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Entre Wetterau, l’Empire et l’Europe : les espaces d’action et d’interaction de Francfort, ville d’Empire, à l’époque moderne
p. 35-52
Texte intégral
1Un demi-siècle d’une « nouvelle » historiographie sur le Saint Empire a définitivement balayé l’une des critiques principales que les historiens de la Prusse et de la « Petite Allemagne » (Kleindeutschland) formulaient habituellement à l’encontre de l’Empire : celle qui voulait qu’après le Traité de Westphalie, l’Empire se soit émietté en une mosaïque de plusieurs centaines d’» États ». Les approches contemporaines de la question, qui interprètent l’Empire comme un « système » (Volker Press) ou comme un « État impérial complémentaire de la nation allemande » (Georg Schmidt), mettent ainsi davantage l’accent sur les continuités que sur les ruptures1. Il n’en reste pas moins que l’Empire était composé de plusieurs centaines d’entités politiquement autonomes qui, quoique prises dans un réseau d’interactions contraignantes, disposaient néanmoins d’une marge d’action plus ou moins grande.
2Cette contribution est centrée sur la ville de Francfort sur le Main à l’époque moderne. Il s’agira, à l’aide de cet exemple, de cerner les espaces d’action et interaction dans lesquels se trouvait pris cet État de l’Empire (Reichsstand). D’une part, le cas de Francfort est assez représentatif, car cette ville d’Empire (Reichsstadt) faisait partie des innombrables entités à faible pouvoir qui composaient le Saint Empire2. D’autre part, parce qu’il met en lumière le statut constitutionnel et économique si particulier de Francfort, l’exemple montre qu’il faut dépasser les considérations historiques générales sur l’Empire pour regarder dans le détail comment s’exerçaient ces interdépendances multiples. Dans un premier temps, nous reviendrons sur l’étude des relations extérieures de Francfort à l’échelle locale et régionale. Puis nous nous intéresserons à la position de Francfort à l’échelle de l’Empire. Enfin, nous présenterons la dimension européenne des relations extérieures de Francfort. Cette tripartition d’ordre analytique ne signifie en aucun cas qu’il n’y avait pas de liens entre ces trois niveaux. On peut même dire, en anticipant d’ores et déjà sur l’une de nos principales conclusions, que ces liens étaient particulièrement étroits.
1. À l’échelle régionale
3Dans la célèbre représentation qu’il donne de Francfort dans la cosmographie datant de 15503, Sebastian Münster évoque l’opulence de la ville et de ses artisans (die fürnemest und gemeinest Gewerbstatt Teutscher Nation) : une indication du rayonnement économique de Francfort. Ce dernier reposait certes sur l’artisanat, mais surtout sur le négoce, que Münster représente également : ainsi fait-il figurer sur sa gravure les installations portuaires et les nombreux bateaux sur le Main, ainsi que les axes routiers menant vers le nord, l’est et l’ouest. Les grandes foires – Foire de Carême et Foire d’automne – jouaient un rôle primordial pour l’économie de la ville4. Par ailleurs, en faisant également figurer les champs, vergers et vignes entourant la ville, Münster montre que les Francfortois ne vivaient pas tous du commerce ni de l’artisanat, ce qui était monnaie courante pour une ville d’Empire. Ainsi, on trouvait par exemple de nombreux vignerons et maraîchers à Sachsenhausen, au sud du Main. Sur la représentation de Münster, on distingue en outre que la ville, entourée de fortifications qui devaient la protéger d’un environnement parfois hostile, est dominée par l’église paroissiale de Saint Barthélémy, la cathédrale où étaient élus puis couronnés les Empereurs5. Avec plus de 10 000 habitants en l’an 1500, Francfort comptait parmi les grandes villes de l’Empire, sans pour autant faire partie des plus grandes. Toutefois, après une croissance démographique supérieure à la moyenne, elle comptait près de 40 000 habitants à la fin de l’Ancien Régime6.
4Une gravure en couleur de Johann Baptist Homann, datant du début du XVIIIe siècle7, met davantage encore en exergue les deux principales fonctions de Francfort : en effet, sur un côté de sa carte, Homann représente les foires et, sur l’autre, les couronnements impériaux. Et il qualifie la ville de « ville libre d’Empire », de « ville d’élection de l’Empereur » et de « ville du négoce » (Keys. Freye Reichs- Wahl- und Handelstatt). Sur cette même carte, les bastions modernes érigés entre 1628 et 1667 témoignent du fait qu’une défense vis-à-vis de l’extérieur demeurait nécessaire. Dans le même temps, la gravure d’Homann permet d’identifier les voisins de Francfort et laisse entrevoir les dimensions réduites de l’espace dans lequel s’organisaient les relations de la ville avec ses environs.
5Cela concernait principalement la région de Wetterau dans son ensemble, ainsi que les territoires du Rhin moyen : telles étaient donc à l’époque du Saint Empire les limites de l’aire d’influence dans le cadre desquelles évoluaient le conseil de la ville, ses citoyens et ses résidents. Si l’on compare les limites actuelles de Francfort avec celles de la ville du XVIIIe siècle, on s’aperçoit que le territoire de l’agglomération représente aujourd’hui plus du double de celui de la ville d’Empire : il inclut notamment d’anciens territoires du Hesse-Kassel, du Comté de Solms, du landgraviat de Hesse-Darmstadt et de diverses autres possessions de Chevaliers d’Empire. Il est utile de préciser qu’on ne peut parler d’un territoire « étatique » compact, et que le conseil de Francfort, dominé par les familles patriciennes était loin d’exercer sa souveraineté sur l’ensemble des habitants de Francfort, bien qu’il en fût le plus haut organe de gouvernement. La raison en est double : d’une part d’autres états de l’Empire exerçaient – ou voulaient exercer – des droits à l’intérieur de l’enceinte de la ville ; d’autre part Francfort n’était pas, à l’époque moderne, un État pleinement souverain. Nous y reviendrons.
6De tous les voisins de la ville d’Empire, l’Électorat de Mayence était à bien des égards le plus problématique. En effet, le Prince-Électeur était également le dignitaire ecclésiastique suprême de l’archevêché de Mayence, auquel Francfort était rattachée, ce qui ne cessa d’entraîner des conflits, notamment au XVIe siècle. Lorsque dans les années 1520-1530, la ville d’Empire se prononça pour la Réforme, l’Électorat de Mayence l’attaqua par deux fois devant le Tribunal de la Chambre impériale (Reichskammergericht), deux procès qui auraient aisément pu entraîner une mise au ban de l’Empire et la perte des privilèges8. En 1548 toutefois, Francfort fit acte d’allégeance à Charles-Quint dans la Guerre de Smalkalde, en conséquence de quoi les messes furent réintroduites dans la plupart des églises, qui restèrent durablement catholiques par la suite9. Par conséquent, le rôle du dignitaire ecclésiastique suprême de Mayence resta primordial même après la Réforme, car pour les couvents et monastères de Francfort, l’archevêque demeurait un protecteur naturel. Mais sa qualité de prince régnant pouvait par ailleurs également représenter une menace. En raison de sa situation géographique, il était en effet en mesure de bloquer l’axe de communication principal auquel la ville d’Empire était rattachée : le Main. Dès le Moyen Âge, Mayence avait en outre eu des velléités d’établir une grande foire sur son territoire pour concurrencer Francfort. Ces velléités refirent régulièrement surface, notamment au moment de la « Révolte de Fettmilch ». D’une manière générale, la concurrence commerciale de Mayence représenta une menace latente jusque dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : l’Électorat envisagea un temps de transformer la ville de Höchst, située aux portes de Francfort, en un centre de commerce et d’artisanat concurrent10.
