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La fédération de l’Éducation nationale (1928-1992)

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Françoise Bosman
, 
Jean-François Chanet
, 
Laurent Frajerman
, 
et al.

Première partie : Syndicalisme enseignant et professionnalisation

Chapitre 4. L’intégration progressive de la logique fédérale : le Syndicat national de l’Enseignement technique et la FEN

Julien Veyret

Texte intégral

  • 1 Syndicat National des Instituteurs (SNI) et Syndicat National de l’Enseignement Secondaire (SNES).
  • 2 Sur les différents types de syndicats enseignants français, cf. Laurent Frajerman, L’interaction e (...)
  • 3 Catégories A (personnel de direction, enseignement général, personnel de surveillance générale), B (...)
  • 4 En 1962, pas moins de treize catégories regroupées en cinq sections sont représentées, le syndicat (...)

1Au sein de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN), dans une situation intermédiaire entre le SNI et le SNES1 d’un côté, et les « micro syndicats »2 de l’autre, le Syndicat national de l’Enseignement technique (SNET) a, de 1945 à 1966, défendu les intérêts de l’enseignement technique long et de ses membres. Troisième syndicat dans la FEN en termes d’adhérents, négligé par de nombreux chercheurs travaillant sur le syndicalisme et l’éducation, le SNET est, trop souvent, associé à l’image d’un syndicalisme corporatif, concentré uniquement sur les problèmes de son enseignement. Ce syndicat reste pourtant un cas original dans la FEN. Organisé en cinq grandes sections au niveau national3, elles-mêmes regroupant différentes catégories de personnel, le SNET est le reflet de la diversité de l’Enseignement technique long4. Si le dépouillement du Travailleur de l’Enseignement Technique, bulletin du SNET, permet de dégager les actions et grandes orientations du syndicat, l’accès à de nombreux fonds privés et le recueil de témoignages s’avèrent indispensables pour cerner avec précision la vie du syndicat dans sa globalité. La consultation des dépôts de la FEN au Centre des Archives du Monde du Travail a mis au jour l’existence d’archives syndicales inédites. Les Fonds Lavergne et Lauré permettent de saisir un peu plus précisément le lien entre la fédération, son syndicat et ses adhérents. Même si ces archives ne sont, évidemment, pas exhaustives et doivent être utilisées avec la prudence que nécessite l’investigation historique, elles suscitent plusieurs interrogations. Quel regard le syndicat porte-il sur sa fédération et quelles en sont les conséquences ? En quoi est-il révélateur des spécificités propres à l’Enseignement technique ?

2Trois grands axes, chronologiquement distincts, se dégagent : le choix de l’autonomie et ses conséquences, l’accession de Georges Lauré au secrétariat général de la FEN puis l’arrivée de Louis Astre à la tête du syndicat.

L’adhésion fédérale et ses conséquences sur la vie syndicale

  • 5 Jacques Girault, Instituteurs, professeurs…, op. cit., p. 111-114.
  • 6 Les statuts sont déposés le 16 mai 1925 à la mairie de Charleville. Cf. L’École Technique, Organe (...)
  • 7 Guy Putfin, « De l’amicalisme au syndicalisme ; la création de la Fédération Générale de l’Enseign (...)
  • 8 L’École Technique, mars 1928, no 12A. Le compte rendu du congrès ne donne pas la répartition des m (...)
  • 9 La question de l’Orientation professionnelle, rattachée à la Direction de l’Enseignement technique (...)
  • 10 Ludovic Zoretti est le fondateur de la FGE en 1928 et fut l’un des trois secrétaires jusqu’en 1939
  • 11 Sur ce point, cf. l’article de Le Mourroux dans Le Travailleur de l’Enseignement Technique (TET) d (...)

3L’association amicale des professeurs d’écoles pratiques voit le jour en 19025. La fusion progressive des différentes amicales des personnels de l’Enseignement technique long permet la constitution d’une « Grande Amicale », transformée en syndicat au congrès de 19256. Le syndicat participe à la création de la Fédération générale de l’enseignement (FGE) qui comprend 17 syndicats, selon des champs de syndicalisation délimités par le type d’enseignement donné7. Le congrès de 1928 vote favorablement pour l’adhésion à la CGT, qui se fait par l’intermédiaire de la FGE8, ouvrant ainsi le syndicat aux débats, aux courants qui traversent le syndicalisme de l’entre-deux-guerres. L’arrivée au poste de secrétaire général d’André Dubois en 1929 marque un tournant. Plus qu’une adhésion de principe à la FGE, André Dubois voit dans cet acte un moyen de défense accru de l’enseignement technique et une meilleure connaissance par les autres ordres d’enseignement de ce secteur éducatif en pleine construction. Si l’adhésion à la FGE fut sujette à discussion, jamais le syndicat ne la remit en cause par la suite. Certaines critiques se font jour au gré des tribunes libres ou motions de sections, mais ces reproches sont dus à la spécificité de l’Enseignement technique et de ses personnels. Ses membres perçoivent l’Enseignement technique comme « le parent pauvre », celui auquel les crédits sont parcimonieusement accordés, celui dont l’image est dévalorisée, au point que la plupart des élèves s’orientent vers le Technique uniquement lorsqu’ils ne réussissent pas dans les enseignements classique et moderne9. Certains syndiqués pensent que la FGE ne peut comprendre ces spécificités et donc se soucier de l’Enseignement technique. Ils ne conçoivent pas que Ludovic Zoretti10, professeur de faculté, puisse se représenter la situation de l’Enseignement technique11.

