Le développement du plan du campus de l’Université Tsinghua à Beijing. Zones de conflit et suggestions

Xiaoxiao Wang et Fenjie Long

p. 169-181


Texte intégral

Introduction

1L’Université de Tsinghua a vu le jour en 1911, sous la forme d’une école préparatoire pour les étudiants envoyés par le gouvernement étudier aux États-Unis. En 1952, après l’avènement de la République Populaire de Chine dont l’action se concentre sur la restructuration des universités et des lycées, l’Université Tsinghua fusionne avec un Institut Polytechnique. En 1978, après l’ouverture de la Chine au monde, l’Université Tsinghua se développe à un rythme effréné devenant une université de recherche à part entière. Aujourd’hui, elle compte 14 facultés structurées en 56 départements comprenant différentes disciplines telles que les sciences, l’ingénierie, les sciences humaines, le droit, la médecine, l’histoire, la philosophie, l’économie, la gestion, l’éducation et les arts. Elle compte actuellement plus de 25 900 étudiants (13 100 en premier cycle et 12 800 en deuxième cycle) et est considérée comme une des universités chinoises les plus prestigieuses de par la qualité de ses enseignements et parce qu’elle favorise le développement et la valorisation de talents en promouvant la recherche scientifique de haut niveau.

I. Caractéristiques de la structure du campus

2À partir de 1909, l’université a vu se développer 9 plans directeurs dont le dernier en 2007. Le campus est alors situé sur le site du jardin royal de la Dynastie Qing. Selon le 1er plan directeur, le centre universitaire d’origine était constitué de quatre constructions majeures : la bibliothèque, l’auditorium, Tsinghua Xuetang et le gymnase. En 2001, cette zone a été placée sous protection au titre de patrimoine historique national. Les 4e et 5e plans directeurs ont clarifié la lecture du campus par zones destinées à des fonctions précises : à l’est et à l’ouest sont situées les zones destinées à l’enseignement et à la recherche ; les résidences étudiantes se trouvent au nord et les résidences pour les enseignants au sud. Dans les années 1950, la construction de l’édifice principal, à l’est, amorce l’extension du campus vers cette direction et forme une zone destinée à la formation.

3Nous héritons actuellement de la structure des années 1950 qui permet de lire clairement l’histoire du développement du campus. Les édifices qui abritent les facultés de droit, d’économie et de gestion, d’architecture et d’ingénierie mécanique, situés à l’est, autour de l’édifice principal, datent des années 1990 et accentuent ultérieurement la fonction de formation de ce secteur. Dans les mêmes années, l’université construit les installations sportives et la plupart des nouveaux projets situés entre la zone des résidences étudiants et celle destinée à la formation, à l’est. Les anciens bâtiments situés dans le noyau historique, ont été préservés et rénovés, pour une utilisation efficace. Dans les années 1990, l’université décide de rénover l’ancien centre de formation en construisant à sa place le Collège des Sciences, avec les départements de mathématiques, de physique et de biologie.

Les conflits générés par le développement du campus

4La planification et la construction d’un campus comportent la participation d’intervenants multiples ayant une forte influence et différentes tâches, du début du processus jusqu’à la gestion du projet. Dans le processus de développement du campus de l’Université Tsinghua, on peut identifier différents types d’intervenants ainsi que des problèmes récurrents. Généralement, étudiants, enseignants et personnels administratifs n’ont pas les mêmes exigences. Les demandes des étudiants concernent le plus souvent la disponibilité de lieux pour la lecture, les activités collectives et les loisirs, alors que les enseignants aspirent à des bureaux plus grands et à plus de places de parking. Les personnels de l’université, quant à eux, réclament davantage d’espaces à usage commun. Les uns et les autres, souhaiteraient ne pas devoir faire des déplacements trop longs et qu’on améliore l’accessibilité au campus. Il est évident que l’on ne pourra pas satisfaire toutes ces exigences à la fois si non au prix d’une consommation importante des ressources foncières et à des coûts très élevés. On n’est pas sans savoir que les universités, en général, souffrent d’une pénurie d’espace et ne disposent pas de ressources foncières illimitées. Cette situation est encore plus dramatique pour les universités ayant une longue tradition, situées en centre-ville. Il est donc nécessaire de chercher des solutions efficaces pour satisfaire ces besoins différents et éviter le blocage, sachant que les méthodes à l’œuvre ne peuvent pas apporter toutes les solutions.