7Ce que le Prince-Électeur de Mayence était pour les catholiques de Francfort, le comte de Hanau le devint pour les réformés à partir du XVIIe siècle. En effet, la pratique de leur religion était interdite aux deux communautés réformées de Francfort sur le territoire de la ville. C’est pourquoi l’autorisation de prendre part au service religieux à Bockenheim, dans le comté de Hanau, était si importante pour elles. Mais la majorité de la population francfortoise, luthérienne, et a fortiori le Conseil, n’appréciaient guère la migration dominicale des Calvinistes, notamment en raison de l’importance de cette minorité, tant du point de vue de leur nombre que de leur puissance économique11.
8Les liens étroits entre Francfort et sa périphérie étaient également de nature économique. Sur la carte que Robert Riemer a récemment établie afin de mettre en évidence les contacts que la ville entretenait avec d’autres villes dans le cadre des procès économiques devant le Tribunal de la Chambre impériale12, on constate sans surprise que ces contacts concernaient principalement la périphérie immédiate de Francfort. Or seule une petite minorité de contacts économiques avait des conséquences juridiques et tout conflit d’ordre juridique n’était pas nécessairement porté devant la Chambre impériale. La carte ne donne donc qu’un aperçu de l’extrême interdépendance entre Francfort et sa périphérie. En première position dans le nombre des procès, on trouve Hanau et Mayence. Cela témoigne certes de l’étroitesse des relations économiques mais également de leur potentiel conflictuel. Si, de surcroît, on ajoute aux conflits avec Mayence sur l’ensemble de la période ceux avec des villes comme Höchst et Bingen, qui dépendaient de Mayence, l’impression d’ensemble n’en est que renforcée. Si Francfort était dépendante des productions de sa périphérie, cette dernière dépendait tout autant des débouchés qu’offrait la ville d’Empire, particulièrement en période de foire. L’existence de ces procès devant le Tribunal de la Chambre impériale montre aussi que les relations entre Francfort et ses voisins n’étaient en aucun cas libres, mais qu’elles avaient lieu dans le cadre des règles fixées par la Constitution du Saint Empire.
2. À l’échelle de l’Empire
9En tant que ville d’Empire, Francfort avait le statut d’état de l’Empire. Comme les autres états, elle envoyait donc des représentants à la Diète impériale (Reichstag), l’organe constitutionnel suprême regroupant l’Empereur et les États de l’Empire. À ce titre, Francfort participait à la mise en place de la législation et de la politique impériales. Par ailleurs, la ville était également membre du Cercle du Haut-Rhin (Oberrheinischer Reichskreis) et était impliquée dans la présentation des assesseurs au Tribunal de la Chambre impériale. Elle jouait aussi un rôle central au sein de la Diète des villes d’Empire (Reichsstädtetag) dont elle était l’une des villes convocatrices13.
10En dépit de toutes les possibilités de participation prévues par la Constitution impériale, le poids politique d’une ville d’Empire restait faible et sa marge de manœuvre étroite. Ainsi la Curie des villes (Städtekurie) au sein de la Diète d’Empire dut-elle longtemps batailler pour obtenir les mêmes droits de vote que les Curies plus élevées14. Néanmoins, Francfort envoya toujours un représentant à la Diète. Au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, elle y envoya même ses membres du Conseil les plus renommés15. Les choses ne changèrent qu’à partir de 1663, au moment de la Diète perpétuelle de Ratisbonne. Si Francfort disposa presque en continu d’un représentant à la Diète d’Empire, elle renonça en règle générale à y envoyer un émissaire propre, chargeant plutôt l’émissaire d’une autre ville, puis un citoyen de Ratisbonne de la représenter16. Malgré ce changement, dû principalement aux modifications structurelles induites par la perpétuation de la Diète, Francfort ne renonça pas pour autant à son statut d’état de l’Empire. Cependant, la ville signalait par là sa volonté – voire sa capacité – réduite à jouer un rôle d’acteur indépendant au sein de la Diète et à faire jouer tous les moyens d’action qui étaient de jure donnés aux états de l’Empire.
11Si l’influence d’une seule ville d’Empire sur la Diète était faible, les retombées de la législation impériale sur Francfort étaient, au contraire, importantes. Mentionnons ici simplement la Loi fondamentale de la Paix d’Augsbourg (Reichsgrundgesetz des Augsburger Religionsfriedens) en 1555 qui obligea durablement Francfort à tolérer les catholiques, les ordonnances de police impériale qui fixaient un cadre à la réglementation de la ville17, ou bien encore les décisions concernant la fiscalité à l’échelle de l’Empire, auxquelles Francfort était contrainte de se soumettre.
12En dehors de la Diète d’Empire, il y avait un seul autre lieu où la présence diplomatique de Francfort était forte : la Cour impériale18. Cette dernière était, après Ratisbonne, le deuxième centre de pouvoir au sein de l’Empire. En tant que ville d’Empire, Francfort était placée, du moins formellement, sous la protection de l’Empereur, qui désignait communément la ville comme « Chambre de notre personne sacrée et de notre Saint Empire ». Et au moins par moments, le pouvoir impérial eut un poids considérable sur l’histoire de Francfort, notamment lors d’interventions directes de l’Empereur dans les affaires de la ville.
13La Réforme en est une première illustration. Si le fait que l’Empereur fût catholique n’empêcha pas le Conseil d’autoriser la Réforme, il le fit néanmoins avec une extrême prudence. Ainsi la ville prétendit-elle le plus longtemps possible qu’elle se conformait bien aux préceptes portés par Charles-Quint et la majorité des états de l’Empire. À tel point qu’en 1520, l’émissaire francfortois auprès de la Diète de Spire ne s’associa pas aux protestations émises par les états protestants de l’Empire et qu’il alla jusqu’à apposer sa signature au bas du Recès impérial hostile à la Réforme19 ! En 1533, Francfort introduisit finalement officiellement la Réforme et rejoignit la Ligue de Smalkalde en 1535/1536. Mais en 1545, le Conseil saisit la première occasion pour se désolidariser de ses alliés et faire allégeance à l’Empereur. Au moment de l’instauration de l’Intérim d’Augsbourg en 1548, Francfort fit partie des états de l’Empire les plus conciliants et ne s’opposa pas à la réintroduction de la messe catholique dans la plupart des églises de la ville, au premier rang desquelles la cathédrale Saint Barthélemy20.
