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Le maurrassisme et la culture. Volume III

 | 
Olivier Dard
, 
Michel Leymarie
, 
Neil McWilliam

Maurras, les maurrassiens et Jeanne d’Arc

Maurras, the Maurrassiens and Joan of Arc

Gerd Krumeich

Résumé

La « politique de Jeanne d’Arc » est chère au maurrassisme, qui a une position assez originale quant à Jeanne d’Arc ; en effet, le mouvement est, d’une certaine façon, en retard sur la mouvance générale de la Droite face à l’héroïne nationale. Jeanne avait été dans les années 1880 et 1900 une figure emblématique du « ralliement » des droites à la République. La mise en scène de scandales autour de la Pucelle (l’Affaire Thalamas) fut un moment fort de la « propagande par l’action » du nationalisme intégral, né lors de l’Affaire Dreyfus, qui contribua à affirmer la position originale des néo-royalistes. Après la trêve-toute relative-de la Grande Guerre, face à une Jeanne d’Arc canonisée et promue seconde patronne de la France républicaine, Maurras et ses disciples se retrouvèrent marginalisés, voire même exclus (de l’Eglise). Leur royalisme de principe et doctrinaire eut du mal à se faire entendre. On essaya de profiter de l’intérêt public pour la Pucelle (surtout lors des 500 ans de la libération d’Orléans et du Sacre, en 1929) en manifestant alors un activisme affiché. Enfin, sera discutée la part qu´ eut, dans l’action culturelle du régime de Vichy, la « politique de Jeanne d’Arc » du maurrassisme.

Texte intégral

1Les maurrassiens ont un problème de fond avec Jeanne d’Arc : en effet, Maurras, Pujo, Bainville et les autres membres de l’Action française sont d’une certaine façon en retard sur le mouvement général de la droite. Celle-ci et, plus tard, les « ralliés » ont commencé, dès les années 1850, de se départir de la tradition séculaire d’une identification de Jeanne d’Arc avec la monarchie.

Un traditionalisme au défi de la tradition

  • 1 François Eudes de Mézeray, Histoire de France depuis Pharamond jusqu´ à maintenant (1643) ; pour l (...)

2De fait, depuis le XVIIe siècle s’était affermie une vision royaliste de la Pucelle qui aurait été expressément envoyée par Dieu pour sauvegarder la monarchie. Les johanniques de l’âge classique, tant dans leurs ouvrages historiques et théologiques que dans leurs manuels scolaires, avaient réitéré cette conception selon laquelle Dieu aurait envoyé Jeanne pour soutenir la monarchie. De là, découlait entre autres l’affirmation passablement controuvée selon laquelle la Pucelle aurait eu tort de poursuivre sa lutte après le Sacre de Reims, car Dieu ne le lui aurait pas commandé. Comme le disait Mézeray, l’historien le plus répandu de l’âge classique, cité dans les manuels de droite jusque dans les années 1880, « comme elle outrepassait sa commission, ainsi qu´ elle reconnut ensuite, et qu´ elle portoit encore les armes après avoir fait sacrer le Roy, Dieu qui voulait qu´ on luy obéisse, n’estoit plus obligé de continuer ses miracles en sa faveur1. »

  • 2 Henri Wallon, Jeanne d’Arc, 2 vol., Paris, Hachette 1860 ; 1867 (2e éd.) ; une édition de luxe, in (...)
  • 3 Pour l’évêque Dupanloup et sa « propagande » pour la canonisation de Jeanne d’Arc, voir Gerd Krume (...)

3Mais comme la monarchie de sang et de droit divin faisait défaut, -et ce depuis au moins les années 1830-, ce discours s’était affadi voire progressivement dissipé ; à la fin des années 1850 les catholiques s’étaient révélés capables de penser le fait de la Pucelle « sans le roi » ; ils admettaient, eux aussi, une Jeanne d’Arc « fille du peuple » chère aux romantiques de gauche – de Sismondi à Michelet — trahie ou négligée par son roi Charles VII. Ils partageaient également l’idée que l’Église n’avait pas joué un rôle en conformité avec l’héroïsme de Jeanne d’Arc. Comme l’expliqua son premier biographe catholique, Henri Wallon2 et comme le répéta l’évêque Dupanloup dans ses Panégyriques, il s’agissait uniquement de savoir que le procès d’inquisition n’avait pas été institué par « l’église catholique elle-même, mais par des prêtres infidèles, soumis ou vendus aux Anglais3 ». Le Seize Mai sonna définitivement le glas de la royauté, mais l’histoire de la récupération de Jeanne d’Arc par les catholiques fait voir combien, avant cette date, avait été affaiblie la conception royaliste.

  • 4 Jean-Marie Mayeur, Histoire religieuse de la France, XIXe-XXe siècles, Paris, Beauchaisne, 1975 ; (...)
  • 5 Jean-Baptiste Ayroles, Jeanne d’Arc sur les autels et la régénération de la France, Paris 1885 ; I (...)