5Cet article identifie trois zones de conflits potentiels, de notre point de vue, dans la construction d’un campus et essaye d’esquisser des suggestions pour les dépasser :

  • l’objet de la construction,

  • le choix du site,

  • la conception architecturale.

6Avant de décrire ces trois zones point par point, il est nécessaire de présenter le dispositif mis en place par l’Université Tsinghua en matière de prise de décision de constructions nouvelles (ou d’extensions) dans le campus.

La décision en matière de constructions dans le campus

7L’Université a mis en place un dispositif pour la prise de décision en matière de constructions nouvelles ou d’extensions de bâtiments sur le campus. Ce système décisionnel est censé se baser sur des analyses attentives et doit prendre en compte l’opinion de la majorité des intervenants. La reconstitution du processus décisionnel est reportée de suite. Les usagers et exploitants (université, facultés, départements ou divisions) soumettent au Bureau de Planification et de Construction du Campus, les propositions de nouvelles constructions (ou d’extensions) complétées de toutes les informations nécessaires (historique, sites potentiels, budget prévisionnel). Après examen attentif de la portée, de la nécessité et de la faisabilité du projet et après avoir vérifié sa compatibilité avec les directives du plan directeur du campus, le Bureau retourne le dossier aux doyens des facultés pour avis. En cas de refus, le doyen de la faculté peut demander aux auteurs de la proposition (usagers) de réexaminer le projet et de modifier la proposition. Si l’avis est positif, le doyen donne son accord pour la réalisation du projet et engage la discussion sur le choix du site et la conception architecturale dans le cadre de la Commission de Planification du Campus de l’Université. S’il y a consensus généralisé sur l’opportunité de la construction, le Bureau de Planification et de Construction du Campus finalise le projet intégrant des informations supplémentaires sur la conception architecturale et le transmet aux institutions gouvernementales concernées pour l’obtention du permis de construire.

1. Les conflits relatifs à l’objet de la construction : les acteurs

Les Facultés et les Départements

8Concernant la formation, les principaux acteurs sont les facultés et les départements, les organisations d’étudiants et le corps enseignant, de différentes disciplines. Même s’ils appartiennent tous à une même structure académique, ils sont en concurrence pour la répartition des ressources (en termes de terrains disponibles et de fonds) mises à disposition pour le développement du campus. Toutes les facultés auraient, en effet, la nécessité de s’étendre et d’avoir davantage d’espace. Mais quels sont les leviers dont ces acteurs disposent pour l’obtention de ces ressources de la part de l’administration de l’université ? La création de nouvelles disciplines, de nouveaux domaines interdisciplinaires avec une accélération des rythmes d’étude, de recherche et de production, peut être l’un de ces leviers potentiels. L’ouverture d’un nouveau domaine disciplinaire à caractère international, sur les Sciences de la Vie, par le Département de Biologie de la Faculté de Médecine, en est un exemple. L’université a soutenu cette initiative qui permettait d’attirer des professeurs de Biologie ou de Médecine de réputation internationale et d’accélérer le développement de la Faculté de Médecine. Face à ces perspectives, elle se devait d’améliorer les conditions de travail et d’étude des enseignants et des étudiants de ce département. Ainsi, en 2009, l’ancien Département de Biologie est devenu la Faculté des Sciences de la Vie et deux nouveaux édifices, construits par l’université, ont vu le jour pour accueillir cette nouvelle faculté. Le niveau actuel de ses performances montre que l’université avait vu juste en pensant que cette initiative lui aurait permis de gagner en puissance, en vue d’une future expansion. En 2010, cette faculté comptait déjà plus de 250 projets de recherche bénéficiant de 78 millions de Yuans (soit environ 8,3 millions d’euros). Elle peut vanter aussi des publications dans des revues internationales à caractère scientifique de premier plan tel que Nature, Science and Cells. Un second levier potentiel consiste dans la capacité de chaque composante à lever des fonds des différents départements et des facultés. L’État ne participant plus au financement des projets universitaires, la collecte de fonds (frais de scolarité, revenus issus des projets de recherche, etc.) et les donations particulières (de l’université, de la faculté ou du département) jouent un rôle de plus en plus important en ce domaine. Si l’université a un sponsor, elle aura tendance à se soucier du bon fonctionnement de la totalité du campus, veillant à ce que l’occupation des terrains soit équilibrée entre les différentes facultés et aidant les facultés les moins avantagées (en général, celles afférant aux disciplines littéraires) à lever des fonds. Les facultés capables de lever des fonds les consacrent habituellement à élargir au maximum l’espace de travail. Parfois et compte tenu du rôle majeur joué par ces facultés dans les processus décisionnels pour améliorer le campus, l’université adopte la stratégie de compromis : « Premier arrivé, premier servi », sans étudier en profondeur les demandes de chaque composante.

