catalogue d’exposition, Bruxelles 1977 ; Eugen Ewig, « Die fränkischen Teilungen und Teilreiche (511-613) » (réédité dans id., Spätantikes, cité ci-dessus n. 2, p. 114-171) ; Fabienne Cardot, L’Espace et le Pouvoir. Études sur l’Austrasie Mérovingienne, Paris 1987 ; Karl-Ferdinand Werner, Les Origines (avant l’an mil), vol. 1 de l’Histoire de France dirigée par Jean Favier, Paris 1984, p. 293-297 et 320-322.

6 Michel Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes (417-781). Naissance d’une région, Paris 1979, p. 278.

7 Jean-Pierre Leguay, « Les Burgondes et la Sapaudia », vol. 2 de L’Histoire en Savoie, 1988, en particulier p. 20.

8 Sur Théodebert, petit-fils de Clovis, le plus romain des souverains francs, voyez Roger Collins, « Théodebert I, Rex Magnus Francorum », dans Patrick Wormald, Donald Bullough et Roger Collins éd., Ideal and Reality in Frankish and Anglo-Saxon Society. Studies presented to J. M. Wallace-Hadrill, Oxford 1983, p. 6-33.

9 Dietrich Claude, « Untersuchungen zum frühfränkischen Comitat », dans Zeitschrift der Savigny Stiftung für Rechtsgeschichte, Germanistische Abteilung, 81, 1964, p. 1-79.

10 Comme dit Michel Fixot, « Une image idéale, une réalité difficile : les villes du VIIe au IXe siècle », dans Georges Duby éd., Histoire de la France urbaine, op. cit. ci-dessus n. 3, p. 504.

11 Pour l’idée de la continuité politique et sociale entre l’ancienne administration romaine et la nouvelle autorité épiscopale, voir Martin Heinzelmann, Bischofsherrschaft in Gallien. Zur Kontinuität römischer Führungsschichten vom 4. bis 7. Jahrhundert. Soziale, prosopographische und bildungsgeschichtliche Aspekte, Munich 1976 ; ou, pour aller vite, Michel Fixot, op. cit. ci-dessus n. 10, p. 497-498.

12 Voyez Jean Durliat, « Les attributions civiles des évêques mérovingiens : l’exemple de Didier, évêque de Cahors (630-655) », dans Annales du Midi, 91, 1979, p. 237-254.

13 Voir Robert Latouche, Les origines de l’économie occidentale (IVe -XIe siècles), Paris 1956, p. 80 et 82.

14 Hincmar, Vita Remigii. ch. 22 ; et Flodoard, Historia Remensis Ecclesiae, livre 1, ch. 16. Voir en dernier lieu Michel Sot, Un historien et son Église au Xe siècle : Flodoard de Reims, Paris 1993, p. 390.

15 La matricule de Saint-Martin de Tours est attestée pour la première fois, grâce à Grégoire de Tours, dans la deuxième moitié du VIe siècle. Voir Luce Pietri, La ville de Tours du IVe au VIe siècle : naissance d’une cité chrétienne, Rome 1983, p. 715, et plus généralement sur cette question, p. 396-397 et 714-724.

16 Une Armenmatrikel est encore signalée à Trèves aux VIIe -VIIIe siècles. Voir Eugen Ewig, Trier im Merowingerreich. Civitas, Stadt, Bistum, Trèves 1954 ; ou, plus simplement, Edith Ennen, Die europäische Stadt des Mittelalters, Göttingen 1975, p. 41.

17 Voir Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 267, 287 (hôpital Sainte-Marie de Clermont), 289 (xenodochion Saint-Luc de Poitiers) et 290 (maison des pauvres de Bourges). Ou, plus récemment, Thomas Sternberg, Orientalium more secutus. Räume und Institutionen der Caritas des 5. bis 7. Jahrhunderts in Gallien, Münster 1991.

18 Sidoine Apollinaire, Correspondance. Passage évoqué par Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 265-266 ; et par Jean-Pierre Devroey, « Courants et réseaux d’échange dans l’économie franque entre Loire et Rhin », dans Mercati e mercanti nell’alto medioevo : l’area euroasiatica e l’area méditerranea, 40e Settimana di studio de Spolète (1992), Spolète 1993, p. 327-389, en part. p. 359-360.

19 Vie des Pères de Grégoire de Tours, VIII, 6. Voir Gregory of Tours : Life of the Fathers, trad. Edward James, Liverpool 1991, p. 57.

