1 Voir S. Martens, La politique à l’Est de la République fédérale d’Allemagne depuis 1949. Entre mythe et réalité, Paris, PUF, 1998.
2 H. Vogel, « Osteuropa – Ein Schwerpunkt deutscher Außenpolitik », in K. Kaiser et J. Krause (dir.), Deutschlands neue Außenpolitik, Band 3: Interessen und Strategien, Munich, Oldenbourg, 1996, p. 170.
3 L’Union accueille ainsi Chypre, Malte, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne, la Slovénie, les pays baltes, puis la Bulgarie et la Roumanie, enfin la Croatie.
4 L’OTAN accueille ainsi la République tchèque, la Hongrie et la Pologne, puis la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, les pays baltes, enfin la Croatie et l’Albanie.
5 H.-P. Schwarz, Die Zentralmacht Europas. Deutschlands Rückkehr auf die Weltbühne, Berlin, Siedler, 1994.
6 Entre février et septembre 1990, les ministres des Affaires étrangères des deux États allemands et des quatre puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale mènent les négociations dites « 2+4 » pour débattre des aspects extérieurs de l’unification. C’est dans ce climat de confiance et parce que l’Occident veut associer l’Union soviétique au nouvel ordre européen que Mikhaïl Gorbatchev cède, en juillet 1990, sur la question de l’appartenance de l’Allemagne unifiée à l’OTAN. Le chancelier Helmut Kohl lui promet par ailleurs une aide économique, accepte de contribuer financièrement aux frais de rapatriement des troupes soviétiques stationnées en ex-République démocratique allemande (RDA) – elles se retireront définitivement en août 1994 – et de limiter le potentiel militaire de l’Allemagne unifiée. Le traité « 2+4 », signé à Moscou le 12 septembre 1990, rétablit l’Allemagne dans sa pleine souveraineté à compter du jour de son unification, le 3 octobre.
7 Il existe par ailleurs un lobby industriel pro-russe toujours très actif, peu enclin à la critique, même s’il soutient le gouvernement fédéral dans la crise ukrainienne, notamment au sein des puissants Ost-Ausschuss der deutschen Wirtschaft (Comité sur les relations économiques avec l’Est) et Osteuropaverein der deutschen Wirtschaft (Fédération allemande de l’industrie et du commerce pour l’Europe de l’Est), qui sont soutenus par toutes les organisations patronales et qui collaborent étroitement avec le ministère fédéral de l’Économie.
8 T. Gutschker, « Nüchterne Ostpolitik », Die Politische Meinung, n° 445, décembre 2006, p. 11.
9 La « doctrine Poutine » en matière de politique étrangère est tout entière contenue dans ce discours. Le président russe prévenait que la Russie ne tolérerait plus le modèle unipolaire et qu’elle allait réaffirmer son statut de puissance mondiale. C’est au cours de ce discours qu’il s’était également prononcé fermement contre tout élargissement de l’OTAN vers l’Est.
10 Voir C. Stelzenmüller, « Germany’s Russia Question. A New Ostpolitik for Europe », Foreign Affairs, vol. 88, n° 2, mars-avril 2009, p. 89-100.
11 Voir K. Holm, « Ende einer Romanze », Das Parlement, 10 août 2015 ; H. Adomeit, Les relations germano-russes : entre changement de paradigme et statu quo, Paris, Ifri, « Note du Cerfa », n° 120, février 2015.
12 Même si le gouvernement ukrainien se voit lui aussi reprocher de ne pas respecter tous les engagements dans la réalisation des accords de Minsk II (12 février 2015), s’agissant notamment de l’octroi au Donbass d’un statut spécial.
13 Étant donné la dépendance énergétique de l’Allemagne vis-à-vis de la Russie, aucune sanction n’a été prise dans ce domaine. Reste que l’Allemagne est le premier partenaire économique européen de la Russie et que près de 300 000 emplois dépendent des exportations de produits allemands vers la Russie. Mais si ces exportations ont chuté de 20 % entre 2014 et 2015 – les secteurs de l’automobile et des machines-outils étant particulièrement touchés, avec près de 25 000 emplois menacés en 2016 –, l’économie allemande résiste bien (il faut dire que le commerce avec la Russie ne représente que 3 % des exportations allemandes).