9Le tableau 1 illustre les projets réalisés entre 2005 et 2011, le tableau 2 illustre les futurs projets clés prévus par le 12e plan pour la construction du campus (2005-2011).

Tableau 1

Projets

Surface au sol (m2)

Année de fin

Filière de levée de fonds

1

École des arts et conception

61000

2005

Collecte de fonds particulière

2

École des sciences de la vie

34300

2006

Collecte de fonds particulière

3

École de l’environnement

20000

2007

Collecte de fonds particulière Donation

4

Département de génie chimique, Département de génie physique

48036

2008

Appropriation nationale Collecte de fonds particulière Donation

5

Département de génie électrique

33000

2011

Donation

Tableau 2

Projets

Surface au sol (m2)

Filière de levée de fonds

1

École des sciences de la vie

18000

Donation

2

École de génie mécanique

100000

Donation

3

Département de mathématiques

10000

Collecte de fonds particulière

4

Département de génie civil

20000

Donation

5

École d’économie et de gestion

17000

Collecte de fonds particulière

6

Département des relations internationales

15000

Donation

7

Département de physique

15000

Donation

8

Département des sciences de la terre

10000

-

L’université et les facultés

10En plus de l’attribution du foncier aux facultés et départements, l’université est aussi en charge de la construction des bâtiments ayant des espaces à usage commun (les salles de cours, les bibliothèques, les cafétérias, etc.). Il faut saluer l’effort fait par la plupart des facultés dans l’offre de ces espaces à usage commun, même si à petite échelle. Cela correspond à un besoin car il existe des enseignements généraux destinés aux étudiants issus de différentes disciplines, qui n’appartiennent pas toutes à une même faculté ou département, d’où la nécessité d’avoir des salles de cours communes. Les espaces communs ont comme fonction de développer les sociabilités et permettre d’améliorer les échanges entre étudiants et avec le corps enseignant. Il en découle que pour obtenir un maximum d’espaces à usage commun, les facultés sont en concurrence entre elles et rentrent en conflit avec l’université qui ne dispose pas des ressources nécessaires aptes à satisfaire la demande de chaque faculté.

11Le tableau 3 illustre les réalisations entre 2005 et 2011, le tableau 4 les futurs projets clés prévus par le 12e plan pour la construction du campus (2005-2011).

Tableau 3

Projets

Surface au sol (m2)

Année de fin

Filière de levée de fonds

1

Cafétérias

4950

2005

Collecte de fonds particulière

2

Centre de service aux étudiants

10158

2006

Collecte de fonds particulière

3

Gymnase

10500

2009

Donation Collecte de fonds particulière

4

Bibliothèque des sciences humaines

20000

2011

Donation

5

Salle de concert

5000

2011

Donation

6

Salle de conférence

18000

2011

Donation

Tableau 4

Projets

Surface au sol (m2)

Filière de levée de fonds

1

Bibliothèque centrale (Extension)

15900

Donation

2

Bibliothèque de droit

20000

Donation

3

Stade

20000

Donation

4

Dortoir

58000

Collecte de fonds particulière

5

Complexe de l’administration centrale

15000

Donation

Les étudiants et le corps enseignant

12On a déjà vu qu’en général, les exigences des étudiants ne coïncident pas forcément avec celles du corps enseignant et vice-versa. De plus, il n’est pas évident de connaître l’avis des étudiants, en raison de leur mobilité, bien que les exploitants côté facultés, soient restés fidèles à leur objectif « centré sur l’étudiant » aussi bien en ce qui concerne l’offre en formation qu’un espace. Il en découle qu’il est difficile d’intégrer leurs souhaits dans la planification et la construction du campus.

• 1.1 Les suggestions

13Pour résoudre ces conflits, l’université nécessite de solutions efficaces et rapides. Il s’agit tantôt d’établir des équilibres entre les facultés ou d’améliorer ses rapports avec elles ; tantôt de mieux identifier les exigences des étudiants et des enseignants. Elle devra aussi améliorer son dispositif de prise de décision pour aplanir les désaccords éventuels.