  • 12 Cf. Jacques Girault, Instituteurs, professeurs…, op. cit., et Alain Dalançon, Histoire du SNES, t. (...)
  • 13 Fédération Générale des Fonctionnaires.

4L’échec de la grève du 30 novembre 1938 met en évidence les spécificités d’un syndicalisme enseignant loin d’être acquis à la culture syndicale ouvrière. Dans l’entre-deux-guerres, les enseignants se voient avant tout comme instituteur ou comme professeur12. L’analyse des rapports du Syndicat du Personnel des Établissements Publics d’Enseignement Technique de France et des Colonies (SPET) à la FGE, la FGF13 et la CGT met en évidence un constat : les personnels de l’Enseignement technique se considèrent plus comme des travailleurs de la Fonction publique que comme de simples enseignants. Le rapport privilégié du SPET avec la Direction de l’Enseignement technique accentue l’impression, chez les syndiqués, d’être une enclave au sein du monde enseignant, prise entre les instituteurs et la corporation du Secondaire qui, au mieux, ignore l’enseignement technique.

  • 14 Cf. Vincent Troger, Histoire des centres d’apprentissage 1939-1959. Les enjeux économiques, politi (...)

5Suite à la création des centres de formation professionnelle pendant le gouvernement de Vichy14, les syndicats sont conscients à la Libération qu’ils ont intérêt à grouper tous les membres de l’Enseignement technique dans une seule et même organisation. Présenté comme le fruit d’une fusion, le Syndicat national de l’Enseignement technique, est, dans les faits, né d’une juxtaposition du SPET et du Syndicat des centres de formation professionnelle, chacun conservant ses structures et publications syndicales respectives. Lors de la scission confédérale, la Fédération de l’Éducation Nationale est amenée à choisir son orientation syndicale en 1948. La branche des centres d’apprentissage du SNET, incarnée par Charles Artus, décide de rester à la CGT en consultant seulement ses instances syndicales. La branche Écoles et Services organise un référendum et passe dans l’autonomie. La révision des statuts en 1950 entérine cette séparation entre un SNET – Professionnel et un SNET – Écoles et Services. Lorsque nous évoquerons désormais le SNET, il s’agira pour nous de ce dernier.

  • 15 Danielle Pouzache, Alain Dalançon, « Le SNET (Écoles et services) et l’autonomie », Points de repè (...)
  • 16 Les partisans du maintien dans la CGT obtiennent 38 % dans le SNI et 31,8 % dans le SNES, mais ils (...)
  • 17 Sur le SNET clandestin et son activité à la Libération, cf. les interventions de Lauré, Rabier et (...)
  • 18 TET, janvier 1948, no 30. Cette motion est également votée à l’unanimité par la CA le 3 janvier 19 (...)
  • 19 TET, Numéro spécial, avril 33, no 3.

646,9 % des syndiqués font le choix de l’autonomie, 43,4 % celui de rester à la CGT et 9,7 % de partir à la CGT-FO15. Le congrès décide le maintien du SNET dans l’autonomie et dans la FEN tout en autorisant la double affiliation. Les « cégétistes », qui dirigent le syndicat, se retrouvent minoritaires16 malgré la popularité de leurs militants. Philippe Rabier, qui a pris les rênes du syndicat en novembre 1938, a été prisonnier de guerre et est revenu en 1945 de l’Olag IV17. Pourtant, l’origine sociale des élèves, mais aussi de nombreux enseignants, dans l’Enseignement technique, motive un attachement particulier au monde ouvrier et, par prolongement, à la CGT. De plus, la structure de la consultation incite à répondre positivement aux questions, y compris à celle du maintien de l’adhésion à la CGT. Mais il était peu probable que le SNET scissionne entre partisans du maintien à la CGT et de l’autonomie. Sans minimiser les conflits internes, particulièrement marqués, qui eurent lieu en février et mars 1948, la forte cohésion des syndiqués, conscients de l’affaiblissement résultant d’un tel acte, explique les prises de positions publiques de Philippe Rabier et de Georges Lauré, porte-drapeaux respectifs des deux orientations. À la motion unanime du bureau national du 24 décembre 1947 intitulée « Restons Unis »18 succède, à la suite du congrès d’avril 1948, un éditorial cosigné : « Le SNET continue : NOUS RESTONS UNIS »19. Philippe Rabier reste secrétaire général et Georges Lauré devient secrétaire général adjoint. Ils sont tous deux permanents et une demi-permanence est allouée à Alfred Capliez, secrétaire de la section B et « cégétiste ». La liste « autonome », majoritaire, n’a donc qu’un permanent contre un et demi pour la liste minoritaire !

