1 Marcel Thémont (†) et Christian Cannuyer, « Une grande figure de la résistance hainuyère durant la Première Guerre mondiale : l’abbé Thésin (1883-1972) et le sabotage du dépôt de Mévergnies-Attre », Annales du Cercle royal d’Histoire et d’Archéologie d’Ath et de la région et Musées atois, L (1984-1986), p. 389-405. Voir aussi un complément à cette étude : Christian Cannuyer, « Le sabotage du dépôt de munitions de Mévergnies-Attre (9 mars 1918). Note complémentaire », Bulletin du Cercle royal d’Histoire et d’Archéologie d’Ath et de la région et Musées athois, 6/124 (juillet 1988), p. 175-181.
2 Pour le clergé du diocèse de Tournai, auquel appartenait Thésin, voir B. Thierry, Attitude et mentalité du clergé paroissial en Tournaisis 1914-1918, mémoire de licence en histoire UCL, Louvain-la-Neuve, 1971. L’étude ancienne du chanoine J. Warichez, « Le patriotisme du clergé hennuyer dans la Grande Guerre », dans Id., Le Diocèse de Tournai (1830-1930) (extrait de Un siècle de l’Église catholique en Belgique 1830-1930), éd. séparée, Bruxelles, 1930, p. 116-145, reste utile. Il y est amplement question de l’abbé Thésin aux p. 136-140. Pour la Belgique en général, voir les études de Frédéric Dauphin, « L’Église belge et la mémoire de la Grande Guerre : le Comité interdiocésain, 1919-1922 », dans Revue d’histoire ecclésiastique, 92 (1997), p. 797-842 ; « Le clergé paroissial en Belgique : la perception de l’occupation allemande », dans Revue du Nord, 80/325 (avril-juin 1998), p. 367-382 ; « L’Église belge et la Grande Guerre 1914-1922 », dans 14-18 Aujourd’hui, Today, Heute, n° 1 (1998), p. 52-70.
3 L’ouvrage incontournable est évidemment désormais celui de Xavier Boniface, Histoire religieuse de la Grande Guerre, Paris, Fayard, 2014, qui donne un cadre d’analyse très complet et stimulant pour tous les aspects de la « spiritualité » de la guerre et de la résistance abordés dans cet article. J’attirerai aussi l’attention sur des textes contemporains : Guy de Téramond, L’héroïsme en soutane pendant la guerre 1914-1918. Les prêtres soldats, Paris, Tallandier, 1915 ; Victor Bucaille (éd.), Lettres de prêtres aux armées, Paris, 1916 ; Livre de Prières du soldat catholique, Paris, Payot, 1916 ; Adelphe Pousse, Une soutane sous la mitraille. Carnets de la Grande Guerre d’un curé de campagne, Jaignes, Snarck éd., 2000 ; voir aussi les différents dossiers réunis dans La Guerre incomprise : mythes et réalités, numéro 4 (mai 2014) de la série 14-18 Centenaire publiée par la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université catholique de Lille (spécialement : « L’Église et la guerre », p. 7-11).
4 Le fonds Thésin, comprenant trois boîtes d’archives (77 dossiers) cotées AA 2192 au CEGES, a été déposé par M. Jacques de Raikem le 25 février 2009. L’inventaire dressé par Mathieu Roeges en avril 2010 est disponible sur la toile : http://www.cegesoma.be/docs/Invent/AA_2192_Thesin.pdf. Dans la suite de cet article, les références aux différents dossiers de ce fonds se feront sous la forme [Th-numéro].
5 L’information sur les jeunes années de Liévin-Joseph Thésin est essentiellement tirée de [Th-025] (anonyme).
6 Thésin a rédigé un éloge émouvant de son petit village natal : [Th-026], qui a fait l’objet d’une évocation historique lors des Journées du Patrimoine 2012 (http://www.scoop.it/t/erbaut-erbisoeul).
