1 Les notes de bas de page marquées par un astérisque sont des commentaires sur les contributions.

2 Sources : Sandrine Maljean-Dubois, « Accord de Paris cinq ans après, où en est-on ? », 10 décembre 2020, www.slate.fr ; voir aussi United Nations Framework Convention of Climate Change (UNFCCC), 2021, Synthesis Report on Nationally Determined Contributions, 2021 IP 05. Précisément selon ce rapport, les contributions actualisées en 2020 déjà connues maintiendraient en gros les émissions globales en 2030 au même niveau que celles de 2010. Alors que, pour rester dans un chemin compatible à 1,5 °C au plus tard en 2100, elles devraient diminuer de 2020 à 2030 de 45 % ; pour un chemin compatible avec 2 °C, elles devraient diminuer de 25 %.

3 Le prochain grand raout aura lieu à Glasgow d’ici la fin de l’année 2021.

4 *La contribution d’Alessandro Stanziani rappelle ce qu’on ne souligne pas assez, la responsabilité historique première de l’Europe dans la colonisation du monde. La combinaison mortelle entre massacres humains et destructions de la nature s’installe et prend son ampleur après la découverte de l’Amérique. Elle continue sous d’autres formes avec la globalisation. Une certaine conscience de cette responsabilité apparaît dans les premiers sommets de la Terre de 1972 à 2002, dont le thème dominant fut le développement (voir Encart II).

5 Je n’aborderai pour l’essentiel que le réchauffement climatique, laissant de côté des problèmes aussi décisifs que l’énergie, l’eau, l’agriculture et l’alimentation…, dont il dépend et qui rétroagit sur eux.

6 *Jean Luciani décrit par ailleurs les moments héroïques où, le GdR ayant été créé administrativement par le CNRS, nous n’avions ni bureaux ni lieu. Tous deux avons fait le tour de quelques agences immobilières, en vain. Le déblocage est venu d’une visite en catimini lors de la pause de midi que j’ai faite de l’IRESCO, un institut de recherche récemment créé, rue Pouchet (Paris 17^e). En parcourant les étages, il m’apparut qu’il y avait deux bureaux « normaux » libres au 3^e étage et, en mansarde, deux petits bureaux exigus et bas de plafond à côté d’une petite salle de travail. Aussitôt je téléphonai au directeur du département des Sciences humaines et sociales du CNRS, Jacques Lautman, pour lui signaler cette opportunité. Il fut d’accord, sous condition que l’assemblée des laboratoires déjà en place à l’IRESCO le soit également. Ainsi fut fait. Pour la petite histoire, Michel Margairaz termina la rédaction de sa thèse d’État dans une de ces cellules de moine.

7 Parmi ses travaux, je conseille pour celles et ceux qui lisent l’allemand Diaz-Bone (2018), ainsi que le blog : https://conventions.hypotheses.org/.

8 Voir Jeamet & Salais (2019).

9 Voir Eymard-Duvernay (1989).

10 Marx parlait en fait non pas de produits et services, mais directement de marchandises, c’est-à-dire de biens déjà formatés pour le marché et le profit. Pouvait-il imaginer la destruction systématique en cours des ressources ? D’après Claude, qui m’envoie cette citation de Marx, il y aurait eu chez lui une prescience du problème : « Tout progrès dans l’accroissement de sa fertilité pour un laps de temps donné est en même temps un progrès de la ruine des sources durables de cette fertilité. Plus un pays, comme par exemple les États-Unis d’Amérique, part de la grande industrie comme arrière-plan de son développement et plus ce processus de destruction est rapide » (cité in Didry, 2018).