7Cette direction commune entre autonomes majoritaires, et cégétistes minoritaires, illustre l’homogénéité des adhérents. Pour la défense de l’Enseignement technique long et de ses personnels, ils désirent disposer d’une organisation corporative forte, cohérente, sans exclusive, qui puisse peser de tout son poids face à l’administration et au pouvoir politique. À ce titre, les syndiqués sont convaincus qu’appartenir à cette fédération reste une nécessité pour la défense corporative, pédagogique, mais aussi pour l’ensemble des travailleurs. Le SNET cherche à faire évoluer cet outil revendicatif qu’il considère, dans ses structures, peu démocratique.

Le refus de l’homogénéité des exécutifs

  • 20 L’Enseignement Public, septembre-octobre 1949, no 1.
  • 21 Guy Brucy « Instituteurs et professeurs : deux cultures syndicales dans la FEN. L’exemple du CAU ( (...)

8Au congrès fédéral de 1949, le principe de l’homogénéité des exécutifs l’emporte d’une courte majorité. Georges Lauré rappelle son attachement à l’autonomie mais « croit devoir rappeler que les représentants et les adhérents du SNET ont reçu pour mandat […] de combattre la doctrine dite d’homogénéité, au nom de la démocratie syndicale »20. Georges Lauré est désormais secrétaire général du syndicat mais Philippe Rabier reste secrétaire général adjoint. Le syndicat se veut un exemple de démocratie syndicale et démontre, par son action, que les adhérents ne réclament pas l’homogénéité des exécutifs et que chaque tendance peut être associée aux responsabilités, sans nuire à l’efficacité. Il en veut pour preuve la forte cohésion du personnel, regroupé derrière une organisation où tous, à tous les niveaux, sont associés dans l’action syndicale. En 1953, Georges Lauré déplore que le vote sur le rapport d’activité fédérale soit dicté par l’appartenance aux tendances majoritaires ou minoritaires et affirme que l’« on peut être autonome et voter contre le rapport d’activité ». Cet argumentaire se situe dans un contexte d’affrontement entre le SNET et le SNI, à propos de l’action du Comité d’Action Universitaire, qui réunit le monde du secondaire en dehors de la FEN21.

  • 22 En 1954, 15 sections FEN ont à leur tête des militants de l’Enseignement technique long. TET, févr (...)
  • 23 CAMT, 1 BB 14, dossier 2.
  • 24 Laurent Frajerman, « Comment défendre la laïcité scolaire à la Libération ? Les tensions de la FEN (...)

9Dans une FEN en construction, le SNET pousse ses adhérents à s’investir dans la fédération22, tout en affirmant son originalité. Le 21 mai 1953, Georges Lauré, dans une lettre adressée à Adrien Lavergne, lui signale qu’il est mandaté « pour demander fermement à la Fédération de rechercher des liaisons avec les organisations de fonctionnaires en essayant d’en finir avec toutes les exclusives ; s’il n’est pas possible, cette fois encore, de vaincre la réserve de FO, mon BN estime avec moi que la FEN doit donner l’exemple en acceptant sans réticences des contacts avec la CFTC »23. Les passages soulignés par Georges Lauré affichent la ferme volonté du SNET de voir se réaliser l’union des forces syndicales, en s’adressant aussi à la CFTC, écartée par le SNI pour des raisons laïques24.

  • 25 CAMT, Fonds FEN, 1BB 15 dossier 3, 1 BB 17, 1 BB 20.

10Les rapports des sections départementales de la FEN lors des différentes grèves mettent en lumière la cohésion du SNET. Le personnel de l’Enseignement technique se mobilise nettement plus que celui des enseignements classique et moderne et tout autant que les instituteurs, parfois plus, entre 85 et 100 % selon les départements25. Il serait aventureux d’affirmer que l’investissement syndical, le respect des consignes nationales et la forte mobilisation des militants du SNET sont dus à la représentation des différentes tendances au secrétariat national. On retrouve les mêmes caractéristiques tout au long de l’existence du syndicat. Elles tiennent davantage à la volonté des différentes catégories de personnel de l’enseignement technique long de disposer d’une organisation corporative puissante afin de les défendre efficacement. L’appartenance à la FEN leur apparaît nécessaire, sinon évidente, dans ce but.

  • 26 TET, février 1956, no 99 et mars 1957, no 109.

11Le SNET souhaite ainsi une meilleure répartition des sièges dans les instances fédérales. S’il reconnaît que le SNI ne peut être représenté proportionnellement à son nombre d’adhérents, ce qui lui donnerait une majorité écrasante, il regrette que la représentation du SNES soit disproportionnée avec, en 1955-1956, cinq sièges à la Commission administrative et trois au Bureau pour 20 000 adhérents contre, respectivement, deux et un sièges pour le SNET et ses 10 000 syndiqués26. Cette représentation relativement faible n’empêche pas, lors du congrès fédéral de novembre 1956, G. Lauré d’accéder au secrétariat général de la fédération.

Le SNET et l’équilibre interne de la FEN

  • 27 TET, avril 1956, no 101.
  • 28 TET, juin 1956, no 103.
  • 29 Cette hypothèse est privilégiée par le successeur de Georges Lauré à la tête du SNET, Bernard Roul (...)