4Pour comprendre la position de Maurras et des maurrassiens face au culte de Jeanne d’Arc, il faut donc considérer que leur extrémisme néo-royaliste était en quelque sorte en contradiction avec la nouvelle Jeanne d’Arc catholique et patriotarde, issue soit du ralliement des années 1880-1890, soit de l’ultramontanisme exacerbé des « intégristes » en rupture avec le Ralliement mais eux aussi loin d’une restauration monarchique4. Or, le ralliement de la droite catholique à la République a d’abord eu une résonnance « centriste » qui se retrouve dans les discours officiels de nos jours : Jeanne d’Arc est à tous les Français, aucun parti n’a le droit de se l’approprier. Ce discours « poincariste » fut cependant contré par l’intégrisme triomphaliste qui se fraya un chemin depuis la demande officielle de la canonisation de Jeanne d’Arc, signée dès 1869 par les évêques français à la demande de Mgr. Dupanloup. Bientôt apparurent sur scène des zélateurs de « l’unique et vraie Jeanne d’Arc »5, lutteurs infatigables contre les juifs franc-maçons, coupables soit de la condamnation de Jeanne d’Arc soit des interprétations blasphématoires prétendant que Jeanne avait été brûlée par l’Église.

Jeanne d’Arc anti-juive ?

5Le néo-royalisme maurrassien, issu de l’Affaire Dreyfus, a développé, assez tardivement du reste, une nouvelle approche et il ne semble pas que les liens entre les deux extrémismes – le néo-royalisme maurrassien et l’intégrisme ultramontain — dans le culte de Jeanne d’Arc aient été stables ou efficaces. Mais il est sans doute vrai que l´Action Française préconisa très tôt une « politique de Jeanne d’Arc » qui consista en bonne partie en invectives et ameutes ; lors des différentes fêtes, ils étaient en accord avec les intégristes, tout comme de nos jours, où l’on voit une phalange « unie » de manifestants d’Action française aux lepénistes, rassemblés, pour un moment, autour de la statue de Jeanne d’Arc.

  • 6 Michel Winock, « Jeanne d’Arc et les Juifs. Son mythe sous la Troisième République », in H-Histoir (...)
  • 7 Id., « Jeanne d’Arc », in Pierre Nora (éd.), Les lieux de Mémoire, t. III, vol. 3, Paris 1992, p.  (...)
  • 8 Ibid., p. 710 et sq.

6Dans son article sur « Jeanne d’Arc et les juifs6 » et dans sa brillante contribution au Lieux de mémoire de Pierre Nora7, Michel Winock a décrit les turbulences suscités depuis 1894 par les ultranationalistes, façon Drumont et la Libre parole, autour de Jeanne d’Arc qui aurait expulsé les juifs de France. Il est vrai qu´ au nom du peuple français, on invective les juifs lors des manifestations pour Jeanne d’Arc partir de cette date. M. Winock en a donné maints exemples, concluant à l’antisémitisme foncier des groupements revendiquant Jeanne d’Arc, un accouplement quasiment naturel entre « À bas les juifs – vive Jeanne d’Arc8 ». Que ce cri de ralliement ait été partagé par les maurrassiens ne fait aucun doute, mais demeure la question : cet antisémitisme est-il structurel dans l’élaboration de l’image de Jeanne d’Arc dans l’idéologie maurrassienne ? Or, dans les écrits de Maurras concernant l’héroïne -sur lesquels il faudra revenir-, il n’y a pas, en fait, la moindre allusion aux juifs, la moindre tonalité antisémite. Jeanne n’est certes pas pour lui une héroïne antisémite comme elle l’est sans doute pour Drumont ou Rochefort. Et ce constat semble d’autant plus intéressant que le « parler » et le discours maurrassien sont habituellement imbibés de vociférations antisémites.

Place aux Jeunes. Place à Jeanne d’Arc

  • 9 Martha Hanna, Iconology and Ideology : Images of Joan of Arc in the Idiom of the Action française, (...)
  • 10 Maurice Pujo, Les Camelots du Roi, Paris, Flammarion, 1933, p. 63, voir M. Hanna, op. cit., p. 221
  • 11 Ibid., p. 221 ; voir Contre les insulteurs de Jeanne d’Arc. Meeting nationaliste du 5 décembre 190 (...)

7Le plus important et le plus étonnant réside dans le constat qu´ il y a eu, dans le maurrassisme des années 1900, une conjonction entre d’une part un royalisme absolu et nouveau et d’autre part un appel à la jeunesse, dont la mobilisation doit se faire en bonne partie par l’exemplarité de Jeanne d’Arc. Le phénomène a déjà été fort bien décrit, il y a longtemps, par Martha Hanna, dont l’analyse reste toujours valable9. Or, comme l’a dit Maurice Pujo, le chef des Camelots, dans ses Souvenirs : Jeanne d’Arc était pour les jeunes de l’Action Française le modèle même d’une rebelle contre l’ordre établi. N’avait-elle pas négligé, voire contredit toutes les lois concernant sa situation sociale et son sexe ?10 À juste titre, Martha Hanna a souligné le fait que ce mouvement essaya de s’emparer pour ainsi dire de la jeunesse de Jeanne d’Arc. La Pucelle n’avait-elle pas, elle aussi, agi, tout comme les Camelots du Roy, en protestation contre l’ordre imposé par les vieux et par les « sorbonnicoles » de son temps ?11

