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Espaces de pouvoir, espaces d’autonomie en Allemagne

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Hélène Miard-Delacroix
, 
Guillaume Garner
, 
Béatrice von Hirschhausen

Est-Ouest, les différences en héritage

La territorialisation d’une offre politique. Le renouveau de l’extrême droite dans les nouveaux Länder (1987-2005)

Johanna Edelbloude

Texte intégral

1En raison, d’une part, des modalités choisies pour l’unification des deux États allemands, notamment par transfert, d’autre part de la structure fédérale du pouvoir en Allemagne, les nouveaux Bundesländer sont à la fois un espace de pouvoir et d’autonomie. Dès lors, pour caractériser, à travers le renouveau du NPD dans les nouveaux Länder, les transformations de l’extrême droite est-allemande, le terme de « territorialisation » emprunté aux politiques publiques peut s’avérer fort utile, car il permet de désigner la construction d’un espace autonome de revendications sociales, plus d’ailleurs qu’un espace de décision.

  • 1 Communément définie comme la montée en puissance du territoire comme catégorie d’intervention publi (...)
  • 2 Muller Pierre, Les politiques publiques, Paris, PUF, 1998, p. 102.

2L’évolution de l’extrême droite est-allemande s’inscrit ainsi dans un processus de territorialisation, non de l’action publique selon l’usage usuel du terme1, mais de l’offre d’un acteur politique, en ce sens qu’elle renvoie ici à la stratégie d’adaptation d’une offre politique pour conquérir un espace autonome de décision et d’attente spécifiques. L’implantation des partis ouest-allemands préexistants sur l’ancien territoire de la RDA a nécessité une définition localisée des problèmes et des attentes régionales, perçus comme publics, et des moyens de leur prise en charge. Elle est en ce sens à la fois synonyme de « relocalisation »2 et de valorisation d’un territoire et des expériences sociales de ses habitants. Cette offre en devient donc à la fois territorialisée et territorialisante, puisqu’elle se retrouve, voire recrée des micro-régionalismes à l’intérieur même de l’espace (est-allemand) considéré.

  • 3 Le présent article repose sur les conclusions d’une thèse de doctorat en science politique : « Les (...)

3En ce qui concerne l’offre d’extrême droite, la territorialisation renvoie non seulement à la stratégie d’implantation locale des organisations d’extrême droite, mais également à une offre politique qui repose sur un projet de société adapté à un espace d’influence considéré comme autonome dans sa demande. En retraçant les étapes des stratégies d’implantation, à l’Est, du NPD, le plus ancien, le plus radical des partis d’extrême droite allemands et celui qui connaît depuis quelques années le plus de succès, nous verrons que l’extrême droite dans les nouveaux Länder est née de l’adaptation de la stratégie d’implantation tant à la forme préexistante de l’extrême droite en RDA, qu’au legs de la RDA dans la société est-allemande3.

4Après avoir présenté l’échec du simple transfert en RDA, puis dans les nouveaux Länder, des infrastructures ouest-allemandes de l’extrême droite, nous verrons que, des trois partis d’extrême droite existant en RFA, c’est au NPD que l’adaptation réussit le mieux. Il a su, dans un premier temps, s’adapter à l’extrême droite préexistante, avant de jouer la carte d’un positionnement radicalement anti-système. La demande est-allemande spécifique à laquelle il s’adapte est le produit tant des rapports sociaux, éventuellement conflictuels, hérités de la RDA, que de la gestion politique et sociale des conséquences du processus d’unification.

1. L’échec d’une unification des extrêmes-droites allemandes

  • 4 Köderritzsch Peter, Leo A. Müller, Rechtsextremismus in der DDR, Göttingen, Lamuv Verlag, 1990.
  • 5 Melzer Wolfgang, Jugend und Politik in Deutschland, Opladen, Leske & Budrich, p. 120.

5Lorsqu’à l’automne 1989, les partis d’extrême droite existants en RFA tentent de s’implanter en RDA, l’extrême droite est-allemande a déjà un passé. La RDA se considérait comme l’Allemagne « antifasciste », la bonne Allemagne, celle qui avait résisté au nazisme et n’assumait pas l’héritage du Troisième Reich, à la différence de la RFA. Contrairement à la propagande officielle des autorités est-allemandes qui se vantaient d’avoir « arraché à la racine » toute forme de fascisme, il existait pourtant bien une extrême droite en RDA4. La forme spécifique de celle-ci résulte de la gestion du phénomène par ses autorités est-allemandes, autant qu’elle est la marque de la défaillance des organes institutionnels de la RDA et du SED, en premier lieu des services de la police politique5. Les autorités de la RDA nient alors fermement l’existence d’une extrême droite est-allemande et l’attribuent à l’Allemagne de l’Ouest, tout en réprimant sévèrement ses apparitions.

Genèse : l’extrême droite en RDA6

  • 6 Cette question ne pouvant ici qu’être esquissée grossièrement, se reporter aux ouvrages cités pour (...)
  • 7 Sippel Heinrich, Süss Walter, Staatssicherheit und Rechtsextremismus, Bochum, Brockmeyer, 1994; Süs (...)
  • 8 Entretien avec l’auteur du 03.09.2002.

6Au cours des années 1980, l’extrême droite devient visible en RDA7. Tandis que la contestation de la toute-puissance du régime communiste grandit, certains jeunes, bien intégrés au système du SED, provoquent alors les autorités en se revendiquant de l’ennemi de la RDA, à savoir le national-socialisme. Richard Schröder, célèbre intellectuel est-allemand, soulignant le caractère provocateur des symboles nationaux-socialistes en RDA, ironise ainsi : si la faucille et le marteau avaient été interdits en RDA, combien en auraient été peints sur les murs ?8

  • 9 Heinemann Karl-Heinz, Schubarth Wilfried (dir.), Der antifaschistische Staat entläßt seine Kinder. (...)
  • 10 Neubacher Frank, Jugend und Rechtsextremismus in Ostdeutschland. Vor und nach der Wende, Bonn, Foru (...)

