Les deux camps de Boulogne (1803-1805 et 1854-1856), des prodromes de l’émergence d’un carrefour culturel

1Par deux fois en un demi-siècle, d’août 1803 à septembre 1805, puis de juin 1854 à juillet 1856, des camps de plusieurs dizaines de milliers de soldats ont été concentrés pendant deux années consécutives autour de Boulogne-sur-Mer. En 1803, l’initiative émanait du Premier Consul en vue de menacer l’Angleterre ; cinquante ans plus tard, son neveu Napoléon III, désormais allié à Londres, avait retenu ce lieu symbolique pour préparer son armée à la guerre de Crimée. Or si Boulogne émerge au cours du XIX^e siècle comme carrefour culturel, la réunion de telles masses d’hommes au pied de ses murs ne semble guère favoriser une telle évolution. Les camps militaires n’ont en effet pas bonne réputation en la matière ; leur présence est inégalement perçue par la population qui profite de la prospérité qu’elle entraîne, mais supporte mal les trafics, rixes et mauvaises fréquentations qui en sont aussi la conséquence. Faut-il pourtant en déduire, dans ces conditions, l’absence de tout rayonnem