8Cet esprit de révolte anti-bourgeoise était bien courant dans l’avant-guerre de 1914, et il ne fut pas le fait de la seule jeunesse de droite. En même temps, à gauche, certaines voix s’élevèrent contre le cheminement de Jeanne d’Arc vers une image officielle (projet de fête nationale, projet de canonisation…), considérant somme toute l’héroïne d’une manière assez proche du mouvement des jeunes d’AF. Alain, le « philosophe du radicalisme » s’exprima ainsi de la façon suivante :

  • 12 Alain (i.e. E.-A. Chartier), Jeanne d’Arc. Sept propos, Nîmes, 1925, notice du 17 juin 1912.

« Il y a la foi de Jeanne d’Arc et la foi de ceux qui l’ont brûlée […]. Dans cet admirable récit, je vois […] clairement deux religions ennemies. Je vois deux Dieux en lutte, un Dieu qui est chose, et un Dieu qui est esprit [….]. Prière jeune ; révélation par le dedans ; Dieu neuf ! Insulte à l’ordre, aux plans, aux intérêts, aux intrigues, aux capitaines, aux rois, aux prêtres. Ils l’ont tué d’abord, le Dieu neuf. Et une fois qu´ il est bien mort, ils le reconnaissent et croient l’adorer. C’est pourquoi il est important que Jeanne d’Arc nous divise12. »

9Tout camelot du Roy aurait sans doute souscrit à ce beau rajeunissement du culte de Jeanne d’Arc – hormis cependant l’accusation contre le roi…

  • 13 Voir pour l’ensemble : Gerd Krumeich, op. cit., p. 242 et sq., et la très complète mise au point p (...)

10L’emblématique « Affaire Thalamas » de 1904, puis en 1908-1909, fut un très grand champ d’activités de l’AF. Les camelots du Roy se manifestèrent en cette occasion. Pour résumer très brièvement cette affaire, il suffit d’indiquer qu´ Amédée Thalamas, professeur au Lycée Condorcet à Paris corrigea en 1904 le devoir d’histoire d’un de ses élèves en disant que Jeanne d’Arc n’avait rien de « merveilleux », mais qu’elle était une simple jeune fille, sujette à des hallucinations qu´ elle aurait prises pour une inspiration divine. Ce fut au moins sa version de l’incident. d’autres lui reprochaient d’avoir parlé de la Pucelle comme d’une pauvre idiote hallucinée13. La protestation des parents fut relayée par des groupes de droite, déjà à l’assaut lors de la « Séparation » et du Bloc des gauches. Il y eut une interpellation au Parlement, des rassemblements des droites à la statue de Frémiet, des contre-manifestions des jeunesses laïques.

  • 14 Maurice Pujo, Les Camelots du Roi, op. cit., p. 61.
  • 15 Voir Martha Hanna, op. cit., p. 221.

11Rien de particulièrement maurrassien d’abord dans cet imbroglio droitier pour la défense de Jeanne d’Arc contre la République enjuivée et franc-maçonne… En revanche, quand Thalamas fut chargé, par le conseil des professeurs de la Faculté des Lettres de la Sorbonne d’un cours libre pendant l’hiver 1908-1909, les jeunes gens de l’Action française, récemment constitués dans la phalange des « Camelots du Roy », en profitèrent pour faire un scandale public et pour s’imposer dans le Quartier de la Sorbonne. Ils entreprirent d’interdire de parole « l’insulteur de Jeanne d’Arc ». Georges Bernanos, camelot activiste, fut même incarcéré cinq jours pour avoir agressé physiquement le professeur Thalamas… Et Maurice Pujo, leur chef, en profita pour faire un « cours libre », qui se déroula à l’amphithéâtre Guizot, occupé par les hommes de l’Action française ; il y expliqua que le roi Charles VII n’avait nullement trahi la mission de Jeanne d’Arc14. Des mois durant, Thalamas dut faire son cours protégé par des forces de l’ordre, et les camelots reçurent nombre de contraventions et se virent infliger des peines d’emprisonnements parce que le gouvernement, voyant la République en danger, avait décidé de mener une épreuve de force. Un des résultats les plus durables de cette affaire Thalamas fut la création, par les camelots, du « denier de Jeanne d’Arc », qui fonctionna encore dans les années 30 pour payer les amendes infligées après les manifestations urbaines et pour secourir les jeunes monarchistes emprisonnés15.

Une doctrine fondée sur une historiographie révolue

  • 16 Par exemple : Le règne de Charles VII, d’après M. Henri Martin et d’après les sources contemporain (...)
  • 17 Jeanne d’Arc et sa mission d’après son dernier historien [Henri Wallon], in Revue des questions hi (...)
  • 18 Il n’empêche que la grande biographie de Charles VII du même auteur (6 vol., Paris 1882-91) reste (...)