14L’intervention de l’Empereur fut encore plus spectaculaire au moment de la fameuse « Révolte de Fettmilch » (1612-1614) : l’Empereur Matthias, qui menaçait de mettre la ville au ban de l’Empire, obtint alors non seulement le rétablissement du pouvoir dynastique, mais également le retour en grande pompe des juifs de la ville, qui en avaient été chassés au moment de la mise à sac de la Judengasse le 22 août 161421. Enfin, lors du conflit constitutionnel francfortois de 1705-1732, le rôle de l’empereur en tant que seigneur de la ville fut primordial, car ce fut finalement le Conseil impérial aulique qui imposa une limitation du pouvoir dynastique22.
15Ces décisions politiques spectaculaires n’étaient en réalité que les aspects les plus visibles des liens profonds et multiscalaires unissant la ville à l’Empereur. Ce dernier assurait aussi une présence toute symbolique dans la ville et on l’incluait régulièrement dans les prières au cours des offices religieux. De même, on célébrait les événements tristes ou heureux survenus dans la famille de l’Empereur. Par ailleurs, l’aigle impérial était omniprésent. Après chaque élection, l’ensemble des bourgeois juraient fidélité au nouvel Empereur et les clefs de la ville lui étaient symboliquement remises.
16Il convient ici de mettre en avant l’une des fonctions institutionnelles principales de Francfort, qui lui conférait une place à part parmi les villes de l’Empire, une aura particulière parmi les centres politiques de l’Empire et quasiment un rang de capitale23 : la fonction de lieu d’élection et de couronnement de l’Empereur. C’est la fameuse Bulle d’or de Charles iv en 1356 qui établit définitivement Francfort comme le lieu d’élection des rois puis des empereurs allemands. Non seulement cette fonction était hautement honorifique, mais elle avait également d’un certain nombre d’implications d’ordre politique et économique. D’une part, si la réunion d’une Diète élective avait un effet stimulant sur la consommation, l’événement s’accompagnait, d’autre part, de certaines restrictions – interdiction de quitter la ville la nuit, ordonnances fiscales etc. – qui venaient perturber la vie publique et restreignaient les compétences du Conseil, par exemple lorsque l’Électeur de Saxe, dans son rôle d’Archimaréchal d’Empire, ou bien encore le Maréchal héréditaire von Pappenheim réclamèrent de posséder un pouvoir de juridiction sur les membres de la Diète élective. Enfin, le renforcement des régiments de la ville pour l’occasion, les présents destinés aux Princes-Électeurs et les émissaires, ainsi que l’hébergement de ces derniers grevaient lourdement les finances de la ville. Le Conseil cherchait alors, dans la mesure du possible, à se faire rembourser par le nouvel Empereur24. Le fait que Francfort ait été à la fois lieu d’élection, certes, mais aussi de couronnement montre que ce statut n’était pas totalement assuré, malgré les dispositions de la Bulle d’or. À y regarder de plus près, la Bulle d’or avait en effet désigné Aix-la-Chapelle comme le lieu du couronnement. Mais cette disposition fut abandonnée dès le XVIe siècle, surtout en raison de la localisation périphérique d’Aix. Et même Francfort dut accepter qu’un certain nombre d’élections aient lieu ailleurs qu’entre ses murs, dans des villes qui convenaient davantage à la dynastie des Habsbourg par exemple. On citera ainsi l’élection de Ferdinand Ier à Cologne en 1531, sanction manifeste à l’égard de Francfort, qui avait par trop favorisé la Réforme. Cette élection fut l’occasion de rappeler que le statut de ville d’élection et de couronnement dépendait en dernière instance du bon vouloir de l’Empereur et des Princes-Électeurs25.
17Le choix d’un lieu dépendait donc avant tout des divers acteurs politiques en jeu et de leurs intérêts respectifs. Cela était encore plus manifeste lorsqu’étaient convoquées les assemblées moins strictement réglementées par le droit impérial que les Diètes électives. Ainsi, le fait que les Empereurs habsbourgeois privilégient des villes géographiquement plus proches de leurs possessions héréditaires – alors même que d’importants états de l’Empire préféraient la ville au bord du Main – était un inconvénient de taille pour Francfort. C’est en accueillant d’importantes assemblées de l’Empire que Nuremberg, Augsbourg et surtout Ratisbonne connurent ainsi une relative ascension politique. L’un des épisodes les plus révélateurs concerne le transfert de la Diète députative ordinaire réunie à Francfort en 165526. Suspendue de fait, mais non de droit, au moment de la Diète élective de 1657/1658, elle aurait dû se réunir à nouveau après l’élection de Léopold Ier, selon la volonté de l’Archichancelier impérial de Mayence. Mais comme la Cour impériale voulait supprimer cette assemblée, ou du moins l’éloigner de la sphère d’influence du conseil de la ligue du Rhin qui siégeait en même temps à Francfort, l’Empereur fit transférer la Diète députative à Nuremberg puis Ratisbonne. Ce faisant, il ne parvint toutefois pas à s’imposer dans le conflit sur le transfert des pouvoirs. Le boycott de la Diète députative résiduelle restée à Francfort, par l’Empereur et les états qui le soutenaient gela néanmoins, de fait, son activité. C’est finalement la perpétuation de la Diète impériale réunie en 1663 à Ratisbonne qui rendit caduque la Diète députative ordinaire27.
18Le second facteur permettant à Francfort de se détacher de la multitude des villes d’Empire était économique : il s’agit des foires qui, elles aussi, étaient régies par le droit impérial. Les responsables politiques de la ville étaient d’ailleurs tout à fait conscients du fait que la prospérité de Francfort en dépendait, et que ces foires reposaient sur des privilèges impériaux28. C’est pourquoi le Conseil avait tout intérêt à entretenir de bonnes relations avec l’Empereur. Francfort acquit une attractivité supplémentaire au milieu du XVIe siècle dans le contexte du rétablissement du catholicisme, en raison de l’ancrage de deux communautés réformées, l’une allemande, l’autre de langue française. La pluriconfessionnalité garantissait en effet un avantage comparatif au centre politique, mais aussi à la ville de foire qu’était Francfort29. De plus, l’Empire jouait un rôle primordial dans le maintien de la paix et de l’ordre si nécessaires au bon déroulement des foires.
19Pour se faire une idée de l’importance de l’espace économique impérial, il suffit de jeter à nouveau un œil sur la carte de Robert Riemer. On y voit que Francfort était en contact avec les principaux centres commerciaux allemands : villes d’Empire le long du Rhin, en Franconie ou en Souabe, villes de la Hanse, ou bien encore Leipzig deuxième ville de foires en Allemagne. Enfin, la carte fait également mention de toute une série de capitales et de villes princières : de Hanovre à Münster au nord-ouest à Stuttgart au sud-ouest et jusqu’à Prague, Breslau et Vienne à l’est et au sud-est. Aucune trace en revanche des territoires situés au nord-est, c’est-à-dire des régions traditionnellement éloignées de l’Empire et de l’Empereur.