7 Sur Charles-Gustave Walravens (1841-1915), professeur de philosophie au séminaire de Bonne-Espérance (1870-1880), professeur au grand séminaire de Tournai (1880-1897), évêque auxiliaire puis évêque de Tournai (1897-1915), voir, e.a., Edmond Remy, « Sa G. Monseigneur Charles-Gustave Walravens, évêque de Tournai », Annuaire de l’Université catholique de Louvain. 1915-1919, Louvain, 1924, p. 327-333.
8 Voir John Terraine, La Bataille de Mons (trad. par R. Jouan de Mons, the retreat to victory), Paris, Presses de la Cité, 1963. Sur le rôle de Thésin au lendemain de la bataille : [Th-027 ; 058].
9 Sur les origines et l’activité du Service du Sacré-Cœur, je me réfère aux documents [Th-027-035].
10 Devant les chambres réunies, le 4 août, Albert Ier avait lancé cette phrase, qui est restée dans la mémoire collective belge : « Un pays qui se défend s’impose au respect de tous. Ce pays ne périt pas. Dieu sera avec nous dans cette juste cause ».
11 Dès la Noël 1914, le cardinal Mercier avait publié sa fameuse lettre pastorale Patriotisme et Endurance, où il associait étroitement l’esprit patriote à la foi : « La religion du Christ fait du patriotisme une loi : il n’y a point de parfait chrétien qui ne soit un parfait patriote… Le patriotisme revêt un caractère religieux ». Après avoir exalté la forme supérieure de la charité éprouvée par le soldat mort au combat pour la défense de la Patrie, le cardinal en appelait à la résistance au moins passive : le « pouvoir qui a envahi notre sol et qui, momentanément, en occupe la majeure partie, […] n’est pas une autorité légitime. Et dès lors dans l’intime de votre âme, vous ne lui devez ni estime, ni attachement, ni obéissance. L’unique pouvoir légitime en Belgique est celui qui appartient à notre Roi, à son gouvernement, aux représentants de la nation […] Lui seul a droit à l’affection de nos cœurs, à notre soumission » (texte intégral dans Cardinal Mercier, Per Crucem ad Lucem. Lettres pastorales, discours, allocutions, Paris, s.d., p. 25-60). Lue dans toutes les paroisses du royaume en janvier 1915, malgré les réticences frileuses des autres évêques qui ne voulurent pas la contresigner par peur d’irriter dangereusement l’occupant, cette lettre suscita un engouement considérable. Lors de la lecture de la seconde partie, le 10 janvier, les églises se remplirent de gens qui ne les fréquentaient plus depuis des années. Toute l’attitude de l’abbé Thésin est manifestement inspirée par celle du Cardinal, sur laquelle et son énorme impact on peut consulter : Roger Aubert, Les deux premiers grands conflits du cardinal Mercier avec les autorités allemandes d’occupation, Louvain, 1998, 1re partie (avec bibliographie antérieure) ; Jean De Volder, La résistance d’un cardinal. Le cardinal Mercier, l’Église et la Guerre 14-18, Namur, éd. jésuites, 2016 ; d’éclairants articles de Nicolas Mignon et de François Giet sur le site https://www.rtbf.be/14-18/ ; et les pages consacrées à Mercier dans le livre de X. Boniface, op. cit., spéc. p. 208-215.
12 La musique de cet air, créé à l’occasion du Jubilé des 75 ans de la Belgique (1905), avait été composée par François-Auguste Gevaert (1828-1908), directeur du Conservatoire royal de Bruxelles, tandis que les paroles, tant en néerlandais (Naar wijd en zijd) qu’en français (Vers l’Avenir), avaient été écrites par le poète flamand Gentil Theodoor Antheunis (1840-1907). Il était devenu comme le second hymne national, tout particulièrement dans la colonie du Congo, et il est resté très populaire jusque vers la fin années 1960, quand il était encore communément appris à l’école primaire. Le 3e couplet exaltait particulièrement la fidélité à la patrie et au Roi, avec des accents quasi religieux : « Ô terre sainte, ô terre des aïeux ! / Leur sueur et leur sang l’ont pétrie : / Et loin ou près, sauront leurs fils pieux, / Honorer, élargir la Patrie. / Si des frères s’en vont, il en est par milliers, / Qui fidèles gardiens, défendront tes foyers. / Va sans faiblir, peuple énergique, / Vers des destins, dignes de toi ; / Dieu saura protéger la Belgique / et son Roi ». Voir Jeroen Janssens, De Belgische natie viert: de Belgische nationale feesten, 1830-1914, Louvain, Leuven University Press, 2001.
