La famille, une valeur dépassée ou en renouveau ?
p. 231-246
Texte intégral
1La sociologie familiale a tendance à établir un lien entre les changements qui interviennent au sein du groupe primaire « famille » et les restructurations sociales globales, soit sous la forme d’une relation de causalité (le changement des modèles de relations sociales se répercute d’une certaine façon sur l’évolution de la famille), soit sous la forme d’une corrélation (l’évolution de la société et celle de la famille ont un lien concomitant). On distingue toutefois un autre lien : la vie familiale est toujours une réponse à des bouleversements profonds de l’état de conscience collectif. La vie de famille peut être influencée par ces « systèmes de croyances » lorsque dominent l’optimisme ou le pessimisme, l’orientation vers le passé ou vers l’avenir, les convictions permissives ou rationnelles en valeur. Ni les modes d’interprétation, ni l’organisation des univers familiaux ne sont du ressort exclusif de l’individu : ils sont des faits générateurs et des actions de type collectif. Que l’on considère les familles comme des stabilisateurs sociaux et individuels indispensables, et donc comme des institutions, dont les contributions sont cruciales, ou que l’on pense qu’il est possible (à l’ère moderne) de s’émanciper lentement des contraintes primaires pour se diriger vers une gestion individualisée de l’existence, le point de vue que l’on adopte dépend dans une large mesure des bouleversements sociaux, et plus particulièrement de l’évolution des revenus du travail et des prestations de l’État-providence. Ceci confère à l’individu des marges de manœuvre certaines, tout en lui donnant l’illusion d’être indépendant. Par ailleurs, il est improbable que les bouleversements sociaux changent l’importance que l’on attache aux opportunités qui se présentent dans l’existence, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la famille.
2Ces questions seront abordées en prenant l’exemple de l’Allemagne, pays où il ressort plus nettement qu’ailleurs que l’évolution de la famille est étroitement liée non seulement à la « révolution » des conditions de vie, mais aussi à leur interprétation. Les structures ne sont pertinentes que lorsqu’elles sont interprétées. L’histoire allemande après la Seconde Guerre mondiale, qui est la période qui nous intéresse ici, est donc aussi l’histoire de l’interprétation de conditions d’évolution, de travail et de vie typiquement « allemandes ». Aujourd’hui, 60 ans après ces événements dramatiques, celles-ci continuent probablement d’influencer l’attitude face au mariage et à la vie en couple, à l’éducation, aux perspectives d’avenir, à la sécurité, etc., dans les réflexions et les comportements aussi bien individuels que collectifs. L’évolution de la famille au sens large du terme est donc aussi un problème culturel. Certains pays présentent peut-être des constellations et évolutions similaires, mais les liens établis dans chacun d’entre eux entre ces tendances et facteurs nous amènent à la conclusion que des résultats identiques peuvent être expliqués par des causes et circonstances très différentes.
Les années d’après-guerre : le mobile de la sécurité et l’« âge d’or de la famille »
3En 1944/1945, l’Allemagne est détruite et occupée. Les soldats retenus prisonniers rentrent peu à peu chez eux. Le principal problème est alors pour tous de pourvoir aux besoins de base sur le plan matériel et social, et de retrouver une vie normale après la guerre, projet dans lequel une vie de famille normale joue un rôle essentiel. H. Schelsky indique que ceux qui retournent au pays souhaitent retrouver leur famille proche ou éloignée1. Les familles sont nombreuses à tenter de nouveaux départs, malgré les difficultés liées aux absences prolongées. Une première vague de divorces a lieu et les rôles de tous les membres de la famille, père, mère et enfants, sont renégociés et assumés. Le modèle bourgeois de la famille idéale domine, tandis que ces nouveaux départs sont soumis à des pressions extrêmes. Les femmes, qui ont assuré la survie des familles pendant les cinq années et demie de guerre « sans père » et adopté des comportements typiquement masculins, doivent, souvent contre leur gré, s’adapter aux rôles traditionnels pour ne pas remettre en cause les tentatives de recréation de la cellule familiale. La famille normale bourgeoise redevient le noyau dur de la société.
4Les relations entre générations sont nécessairement étroites, en raison de la pénurie de biens. Chacun doit apporter sa contribution au ménage. Les familles habitent dans un foyer commun ou à proximité. Ces liens économiques étroits ne commencent à se distendre que dans les années 1960, à la suite de l’augmentation du niveau de vie. Les contacts intensifs perdurent longtemps, à travers les visites, le soutien et la prise en charge mutuels. La politique familiale des années 1950 (soutenue par les partis chrétiens et le parti libéral) s’appuie donc fortement sur le modèle familial du début du siècle. Comme sous le nazisme, l’idéal de la femme au foyer et de la mère axée sur la famille joue un rôle essentiel, même dans les classes ouvrières. Il ne faut pas s’en écarter, bien qu’un grand nombre de familles se retrouvent « incomplètes » suite au conflit et que les veuves de guerre sont forcées de travailler à l’extérieur. Les « enfants porteurs de clé », dont on prétend qu’ils ne sont pas pris en charge, font pitié. Les divorces sont très mal vus et rendus difficiles par la législation.
