1 LAURENT (Charles), article « Monsieur Laguerre », Le Matin, 5 septembre 1890.
2 On pense ici à certaines amitiés boulangistes définitivement anéanties (avec Déroulède notamment), à d’anciens liens de camaraderie estudiantins (avec Millerand et Pichon) ou maçonniques (avec Camille Dreyfus ou Desmons) particulièrement affectés par trois années d’affrontements politiques.
3 JOLY (Bertrand), Histoire politique de l’Affaire Dreyfus, Paris, Fayard, 2014, p. 103.
4 Sur ce point, voir les travaux du philosophe Jacques DERRIDA, Foi et savoir, Paris, Seuil, 2000 (notamment l’analyse sur « Le siècle et le pardon », p. 103-133). Pour une synthèse de la question, voir VALADIER (Paul), « Le pardon en politique », CERAS, Revue Projet, 2004/4, no 281, p. 67-72 ; LEFRANC (Sandrine), Politiques du pardon, Paris, PUF, 2002 (une réflexion certes chronologiquement centrée sur les états autoritaires du XXe siècle, mais stimulante sur « les apories du “vrai” pardon »).
5 RYCX (Julien), La franc-maçonnerie et la crise boulangiste, op. cit., p. 158-160.
6 Ibid., p. 162-165.
7 Se déroulant les 16 et 17 juillet 1889, à l’occasion de l’Exposition universelle.
8 Tout comme lors du Congrès maçonnique (antiboulangiste) au Cirque d’Hiver en juin 1888, Laguerre, prudent et peu téméraire, s’abstient de participer à une manifestation ouvertement hostile et préfère envoyer un ambassadeur. Il n’est pas certain que la tâche soit ici plus aisée pour Cinqualbre qu’elle ne le fut, deux auparavant, pour Martineau, hué et bousculé par une assemblée particulièrement vindicative.
9 Frédéric Desmons et la Franc-maçonnerie sous la Troisième République, op. cit., p. 151.
10 Contrairement à Vergoin, définitivement exclu de la Maçonnerie en janvier.
11 JOLY (Bertrand), Nationalistes et conservateurs en France 1885-1902, op. cit., p. 346.
12 Bull GODF, 46e année, séance du 13 septembre 1890, p. 558-587 ; Bull GLSE, années 1890-1891, rapport du Convent de septembre 1890, p. 170-177.
13 Ibid.
14 On rappelle qu’en avril 1889, au bord de la faillite, il accepta sans scrupules les subsides monarchistes. Vergoin colporta lui-même, non sans une réelle volonté de nuire, la rumeur de son ralliement aux orléanistes dès le printemps 1890. Enfin, son voyage à Prangins en juin 1890, en compagnie de Marguerite Durand et de Le Hérissé, probablement en quête de fonds auprès du prince Jérôme, ne passa pas inaperçu (voir chapitre précédent).
15 BNF, FM2 (973-974), Loge « La République démocratique », procès-verbal de la Commission chargée de l’instruction, 10 janvier 1891.
16 Bull GLSE, Bulletin maçonnique, février 1891, no 131, p 277.
17 Ibid.
18 Pour le détail des sanctions, voir RYCX (Julien), La franc-maçonnerie et la crise boulangiste, op. cit., p. 176-177.
19 COMBES (André), « Radicalisme et franc-maçonnerie », op. cit., p. 72.
20 AN, F7/15977(1), Fonds Panthéon, dossier Laguerre, rapport du préfet de police au ministre de l’Intérieur, 1er novembre 1890.