11 *Florent Le Bot insiste avec raison sur les processus de maillage qui se nouent entre un territoire, celles et ceux qui y vivent et y travaillent, et un produit, ce dans ce territoire même. Faire évoluer la qualité d’un produit pour rester soi-même, si l’on peut dire ainsi, dans un monde qui change n’est pas une mince affaire comme le démontre la trajectoire de cette entreprise de chaussures de sécurité. Ce maillage territoire-travail-produit est plus important que jamais dans la lutte écologique d’aujourd’hui. J’y viens plus loin, c’est un des niveaux qui possède à la fois la connaissance concrète et la capacité de lutter pour et d’engendrer une qualité écologique. C’est aussi un lieu de lutte pour obliger une multinationale à prendre le tournant écologique, implantée qu’elle est dans une multitude de lieux connectés par leur appartenance commune à une chaîne de valeur.
Merci pour ses annotations si pertinentes de mon texte sur l’innovation (que nous avions investie dans un séminaire coordonné avec Pascal Petit et Dominique Foray).

12 *La contribution de Jürgen Kädtler porte sur la contrainte de soutenabilité à laquelle font face la gestion et le pouvoir dans la grande entreprise et sur la place que peut y prendre le pouvoir collectif des salariés. Elle est au cœur de mes réflexions sur l’entreprise et sa possible contribution à la solution à apporter au réchauffement climatique et aux atteintes à la nature et à l’homme. Elle ouvre des pistes concrètes en pointant sur les contradictions qui freinent cette quête : la confrontation, générale et au sein de l’entreprise, avec la logique financière ; la coordination et la coopération des apprentissages que doivent entreprendre les collectifs de salariés et les départements de l’entreprise, la transformation organisationnelle que requiert l’émergence d’une « capacité de soutenabilité », laquelle doit être produite continuellement et en interaction avec son environnement. Elle montre les tensions que le besoin d’évoluer vers des produits soutenables crée chez des catégories de salariés qui ont le pouvoir, notamment au sein des syndicats et dans les instances représentatives, de défendre leurs compétences et refusent de s’engager vers ce qu’elles considèrent comme l’inconnu. La coopération dans le travail se limite-t-elle à la complémentarité entre catégories ou se fonde-t-elle sur la solidarité entre elles ? Une question que connaissent bien, j’imagine, Jacques Léger et d’autres participants du livre.

13 Voir Réseau Action Climat (RAC), 2016.

14 *L’intérêt porté au droit et la collaboration avec les juristes sont une constante des recherches de l’IDHES. Citons parmi ces juristes, dans l’ordre des rencontres : Antoine Lyon-Caen, Antoine Jeammaud, Évelyne Serverin, Alain Supiot, Simon Deakin, Emilios Christodoloudis, Céline Jouin. La contribution de Simon Deakin est fondatrice et comble un manque de l’économie des conventions, celui d’une approche conventionnelle du droit, laquelle, ajouterons-nous, ne pouvait être entreprise que par un juriste. Je prends le risque d’indiquer ce qui m’a frappé dans son texte. Le droit ne « décrit » pas, il « constitue » les relations économiques et sociales. La posture de l’EC pour réfléchir sur le système juridique en tant que dispositif normatif le fait apparaître comme créant des attentes réciproques sur les comportements des acteurs, mais aussi comme intégrant des principes de justice fondateurs des règles de droit. Prendre la règle de droit comme convention met l’accent sur le processus réflexif de la pratique de recherche du droit dans sa quête de la construction du sens de la règle qui vaut dans la situation sous regard ainsi que des attentes partagées légitimes. Il y a là des parallèles avec la statistique. Par le choix de ses catégories, de son langage et de ses méthodes d’enquête, certes la statistique « décrit », mais aussi « crée », le « donné » non interrogé qui sera au fondement des actions, notamment des organisations, des institutions et de l’État. La dérive vers la « justice prédictive » fondée sur des algorithmes qui se substituent au raisonnement humain a une fâcheuse tendance à ressembler à l’instrumentalisation du chiffre dans laquelle on fait jouer à celui-ci le double rôle de cible à atteindre et d’évaluation du résultat.