5La RDA, bien que confrontée à des problèmes similaires après la guerre, a une politique familiale qui poursuit d’autres objectifs. Elle vise à intégrer « les » femmes dans le processus de production. L’antagonisme entre famille et travail ne se pose pas en ces termes, d’autant plus que les structures extra-familiales d’accueil des enfants sont très développées. Bien que les femmes de l’Ouest se soient retrouvées intégrées dans le processus de production comme jamais auparavant, cette situation est ressentie comme certes inévitable, mais non souhaitée. Pourtant, elle aura une influence non négligeable sur l’abandon de la tonalité patriarcale du discours public, sur l’adoption de règles juridiques qui régissent les relations entre homme et femme au sein du mariage, et sur la mise en place de modes de vie et d’éducation qui font des enfants le centre de la famille. Les évolutions ultérieures, influencées globalement par les changements intervenus en Europe, se situent dans le droit fil de ces changements. Les deux États allemands accordent d’emblée à la famille une protection juridique très forte (la famille est mentionnée dans la Constitution !) et un soutien spécifique. Ils ancrent l’égalité des droits de la femme et la libéralisation des relations au sein de la famille (droit de prise en charge, statut des enfants nés hors mariage, droits de l’enfant, limitation apportée aux droit et devoirs éducatifs des parents (on emploie désormais le terme « autorité parentale »). La répartition traditionnelle des tâches perdure cependant de facto, au détriment des femmes.
6La femme reste en effet le centre naturel de la vie familiale, ce qui explique que l’Allemagne de l’Ouest ne développe pas de structures d’accueil des enfants. En RDA, les considérations démographiques (famille de trois enfants) entrent en conflit avec l’idéal d’une « activité professionnelle » généralisée. La législation tente donc de réconcilier les objectifs familiaux et professionnels (aides lors de la naissance, crédits aux couples mariés, congé maternité, congé parental, structures d’accueil des enfants, crèches). Le fait que la moitié des femmes travaillaient en RFA (40 % des femmes avec des enfants en bas âge) et que celles qui ne travaillaient pas constituaient une exception en RDA ne pouvait rester sans conséquence sur les structures familiales. La cohabitation extramaritale (communautés, « unions libres »), qui n’était pas rare dans les rangs du prolétariat avant 1914, est tout au plus tolérée pour les universitaires, tout en étant expressément condamnée par le discours officiel (reproche d’« accouplement »). La famille reste la principale institution sociale dans les deux États allemands. Elle détermine le cercle d’amis, le choix de la profession et l’organisation des loisirs. Les premières attaques contre le bastion familial en RFA interviennent lors de la remise en cause des orientations au sein de la famille2. Ceci s’explique d’abord par l’étroitesse de la sphère privée, qui entraîne une sur-organisation, un renforcement des contrôles et de plus grandes attentes. En RDA, l’activité professionnelle féminine constituait la fin, envisagée tout naturellement, des distinctions de rôles entre les sexes. Ceci n’est toutefois pas démontré par les faits et on ne peut nier que la double journée soit une réalité pour les Allemandes de l’Est.
Les années 1970 : l’émancipation
7Les pertes subies par la population marquent l’après-guerre et n’autorisent pas les « expériences » dans le domaine familial ; la prospérité croissante en Allemagne de l’Ouest va de pair avec une réorientation radicale de la vie familiale. Une question est posée à la fin des années 1980 : la famille peut-elle être remplacée par des modes de vie très différents et n’est-elle pas déjà un principe obsolète ? Les médias s’intéressent de nouveau à la famille, tandis que les politiques s’adaptent au pluralisme des styles et à la famille « post-familiale3 ». Sur le plan économique, il est désormais possible de s’affranchir de la tutelle de l’État et des puissances politiques extérieures. Ceci débouche sur une émancipation générale, qualifiée à juste titre de révolution culturelle, dans le sillage du mouvement de 1968.
8Les rôles définis par l’« ère moisie d’Adenauer », rejetés car traditionnels ou capitalistes, sont critiqués publiquement et en profondeur. La remise en cause de la répartition des rôles selon les sexes, la libération sexuelle, les inégalités d’accès à l’éducation, l’« égalisation des chances », la démocratisation (le gouvernement Brandt déclare en 1972 qu’il faut « Oser plus de démocratie » !) et la planification sont au cœur du débat public. La cohabitation n’est envisagée qu’avec des personnes bénéficiant de mêmes droits, le mariage et la famille sont décriés parce que bourgeois. La mode est à l’expérimentation de nouvelles formes libres et individuelles de cohabitation. Le handicap des femmes dans la politique et la société civile mobilise les forces de gauche (mensuel Emma), tout en débordant largement ce cadre. La « question des enfants » devient un sujet de société brûlant et sert à peser les pour et les contre sur le plan financier. Les femmes analysent la revendication d’une « existence propre4 » à l’aune de la valorisation de leur « capital humain », donc de leur activité professionnelle (à temps complet ou partiel), et de la procréation.