7Il s’agit à l’origine essentiellement de groupes d’adolescents contestataires et violents, proches des skinheads. Ces skinheads contestent le régime autoritaire des communistes, tout en défendant les valeurs socialement valorisées en RDA comme l’ordre et le travail. D’un mouvement contestataire apolitique et inorganisé de jeunesse, une partie de cette extrême droite devient à la fin des années 1980 un mouvement politique, proche des néo-nazis9. Le processus de politisation est souvent amorcé dans les prisons de la RDA qui permet la rencontre de jeunes rebelles, arrêtés pour ce que le système soviétique qualifie de hooliganisme, avec des adeptes de l’extrême droite, souvent nostalgiques du Troisième Reich10.

8L’ouverture de la frontière interallemande à l’automne 1989 modifie les conditions d’opération de l’extrême droite en RDA et la rend visible. Le contexte anomique lié en particulier à la suppression des mécanismes étatiques de contrôle social, notamment des autorités policières, permet à cette extrême droite adolescente, auparavant réprimée, de s’articuler ouvertement. Ceci est facilité par le laxisme relatif des dirigeants bien davantage occupés à sauver leurs organes de pouvoir (parti et Stasi). De plus, le contexte politique général élargit la marge de manœuvre de tous les partis en RDA. Le nouveau climat politique, en particulier l’importance de la question de l’unification, augmente la légitimité des slogans nationalistes de l’extrême droite. Enfin l’amnistie, concédée le 6 décembre 1989 par le conseil d’État de RDA aux personnes incarcérées pour avoir tenté de fuir le territoire, libère de nombreux skinheads et néonazis incarcérés.

  • 11 Glaessner Gert-Joachim, Der schwierige Weg zur Demokratie. Vom Ende der DDR zur deutschen Einheit, (...)
  • 12 Le terme de Wende désigne la période entre l’été 1989, qui conduit à la chute de Berlin, et l’autom (...)

9Tandis qu’aux niveaux national et international, l’idée de l’unification des deux États allemands est acquise dès l’automne 198911, la coopération des groupes d’extrême droite en RDA avec les organisations d’extrême droite ouest-allemandes et autrichiennes s’intensifie dès l’ouverture de la frontière interallemande, ce qui accentue leur politisation. D’autant que l’extrême droite ouest-allemande, qui perd du même coup ses principaux chevaux de bataille (l’anticommunisme et l’unification) voit dans l’Est un eldorado : la Wende12 venue, elle tente de s’implanter à l’Est.

Une adaptation nécessaire à une société en mutation et à une extrême droite préexistante

10Dans un premier temps, les partis d’extrême droite originaires de la RFA tentent un transfert de leurs institutions à l’Est, puis, notamment en raison de la forme que prenait déjà l’extrême droite en RDA, ils doivent s’adapter.

  • 13 Wiesenthal Helmut, «Die Transformation Ostdeutschlands» in: Wollman Helmut, Wiesenthal Helmut, Bönk (...)
  • 14 Offe Claus, Der Tunnel am Ende des Lichts. Erkundungen der politischen Transformation im Neuen Oste (...)
  • 15 Entretien avec l’auteur du 04.06.2002.

11La formule d’« unification par transfert » est utilisée ici en analogie avec le processus même d’unification des deux États allemands qui, en pratique, prend la forme d’un transfert en Allemagne de l’Est des modes dominants de conduite des politiques publiques, mais aussi d’un grand nombre d’institutions ouest-allemandes13. On peut donc souligner avec Claus Offe, à travers la « cession de souveraineté » de la RDA14, l’unilatéralité du transfert et la prévalence des intérêts occidentaux. C’est d’ailleurs par cette « hypothèque » de la RDA que Bernd Wagner (ZdK) explique la force du potentiel d’extrême droite à l’Est15. Ce principe vaut également pour les partis politiques : ceux existant en RDA ou créés au moment de la Wende ont été rapidement absorbés par leurs pendants occidentaux. Seul le Parti du socialisme démocratique (PDS), successeur du parti d’État en RDA (le SED) a demeuré comme acteur politique proprement est-allemand, mais à prétention fédérale.

  • 16 Figures de proue du mouvement néo-nazi ouest-allemand, caractérisé par son attitude révisionniste.
  • 17 Moreau Patrick, Les héritiers du Troisième Reich. L’extrême droite allemande de 1945 à nos jours, P (...)
  • 18 Wagner Bernd, Rechtsextremismus und kulturelle Subversion in den neuen Bundesländern, Berlin, Zentr (...)

12Dès l’automne 1989, de nombreuses organisations d’extrême droite ouest-allemandes tentent d’établir des liens organiques avec les groupes extrémistes de la RDA, dans le but de les politiser. Elles échouent pour deux raisons essentielles. D’une part, au niveau organisationnel, les dirigeants d’extrême droite venus de l’Ouest se heurtent au refus de hiérarchie et d’obéissance de la scène néo-nazie. D’autre part, les problématiques qu’ils tentent d’importer s’avèrent exogènes aux bouleversements que connaît alors l’Allemagne de l’Est. L’incapacité de ces dirigeants occidentaux, tels Friedhelm Busse ou Michael Kühnen16, à comprendre ce que vit la société est-allemande soumise à un prodigieux bouleversement mental, social, économique et politique, rend inopérante une partie de leurs thématiques et revendications tel le révisionnisme17. Les cadres des partis et organisations d’extrême droite occidentaux ont sous-estimé la préexistence d’une extrême droite est-allemande d’abord en RDA puis dans les nouveaux Länder, et sa forme distincte, puisqu’il s’agit surtout, dans cette sous-culture adolescente qui adhère à un discours et à une symbolique d’extrême droite, d’un phénomène social et culturel, peu encadré politiquement, plus désorganisé est plus ouvertement violent à l’égard des minorités18.