20 Salvien, De gubernatione Dei, livre IV, ch. 14. Texte cité par Michel Rouche, op. cit., p. 618, note 125.

21 Bilan dans Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 265, et carte p. 303. Et dans Dietrich Claude, Der Handel in westlichen Mittelmeer während des Frühmittelalters, tome 2 des Untersuchungen zu Handel und Verkehr der vor-und frühgeschichtlichen Zeit in Mittel-und Nordeuropa), Göttingen 1985, p. 170-186.

22 Concile de Narbonne de 589, ch. 4. Cité par Dietrich Claude, op. cit. ci-dessus n. 21, p. 175, en particulier note 55.

23 Grégoire de Tours, Histoires, livre VIII, ch. 1. Voir l’édition de Rudolf Buchner, Gregor von Tours. Zehn Bücher Geschichten, 2 vol. (vol. 1 et 3 des Ausgewählte Quellen zur Deutschen Geschichte des Mittelalters) Darmstadt 1970, vol. 2, p. 160 ; ou la traduction française de Robert Latouche, Grégoire de Tours. Histoire des Francs, 2 vol., Paris 1963-1965, vol. 2, p. 129.

24 Grégoire de Tours, ibid., livre VII, ch. 46, éd. Buchner, vol. 2, p. 152 ; et trad. Latouche, vol. 2, p 123-124.

25 Grégoire de Tours, ibid., livre X, ch. 26, éd. Buchner, vol. 2, p. 388 ; et trad. Latouche, vol. 2, p. 306.

26 Grégoire de Tours. ibid., livre VI, ch. 5 et 17, éd. Buchner, vol. 2, p. 8 et 34-36 ; et trad. Latouche, vol. 2, p. 12 et 34.

27 Agathias, De imperio et rebus gestis Justiniani, I, 2. Cité par Charles Lelong, La vie quotidienne en Gaule à l’époque mérovingienne. Paris 1963, p. 52 et 212 (n. 85).

28 Grégoire de Tours, ibid., livre IV, ch. 43., éd. Buchner, vol. 1, p. 256-258 ; et trad. Latouche, vol. 1, p. 230.

29 Gesta Dagoberti, I, ch. 19, éd. Bruno Krusch, MGH, SRM, t. 2, p. 406. Voyez Dietrich Claude, op. cit. ci-dessus n. 21, p. 75 (et note 38) ; ou Jean-Pierre Devroey, op. cit. ci-dessus n. 18, p. 364 (et note 125).

30 Cf. le diplôme de Childéric II du 29 avril 716, qui dit confirmer ceux, aujourd’hui perdus, de Clotaire III et Childéric II. Voir Robert Latouche, op. cit. ci-dessus n. 13, p. 159-160 (et note 5) ; Dietrich Claude, op. cit. ci-dessus n. 21, p. 75 et 124 ; et Michel Rouche, op. cit. cidessus n. 6, p. 259-260 et 612-613 (note 72).

31 Premiers Temps Chrétiens en Gaule Méridionale. Antiquité tardive et haut Moyen Âge (IIIe - VIIIe siècles), catalogue d’exposition, Lyon 1986, p. 38-41 (notices de P.-A. Février et M. Bonifay) ; Michel Fixot, « La Provence de Grégoire de Tours à l’an mille », dans Paul-Albert Février et al., La Provence des origines à l’an mil, Rennes 1989, p. 468-469.

32 Voir, pour le poème de Sidoine Apollinaire, Michel Fixot dans l’Histoire de la France urbaine citée ci-dessus note 10, p. 472 ; et, pour le pamphlet de Théodulfe contre les juges, Roberto S. Lopez et Irving W. Raymond, Médieval Trade in the Mediterranean World, New York 1955, p. 36 ; ou Stéphane Lebecq, Les origines franques (Ve -IXe siècles), vol. 1 de la Nouvelle Histoire de la France médiévale, Paris 1990, p. 262-263.

33 Vita Eligii episcopi Noviomagensis, livre I, ch. 3, éd. Bruno Krusch, MGH, SRM, t. 4, Hanovre-Leipzig 1902, p. 634-761, en particulier p. 671.