12Avec l’accession de Georges Lauré au secrétariat de la FEN, le partage des responsabilités dans l’exécutif, entre militants de tendances différentes n’est plus d’actualité. La commission administrative du SNET avait choisi quelques mois plus tôt, lors de la réunion d’après congrès, de voter par vingt voix contre dix l’homogénéité du secrétariat national. Une décision motivée « pour mettre fin à une confusion savamment entretenue […] à la suite de concessions dangereuses consenties aux cégétistes »27 et par l’ambiance délétère : « incontestablement, nous savions que le secrétariat n’avait jamais été une équipe solidaire et sans fissure »28. Cette décision, prise par l’ensemble des autonomes sans qu’il soit possible de rendre compte des débats, met en exergue un certain nombre de contradictions et conflits internes au secrétariat, où la coexistence semble difficile, les tensions étant exacerbées par l’intervention soviétique en Hongrie. On ne peut qu’être frappé par le rapprochement chronologique de cette disposition et l’accès au secrétariat fédéral de Georges Lauré. Était-il difficile d’accéder à la plus haute responsabilité fédérale en appartenant à un syndicat où l’hétérogénéité était en vigueur29 ? Une telle pratique lui apparaissait-elle trop contraignante pour son successeur ?

  • 30 Entretien avec Bernard Roulet le 25 avril 2005.
  • 31 Ibid.
  • 32 EP, janvier 1955, no 4.
  • 33 TET, février 1958, no 117.
  • 34 Les anciens partisans de la CGT sont réunis depuis 1955 sous le sigle UASE (Unité pour une Action (...)
  • 35 CAMT, Fonds FEN, 2 BB 46, dossier 2.
  • 36 Lettre conservée par Bernard Roulet, consultée le 25 avril 2005.
  • 37 Entretien avec Bernard Roulet le 25 avril 2005.
  • 38 CAMT, Fonds FEN, 3 BB 78, dossier 2.

13Paradoxalement, son arrivée à la tête de la FEN coïncide avec une période où les relations entre la direction du SNET et la fédération se refroidissent nettement. Georges Lauré demanda, dans un premier temps, à Jean Réveillet d’assurer la charge de secrétaire général par intérim. Ce dernier, nommé directeur d’études à l’École normale supérieure de l’Enseignement technique, n’avait ni le temps, ni l’envie, de prendre en charge cette lourde responsabilité30. C’est donc Bernard Roulet, membre du secrétariat depuis un an, « faute de candidat »31, qui devient secrétaire général au congrès de 1957. À la critique de l’homogénéité du secrétariat fédéral se substitue une réprobation de l’action du SNI dans la FEN. Cette appréciation n’est pas nouvelle. Déjà, lors du congrès de 1955, Georges Lauré reprochait publiquement à l’action fédérale d’avoir été, durant l’année écoulée, « fortement influencée par la thèse du SNI »32. Bernard Roulet réaffirme cette position dans le rapport moral du SNET de 1958, adopté à l’unanimité du bureau national33. Là encore, il ne s’agit en aucun cas de remettre en cause l’affiliation fédérale ou de déjuger l’action de Georges Lauré, mais la direction du SNET autonome, soutenue par les dirigeants UASE34, ne manque pas de dénoncer, parfois avec virulence, l’influence prépondérante du SNI qu’elle voit comme une entrave au bon fonctionnement de la fédération35. L’attitude du SNI, lors du reclassement de 1961, acheva d’exaspérer Bernard Roulet. Ce dernier, constatant la visite personnelle de Denis Forestier au Ministère des Finances, sans le secrétaire général de la FEN, présente dans une lettre adressée à Georges Lauré sa démission du bureau fédéral36. Ce dernier lui enjoignant de rester, Bernard Roulet demeure finalement, par « fidélité », au bureau fédéral, conscient des efforts de Georges Lauré pour obtenir un reclassement satisfaisant pour les certifiés et, surtout, l’obtention de l’échelle indiciaire 245-475 pour les professeurs techniques adjoints qui, « sans Lauré, n’aurait pas été possible »37. Le secrétaire général de la FEN soutient les revendications corporatives et pédagogiques du SNET lors des réunions du Bureau fédéral, souvent en position intermédiaire entre celles du SNES et du SNI. Mais il semble, au regard de certaines lettres38 et témoignages, qu’il soit lassé de l’attitude systématiquement hostile du SNET face au comportement, jugé hégémonique, du SNI.

