Conclusion

1Un temps sorti des tréfonds de l’oubli à l’occasion de la disparition de Marguerite Durand1, le 16 mars 1936, le nom de Georges Laguerre rouvre soudainement de lointaines plaies. Désormais réduit au rang d’ancien époux de l’une des grandes figures du féminisme, l’homme politique qu’il fut semble totalement éclipsé de la mémoire républicaine. Payant un lourd tribut pour son engagement boulangiste, il incarne à jamais, dans l’imaginaire collectif, la félonie et la culpabilité. Alors que la fin de l’aventure boulangiste avait offert à son épouse de nouvelles perspectives professionnelles et politiques, lui, entamait un long et irréversible processus de déchéance.

2Bien qu’atypique, son itinéraire s’inscrit néanmoins, en partie et initialement, dans la « République des avocats ». Porte-étendard d’une jeunesse conquérante, littéralement assoiffée de liberté et nourrie de grandes ambitions au sortir d’une « décennie décisive », il symbolise l’essence même de la méritocratie républica