20Au sein de l’espace de communication qu’était l’Empire, la position de Francfort était centrale à plusieurs égards. Grâce aux foires du livre notamment, Francfort était l’un des centres de l’imprimerie et de l’édition en Allemagne30. Par ailleurs, la centrale de la Poste impériale des Thurn-und-Taxis s’y trouvait depuis 1729, ce qui venait d’ailleurs renforcer l’importance de la ville dans la diffusion de la presse. Dès 1615 y avait été créé l’un des tout premiers journaux, qui porta par la suite le nom de Frankfurter Kaiserl. Reichs-Ober-Post-Amts-Zeitung31.
21En revanche, la centralité culturelle de Francfort était bien moindre. Contrairement à d’autres villes d’Empire comme Strasbourg ou Nuremberg, elle n’avait pas d’université et ses écoles n’étaient pas particulièrement réputées. La plupart des Francfortois faisaient leurs études dans les universités protestantes de l’Empire. Toutefois, quelques personnalités de premier rang séjournèrent plus ou moins longtemps à Francfort. Philipp Jakob Spener y fut curé et y publia ses Pia desideria en 167532. Francfort donna aussi à l’Allemagne quelques unes de ses personnalités les plus éminentes, qui, toutefois, tournèrent souvent le dos à leur ville d’origine. La plus connue d’entre elles est sans doute Johann Wolfgang von Goethe, devenu conseiller secret de légation auprès de la Cour de Saxe-Weimar. Mais il y a aussi le juriste Heinrich Christian von Senckenberg – le frère du médecin, plus connu localement – qui, après des études à Gießen notamment, allait finalement devenir conseiller impérial à la Cour de Vienne33 : son parcours illustre bien le fait que les élites francfortoises circulaient dans tout l’Empire et qu’elles mettaient cela à profit pour se bâtir une carrière.
22Enfin, la ville de Francfort revêtait une importance particulière pour les juifs d’Allemagne. La communauté juive y était la plus importante de l’Empire et les rabbins francfortois jouissaient d’une grande réputation. En 1603, c’est à Francfort qu’eut lieu le grand congrès des rabbins aux conséquences décisives. La protection qu’offraient l’Empire et l’Empereur était essentielle pour les juifs, comme au temps de la « Révolte de Fettmilch » par exemple, déjà évoquée. C’est pourquoi un aigle impérial fut placé bien en évidence à l’entrée de la Judengasse au moment du retour des juifs à Francfort34.
3. À l’échelle de l’Europe
23À l’échelle politique de l’Europe, Francfort faisait sans conteste partie des poids légers et la ville intervenait peu en tant qu’acteur politique. Si l’on en croit le Répertoire des représentants diplomatiques de tous les pays (Repertorium der diplomatischen Vertreter aller Länder) qui, s’il n’est pas exempt d’erreurs, n’en demeure pas moins une importante source d’informations, Francfort n’était, en dehors du Saint Empire, représentée qu’en France (à l’exception toutefois de la période d’occupation de Francfort par les troupes françaises en 1759/1760 lors de la Guerre de Sept Ans), et cela à partir des années 1790 et surtout dans les premières années du XIXe siècle, lorsque la France joua un rôle-clef dans le maintien de l’autonomie de la ville35. Par ailleurs, des émissaires francfortois étaient présents lors des négociations de paix qui conduisirent au Traité de Westphalie en 1648, mais aussi à Ryswick en 1697 et à Rastatt en 1797-1799. Cependant, Francfort n’avait que très rarement à défendre des intérêts cruciaux en dehors de l’Empire : c’est pourquoi, elle renonça à maintenir à grands frais des missions diplomatiques.
24Le troisième niveau d’analyse que nous avons choisi, à savoir l’échelle européenne, est-il donc pertinent ? En fait, il ne l’est qu’à condition de considérer le problème sous un angle différent. Car en réalité, Francfort était tout à fait présente à l’échelle de l’Europe, et cela à deux égards : parce qu’elle accueillait des assemblées dont le rayonnement politique dépassait le cadre du Saint Empire et parce que l’influence économique et financière de la ville était largement européenne.
25De même que la Diète de Ratisbonne se trouvait au cœur de la politique du Saint Empire comme de toute l’Europe, l’influence des différents congrès et assemblées siégeant à Francfort dépassait les frontières de l’Empire. L’exemple de la Diète députative de 1655 à 1663 – et de la Diète élective qui y fut intégrée (1657/1658) – donne une idée de la dimension européenne de la ville : s’y côtoyaient des émissaires pontificaux, français, espagnols, suédois, danois, polonais, savoyards et modénans. Et l’on y abordait les questions politiques les plus variées : de la Guerre nordique qui concernait tout l’espace baltique au conflit franco-espagnol aux Pays-Bas ou en Italie du Nord. Par ailleurs, le rôle de la France et de la Suède avait été primordial au sein du Conseil de la première ligue du Rhin, fondée en 1658. Ce Conseil siégea à Francfort jusqu’à ce que soit réunie la Diète impériale en 166336.
26Ce que l’on constate dans les années 1650 et au début des années 1660 vaut dans les grandes lignes pour toutes les Diètes électives à l’époque moderne : il s’agissait d’événements de portée européenne, et ce d’autant plus que l’élection en question était controversée. De plus, l’européanisation de la vie politique de l’Empire au XVIIIe siècle eut naturellement une incidence sur les Diètes électives, à mesure que les puissances européennes étendaient leur influence sur l’Empire, sur le Collège électif ou qu’elles considéraient l’Empire comme faisant partie de leur sphère d’influence. Dans la première moitié des années 1740, Francfort se retrouva ainsi au cœur de la politique impériale et européenne : en effet, dans le contexte de la Guerre de succession d’Autriche, Francfort accueillit deux Diètes électives (en 1741/1742 et en 1745) et fut même un temps ville de résidence de l’Empereur Charles vii, un Wittelsbach chassé de ses terres par les Habsbourg37. Francfort avait déjà joué provisoirement un rôle similaire lors de la Guerre de Trente Ans entre 1631 et 1634, au moment où les Suédois en firent l’un des centres de leur pouvoir, en plus de Mayence. C’est en effet à Francfort qu’ils organisèrent les Diètes de la confédération de Heilbronn (Bundestage des Heilbronner Bundes) en 1633 et 163438. Enfin, le regard des puissances européennes se posa une fois de plus sur Francfort en 1681/1682, lorsque la Diète députative extraordinaire y négocia les exigences territoriales françaises.