9Le changement le plus spectaculaire est probablement la dilution du caractère contraignant des institutions sociales dans la politique, l’économie, le droit et la culture (religion, éducation) ; ce phénomène est renforcé par le passé catastrophique de l’Allemagne (phénomène de désinstitutionnalisation) et finit par toucher la famille. Celle-ci, qui était une structure de contrôle et de protection, devient un mode d’existence négociable individuellement.
La diversification des modes de vie
10La famille allemande se démarque nettement depuis 25 ans de la famille normale bourgeoise des années 1950 et 1960. Le discours social et les programmes des partis intègrent ce phénomène et parlent de pluralisme et de modes de vie individuels. Il est vrai que des bouleversements démographiques sont intervenus, qui remettent partiellement en cause les modes de vie traditionnels en Allemagne. Cette « deuxième transition démographique » transparaît dans le taux de divorce, de mariage et de fertilité5. Le nombre de naissances et de mariages décroît de façon considérable de 1965 à 1975-1978, tandis que le nombre de divorces augmente pendant la période 1969-1984. On observe jusqu’au début des années 1990 une phase de stabilisation, puis une baisse du nombre de divorces et de mariages. Le nombre de naissances reste cependant bas depuis 25 ans. L’Allemagne affiche un des plus faibles taux de natalité au monde (1,3 en 2000). Seules l’Espagne et l’Italie font moins bien avec un taux de 1,2 (la moyenne de l’UE est de 1,5).
11Parallèlement, la dissociation du mariage et de la parenté se manifeste par une progression constante des naissances hors mariage et par une forte proportion de femmes sans enfants. L’Allemagne est dans le peloton de tête mondial. On estime aujourd’hui qu’une femme sur trois de la cohorte 1965 n’aura pas d’enfant. Ce chiffre était de 10 à 15 % pour la génération précédente (née en 1940). Non seulement les familles nombreuses ont disparu, mais les individus deviennent parents plus tard. Le changement du rôle des femmes en Allemagne est l’explication généralement avancée à ce phénomène. La révolution éducative leur a permis d’avoir accès aux études et à la vie professionnelle, et donc à des options entièrement nouvelles. Elles abandonnent le rôle de mère et de femme (au foyer) des générations précédentes. Leur émancipation est considérablement favorisée par l’invention de la « pilule », qui permet de planifier sa grossesse depuis les années 1960. Les progrès de la médecine permettent de renoncer élégamment au modèle historique de la femme et de la famille centrée sur la mère. Il est remplacé par un type moderne de cohabitation entre partenaires, qui privilégie l’affectif, et par une parenté planifiée « assumée », ou mise entre parenthèses et sans cesse repoussée6.
Graphique 1. Taux de natalité en Allemagne de l’Ouest et de l’Est (1950-2000)

Source : Ministère fédéral de la Famille, Die Familie im Spiegel der amtlichen Statistik, 2003, p. 64.
12Ces bouleversements ne sont pas en soi dirigés contre la famille, ne serait-ce que parce que l’idéal familial reste populaire et que les individus ressentent encore le désir d’avoir des enfants. La pilule contraceptive et les tensions entre vie professionnelle et vie familiale agissent pourtant comme un frein démographique. En outre, il semble que le problème de la double journée soit vécu plus difficilement que dans d’autres pays. La plupart des Allemandes sont confrontées à ce problème : elles doivent effectuer les tâches domestiques et s’occuper de leur famille en plus de leur travail (ou s’attendre à ce qu’il en soit ainsi). Les enfants sont un obstacle à l’ascension professionnelle, symbole de la libération « postmoderne ». Les interruptions de carrière compliquent la progression professionnelle, à laquelle elles mettent souvent fin. En outre, les pères ont tendance à se replier sur leur rôle bourgeois traditionnel de père après leur premier enfant, et encore plus après leur deuxième – ce que C. Quaiser-Pohl nomme le « retour aux traditions7 ». Les « nouveaux pères » veulent en faire plus pour leurs enfants, mais les contraintes de leur emploi les en empêchent.
13Ceci joue un rôle non négligeable dans le taux de divorce. Les femmes, mises en garde par l’expérience de leurs mères, voient l’activité professionnelle comme une garantie d’indépendance et de protection contre le risque de paupérisation lié au divorce. Elles acceptent donc les tensions entraînées par la double journée professionnelle et familiale, tout en échouant souvent à les gérer. Aujourd’hui, le divorce est demandé surtout par les femmes, qui expliquent ce geste moins par l’infidélité qu’elles reprochent à leur conjoint ou par des difficultés financières, que par une insatisfaction sur le plan de la communication. Aujourd’hui, les divorces sont « normalisés » dans la société, dans la sphère religieuse, dans la région où l’on habite et dans le milieu social. La société voit moins le divorce comme un rejet du mariage que comme un correctif à un mauvais mariage8.
Graphique 2. Nombre de divorces pour 1000 habitants en Allemagne de l’Ouest et de l’Est (1950-2000)

Source : Statistisches Bundesamt, Wirtschaft und Statistik, décembre 2002, p. 1057.