12Il se peut que ces bagarres de rue autour de Jeanne d’Arc aient pu faire la « propagande par l’action » ; mais ces efforts des jeunes d’Action française ne furent d’aucun effet sur le culte de Jeanne d’Arc. Il est vrai que ce royalisme doctrinaire qui s’appuyait, pour l’historiographie de la Pucelle, sur les autorités monarchistes de la première moitié du XIXe siècle, ne sut créer une flamme. Pujo, dans son cours libre contre Thalamas, n’avait-il pas fait que citer Georges du Fresne, marquis de Beaucourt, dont les opinions sur la Pucelle étaient tout à fait caduques, même pour la majorité des catholiques et pour les droites ? Et comme Maurras lui-même avait puisé sa connaissance de Jeanne d’Arc dans les écrits du marquis de Beaucourt, le citant comme ultime autorité dans ses écrits des années 20 et 30, il est sans doute utile de jeter un regard sur cet historien. Dans les années 1850 et 1860, Georges du Fresne de Beaucourt avait publié maints libelles où il avait ferment défendu le Roi Charles VII contre le reproche d’avoir négligé voire trahi la Pucelle16. Et sa défense se fit d’autant plus énergique et catégorique que cette opinion, d’origine libérale, avait commencé à s’infiltrer chez les historiens catholiques aussi. Au nom de la saine tradition royaliste, Beaucourt s’attaqua même aux travaux d’Henri Wallon, qui domina pourtant la vision catholique de la Pucelle depuis les années 1860, affirmant à tort et à travers et contre l’esprit du temps que « la mission de Jeanne n’a eu que deux objets : la délivrance d’Orléans et le sacre de Reims17 ». Cette position était parfaitement périmée à l’époque et elle le resta…18

  • 19 C’est la 53e édition qui a été ici utilisée, Paris, Calmann– Lévy, 1927.

13Evidemment l’Action française se scandalisa quand parut, en 1908 La vie de Jeanne d’Arc d’Anatole France. Ce livre eut un énorme succès en librairie19 et il est resté comme un modèle de l’historiographie sceptique, voire rationaliste de Jeanne d’Arc. Pour France, Jeanne d’Arc était une jeune fille sincère mais trompée par ses hallucinations ; surtout, elle avait été utilisée à des fins politiques par les clercs et par les tenants du roi. Et France de reprocher, même à Jeanne et au parti de Charles VII, de ne pas avoir voulu concentrer leur effort militaire sur la libération du territoire mais d’avoir préféré organiser le Sacre de Reims, ce qui aurait donné aux Anglais le moyen de réorganiser leur défense… On conçoit facilement que de tels propos, véhiculés depuis plusieurs siècles, aient pu susciter l’ire des activistes de l’Action française. Et il semble évident, bien que cela n’ait pas, jusqu’alors, été intégré par l’historiographie, que l’Affaire Thalamas a été en fin de compte, une Affaire Thalamas-France…

  • 20 Voir Gerd Krumeich, Armaments and Politics in France on the Eve of the First World War, Berg Publi (...)

14Les excès de l’Action française quant à la défense de Jeanne d’Arc eurent même de graves conséquences pour la cohésion du bloc « troisanniste » en 1913. Alors que se développait la lutte pour ou contre la nouvelle loi militaire des « Trois Ans », le Préfet de police, Louis Lépine, avait laissé se dérouler une manifestation d’Action française pour « Jeanne d’Arc, la grande patriote », et avait interdit dans le même temps une contremanifestation des jeunesses laïques « pour Jeanne d’Arc, la grande patriote, trahie par son roi et brulée par l’Église », cet incident fut porté, sous forme d’une interpellation, devant le Parlement. Et, pour ne pas perdre sa majorité, le gouvernement Barthou dut promettre que serait remplacé le préfet de police indigne. Ce qui ne fut pas fait du reste…20

La trêve politique de la Grande guerre

  • 21 Jean-Jacques Becker, 1914. Comment les Français sont entrés dans la guerre, FNSP 1977 ; voir la mi (...)
  • 22 Voir plus haut, note 5 ; voir aussi : Georges Goyau, Jeanne d’Arc devant l’opinion allemande, Pari (...)
  • 23 Voir M. Hanna, op. cit., p. 226.

15La trêve politique que fut l’Union Sacrée21 fut suivie par les maurrassiens plus que par les idéologues catholiques et antisémites tels que Georges Goyau, Pierre Lanéry d’Arc, le père Ayroles ou l’abbé Léman22. L’Action française fit effectivement preuve d’une volonté certaine de renoncer alors à mener sa lutte propre et de respecter la trêve de l’Union Sacrée tout le long de la guerre. Maurice Pujo a expliqué ultérieurement que cette union de tous les Français avait pu tenir et s’affirmer sous la bannière de Jeanne d’Arc23. Quoi qu´ il en soit, Pujo soulignait dès le début de l’année 1915 que le culte de Jeanne pendant la guerre ne devait être compris que comme le résultat des activités menées avant-guerre par les nationalistes royalistes.

  • 24 Voir le catalogue de l’exposition de Rouen en 2003 : Jeanne d’Arc. Les tableaux de l’histoire, 182 (...)