Nécessité d’approfondir davantage les analyses

14Le système de prise de décision tel qu’il fonctionne actuellement, présente des failles. En matière de rassemblement de l’information, d’abord, le Bureau de Planification et de Construction du Campus ne dispose pas forcément de toutes les informations nécessaires sur l’utilisation réelle des espaces par les facultés. Ces informations sont détenues par le Bureau de Gestion de la Propriété. Or la coopération entre ces deux bureaux est limitée. Les informations liées à l’utilisation des espaces publics sont classées confidentielles, ce qui peut prêter à controverse en ce qui concerne le sens du mot public selon l’université. Le Bureau de Planification, dépourvu d’informations sur les conditions de répartition de l’espace, est tout de même amené à prendre des décisions sur l’opportunité de construire ou non de nouveaux bâtiments. Les conditions de fonctionnement de chaque faculté ne sont pas connues par tout le monde et cela ne permet pas d’avoir une vision globale et distancée de la situation du campus. La prise de décision dépend alors d’autres facteurs et non pas d’une étude circonstanciée de la situation.

15Deuxièmement, les choix de construction (ou d’extension) ne tiennent souvent pas compte des changements des plannings académiques. Il est nécessaire de procéder en même temps, avec un planning détaillé qui renseigne sur les besoins par faculté, en termes de superficie et de types d’espace, si elle entend renouveler ses enseignements et ouvrir son champ disciplinaire. Cela permettrait au Bureau de Planification de donner des conseils plus avisés aux gestionnaires de l’université.

Permettre une plus large participation

16La participation publique attire de plus en plus l’attention des administrateurs de l’université. Il est souhaitable qu’aussi bien les enseignants que les étudiants soient consultés dans les différentes phases du processus. Recueillir plusieurs opinions, même contradictoires, permettrait au Bureau de Planification de mieux se saisir de la proposition de projet. La supervision du public peut également permettre aux candidats d’analyser leurs exigences plus en profondeur pour convaincre tous les intervenants de la nécessité de la construction. Enseignants et étudiants devront aussi être impliqués dans la conception architecturale. Les experts en architecture ou en urbanisme peuvent certes faire des suggestions judicieuses sur la conception de la construction, mais les usagers du campus au quotidien connaissent aussi très bien la question. Des débats démocratiques pourraient couvrir une partie significative de l’enseignement supérieur, et les étudiants en apprendraient davantage sur leurs responsabilités sociales. Des auditions publiques, un vote, un questionnaire et la participation des représentants aux conférences de direction des facultés, toutes ces méthodes peuvent être adoptées pour promouvoir la participation civique.

2. Les conflits relatifs au choix des sites

17La sélection du site à bâtir est également un point important du processus de prise de décision pour une nouvelle construction sur le campus. Les questions les plus importantes pour les usagers concernent habituellement la facilité d’accès, la desserte par les transports et la qualité de l’environnement. Il est difficile de satisfaire toutes les exigences en matière de choix d’un site, en même temps, car beaucoup de projets peuvent être en compétition entre eux. Aussi, des conflits entre les différents intervenants peuvent surgir pendant la sélection du site. La façon de trouver le site qui convient, d’équilibrer les demandes des différents candidats, puis de trouver des compromis est cruciale pour le développement durable du campus. Les contradictions qui existent dans la sélection des sites seront développées de suite, en fonction des différents types de bâtiments et d’espaces.

Les bâtiments d’usage commun

18Nous avons déjà décrit le rôle des bâtiments à usage commun dans l’université, à savoir qui ont une fonction générale Ces immeubles ou ces espaces ne sont pas gérés par une faculté ni un département spécifiques, mais par l’administration centrale de l’université. Une division universitaire est chargée de la proposition de constructions et de l’entretien de celles qui sont terminées. L’emplacement de ce type de bâtiments est primordial et influence certainement le choix du site par les facultés (ou départements). On assiste aussi au phénomène inverse, à savoir dès qu’on s’aperçoit qu’une nouvelle construction bénéficie d’un bon emplacement, elle est destinée par l’université à des usages collectifs, même si ce n’était pas sa destination originelle. Les salles de conférence, les cafétérias et les boutiques répondent aux besoins croissants des enseignants et des étudiants. Ils sont pourtant recherchés un peu par toutes les facultés, devenant source de conflits potentiels avec l’université.