34 Exemples aquitains tirés de Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 301.

35 Pour toute cela, je me permets de renvoyer aux pages que Marc Bompaire et moimême avons consacrées à l’histoire économique du premier Moyen Âge dans Philippe Contamine, Marc Bompaire, Stéphane Lebecq et Jean-Luc Sarrazin, L’économie médiévale, Paris 1993.

36 Michel Rouche, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 300-301.

37 Robert Étienne, « Gaule romaine », contribution à l’Histoire de la population française dirigée par Jacques Dupâquier, t. 1, Des origines à la Renaissance, Paris 1988, en particulier p. 94-99.

38 Voir plusieurs contributions aux Cinquièmes journées anthropologiques de Valbonne, Ville et campagne en Europe occidentale (Ve-XIIIe siècles), éd. Luc Buchet, Paris 1991, en particulier Marième Bouali et Sophie Vatteoni, « Conditions de vie à la fin de l’Antiquité et au haut Moyen Âge : changement ou continuité ? Approche méthodologique. Exemple de deux nécropoles suburbaines : Beauvais (Oise), IVe-Ve siècle, et Vaison (Vaucluse), Ve -VIe siècle », p. 25-39.

39 Christian Pilet, « Dépeuplement de la ville, peuplement de la campagne. Exemple de Vieux (Calvados) aux IVe et Ve siècles », dans Ville et campagne en Europe occidentale (Ve-XIIIe siècle), op. cit. ci-dessus n. 37, p. 71-81.

40 Suivant la fameuse expression de Philippe Wolff, par exemple dans l’Histoire du Languedoc publiée sous sa direction (Toulouse 1967), p. 116. Dernières considérations sur la topographie de Toulouse, Daniel Cazes, Christian Landes et Maurice Scelles, « La topographie urbaine de Toulouse pendant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge », dans Gallo-Romains, Wisigoths et Francs en Aquitaine, Septimanie et Espagne. Actes des 7e Journées internationales d’archéologie mérovingienne, éd. Patrick Périn, Rouen 1991, p. 161-170.

41 Voir Lukas Clemens, « Trèves, centre de la viticulture dans la moyenne vallée de la Moselle au Moyen Âge. Esquisse d’un projet de recherche », dans Le vigneron, la viticulture et la vinification en Europe occidentale au Moyen Âge et à l’époque moderne, 11e Journées internationales d’histoire de Flaran, Auch 1991, p. 247-259, en particulier p. 249.

42 Cité par Renée Doehaerd, Le haut Moyen Âge occidental. Économies et Sociétés, Paris 1971, p. 123.

43 Ainsi un canon du concile d’Aix-la-Chapelle de 816, cité par Renée Doehaerd, op. cit. ci-dessus, p. 123. Cf. Ph. Jaffé, Regesta Pontificum romanorum, 2e éd., t. 1, Leipzig 1885, p. 288 (no 2389).

44 Émile Lesne, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, tome 1, Lille 1910, p. 34 ; Jean Hubert, « Évolution de la topographie et de l’aspect des villes de la Gaule du Ve au Xe siècle », dans La Citta nel’alto medioevo, 6e Settimana di studio de Spolète (1958), Spolète 1959, p. 529-558 ; Donald Bullough, « Social and économic structure and topography in the Early Medieval City », dans Topografia urbana e vita cittadina nell’allo medioevo in Occidente, 21e Settimana di studio de Spolète (1973), Spolète 1974, p. 351-379.

45 Pour tout cela, il faut consulter l’ensemble du volume cité ci-dessus sur la Topografia urbana e vita cittadina nelt’alto medioevo in Occidente, spécialement les rapports de Paul-Albert Février (« Permanences et héritages de l’Antiquité dans la topographie des villes de l’Occident durant le haut Moyen Âge ») et de Michelangelo Cagiano De Azevedo (« Aspetti urbanistici delle citta altomedievali »), ou, pour aller vite, les contributions de Paul-Albert Février et de Michel Fixot à l’Histoire de la France urbaine, op. cit. ci-dessus notes 3 et 10, spécialement p. 458-459 et p. 497 et suiv. Sur Metz, voir Konrad Weidemann, « Zur topographie von Metzin der Römerzeit und im frühen Mittelalter », dans le Jahrbuch des römisch-germanischen Zentralmuseums Mainz, t. 17, 1970, p. 141-171 ; sur Bordeaux, voir Premiers temps chrétiens en Gaule méridionale. Antiquité tardive et haut Moyen Âge, catalogue d’exposition, Lyon 1986, p. 69 ; sur Cahors, voir Jean Durliat, « Les attributions civiles des évêques mérovingiens », article cité ci-dessus note 12.

