1 Texte intégral des négociations d’Arc-et-Senans, septième séance, 17 septembre 1973, deuxième session, p. 14 [fonds d’archives PALENTE].
2 Cette position se manifeste notamment dans le petit texte figurant sur le bulletin de vote distribué aux travailleurs par la section CGT, le 12 octobre : « J’estime que, dans la situation présente, il serait irresponsable de compromettre cet acquis qui se traduirait par la fermeture de l’entreprise. En conséquence, je me prononce pour la reprise de l’activité de l’entreprise dans les conditions obtenues, avec la volonté de conserver intacte notre combattivité afin de préserver les résultats de notre lutte et s’imposer l’application et l’élargissement des garanties obtenues ». Extrait de Lip Unité, no 12, 23 octobre 1973 [fonds d’archives PALENTE].
3 Henry Giraud commente ainsi le vote du 12 octobre, qu’il assimile à une manipulation pure et simple des travailleurs par les activistes les plus radicaux, dans l’ouvrage qu’il consacre à son intervention dans l’affaire Lip : « « Le peuple s’est prononcé », oui, mais à quel moment lui a-t-on pris la température ? Tout est là. Il s’agit de « passer » au bon moment après avoir « chauffé » suffisamment. […] La véritable démocratie n’est pas le vote dans le mouvement, mais le vote dans la réflexion, pas dans l’agitation, mais dans le calme, pas après le « dopage » mais dans un état normal pas dans la foule mais dans la solitude. » (Giraud, 1974, p. 161).
4 « Lip : le gouvernement principal responsable », L’Humanité, 13 octobre 1973.
5 Citons notamment Rozenblatt, Tabaton, Tallard, 1980 ; Castleton, 1997.
6 Le projet Plateforme Archivistique Lip. Edition Numérique TEléchargeable (PALENTE) vise à localiser, inventorier, numériser et mettre à disposition des chercheurs les archives du conflit social LIP (papiers, sonores et cinématographiques), sur la période 1973-1981. Les archives écrites et sonores évoquées dans cet article sont extraites de ce fond d’archives.
7 « À la CFDT, on assiste en effet à un jeu complexe entre une direction engagée depuis 1978 dans un “recentrage” et une base sidérurgiste radicalisée qui refuse cette orientation. La lutte de la sidérurgie offre d’ailleurs une illustration de ce recentrage, officiellement adopté au congrès à Brest en mai 1979, entendant privilégier la négociation et le réalisme revendicatif : il s’agit d’abord de défendre l’emploi et donc de diversifier les activités économiques. Cette stratégie heurte de front une base radicalisée, notamment à Longwy » (Vigna, 2004, p. 135).
8 La revue de presse a été conduite sur la base des fonds numériques de coupure de presse mis à disposition par la Fondation Nationale des Sciences Politiques. Les articles de presse cités dans l’article sont issus de cette base de données.
9 Lip Unité, no 4, 2 août 1973, p. 2.
10 « Henry Giraud : l’homme des entreprises difficiles », La Croix, 4 août 1973.
11 « Un week-end de réflexion », L’Aurore, 18 août 1973.
12 Lip Unité, no 6, 15 août 1973, p. 1
13 Pour un récit détaillé de la journée du 14 août, voir Bordet, 1993, p. 83-84.
14 Propos d’un délégué à l’assemblée générale du 22 août ; in Cahiers de mai, 10 septembre 1973, 13 p.
15 « La CFDT en particulier fait installer à côté de moi un enregistreur : ce geste est inélégant, à l’égard d’un homme de bonne volonté arrivé seul et sans attirail, qu’il estime d’ailleurs parfaitement inutile » (Giraud, 1974, p. 47).
16 Déclaration commune des organisations syndicales CGT, CFDT, CGC, FO Lip, Arc-et-Senans, 21 août 1973.
17 Ce document prend la forme d’une publication intitulé « Lip 73 ». Dans cet ouvrage, préfacé par les négociateurs d’Arc-et-Senans, les Lip reproduisent une série de documents trouvés dans les bureaux de la direction. Les Lip entendent ainsi démontrer l’existence de preuves matérielles permettant de comprendre la manière dont Ebauches S.A. a procédé au « pillage » de l’entreprise, et par conséquent, prouver la possibilité d’une solution de reprise sans licenciements, sans démantèlement.