15 Voir Didry (2013).

16 *L’entreprise réflexive que je décris a des points communs avec l’entreprise soutenable de Jürgen Kädtler, l’entreprise capacitante de Bénédicte Zimmermann et l’entreprise codéterminée d’Olivier Favereau. Un travail de convergence serait à entreprendre entre les quatre. Olivier Favereau a coordonné un programme de recherches sur l’entreprise au sein du collège des Bernardins. Une découverte fut que l’entreprise en tant que regroupant un ensemble de parties prenantes à son activité n’existait pas en droit, seule existante étant la « société », composée essentiellement d’actionnaires, dotée d’une personnalité juridique. Une théorie conventionnelle de l’entreprise peut pour lui être construite à l’image de la théorie conventionnelle de l’État que nous avons développée avec Michael Storper. Des pans existent potentiellement en Europe avec la codétermination qui vise à donner au collectif salarié des droits de participation à la direction de l’entreprise. On pense immédiatement aux réformes à entreprendre pour introduire la qualité écologique dans l’entreprise avec le soutien d’un État situé en notre sens.

17 *Je rends hommage à Robert Villeneuve qui nous a permis de nous implanter au sein du processus européen.

18 *L’approche par les capacités (AC) mène sa vie au fil des contributions. Jacques Léger rappelle l’intérêt de l’approche par les capacités pour réfléchir sur le travail, ses finalités et son émancipation, avec notamment la perspective d’un travail fondé sur le développement « de capacités dans différents domaines : une capacité de choix, une capacité de réalisation, une capacité à délibérer et à revendiquer, et une capacité de connaissance collective des réalités du travail ». Élodie Béthoux retrace finement son parcours et son impact dans les milieux européens de recherche. Elle rend bien compte du désenchantement qui m’a pris avec d’autres devant l’inertie des autorités européennes et nationales. Le refus au-delà des mots d’une pratique effective de la démocratie est déjà le problème qu’on retrouve avec l’environnement. Bénédicte Zimmermann explicite, mieux que je ne saurais le faire, l’institutionnalisme que je défends au croisement de l’économie des conventions et de l’approche par les capacités : une approche située, génétique et pragmatiste de l’institution dans laquelle l’institution apparaît dans la situation de coordination comme instituée et instituante à la fois.

19 *Il y aurait là une belle discussion à avoir avec Laurent Thévenot sur le concept de chose. En un sens nous avons raison tous deux. Dans son approche et la nôtre avec Michael Storper, les cités ou mondes autres que l’industriel et le marchand vont au-delà de l’objet. Mais l’environnement et la nature posent un problème nouveau, celui de l’autonomie de la chose par rapport à l’humain, qui exige un regard et un accès spécifiques à la connaissance. C’est un regard qui saisit d’un bloc et d’un éclair les identités possibles de la chose, de chaque chose – que l’EC a séparées ou oubliées ; c’est donc un accès à une connaissance modeste – et exigeante – en ce sens qu’elle part de la prémisse que la chose a dans l’affaire le dernier mot. Je suis là proche des régimes de compréhension analysés dans le livre de Christian Bessy et Francis Chateauraynaud (1995).

20 Voir Salais, 2019a.

21 Les exemples vont du plus modeste au spectaculaire. Un bel exemple à travailler est l’histoire des défauts de production qui se sont poursuivis de 2012 à aujourd’hui pour la fabrication de l’EPR de Flamanville. Voir : Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Techniques (OPECST), 2019, Rapport sur les soudures de Flamanville, 16 octobre, disponible sur les sites du Parlement et du Sénat. Le problème n’est toujours pas réglé en 2021.

22 D’après Graham Harman (2005), cette analyse, quoique publiée dans Être et Temps en 1927, apparaît dès 1919 dans les enseignements de Heidegger à l’Université.