  • 19 Lemke Christiane, « Protestverhalten in Transformationsgesellschaften » in : Politische Vierteljahr (...)
  • 20 Stöss Richard, « Rechtsextremismus im vereinten Deutschland. West-Ost-Unterschiede und Institutione (...)
  • 21 Voir les travaux des « sociologues de la jeunesse » Peter Förster et Wolfgang Melzer.
  • 22 Voir la littérature classique relative aux conséquences de l’unification ou Hermanns Manfred, « Aus (...)

13L’extrême droite dans les nouveaux Länder n’est pas le seul fruit de la faiblesse traditionnelle des structures de la société civile caractéristique des sociétés en transition19. Le cas allemand se caractérise par une frustration née d’une déception20. L’extrême droite est-allemande se nourrit des troubles identitaires d’une jeunesse est-allemande qui ne s’identifie ni à l’ordre de la RDA, ni à celui de la RFA21. Une courte période d’euphorie liée à la découverte de la démocratie et du consumérisme laisse rapidement place au chômage et à ses corollaires, incertitude devant l’avenir et perte de repères identitaires22. Cela crée dès 1994 un terreau favorable au développement d’une forme spécifique d’extrême droite, exploité par le NPD.

2. Le renouveau du NPD au cœur de l’évolution de l’extrême droite est-allemande

14Des trois partis d’extrême droite existant en Allemagne de l’Ouest, le NPD, (Nationaldemokratische Partei Deutschlands, Parti national-démocrate d’Allemagne), est le seul qui, en 2006, semble avoir percé à l’Est, en raison de la double révision stratégique et idéologique adoptée par ses dirigeants.

  • 23 Sur l’histoire du NPD, Hoffmann Uwe, Die NPD. Entwicklung, Ideologie und Struktur, Francfort-sur-le (...)

15Le NPD est le plus ancien parti de l’extrême droite allemande. Il est fondé en 1964 par d’anciens militants nationaux-socialistes, alors qu’il faut attendre respectivement 1983 et 1987 pour voir apparaître les autres partis d’extrême droite Die Republikaner et la Deutsche Volksunion (DVU). Bien qu’à l’inverse de ses prédécesseurs du SRP (Sozialistische Reichspartei), interdit en 1952, et du DRP (Deutsche Reichspartei), il masque en public sa filiation au NSDAP, on trouve dans l’origine de la plupart de ses dirigeants, la continuité organisationnelle avec le DRP et la structure interne antidémocratique autant d’indices de la tradition national-socialiste dans laquelle s’inscrit le NPD. Après quelques succès électoraux dans les années 1960, les nationaux-démocrates échouent de peu à entrer au Bundestag en 1969. Le parti disparaît alors quasiment de la scène politique jusqu’à l’unification23.

  • 24 Il n’en est rien. Créé pour encadrer les anciens membres du NSDAP et les intégrer au nouveau systèm (...)
  • 25 Une évolution perçue dès 1999 par R. Stöss : Stöss Richard, Rechtsextremismus im vereinten Deutschl (...)

16Peu après l’ouverture de la frontière interallemande, le NPD, comme les Republikaner, tente d’étendre ses activités en RDA, après avoir participé aux manifestations du lundi (Montagsdemonstrationen), d’abord en faveur d’une réforme du système communiste. Les contacts pris très tôt par le NPD avec le NDPD, censé être son corollaire (Schwesterpartei) en RDA24, ne se concrétisent pas. Il faut passer par la création du MND (Mitteldeutsche Nationaldemokraten) en janvier 1990 pour que fusionnent les deux formes, orientale et occidentale, du NPD en octobre. Après un échec aux élections générales allemandes du 2 décembre 1990, ce n’est qu’en 1992 à l’Ouest, en 2004 à l’Est qu’il réapparaît sur la scène politique. Ses succès électoraux témoignent surtout de la mue opérée par une extrême droite est-allemande qui, de mouvement spontané, peu organisé et peu idéologisé, tend à se transformer dans les années 2000 en une alternative électorale25.

Une évolution générale de la scène d’extrême droite allemande favorable au NPD à l’Est

  • 26 Le mode de scrutin de la RFA, mixte, associant le principe majoritaire à la représentation proporti (...)

17L’évolution de l’extrême droite en Allemagne depuis 1990 est doublement marquée par son émergence électorale à l’Est et par une radicalisation de l’ensemble de la mouvance. La faiblesse des résultats électoraux de l’extrême droite en Allemagne s’explique par deux facteurs, l’un systémique, l’autre propre à l’histoire de l’extrême droite allemande. D’une part, le système électoral de la RFA est défavorable aux petits partis26, en raison notamment de la clause des 5 % selon laquelle un parti doit obtenir au minimum 5 % des suffrages exprimés (ou trois mandats directs) pour être représenté au sein d’un parlement. D’autre part, la division de l’extrême droite politique en RFA, qui compte trois partis, accentue encore ses difficultés à dépasser le seuil des 5 %. Ainsi, depuis 1949, les partis d’extrême droite ne dépassent pas le seuil des 5 % lors d’échéances électorales à l’Ouest. Le tableau page précédente témoigne autant des faibles scores électoraux de l’extrême droite allemande que de son renouveau depuis l’unification.

  • 1 Les tableaux et graphiques sont établis par nos soins sur la base de sources diverses.

