Perceptibilité/Lisibilité, à propos de L’homme à la caméra, de Dziga Vertov

1Nous avons vu que le cinéma de David Lynch, sans renoncer à une forme partielle de narration, s’en émancipait en usant de la dimension temporelle du déploiement filmique comme d’une mise en œuvre de métamorphoses des êtres et des apparences. À une stricte logique de progression narrative, s’y substitue une logique d’avènement de présences ou de formes qui s’autonomisent par rapport à leur existence mondaine. Nous avons constaté la réticence du cinéaste à penser ses propres films en terme de récit, à la faveur d’une conception du cinéma comme langage. Il reste à questionner ce qu’il faut entendre par là.

2En effet, l’animation d’objets dans le cadre, la durée des plans, leur ordonnancement, peuvent être compris et analysés de deux manières antagonistes : soit on considère que l’organisation de la composition du cadre et l’ordre de succession des plans sont analogiques d’une syntaxe, et qu’il est ainsi possible de lire un film sur le modèle d’un discours. Soit, en partant du même