  • 39 Après une opération de la thyroïde en 1959, une convalescence trop courte, aggravée par le militan (...)
  • 40 TET, novembre 1961, no 156.
  • 41 Cf. Laurent Frajerman, L’interaction entre la FEN et sa principale minorité…, op. cit., p. 389-390

14Bernard Roulet démissionne le 22 juin 1961 pour « raison de santé »39, à la surprise des dirigeants UASE, Étienne Camy-Peyret supposant « qu’à l’intérieur de la FEN, le SNET et son secrétaire général ne sont plus personae grata »40. Cet épisode est symptomatique du comportement des syndiqués du SNET à l’égard de la FEN. S’ils sont conscients des enjeux de l’orientation fédérale sur les questions nationales et internationales, la FEN n’en reste pas moins à leurs yeux l’organisation où une synthèse des positions de l’ensemble des syndicats enseignants est possible. Face aux conflits latents qui minent les relations entre le SNES et le SNI, le SNET s’efforce de préserver l’intérêt de ses adhérents sans pour autant nier ceux des autres syndicats41. Cette position d’arbitre, qui reste théorique, illustre bien la situation dans laquelle est placé l’enseignement technique au sein de l’Université française, tiraillé entre primaire et secondaire. L’arrivée de L. Astre au poste de secrétaire général modifie radicalement l’attitude de la direction syndicale vis-à-vis de la FEN.

Louis Astre : un nouveau rapport du SNET à la FEN42

  • 42 Témoignage de Louis Astre dans les Cahiers du Centre Henri Aigueperse, no 35, complété par l’intér (...)
  • 43 Biographie de Louis Astre par Jacques Girault in Claude Pennetier (dir.), Dictionnaire biographiqu (...)

15Louis Astre adhère en 1945 au SNES. Délégué national des maîtres d’internat au bureau national de 1949 à 1953, il est également, de 1949 à 1954, membre de la commission administrative nationale de la FEN. Secrétaire de la commission fédérale de la jeunesse, il est dès ses débuts, fortement imprégné d’esprit fédéral. Nommé professeur à Caen, il milite dans la minorité du Parti socialiste SFIO qui rompt en 1958 avec la politique algérienne de Guy Mollet pour créer le Parti socialiste autonome. En 1959, sur la pression de Georges Lauré, il entre au secrétariat national du SNET43. Louis Astre entend insérer la défense des personnels dans une stratégie globale, tant pour les revendications corporatives que pour la réforme démocratique du système éducatif qui, pour être au service des enfants du peuple, doit assurer la promotion à tous les niveaux des enseignements techniques et professionnels. Il inscrit l’action du SNET dans la perspective des actions d’ensemble des travailleurs.

  • 44 Entretien avec Louis Astre, le 16 janvier 2006.
  • 45 Entretiens avec François Blanchard et André Dellinger, dirigeants minoritaires.
  • 46 L’arrivée de Louis Astre s’accompagne d’un renouvellement du secrétariat national avec l’entrée de (...)

16Dans cette optique, le cadre fédéral est déterminant. Qu’il s’agisse d’en tirer un appui ou d’en combattre les dérives, il importe que le SNET soit reconnu dans la FEN comme un partenaire majeur. Les rapports entre le SNET et sa fédération s’améliorent nettement au plan humain, du fait de « l’absolue confiance entre Louis Astre et Georges Lauré »44 et de ses liens amicaux avec les responsables du SNI et du CNAL, avec lesquels il se trouve en profonde convergence de vues. En revanche, au sujet de la vie fédérale, de sa politique et de ses structures, le résultat paraît plus contrasté : le SNET alterne actives coopérations et vrais conflits. Le regard du syndicat sur la FEN est davantage politique. Que ce soit dans ses rapports d’activité ou lors des congrès fédéraux, Louis Astre soutient l’action de la fédération. Le rapport entre tendances évolue nettement : le nouveau secrétaire général affirme clairement l’orientation majoritaire, tout en pratiquant une réelle coopération entre tous les membres du bureau afin d’assurer une vraie responsabilité collective45. Sous l’impulsion d’une nouvelle direction autonome46, la coopération du SNET et de la FEN se renforce dans de nombreux domaines.

Une coopération SNET-FEN renforcée

  • 47 TET, janvier 1962, no 58. Compte rendu de la CA du 22 novembre 1961.
  • 48 Sur ce point, cf. Julien Veyret, « La grève de 1962 des professeurs techniques adjoints, symbole d (...)

17Le SNET s’investit pleinement dans les campagnes laïques de la FEN et du CNAL. De plus, Louis Astre s’emploie à l’implantation dans le Technique de la Fédération des conseils de parents d’élèves, très active sur le plan laïque et soutenue par la FEN, concurrente depuis Pâques 1960 de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves de l’Enseignement public (Second degré et technique) présidée par R. Demaret, plus conservatrice47. En promouvant la FCPE, la direction syndicale ancre encore un peu plus l’enseignement technique dans la FEN. Sur le plan corporatif, Lauré continue d’apporter un complet soutien aux revendications particulières du Technique, par exemple, pour l’application du reclassement de 196148.

  • 49 TET, 8 octobre 1962, supplément au no 165.

18L’attachement particulièrement fort qui lie le secrétaire général du SNET à la FEN se double dans les années 1960 d’actions remarquées du SNET, étoffant son crédit dans la fédération. Lorsque le gouvernement, en 1962, ne tient pas sa promesse de revaloriser les professeurs techniques adjoints, ce n’est pas seulement la catégorie la plus technologique de cet enseignement qu’il offense, mais l’enseignement technique en entier. Plus de 90 % des personnels du Technique, de l’agrégé à l’intendant, se mettent en grève pour la catégorie enseignante la moins reconnue49. Ce succès permet l’année suivante d’envisager une action similaire pour les personnels d’orientation scolaire et professionnelle, rattachés dès 1938 à la direction de l’Enseignement technique, mais le ministère des finances désamorce la crise. La capacité du syndicat à mobiliser la quasi-totalité de ses adhérents pour les catégories les plus défavorisées reste un cas totalement original dans l’histoire du syndicalisme enseignant.

