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Deux cents ans de progrès éducatifs dans la France septentrionale (1808-2008)

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Jean-François Condette

1. Ouverture

Bernard Dubreuil

Texte intégral

  • 1 Philippe MARCHAND, Jean-François CHANET et Jean-François CONDETTE (comité d’organisation), Le bacc (...)

1J’ai le plaisir de vous accueillir, aux côtés de Monsieur le Président de l’Université Lille III, pour ce séminaire consacré à l’histoire de l’académie de Lille. Ce séminaire est l’un des évènements que j’ai souhaité organiser pour commémorer le bicentenaire de la création des académies, le bicentenaire de la création des fonctions de recteurs et d’inspecteurs d’académie. Celui de l’Université impériale et du baccalauréat. D’autres manifestations sont organisées à cette occasion dans l’académie de Lille. Du 14 au 16 mai s’est tenu aux Archives départementales du Nord, le colloque international « Le baccalauréat et la certiication des études secondaires1 » organisé par l’UMR IRHiS de Lille III, le Service d’histoire de l’éducation (INRP-ENS) et le Centre Roland Mousnier de l’Université de Paris IV-Sorbonne. En octobre prochain, le Rectorat de Lille accueillera une exposition en seize tableaux retraçant l’histoire de l’académie de Lille, à laquelle je vous invite d’ores et déjà.

  • 2 Jean-François CONDETTE, Les recteurs d’académie en France de 1808 à 1940 : tome 1 : L’évolution d’ (...)

2Ce séminaire et l’exposition n’auraient pu voir le jour sans l’aide et l’apport, ô combien précieux et irremplaçables, de Jean-François Condete, maître de conférences en histoire contemporaine à l’IUFM de l’Université d’Artois, membre du Laboratoire IRHIS de Lille III. Jean-François Condete est le spécialiste de l’histoire des recteurs français (trois ouvrages dont un consacré aux recteurs de l’académie de Lille2). Qu’il en soit ici très chaleureusement remercié ! Je souhaite également remercier les conférenciers et les présidents de séance : Monsieur le recteur Claude Durand-Prinborgne, professeur honoraire de l’Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne. Il fut recteur des académies de Rennes (1970-1973), d’Orléans-Tours (1973-1976), de Nantes (1976-1978), de Lille (1981-1984) et directeur général des Enseignements scolaires au ministère de l’Éducation nationale entre 1984 et 1986 ; Monsieur René Grevet professeur d’histoire moderne à l’Université de Lille III, directeur de l’UFR des sciences historiques, politiques et artistiques ; Monsieur Marc Loison, maître de conférences en histoire et didactique de l’histoire (IUM Artois, Laboratoire Profeor de Lille III) ; Monsieur Philippe Marchand, maître de conférences (HDR) émérite à l’Université Lille III, membre du Laboratoire IRHiS. Mes remerciements s’adressent bien sûr à vous, Monsieur le Président de l’Université, qui avez l’amabilité de mettre une nouvelle fois à disposition vos locaux pour une manifestation académique.

3Je suis aussi très heureux d’accueillir pour cette commémoration mes collègues et amis recteurs qui ont exercé dans cette importante et combien attachante académie de Lille et qui me font l’immense plaisir d’honorer par leur présence ce séminaire du bicentenaire de l’académie de Lille : le recteur Claude Durand-Prinborgne (1981-1984) qui a accepté de nous faire partager ses réflexions sur l’évolution de la fonction rectorale depuis 1945 ; le recteur Claude Pair (1989-1993), le recteur André Varinard (1993-1997) et le recteur Jean-Claude Fortier (1997-2002).

4Ainsi, l’année 2008 marque le bicentenaire de la création des académies. Le 17 mars 1808, Napoléon 1er promulguait un décret par lequel il créait et organisait sous le nom d’Université impériale ce que l’on désigne aujourd’hui par « système éducatif ». À cette époque, l’enseignement était dans un état peu satisfaisant, malgré de nombreuses tentatives pour instaurer en France une organisation efficace. Le décret du 17 mars 1808 allait permettre d’y parvenir. Ce long texte de 144 articles, aboutissement de plusieurs années de réflexion, précisait les fondements contemporains du système d’Instruction publique de l’Empire, qui marque encore, sur de nombreux points, la réalité éducative actuelle.

5L’une des innovations importantes de la nouvelle organisation résidait dans la chaîne de commandement hiérarchique entre le pouvoir central, en la personne du Grand-Maître de l’Université, Louis de Fontanes, et un échelon territorial nouveau, l’académie, définie dans l’article 4 : « L’Université impériale sera composée d’autant d’académies qu’il y a de cours d’appel ». L’article 5 définit, en les hiérarchisant, les écoles appartenant à l’académie : les facultés, les lycées, les collèges et les écoles secondaires communales, les institutions et écoles tenues par des instituteurs particuliers, les pensions, les pensionnats appartenant à des maîtres particuliers, les petites écoles, écoles primaires. Pour diriger l’académie, le décret crée de nouvelles fonctions administratives, celles de « recteur d’académie sous les ordres immédiats du Grand-Maître qui le nommera pour 5 ans (renouvelable) choisi parmi les officiers des académies ». Il sera assisté par un ou deux inspecteurs particuliers (les inspecteurs d’académie), chargés par le recteur de la visite et de l’inspection des écoles de leurs arrondissements, spécialement des collèges, des institutions, des pensions et des écoles primaires.