23 Cité in Harman, 2005.

24 Idem, p. 268-271.

25 *Dans leurs contributions, Olivier Favereau et Frédéric Marty font un emploi novateur du concept de convention de l’État, en particulier celle de l’État situé. On le retrouve aussi dans les contributions de Bénédicte Zimmermann en référence à l’institutionnalisme que je développe, et de Florence Jany-Catrice (voir plus loin). Cet intérêt est le bienvenu. J’ai tenté de montrer plus haut en quoi la convention de l’État situé répond aux besoins d’appréhension et de conception qui se font jour dans le domaine de l’écologie.
Olivier Favereau souligne qu’il est urgent de travailler à une théorie conventionnaliste de l’entreprise qui s’inspire de la théorie conventionnaliste de l’État qu’avec Michael Storper nous avons développée.

26 Selon le Centre national de Ressources textuelles et lexicales (CNTRL) :
https://www.cnrtl.fr/definition/duplicite.
« Rare. [À propos d’une chose] Fait d’être double, caractère de ce qui est double. Illustration : Deux attitudes sont […] possibles devant la totalité ouverte, l’une qui correspond à la logique fine et à l’analyse infinie de Leibniz, l’autre qui correspond à l’irrationalisme de Pascal. Cette duplicité s’explique elle-même par […], Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 40. »

27 Dans le Sud-Ouest, le long de l’Atlantique entre, grossièrement, Bordeaux et Bayonne.

28 Jacques Hazera, 2015, « Une gestion naturelle de la forêt » [en ligne] : http://www.ecocitoyensdubassindarcachon.org/pages/anciens-articles/anciens-articles/articles-2015/la-foret-naturelle.html

29 Face aux dégâts causés par le réchauffement climatique, les forestiers cherchent aujourd’hui à remettre en question ce modèle standardisé et mono-espèce pour créer des plantations saines fondées sur la diversité. Cela s’avère plus difficile que prévu, car il n’agit plus de faire à la place de la nature, en décidant de la diversité. Mais de la laisser se régénérer de manière à obtenir une diversité où les espèces se soutiennent mutuellement, comme dans le cas cité dans l’encart. Source, Perrine Mouterde, 2021, « Dans l’Est la disparition brutale des forêts d’épicéas », Le Monde 13 avril 2021.

30 Voir Carson, 1962.

31 Trois références parmi d’autres : Haskell, 2012 ; Morizot, 2016 ; Despret, 2019.

32 Voir Ingold, 1998.

33 Film du réalisateur colombien Cirro Guerro, sorti en France en 2015.

34 Irinarkh Chemanovski, 2015, Journal de Sibérie (1903-1911), Genève, Éditions des Syrtes, p. 193-202. Ce pasteur, soucieux de savoir par quel biais convertir les autochtones mène des enquêtes quasi ethnographiques pour mieux les connaître. L’exemple est relaté dans « La tempête de neige » – extrait de la revue : Le messager orthodoxe, n° 20, octobre 1907.

35 Voir Desrosières, 2011b.

36 Lewis, 1969, p. 65-68.

37 Pour des raisons de simplicité du langage, nous avons laissé de côté le « trans ».

38 Tous accompagnés de leur batterie d’experts.

39 Voir Salais, 2013.

40 *Jacky Fayolle se souvient de cette étonnante simultanéité de la publication du livre de Philippe Herzog et du mien sur l’Europe et ses problèmes. Son compte rendu tend à opposer la responsabilité des États nationaux chez Herzog et celle du marché néolibéral chez moi. Il y aurait matière à discussion. Il est pour moi évident, surtout aujourd’hui, qu’États et marché se sont joints pour faire basculer la construction européenne vers le néolibéralisme par cette conjonction entre planisme et marché parfait, entre conventions de l’État extérieur et de l’État absent. Bien sûr, il faudrait affiner par domaine. En écologie, les deux se conjuguent dans l’inaction camouflée par l’incantation des valeurs qui guideraient l’Union européenne.