21 GARRIGUES (Jean), Le général Boulanger, op. cit., p. 338.
22 JOLY (Bertrand), Nationalistes et conservateurs, op. cit., p. 96.
23 AN, F7/15977(1), Fonds Panthéon, dossier Laguerre, note anonyme du 8 mars 1891.
24 LAGUERRE (Georges), article « Dernier adieu », La Presse, 2 octobre 1891.
25 BNF, NAF 28210, Fonds Barrès, lettre de Georges Laguerre à Maurice Barrès, le 10 octobre 1891.
26 Réponse des députés Borie, Laguerre, Laporte, Le Hérissé, Naquet et Turigny, à la lettre de Mermeix adressée à Laguerre, la veille (La Presse, 14 mai 1891). Soulignons que Laguerre ne rompt nullement ses relations avec Mermeix. Les deux hommes entreprennent même ensemble, quelques mois plus tard, un périple entre Ostende, Lille et Paris (AN, F7/15977(1), Fonds Panthéon, dossier Laguerre, télégramme intercepté du 17 juillet 1892).
27 Article « Vaine tentative », Le Radical, 13 mai 1891.
28 APP, Ba/1331, rapport de police du 11 octobre 1891.
29 Un parti finalement profondément divisé, « tellement ouvert que personne ne sait plus au juste où il commence et où il finit » (FRARY [Raoul], « Chronique politique », Nouvelle Revue, avril 1891, p. 852-854). La situation se confirme avec le désastre électoral de 1893.
30 Laguerre se rapproche des orléanistes, tandis que Naquet prolonge les pourparlers avec les radicaux.
31 APP, Ba/1331, rapport de police du 11 octobre 1891.
32 Ibid., note anonyme du 24 mars 1891.
33 WINOCK (Michel), « Populismes français », Vingtième Siècle, revue d’histoire, no 56, octobre-décembre 1997, p. 77-91.
34 AN, F7/15977(1), Fonds Panthéon, dossier Laguerre, note anonyme du 4 juin 1891.
35 BRULAT (Paul), Lumières et grandes ombres, op. cit., p. 83.
36 Ce n’est pas faute d’être passé par l’intermédiaire de sa conjointe Marguerite Durand pour séduire de nouveaux investisseurs : d’Émile Arton (dès le rachat de 1889), agent financier, courtier de différentes sociétés et homme d’affaires douteux, à Périvier, administrateur du Figaro. Très épris de Mme Laguerre, les deux hommes (futurs amants) témoignent d’une générosité sans égal en contribuant allégrement « aux frais généraux du ménage Laguerre », tout en comblant généreusement une partie du déficit du journal (AN, F7/15977(1), Fonds Panthéon, dossier Laguerre, note anonyme du 12 novembre 1893).
37 Négociant et conseiller municipal du 1er arrondissement de Paris de 1890 à 1893.
38 Ancien militaire dans la territoriale, boulangiste et républicain convaincu, proches des antisémites et notamment du marquis de Morès.
39 On rappelle que Constans est suspecté de détenir une part non négligeable des actions de La Presse, alors en pleine tempête financière. Son soutien ou tout au moins sa neutralité imposent à Laguerre une certaine docilité, même si celui-ci s’évertuera toujours à nier tout lien avec le ministre depuis leur altercation à la Chambre en mars 1889 (LAGUERRE [Georges], article « Rectification », La Presse, 31 janvier 1892).
40 LAUR (Francis), articles « Pastels politiques : Georges Laguerre », La Guerre aux abus, 11, 18 et 25 décembre 1890.
41 La Guerre aux abus, 28 janvier 1892.
42 LAGUERRE (Georges), La Presse, 17 janvier 1892.
43 LAGUERRE (Georges), article « Comment je suis ministériel », La Presse, 27 janvier 1892.
44 LAGUERRE (Georges), article « M. de Freycinet devant la Chambre », La Presse, 31 mars 1892.
45 LAGUERRE (Georges), article « Où est la majorité ? », La Presse, 21 février 1892.
46 LAGUERRE (Georges), article « le ministère Rouvier », La Presse, 25 février 1892 ; article « Le vote de confiance », La Presse, 5 mars 1892.
47 Il n’en reste pas moins que le Conseil de l’ordre a fait preuve jusqu’ici d’une étrange patience dont un non-parlementaire n’aurait sûrement pas bénéficié.