13 Voir les affichettes conservées dans le fonds Thésin [Th-048].
14 Cf. Jean Stengers et Élian Gubin, Histoire du sentiment national en Belgique des origines à 1918, t. 2, Le grand siècle de la nationalité belge 1830-1918, Bruxelles, éd. Racine, 2002, p. 153 suiv.
15 La chronologie des faits est mal précisée dans les documents laissés par Thésin.
16 Sur l’organisation de petits réseaux de résistance civile en lien avec les Services de Renseignements Militaires britanniques en Belgique durant la Première Guerre mondiale, voir Emmanuel Debruyne et Jehanne Paternostre, La résistance au quotidien – 1914-1918. Témoignages inédits, Bruxelles, éd. Racine, 2009.
17 L’espionnage des voies ferrées où transitaient les forces allemandes fut l’un des principales activités « résistantes » du clergé belge pendant la Première Guerre mondiale.
18 Je reproduis ici la version dactylographiée du texte qui se trouve dans le Fonds Thésin du CEGES [Th-035], en me bornant à rectifier la ponctuation là où ce me semble nécessaire. Les mots en italiques sont soulignés dans le document original.
19 Il s’agit de l’exécution par les Allemands de sept (et non six) membres des Services de Renseignements Militaires, le 2 mars 1916, au lieu-dit « camp de Casteau », sur le territoire de Maisières (actuellement commune de Mons). L’évocation de ce drame permet de dater le « Pacte » de l’abbé Thésin avec le Sacré-Cœur d’après le début mars 1916. L’abbé Thésin assista à l’inauguration du monument érigé en mémoire de ces héros, le 8 juillet 1928, lors de la visite à Mons du duc et de la duchesse de Brabant (cf. l’album photographique [Th-042]), et prononça un discours. Ce monument a été vandalisé en 2014, la statue de bronze sculptée par J. Jourdain ayant été dérobé : http://www.belmemorial.org/cities/hainaut/maisieres/maisieres_mon_comm_7_fusilles.htm.
20 Il s’agit de la 5e de la liste « canonique » des 12 promesses du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), la voyante de Paray-le-Monial. Cf. Père Joãzinho, Les Douze Promesses du Sacré-Cœur de Jésus faites à Sainte Marguerite-Marie Alacoque, Paris, Salvator, 2003.
21 Voir le texte de cette consécration : http://www.spiritualite-chretienne.com/s_coeur/chrono_f3.html.
Le 11 juin 1915, les évêques de France avaient également osé cette démarche ; dans toutes les paroisses avait été lue une Amende honorable et consécration de la France au Sacré-Cœur de Jésus. Voir Sante Lesti, Riti di guerra. Religione e politica nell’Europa della Grande Guerra, Bologna, Il Mulino, Studi e Ricerche, 2015. L’abbé Thésin a sans doute eu connaissance de cette démarche.
22 Voir Pierre Rion, La basilique de Koekelberg. Architecture et mentalités religieuses, Louvain-la-Neuve, Institut supérieur d’archéologie et d’histoire de l’art, Collège Erasme, 1986.
23 Son identité m’a été révélée par le Dr V. Fiévez en 1988 : il s’agissait d’un certain Louis Kecq, habitant à proximité de la gare de Jurbise. C. Cannuyer, « Le sabotage… Note complémentaire », p. 180.
24 Systématiquement, dans ses cahiers, l’abbé Thésin se refuse à gratifier encore le nom des Allemands d’une majuscule. C’est significatif.
25 Dans l’article « Une grande figure de la résistance hainuyère… », publié en 1986, p. 390, j’ai donc commis une erreur en rapportant, sur la foi du témoignage de M. Thémont, qui avait sans doute mal compris ou mal transcrit ce que lui avait confié l’abbé Thésin, que « l’agent de Jurbise, de par sa haute taille, avait mérité le nom de Héron ».