41 *Joëlle Affichard, à partir de ses travaux pionniers avec Antoine Lyon-Caen sur la méthode ouverte de coordination (MOC), s’interroge sur une possible extension de la normativité juridique vers d’autres normativités, statistique en particulier. Était-ce la voie de l’harmonisation juridique ou la coordination des politiques qu’empruntait l’Europe ? Ou une structure d’incitation complexe empruntant ni l’une ni l’autre poussant les politiques nationales à se rapprocher, à leur manière spécifique, d’un marché du travail débarrassé d’une protection juridique et sociale freinant la spontanéité des ajustements ? Je n’avais pas lu alors, je le regrette, ce texte, d’autant qu’entre 1997 et 2004 j’étais déjà bien introduit dans la machinerie européenne, que j’étais cité dans une note de l’Institut Notre Europe de Jacques Delors pour le moins interrogative sur la Stratégie européenne de l’Emploi, et que je rédigeais une contribution critique pour Zimmermann (2004) sur la MOC. L’approche par les capacités avait séduit pour un temps quelques esprits européens. Nous espérions que la construction européenne serait capable de se réformer dans un bon sens. Sur ces questions, Joëlle Affichard montre au contraire l’obstination de l’Europe de continuer sur la même trajectoire.

42 Garric A. (2021), « La calotte glaciaire du Groenland a déjà fondu au moins une fois au cours du dernier million d’années », Le Monde (15 mars 2021) ; Idem (2020), « Température record : la banquise au plus bas, l’Arctique subit des changements spectaculaires », Le Monde (2 janvier 2020) ; Sheperd A. et al. (2021), « Earth’s Ice Imbalance », The Cryosphere, 15, p. 223-246.

43 Voir : Arctic Report Card (2019), Arctic Ecosystems and Communities are Increasingly at Risk Due to Continued Warming and Declining Sea Ice [En ligne] : https://arctic.noaa.gov/

44 *Frédéric Marty fait une démonstration lumineuse de l’évolution de l’Europe vers ce néolibéralisme contemporain qui, paradoxalement, se méfie de la liberté et révèle des tendances activistes autoritaires. Il éclaire la signification de l’ordolibéralisme qui, dans la pensée française de gauche, fait figure d’épouvantail, le marché dans toute son horreur, de surcroît allemand ! Frédéric rappelle son adage : concurrence autant que possible, État autant que nécessaire, dans un usage dynamique. « La puissance politique doit intervenir dans la sphère du marché pour protéger la concurrence contre elle-même. En effet, les ordolibéraux visent à protéger le marché contre les interférences du politique mais également à protéger le marché contre lui-même via le politique. Cependant cette intervention n’est pas finalisée : elle se fait par des règles. On définit un cadre, on sanctionne les atteintes, on contrecarre les dominances irréversibles » (Marty, dans cet ouvrage). Par contraste, la construction européenne répond à une logique technocratique très méfiante à l’égard de la délibération démocratique. Elle vise à isoler le marché du politique – à le protéger de celle-ci. Ce qui entraîne une concentration inéluctable du pouvoir économique. On en voit les effets dans le domaine de l’écologie.

45 Chanson écrite par Albert Willemetz, tirée de l’opérette Dédé, 1921, composée par Henri Christiné.

46 On entend une autre rengaine. En répandant un nuage autour de la Terre de particules réfléchissant les rayons du soleil, on pourrait arriver à contenir le réchauffement climatique. Cela ne vous rappelle rien ? Moi si, le film du coréen Bong Joon Ho Snowspiercer (2013) inspiré de la bande dessinée française Le Transperceneige, de Jean-Marc Rochette et Jacques Lob, parue chez Casterman (1982-1984). Tentant d’appliquer cette recette, l’humanité plonge la Terre dans une glaciation invivable.

47 Ceci est très bien expliqué dans Rogelj et al. (2019).

48 *Pascal Petit, dans sa contribution, à la fois plaide pour et rappelle les croisements fertiles entre Régulation et Convention. Son texte est un contrepoint précieux à une histoire interne de l’EC. Toutes deux sont nées dans la décennie de transition, celle des années 1980, l’école de la régulation avant, l’économie des conventions plus tard, ce qui l’a mise en position de concurrente. Il y a des proximités sur l’analyse de la monnaie (André Orléan), du secteur agricole (Gilles Allaire et Robert Boyer), sur la place à reconnaître aux conventions (Bernard Billaudot) par exemple. Le point dur à surmonter pour des croisements futurs est d’arriver à combiner approche globale et approche située des questions écologiques. L’EC est plus avancée en ce domaine, et la TR ne manque pas de possibilités, sachant que chacune aura sa démarche à elle.