Échéances électorales autres que locales au cours desquelles un parti d’extrême droite a depuis 1949 dépassé la clause des 5 %1

NPD

REP

DVU

1966

Bavière 7,4
Hesse 7,9

1967

Brême 8,8
Basse-Saxe 5,3
Rhénanie du Nord-Palatinat 6,8
Schleswig-Holstein 5,8

1968

Bade-Wurttemberg 9,8

1989

Berlin 7,5
Europe 7,1

1991

Brême 6,2

1992

Bade-Wurttemberg 10,9

Schleswig-Holstein 6.3

1996

Bade-Wurttemberg 9,1

1998

Saxe-Anhalt 12,9

1999

Brandebourg 5,3

2004

Brandebourg 6,1
Saxe 9,2

2006

Mecklembourg-Poméranie antérieure 7,3

  • 27 Secondes voix. Source : Statistisches Bundesamt Deutschland, Bundeswahlleiter.

18Les résultats des partis d’extrême droite sont en augmentation, surtout à l’Est depuis 1998 (comme le montrent les scores figurant en gras), bien qu’ils se limitent aux quelques coups d’éclat régionaux récents, essentiellement à l’Est, recensés ci-dessus. L’embellie de l’extrême droite comme phénomène politique dans les nouveaux Länder se mesure néanmoins à l’aune de l’évolution des scores, plus que de leur valeur brute. Ainsi, si le NPD n’a obtenu que 1,6 % des voix aux élections fédérales de 2005, il s’agit non seulement de son meilleur résultat à une élection fédérale depuis 1969, mais d’un score quatre fois supérieur à celui des dernières élections (2002). À cette occasion, il progresse fortement dans les Länder orientaux (plus 3 %) et en Saxe, il frôle les 5 % des voix (contre 1,4 en 2002)27.

19L’évolution de l’ensemble de la scène d’extrême droite allemande depuis l’unification traduit par ailleurs sa radicalisation. Le graphique ci-dessous montre que l’unification a renforcé les éléments violents et peu encadrés de la scène d’extrême droite panallemande. Le nombre d’adhérents aux partis politiques diminue depuis les années 1980, tandis que celui des adeptes de subcultures et autres groupes violents (dont les skinheads) augmente depuis 1994, tout comme celui des néonazis.

Composition de la scène d’extrême droite et évolution (valeur brute, 1987-2004)

Composition de la scène d’extrême droite et évolution (valeur brute, 1987-2004)

20Si l’on considère l’extrême droite comme un phénomène partisan, force est de constater, à la lecture du graphique ci-dessous, que les adhésions aux partis d’extrême droite sont en légère baisse depuis l’unification sur l’ensemble du territoire allemand, après un pic entre 1989 et 1993 lié à l’arrivée de sympathisants est-allemands.

Évolution des adhésions des partis d’extrême droite (1987-2004)

Évolution des adhésions des partis d’extrême droite (1987-2004)
  • 28 Les données complètes manquent pour les REP à partir de 1999.

21Depuis le milieu des années 1990, le poids du NPD dans la scène d’extrême droite, surtout à l’Est, est de plus en plus important. Néanmoins, le nombre de 6 000 adhérents en 2005, stable, reste sans commune mesure avec les 30 000 adhérents qu’avait le parti en 1967, un chiffre qui tombe sous la barre des 10 000 à partir de 1976. À l’Est, les recrutements du NPD explosent, comme le montre le graphique ci-dessous. La part d’Allemands de l’Est dans les adhésions au NPD s’envole depuis 1996, pour atteindre un tiers à cette date comme en 2005, alors que les nouveaux Länder sont cinq fois moins peuplés que les anciens Länder. Un tiers des adhérents du NPD est désormais est-allemand, contre 7 % environ à la DVU28 (voir le graphique page suivante).

22Depuis l’unification, le NPD est le seul des trois partis d’extrême droite à recruter davantage à l’Est qu’à l’Ouest, tandis que plus de 90 % des effectifs des REP et de la DVU habitent sur l’ancien territoire de la République fédérale. De même, la moitié de leurs suffrages provient des deux grands États du Sud (Bavière et Bade-Wurtemberg).

23Ainsi, tant l’émergence d’un phénomène électoral que la radicalisation de la scène vont dans le sens d’un renforcement du NPD depuis 1998, grâce avant tout à son implantation en cours dans les nouveaux Länder. Le remodelage de la scène d’extrême droite allemande consécutive a l’unification s’est faite en faveur du NPD, essentiellement grâce à un déploiement important dans les nouveaux Länder, et en corrélation tant avec l’extrême droite qui y préexistait, qu’en réponse aux attentes de la population est-allemande.

Part d’Allemands de l’Est parmi les adhérents des partis d’extrême droite

Part d’Allemands de l’Est parmi les adhérents des partis d’extrême droite

Le parti tout terrain de l’extrême droite allemande

24Contrairement à la majorité des partis politiques, le NPD a adapté son offre au marché politique est-allemand, qui constitue un sous-marché fédéral dont la particularité est qu’une partie des transactions qui s’y déroulent concerne des préoccupations propres aux anciens citoyens de RDA. Il peut s’agir de certains acquis sociaux de la RDA (tel un taux de chômage quasi-inexistant) ou de la défense des biographies est-allemandes. Ce sous-marché électoral est-allemand est structuré autour de la présence du PDS.

  • 29 Werth Christoph H., Sozialismus und Nation. Die deutsche Ideologiediskussion zwischen 1918 und 1945(...)
  • 30 Arzheimer Kai, Falter Jürgen W., « Ist der Osten wirklich rot ? Das Wahlverhalten bei der Bundestag (...)