26 Cet Ausweis est conservé dans le Fonds Thésin : [Th-047].
27 Un plan détaillé est donné par le document [Th-001].
28 Le plan [Th-027] donne le détail de cet acheminement. Sur l’importance de la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas restés neutres, comme lieu de passage des informations recueillies par les services d’espionnage belges à destination des Alliés, voir Alex Vanneste, « “Rideau de fer” ? La clôture électrisée à la frontière belgo-hollandaise pendant la Première Guerre mondiale », Bulletin trimestriel du Crédit communal de Belgique, 214 (2000), p. 39-82. Voir aussi, dans le Fonds Thésin, le dossier [Th-032].
29 Les archives de l’abbé Thésin que j’ai consultées ne m’ont pas permis de dater ce bombardement. J’avais été tenté de l’identifier à celui du 26 septembre 1915, signalé par René Delame, Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs, t. II, Hollande & Fils, 1933, p. 80. Delame précise que l’aviateur a pris des photos des résultats du bombardement, grâce auquel furent anéantis 35 wagons de munitions, ce qui laisse à penser que cette action avait effectivement été commanditée grâce à des renseignements précis fournis par un réseau de renseignements. L’objectif de ce bombardement présente d’ailleurs des similitudes avec celui du sabotage de dépôt de Mévergnies-Attre, mené à bien grâce aux informations du S.S.C. en mars 1918. Mais la date de juin 1915 semble mal convenir, car elle est antérieure au début des activités du S.S.C., à moins qu’il se soit agi d’un coup mené par Thésin et « Tortue » dès avant la mise sur pied définitive du réseau et le fameux « Pacte » avec le Sacré-Cœur, ce qui n’est pas impossible. Sinon, il faut plutôt penser aux bombardements qui touchèrent la gare de Valenciennes en mars, mai ou juin 1918 ; mais ceux-là semblent n’avoir pas été particulièrement ciblés et ils sont en outre postérieurs à l’arrestation de Thésin. Merci pour leurs démarches et leurs informations à J.-M. Richez, Philippe Guignet, Jean Heuclin, Jean-Paul Visse, Ludovic Nys, qui ont tenté de m’aider à éclaircir ce problème de chronologie, qui n’est donc pas tout à fait résolu.
30 Pour le détail de la subtilisation et de l’acheminement du document Hindenburg, voir [Th-036-038 et 046].
31 Ce message est reproduit dans une plaquette publiée à l’initiative de l’abbé Thésin après la guerre, La défaite de Verdun. Ses causes selon un rapport secret du Feldmaréchal von Hindenburg. Document emprunté sans sa permission à un chef d’armée boche, Namur, s.d. : « Je vous écris un mot de façon toute spéciale pour vous transmettre les félicitations du Général en Chef pour les résultats récents obtenus par votre service. Le Général considère le document Hindenburg comme étant de la plus grande valeur, et j’espère que vous voudrez bien faire savoir combien nous apprécions la manière dont ce document a été recueilli et transmis. J’espère bien pouvoir vous féliciter un jour personnellement. N’oubliez jamais que vous service étant le plus important, ce serait un véritable désastre pour les Alliés s’il venait à tomber. Continuez donc à travailler avec la plus grande prudence et la plus grande discrétion ». La reproduction de ce message donnée en guise d’avant-propos à la plaquette se termine par l’exclamation : « Gloire au Sacré-Cœur qui nous a tirés des mains de nos ennemis. Sacré-Cœur de Jésus, Protégez la Belgique ! ». L’importance du réseau aux yeux des Anglais fut confirmée, selon ce que rapporta l’abbé Thésin à Marcel Thémont en 1959, par le fait que lorsque ceux-ci cessèrent leurs relations maritimes avec les Pays-Bas parce que ceux-ci permettaient le passage en transit, sur leurs canaux, de péniches chargées de gravier destiné aux fortifications allemandes, ils envoyèrent expressément vers la côte hollandaise une vedette avec mission de ramener le courrier S.S.C.