6Si les conditions de nomination et d’exercice vont évoluer singulièrement à partir de 1854, deux idées-force exprimant la mainmise de l’État sur l’instruction et la singularité de son organisation ont traversé ces deux siècles. En premier lieu, l’affirmation péremptoire de l’organisation autonome de ce qui deviendra le système éducatif : « Il n’y a pas d’état politique fixe, s’il n’y a pas de corps enseignant avec des principes fixes » écrit en 1806 le conseiller Fourcroy. Voilà qui est dit et ne souffre pas la contradiction ! En second lieu, celle du lien indissociable entre la fonction de recteur et le territoire académique, autrement dit, l’impératif d’une irrigation de l’État central sur l’ensemble du pays. Fourcroy définit le recteur comme : « chef muni d’une autorité suffisante et de pouvoirs déterminés, qui surveillera et dirigera toute la corporation, y maintiendra la discipline et fera exécuter les règlements avec la force et la sévérité qui seules peuvent assurer les avantages et la durée du corps enseignant ». Le recteur est déjà responsable d’un service public en constitution dont il faut assurer unité et continuité. La création napoléonienne met ainsi en place une spécificité française en faisant du recteur, qui était sous l’Ancien Régime le président d’une université, un représentant direct du pouvoir central. Le recteur va alors devenir un agent majeur dans l’affirmation des prérogatives de l’État en matière d’enseignement.

7C’est à Douai, siège de la Cour d’Appel, que va résider le recteur de l’académie de l’époque. L’académie prend le nom d’académie de Douai et comporte, comme aujourd’hui, les deux départements du Nord et du Pas de Calais. Douai était depuis l’époque médiévale siège d’une université, fondée par une bulle du Pape en 1559 (le premier recteur de l’Université fut Wallerand d’Hangouard). Il s’agissait alors de créer un foyer de résistance intellectuelle à la réforme qui se développait dans les Pays Bas espagnols.

8C’est au recteur André Taranget, alors doyen de la Faculté de Lettres, tout en étant professeur de médecine, qu’incombe de mettre en place la nouvelle organisation de l’Université impériale et de créer l’académie de Douai à partir de 1809. Celle-ci comprend les départements du Nord et du Pas de Calais. Il est assisté de deux inspecteurs : Lemoine et Boinvilliers et d’un secrétaire Vauthier-Wesmaëk. L’académie est composée du lycée impérial de Douai (près des facultés), de 22 collèges et d’un certain nombre d’institutions et écoles secondaires ecclésiastiques. C’est en 1887 que les facultés de Lettres et de Droit sont transférées de Douai à Lille. Un an plus tard, sous la magistrature du recteur Henri Couat, le siège de l’académie est à son tour déplacé dans la capitale des Flandres. À cette époque, et depuis 1854, l’académie de Douai-Lille couvre cinq départements (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Ardennes et Aisne). Elle retrouvera sa configuration initiale et actuelle entre 1962 et 1964.

9Je termine ici mes propos introductifs et vous convie à suivre maintenant, guidés par les conférenciers, ce voyage dans le temps, où seront évoquées les grandes périodes de l’histoire des académies, des fonctions de recteur et de l’académie de Douai-Lille en particulier.

Notes

1 Philippe MARCHAND, Jean-François CHANET et Jean-François CONDETTE (comité d’organisation), Le baccalauréat et la certification des études secondaires : exception française ou pratique européenne ? (1808-2008), Colloque international de Lille, 14, 15 et 16 mai 2008, organisé par l’UMR 8529-IRHiS (Université de Lille 3), le Centre Roland Mousnier (Université de Paris IV-Sorbonne) et le Service d’histoire de l’éducation (INRP-ENS), Actes à paraître.

2 Jean-François CONDETTE, Les recteurs d’académie en France de 1808 à 1940 : tome 1 : L’évolution d’une fonction administrative, Lyon, INRP, 2006, 451 p. ; tome 2 : Dictionnaire biographique, Lyon, INRP, 2006, 431 p. ; Jean-François CONDETTE, Les recteurs de l’académie de Lille aux XIXe–XXe siècles, Lille, CDRP, Observatoire des études, 2001, 203 p.

Auteur

Docteur d’État ès sciences physiques, professeur à l’Université d’Orléans, vice-président de l’Université d’Orléans (1986-1992), conseiller d’établissements au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (1992-1995), directeur du Centre d’initiation à l’enseignement supérieur des Universités de la grande région Centre (1993-1996), recteur des académies de Grenoble (1996-2000), Lyon (2000-2002), Nantes (2002-2006) et Lille (depuis 2006).

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