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Professionnalisation(s) et État

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Flora Bajard
, 
Bérénice Crunel
, 
Caroline Frau
, 
et al.

Première partie. L’État et son action sur les groupes professionnels

Chapitre 2 : Les intermédiaires de l’agriculture biologique. Retour sur la création d’un marché du travail d’encadrement en agriculture

Frédéric Nicolas

Résumé

Dans ce chapitre, Frédéric Nicolas fait la sociogenèse d’un marché du travail spécifique : celui de l’encadrement de l’agriculture biologique. La construction de ce marché du travail est saisie à travers l’analyse de deux processus – professionnalisation agricole et institutionnalisation de l’agriculture biologique – au centre desquels se trouvent l’État et la profession agricole. À rebours des analyses qui voient dans l’agriculture biologique une rupture vis-à-vis du modèle d’agriculture professionnelle hérité de la période de « modernisation agricole », cette contribution vise avant tout à montrer que la reconnaissance de l’agriculture biologique et l’émergence d’un espace d’encadrement des agriculteurs biologiques ne remettent pas fondamentalement en question la cogestion des questions agricoles entre l’État et la profession, ni ne débouchent sur l’émergence d’une profession et d’un encadrement agrobiologique autonomes. Ainsi, l’analyse du recrutement social des agents encadrant les agriculteurs biologiques et l’analyse de la division du travail d’encadrement sur le terrain permettent d’isoler les mécanismes par lesquels se reproduit, à travers l’agriculture biologique, un ordre social et professionnel hérité de la « modernisation agricole ».

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Extrait du texte

La multiplication des controverses entourant les agriculteurs biologiques lorsqu’ils sont confrontés à l’obligation de traiter « chimiquement » leur élevage ou leurs cultures permet de rappeler l’extrême diversité des pratiques agricoles en même temps que l’étendue et l’efficacité des dispositifs de rappel à la norme des organisations professionnelles agricoles1. Elles permettent également de souligner, s’il en était besoin, que l’agriculture biologique (AB) ne flotte pas dans l’air. En effet, elle n’échappe pas à l’action de la profession, c’est-à-dire au pouvoir de l’ensemble des organisations représentatives agricoles qui se sont imposées auprès de l’État et des agriculteurs comme principales interlocutrices dans la définition et la diffusion des politiques agricoles. Dans le cas de ces controverses, le détour par les arènes juridique et médiatique ne fait que donner plus d’acuité à un contrôle qui s’exerce « normalement » à bas bruit, à travers l’action de l’encadrement agricole...

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