Une famille fondée de plus en plus tard
14Parallèlement au comportement en matière de divorce, le processus de fondation d’une famille a énormément changé. En Allemagne, il intervient de plus en plus tard. Ceci s’explique essentiellement par la durée des études, nettement plus longues qu’autrefois. Le modèle traditionnel agit comme un frein, et la fondation d’une famille n’est envisagée que lorsque l’on a un emploi avec un revenu assuré. Les diplômés de l’enseignement supérieur, et notamment les femmes, gagnantes de la politique éducative et aujourd’hui aussi nombreuses que les hommes à étudier, ne peuvent souvent être assurés d’un emploi à revenu fixe qu’à partir de l’âge de 30 ans. Ce phénomène explique à lui seul le fait que le nombre d’enfants « réaliste » ait considérablement diminué. Les mariages sont globalement conclus à un âge plus tardif qu’autrefois. Depuis 1975, l’âge du mariage a augmenté de six ans ! En 2000, les hommes se mariaient à 31 ans et les femmes à 28 ans. La fondation d’une famille s’en trouve reportée d’autant, et l’écart intergénérationnel a augmenté en conséquence. En 1961, les mères étaient âgées de 25 ans environ à la naissance de leur premier enfant (né dans les liens du mariage). Quarante ans plus tard, elles étaient âgées de 29 ans. Les femmes diplômées de l’enseignement supérieur sont particulièrement nombreuses à repousser la fondation d’une famille. Celles qui sont nées entre 1946 et 1950 ont en moyenne 4,3 ans de plus quand elles ont leur premier enfant que les femmes ayant reçu une éducation secondaire9. La période de reproduction, c’est-à-dire l’écart entre la première et la dernière naissances, est passée de 5,5 à 3,1 années entre 1961 et 2000.
15La valeur du mariage a radicalement changé pour les femmes depuis le début des années 1970. Aujourd’hui, les personnes non mariées peuvent habiter ensemble sans problème. La société n’y voit rien d’anormal. Les femmes ne sont plus obligées de se marier pour préserver leur réputation et bénéficier d’une protection financière. Elles peuvent avoir un statut social sans mari. La diversité des modes de vie des individus est acceptée par l’opinion publique et il n’existe plus de modèle exclusif. Le but du mariage n’est plus la protection mais la satisfaction affective. Or celle-ci peut être obtenue sans se marier, par différents modes de cohabitation. Il arrive fréquemment que l’on se marie lorsqu’un enfant est « en route » (modèle du « mariage orienté vers les enfants »10. Avant, rien ne presse. Une personne sur cinq ne se marie pas. En 1960, 90 % des hommes se mariaient au moins une fois dans leur existence. Les choses ont beaucoup changé. La proportion d’hommes de 40 ans diplômés de l’enseignement supérieur encore célibataires est d’environ 25 %.
Graphique 3. Temps passé dans les sept situations (personnes âgées de 14 à 35 ans)

Source : J. Brüderl, « Die Pluralisierung partnerschaftlicher Lebensformen in Westdeutschland und Europa », Aus Politik und Zeitgeschichte, B19, 2004, p. 5.
16Le tableau global de la modernisation dans le domaine familial montre que le mariage et la famille ne sont en aucun cas voués à disparaître, et qu’une petite palette de modes de vie individuels très divers s’est imposée. Ce phénomène touche principalement la tranche d’âge de 20 à 35 ans, les « adulescents ». Elle permet d’expérimenter des comportements non familiaux. Les décisions prises autrefois au début de la trentaine, surtout par les individus ayant reçu une éducation supérieure, le sont aujourd’hui entre 30 et 40 ans, voire pendant la quarantaine. Plus de la moitié des personnes âgées de 25 à 29 ans vivent de façon « non conventionnelle » (concubinage, parents isolés). Ce mode de vie n’est jugé attrayant que par un quart des individus plus âgés (45-49 ans). On peut en conclure que la période de fiançailles du modèle bourgeois traditionnel a été remplacée par une phase d’expérimentation différenciée, plus ouverte et moins décisive. Les sondages montrent que 60 % des couples non mariés (et majoritairement sans enfants) se marient après six ans de vie commune. Ces modes de cohabitation sont une solution appréciée des divorcés avant qu’ils ne se remarient (« mariage successif »). Ceci montre également que les modes de vie hors du mariage ne sont pas une « déclaration de guerre » au mariage et à la famille, mais un mode de vie adopté par des gens jeunes, sans enfants et ayant reçu une éducation supérieure, et qui est de toute évidence mieux adapté à la société contemporaine. Ils n’expriment pas le refus de la parentalité, mais uniquement le report de la phase de reproduction.