19Si l’on regarde le plan directeur de l’Université Tsinghua, seuls les bâtiments à usage commun se situent à l’intersection des routes principales Ouest-Est et Nord-Sud, qui sont les repères du campus. Dans le secteur Nord-Ouest, se trouvent le nouveau Tsinghua Xue Tang, le Musée d’histoire de l’université et le projet de salle de concert. Une bibliothèque de droit sera construite à partir de 2012 dans le secteur Sud-Est. Sont également prévus un bâtiment administratif central, et un centre d’histoire et conservation. Autre exemple : les besoins exprimés en salles de conférence. Dans les cahiers des charges architecturales, quasiment chaque faculté ou département prévoit la construction d’une telle salle. Cependant, d’après les études du Bureau de Planification, le taux d’utilisation des salles de conférence dans les bâtiments concernés, est faible. La conception et la planification des salles de conférence représentent un volet important des directives de planification du campus de Tsinghua.

Les bâtiments destinés aux facultés et aux départements

20En plus d’être concurrents pour les bâtiments à usage commun, les facultés et départements sont concurrents aussi dans la demande de projets d’extension de leur siège. Les bâtiments construits actuellement sont en basse consommation, avec un coefficient d’occupation du sol réduit car dans le passé, l’économie nationale et le développement académique étaient plus lents. Dernièrement, les plans d’extension sont plus rapides et efficaces pour atteindre les buts des facultés en matière de développement. De plus en plus, les facultés sont impliquées dans la formation continue pour les entreprises et l’industrie, et de nombreux programmes sont spécialement conçus pour des salariés, par exemple les MBA (Diplômes de gestion d’entreprise), MPA (Diplômes d’administration publique). Dans la proposition d’extension, ces facultés veulent toutes se rapprocher du centre du campus ou des transports, être facilement accessibles depuis l’extérieur, et pas trop éloignées du secteur d’origine. Par exemple, la bibliothèque de droit, qui inclut également la fonction de gestion de la faculté de droit, peut être considérée comme une extension de l’ancien bâtiment, construit en 2001. La faculté a proposé de s’étendre dans l’espace ouvert au Nord-Ouest de l’ancienne faculté de droit. Cette dernière, fait également face à d’importants défis, avec des bureaux et des salles de classes en nombre limité, des programmes directeurs d’extension et de certification, et elle peut être sur les rangs pour l’occupation de ce terrain. Grâce aux fortes capacités de levée de fonds de la faculté de droit, l’université a décidé de démarrer d’abord le programme de la bibliothèque de droit et de la construire à un endroit proche du bâtiment d’origine, au centre du campus.

• 2.1 Les suggestions

21Il existe plusieurs moyens de résoudre ce type de conflits. Tout d’abord, il conviendrait d’adopter un processus d’analyse clair et rigoureux. La concurrence entre les différentes facultés et départements doit se baser sur une analyse scientifique de leurs demandes réelles et des types de demande. Une enquête approfondie, telle qu’une recherche sur les transports et une modélisation du flux des personnes, doit être menée pour déterminer le site le plus apte à accueillir une nouvelle construction. Une planification du campus soucieuse et complète doit être développée. Un zonage peut cartographier un schéma de base d’utilisation du terrain dans l’université. L’analyse doit être menée avec la plus grande attention au cours de la procédure, pour s’assurer que l’utilisation de chaque morceau de terrain est contrôlée. En plus d’une planification stable, des directives plus souples peuvent être adoptées pour répondre aux besoins provisoires ou au développement rapide des différentes facultés. Cependant, dans ces directives flexibles, des règles telles que celle qui instaure une priorité pour les bâtiments à usage commun et leur emplacement est la plus importante pour répondre aux besoins du plus grand nombre, et doit être respectée et conservée. Enfin, comme l’université assume de plus en plus une responsabilité sociale pour la formation des populations locales et l’amélioration de l’ambiance environnante, il est important de connaître le point de vue des communautés locales. Par exemple, la construction d’une salle de concert ou de danse ou d’un musée, ne s’adresse pas uniquement aux personnels et aux étudiants de l’université, mais aussi aux populations extérieures. C’est pour cette raison que de plus en plus d’universités placent les équipements artistiques en périphérie de campus, notamment Princeton et aussi Tsinghua.