14 Entretien avec F.-W. Steinmeier, Bild am Sonntag, 19 juin 2016.
15 Provoquant la mort de 11,4 millions de soldats soviétiques, 15,2 millions de civils soviétiques, et 2,7 millions de soldats allemands.
16 Le « rapport Harmel » – du nom du ministre belge des Affaires étrangères Pierre Harmel –, adopté le 14 décembre 1967, assignait à l’OTAN une double tâche : le maintien de la sécurité militaire et la recherche d’une politique de détente, les deux se complétant. Ce rapport fournira le concept dominant sur lequel la République fédérale fondera sa politique étrangère jusqu’à l’unification.
17 « „Wieder Krieg in Europa? Nicht in unserem Namen!“ Roman Herzog, Antje Vollmer, Wim Wenders, Gerhard Schröder und viele weitere fordern in einem Appell zum Dialog mit Russland auf », Zeit.de, 5 décembre 2014.
18 Voir notamment E. Eppler, « Demütigung als Gefahr. Russland und die Lehren der deutschen Geschichte », Blätter für deutsche und international Politik, n° 7, 2015, p. 69-77.
19 Voir notamment G. Krone-Schmalz, Russland verstehen: der Kampf um die Ukraine und die Arroganz des Westens, Munich, Beck, 2015.
20 Voir A. Rahr, « German and Russia: A special relationship », The Washington Quarterly, n° 2, printemps 2007, p. 137-145.
21 Voir M. Sattar, « Zuckerberg oder Peitsche », Frankfurter Allgemeine Woche, 19 août 2016, p. 27. L’opinion publique allemande reflète parfaitement les dilemmes de ses dirigeants : un sondage effectué en février et mars 2016 montre que 95 % des Allemands interrogés (et 85 % des sondés russes) estiment « important » ou « très important » que leurs deux pays se rapprochent de nouveau politiquement dans les années à venir (voir « Russland in Europa: Annäherung oder Abschottung? Ergebnisse einer repräsentativen Umfrage von TNS Infratest Politikforschung in Deutschland und Russland im Auftrag der Körber-Stiftung », sondage de l’Institut TNS Infratest pour la fondation Körber, effectué en février et mars 2016 auprès de 1 000 citoyens allemands et de 1 024 citoyens russes, disponible sur : <www.koerber-stiftung.de>). Un autre sondage, effectué en juillet 2016, montre que 65 % des Allemands interrogés considèrent que les États membres de l’OTAN devraient donner la priorité au dialogue, mais une large majorité (81 %) n’a plus confiance en V. Poutine (sondage de l’Institut Forsa pour le magazine Stern, effectué les 30 juin et 1er juillet 2016 auprès de 1 001 citoyens allemands ; pour les résultats, voir Stern, 7 juillet 2016).
22 Le 13 mai 2008, dans un discours adressé aux étudiants de l’Institut des relations internationales de l’Université d’Ekaterinbourg, F.-W. Steinmeier avait tenté de donner corps à la relation germano-russe à travers la mise en place d’un étroit « partenariat pour la modernisation ».
23 Interprétation moderne du concept du « changement par le rapprochement » (Wandel durch Annäherung) – inventé par Egon Bahr, proche conseiller du chancelier Brandt, et base « philosophique » de l’Ostpolitik des années 1970 et 1980 ; voir F.-W. Steinmeier, « Verflechtung durch Integration. Eine neue Phase der Ostpolitik der EU: Nicht Abgrenzung. Sondern Vernetzung lautet das Gebot der Gloablisierung », Internationale Politik, n° 3, mars 2007, p. 6-11.
24 R. Neukirch, « Das Ende der Ostpolitik? », Der Spiegel, 7 juin 2014, p. 23-24.
25 Voir S. Meister, Reframing Germany’s Russia Policy – An Opportunity for the EU, Londres, European Council on Foreign Relations (ECFR), « Policy Brief », avril 2014, p. 4.
26 Voir S. Martens, « L’Allemagne et l’Est européen. Le défi d’une configuration intégrative de l’Europe », Revue d’études comparatives Est/Ouest, n° 3, septembre 2001, p. 23-55.