46 Pour Salvien, qui s’indignait devant le goût des Trévires pour les jeux, voir Paul-Albert Février dans l’Histoire de la France urbaine, op. cit., p. 462. Pour Césaire d’Arles (Sermon 61), voir Michel Fixot dans « La Provence de Grégoire de Tours à l’an mille », op. cit. ci-dessus note 31, p. 467, ou Stéphane Lebecq, Les origines franques, op. cit. ci-dessus note 32, p. 83.

47 Gabriel Fournier, Les Mérovingiens, Paris 1966, p. 104 ; Karl-Ferdinand Werner, Les origines (avant l’an mil), tome 1 de l’Histoire de France dirigée par Jean Favier, Paris 1984, p. 350.

48 Pour Lyon, lettre de Sidoine Apollinaire à Hesperius (Epistolae, II 10, éd. A. Loyen, Paris 1970, t. 2, p. 69-70), citée dans Jean-François Reynaud, Lyon aux premiers temps chrétiens : basiliques et nécropoles, Paris 1986, p. 24. Pour Clermont et Saint-Martin de Tours, voir Grégoire de Tours, Histoires, livre II, ch. 14 et 16 (éd. Buchner citée, vol. 1, p. 96-98 ; trad. Latouche citée, vol. 1, p. 104-106), cité dans Charles Lelong, La vie quotidienne en Gaule à l’époque mérovingienne, Paris 1963, p. 115. Pour Nantes, le poème de Fortunat est cité par André Chédeville dans la traduction de D. Aupest-Conduché dans La Bretagne des saints et des rois, Ve -Xe siècle, Rennes 1984, p. 183.

49 Michel Rouche, L’Aquitaine, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 283-284.

50 Pour les exemples de Poitiers, Clermont et Cahors, voir Michel Rouche, L’Aquitaine, op. cit. ci-dessus n. 6, p. 266 et n. 139 p. 619 ; ou encore Karl-Ferdinand Werner, Les Origines, op. cit. ci-dessus n. 47, p. 350. Pour Wearmouth, voir Historia Abbatum ou Histoire des abbés de Wearmouth et Jarrow, ch. 5, dans C. Plummer éd., Venerabilis Baedae Opera Historica, Oxford 1896, t. 1, p. 364-377 ; Henry Mayr-Harting, The Coming of Christianity to Anglo-Saxon England, Londres 1972, p. 153.

51 Renée Doehaerd, Le haut Moyen Âge occidental, op. cit. ci-dessus n. 42, p. 239.

52 Grégoire de Tours, Histoires, livre VII, ch. 14, éd. Buchner, vol. 2, p. 108 ; trad. Latouche, vol. 2, p. 89-90. Ce passage, dans lequel un interlocuteur du roi Gontran au plaid de 584 laisse entendre qu’on ne pouvait être à la fois tisserand et maître-meunier, ce qui peut suggérer l’existence de strictes délimitations des compétences de chaque métier, est invoqué à ce propos (avec erreurs de référence et d’interprétation) par Renée Doehaerd, Le haut Moyen Âge occidental, op. cit. ci-dessus n. 42, p. 241.

53 Vita Eligii episcopi Noviomagensis, livre I, ch. 3, éd. Krusch, op. cit., en particulier p. 671.

54 Grégoire de Tours, Histoires, livre VI, ch. 32, éd. Buchner, vol. 2, p. 56-58 ; trad. Latouche, vol. 2, p. 51-52.

55 Grégoire de Tours, ibid., livre VIII, ch. 33, éd. Buchner, vol. 2, p. 208-210 ; trad. Latouche, vol. 2, p. 166-168.

56 Wim Dijkman, « La céramique du haut Moyen Âge à Maastricht : tradition et innovation », dans Daniel Piton éd., La céramique du Ve au Xe siècle dans l’Europe du Nord-Ouest, actes du Colloque d’Outreau (1992), Travaux du Groupe de recherches et d’études sur la céramique dans le Nord/Pas-de-Calais, Arras/Saint-Josse 1993, p. 217-225.

57 Voir Jean-Noël Biraben et Jacques Le Goff, « La Peste dans le haut Moyen Âge », dans Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, t. 14, 1969, p. 1484-1510.