Unions rompues et désirs de mariage
17Il en va autrement des parents isolés, autrefois qualifiés de « familles incomplètes ». L’augmentation du nombre de divorces a fait rapidement progresser ce mode de vie et le nombre de parents isolés a doublé entre 1970 et 1999 (il est de 1,4 million dans l’ex-RFA). Il s’agit majoritairement de femmes (plus de 80 %) ayant un enfant. Ce mode de vie est fréquemment associé à un grand risque de pauvreté. Autrefois, la « famille monoparentale » résultait d’un veuvage ou d’une maternité hors mariage, alors qu’aujourd’hui, elle est essentiellement imputable au divorce (60 %). Les sondages indiquent toutefois que les parents isolés ne trouvent pas leur situation « normale » et qu’ils n’excluent pas, voire même souhaitent, se marier ou se remarier, ou du moins entretenir une relation. L’évolution est particulière dans les nouveaux Länder. 45 % des femmes nées entre 1953 et 1972 ont vécu au moins une fois ce mode d’existence.
18Dans le débat public, les personnes qui ne veulent pas d’enfants (à ce que l’on affirme), autrement appelées célibataires, attiraient l’attention, car elles passaient pour être le véritable contre-modèle moderne au mariage et à la famille. Ce mode de vie était effectivement rare jusqu’à la fin des années 1960. Aujourd’hui, on estime que les célibataires représentent 15 % dans les anciens Länder11. S’ils sont plus nombreux qu’avant, c’est probablement que les enfants paraissent un élément perturbateur dans une relation tournée exclusivement vers un compagnon ou une compagne (il est fréquent que les couples remariés n’aient pas d’enfants ensemble, car ils en ont déjà de leurs unions précédentes). La volonté de faire carrière explique également ce phénomène, car la flexibilité professionnelle nécessaire entre en conflit avec le désir éventuel d’enfants. En outre, il n’est pas rare d’entendre quelqu’un dire qu’il refuse d’assumer la responsabilité de mettre au monde un enfant dans « ce » monde (société non adaptée aux enfants, peur de l’avenir). Il se peut également que le passé de l’Allemagne soit un frein. Lorsque l’on vit dans un pays dont le passé et l’identité sont autant dévalorisés, on peut difficilement s’attendre à ce que la population place dans les enfants ses espoirs de demain. Il serait intéressant d’analyser plus finement dans quelle mesure ces facteurs influencent globalement le faible taux de reproduction en Allemagne.
19Récemment, les couples de même sexe ont fait parler d’eux. La forme autrefois stricte des relations hétérosexuelles semble quelque peu s’assouplir, et les homosexuels sont désormais comptabilisés dans les autres modes de vie « normalisables ». Ils bénéficient d’un soutien appuyé des médias et des partis de gauche et essaient de conquérir un accès aux mêmes droits, notamment sous la forme du « mariage homosexuel ». C’est ainsi qu’en 2001, ils ont réussi à obtenir le « partenariat enregistré » (eingetragene Partnerschaft). De plus, il est probable que dans un proche avenir ils puissent adopter des enfants sous certaines conditions. On ne dispose que d’estimations quant au nombre de couples homosexuels. N. Schneider a transposé des statistiques américaines en Allemagne : si l’on suppose que 4 % des hommes ont des penchants homosexuels et 2 % des femmes des tendances lesbiennes, on dénombre 1 million d’homosexuels et 500 000 lesbiennes (individus âgés de 18 à 59 ans)12. Presque la moitié ne vivent pas en couple et ne sortent pas réellement du « placard ». On s’attend donc à ce que 20 000 couples seulement se fassent enregistrer, ce qui est peu par rapport au débat politique plutôt dramatique. Fin 2004, on dénombre environ 5 000 mariages homosexuels.
20Les médias déforment souvent la réalité des ménages d’une personne. Les anciens Länder comptent effectivement 12 millions de personnes qui vivent seules, mais presque la moitié sont âgées de plus de 60 ans et une grande partie d’entre elles sont des veuves. La personne qui vit seule en ayant volontairement choisi ce mode de vie antibourgeois est en revanche rare (4 % !). La plupart des personnes qui se retrouvent dans cette situation le sont après un divorce ou un veuvage, contre leur gré. On néglige souvent le fait que le nombre de personnes qui vivent seules est fortement biaisé par le fait que les recensements ne posent que des questions ayant trait au type de foyer, sans donner d’informations sur le pourcentage d’individus qui ont déjà eu des relations de couple (« cohabitation séparée »), ou même envisagent de se marier plus tard. La famille est le mode d’existence le plus répandu statistiquement et elle est donc considérée comme la « forme normale13 ». Elle décline mais n’est pas en train de disparaître. L’absence de transitions nettes débouche souvent sur des conclusions erronées. Les phases de l’existence avant le mariage sont différenciées14. La persistance de la « famille normale » perdure : 52 % des personnes interrogées déclarent avoir épousé le premier compagnon ou la première compagne qu’ils ont connu (e) lors de leur première relation durable hors mariage15.