27Le rôle européen de Francfort ne s’arrête pas là. Si l’on consulte le Répertoire des représentants diplomatiques (Repertorium der diplomatischen Vertreter), on remarque qu’en règle générale, les émissaires étrangers présents à Francfort étaient d’un rang diplomatique moindre : résidents, agents ou simples correspondants39. Cela témoigne de la véritable nature de ces missions diplomatiques de longue durée : il s’agissait avant tout pour les puissances étrangères de poster des émissaires au centre des axes de transport et de communication. Leur mission était de maintenir le contact avec les états appartenant aux Cercles d’Empire antérieurs40*. Les motivations principales étaient donc d’ordre économique41. Une fois de plus, les foires donnaient à la ville son statut exceptionnel. D’autres indices vont en ce sens : ainsi Robert Riemer fait-il mention du puissant réseau commercial européen dont disposait Francfort, qui s’étendait du Portugal à l’Angleterre et jusqu’en Pologne ou dans l’Empire ottoman42. Les territoires suivants y revêtaient une importance toute particulière : Pays-Bas, Bourgogne, Suisse, Italie du Nord. Il s’agit là de territoires qui s’affranchirent du Saint Empire au cours de l’époque moderne ou bien qui s’installèrent durablement à sa périphérie. Les objets d’art, les articles de mode et de luxe provenant de ces régions comptaient parmi les biens commerciaux les plus importants sur les foires francfortoises. Par ailleurs, Francfort était au centre de la production et du commerce de livres en Europe depuis le XVIe, début du XVIIe siècle43.
28Rappelons aussi que les relations qu’entretenait Francfort avec les Pays-Bas et l’Italie du Nord étaient renforcées par les flux migratoires en provenance de ces régions. Les deux communautés réformées de Francfort, l’allemande et la française, se composaient, du moins à l’origine, d’habitants des Pays-Bas qui avaient fui les persécutions espagnoles44. Leur présence eut une influence considérable sur le développement des foires. Eux qui jouaient un rôle décisif dans la production et le négoce de la soie et des biens de luxe, contribuèrent largement à l’internationalisation naissante de Francfort comme place financière. Suite à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, Francfort devint en outre la « plaque tournante du Refuge » (Michelle Magdelaine). Près de 100 000 personnes y bénéficièrent entre 1685 et 1705 d’un soutien crucial, recevant une aide d’environ 100 000 florins réunis grâce au concours de la communauté réformée française, naturellement, mais aussi au soutien de la communauté réformée allemande, y compris des Luthériens, et à des fonds provenant des Pays-Bas et d’Angleterre45. Rappelons ici que Francfort avait déjà accueilli les Protestants anglais persécutés par la reine Marie Ire46. Par ailleurs, les immigrants catholiques de Lombardie étaient certes bien moins nombreux que les Huguenots, mais certains d’entre eux comme les Brentano et les Bolongaro n’en comptaient pas moins parmi les familles les plus riches et économiquement innovantes de la ville47.
29Pour finir, la richesse des familles patriciennes de la ville ainsi que la présence régulière de princes et de diplomates de haut rang attiraient sur les bords du Main de nombreux artistes de renom, qui y séjournaient plus ou moins longtemps. Le rayonnement artistique et culturel de Francfort s’étendait alors jusqu’en Italie, en France et aux Pays-Bas48.
4. Conclusion
30Notre perspective d’ensemble sur les réseaux et espaces de relations de la ville d’Empire de Francfort à l’époque moderne a montré que la vie politique, économique et culturelle de la ville et de ses citoyens était largement orientée vers sa périphérie plus ou moins immédiate. C’est à ce niveau que la ville exerçait une influence directe. Et c’est à ce niveau également qu’elle était confrontée à des concurrents certes plus puissants, mais qui dépendaient largement de son économie. Il faut donc bien parler d’une véritable interdépendance politique, sociale et économique. Par bien des aspects, l’échelle régionale et celle de l’Empire étaient étroitement imbriquées. En effet, Francfort et ses voisins étaient tous des états, ou du moins, dans le cas des Chevaliers d’Empire, des « membres » de l’Empire. L’action de Francfort avait donc pour cadre de référence le Saint Empire49. Remarquons cependant que la ville y jouait plutôt un rôle passif plutôt qu’un rôle actif d’intervention politique : ainsi l’intervention de l’Empereur modifia-t-elle à plusieurs reprises le cours de son histoire. En plus de son statut de ville d’élection et de couronnement, ce sont surtout les foires qui permettaient à Francfort de rayonner dans tout l’Empire. Et grâce au système postal impérial et à sa foire aux livres, Francfort était, de surcroît, un nœud de communications.
31C’étaient aussi les foires qui donnaient à la ville son rang européen. Car d’un point de vue politique, force est de constater que Francfort jouait, là aussi, un rôle passif de lieu d’accueil d’assemblées à dimension européenne. L’Europe est donc moins à considérer comme une véritable aire d’influence que comme un espace avec lequel la ville d’Empire entretenait des relations multiformes.
32Il convient enfin de souligner à quel point les réalités de l’Empire avaient une influence directe sur la situation de Francfort, ses relations avec ses voisins et sa dimension européenne – pour relative qu’elle fût. Car c’est bien la Constitution de l’Empire qui garantissait à Francfort un statut autonome au regard du droit international et qui faisait que les Princes et les diplomates s’y rencontraient. L’appartenance au « système de l’Empire » assurait à la ville une marge de manœuvre à tous niveaux : local, régional et européen. L’étude du cas de Francfort vient donc confirmer les résultats d’autres études récentes sur le Saint Empire. Il montre qu’en plus du rôle joué par les états et les instances dans lesquelles ils intervenaient, il convient de ne jamais perdre de vue le rôle central de l’Empereur lui-même. Francfort était bien, par son appellation et par son statut, la « ville libre de l’Empereur et de l’Empire » (des Kaisers und des Reichs Freie Stadt).
Notes de bas de page
1 Sur le débat concernant l’Empire, cf. la synthèse de Schnettger Matthias, « Von der‚ Kleinstaaterei ‘zum‚ komplementären Reich-Staat‘. Die Reichsverfassungsgeschichtsschreibung seit dem Zweiten Weltkrieg » in : Kraus Hans-Christof, Nicklas Thomas (dir.), Geschichte der Politik : Alte und Neue Wege, Munich, Oldenbourg, 2005, p. 129-154.
2 Sur le statut des villes d’Empire en général, cf. l’ouvrage de Kristina Winzen qui fait une synthèse de travaux anciens : Handwerk – Städte – Reich. Die städtische Kurie des Immerwährenden Reichstages und die Anfänge der Reichshandwerksordnung, Stuttgart, Steiner, 2002, p. 17-41.
3 Cf. l’illustration ci-dessus, Münster Sebastian, Cosmographia universalis, Bâle, Petri, p. 1132-1133..
4 Sur les foires de Francfort, cf. infra p. 45.
5 Sur les élections royales et impériales à Francfort, cf. Wanger Bernd Herbert, Kaiserwahl und Krönung im 17. Jahrhundert. Darstellung anhand der zeitgenössischen Bild- und Schriftquellen und unter besonderer Berücksichtigung der Erhebung des Jahres 1612, Francfort-sur-le-Main, Kramer, 1994, ainsi que : Brockhoff Evelyn, MatthäusMichael (dir.), Die Kaisermacher. Francfort-sur-le-Main und die Goldene Bulle 1356-1806. Ausstellungskatalog, Francfort-sur-le-Main, Societätsverlag, 2006 et Heidenreich Bernd, Kroll Frank-Lothar (dir.), Wahl und Krönung, Francfort-sur-le-Main, Societätsverlag, 2006.
