Le modèle de Waterloo ?

1Dès l’été 1815, l’afflux de visiteurs sur le « champ de Waterloo » frappe les observateurs1. Dans cette plaine brabançonne jusque-là peu prisée des voyageurs, le site – d’une grande banalité – où Britanniques, Néerlandais et Prussiens ont terrassé Napoléon le 18 juin est l’objet d’une curiosité multiforme, qui ne se limite pas aux proches des combattants disparus ni aux jours qui suivent la bataille. Pour la plupart originaires des pays vainqueurs, les « pèlerins », souvent venus à cheval de Bruxelles, ne souhaitent pas seulement rendre hommage à leurs héros morts au combat – ce qu’ils peuvent rapidement faire (du moins pour les Britanniques, qui sont les plus nombreux) dans l’église du village de Waterloo, à quelques kilomètres au nord du champ de bataille. Ils veulent manifestement voir et fouler par eux-mêmes le lieu où s’est déroulé un événement dont la portée historique – la chute définitive de Napoléon et de l’Empire français, permettant le retour de la paix sur le conti