21Le mariage et la famille semblent être difficiles à vivre aujourd’hui en Allemagne. Les structures de négociation égalitaires modernes entre partenaires sont exigeantes et fatigantes, tout comme le souhait de donner une éducation de haut niveau à ses enfants. En outre, la concurrence entre travail et famille n’est pas facile à maîtriser pour les femmes, ni parfois pour les hommes. L’idéal maternel continue de perdurer malgré tous ces obstacles. L’objectif de la parentalité perdure, notamment chez les jeunes. La famille est perçue encore plus qu’avant comme un facteur de bien-être et de bonheur. En 1998, 75 % des jeunes âgés de 18 à 30 ans la considéraient comme « très importante » et la mettaient au deuxième rang derrière la santé. En 1980, ce chiffre atteignait 67 %. Les familles ne sont pas seulement un lieu de friction et d’émancipation, mais aussi un ancrage sûr dans une époque agitée.
La nouvelle aspiration à la sécurité
22Le « bref rêve d’une prospérité permanente16 » est bel et bien déjà fini. La « société à options multiples17 » postmoderne ne concernait, à supposer qu’elle ait existé, que les couches aisées. Les Allemands ont compris au début du nouveau millénaire que l’optimisme émancipateur a en partie opéré. La dissolution des blocs militaires en Europe et la réunification ont considérablement accru la marge de manœuvre politique de l’Allemagne sur le plan international. Tous nos voisins, partenaires et alliés sentent que l’Allemagne est de retour sur la scène internationale. Pourtant, l’euphorie n’est pas de mise, car la situation reste globalement compliquée et moins sûre. Les conditions de concurrence ont radicalement changé avec la mondialisation. La conjoncture mondiale et la conjoncture allemande frôlent la stagnation depuis bientôt cinq ans. Les faillites de sociétés atteignent des niveaux record et le taux de chômage (10,9 % en 2004) également. Notre identité de nation économique est menacée. Les exportations (« made in Germany ») continuent de soutenir l’économie, mais la conquête des marchés n’est plus aussi facile. La concurrence internationale des producteurs bon marché est devenue trop grande.
23La réunification a été financée par le budget fédéral de l’ancienne RFA, avec des déficits encore jamais atteints. Au cours des dix premières années, les transferts au bénéfice de l’ex-RDA ont largement dépassé le billion de marks, sans que les nouveaux Länder aient réellement réussi à se sortir d’affaire. L’ambiance de crise est très répandue en Allemagne, bien que le niveau de vie y reste relativement élevé par rapport à d’autres pays. La conviction que l’« âge d’or » (miracle économique, prospérité, courants d’émancipation « post-matériels » et société hédoniste postmoderne) est déjà terminé, probablement pour une longue durée, progresse rapidement. En outre, la société vieillit de façon dramatique. Non seulement les individus sont plus vieux (l’espérance de vie est aujourd'hui de 78 ans pour les hommes et de 80 ans pour les femmes), mais la société « produit » de moins en moins de jeunes. Dans 45 ans, la population allemande comptera presque 20 millions d’individus en moins. L’Allemagne commence, lentement mais de plus en plus intensément, à souffrir de la deuxième transition démographique.
Le déficit démographique et les menaces qui pèsent sur le contrat intergénérationnel
24Chaque individu est soutenu deux fois dans son existence par d’autres générations, lorsqu’il est enfant et lorsqu’il est vieux. Il donne ensuite des prestations en retour à ses parents et à ses descendants. Ces liens solidaires sont désignés sous l’appellation de contrat intergénérationnel, ou mieux de « contrat tri-générationnel », dont l’élément décisif est une prise en charge par les cohortes plus jeunes. Le soutien aux personnes âgées dépend donc de l’importance numérique des générations qui suivent. Le taux de natalité est déterminant, car plus il est faible, plus la contribution par tête de la génération médiane, peu nombreuse, est importante pour assurer les besoins de la cohorte de retraités âgés numériquement plus nombreux.
25En 2000, l’Allemagne affichait un ratio actifs/inactifs de 23 (pourcentage d’individus âgés de plus de 65 ans par rapport aux actifs âgés de 15 à 65 ans). Un groupe de 100 individus en âge d’exercer une activité professionnelle devait donc soutenir 23 personnes âgées. Si le nombre d’enfants reste constant à 1,4 par femme, le ratio actifs/inactifs montera rapidement à 57,3, à espérance de vie constante : il fera donc plus que doubler. Le « survieillissement » (du point de vue des jeunes) ou la « limitation du nombre de descendants » actuelle (du point de vue des personnes âgées) sont devenus un sujet de friction qui a secoué la nation. En effet, les jeunes actifs se sentent opprimés par la supériorité numérique des personnes âgées et ont l’impression de ne plus avoir d’opportunités financières. Les personnes âgées ressentent une grave menace sur la sécurité de leurs retraites. Les modes de vie actuels, l’émancipation et la multiplicité des options entrent en conflit avec la sécurité recherchée. Ce conflit se transforme en affrontement intergénérationnel dramatique.