6 Duchhardt Heinz, « Francfort-sur-le-Main im 18. Jahrhundert » in : Frankfurter Historische Kommission (éd.), Frankfurt am Main. Die Geschichte der Stadt in neun Beiträgen, Sigmaringen, Thornbecke, 1991, p. 261-302, citation p. 297.
7 Cf. l’illustration page suivante, Homann Johann Baptist, Abbildung der Keys. Freyen Reichs-Wahl-und Handelstatt Frankfurt am Mayn, [...], Nürnberg 1715.
8 Jahns Sigrid, Frankfurt, Reformation und Schmalkaldischer Bund. Die Reformations-, Reichs- und Bündnispolitik der Reichsstadt Frankfurt am Main 1525-1536, Francfort-sur-le-Main, Kramer, 1976, p. 114-140, 249-302.
9 Cf. trois études de cas d’institutions francfortoises restées catholiques : Rauch Günter, Pröpste, Propstei und Stift von Sankt Bartholomäus in Frankfurt. 9. Jahrhundert bis 1802, Francfort-sur-le-Main, Kramer, 1975 ; Niederquell Theodor, Die Kanoniker des Liebfrauenstifts in Frankfurt am Main, 1519-1802, Francfort-sur-le-Main, Kramer, 1982 ; Seiler Jörg, Der Deutsche Orden in Frankfurt. Gestalt und Funktion einer geistlich-ritterlichen Institution in ihrem reichsöffentlichen Umfeld bis 1809, Marbourg, Elwert, 2003.
10 Bartoschek Dominik, « Die Höchster Neustadt. Eine kurmainzische Stadtgründung des 18. Jahrhunderts » in : Hartmann Peter Claus (dir.), Forschungen zu Kurmainz und dem Reichserzkanzler, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2005, p. 167-186 ; Wustmann Silke, « Die Einbürgerung der italienischen Kaufmannsfamilie Bolongaro in Frankfurt am Main. Studie zur wirtschaftlichen Rivalität zwischen der Reichsstadt Frankfurt und dem Kurfürstentum Mainz im 18. Jahrhundert » in : Archiv für Frankfurts Geschichte und Kunst, vol. 68, 2002, p. 327-374 ; Schneider Konrad, « Wirtschaft und Gesellschaft in Höchst von 1760 bis 1866 » in : Ibid., p. 375-390.
11 Sur l’importance du soutien apporté par le comté de Hanau, cf. Mangon Abraham, Kurze doch wahrhafftige Beschreibung der Geschichte der Reformierten in Frankfurt 1554-1712, éd. et commentaire de Irene Dingel, Leipzig, Evangelische Verlagsanstalt, 2004.
12 Illustration ci-dessus. Avec l’autorisation de l’auteur. Riemer Robert, « Hamburg und Frankfurt vor dem Reichskammergericht. Ein Vergleich unter besonderer Berücksichtigung der Handels- und Handwerksprozesse » in : Amend Anja, Baumann Anette, Wendehorst Stephan, Wunderlich Steffen (dir.), Die Reichsstadt Frankfurt als Rechts- und Gerichtslandschaft im Römisch-Deutschen Reich, Munich, Oldenbourg, 2008, p. 265-283, ici p. 281.
13 Schmidt Georg, Der Städtetag in der Reichsverfassung. Eine Untersuchung zur korporativen Politik der freien und Reichsstädte in der ersten Hälfte des 16. Jahrhunderts, Stuttgart, Steiner, 1984, p. 243-249 et passim.
14 Isenmann Kurt, « Zur Frage der Reichsstandschaft der Frei- und Reichsstädte » in : Quarthal Franz, Setzler Wilfried (dir.), Stadtverfassung, Verfassungsstaat, Pressepolitik. Festschrift für Eberhard Naujoks zum 65. Geburtstag, Sigmaringen, Thorbecke 1980, p. 91-110 ; ainsi que Winzen K., Handwerk…, op. cit., p. 29 sq. et 37.
15 Au moment de la Réforme, Francfort envoya aux assemblées de l’Empire deux représentants influents du patriciat : Philipp Fürstenberger et Hamann von Holzhausen. Cf. Matthäus Michael, Hamann von Holzhausen (1467-1536). Ein Frankfurter Patrizier im Zeitalter der Reformation, Francfort-sur-le-Main, Kramer,, 2002, p. 224 suiv.
16 Les représentants de Francfort à la Diète permanente sont répertoriés dans : Bittner Ludwig, Groß Lothar (dir.), Repertorium der diplomatischen Vertreter aller Länder seit dem Westfälischen Frieden (1648), Oldenburg, Berlin, Stalling, 3 vol., 1936-1965, ici vol. 1, p. 205 suiv. vol. 2, p. 99 suiv. ; vol. 3, p. 108. Concernant la phase initiale de la Diète perpétuelle, cf. Winzen K., Handwerk…, op. cit., p. 29 suiv., 37.
17 Il est depuis peu possible de retracer ces aspects grâce à l’ouvrage de Halbleib Henrik, Worgitzki Inge (dir.), Repertorium der Policeyordnungen der Frühen Neuzeit, vol. 5, Francfort-sur-le-Main, Klostermann, 2004.
18 Cf. la liste des représentants de Francfort à la Cour : Bittner L., Groß L., Repertorium, op. cit., vol. 1, p. 205 ; vol. 2, p. 99 ; vol. 3, p. 107.
19 Jahns S., Frankfurt, Reformation…, op. cit., p. 93-109.
20 Haas Irene, Reformation – Konfession – Tradition. Frankfurt am Main im Schmalkaldischen Bund 1536-1547, Francfort-sur-le-Main, Kramer, 1991. Sous une forme plus concise, cf. également Jahns Sigrid, « Frankfurt am Main im Zeitalter der Reformation (um 1500-1555) » in : Frankfurt am Main…, op. cit., p. 151-204 (ici p. 178-197), et Schnettger Matthias, « Die Reformation in Frankfurt am Main – Voraussetzungen, Verlauf und Ergebnisse » in : Altrock Georg et al. (dir.), Migration und Modernisierung. 450-jähriges Bestehen der Evangelisch-Französischreformierten Gemeinde Frankfurt am Main, Francfort-sur-le-Main, Haag + Herchen, 2006, p. 25-51, ici p. 38-44.
21 Sur la révolte de Fettmilch, cf. Schindling Anton, « Wachstum und Wandel vom Konfessionellen Zeitalter bis zum Zeitalter Ludwigs XIV. Frankfurt am Main 1555-1685 » in : Frankfurt am Main…, op. cit., p. 229-238.
22 Hohenemser Paul, Der Frankfurter Verfassungsstreit 1705-1732 und die kaiserlichen Kommissionen, Francfort-sur-le-Main, Baer, 1920.
23 Sur ce point, cf. Karl Härter, « Aachen – Frankfurt – Nürnberg – Regensburg. Politische Zentren des Reiches zwischen 1356 und 1806 » in : Heidenreich B., Kroll F.-L. (dir), Wahl und Krönung…, op. cit., p. 175-188 (sur Francfort : p. 179-182).
