Chapitre 4. Qui décide d’un don du sang ? Les appropriations médicales d’un instrument de sélection

Renaud Crespin

doi:10.4000/books.septentrion.153249

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Chapitre 4. Qui décide d’un don du sang ? Les appropriations médicales d’un instrument de sélection

Renaud Crespin

p. 79-96

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1En France, comme dans d’autres pays occidentaux (Eder et al., 2009 ; Charbonneau et Smith, 2016), toute personne souhaitant donner son sang doit faire l’objet d’un entretien préalable ayant comme but affiché la prévention des risques sanitaires, pour les receveurs, les donneurs et l’organisation de la transfusion (Danic, 2003 ; Danic et Pelletier, 2013). Cet entretien dit « pré-don » consiste à opérer un tri entre celles et ceux qui pourront donner leur sang et celles et ceux qui, de manière définitive ou temporaire, seront écartés – on parle alors d’ajournement. Afin de protéger les receveurs, les candidats au don (potentiellement) porteurs d’une infection – bactérienne, virale ou parasitaire – transmissible par le sang ou d’une maladie émergente aux conséquences inconnues sont écartés. De même, l’entretien préliminaire peut également exclure les candidats dont la santé serait menacée par leur don de sang. Concrètement, cette sélection médicale s’effectue en deux temps. D’ab

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1 Arrêté du 28 mai 1956 fixant les conditions dans lesquelles il doit être procédé aux prélèvements de sang, Journal Officiel, n^o 133, 9 juin 1956, p. 5314-5315.

2 L’Établissement français du sang (EFS) est créé le 1^er janvier 2000, conformément à la loi du 1^er juillet 1998 relative au renforcement de la veille et de la sécurité sanitaire. Placé sous la tutelle du ministère de la Santé, il est aujourd’hui l’opérateur civil unique de la transfusion sanguine. Il remplace l’Agence française du sang (AFS) créée par l’arrêté du 1^er juillet 1992 d’abord sous la forme de groupement d’intérêt public composé pour devenir un établissement public national par la loi du 4 janvier 1993.

3 Les raisons de cette non-mise en œuvre varient selon les types de collecte. Pour les dons de sang individuels, ce sont les doutes sur l’efficacité d’un tel procédé et la « gêne » des personnels, souvent alors des étudiants en médecine, pour aborder des questions de sexualité ou de toxicomanie qui sont avancées. Ce questionnement apparaissait d’autant plus délicat que les interrogatoires étaient courts et sans réelle confidentialité, puisqu’à cette époque, les collectes étaient organisées dans des espaces publics (salle des fêtes, écoles, gymnases, etc.) où les donneurs pouvaient venir en couple comme en famille.

4 Loi 93-5 du 4 janvier 1993 relative à la sécurité en matière de transfusion sanguine et de médicament et celle n^o 98-535 du 1^er juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l’homme.

5 Cela ne veut pas dire que la recherche de la sécurité est le seul levier de cette demande d’expertise collective. La recherche d’une expertise plus collective s’avère également un moyen de légitimer leur pratique individuelle en la confrontant à d’autres. Cette confrontation conduit souvent à demander un arbitrage hiérarchique. La demande d’harmonisation des pratiques apparaît donc également comme un gage de professionnalisme dans le sens où la mise en visibilité des hétérogénéités peut renvoyer une image négative de certaines pratiques individuelles et par là fragiliser la légitimité médicale de certains médecins. L’harmonisation apparaît alors comme une solution pour éviter la stigmatisation voire la sanction.

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Référence numérique du chapitre

Crespin, R. (2024). Chapitre 4. Qui décide d’un don du sang ? Les appropriations médicales d’un instrument de sélection. In P. Castel & M.-E. Chessel (éds.), À la recherche de la décision (1‑). Presses universitaires du Septentrion. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.153399

Crespin, Renaud. « Chapitre 4. Qui décide d’un don du sang ? Les appropriations médicales d’un instrument de sélection ». In À la recherche de la décision, édité par Patrick Castel et Marie-Emmanuelle Chessel. Villeneuve d’Ascq: Presses universitaires du Septentrion, 2024. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.153399.

Crespin, Renaud. « Chapitre 4. Qui décide d’un don du sang ? Les appropriations médicales d’un instrument de sélection ». À la recherche de la décision, édité par Patrick Castel et Marie-Emmanuelle Chessel, Presses universitaires du Septentrion, 2024, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.153399.

Référence numérique du livre

Castel, P., & Chessel, M.-E. (éds.). (2024). À la recherche de la décision (1‑). Presses universitaires du Septentrion. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.153249

Castel, Patrick, et Marie-Emmanuelle Chessel, éd. À la recherche de la décision. Villeneuve d’Ascq: Presses universitaires du Septentrion, 2024. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.153249.

Castel, Patrick, et Marie-Emmanuelle Chessel, éditeurs. À la recherche de la décision. Presses universitaires du Septentrion, 2024, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.153249.

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