26Les conséquences de ces évolutions sont un thème essentiel du débat public sur le marché du travail, les systèmes de protection sociale, l’évolution des familles et la politique familiale. Le fait que la société allemande refuse apparemment de se renouveler pose une question : ces changements pourraient-ils être maîtrisés par la création de structures d’accueil des enfants (loi d’octobre 2004), une fiscalité plus favorable aux familles, des allocations d’éducation, la reconnaissance du temps passé à élever les enfants par les caisses de retraite, avant que n’éclate une lutte intergénérationnelle ? Les personnes âgées forment en effet le vivier le plus important d’électeurs. D’ici 2050, leur nombre augmentera de 8 à 10 millions, tandis que le nombre de personnes âgées de 20 à 60 ans diminuera de 14 à 16 millions. La politique pourrait alors être plus favorable à cette nouvelle majorité.
27Aujourd’hui déjà, le contrat intergénérationnel soulève la question du juste équilibre entre prestations et contre-prestations, qui a une grande importance pour le bon fonctionnement des régimes de protection sociale. En effet, si le nombre de retraités à prendre en charge double, les cotisations retraite (versées par les salariés et les employeurs) augmenteront fortement, à moins d’abaisser considérablement le niveau actuel de retraite. Une augmentation des cotisations serait supportée par les jeunes, tandis qu’une baisse des retraites serait considérée comme une « duperie » vis-à-vis des personnes âgées. Comme les différents pays européens, l’Allemagne discute actuellement d’autres modes de financement, qui prévoient des coupes sombres dans les acquis sociaux auxquels la population est habituée : augmentation de la pression fiscale, allongement de la durée de la vie professionnelle, réduction de la durée de la formation, augmentation du nombre de femmes actives, immigration de population active.
28Toutes ces possibilités sont très délicates politiquement et font l’objet actuellement d’un débat particulièrement vif. Tous les groupes doivent accepter des sacrifices sous forme de travail supplémentaire, de travail concentré et/ou de cession des revenus du travail (impôts). L’heure n’est plus – et pour longtemps – aux mentalités de la période de boom. L’Allemagne est devenue une puissance économique normale et montre peu d’imagination dans la gestion des crises attendues. En effet, les problèmes sont similaires pour les régimes d’assurance maladie et de prévoyance obligatoires. Les dépenses de santé étant huit fois plus élevées pour une personne âgée que pour un individu jeune, les coûts par tête augmentent et les dépenses de santé des caisses ne cessent de croître. Le nombre de cotisants se réduisant en raison de l’évolution démographique, l’écart se creuse entre dépenses et recettes.
29La structure de la population engendrera probablement aussi des difficultés. Le taux de natalité a un impact sur les conditions de vie régionales, par l’intermédiaire des migrations intérieures. Les personnes qui ont des enfants ou veulent en avoir quittent souvent les zones urbaines pour s’établir à proximité des centres urbains, tandis que les personnes sans enfants déménagent de la périphérie vers le centre. C’est ainsi que la métropole d’Essen, située dans la Ruhr, a perdu plus de 150 000 habitants entre 1962 et 2003, et est menacée d’avoir prochainement des « quartiers fantômes », qui déclencheront un cercle vicieux d’émigration et d’hémorragie financière. Les villes aussi ont besoin d’enfants.
La nouvelle convergence de la politique familiale
30Le fait que la société allemande refuse de toute évidence de se « reproduire » sur le plan démographique a infléchi la politique familiale depuis quelques années. En raison du baby-boom de l’après-guerre, dans les années 1950 et 1960, et du miracle économique, on a largement délaissé la politique familiale. On n’a jamais compris qu’elle permet de mener une politique sociale. Encore sous le choc de la politique pronataliste du nazisme (« Des enfants pour le Führer », culte de la mère), les partis de gauche (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) et les libéraux ont affirmé que l’État n’avait rien à faire « dans les lits » des citoyens. Les conservateurs (Christlich Demokratische Union Deutschlands/Christlich-Soziale Union, CDU/CSU), après la phase de « consolidation de la famille » des années 1950 (construction de logements, allocations familiales, allègements d’impôts, réductions pour les familles, protection de la mère), s’en sont tenus ensuite à de simples discours rhétoriques sur la famille.
31Aujourd’hui, les programmes pour la famille de l’ensemble des partis politiques allemands, sous la pression de la situation démographique, sont plus proches que jamais, et s’alignent sur des positions plus conservatrices. Le SPD, défenseur traditionnel de l’émancipation de la femme, promeut désormais la « protection, le soutien et la consolidation des familles », et affirme que c’est dans la sécurité matérielle que réside « la reconnaissance de leurs idéaux18 ». Les libéraux, dont le modèle traditionnel est le citoyen libre des deux sexes, justifient leur nouvelle politique de la famille en avançant l’argument de l’avenir du pays. La CDU continue de considérer la famille comme la « communauté la plus importante et la plus apte à maintenir la cohésion sociale19 », tandis que les Verts se définissent comme le parti qui veut faire une « politique pour les enfants », tout en protégeant les femmes et les mères20. Malgré des priorités différentes, tous les partis reconnaissent qu’une meilleure conciliation des vies professionnelle et familiale est la clé pour augmenter le taux de natalité. En effet, la société continue de vouloir des enfants, mais ne peut en avoir en raison de son « inadaptation structurelle aux enfants ». Il n’existe cependant pas encore de politique sociale globale, pas plus que de mesures orientées vers l’avenir. Les allocations familiales et les structures d’accueil des enfants n’arriveront pas à elles seules à corriger l’évolution de la famille, alors que ceci revêt un caractère de grande urgence. Jusqu’à présent, nul ne s’est encore hasardé à aborder les points essentiels d’une action qui doit être concertée pour adapter la société aux enfants.