18 Les séances se déroulent aux dates suivantes : 21 août, 22 août, 30 août, 8 septembre, 11 septembre.
19 Enregistrement AG Lip, 24 août 1973 [Bande sonore 12AV21].
20 La participation exacte de l’État est d’ailleurs une source de confusion ; annoncé par Henry Giraud le 23 août, ce dernier est démenti par Jean Charbonnel le 24, qui maintient toutefois le principe d’un soutien financier ; « La réunion de jeudi a aggravé les malentendus entre syndicats et pouvoirs publics », Le Monde, 25 août 1973.
21 Ces comptes rendus sont relayés, par exemple, dans le supplément hebdomadaire du 10 septembre 1973 (no 13) de la revue militante les Cahiers de mai.
22 Lip Unité, no 8, 4 septembre 1973.
23 Échange entre Roland Vittot et des journalistes, Arc-et-Senans, 11 septembre 1973, [bande sonore 12AV13].
24 Échanges à la sortie de la séance du 11 septembre 1973, Arc-et-Senans [Bande sonore AV].
25 « Il a fallu six longues réunions étalées sur 18 jours pour traiter uniquement du non démantèlement, pour imposer une solution juridique qui sauvegarde l’unité géographique de notre entreprise, qui prévoit même un statut pour tous les travailleurs de LIP, un même employeur, un même comité d’entreprise, et qui nous permet de maintenir notre unité, notre force syndicale et ouvrière pour défendre nos intérêts. Mais ce n’est qu’un tout premier point qui peut être remis en cause à tout moment », in Lip Unité, no 9, 14 septembre 1973.
26 Tract du Comité d’Action Lip, « Victoire : négociations bidons ou actions efficaces », 1er septembre 1973.
27 Lip Unité, no 8, 3 septembre, p. 1.
28 On trouve régulièrement des mentions des violences dans la presse : citons les affrontements entre « jeunes militants » et CRS sur le site de Palente (Le Monde, 18 août ; Le Figaro, 20 août) ou encore l’interception d’une délégation Lip sur la route d’un meeting à Tour (Le Monde, 25 août).
29 Tract du Comité d’Action Lip, « Lip : halte à la répression ! », 2 septembre 1973.
30 « LIP : dе l’espoir, Giraud optimiste », L’Aurore, 11 septembre 1973 ; « LIP : les juristes auraient trouvé un compromis », Combat, 12 septembre 1973.
31 Tract CFDT Doubs, Appel à manifestation le 29 août 1973.
32 Tract du Comité d’Action Lip, « Victoire… », op. cit.
33 Propos d’un délégué CFDT, Texte intégral des négociations d’Arc-et-Senans, septième séance, 17 septembre 1973, première sessions, p. 2.
34 Ibid., p. 3. Il déclare également ; « Je n’ai aucun pouvoir, c’est l’application du règlement administratif », entrainant des protestations (notées dans le compte-rendu), idem, p. 5.
35 Ibid., deuxième session, p. 1.
36 « “C’est donc un ultimatum que vous lancez pour mardi midi ?” Je souris. “J’attendais ce grand mot ! Un ultimatum est un ordre donné à quelqu’un de faire quelque chose. J’ai dit que si un accord n’était pas signé pour cette date, je ne tenais plus à m’occuper de Lip. Appelez ça comme vous voulez” » (Giraud, 1974, p. 102).
37 Le Monde du 9 octobre 1973 relate l’altercation : « Une partie du personnel s’est rendue à 1’hôtel de ville de Besançon, où les discussions se poursuivaient entre M. Giraud et les syndicalistes. Quelques dizaines de manifestants ont hué le médiateur à la sortie de la réunion. Secouant la voiture dans laquelle M. Giraud avait réussi, non sans peine, à prendre place, s’agrippant aux portières en scandant une ritournelle de carabins, tentant de coiffer l’industriel d’une paire d’œillères de mulet, ils 1’inquiétèrent assez pour que, réfugié à 1а préfecture, M. Giraud fasse savoir à 13h20 qu’il ne reviendrait pas à lа mairie et qu’il prenait la route de Lyоn ».