19En 1964, le syndicat refuse de faire siéger ses représentants au Conseil de l’Enseignement Technique, et publie, malgré l’interdit du ministère, des projets de programmes de la Réforme Fouchet afin de les faire étudier au préalable par la totalité des personnels de l’Enseignement Technique long. Le SNET synthétise les amendements des sections, tous acceptés par le Conseil de l’Enseignement Technique. Cette prise de responsabilité, possible pour un syndicat fort d’une exceptionnelle représentativité, bénéficie du soutien discret de l’administration, certains inspecteurs généraux profitant de l’occasion pour affirmer leur adhésion.

20Cette représentativité va autoriser le syndicat à entreprendre, quelquefois contre l’avis de la FEN et du SNI, des initiatives majeures au sujet de la décolonisation en Algérie, des luttes d’ensemble des travailleurs et enfin de la réforme des structures de la FEN.

Le volontarisme du SNET

  • 50 Guy Brucy, Histoire de la FEN, op. cit., chap. « Quand la FEN s’impose au SNI ».

21Dès 1961, avec la lutte contre le colonialisme et la paix en Algérie, se manifeste le caractère nouveau et contrasté du rapport du SNET à la FEN et au SNI. Guy Brucy montre comment le secrétaire général du SNET, nouveau membre du bureau fédéral et rapporteur de la commission spéciale sur l’Algérie, rallie une très large majorité du Congrès fédéral de novembre 196150, sur une motion en faveur de l’indépendance ; puis comment, en séance du congrès, face aux réticences de certains autonomes relayées par le secrétaire général du SNI, Denis Forestier, il s’obstine et réussit à la faire adopter. Situation inédite dans la FEN.

  • 51 L’Université syndicaliste, 19 avril 1966, no 1.
  • 52 CAMT, 3 BB.

22L’unité d’action avec la CGT et la CFDT suscite une autre divergence avec la direction fédérale. Georges Lauré et Louis Astre y sont favorables mais minoritaires. En vue du 1er mai 1966, le congrès de fusion du SNET et du SNES, à Pâques, réclame publiquement l’abandon par la FEN de son exclusive contre la CFDT51. Le premier Mai se fêtera en commun. La pression du SNET sur le bureau fédéral franchit une étape supplémentaire quand, en janvier 1967, renforcé par la fusion avec le SNES, il impose l’accord pour la grève et la manifestation commune FEN – CGT – CFDT du 1er février. Les circulaires de la FEN et le rapport d’activité du nouveau SNES éclairent la tension interne qui conduit à cette action inter-confédérale de la FEN52.

  • 53 L’Université syndicaliste, 21 septembre 1966, no 6.

23La démission de Lauré devant la commission administrative de septembre 1966 illustre à la fois la crise de la direction fédérale et la solidarité du SNET. Louis Astre, dans l’éditorial de l’Université Syndicaliste, intitulé « Le Nouveau SNES et la FEN »53, justifie cette solidarité, en même temps qu’il expose les raisons d’être de la fusion du SNET et du SNES.

La création du nouveau SNES : un triple objectif

  • 54 Mise en place, en 1963, d’une commission de l’Enseignement Technique où siège le SNET, le Syndicat (...)

24Relancée après 1961 et conduite à son terme par les dirigeants du SNET malgré les perturbations au SNES, la fusion entend bouleverser les structures, l’équilibre interne et le rôle de la FEN, dans un triple objectif. Conséquence de la réforme administrative qui met fin aux trois grandes directions (primaire, secondaire, technique), la fusion est accélérée afin de rationaliser les structures syndicales du Second degré. Le but essentiel est cependant d’agir efficacement pour la promotion de l’Enseignement technique et la démocratisation des enseignements à ce niveau du service public. Dans cette optique commence un dialogue entre les quatre syndicats d’enseignement technique54. D’autre part, bâtir face au SNI un puissant syndicat du second degré, vise à instaurer dans la FEN un réel équilibre interne lui permettant d’assumer le vrai rôle de synthèse qui doit être le sien. Ainsi, la création du nouveau SNES doit permettre à ses promoteurs d’influencer réellement la stratégie de la FEN sur tous les grands terrains d’action du mouvement syndical.

Conclusion

  • 55 Lors d’une enquête réalisée auprès des anciens élèves de l’ENSET auxquels nous demandions quels dé (...)

25Le SNET représente dans l’histoire du syndicalisme enseignant en France un cas à part, où la diversité des intérêts catégoriels n’empêche pas la cohésion globale de ses membres et pour lequel l’Enseignement technique doit être reconnu par la Nation comme un facteur primordial pour l’avenir de la jeunesse. L’hégémonie du syndicat dans l’Enseignement technique et le rapport étroit de ses membres à l’organisation syndicale ont pu apparaître à certains comme un corporatisme exacerbé. Il n’en est rien55.