24 Schnettger Matthias, « Der Wahltag aus der Perspektive des Frankfurter Rats. Das Beispiel 1657/58 » in Brockhoff E., Matthäus M. (dir.), Die Kaisermacher…, op. cit., p. 252-261.
25 Jahns S., Frankfurt, Reformation…, op. cit., p. 173-175.
26 La Diète députative ordinaire d’Empire avait été créée dans le cadre de la nouvelle Ordonnance exécutive impériale (Reichsexekutionsordnung) par la Diète d’Augsbourg en 1555. L’Ordonnance prévoyait que l’assemblée se réunirait à Francfort. Cette institution, dont le champ de compétences était à l’origine restreint aux questions de sécurité de l’Empire, développa rapidement son pouvoir, jusqu’à devenir une sorte de Diète impériale à taille réduite. Sur ce point, cf. Neuhaus Helmut, Reichsständische Repräsentationsformen im 16. Jahrhundert. Reichstag, Reichskreistag, Reichsdeputationstag, Berlin, Duncker & Humblot, 1982, p. 423-492 et passim ; Id., « Zwänge und Entwicklungsmöglichkeiten reichsständischer Beratungsformen in der zweiten Hälfte des 16. Jahrhunderts » in : Zeitschrift für Historische Forschung, vol. 10, 1983, p. 279-298. Sur l’ultime Diète députative ordinaire, cf. Schnettger Matthias, Der Reichsdeputationstag 1655-1663. Kaiser und Stände zwischen Westfälischem Frieden und Immerwährendem Reichstag, Münster, Aschendorff, 1996.
27 Ibid., p. 269-353.
28 Sur les foires, cf. Brübach Nils, Die Reichsmessen von Frankfurt am Main, Leipzig und Braunschweig (14.-18. Jahrhundert, Stuttgart, Steiner, 1994. Sur le Moyen Âge, cf. Rothmann Michael, Die Frankfurter Messen im Mittelalter, Stuttgart, Steiner, 1998.
29 Schindling Anton, « Multikonfessionalität als Chance. Die Reichs- und Messestadt Frankfurt am Main zwischen Reformation und paritätischem Altem Reich » in : Walter Axel E. (dir.), Regionaler Kulturraum und intellektuelle Kommunikation vom Humanismus bis ins Zeitalter des Internet. Festschrift für Klaus Garber, Amsterdam, New York, Rodopi, 2005, p. 779-795 ; Id., « Kommerz und Konfession. Die Reichs- und Messestadt Frankfurt am Main zwischen Reformation und paritätischem Altem Reich“ » in : Zeitschrift für Bayerische Landesgeschichte, vol. 68, 2005, p. 573-687.
30 Cf. le bref aperçu de Schindling A., « Wachstum », op. cit., p. 249-253 ; Duchhardt H., « Frankfurt », op. cit., p. 286-288.
31 Behringer Wolfgang, Thurn und Taxis. Die Geschichte ihrer Post und ihrer Unternehmen, Munich, Zurich, Piper, 1990, p. 85-87 ; Id., Im Zeichen des Merkur. Reichspost und Kommunikationsrevolution in der Frühen Neuzeit, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht 2003 ; Kremer Karl-Heinz, Johann von den Birghden, 1582-1642. Kaiserlicher und königlich-schwedischer Postmeister zu Frankfurt am Main, Brême, Lumière, 2005 ; Grillmeyer Siegfried, Habsburgs Diener in Post und Politik. Das „Haus“ Thurn und Taxis zwischen 1745 und 1867, Mayence, Philipp von Zabern, 2005.
32 Sur le séjour francfortois de Spener, cf. Orde Klaus, « Spener und sein Frankfurter Freundeskreis » in : Fischer Roman (dir.), Von der Barfüßerkirche zur Paulskirche. Beiträge zur Frankfurter Stadt- und Kirchengeschichte, Francfort-sur-le-Main, Kramer, 2000 ; Friedrich Martin, « Frankfurt als Zentrum des frühen Pietismus » in : Ibid., p. 187-202. Après le départ de Spener, des communautés piétistes s’installèrent durablement à Francfort. Kemper Hans-Georg (dir.), Goethe und der Pietismus, Tübingen, Niemeyer, 2001.
33 Dölemeyer Barbara, « Heinrich Christian von Senckenberg – Frankfurter Jurist und Reichshofrat (1704-1768) » in : Fürstenhof und Gelehrtenrepublik. Hessische Lebensläufe des 18. Jahrhunderts, Wiesbaden, Hessische Landeszentrale für Politische Bildung, 1997, p. 103-111.
34 Sur l’histoire des juifs de Francfort, cf. le volume collectif de Backhaus Fritz (dir.) Die Frankfurter Judengasse. Jüdisches Leben in der Frühen Neuzeit, Francfort-sur-le-Main, Societätsverlag, 2006. Sur le statut des juifs francfortois dans l’Empire et leur relation à l’Empire, cf. plus particulièrement les articles suivants du volume : Ries Rotraud, « Die Mitte des Netzes. Zur zentralen Rolle Frankfurts für die Judenschaft im Reich (16.-18. Jahrhundert) », p. 118-130 ; Klein Birgit E., « Die „Frankfurter Rabbinerversammlung“ von 1603. Vorgeschichte, Verordnungen, Folgen », p. 161-170 ; Schlick Gabriela, « Zur Rolle der reichsstädtischen Gerichtsbarkeit in den Alltagsbeziehungen der Frankfurter Juden im 18. Jahrhundert », p. 171-185 ; Wendehorst Stephan, « Die Kaiserhuldigungen der Frankfurter Juden im 18. Jahrhundert », p. 213-234. Pour une perspective juive sur la Révolte de Fettmilch, cf. Ulmer Rivka, Turmoil, Traum, and Triumph. The Fettmilch Uprising in Frankfurt am Main (1612-1616) according to Megillas Vintz. A Critical Edition of the Yiddish and Hebrew Text Including an English Translation, Berne, Peter Lang, 2001 ; Jütte Robert, « Der Frankfurter Fettmilch-Aufstand und die Judenverfolgung von 1614 in der kommunalen Erinnerungskultur » in : Klein Birgit E. (dir.), Memoria – Wege jüdischen Erinnerns. Festschrift für Michael Brocke zum 65. Geburtstag, Berlin, Metropol, 2005, p. 163-176.
35 Bittner L., Groß L. (dir.), Repertorium, op. cit., vol. 2, p. 100 ; vol. 3, p. 108.
36 Schnur Roman, Der Rheinbund von 1658 in der deutschen Verfassungsgeschichte, Bonn, Röhrscheid, 1955 ; Schnettger M., Reichsdeputationstag, op. cit., p. 343-353 ; Schindling Anton, « Der erste Rheinbund und das Reich » in : Press Volker , Stievemann Dieter (dir.), Alternativen zur Reichsverfassung in der Frühen Neuzeit ?, Munich, Oldenbourg, 1995, p. 123-129 ; Hintereicher Margarete, « Der Rheinbund von 1658 und die französische Reichspolitik in einer internen Darstellung des Versailler Außenministeriums des 18. Jahrhunderts » in : Francia, vol. 13, 1985, p. 247-270.