27 Voir K. Bastian et R. Götz, « Unter Freunden? Die deutsch-russische Interessenallianz », Blätter für deutsche und internationale Politik, n° 5, mai 2005, p. 584-592 ; Bundesakademie für Sicherheitspolitik (dir.), Europäische Sicherheit und Russland. Optionen aus deutscher Sicht. Sicherheit durch Annäherung, Berlin, juin 2010 ; S. Martens, « La nouvelle Ostpolitik de l’Allemagne unifiée : la quête de stabilité en Europe et au-delà », Questions internationales, n° 76, novembre-décembre 2015, p. 95-101.
28 J. Frantze, « Berlin und der neue Osten. Denkanstöße einer ostpolitischen Diskussion », WeltTrends, n° 52, automne 2006, p. 89.
29 G. Schröder, « Deutsche Russlandpolitik – Europäische Ostpolitik », Die Zeit, 5 avril 2001.
30 E. von Klaeden, Kein Sonderzug nach Moskau. Deutsche Russlandpolitik muss europäisch sein, Hambourg, Körber-Stiftung, 2008.
31 Comme la rencontre des ministres des Affaires étrangères polonais, français et allemand, en février 2014, et les réunions « format Normandie » rassemblant les chefs d’État et les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l’Allemagne, de la France et de l’Ukraine depuis juin 2014 – un format essentiel lors de la médiation en amont des accords de Minsk I (5 septembre 2014) et surtout de Minsk II (12 février 2015), dont le but est de parvenir à un cessez-le-feu durable dans l’est de l’Ukraine.
32 Voir W. Richter, Deutscher OSZE-Vorsitz 2016. Strategische Herausforderungen, Berlin, Stiftung Wissenschaft und Pollitik, « SWP-Aktuell », n° 7, février 2016.
33 Ministère fédéral des Affaires étrangères, « Dialog erneuern, Vertrauen neu aufbauen, Sicherheit wieder herstellen. Schwerpunkte des deutschen OSZE-Vorsitzes 2016 », Berlin, 2016, p. 3.
34 Dès avril 2001, le gouvernement fédéral lance un plan d’action à destination de la Géorgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan (Kaukasusinitiative) en vue de développer une politique de prévention des conflits et de privilégier une approche régionale dans les domaines de la justice, de la démocratie municipale, de l’énergie et de la protection de l’environnement.
35 U. Diedrichs, « Deutschland in der EU und in der Welt: Von den Kosten und Nutzen einer europäischen Außenpolitik », in W. Wessels et U. Diedrichs (dir.), Die neue Europäische Union im vitalen Interesse Deutschlands? Studie zur Kosten und Nutzen der Europäischen Union für die Bundesrepublik Deutschland, Berlin, Europa-Union-Deutschland, 2006, p. 123.
36 D’ailleurs, l’Union, dans sa Stratégie européenne de sécurité intitulée « Une Europe dans un monde meilleur », adoptée le 12 décembre 2003, vise explicitement à s’entourer d’un « cercle d’États amicaux et bien gouvernés ».
37 Voir notamment E. Jahn, « Ausdehnung und Überdehnung. Von der Integrationskonkurrenz zwischen Brüssel und Moskau zum Ende der europäischen Integrationsfähigkeit », Osteuropa, n° 2-3, 2007, p. 35-55.
38 Voir D. Mahncke et S. Gstöhl (dir.), Europe’s Near Abroad: Promises and Prospects of the EU’s Neighbourhood Policy, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, « College of Europe Studies », n° 4, 2008.
39 Voir Communication SWD (2015) 500 final, Review of the European Neighbourhood Policy, Bruxelles, 18 novembre 2015.
40 Voir J.-F. Drevet, « PEV. Quelle nouvelle politique européenne de voisinage ? », La revue géopolitique, 7 février 2016, disponible sur : <www.diploweb.com>.
41 Voir L. Fix et A.-L. Kirch, L’Allemagne et le Partenariat oriental après la crise de l’Ukraine, Paris, Ifri, « Note du Cerfa », n° 128, janvier 2016, p. 23.