58 C’est l’interprétation, déjà formulée par Jean-Noël Biraben et Jacques Le Goff dans l’article cité ci-dessus (p. 1508), que je retiens dans ma contribution à L’économie médiévale dirigée par Philippe Contamine, op. cit. ci-dessus note 35, p. 49-50.

59 Voir Robert Latouche, Les origines de l’économie occidentale, op. cit. ci-dessus note 13, p. 122-123.

60 Pierre-Edouard Wagner, « Topographie urbaine : Metz, Toul et Verdun du Ve siècle au VIIIe siècle », dans Xavier Delestre éd., Lorraine Mérovingienne (Ve -VIIIe siècle), catalogue d’exposition, Metz1988, p. 31-40, en particulier p. 40.

61 Voir les études citées ci-dessus n. 3, spécialement l’article de Eugen Ewig, « Résidence et capitale », ainsi que Josiane Barbier, « Palais et terres du fisc en Neustrie », dans Patrick Périn et Laure-Charlotte Feffer éd., La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de Dagobert à Charles le Chauve (VIIe -Xe siècles), catalogue d’exposition, Rouen 1985, p. 67-70.

62 Voir l’important article de Dietrich Claude, « Untersuchungen zum frühfränkischen Comitat », cité ci-dessus n. 9.

63 Voir par exemple Josef Semmler, « Saint-Denis : von der bischöflichen Coemeterialbasilika zur königlichen Benediktinerabtei », dans Hartmut Atsma éd.. La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, actes du colloque de Rouen, 2 vol., Sigmaringen 1989, vol. 2, p. 75-123.

64 Voyez Alain Dierkens, « Prolégomènes à une histoire des relations culturelles entre les îles britanniques et le continent pendant le haut Moyen Âge. La diffusion du monachisme dit colombanien ou iro-franc dans quelques monastères de la région parisienne au VIIe siècle et la politique religieuse de la reine Bathilde », dans Hartmut Atsma éd., La Neustrie, op. cit. ci-dessus, vol. 2, p. 371-394.

65 Voyez Stéphane Lebecq, « La Neustrie et la mer », dans Hartmut Atsma éd., La Neustrie, op. cit. ci-dessus n. 63, vol. 1, p. 405-440, en particulier p. 409-410.

66 Voir Marc Bompaire dans L’Économie médiévale, op. cit. ci-dessus n. 35, p. 112, où est rappelée la mise en garde de Jean Lafaurie, pour qui les noms de lieux figurant sur les pièces renvoient moins probablement aux sites des ateliers à proprement parler (qui de ce fait pouvaient être moins nombreux) qu’aux places où les espèces étaient mises en circulation.

67 Georges Duby, « Les villes du Sud-est de la Gaule du VIIIe au XIe siècle », dans La Citta nell’alto medioevo, 6e Settimana di studio de Spolète (1958), Spolète 1959, p. 231-276.

68 Il suffit d’évoquer le récent colloque sur La croissance agricole du haut Moyen Âge. Chronologie, modalités, géographie (Flaran 8, 1988), éd. Auch 1990, en particulier la contribution de Pierre Toubert, « La part du grand domaine dans le décollage économique de l’Occident (VIIIe - Xe siècles) », p. 53-86.

69 On se reportera aux diverses communications publiées par Sean McGrail éd., Maritime Celts, Frisions and Saxons, actes du Colloque d’Oxford, Council for British Archaeology Report, no 71, Londres 1990. Pour les Frisons en particulier, Stéphane Lebecq, Marchands et Navigateurs frisons du haut Moyen Âge, 2 vol., Lille 1983.

70 Voir, pour aller vite dans une très abondante bibliographie, Stéphane Lebecq, « Pour une histoire parallèle de Quentovic et Dorestad », dans Villes et campagnes au Moyen Âge. Mélanges Georges Despy, éd. Jean-Marie Duvosquel et Alain Dierkens, Liège 1991, p. 415-428.

71 Voir David Hill et D. M. Metcalf éd., Sceattas in England and on the Continent. The Seventh Oxford Symposium on Coinage and Monetary History, British Archaeological Reports, British Séries, n ° 128, Oxford 1984 ; ou Philip Grierson et Mark Blackburn, Médieval European Coinage, vol. 1, The Early Middle Ages (5th-10th centuries), Cambridge 1986, en particulier, p. 138-146. On peut consulter aussi Stéphane Lebecq, Marchands et Navigateurs frisons, op. cit. ci-dessus n. 69, vol. 1, p. 58-60.