3. Les conflits relatifs à la conception architecturale

Sélection des architectes

22La phase de sélection de l’architecte implique beaucoup d’intervenants (opérateurs universitaires à différentes niveaux, usagers, donateurs et architectes), chacun d’entre eux jouant un rôle important. Le Bureau de Planification et de Construction du Campus souhaite coopérer avec des architectes novateurs, ayant une formation professionnelle solide, un esprit de service et pouvant livrer une construction rentable. Les usagers souhaiteraient travailler avec des architectes capables de rendre concrètes leurs idées dans des projets. Les donateurs et sponsors aimeraient recommander leurs architectes favoris, avec qui ils ont déjà travaillé, en particulier s’il s’agit de promoteurs immobiliers ou s’ils sont spécialisés dans des projets de sponsorisation d’investissements pour l’éducation. On peut comprendre que des idées contradictoires voient le jour pendant le processus de sélection.

Usagers et architectes

23Contrairement aux projets gouvernementaux ou d’entreprise, les usagers de l’architecture universitaire, en raison de leur diversité, ne savent pas forcément exprimer quels sont leurs besoins en matière de construction. La synthèse de ces besoins multiples est difficile. De plus, ils évoluent, ce qui signifie que les usagers sans idées préconçues au départ peuvent exprimer des exigences plus claires sur leurs besoins en matière de construction s’ils comprennent et communiquent mieux avec les architectes. Ces évolutions peuvent influencer et modifier la conception, ce qui ne manquera pas d’accroître la charge de travail des architectes et de les obliger à modifier leur projet, dans une certaine mesure. Ce processus va retarder la construction en entraînant une augmentation des coûts en raison des modifications apportées.

Sélection de l’architecte et définition d’un cahier des charges

24L’université choisit généralement des architectes avec qui elle a l’habitude de travailler. En est un exemple, l’Institut de Recherche et de Conception Architecturale de l’Université Tsinghua, affilié à l’université, dont les employés sont par la plupart d’anciens professeurs et élèves de l’école d’architecture THU. En raison de la qualité de ses expertises et de son excellente connaissance de l’université, cet institut se voit attribuer, depuis longtemps, les tâches de conception architecturale. La majorité des universités de Pékin, travaille avec des instituts de conception architecturale nationaux connus comme China Architecture Design & Research Group, Beijing Institute of Architectural Design, etc. Pendant l’élaboration du cahier des charges, le Bureau de Planification et de Construction organise des réunions avec les représentants des usagers afin de recueillir leur avis. Les besoins sont exprimés toujours en nombre de mètres carrés de surface avec l’indication de leur destination (bureaux, salles de cours, salles de conférence, laboratoires etc.). On peut s’interroger sur la capacité d’exprimer des demandes pertinentes et sur leur qualité, du moment qu’elles reposent sur des discussions internes aux facultés qui n’ont pas toutes le même degré de connaissances en matière d’architecture.

• 3.1. Les suggestions

25La sélection de l’architecte doit être effectuée avec attention. L’image de l’université, au travers de ses bâtiments, doit pouvoir marquer des générations entières. Leur conception aura un impact sur l’apprentissage des jeunes étudiants. Avec la globalisation de l’enseignement supérieur et la démocratisation de l’université, la sollicitation internationale ou la concurrence doivent être introduites pour réaliser des travaux de qualité et promouvoir la coopération internationale. En outre, grâce à la concurrence nationale qui s’intensifie, les cabinets d’architectes locaux feront face à des défis plus grands et seront en mesure d’offrir de meilleurs services pour répondre aux besoins des clients. À ce propos, en 2011, l’Université Tsinghua a lancé un appel d’offres international pour la conception architecturale des nouveaux bâtiments du Collège des Sciences Humaines, de la faculté de Génie Civil et de la Bibliothèque de Droit. Après la publication de l’appel à projet, l’université a reçu un grand nombre de candidatures d’architectes internationaux de renom tels que Zaha Hadid, Steven Holl, Koolhass, Rafael Vinoly, etc… D’excellents jeunes architectes chinois ont aussi répondu. Bien qu’il soit plus facile de travailler avec les architectes habituels, aussi parce qu’ils proposent un coût de conception relativement bas, la tendance est à encourager la concurrence internationale pour attirer davantage de grands architectes avec lesquels coopérer et être plus performant dans la planification du campus. Une discussion exhaustive entre enseignants, étudiants, personnels du Bureau est nécessaire afin de limiter les modifications éventuelles du cahier des charges. Une fois le cahier des charges terminé, pendant le processus de construction, les modifications de la part des responsables de l’université doivent rester limitées. Si les clients n’ont pas été définis, ou si leurs exigences ne sont pas claires, la place destinée à une utilisation générale doit être favorisée pour répondre au plus grand nombre de besoins. L’université a davantage de marge de manœuvre pour adapter les utilisations futures des bâtiments.

