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Le secret au cœur de nos sociétés

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Jean-Paul Delahaye

I. Secrets techniques

Secret et évolution des techniques : quelques réflexions sur la période préindustrielle

Philippe Bernardi

Résumé

La recette est en premier lieu ce qui est reçu, transmis, mais elle désigne également le secret de fabrication qui s’avère alors réservé à certaines personnes s’arrogeant les droits exclusifs de certaines innovations. La présente contribution revient sur cette ambiguïté et sur les rapports qui ont pu exister aux époques médiévales et modernes entre le secret, l’invention et l’innovation technique. C’est à travers la relecture de divers documents (actes notariés, règlements professionnels ou traités techniques) qu’il est proposé d’aborder tour à tour le lien entre secret et invention, la nature du secret de fabrication, les raisons du « silence jaloux » qui peut entourer ce dernier et la question de sa diffusion.

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Extrait du texte

Dans son Essai de Dictionnaire universel, publié en 1685, Antoine Furetière1 définit de manière générale le secret comme « ce qu’on tient caché, qu’on ne veut pas descouvrir pour quelques causes particulières », il ajoute ensuite que « secret se dit aussi de plusieurs connoissances soit dans les arts, soit dans la nature, qu’on se réserve en particulier, ou qu’on communique à peu de personnes ». Ces définitions furent reprises quelques années plus tard dans le Dictionnaire dit de Trévoux, dont l’édition de 1771 précise que « secret, dans les sciences & dans les arts, désigne un moyen connu de peu de personnes pour faire de certaines choses, pour produire de certains effets. C’est en ce sens qu’on dit les secrets de la chimie. Secret pour teindre le verre en toutes sortes de couleurs. […] »2. Aux côtés du sens commun de « ce que l’on tient caché », le mot « secret » connaît un sens particulier, spécifique aux métiers ou aux techniques, et que nous connaissons sous l’appellation de « ...

Auteur

Directeur de recherche au CNRS (LaMOP, UMR 8589, CNRS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

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