42 L’Allemagne est le seul pays occidental, avec les États-Unis, à avoir disposé pendant treize ans, de février 2002 à décembre 2015, d’une base aérienne à Termez, en Ouzbékistan, afin de faciliter l’acheminement des troupes de l’OTAN dans le nord de l’Afghanistan.
43 M.-C. von Gumppenberg, Deutsches und Europäisches Engagement in Zentralasien. Ein Beitrag zur Stabiliserung der Region?, Sankt Augustin, Konrad Adenauer Stiftung, « Arbeitspapier », n° 85, 2002, p. 17.
44 Voir A. Klimmert, « Die Politik Deutschlands gegenüber Zentralasien », WeltTrend Thesis, Université de Potsdam, n° 12, 2015.
45 Voir A. Schmitz, « Effiziez als Leitmotiv: Die Strategie für eine neue Partenrschaft mit Zentralasien », in D. Kietz et V. Perthes (dir.), Handlungsspielräume einer EU-Ratspräsidentschaft. Eine funktionsanalyse des deutschen Vorsitzes im ersten Halbjahr 2007, Berlin, Stiftung Wissenschaft und Politik, « SWP-Studie », septembre 2007, p. 75-79.
46 R. Veser, « Heikler Wunsch. Kasaschstan will die OSZE führen – Deutschland ist im Grundsatz dafür », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 1er novembre 2006.
47 G. Erler, Germany and OSCE Reform, Hambourg, Center for OSCE Research (CORE), « Working Paper », n° 15, 2006, p. 11.
48 M. Schäfer, W. Shen et A. Loesekrug-Pietri, « Diplomatie mit neuen Mitteln. Chinas Neue Seidenstraße sollte strategische Priorität der EU sein », Internationale Politik, n° 1, janvier-février 2016, p. 86.
49 La « nouvelle route de la soie », dont le nom officiel est « One Belt, One Road » (une ceinture, une route), recouvre un vaste programme de modernisation des infrastructures (réseau ferroviaire, routes, ports, aéroports, oléoducs, gazoducs) qui permettra de relier Xi’an, en Chine centrale – d’où partait la route de la soie historique – à l’Europe occidentale. La métropole de Chongqing est déjà reliée à Duisbourg qui, en plus d’être le plus grand port intérieur du monde, constitue un carrefour pour le transport et les activités logistiques en Europe. Le 29 mars 2014, le président chinois a accueilli officiellement à Duisbourg, en présence du président Gauck et du vice-chancelier Gabriel, le Yuxinou, train de 50 conteneurs chargés de matériel informatique chinois, et appelé l’Allemagne et la Chine à « construire la ceinture économique de la route de la soie » tout en se félicitant de ces nouvelles « perspectives de croissance économique extrêmement prometteuses pour l’Eurasie ». De fait, le tracé terrestre de la « nouvelle route de la soie » passe par la Russie, ce qui rend indispensable le renforcement de la coopération entre l’Allemagne et la Russie, et, en définitive, entre la Chine et ces deux pays.
50 C. Albrecht et al., « China im Fokus », in Bundesakademie für Sicherheitspolitik (dir.), Seminar für Sicherheitspolitik 2014. Analysen und Empfehlungen, Berlin, Bundesakademie für Sicherheitspolitik, « Arbeitspapiere Sicherheitspolitik », n° 3, 2014, p. 24.
51 V. Poutine, « Von Lissabon nach Wladiwostok », Süddeutsche Zeitung, 25 novembre 2010.
52 En 1904, le Britannique Halford John Mackinder dessine une carte mentale autour de l’Oural et de la Sibérie occidentale, qui seraient le cœur de l’Eurasie (heartland). Selon lui, quiconque contrôlerait ce « pivot géographique du monde » contrôlerait le reste du monde. La vision de H. J. Mackinder est mise en pratique par les États-Unis durant la guerre froide : alors que les Soviétiques règnent sur le « heartland », les Américains développent une politique d’endiguement pour lutter contre l’expansionnisme soviétique et installent des bases autour de l’Eurasie pour empêcher toute progression russe vers l’océan Indien et le Pacifique.