38 Le Figaro relaie à ce propos la position de Claude Mercet, déglué CGT Lip : « Lorsque M. Giraud déclare qu’il s’en ira mardi si les négociations n’aboutissent pas, il veut dire en réalité qu’il quittera la table de discussion mais pas l’affaire Lip. Dès lors, il fera redémarrer l’usine comme il l’entendra, et nous aurons perdu l’acquis, tris importants, dе six mois de lutte. Nous ne pouvons pas courir ce risque... », in « Lip : l’ultimatum fixé par monsieur Giraud expire demain à midi », Le Figaro, 8 août 1973.
39 Il indique : « Les laissés pour compte auraient fait l’objet d’un sauvetage ultérieur, cependant sans garantie et vers d’autres destinations » (Giraud, 1974, p. 112).
40 Enregistrement de la lecture du communiqué syndical, 11 septembre 1973 [Bande sonore 12 AV 14].
41 FGM CFDT, Lip est viable. Propositions syndicales pour un redémarrage de l’entreprise sur les bases du non-démantèlement, du maintien et du statut social des travailleurs, Dossier de la conférence de presse du 24 août 1973.
42 Ce point est d’ailleurs l’objet d’une autre conférence de presse, tenue le 8 août 1973, toujours sur la base d’une étude de Syndex ; in FGM CFDT, L’affaire Lip, Dossier de la conférence de presse du 8 août 1973.
43 Ibid., p. 3.
44 Idem.
45 Les usines Kelton, implantées également à Besançon, appartiennent au groupe américain Timex. Elles permettent à la firme étasunienne de s’introduire dans le marché français, en produisant des montres bon marché, en rupture avec les gammes proposées par des entreprises telles que Lip. L’entreprise entretient d’ailleurs des liens très faibles avec le reste du système productif local horloger (Ternant, 2004, p. 70-71).
46 FGM CFDT, Lip est viable…, op. cit., 2/ p. 2.
47 Il indique : « La négociation avait été frappée d’anémie dès le 13 septembre, sans qu’elle ait pu s’en rendre compte » (Giraud, 1974, p. 115).
48 Texte intégral des négociations d’Arc-et-Senans, septième séance, 17 septembre 1973, deuxième session, p. 14, partie 2/ p. 6.
49 Ibid., 2/ p. 8.
50 « Alors j’attire votre attention sur les chiffres parce que moi aussi je les ai lus, j’ai une certaine expérience de « l’autre côté » et votre optimisme me est pour moi une preuve de plus pour l’avenir » (Ibid., 2/ p. 4).
51 Ibid., 2/ p. 5.
52 Ibid., 3/ p. 8.
53 « Les incohérences de M. Giraud. Les travailleurs de Lip connaissent mieux le dossier que lui », Libération, 24 septembre 1973.
54 Texte intégral des négociations d’Arc-et-Senans, septième séance, op. cit., 3/ p. 14
55 Ibid., 3/ p. 13.
56 Ibid., 2/ p. 10.
57 Ibid., 4/ p. 17.
58 « Ces deux documents étaient tous deux l’œuvre de personnes appliquées, ayant mis le meilleur d’elles-mêmes à faire quelque chose de bien et de sérieux » (Giraud, 1974, p. 54).
59 Prenons l’exemple des sous-traitants et fournisseurs. L’arrêt de la production et la vente sauvage des montres provoquent inévitablement une crise chez ces acteurs (factures impayées, chômage technique, concurrence déloyale), largement relayés par la presse. Or, on trouve dans l’édition du 23 août 1973 de Lip Unité (no 7), une « déclaration des travailleurs Lip aux travailleurs des entreprises sous-traitantes et fournisseurs », dans laquelle est annoncée la création d’un comité de liaison entre les salariés de toutes les entreprises, afin de rappeler que la grève des Lips ne se fait ni contre les fournisseurs, ni contre leurs employés.
60 « Charbonnel : “Nous avons proposé de transformer Lip en coopérative ouvrière” », Combat, 20 août 1973 ; « La solution coopérative très controversée chez Lip », Le Figaro, 20 août 1973.