25Après l’échec de la tentative de transposition de ses structures et de ses thématiques à l’Est précédemment évoqué, le NPD procède à une révision idéologique et stratégique en deux temps. Une première phase se traduit à partir de 1996 par un positionnement ethnocentrique accentué et marqué par des revendications sociales. Avec l’accès d’Udo Voigt à la présidence en 1996, le parti s’oriente sur une voie anticapitaliste-révolutionnaire en prônant un « socialisme national ». En décembre 1996, le NPD rend public son nouveau programme, dans lequel la « question nationale » et le révisionnisme cèdent la primauté aux questions de politique économique et sociale. Le salut viendra d’un « socialisme national », qui associe des positions anticapitalistes et ethnocentriques. De nombreuses références à l’aile gauche du NSDAP avant 1933, notamment aux frères Strasser (Gregor et Otto) renforcent les similitudes avec le terme de national-socialisme29. La nouvelle politique du NPD cherche à mobiliser des sentiments nationaux liés à l’identité collective par la défense de l’idée de socialisme, qui continue à être perçue positivement dans les nouveaux Länder. Cela se traduit notamment par des attentes accrues à l’Est pour davantage d’intervention de l’État dans les questions économiques et sociales30. Adaptée aux Länder orientaux, la combinaison de ces deux éléments (socialisme et nationalisme) conduit, comme ici en Saxe, le NPD régional à proclamer :

  • 31 DESG-inform, 1998, 6.

« Étant donné que les forces dirigeantes des Republikaner, de la DVU et d’autres groupes se sont mis du côté des partis du Grand capital et partagent avec eux un anticommunisme virulent à l’encontre des citoyens de l’ex-RDA, nous ne ressentons aucune affinité avec eux sur le plan politique. […] Nous autres membres du NPD en Saxe assumons toute l’histoire de l’Allemagne et également celle de la RDA. La majorité de nos membres est d’avis […] que la RDA était la meilleure Allemagne. Nous voulons pour cette raison contribuer à la politique de l’Allemagne en lui apportant les expériences positives de la RDA. »31

  • 32 Hoggart Richard, La culture du pauvre. Essai sur le style de vie des classes populaires en Angleter (...)
  • 33 Le nombre des adhérents du NPD a presque doublé en cinq ans entre 1996 (3 700) et 2001 (6 500). La (...)
  • 34 Deutsche Stimme – Extra, Stuttgart, 1998, 7, p. 2.

26Ce tract mêle un discours traditionnel d’extrême droite à la rhétorique communiste, avec notamment l’utilisation du clivage « Eux/Nous » caractéristique des représentations des sociétés sous le communisme et de l’imagerie populaire32, qui va jusqu’à défendre la RDA. Le directoire fédéral du NPD relaie un temps cette stratégie bénéfique au recrutement en Saxe33 et pose la revalorisation des acquis sociaux de la RDA comme la ligne à défendre. Son président Udo Voigt se réclame ainsi ouvertement de la succession communiste : « Nous devons justement faire comprendre à l’Allemagne centrale que ce sont nous, les Nationaux, qui avons en réalité pris la succession des communistes dans la représentation des intérêts sociaux vitaux du peuple allemand »34.

  • 35 L’idée principale de la Nouvelle Droite française apparue à la fin des années 1960 et qui a inspiré (...)
  • 36 Cette notion de « zones nationales libérées » (« National befreite Zonen » — NBZ) lancée par le NPD (...)

27Cette conversion idéologique s’accompagne d’une révision stratégique. En 1997, U. Voigt présente les trois piliers de son concept stratégique : combat pour les esprits, pour les rues, combat pour les parlements. Dans ce triptyque visant programmatique, mobilisation de masse et participation électorale, le NPD a notamment recours au concept d’hégémonie culturelle du philosophe marxiste italien Antonio Gramsci, une récupération classique de la Nouvelle droite35. Pour satisfaire son objectif, le NPD essaie d’implanter ce qu’il appelle des « zones nationales libérées », des zones de non droit sous contrôle de l’extrême droite inspirées des mouvements de guérilla d’Amérique latine contre les systèmes autoritaires à partir des années 1960-197036. Cette stratégie de resocialisation par le bas mise sur la proximité pour occuper l’espace d’encadrement social laissé vacant par l’effondrement du système communiste. Une importance primordiale est accordée à la présence de militants dans les communes, surtout auprès de la jeunesse.

  • 37 Tel Thomas Wulff.

28En outre, la stratégie d’alliance s’adapte à l’extrême droite telle qu’existante en RDA, puisque le NPD doit la majorité de ses recrutements à l’Est à son rapprochement avec les milieux néonazis et skinhead, notamment par l’intermédiaire de son organisation de jeunesse Junge Nationaldemokraten. Le NPD joue un rôle fédérateur de la scène d’extrême droite est-allemande, tandis que les REP et la DVU se démarquent clairement des composantes violentes ou ouvertement néo-nazies de cette même scène. La stratégie du Front populaire (Volksfront) entérinée par le NPD accentue par ailleurs la coopération avec la DVU amorcée en 2004, tout en permettant l’entrée de néonazis notoires37 dans le comité directeur du NPD.

  • 38 Sur cette question, Flemming Lars, « Die NPD nach dem Verbotsverfahren – Der Weg aus der Bedeutungs (...)
  • 39 Entendu dans le sens de Georges Lavau, l’aspect constructif de la fonction tribunitienne en moins, (...)