32 Général Charles Mangin, Comment finit la guerre, Paris, Plon, p. 184 et 188-189.
33 Aujourd’hui commune de Brugelette, connue par le parc animalier Pairi Daiza. La gare de Mévergnies-Attre est desservie par la ligne ferroviaire Ath-Jurbise-Mons.
34 L’abbé Thésin a rédigé lui-même, manifestement après la guerre, un compte rendu circonstancié et dactylographié de cette action [Th-040 et dossier photographique 043].
35 En l’occurrence, la mère du lieutenant aviateur Joseph Daumerie (1888-1942), qui était, à cette époque, prisonnier de guerre à Magdebourg. Daumerie devint ensuite colonel, directeur général de l’aéronautique civile au ministère des Transports. Fait prisonnier pendant le second conflit mondial pour avoir monté un réseau de renseignements avec son collège Constant Martiny, il fut mis à mort à Berlin, le 26 août 1942 (cf. E. Debruyne, La guerre secrète des espions belges : 1940-1944, Bruxelles, éd. Racine, 2008, spéc. p. 30 suiv.).
36 La fameuse « bataille du Kaiser » (Kaiserschlacht), dont les opérations débuteront le 21 mars 1918 : voir, par ex., Randal Gray, Kaiserschlacht, 1918 : The Final German Offensive (Osprey Campaign Series, 11), Londres, Osprey, 1991.
37 L’impossibilité où l’armée allemande fut de se fournir rapidement en matériel est considérée comme une cause majeure de sa défaite par David T. Zabecki, The German 1918 Offensives. À Case Study in the Operational Level of War, Londres, Routledge, 2006. Pour prendre la juste mesure de l’importance du dépôt de Mévergnies-Attre, il est à souligner qu’outre ceux qui étaient entreposés dans les 780 wagons anéantis, de nombreux obus échappèrent à la destruction. Ils furent immédiatement après la guerre enfouis par les services de déminage dans des caveaux en béton. On procéda quelques années plus tard à la destruction d’un certain nombre d’entre eux. Dans les années 1950, une nouvelle opération d’élimination occasionna l’intoxication de militaires ayant été en contact avec des débris qui gardaient des vestiges d’ypérite. Mais ce n’est qu’au printemps 2006 que les services de déminage de l’armée belge ont complètement nettoyé le site : on évacua alors pour les détruire près de 300 tonnes d’obus ! Je fus consulté, au titre d’historien local, pour la préparation de l’opération.
38 Une photo du « traître Coulon » et une petite note de Thésin le concernant se trouvent dans le dossier [Th-042].
39 Rodrigo de Saavedra y Vinent (1864-1926), deuxième marquis de Villalobar, ministre plénipotentiaire d’Espagne en Belgique, n’a pas ménagé ses efforts pour réduire les rigueurs de l’occupation (il tenta notamment d’obtenir la grâce de l’infirmière Edith Cavell). Ses mérites exceptionnels furent reconnus après la guerre et un buste de lui, sculpté par Godefroid Devreese, se trouve exposé au Sénat belge. Voir J. Willequet, « Villalobar », dans Biographie nationale de Belgique, 30, Bruxelles, col. 804-808 ; Michaël Amara et Hubert Roland, éd., Gouverner en Belgique occupée. Oscar von der Lancken-Wakenitz. Rapports d’activité 1914-1918, Bruxelles, PIE Peter Lang, 2004, p. 56-57 ; L’art au Sénat. Découverte d’un patrimoine, Bruxelles, éd. Racine, 2006, p. 70.
40 Chevalier de l’Ordre de Léopold avec liseré en or, et Croix civique de première classe 1914-1918, le 18 juillet 1919 ; l’octroi de la décoration signé par le roi Albert reconnaît « les services éclatants rendus au pays pendant l’occupation, ainsi que le dévouement et le courage exceptionnels dont a fait preuve au cours de la guerre Monsieur Liévin-Joseph Thésin ». Avec comme citation : « Une condamnation à la peine capitale montra ce que furent le dévouement et le courage de ce jeune vicaire à l’âme ardente, que tous ont salué comme le chef d’un service merveilleux d’espionnage »… Autres distinctions belges : officier de l’Ordre de la Couronne ; officier de l’Ordre de Léopold II ; citation à l’Ordre de Jour de la Nation ; médaille du Prisonnier Politique : médaille du Règne de Sa Majesté le Roi Albert : décoration Militaire de Deuxième Classe.