72 Voir Claude Seillier, « Boulogne, base navale romaine », dans Alain Lottin, Jean-Claude Hocquet et Stéphane Lebecq éd., Les hommes et la mer dans l’Europe du Nord-Ouest de l’Antiquité à nos jours, Colloque de Boulogne-sur-mer, Villeneuve d’Ascq 1986, p. 163-178 ; ou Stéphane Lebecq, « Quentovic : un état de la question », dans Studien zur Sachsenforschung, t. 8, 1993, p. 73-82, en particulier p. 77.

73 Voir mon article sur « La Neustrie et la mer », cité ci-dessus n. 65.

74 Document édité par Hartmut Atsma et Jean Vezin dans les Chartae Latinae Antiquiores, tome XVI, France IV, Dietikon-Zurich 1986, no 625, p. 38-41.

75 C’est un document plus tardif, le « Précepte des marchands » de Louis le Pieux (828), relatif aux seules douanes de Quentovic et de Dorestad, qui précise que le tonlieu s’élevait à la decima des marchandises en transit : cf. François L. Ganshof, « Note sur le Praeceptum Negotiatorum de Louis le Pieux », dans Studi in onore di Armando Apori, t. 1, Milan 1956, p. 92-112.

76 En plus des travaux cités ci-dessus n. 4, je me permets de renvoyer à mes Origines franques, vol. 1 de la Nouvelle histoire de la France médiévale, op. cit. ci-dessus n. 32, p. 142-147.

77 Pour l’exemption de tous tonlieux dans les ports du Nord accordée aux marchands de Saint-Germain-des-Prés, voir le diplôme de 779 cité plus haut (référence à la n. 74). Pour les services de charrois à Quentovic imposés aux paysans de Villemeult et de Combs-la-Ville, voir le polyptyque d’Irminon et son traitement par Jean-Pierre Devroey, « Un monastère dans l’économie d’échanges : les services de transport à l’abbaye Saint-Germain-des-Prés au IXe siècle », dans Annales. Économies. Sociétés. Civilisations, t. 39, 1984, p. 570-589. Plus généralement pour l’histoire des connexions maritimes de Saint-Germain-des-Prés, voir Stéphane Lebecq, « La Neustrie et la mer », article cité ci-dessus n. 64, p. 424-426.

78 En attendant le renouvellement des perspectives de l’histoire san-dionysienne par Alain Stoclet, on doit encore renvoyer aux travaux fondamentaux de Léon Levillain, « Études sur l’abbaye de Saint-Denis à l’époque mérovingienne. IV. Les documents d’histoire économique », dans Bibliothèque de l’École des Chartes, t. 91, 1930, p. 5-65, en particulier p. 14.

79 D’après la première épître au roi Pépin d’Ermold le Noir, vers 77-144 : voir mes Marchands et Navigateurs frisons cités ci-dessus n. 69, vol. 1, p. 26, et vol. 2, p. 26-30.

80 Principalement d’après un diplôme de Louis le Pieux pour l’église cathédrale de la Cité des Vangions (829) : ibid., vol. 1, p. 27-28, et vol. 2, p. 420-423 et 391-393.

81 D’après les Annales Fuldenses (a° 886) : ibid., vol. 1, p. 28, et vol. 2, p. 324.

82 D’après la Vita prima sancti Maximini, ch. 14 : ibid., vol. 1, p. 28, et vol. 2, p. 144.

83 Ibid., vol. 1, p. 39-41.

84 Voyez Henri Galinié, « Reflections on early médieval Tours », dans Richard Hodges et Brian Hobley éd., The rebirth of towns in the West (AD 700-1050), actes du colloque de Londres (1986), Council for British Archaeology Research Report, no 68, Londres 1988, p. 57-62.

85 Voir Jean-Pierre Devroey, « Un monastère dans l’économie d’échanges », article cité cidessus n. 77 ; et id., « Les services de transport à l’abbaye de Prüm au IXe siècle », Revue du Nord, t. 61, 1979, p. 543-569.

86 Voyez Jean Durliat, « Économie politique et société gauloise durant le premier millénaire », dans Études et Documents (éd. par le Comité pour l’histoire économique et financière), t. 3, 1991, p. 3-38, en particulier p. 5-8.

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