48 Sur ce point, Laguerre fait preuve d’une certaine lucidité. De même, la manœuvre n’échappe pas à certains de ses anciens détracteurs, tel l’ancien confident du Général, Charles Laurent, qui soulève les procédés peu scrupuleux employés par un Conseil de l’Ordre soucieux d’arriver à ces fins (article « Le cas de M. Laguerre », Le Jour, 8 janvier 1892). Il convient de noter toutefois, à décharge pour le Conseil, que ce dernier n’avait jusque-là nullement fait preuve d’un zèle excessif. Malgré ses multiples provocations et transgressions, Laguerre n’a jamais encouru de graves sanctions. L’apaisement du climat politique, comme l’affaiblissement des réseaux du député, sans oublier la hargne du procureur de la République, précipitent néanmoins les événements.
49 Article « Un revenant », La Croix, 27 mai 1893.
50 VIVIANI (René), article « M. Laguerre », La Petite République française, 8 juin 1893.
51 JORF, Débats parlementaires, Chambre des députés, séance du 21 novembre 1892, p. 1647. L’orateur dénonce les trois millions de francs distribués à plus de cent cinquante membres du Parlement.
52 Laguerre a-t-il touché de l’argent ? Oui, forcément, comme directeur de La Presse, mais comme député ? Il n’y a pas de preuves, mais tout permet de le croire, comme pour Naquet et beaucoup d’autres. L’absence de son nom dans les carnets d’Arton, bien que troublante, pourrait s’expliquer par le fait qu’il aurait été rétribué « pour son rôle d’avocat » et non pour son vote. La question promet de nombreux éclaircissements judiciaires à venir.
53 Voir à ce sujet PORTALEZ (Christophe), Naquet et ses amis politiques, op. cit., p. 508-509, p. 527-529.
54 Le « roman-feuilleton Arton », pour reprendre l’expression employée par Adrien DANSETTE, débute avec la fuite d’Arton, au lendemain des premières révélations (Les affaires de Panama, Paris, Perrin, 1934, p. 220). La police se lance ainsi, durant plusieurs années, dans une vaste enquête en Europe afin de le retrouver. Finalement arrêté à Londres en novembre 1895, puis condamné un an plus tard à huit années de réclusion, l’homme n’oublie pas de révéler, par le biais d’un carnet personnel, le nom des principaux parlementaires corrompus. De nouvelles investigations sont lancées et de nouvelles inculpations sont ordonnées dès 1897.
55 VALLÉ (M.), Rapport fait au nom de la commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les allégations portées à la tribune à l’occasion des affaires de Panama, Paris, Imprimerie de la Chambre des députés, 1893, audition du 9 décembre 1892.
56 Ibid., déposition de Floquet, le 22 décembre 1892, p. 206-207.
57 On renvoie aux études de DE BLIC (Damien), LEMIEUX (Cyril), « Le scandale comme épreuve. Éléments de sociologie pragmatique », Politix, 2005/3 no 71, p. 9-38 ; « Moraliser l’argent. Ce que Panama a changé dans la société française (1889-1897) », Politix, 2005/3 no 71, p. 61-82.
58 APP, Ba/499, rapport de police du 30 novembre 1891.
59 LAGUERRE (Georges), lettre du 4 décembre 1891 publiée dans La Presse, 9 décembre 1891.
60 La Presse, les 17 décembre 1891, 20 janvier, 26 janvier et 5 février 1892.
61 Difficile ici de ne pas faire le lien avec le « socialisme national » prôné par Maurice Barrès, avec qui Laguerre entretient une correspondance encore nourrie durant cette période.
62 « Profession de foi du candidat Laguerre », Le Temps, 20 août 1893.
63 Suite à l’exil londonien de Rochefort en 1889, Chauvière aurait voté au conseil municipal la vente de ses meubles et lui aurait refusé toute amnistie (La Croix, 1er septembre 1893).
64 APP, Ba/647, affiche du candidat socialiste révolutionnaire Chauvière.