49 Sur l’usage des nombres en politique, voir Mennicken & Salais (2021).

50 Pialot D. (2019), « Facteur 4 ou neutralité carbone : quel est l’objectif le plus ambitieux », La Tribune (14 février 2019).

51 Idem.

52 ADEME, 2020, Le captage et stockage géologique du CO2 (CSC) en France. Le CSC, un potentiel limité pour la réduction des émissions industrielles, Avis technique, juillet ; Jueres A. et Göetz S. (2021), « Les fausses promesses des technologies de captage du carbone pour réduire les émissions de CO2 », Le Monde (15 avril 2021).

53 Wikipédia, Article « Mécanisme de développement propre ».

54 Source : Cour des Comptes Européenne (2020), « Le système d’échange de quotas d’émission de l’UE : l’allocation de quotas à titre gratuit devrait être mieux ciblée », Rapport spécial 18/20.

55 Ajoutons-y le soi-disant tournant écologique des majors du pétrole vers les énergies vertes qui n’est guère pour l’instant qu’un conte de fées destiné aux actionnaires et aux pouvoirs publics. Wakim N. (2021), « Climat : des pétroliers accusés de “publicité mensongère” », Le Monde (21 avril 2021). Il faudrait, à l’examen, ajouter que bien de leurs investissements verts sont de simples prises de participation dans le capital d’opérations déjà existantes, sans création de capacités de production nouvelles.

56 Source : Pollinis (2020), « Comment Bruxelles inclut les pesticides dans la mortalité des abeilles », 18 novembre 2020 [en ligne]. https://www.pollinis.org/publications/comment-bruxelles-inclut-les-pesticides-dans-la-mortalite-naturelle-des-abeilles/

57 Selon la définition de l’UE : « The Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed (PAFF Committee) delivers opinions that inform the Commission’s work on measures that it is planning. Such measures relate to the implementation of legislation that is already adopted. The Commission consults the relevant committee depending on the policy area: food & feed safety, animal health & welfare and plant health. Committee members are national experts who represent EU governments and public authorities. »
Source : https://ec.europa.eu/food/committees/paff_en

58 European Food Safety Authority (EFSA) (2020), Review of the evidence on bee background mortality.
[En ligne]. www.efsa.europa.eu/publications.

59 7^e meeting des stakeholders de l’EFSA, septembre 2020 [en ligne]. https://www.efsa.europa.eu/fr/events/event/8th-meeting-stakeholder-bureau

60 *Gabriel Colletis insiste sur l’importance du langage dans la coordination et l’échange. De fait, les conventions entre nous constituent un langage de la vie quotidienne, une langue de l’expérience collectivement acquise, une langue populaire pourrait-on dire si ce terme n’était devenu corrompu. On aurait tort de réduire la langue à la parole et l’écrit. Tout peut devenir langage et faire sens : signes, gestes, mimiques, gravures, peintures, sculptures, symboles, caricatures, configurations matérielles, nomenclatures, tableaux statistiques, clins d’œil, bruits, musiques… du moment que ce langage est partagé et compris par tous les membres d’une communauté (voir Lewis, 1969). J’ajoute que ces langages, une fois acquis, relèvent d’un « savoir de sens commun ». Ce sont des ressources multiples qui guident les interprétations, les anticipations, les actions à entreprendre de celles et ceux qui le maîtrisent. Elles protègent et aident à résister à la langue des pouvoirs. Elles sont dangereuses pour des pouvoirs comme les nôtres, éloignés de la communauté qu’ils dirigent, car ils les connaissent peu. Ils font effort cependant pour, sinon les connaître, du moins les instrumentaliser. Voir Salais, 2011b.