16Ce « silence » de l’Action française pendant la Grande Guerre fut-il à l’origine d’une « acculturation » de l’image de Jeanne d’Arc dans l’esprit des néo-royalistes ? Il me semble que c’est après la guerre que cessa – pour un temps — la mise en scène tapageuse de Jeanne d’Arc par les maurrassiens. Le meilleur exemple en est sans doute l’œuvre de Maxime Réal del Sarte, qui fut avant la guerre le chef des Camelots du Roy et sans doute un des grands activistes des bagarres des rues. Après 1925 cependant, il réalisa de nombreuses statues de Jeanne d’Arc qui proposent une vision profondément personnelle de l’héroïne, essentiellement centrée sur les scènes du martyre de Jeanne dont il fait une image expiatoire symbolisant la rédemption par le sacrifice et par la souffrance. Il réalisa ainsi un monument commémoratif de la mort de Jeanne d’Arc, placé à Rouen (1928) et un haut-relief représentant l’apothéose de Jeanne d’Arc. Jeanne y est représentée les mains jointes, la tête abandonnée, les yeux levés au ciel, la couronne d’épines se substituant à l’auréole ! Ce motif est extrêmement rare dans l’iconographie de Jeanne d’Arc car, pour la droite, l’auréole est normalement de mise, surtout depuis la canonisation24. Le même Maxime Réal del Sarte a illustré en 1929, les fameuses Méditations sur Jeanne d’Arc de Maurras lui-même.

Maurras historien de Jeanne d’Arc

17Pour ce qui est des textes majeurs de Maurras sur Jeanne d’Arc, il est intéressant de noter qu’ils datent tous des années 20 et 30, tandis qu´ aux beaux temps de la « bataille Jeanne d’Arc » et de l’Affaire Thalamas, Maurras ne s’est pas exprimé sur le caractère et le royalisme de la Pucelle. Il faut aussi remarquer que dans Au signe de Flore, son récit des temps passés, Jeanne n’est pas mentionnée une seule fois.

  • 25 Philippe Contamine, Jeanne d’Arc dans la Mémoire des droites, op. cit., p. 420 et sq.
  • 26 Charles Maurras, Méditation sur la politique de Jeanne d’Arc (1929), Edition électronique réalisée (...)
  • 27 Ibid., p. 14.
  • 28 bid.

18Philippe Contamine a fait un excellent résumé des écrits de Maurras sur Jeanne d’Arc, que je suis en bonne partie même si ma focalisation est un peu différente25. La synthèse du doctrinaire, dans sa « Méditation sur la politique de Jeanne d’Arc », fut la mise en forme d’une conférence donnée à « l’Association des jeunes filles royalistes ». Il s’agit d’une étude d’une vingtaine de pages, enrichie par un nombre de belles illustrations par Maxime Réal del Sarte. Ce récit reprend beaucoup de motifs du discours classique des droites, mais il est original et neuf à différents niveaux. Et ceci d’abord pour son formidable anachronisme quasiment « surréaliste » et qui rappelle vraiment les écrits royalistes des XVIIe et XVIIIe siècles. Pour Maurras, Jeanne n’est nullement la « douce héritière du mouvement brutal des Jacques » (Jaurès). Tout au contraire : certes, elle n’est pas insurgée, elle n’est pas démocrate (elle aurait pu l’être, la Jacquerie sévissant de son temps). Mais elle est royaliste, exemplaire même dans la mesure où elle aurait compris que la France ne pouvait se bâtir sans le Roi : « On lit distinctement dans sa pensée et dans son cœur, les trois idées directrices de l’ancien Tiers-État français : le Patrimoine maintenu et la Patrie sauvée par la Royauté rétablie26. » Par conséquent, après la délivrance d’Orléans-où, selon Maurras, Jeanne d’Arc ne s’impose pas outre mesure et ne revendique nullement être chef de guerre-, elle ne poursuit pas d’abord la libération du territoire comme lui proposent ses compagnons impatients ; mais elle insiste sur le chemin du Sacre de Reims parce qu´ elle sait que sans le Roi, rien de solide ne peut se faire. « L’essentiel esprit de la mission de Jeanne d’Arc est que le salut national s’opère par l’œuvre du Roi. » Par conséquent, « cette héroïne nationale est l’héroïne de la dynastie27 ». Elle qui parle souvent comme un poilu de la Grande Guerre (« nous les aurons »), tient d’autre part un « discours du Trône où la majesté le dispute à la poésie28 ». Jeanne, dit Maurras, était soldat dans l’âme, mais elle ne fut nullement une préfiguration de la nation armée :

  • 29 Ibid., p. 16.

« Plus encore que guerrière elle a la tête militariste et hiérarchique. Elle n’a pas ameuté les paysans de son village : elle est allée trouver le seigneur du pays…. Son sens de l’ordre est tel qu´ il a volé droit au sommet ! Point de chef, point de peuple : point de Roi, point de France. Comme il n’y a point de Roi, elle en fera un [sic !]29. »

  • 30 Ibid., p. 21.