  • 56 Il existe, dans les Fonds FEN du CAMT, de rares lettres, voire motions issues de militants ou S1 d (...)

26Jamais, dans l’histoire du syndicat, les personnels de l’enseignement technique long n’ont remis en cause leur appartenance à la FGE puis à la FEN56. L’affiliation fédérale, pour ces militants, permet une meilleure connaissance de l’Enseignement technique par les autres ordres enseignants, facilite un dialogue malgré la tendance de trop d’enseignants du Secondaire à l’ignorer, parfois avec mépris, souvent avec condescendance, et à sous-estimer son intérêt. Si les instituteurs sont, idéologiquement, plus favorables au Technique, ils semblent mal apprécier la teneur de cet enseignement. La présence de G. Lauré au secrétariat fédéral a sensiblement renforcé l’audience du SNET dans la FEN, principalement pour la défense des intérêts des personnels. Face à un enseignement en pleine évolution, il ne pouvait guère influencer la politique du syndicat en matière de réforme des contenus et de la pédagogie de l’Enseignement technique long. La personnalité des acteurs ne peut être négligée et, dans une FEN dont ils perçoivent les déséquilibres et tensions internes, la ténacité avec laquelle les responsables du SNET défendent les décisions du syndicat est un élément déterminant.

27La fusion du SNET et du SNES en 1966 marque un tournant. La naissance du nouveau SNES bouleverse l’équilibre interne de la FEN. On conçoit qu’un tel bousculement du rapport du SNET à la FEN ait provoqué de fortes réticences du SNI. De fait, durant la première année, les dirigeants du nouveau SNES ont pu marquer de plusieurs empreintes significatives la vie et la politique fédérales. Mais la conquête du syndicat par Unité et Action a arrêté cette expérience et métamorphosé la FEN.

Notes

1 Syndicat National des Instituteurs (SNI) et Syndicat National de l’Enseignement Secondaire (SNES).

2 Sur les différents types de syndicats enseignants français, cf. Laurent Frajerman, L’interaction entre la Fédération de l’Éducation Nationale et sa principale minorité…, op. cit., p. 670-678.

3 Catégories A (personnel de direction, enseignement général, personnel de surveillance générale), B (personnel des ateliers), C (agents économiques), D (personnel de l’orientation professionnelle), E (inspecteurs principaux).

4 En 1962, pas moins de treize catégories regroupées en cinq sections sont représentées, le syndicat comptant autour de 14 000 adhérents soit la quasi-totalité des personnels de son champ de syndicalisation. En 1963, le SNET détient 49 des 50 sièges aux commissions administratives paritaires.

5 Jacques Girault, Instituteurs, professeurs…, op. cit., p. 111-114.

6 Les statuts sont déposés le 16 mai 1925 à la mairie de Charleville. Cf. L’École Technique, Organe officiel de l’Amicale de l’Enseignement Technique : Syndicat du Personnel des Écoles Publiques d’Enseignement Technique de France et des Colonies, mai juin 1925, no 70.

7 Guy Putfin, « De l’amicalisme au syndicalisme ; la création de la Fédération Générale de l’Enseignement dans la CGT (1919-1929) », Cahiers du centre fédéral (FEN), juin 1993, p. 87-154.

8 L’École Technique, mars 1928, no 12A. Le compte rendu du congrès ne donne pas la répartition des mandats sur ce vote.

9 La question de l’Orientation professionnelle, rattachée à la Direction de l’Enseignement technique, se pose avec une acuité particulière au SNET, dont la section D, créée en 1946, regroupe les personnels des centres d’orientation professionnelle. Tous sont convaincus qu’une meilleure orientation, intervenant plus tardivement dans la scolarité, permettrait à l’Enseignement technique de recruter de bons éléments, orientés classiquement vers le secondaire.

10 Ludovic Zoretti est le fondateur de la FGE en 1928 et fut l’un des trois secrétaires jusqu’en 1939.

11 Sur ce point, cf. l’article de Le Mourroux dans Le Travailleur de l’Enseignement Technique (TET) d’avril 1937 accusant Zoretti d’être « un détracteur systématique de l’Enseignement technique » ou encore la motion du S1 de Charleville dans le TET de novembre 1937, no 14.

12 Cf. Jacques Girault, Instituteurs, professeurs…, op. cit., et Alain Dalançon, Histoire du SNES, t. 1, op. cit.

13 Fédération Générale des Fonctionnaires.

14 Cf. Vincent Troger, Histoire des centres d’apprentissage 1939-1959. Les enjeux économiques, politiques et culturels de la constitution de l’enseignement technique court, thèse, François Caron (dir.), université de Paris IV, 1990, p. 30.

15 Danielle Pouzache, Alain Dalançon, « Le SNET (Écoles et services) et l’autonomie », Points de repères, bulletin de l’IRHSES, no 22, p. 18-27.

16 Les partisans du maintien dans la CGT obtiennent 38 % dans le SNI et 31,8 % dans le SNES, mais ils ne dirigeaient pas ces organisations.