Respect des règles d’urbanisme

26La planification universitaire et la construction d’un campus se comportent à l’instar d’une cellule de la ville, contraintes par des politiques ou des règlements d’urbanisme. Une fois que l’université a pris la décision de construire un nouveau bâtiment, le Bureau de Planification transmet la proposition de construction à la Commission municipale d’Urbanisme de Pékin pour obtenir le permis de construire des autorités municipales. Cette commission s’appuie principalement sur le plan directeur du campus de l’université précédemment approuvé, pour contrôler si un certain nombre de rapports sont respectés : la superficie de l’emprise au sol du bâtiment, la supérficie hors œuvre nette (m2 de plancher hors sol), le pourcentage d’espaces verts et les hauteurs. En général, les limites en matière de hauteur et de surface de plancher représentent les plus grands obstacles à l’obtention du permis de construire par l’université.

Limite des hauteurs bâties

27Avec l’augmentation rapide de la construction sur le campus de l’Université Tsinghua, le besoin en espace pour un développement durable dans le futur se fait sentir. Comme il n’existe aucune possibilité d’extension du terrain dans le campus d’origine, la seule solution pour augmenter la surface de plancher est de construire au sous-sol. Cependant, étant donné les exigences en matière de limites de hauteur imposées par les municipalités, l’utilisation du sol est très peu rentable du point de vue de l’université. Bien que les limites de hauteur soient strictes, l’université essaie toujours de les augmenter par le biais de programmes architecturaux et de persuader la commission d’urbanisme municipale de Pékin de les approuver.

Conclusions

28Pour rentabiliser l’utilisation des terrains malgré les contraintes de hauteur, il est nécessaire d’employer savamment les espaces souterrains comme on fait déjà au Japon et à Hong-Kong. Les espaces qui peuvent être placés au sous-sol sont ceux qui ne nécessitent pas de lumière naturelle directe. Les infrastructures à usage commun (cafétérias, installations sportives, etc.) pourraient l’être également. Cependant, les investissements liés aux constructions en soussol sont importants, et l’université joue donc un rôle déterminant dans les investissements d’infrastructure, même si certains bâtiments appartiennent à des facultés ou à départements spécifiques.

29L’établissement d’un nouveau campus délocalisé en banlieue représente également une option pour l’extension du campus originel. L’Université Tsinghua a acquis un nouveau terrain (71 hectares) à 45 kilomètres de l’ancien campus (Figure 8) et envisage d’en faire un campus unique, comprenant la plupart des facultés et départements de Sciences et Technologie. Cette option pourrait permettre de résoudre les besoins en laboratoire particuliers de ces départements.

30La construction d’un campus universitaire sur soi – même est un processus complexe qui implique énormément d’acteurs, tous ayant des exigences différentes et difficiles à identifier avec précision. L’université se confronte à de problèmes et de formes de conflits diverses. En premier le manque de foncier pour accueillir de nouveaux bâtiments, constitue un véritable frein à l’extension du campus. Aussi les fonds se font rares alors que les exigences de la part des facultés et des départements ne cessent pas d’augmenter.

31Comme les ressources naturelles et en capital sont limitées, les différents intervenants de l’université sont en concurrence pour leurs propres besoins. Les conflits surgissent au moment de la définition de l’objet de la construction, de la sélection du site et de la conception architecturale. L’université joue un rôle important dans le développement du campus, mais ses constructions sont restreintes en raison aussi des contraintes réglementaires. Après la description de la situation actuelle et du système de prise de décision, des solutions sont à chercher du côté des études de faisabilité qui devraient s’appuyer davantage sur des analyses spécifiques. Aussi une plus large participation publique pourrait aider à promouvoir un développement durable du campus. L’ouverture internationale en vue d’une coopération avec d’autres universités mais aussi au plan de la conception architecturale, pour continuer à produire des espaces intéressants et symboliquement marquant, caractérise la tendance actuelle de cette université. Malgré tous les efforts pour améliorer le développement du plan du campus, il ne pourra pas satisfaire aux besoins croissants en espace. La construction du nouveau campus, à 45 Km du premier, est donc une nécessité.


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