19Ce texte profond mais passablement répétitif est d’une originalité certaine, et systématiquement déviant. Il s’achève ainsi : « Il ne me semble pas qu´ il puisse être interdit de saluer en Jeanne d’Arc sa fidélité à ce qu´ il y a de plus solide et de plus vivace, l’État, le Roi, dans la structure de son ouvrage, notre Patrie30. »

  • 31 Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon, Paris, Flammarion, 1937 ; réédité dans : Charles Maurras, Œuvre (...)
  • 32 Charles Maurras, La politique de Jeanne d’Arc, Editions de la Seule France (s. d., après 1940), p. (...)
  • 33 Ibid., p. 7.
  • 34 Ibid.
  • 35 Ibid., p. 19.

20C’est ce même texte qui a été repris, d’abord dans l’étude sur « Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon31 », puis dans un autre texte publié par les Éditions de la seule France, non daté mais visiblement postérieur à 1940, puisqu´ on y évoque la « forfaiture » de Charles de Gaulle et que l’on insiste sur le fait que « Jeanne ne prit pas le maquis »32. Ce texte reprend en italiques et verbatim les Méditations de 1929, en y ajoutant cependant des nuances anti-anglaises, de mise après 1940… Il ajoute par exemple la phrase de Jeanne, rapportée par ses compagnons : « Faut-il que le roi soit chassé du royaume et que nous devenions Anglais ? » Ce qui est neuf aussi c’est l’insistance sur le caractère politique de la mission de Jeanne : « Devant les militaires eux-mêmes, elle savait dire que la guerre était commandée par la politique et devait la servir »33. Elle savait plus que les républicains des XIXe et XXe siècles que c’est le Roi de France qui fait la synthèse du civil et du militaire. L’armée doit être « l’instrument direct de l’esprit politique »34. Et le libelle se termine sur l’assertion mémorable que « Jeanne d’Arc a pratiqué et enseigné une politique d’Action Française35 ».

Les années troubles

21La condamnation de l’Action Française par le Vatican, en 1926, créa de sérieuses difficultés au mouvement. Pour ce qui a trait à Jeanne d’Arc, l’effet de cette décision du Pape fut double. D’une part, le mouvement royaliste profita de son exclusion de l’Église catholique pour s’affirmer quasiment Jeanne d’Arc rediviva, autrement dit en se présentant comme l’innocence persécutée par les forces de l’Ordre ancien. Cet état d’esprit est magistralement illustré par l’œuvre, combien belle, de Georges Bernanos, Jeanne relapse et sainte (1929). Jeanne y est un enfant, persécuté par l’ordre des vieux, condamnée par une Église qui a oublié le Christ. Tout comme l’Action française, Jeanne est condamnée non pour son hérésie mais pour son nationalisme.

  • 36 Voir pour l’Affaire Delteil et pour l’analyse du morceau, l’étude profonde et complète de Dietmar (...)

22Cette pureté de l’enfance trahie, cette identité entre le sort de Jeanne et celui de l’Action française constituent aussi le thème de la campagne que mena l’Action française contre la Jeanne d’Arc de Joseph Delteil, publiée en 1925. Mais il n’y eut pas en l’occurrence de provocation propre au mouvement néo-monarchiste, dans la mesure où toute la critique littéraire, tout comme les universitaires aussi bien de gauche que de droite — se révolta contre cette œuvre d’inspiration surréaliste : Le Temps y vit de la « pornographie » ; Jean de Pierrefeu conclut, dans le Quotidien, que « le flux intérieur de M. Delteil est un torrent d’eau de vaisselle qui charrie des ordures ». Jacques Maritain publia une Lettre ouverte à Delteil où il lui rappela la sainteté de Jeanne36.

  • 37 Voir, pour cette période, l’utile résumé de Michel Winock, Jeanne d’Arc, op. cit., p. 717 et sq.

23L’Action française n’alla pas plus loin dans sa critique et elle ne se risqua plus guère à provoquer des échauffourées comme au temps de l’Affaire Thalamas. Pourtant, elle voulut s’y essayer quand le gouvernement fit interdire les cortèges lors des fêtes de Jeanne d’Arc en 1924, pour ne pas laisser perturber les élections de mai 1924 : l’Action française se livra à un jeu de cache-cache avec les forces de l’ordre, organisant une manifestation en plusieurs tronçons et faisant s’abriter les hommes derrières les femmes et les enfants ; les cortèges de 1925 et 1926, de la place Saint Augustin à la Place des Pyramides, furent tout simplement interdits par le gouvernement, l’Action française dut plier bagage. Lors des magnifiques fêtes de 1929, — les 500 ans de la libération d’Orléans et du Sacre-, les forces de l’ordre furent encore plus répressives envers les manifestations des camelots. Ceux-ci se retrouvèrent nombreux en prison et le « denier de l’Action française » dut être réactivé pour venir porter un secours matériel aux militants37.

  • 38 Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération (1938– 1944), Paris, 1974, Points Seuil, coll. Histoi (...)
  • 39 Cité d’après Patrick Marsh, Joan of Arc during the German occupation, in Theatre research internat (...)

