Invitation au voyage sur les champs de bataille perdus de la Seconde Guerre mondiale aux Philippines. Réflexions sur le Retour à l’île de Mindoro d’Ôoka Shohei, écrivain, ancien soldat japonais

1Si la mort est un scandale, la mort pour la patrie l’est également d’autant qu’elle concerne de jeunes personnes qui auraient vécu en temps de paix. Après la bataille, le voyage sur les champs de bataille apparaît alors comme une tentative, pour les vivants, de retrouver ceux qui ont été portés disparus dans des circonstances souvent confuses, voire chaotiques. À ce propos, on se souvient du film de Bertrand Tavernier la Vie et rien d’autre (1989) mettant en scène les parcours de deux femmes qui cherchent, chacune, les traces de vie et de mort de leur amoureux – mari ou fiancé – sur les théâtres des combats de la Grande Guerre. À leur image, on le sait, les familles et les proches se sont rendus en masse à Verdun qui est devenu au fil des années un haut lieu du tourisme de mémoire2.

2Le chemin des champs de bataille peut s’avérer pourtant plus compliqué lorsque ce dernier se situe dans un pays éloigné, ce qui est notamment le cas des guerres d’invasion et/ou de conquête colonia