41 Médaille de guerre anglaise, Officier honoraire de la Division Militaire du British Empire, distinction accordée le 21 novembre 1919, Médaille d’argent spécialement instituée par Georges V pour services rendus pendant la guerre aux prisonniers anglais, septembre 1920, Médaille de la Reconnaissance anglaise. Dès le 1er mars 1919, Winston Churchill, Secrétaire d’État pour la Guerre, signifiait à l’abbé Thésin « la haute appréciation » du roi Georges V « pour les services distingués de bravoure pendant la campagne » mentionnés dans une dépêche du Feld-Maréchal Sir Douglas Haig en date du 8 novembre 1918.
42 Médaille d’argent de la Reconnaissance française (1er novembre 1920), Médaille d’honneur en argent (15 mars 1921). L’ensemble des distinctions reçues par Thésin font l’objet des dossiers [Th-022, 023, 028, 034 à 038].
43 Cf. C. Cannuyer et M. Thémont, op. cit., p. 403-404.
44 Sur cet aspect, voir Gerd Krumeich, « “Gott mit uns”. La Grande Guerre fut-elle une guerre de religions ? », dans Anne Duménil et al. (dir.), 1914-1918. L’ère de la guerre, I, Paris, 2004, p. 117-119 ; Corinne Bonafoux, « Le discours catholique et la guerre juste au XXe siècle », dans Xavier Boniface et Bruno Béthouart (dir.), Les Chrétiens, la guerre et la paix. De la paix de Dieu à l’esprit d’Assise, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 209-225 ; X. Boniface, Histoire religieuse…, op. cit., chapitre 5. Voir aussi la contribution de Dominique Foyer dans ce volume.
45 p. 45 sq.
46 Dans un premier jet, l’abbé avait écrit « C’est le solidement plus parfaitement constitué », formulation évidemment incorrecte qu’il a corrigée ensuite (avec une autre encre) en biffant « solidement » et en remplaçant ce mot par « service le ». Cette correction montre que le texte a fait l’objet d’une réécriture.
47 Cahier II, Hommage de reconnaissance…, p. 54 suiv.
48 Souligné deux fois dans le manuscrit.
49 Originellement : « sans le sourire ami », corrigé en « sans un sourire ami ».
50 On trouvera des pistes d’interprétation fécondes dans Annette Becker, La Guerre et la foi. De la mort à la mémoire 1914-1930, Paris, Colin, 1994 (2e éd. 2015).
51 Par exemple, il me semble qu’on perçoit sous la plume de l’abbé Thésin certains aspects des inflexions du rapport à la mort et aux « fins dernières » induites, notamment chez les catholiques, par la Grande Guerre. Voir Jay Winter, Sites of Memory, Sites of Mourning. The Great War in European Cultural History, Cambridge, 1995 ; Stéphane Audoin-Rouzeau, Cinq deuils de guerre 1914-1918, Paris, Noesis, 2001 ; Carine Trevisan, Les fables du deuil. La Grande Guerre : mort et écriture, Paris, PUF, 2001 ; Luc Capdevila et Danièle Voldman, Nos morts. Les sociétés occidentales face aux tués de la guerre, Paris, Payot et Rivages, 2002 ; Guillaume Cuchet, Le crépuscule du purgatoire, Paris, Colin, 2005, spéc. p. 206 suiv.
52 Accessible online : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5623858w/f117.image.
53 Suggestion que m’a faite Vincent Malfait et qui est certainement à prendre en considération. Sur la Dame Blanche, qui compta jusqu’à 1 300 collaborateurs en Belgique et dans le nord de la France, voir P. Decock, La Dame Blanche. Un réseau de renseignements de la Grande Guerre, lulu.com, 2010.