24Quelle a été, enfin, la part qu´ a pu avoir la conception maurrassienne de Jeanne d’Arc dans l’idéologie du régime de Vichy ? Les relations du maurrassisme et du pétainisme sont, on le sait, multiples, denses et confuses. « Le pétainisme, a dit Jean-Pierre Azéma, c’est avant tout la convergence d’idées lointainement reçues des droites, badigeonnées de quelques ingrédients empruntés aux années trente. Ce pessimisme fondamental, ce moraliste sentencieux, cet élitisme antidémocratique, cette construction organiciste de la société, ce nationalisme défensif et relié sur lui-même ont un fondement bien réactionnaire38. » À suivre cette définition, le pétainisme serait donc du pur maurrassisme…. Mais d’autres auteurs ont fortement mis en doute le caractère fasciste de l’Action française, malgré l’exaltation de la violence, la volonté de subversion, les appels au sang. Certes, selon Philippe Machefer, les exercices paramilitaires des Camelots du Roi semblaient avoir une certaine tonalité fascisante. Mais les brochures publiés par le bureau de documentation de Vichy et évoquant Jeanne d’Arc misent sur l’archaïsme et rappellent l’injonction du maréchal à le suivre et à garder confiance dans la France éternelle. Ce qui est sans doute « maurrassien » dans le projet de Pétain, c’est l’appel à la tradition de la France. Et l’une des très rares évocations directes de Jeanne d’Arc par Pétain aurait pu être dictée par Maurras lui-même : « Pourtant elle ne connut pas le succès tout de suite. Trop d’égoïsmes l’entouraient. Trop de lâchetés, trop de scepticisme, top d’intrigues… C’est seulement après de rudes efforts qu´ on comprenait enfin la nécessité de se grouper derrière le Chef et d’abandonner les chimères de l’étranger ».39 Or si on remplaçait « chef » par « Roi », on trouverait une citation bien maurrassienne…

  • 40 Pierre Champion (éd.), Procès de condamnation de Jeanne d’Arc, 2 vol., Paris, Librairie Honoré Cha (...)

25L’action de Maurras et des maurrassiens quant à Jeanne d’Arc est donc double : d’une part le tapage plus ou moins réussi en sa faveur par cette « minorité agissante » ; d’autre part, des œuvres de taille. Si on se passe des écrits décidemment anachroniques de Maurras lui-même, restent Bernanos et les statues de Maxime Réal del Sarte. Reste aussi l’œuvre de Pierre Champion ; ce maurrassien convaincu, responsable d’une édition de grande valeur scientifique des Procès de Jeanne d’Arc dans les années 20, est également l’auteur d’écrits sur Jeanne d’Arc où l’idéologie du maurrassisme se tait, par respect pour la Pucelle40.

Notes

1 François Eudes de Mézeray, Histoire de France depuis Pharamond jusqu´ à maintenant (1643) ; pour les références exactes et l’histoire de ce livre, voir Gerd Krumeich, Jeanne d’Arc à travers l’Histoire, Paris, Albin Michel 1993, p. 31 et sq.

2 Henri Wallon, Jeanne d’Arc, 2 vol., Paris, Hachette 1860 ; 1867 (2e éd.) ; une édition de luxe, in-folio, richement illustrée et quasiment canonique pour le monde catholique parut en 1876.

3 Pour l’évêque Dupanloup et sa « propagande » pour la canonisation de Jeanne d’Arc, voir Gerd Krumeich, op. cit., p. 153 et sq.

4 Jean-Marie Mayeur, Histoire religieuse de la France, XIXe-XXe siècles, Paris, Beauchaisne, 1975 ; Harry W. Paul, The Second Ralliement, Washington 1967 ; Philippe Levillain, Albert de Mun. Catholicisme romain et catholicisme français du Syllabus au Ralliement, École Française de Rome, 1983 ; Id.., Les Droites en République, 1871-1898, in Jean-Francois Sirinelli (éd.), Histoire des droites en France, Gallimard, 1990, t. 1, p. 147 à 212.

5 Jean-Baptiste Ayroles, Jeanne d’Arc sur les autels et la régénération de la France, Paris 1885 ; Id.., La vraie Jeanne d’Arc, 4 vol., Paris, 1890-1898 ; Victor Mourot, (abbé), Pourquoi la France catholique demande à l’Église romaine la canonisation de Jeanne d’Arc, Paris 1889 ; Philippe-Hector Dunand, Histoire complète de Jeanne d’Arc, 3 vols, Paris 1898.

6 Michel Winock, « Jeanne d’Arc et les Juifs. Son mythe sous la Troisième République », in H-Histoire, 1979/3, p. 227-237.

7 Id., « Jeanne d’Arc », in Pierre Nora (éd.), Les lieux de Mémoire, t. III, vol. 3, Paris 1992, p. 675-733.

8 Ibid., p. 710 et sq.

9 Martha Hanna, Iconology and Ideology : Images of Joan of Arc in the Idiom of the Action française, 1908-1931, in French Historical Studies, 14 (1985), p. 215– 238.