17 Sur le SNET clandestin et son activité à la Libération, cf. les interventions de Lauré, Rabier et Cartailler au congrès de 1966, Fonds L. Astre. Cf. également Alain Dalançon, Histoire du SNES, op. cit., p. 70-72.

18 TET, janvier 1948, no 30. Cette motion est également votée à l’unanimité par la CA le 3 janvier 1948.

19 TET, Numéro spécial, avril 33, no 3.

20 L’Enseignement Public, septembre-octobre 1949, no 1.

21 Guy Brucy « Instituteurs et professeurs : deux cultures syndicales dans la FEN. L’exemple du CAU (1951-1952) » in Bruno Poucet (dir.), Visages du mouvement enseignant au XXe siècle. Syndicats et associations, Villeneuve d’Ascq, Revue du Nord hors série, no 20, 2005.

22 En 1954, 15 sections FEN ont à leur tête des militants de l’Enseignement technique long. TET, février 1954, no 83.

23 CAMT, 1 BB 14, dossier 2.

24 Laurent Frajerman, « Comment défendre la laïcité scolaire à la Libération ? Les tensions de la FEN » in Patrick Weil (dir.), Politiques de la laïcité au XX° siècle, Paris, PUF, 2007, p. 463-480.

25 CAMT, Fonds FEN, 1BB 15 dossier 3, 1 BB 17, 1 BB 20.

26 TET, février 1956, no 99 et mars 1957, no 109.

27 TET, avril 1956, no 101.

28 TET, juin 1956, no 103.

29 Cette hypothèse est privilégiée par le successeur de Georges Lauré à la tête du SNET, Bernard Roulet.

30 Entretien avec Bernard Roulet le 25 avril 2005.

31 Ibid.

32 EP, janvier 1955, no 4.

33 TET, février 1958, no 117.

34 Les anciens partisans de la CGT sont réunis depuis 1955 sous le sigle UASE (Unité pour une Action Syndicale Efficace) succédant au sigle UA (Unité Action) choisi en 1951.

35 CAMT, Fonds FEN, 2 BB 46, dossier 2.

36 Lettre conservée par Bernard Roulet, consultée le 25 avril 2005.

37 Entretien avec Bernard Roulet le 25 avril 2005.

38 CAMT, Fonds FEN, 3 BB 78, dossier 2.

39 Après une opération de la thyroïde en 1959, une convalescence trop courte, aggravée par le militantisme intensif que nécessita le reclassement de 1961, l’avait affaibli.

40 TET, novembre 1961, no 156.

41 Cf. Laurent Frajerman, L’interaction entre la FEN et sa principale minorité…, op. cit., p. 389-390.

42 Témoignage de Louis Astre dans les Cahiers du Centre Henri Aigueperse, no 35, complété par l’intéressé au cours de divers entretiens.

43 Biographie de Louis Astre par Jacques Girault in Claude Pennetier (dir.), Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, de 1940 à mai 1968, Paris, Éd. de l’Atelier, 2006, t. I.

44 Entretien avec Louis Astre, le 16 janvier 2006.

45 Entretiens avec François Blanchard et André Dellinger, dirigeants minoritaires.

46 L’arrivée de Louis Astre s’accompagne d’un renouvellement du secrétariat national avec l’entrée de Pélisset, Sauvreneau et Siciliano.

47 TET, janvier 1962, no 58. Compte rendu de la CA du 22 novembre 1961.

48 Sur ce point, cf. Julien Veyret, « La grève de 1962 des professeurs techniques adjoints, symbole de la cohésion professionnelle du SNET », Carrefours de l’éducation, janvier-juin 2005, no 19, p. 19-31.

49 TET, 8 octobre 1962, supplément au no 165.

50 Guy Brucy, Histoire de la FEN, op. cit., chap. « Quand la FEN s’impose au SNI ».

51 L’Université syndicaliste, 19 avril 1966, no 1.

52 CAMT, 3 BB.

53 L’Université syndicaliste, 21 septembre 1966, no 6.

54 Mise en place, en 1963, d’une commission de l’Enseignement Technique où siège le SNET, le Syndicat National de l’Enseignement Technique et de l’Apprentissage Autonome (SNETAA), le Syndicat National de l’Enseignement Technique Agricole Public (SNETAP) et le Syndicat de l’Enseignement de la Région Parisienne (SERP).

55 Lors d’une enquête réalisée auprès des anciens élèves de l’ENSET auxquels nous demandions quels débats importants dans le SNET ils avaient gardés en mémoire, le thème des guerres coloniales arrive largement en tête. Puis viennent la question laïque, la conception et conduite de l’action syndicale, les conflits de tendances et la promotion de l’ET.

56 Il existe, dans les Fonds FEN du CAMT, de rares lettres, voire motions issues de militants ou S1 du SNET envoyées à Georges Lauré et s’interrogeant sur l’utilité d’appartenir à la FEN. On ne saurait généraliser en un hypothétique courant anti-fédéral ces quelques positions très minoritaires, rédigées en réaction à des actions précises.

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