37 Koch Rainer (dir.), Wahl und Krönung in Frankfurt am Main, Kaiser Karl VII., 1742-1745, Francfort-sur-le-Main, Historisches Museum Frankfurt, 1986, 2 vol. ; Id., « Karl vii. Konflikt in Europa. Wahl und Krönung in Frankfurt am Main » in : Brockhoff E., Matthäus M. (dir.), Kaisermacher…, op. cit., p. 262-273.
38 Rieck Anja, « Frankfurt am Main und Mainz unter schwedischer Besatzung im Dreißigjährigen Krieg. Überlegungen zur Frage nach der Hauptstadt der Schweden im Heiligen Römischen Reich deutscher Nation » in : Hartmann P. C. (dir.), Forschungen zur Kurmainz…, op. cit., p. 119-130.
39 Voir par exemple les données concernant l’Angleterre : Bittner L., Groß L. (dir.), Repertorium…, op. cit., vol. 1, p. 186 ; vol. 2, p. 148 ; vol. 3, p. 161. Concernant les Pays-Bas, cf. vol. 1, p. 357 suiv. ; vol. 2, p. 243 ; vol. 3, p. 263.
40 Les Cercles antérieurs désignent depuis la fin du XVIIe siècle les Cercles particulièrment actifs dans le sud et l’ouest de l’Empire, à savoir les Cercles de Souabe., Franconie, Haut-Rhin et Rhénanie électorale. (N.d.T.)
41 Forstmann Wilfried, « Frankfurt am Main – ein europäisches Finanzzentrum. Aspekte zu Banken und Bankenpolitik in Frankfurt am Main im 18. und 19. Jahrhundert » in : Heil Johannes (dir.), Shylock ? Zinsverbot und Geldverleih in jüdischer und christlicher Tradition, Munich, Fink, 1997, p. 101-112 ; Schneider Konrad, « Zum Frankfurter Geldhandel während des Siebenjährigen Krieges » in : Scripta mercaturae, vol. 39, 2005, p. 55-147.
42 Cf. l’illustration page suivante. Extrait de Robert Riemer, Hamburg und Frankfurt vor dem Reichskammergericht: Ein Vergleich unter besonderer Berücksichtigung der Handels- und Handwerksprozess, thèse, Université de Greifswald, 2006 ; reproduite avec l’aimable autorisation de l’auteur
43 Haug Christine, « „Die kleinen französischen Schriften gehen zur Zeit ungleich stärker als aber andere solide Werke…“. Der Buchhändler Johann Georg Esslinger (1710-1775) in Frankfurt am Main und sein Handel mit Geheimliteratur » in : Jahrbuch für Kommunikationsgeschichte, vol. 4, 2002, p. 104-135.
44 Schindling A., « Wachstum… », op. cit., p. 224-228.
45 Magdelaine Michelle, « Frankfurt am Main : Die Drehscheibe des Refuge » in : von Thadden Rudolf , Magdelaine Michelle (dir.), Die Hugenotten 1685-1985, Munich, Beck, 1985, p. 26-37. Les chiffres, qui incluent les Vaudois expulsés du Piémont, se trouvent p. 27. Cf. également Id., « Geschichte einer Paradoxie. Frankfurt am Main und das hugenottische „Refuge“ » in : Lange van Ravenswaay Jan Marius J., Selderhuis Herman (dir.), Reformierte Spuren. Vorträge der vierten Emder Tagung zur Geschichte des reformierten Protestantismus, Wuppertal, Foedus, 2004, p. 15-39 ; Dölemeyer Barbara, Die Hugenotten, Stuttgart, Urban, 2006.
46 Massinger Claudius Andreas, « Die englische Emigrantengemeinde in Frankfurt am Main 1554-1559 » in : Archiv für Frankfurts Geschichte und Kunst, vol. 63, 1997, p. 167-221.
47 Reves Christiane, « Italian merchants of the eighteenth century in Frankfurt and Mainz. Circumstances contributing to their socio-economic ascent » in : Schulte Beerbühl Margit (dir.), Spinning the Commercial Web. International Trade, Merchants, and Commercial Cities, c. 1640-1939, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, , 2004, p. 99-111 ; Ead., « „Ich erzählte ihm von den sämtlichen italienischen Familien…“. Die Präsenz von Händlern vom Comer See in Frankfurt im 17. und 18. Jahrhundert » in : Archiv für Frankfurts Geschichte und Kunst, vol. 68, 2002, p. 309-326 ; Koch Rainer, « Peter Anton Brentano (1735-1797) : italienischer Kaufmann und Bürger der Freien Reichsstadt Frankfurt » in : Heidenreich Bernd (dir.), Geist und Macht. Die Brentanos, Wiesbaden, Westdeutscher Verlag, 2000, p. 19-43.
48 Cahn Peter, « Frankfurt als Station reisender Virtuosen im 18. Jahrhundert » in : Meyer Christian (dir.), Le musicien et ses voyages. Pratiques, réseaux et représentations, Berlin, BWV, 2003, p. 127-141 ; Schindling Anton, « Bürgertum und Kunst in Frankfurt am Main im 16. und 17. Jahrhundert » in : Thamer Hans-Ulrich (dir.), Bürgertum und Kunst in der Neuzeit, Cologne, Weimar, Vienne, Böhlau, 2002, p. 37-76 ; Kölsch Gerhard, « Frankfurt und die Niederlande. Wechselwirkungen zwischen Kunst und Sammlertum im 18. Jahrhundert » in : Sammlerin und Stifterin. Henriette Amalie von Anhalt-Dessau und ihr Frankfurter Exil, Francfort-sur-le-Main, Dessau, Haus Giersch, 2002, p. 91-98.
49 Pour une étude de cas sur les patriciens francfortois, cf. Dzeja Stephanie, « „In des Reiches Schos“. Zum Reichsstadtverständnis eines patrizischen Frankfurter Chronisten » in : Menk Gerhard (dir.), Hessische Chroniken zur Landes- und Stadtgeschichte, Marbourg, Trautvetter & Fischer, 2003, p. 101-116.
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Espaces de pouvoir, espaces d’autonomie en Allemagne
Ce livre est cité par
- Clayer, Nathalie. (2014) Les espaces locaux de la construction étatique à l'aune du cas albanais (1920-1939). Annales. Histoire, Sciences Sociales, 69. DOI: 10.1017/S0395264900008544
- Bretschneider, Falk. Garner, Guillaume. (2013) Le Saint-Empire au prisme des historiographies allemande et française : introduction au dossier thématique. Trivium. DOI: 10.4000/trivium.4517
- Gauché, Evelyne. (2015) Le paysage à l’épreuve de la complexité : les raisons de l’action paysagère. Cybergeo. DOI: 10.4000/cybergeo.27245
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