29Le début de la décennie 2000 est marqué par une radicalisation de l’offre électorale du NPD à la suite de la tentative échouée d’interdiction en 2000-2001. L’ouverture aux milieux néonazis et skinheads dès 1996 vaut au NPD de faire l’objet d’une demande d’interdiction en janvier 2001 auprès du Tribunal constitutionnel fédéral (Bundesverfassungsgericht). L’impartialité des témoins versés par l’État est remise en cause puisque ceux-ci, bien que membres du NPD, sont employés par l’État en tant qu’informateurs des services de renseignement. Le NPD échappe pour cette raison à l’interdiction par l’annulation des pourparlers par le Tribunal constitutionnel fédéral le 18 mars 2003. Les conséquences de cette tentative d’interdiction sont à moyen terme bénéfiques pour le parti. Certes, le procès ayant mis en évidence les nombreux contacts existant entre le personnel du NPD et les services de renseignement allemands, ceux qui voyaient au NPD un parti anti-système quittent l’organisation38. Néanmoins, l’adhésion de nouveaux militants, notamment déçus par le nouveau positionnement, plus modéré, des Republikaner, est renforcé par la publicité née de la mise en scène auto-victimisante du NPD, ainsi que par les efforts déployés par sa vitrine, la fraction du NPD en Saxe, pour multiplier les scandales en défendant des positions radicalement anti-système39 et révisionnistes.

  • 40 L’Ostalgie exprime « l’incertitude face aux problèmes économiques et sociaux croissants ainsi que l (...)
  • 41 Notons qu’en plus de cet ethnocentrisme, la propagande nationaliste du NPD comprend un retour aux f (...)

30Cette radicalisation des structures et du personnel partisan se double d’une accentuation des revendications sociales. La thématique de l’Ostalgie, soit l’expression du regret que certains acquis positifs de la RDA n’aient pas été intégrés d’une manière ou d’une autre dans le processus d’unification40, prend le pas sur celle de la nostalgie. Dès lors, la défense d’une justice sociale ethnocentrée passe au premier plan de la programmatique du NPD41. Cet élément est caractéristique de la troisième phase, en cours, d’orientalisation du NPD, qui rencontre ses premiers succès électoraux en 2004. Peu à peu, la philanthropie communiste s’atténue et le NPD se positionne sur le créneau d’une réponse anti-solidaire, de préférence nationale, aux effets de ce qui est ressenti comme le démantèlement de l’État social. En participant aux « manifestations du lundi » de l’été 2004, qui contestent le projet gouvernemental Hartz IV de réforme de l’assurance chômage, pour appeler au vote contestataire, le NPD entre pour la première fois depuis 1968 dans un Parlement régional, grâce aux 9,2 % des suffrages recueillis en Saxe en septembre 2004.

  • 42 Niedermayer Oscar, Stöss Richard, « Rechtsextremismus, politische Unzufriedenheit und das Wählerpot (...)
  • 43 Voir Krüger-Potratz Marianne, Anderssein gab es nicht. Ausländer und Minderheiten in der DDR, Münst (...)
  • 44 Poutrus Patrice G., Behrends Jan C., Kuck Dennis, «Historische Ursachen der Fremdenfeindlichkeit in (...)
  • 45 « Die kaufen uns die Sachen weg ! ». Entretien avec l’auteur du 03.09.2002.
  • 46 Schmidt Ines, « Ausländer in der DDR. Ihre Erfahrungen vor und nach der Wende » in : Heinemann Karl (...)

31Le NPD surfe ainsi sur une xénophobie de type socio-économique latente dans les nouveaux Länder. Un sondage réalisé en 1998 montrait en effet que 39 % des Allemands de l’Est contre seulement 23 % à l’Ouest partageaient ce sentiment de rejet des étrangers pour des motifs plus économiques et sociaux que d’appartenance ethnique42. Si l’on peut à juste titre remettre en question la véracité de ce type de sondages, le décalage entre les deux parties de l’Allemagne reste flagrant et est en partie à chercher dans la politique d’immigration de la RDA. Le statut particulier des travailleurs immigrés ou en formation en RDA, fixé par des accords bilatéraux entre États socialistes, maintenaient ceux-ci à l’écart de la population est-allemande, tout en leur octroyant certains avantages, notamment le droit d’envoyer dans leur pays d’origine des produits dont ne disposait pas la majorité des citoyens de RDA. Se répand alors dans l’imaginaire collectif l’idée d’étrangers privilégiés, d’autant plus facilement colportée que la nation socialiste est perçue de l’intérieur comme une communauté fermée, aux ressources de laquelle les « étrangers » ne doivent pas avoir accès43. En outre, les rituels d’amitié mis en scène sur le thème de l’internationalisme rendaient tabous les conflits opposant Allemands et étrangers44. Dans les années de pénurie, ces derniers deviennent d’« illégitimes concurrents en matière de consommation… Les étrangers aimaient acheter et envoyer dans leur pays d’origine. Or, dans une société de pénurie, acheter est un acte de compétition, c’est perçu comme une agression ; les gens disaient : ‘Ils nous volent les choses en les achetant !’ [rires] » résume le théologien Richard Schröder45. Dès 1990, la frustration rapidement suscitée par les effets de l’unification s’exprime d’abord contre les travailleurs immigrés, pourtant les premiers touchés par le chômage et l’insécurité sociale46.

32L’exemple de la Saxe, filé dans cette contribution, montre que les effets du territoire se déclinent également au niveau de chaque Land. Le NPD a su tenir compte, à l’intérieur du clivage Est/Ouest, des particularismes régionaux, voire locaux, en s’associant à des organisations locales et micro-régionales. Son organisation centralisée a également laissé une marge de manœuvre, inédite pour l’extrême droite allemande, aux fédérations régionales. Les sections locales du NPD se multiplient ; elles sont 16 en 1991, 7 en 1995 et 25 en 2005 en Saxe. Si le transfert des institutions de l’extrême droite ouest-allemande a échoué, l’adaptation aux nouveaux Länder a peut-être réussi, précisément en tenant compte de l’héritage de la RDA comme d’un élément constitutif de cet espace d’autonomie. Le NPD tire de sa capacité à avoir su territorialiser son offre politique un profit susceptible de lui attirer des bénéfices sur l’ensemble du territoire allemand.