32Il ne faut pas s’en remettre uniquement à l’État en pensant qu’il prendra les mesures nécessaires. L’évolution de la famille et la politique familiale sont une mission à long terme, qui incombe à la société dans son ensemble. Ces questions ne sont pas exclusivement du ressort de l’État, mais des entreprises (emplois à temps partiel pour les pères, horaires de travail flexibles), des médias et des établissements d’enseignement. Les enfants sont l’avenir de la société. Ils ne naîtront en nombre suffisant que si celle-ci, dans son ensemble, n’envisage pas uniquement sa survie à court terme, mais pense aussi aux autres générations, et qu’elle se donne ou veut se donner un avenir en faisant preuve d’optimisme, d’espoir et de confiance dans l’avenir. Il semblerait que la population allemande ait du mal à aller dans ce sens. Sur le plan historique, c’est peut-être effectivement un peu plus difficile que pour d’autres populations.
Notes de bas de page
1 H. Schelsky, Wandlungen der deutschen Familie in der Gegenwart, Dortmund, Enke, 1953.
2 Sur ce point, voir M. Horkheimer, « Autorität und Familie in der Gegenwart », in D. Claessens et P. Milhoffer (dir.), Familiensoziologie. Ein Reader als Einführung, Francfort, Fischer, 1960, p. 79-94. R. König, Materialien zur Soziologie der Familie, Cologne, Kiepenheuer und Witsch, 1974. F. Neidhardt, Die Familie in Deutschland, Opladen, Leske, 1974, 4e édition.
3 E. Beck-Gernsheim, « Vom "Dasein für andere" zum Anspruch an ein Stück "eigenes Leben" », Soziale Welt, n° 3, 1983, p. 307-340, ainsi que Was kommt nach der Familie? Einblicke in eine neue Lebensform, Munich, C. H. Beck, 1993.
4 Ibid.
5 R. Peuckert, Familienformen im sozialen Wandel, Stuttgart, UTB, 2002.
6 N. Schneider, « Zur Lage und Zukunft der Familie in Deutschland », Gesellschaft, Wirtschaft, Politik, vol. 51, n° 4, 2004, p. 515.
7 C. Quaiser-Pohl, « Deutsche Eltern im internationalen Vergleich », in H. Nickel et C. Quaiser-Pohl (dir.), Junge Eltern im kulturellen Wandel, Weinheim, Juventa, 2001, p. 301-310.
8 F. X. Kaufmann, Zukunft der Familie im vereinten Deutschland, Munich, Beck Verlag, 1995.
9 W. Lauterbach, « Die Dauer nichtehelicher Lebensgemeinschaften. Alternative oder Vorphase zur Ehe », in T. Klein, et W. Lauterbach (dir.), Nichteheliche Lebensgemeinschaften, Opladen, Leske + Budrich, 1999, p. 292.
10 R. Nave-Herz, « Die nichteheliche Lebensgemeinschaft als Beispiel gesellschaftlicher Differenzierung », in T. Klein et W. Lauterbach (dir.), op. cit. [9], p. 37-59.
11 J. Dorbritz et K. Schwarz, « Kinderlosigkeit in Deutschland - ein Massenphänomen? Analysen zu Erscheinungsformen und Ursachen », Zeitschrift für Bevölkerungswissenschaft, n° 3, 1996, p. 231-261 (ici p. 254).
12 N. Schneider, op. cit. [6], p. 529.
13 Ibid., tableau 2, p. 525.
14 J. Brüderl, « Die Pluralisierung partnerschaftlicher Lebensformen in Westdeutschland und Europa », Aus Politik und Zeitgeschichte, B 19, 2004, p. 3-10.
15 K. Schneewind et al., Optionen der Lebensgestaltung junger Ehen und Kinderwunsch, Stuttgart, Kohlhammer, 1996.
16 B. Lutz, Der kurze Traum immerwährender Prosperität. Eine Neuinterpretation der industriellkapitalistischen Entwicklung im Europa des 20. Jahrhunderts, Francfort/New York, Campus Verlag, 1984.
17 P. Gross, Die Multioptionsgesellschaft, Francfort, Suhrkamp, 1994.
18 SPD, Programm der Deutschen Sozialdemokratie, Bonn, 1995, p. 161.
19 P. Hintze, Die CDU-Parteiprogramme. Eine Dokumentation der Ziele und Aufgaben, Bonn, Bouvier, 1995.
20 Bündmis 90/Die Grünen, Grüne Politik für Kinder, Beschluss des 37. ordentlichen Parteirats vom Bündnis 90/Die Grünen am 15. April 2002 in Berlin, Berlin, 2002.
Auteurs
Professeur de sociologie à l’université de Regensburg.
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