61 *Ota de Leonardis dans sa contribution mène une discussion fine, convaincante qui positionne les arguments pour en dépasser le côté univoque, pour les subsumer. Cette discussion porte sur le choix du qualificatif pour qualifier le processus politique en cours, a-démocratie ou totalitarisme. Il est vrai que j’ai longtemps hésité à qualifier de totalitaire la dynamique de ce système politique. Elle poursuit dans son texte les « conversations », comme le dit Alain Supiot des échanges entre chercheurs, que nous avons ensemble depuis que nous nous connaissons. J’ai déjà beaucoup appris déjà de ces conversations. Elle m’a rappelé l’importance de l’œuvre de Benjamin, m’a fait connaître celles de Didi-Huberman et d’Agamben, etc. Je suis d’accord avec sa conclusion d’« alerter et inventer » comme pratique nécessaire. Au vu des politiques suivies dans le domaine de l’écologie, je parle de « dérives totalitaires encore discrètes ». Je vais suivre ses suggestions bibliographiques. De mon côté, je signale pour la France : Hennette-Vauchez S. (2020), « L’urgence (pas) pour tou(te)s », La Revue des Droits de l’Homme (avril). En ligne : https://journals.openedition.org/revdh/8986.

62 Salais, 2010a.

63 *Laure Bazzoli et Thierry Kirat regrettent dans leur contribution le rendez-vous manqué entre les recherches de Commons et les miennes. Il n’est jamais trop tard en recherche pour prendre rendez-vous. Ce que je ferai d’autant plus volontiers que leur excellente présentation suggère des continuités avec mes travaux. Par exemple, pour Commons, l’importance du ici et maintenant, l’action comme transformation du monde matériel, la priorité à donner à la relation homme/nature sur la relation homme/homme. Ce sont aussi les miennes, cf. le Tableau 1 sur les deux types de conventions. De mon côté, je les pousserais à intégrer dans leur analyse de ma démarche institutionnaliste qui se développe sur vingt ans depuis 1998 les recherches sur l’approche par les capacités et sur l’instrumentalisation politique de la quantification.

64 Salais, 1988 ; Voir aussi Les mondes de production, op. cit., 1993.

65 Voir Salais & Storper, Les mondes de production, op. cit., chapitre IV. 2 « Les conventions de l’État entre les personnes », p. 330-348.

66 *Gabriel Colletis revient dans sa contribution sur notre expérience de « consultant » en Grèce en 2015 avec Jean-Philippe Robé. Elle est un support de plus pour réfléchir au financement de la « transition écologique ».

67 *Florence Jany-Catrice, dans sa contribution, souligne le besoin, criant, de dénaturaliser les données et de questionner les concepts économiques à partir de leurs problèmes de mesure et de représentation. Les activités de services sont un terrain privilégié par leur « certaine insaisissabilité immédiate de ce qui est produit ». On assiste au contraire dans une certaine économie à la volonté menaçante de sanctuariser les indicateurs macroéconomiques (inflation, indice des prix) à l’abri de toute critique de leurs « crises de sens ». Je constate la même chose dans la dérive vers la seule mesure globale du volume des émissions de gaz à effet de serre comme guide des politiques dites de transition écologique.

68 À cet endroit, le texte cité prend comme exemple « la question de l’environnement et de son intégration dans un projet d’investissement industriel : l’entreprise, les salariés, la collectivité territoriale, les services de l’État présents à ce niveau, les voix de la nature ». J’avais en tête l’exemple du FIM et du comment créer un FIV.

69 Emmanuel Didier s’est consacré dans ce livre à m’extirper mes souvenirs des années INSEE. Je le remercie vivement. Il y a beaucoup à dire sur les rapports entre statistique et démocratie. Voir Didier, 2021. Ce texte recoupe les réflexions de Michel Margairaz dans le livre. Voir aussi Bruno et al., 2014.

70 Desrosières, 1994.

71 Bohman, 2004.