10 Maurice Pujo, Les Camelots du Roi, Paris, Flammarion, 1933, p. 63, voir M. Hanna, op. cit., p. 221.

11 Ibid., p. 221 ; voir Contre les insulteurs de Jeanne d’Arc. Meeting nationaliste du 5 décembre 1904, Paris, Bureau de l’Action Française, 1904 (B.N. Ln/27.51401).

12 Alain (i.e. E.-A. Chartier), Jeanne d’Arc. Sept propos, Nîmes, 1925, notice du 17 juin 1912.

13 Voir pour l’ensemble : Gerd Krumeich, op. cit., p. 242 et sq., et la très complète mise au point par Jean-François Sirinelli, Un boursier conquérant : Amédée Thalamas, in Bulletin du Centre d’histoire de la France contemporaine, 7 (1986), p. 197-206 ; Philippe Contamine, Jeanne d’Arc dans la mémoire des droites, op. cit, p. 414 et sq.

14 Maurice Pujo, Les Camelots du Roi, op. cit., p. 61.

15 Voir Martha Hanna, op. cit., p. 221.

16 Par exemple : Le règne de Charles VII, d’après M. Henri Martin et d’après les sources contemporaines, Paris, Ed. Durand, 1856.

17 Jeanne d’Arc et sa mission d’après son dernier historien [Henri Wallon], in Revue des questions historiques, octobre 1867, p. 383-416.

18 Il n’empêche que la grande biographie de Charles VII du même auteur (6 vol., Paris 1882-91) reste encore aujourd’hui, par l’ampleur des sources présentées, un livre de référence pour la personnalité de Charles VII.

19 C’est la 53e édition qui a été ici utilisée, Paris, Calmann– Lévy, 1927.

20 Voir Gerd Krumeich, Armaments and Politics in France on the Eve of the First World War, Berg Publishers 1984, introduction.

21 Jean-Jacques Becker, 1914. Comment les Français sont entrés dans la guerre, FNSP 1977 ; voir la mise au point comparative de Jean-Jacques Becker et Gerd Krumeich, La Grande guerre. Une histoire franco-allemande, Paris, Tallandier, 2009.

22 Voir plus haut, note 5 ; voir aussi : Georges Goyau, Jeanne d’Arc devant l’opinion allemande, Paris, Perrin, 1915.

23 Voir M. Hanna, op. cit., p. 226.

24 Voir le catalogue de l’exposition de Rouen en 2003 : Jeanne d’Arc. Les tableaux de l’histoire, 1820– 1920, Réunion des musées nationaux, 2003.

25 Philippe Contamine, Jeanne d’Arc dans la Mémoire des droites, op. cit., p. 420 et sq.

26 Charles Maurras, Méditation sur la politique de Jeanne d’Arc (1929), Edition électronique réalisée par Maurras net (2006), p. 6.

27 Ibid., p. 14.

28 bid.

29 Ibid., p. 16.

30 Ibid., p. 21.

31 Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon, Paris, Flammarion, 1937 ; réédité dans : Charles Maurras, Œuvres capitales, t. 2, Paris, Flammarion 1954, p. 289 à 320.

32 Charles Maurras, La politique de Jeanne d’Arc, Editions de la Seule France (s. d., après 1940), p. 9 et sq.

33 Ibid., p. 7.

34 Ibid.

35 Ibid., p. 19.

36 Voir pour l’Affaire Delteil et pour l’analyse du morceau, l’étude profonde et complète de Dietmar Rieger, Jeanne d’Arc canonisée et non canonisée. Remarques sur la Pucelle littéraire au XXe siècle, in Cahiers d’histoire des Littératures romanes, vol. 25 (2001), p. 361-379.

37 Voir, pour cette période, l’utile résumé de Michel Winock, Jeanne d’Arc, op. cit., p. 717 et sq.

38 Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération (1938– 1944), Paris, 1974, Points Seuil, coll. Histoire, 14, 1974, p. 80.

39 Cité d’après Patrick Marsh, Joan of Arc during the German occupation, in Theatre research international, 2 (1976) p. 141.

40 Pierre Champion (éd.), Procès de condamnation de Jeanne d’Arc, 2 vol., Paris, Librairie Honoré Champion, 1920.

Auteur

Professeur d’histoire moderne et contemporaine à l’université Heinrich Heine de Düsseldorf (Allemagne), est spécialiste de l’histoire de la Première Guerre mondiale et de l’histoire de Jeanne d’Arc. Il est membre du comité directeur du Centre de Recherche de l’Historial de Péronne. On compte, parmi ses principales publications : Armaments and Politics in France on the Eve of the First World War (Leamington, 1984) ; Jeanne d’Arc à travers l’Histoire (Albin Michel, 1994) ; Jeanne d’Arc. Geschichte der Jungfrau von Orleans (Beck, 2007) ; Enzyklopädie Erster Weltkrieg (avec G. Hirschfeld, I. Renz, 2003) ; La Grande Guerre. Une histoire franco-allemande (avec Jean-Jacques Becker), Tallandier, 2008 ; Cicatrices. Paysages de guerre (avec S. Audoin-Rouzeau), Tallandier, 2008.

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