Notes

1 Communément définie comme la montée en puissance du territoire comme catégorie d’intervention publique, la territorialisation traduit plus largement un renforcement du poids des acteurs locaux, par une valorisation de la proximité.

2 Muller Pierre, Les politiques publiques, Paris, PUF, 1998, p. 102.

3 Le présent article repose sur les conclusions d’une thèse de doctorat en science politique : « Les néo-socialistes est-allemands du Parti du Socialisme Démocratique (PDS) face à l’extrême droite. La figure de l’ennemi dans le jeu politique », dirigée par Dominique Colas et soutenue le 3 mars 2006 à l’IEP de Paris.

4 Köderritzsch Peter, Leo A. Müller, Rechtsextremismus in der DDR, Göttingen, Lamuv Verlag, 1990.

5 Melzer Wolfgang, Jugend und Politik in Deutschland, Opladen, Leske & Budrich, p. 120.

6 Cette question ne pouvant ici qu’être esquissée grossièrement, se reporter aux ouvrages cités pour davantage d’explications.

7 Sippel Heinrich, Süss Walter, Staatssicherheit und Rechtsextremismus, Bochum, Brockmeyer, 1994; Süss Walter, Zur Wahrnehmung und Interpretation des Rechtsextremismus in der DDR durch das MfS, Analyse und Berichte, Berlin, Bundesauftragten für die Unterlagen des Staatssicherheitsdienstes der ehemaligen DDR, 1993.

8 Entretien avec l’auteur du 03.09.2002.

9 Heinemann Karl-Heinz, Schubarth Wilfried (dir.), Der antifaschistische Staat entläßt seine Kinder. Jugend und Rechtsextremismus in Ostdeutschland, Cologne, PapyRossa, 1992.

10 Neubacher Frank, Jugend und Rechtsextremismus in Ostdeutschland. Vor und nach der Wende, Bonn, Forum Verlag Godesberg, 1994.

11 Glaessner Gert-Joachim, Der schwierige Weg zur Demokratie. Vom Ende der DDR zur deutschen Einheit, Opladen, Westdeutscher Verlag, 1991.

12 Le terme de Wende désigne la période entre l’été 1989, qui conduit à la chute de Berlin, et l’automne 1990 qui voit l’entrée en vigueur du traité d’unification le 3 octobre 1990.

13 Wiesenthal Helmut, «Die Transformation Ostdeutschlands» in: Wollman Helmut, Wiesenthal Helmut, Bönker Frank (dir.), Transformation sozialistischer Gesellschaften : am Ende des Anfanges, Opladen, Leviathan, 1995; Lehmbruch Gerhard, «Institutionentransfert im Prozeß der Vereinigung. Zur politischen Logik der Verwaltungsintegration in Deustchland» in: Seibel Wolfgang, Benz Arthur, Mäding Heinrich (dir.), Verwaltungsreform und Verwaltungsspolitik im Prozeß der deutschen Einigung, Kronberg, Skriptor, 1993.

14 Offe Claus, Der Tunnel am Ende des Lichts. Erkundungen der politischen Transformation im Neuen Osten, Francfort-sur-le-Main, New York, Campus, 1994, p. 230-276 ; Dans le modèle d’Albert O. Hirschman, la « défection » est la conséquence d’un sentiment de trahison, de défaite idéologique. Hirschman Albert, Défection et prise de parole. Théorie et applications , (1970), trad., Paris, Fayard, 1995.

15 Entretien avec l’auteur du 04.06.2002.

16 Figures de proue du mouvement néo-nazi ouest-allemand, caractérisé par son attitude révisionniste.

17 Moreau Patrick, Les héritiers du Troisième Reich. L’extrême droite allemande de 1945 à nos jours, Paris, Seuil, 1994.

18 Wagner Bernd, Rechtsextremismus und kulturelle Subversion in den neuen Bundesländern, Berlin, Zentrum für demokratische Kultur, 1998, p. 50.

19 Lemke Christiane, « Protestverhalten in Transformationsgesellschaften » in : Politische Vierteljahresschrift, 1997, 1,p. 50-78, ici p. 77.

20 Stöss Richard, « Rechtsextremismus im vereinten Deutschland. West-Ost-Unterschiede und Institutionentransfer seit der deutschen Einheit » in : Deutschland-Archiv, 2000, 2, p. 181-193.

21 Voir les travaux des « sociologues de la jeunesse » Peter Förster et Wolfgang Melzer.

22 Voir la littérature classique relative aux conséquences de l’unification ou Hermanns Manfred, « Auswirkungen der Jugendarbeitslosigkeit » in : Aus Politik und Zeitgeschichte, vol. 27, 1991.

23 Sur l’histoire du NPD, Hoffmann Uwe, Die NPD. Entwicklung, Ideologie und Struktur, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 1999.

24 Il n’en est rien. Créé pour encadrer les anciens membres du NSDAP et les intégrer au nouveau système, le NDPD, parti national-démocrate (Nationaldemokratische Partei Deutschlands), par son soutien à la politique du SED, contribue rapidement à équilibrer en faveur de ce dernier le rapport de force au sein du « bloc démocratique des partis » et dans les parlements régionaux. Le 28 mars 1990, par son adhésion à l’Alliance des démocrates libres (Bund Freier Demokraten) en prévision des premières élections libres en RDA, le NPDP cesse d’exister. Une partie de sa base rejoint le parti libéral du FDP qui, depuis sa succession, gère notamment l’intégralité de ses archives.

25 Une évolution perçue dès 1999 par R. Stöss : Stöss Richard, Rechtsextremismus im vereinten Deutschland, Bonn, Friedrich-Ebert-Stiftung, Dialog Ostdeutschland, 1999, p. 3 et 153.

26 Le mode de scrutin de la RFA, mixte, associant le principe majoritaire à la représentation proportionnelle, est qualifié de « système de représentation proportionnelle personnalisée ». Les électeurs votent pour un candidat et un parti. Le décompte des premières voix détermine les élus « directs », celui des secondes les élus « sur liste » à la proportionnelle. Voir la définition d’Alfred Grosser, L’Allemagne en Occident, Fayard, 1985, p. 272-273.

27 Secondes voix. Source : Statistisches Bundesamt Deutschland, Bundeswahlleiter.

28 Les données complètes manquent pour les REP à partir de 1999.

29 Werth Christoph H., Sozialismus und Nation. Die deutsche Ideologiediskussion zwischen 1918 und 1945, Opladen, Westdeutscher Verlag, GWV Fachverlage, 1996.

30 Arzheimer Kai, Falter Jürgen W., « Ist der Osten wirklich rot ? Das Wahlverhalten bei der Bundestagswahl 2002 in Ost-West-Perspektive » in : Aus Politik und Zeitgeschichte, 2002, vol. 49-50, p. 27-35.

31 DESG-inform, 1998, 6.

32 Hoggart Richard, La culture du pauvre. Essai sur le style de vie des classes populaires en Angleterre (The Uses of Literacy), (1957), trad., Paris, Éditions de Minuit, 1970, p. 117-146.

33 Le nombre des adhérents du NPD a presque doublé en cinq ans entre 1996 (3 700) et 2001 (6 500). La première fédération régionale est celle de Saxe ; elle rassemble un cinquième des adhérents du NPD (soit  1200 en 1998, 1 000 en 2005).

34 Deutsche Stimme – Extra, Stuttgart, 1998, 7, p. 2.

35 L’idée principale de la Nouvelle Droite française apparue à la fin des années 1960 et qui a inspiré le renouveau de l’extrême droite allemande, inspirée d’A. Gramsci (1891-1937), est rendue sous le concept de « métapolitique ». L’objectif est d’empreindre les mentalités de manière à former des individus, futurs électeurs, acquis à la cause.

36 Cette notion de « zones nationales libérées » (« National befreite Zonen » — NBZ) lancée par le NPD est définie dans « Revolutionärer Weg konkret : Schafft befreite Zonen ! » in : Vorderste Front. Zeitschrift für politische Theorie & Strategie, 1991, 2, p. 4-6.

37 Tel Thomas Wulff.

38 Sur cette question, Flemming Lars, « Die NPD nach dem Verbotsverfahren – Der Weg aus der Bedeutungslosigkeit in die Bedeutungslosigkeit ? » in : Extremismus und Demokratie, 2004, 16, p. 145-154.

39 Entendu dans le sens de Georges Lavau, l’aspect constructif de la fonction tribunitienne en moins, tant le positionnement anti-système ne permet pas d’intégrer des exclus du système, mais au contraire les marginalise.

40 L’Ostalgie exprime « l’incertitude face aux problèmes économiques et sociaux croissants ainsi que la conviction que l’on ne peut pas se débarrasser aussi facilement des expériences faites durant quarante ans » selon Glaessner G.-J., Der schwierige Weg zur Demokratie…, op. cit., p. 209 ; elle « reprend en fait ce qu’il y a de plus progressiste dans l’attitude des citoyens de RDA à la fin de leur existence étatique – la vision critique de l’évolution de la société du pays » pour Stöss Richard : Rechtsextremismus im vereinten Deutschland, Berlin, Friedrich-Ebert-Stiftung, 3e éd., 2000, p. 66.

41 Notons qu’en plus de cet ethnocentrisme, la propagande nationaliste du NPD comprend un retour aux frontières de l’Empire allemand de 1937, impliquant le rattachement d’une partie de la Pologne (Silésie), ce qui explique en partie son succès dans les territoires frontaliers tels que la Suisse saxonne (Sächsische Schweiz).

42 Niedermayer Oscar, Stöss Richard, « Rechtsextremismus, politische Unzufriedenheit und das Wählerpotential rechtsextremer Parteien in der Bundesrepublik im Frühsommer 1998 » Arbeitspapier des Otto-Stammer-Zentrums, Berlin, Freie Universität Berlin, 1998, p. 12.

43 Voir Krüger-Potratz Marianne, Anderssein gab es nicht. Ausländer und Minderheiten in der DDR, Münster, New York, Waxmann, 1991.

44 Poutrus Patrice G., Behrends Jan C., Kuck Dennis, «Historische Ursachen der Fremdenfeindlichkeit in den neuen Bundesländern» in: Aus Politik und Zeitgeschichte, vol. 39, 2000.

45 « Die kaufen uns die Sachen weg ! ». Entretien avec l’auteur du 03.09.2002.

46 Schmidt Ines, « Ausländer in der DDR. Ihre Erfahrungen vor und nach der Wende » in : Heinemann Karl-Heinz, Schubarth Wilfried (dir.), Der antifaschistische Staat entläßt seine Kinder. Jugend und Rechtsextremismus in Ostdeutschland, Cologne, PapyRossa Verlag, 1992, p. 64-76.

Notes de fin

1 Les tableaux et graphiques sont établis par nos soins sur la base de sources diverses.

Table des illustrations

Titre Composition de la scène d’extrême droite et évolution (valeur brute, 1987-2004)
URL http://books.openedition.org/septentrion/docannexe/image/45273/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 132k
Titre Évolution des adhésions des partis d’extrême droite (1987-2004)
URL http://books.openedition.org/septentrion/docannexe/image/45273/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 120k
Titre Part d’Allemands de l’Est parmi les adhérents des partis d’extrême droite
URL http://books.openedition.org/septentrion/docannexe/image/45273/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 115k

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